Intro
Des morts et des résurrections
À voir les objectifs affichés par les "gros" de notre championnat, on peut déjà craindre de nouvelles désillusions, car il n'y a toujours pas assez de places d'honneur pour tout le monde, à commencer par la première, affichée comme objectif par de nombreux staffs. Sont-ils trop nombreux à devoir atteindre leur rédemption cette saison, à commencer par Paris, Monaco et Marseille, en ajoutant Lens et Rennes à ce lot de revanchards? Sachant aussi que Lille et Nantes ne laisseront pas leur part aux nantis, que Bordeaux doit impérativement abandonner les demi-teintes et que Lyon a toutes les raisons de se voir beau et haut, la lutte sera féroce et le bilan cruel.
Bille en tête
Devant ces grosses écuries le mors aux dents, les "petits", ces insolents, seront-ils enfin de bonne volonté en respectant des hiérarchies qu'ils ont allègrement molestées des deux dernières saisons, tournant en ridicule les prétentions des geignards du mal nommé Club Europe? Troyes et Sedan enchaîneront-ils une troisième remarquable saison dans l'élite, comment les promus, qui chercheront tous à se réconcilier avec une D1 qu'ils ont quitté dans la douleur, vont-ils se comporter? Il faudra bien prévoir au moins une surprise et une débâcle, voilà de quoi exciter les pronostiqueurs, qui auront l'embarras du choix.
La D1 en pente douce
Avec deux descentes seulement en fin d'exercice, cette saison pourrait renouer avec la tradition du ventre mou, anticipant ainsi sur cette D1 à 20 clubs que notre football s'est offerte dans un grand élan de lâcheté, mais le resserrement de l'élite constaté ces dernières saisons incite à penser le contraire, alors…
Sur la même pente, on peut craindre un tassement de la fréquentation des stades, qui pourrait ne pas battre de records cette fois, les promus n'offrant pas exactement le même potentiel d'audience qu'un club comme Saint-Étienne. Charge à eux de battre au moins Bastia et Monaco pour la moyenne des spectateurs.
La voce della luna
Du côté des forts en gueule, dont notre championnat ne peut se passer, notons les départs de Rolland Courbis et Frédéric Antonetti, mais aussi le maintien de Vahid Halilhodzic et les retours en force de Guy Roux, Bernard Tapie ou Louis Nicollin. De quoi alimenter les brèves des Cahiers. Côté humour à froid, on attendra de Raynald Denoueix qu'il reste le digne successeur de Jean-Claude Suaudeau
On efface tout et on ne recommence pas
On aimera le championnat, quoi qu'il arrive, mais il lui incombe de se refaire une dignité en nous épargnant les représentations pitoyables qu'il nous a données, non pas tant sur les terrains que sous les plafonds des instances et des tribunaux. Du côté du pouvoir sportif, le tableau n'incite pas résolument à l'optimisme, avec un bureau de la Ligue assez affligeant jusque-là qui risque d'entrer en conflit larvé avec son imprévisible président (à moins que celui-ci ne soit contraint à la démission par ses déboires juridiques personnels).
De la balle
Sur le plan sportif, on espérera du jeu et de l'enjeu, des révélations et des retours fracassants, des scénarios renversants, des volées sous la barre et des doubles contacts.
Beaucoup d'observateurs pronostiquent déjà le retour aux affaires de l'élite présumée de notre football, un retour qui passe par une qualité technique et collective retrouvée. On serait tenté de dire que c'est une nécessité impérieuse pour la discipline, qui a plus souffert — notamment sur la scène européenne — de l'incurie chronique de ses dirigeants que des écarts économiques derrière lesquels ces dirigeants se cachent habituellement, au lieu de manifester une légitime ambition sportive. Car sans un tel sursaut, les éternels Cassandre du "déclin" vont encore nous les cassandrer, et ils finiront par avoir raison.