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Jean-Michel Aulas, nouvel économiste du football

Dans un spectaculaire entretien au Monde, Jean-Michel Aulas s'est visiblement laissé aller, avec un discours très "nouvelle économie du football", bardé de certitudes. Il explique comment on fait d'un club "un modèle économique capitalistique". Bienvenue dans un football plus rentable.

Auteur : Jamel Attal le 7 Mars 2000

 

Peut-être parce qu'il s'agissait du Monde (le quotidien des décideurs, avec ses suppléments "consommation" grand luxe, rien au-dessous de 2.000 balles, le Président de l'Olympique Lyonnais a exposé sans détours sa conception du football de l'avenir. Mieux que Marseille, Rennes (mécénat individuel), Paris ou Bordeaux (stratégie d'investissement d'un seul grand groupe), l'OL d'Aulas applique le modèle de management des clubs que se doivent d'adopter tous les disciples du foot-business.

Evoquant les "250 millions de francs investis dans le recrutement de trois joueurs de haut niveau", Aulas conclut au "changement de dimension de l'OL, considéré désormais comme un très grand club". "Nos choix économiques nous valent une reconnaissance incontestable"... Voilà qui traduit une conception de la valeur d'un club sportif directement et uniquement liée au montant de son budget.

Pourtant, combien de clubs en France et en Europe ont prouvé que le rang sur le marché des transferts ne garantissait aucun titre, de gloire ou d'autre chose? Mais, "si nous achevons cette saison au (deuxième) rang, ce sera le fruit d'une stratégie. Et c'est pour cette même raison que nous serons inéluctablement champion de France dans un proche avenir." Belle assurance. Supporterait-elle des déboires comme Paris, Strasbourg, Marseille ou Lens en ont connus?

 

Consommateurs, encore un effort pour être rentables

On s'étonne de cette foi démesurée dans le retour sur investissement (déjà entendue chez Blayau à Rennes), qui voudrait exclure toute mauvaise surprise, voire tout aléa sportif. Au passage, cette question: peut-on espérer de ces hommes d'affaire(s) aux nerfs d'acier qu'ils acceptent sereinement les hasardeux résultats sportifs? Ils agissent collectivement (comme au sein du G14) pour obtenir des compétitions de plus en plus rentables, auxquelles ils seraient quasiment abonnés.

Au-delà de ce verrouillage encore imparfait, la tentation ne sera-t-elle pas immense d'aller plus loin dans la réduction des "risques industriels"? Ce qui est corruption dans le sport n'est après tout que pratiques largement tolérées dans le monde des entreprises

"Notre développement passe aussi par une meilleure exploitation des stades. En prenant comme base 100 francs pour le prix d'un billet, les supporteurs consomment sur place 300 francs en Angleterre en produits dérivés. Chez nous, les supporteurs s'en tiennent aux 100 francs initiaux".

Crétins attardés que nous sommes, de ne pas contribuer à la croissance de "nos" clubs en achetant à prix prohibitifs de quoi se déguiser en guignols sponsorisés! De ne pas manger autant de saucisses à vingt balles que les Anglais ou les Américains! Infidèles du culte libéral, consommateurs rétifs! Pour notre salut, des dirigeants missionnaires vont heureusement nous convertir à l'élévation spirituelle du merchandising intensif.

 

L'enjeu du stade

Le stade est bien un enjeu central du néo-marketing sportif. Le candidat à la reprise du FC Nantes voulait non seulement chasser les marchands du temps (les vendeurs ambulants) mais surtout disposer des droits d'exploitation de l'enceinte. A défaut de la propriété de Gerland (politiquement impensable), Aulas entend bien récupérer la gestion de la concession, et "moderniser" l'enceinte en doublant le nombre de loges, pour 100 millions de francs.

En bon manager libéral, il présente donc un projet qui nourrit ses intérêts (et avec des loges, ce ne sont clairement pas ceux du plus grand nombre), et suspend sa "participation" au financement (assuré en majorité par les contribuables) si en retour la ville lui abandonne l'exploitation commerciale de ce bien collectif.

Notons que des projets similaires sont en œuvre pour de nombreux stades de D1, l'exemple lyonnais n'ayant rien d'original, sinon qu'Aulas se justifie avec des arguments d'une implacable scientificité: "Le débat est moderne, si on le freine ce serait ringard." Un expert en modernité a parlé. D'ailleurs, "M. Barre en est convaincu et les autres candidats à sa succession que j'ai sollicités partagent ce sentiment". Et si la municipalité lui faisait l'affront d'un refus, il rassemblera "les 450 millions de francs nécessaires à l'édification d'une enceinte de 40 000 places". Quand on vous dit qu'il ne doute de rien...

 

"L'inégalité de l'élitisme"

En fait, il y a peut-être un autre critère que le budget pour évaluer la "grandeur" d'un club: son audimat. "Aucune équipe n'a autant été diffusée que nous cette saison." Le propos qui suit est clair : les droits de télévision doivent être répartis au prorata de cette exposition. Cette revendication du "Club Europe" mené justement par Aulas fait exploser le consensus obtenu en septembre dernier par la Ligue sur le principe de solidarité.

Car l'homme est un politique habile, comme le montre son influence dans la métropole lyonnaise, où il n'exclut d'ailleurs pas une implication électorale plus directe. C'est aussi un idéologue, qui nous gratifie d'une autre sentence définitive, laquelle résume à merveille son propos : "Il faut accepter l'inégalité de l'élitisme, sinon nous serons tout petits." Acceptez cette inégalité qui fera de moi un grand Car les présidents ou les actionnaires des clubs appellent de leurs vœux une telle résignation, qui laisserait le champ libre à leurs desseins.

Gestionnaire d'actifs, Aulas, comme ses homologues, postule la passivité des publics, l'impuissance du politique et la complicité des médias. Leur mission est de conquérir et d'exploiter toutes les sources de profit encore disponibles dans le football professionnel, en prenant pour justification la prétendue fatalité de ces évolutions, et en menaçant le football français d'une régression s'il s'y refuse

 

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