En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Hillsborough : la justice après la vérité

Invité : When Saturday Comes – Après 23 ans de lutte contre les fautes et les mensonges de la police, des autorités et des médias, les familles des victimes de la tragédie de Hillsborough ont obtenu la vérité.

Auteur : Rob Hughes le 6 Nov 2012

 

 

Un nouvel article de When Saturday Comes sur nos pages: le mensuel a consacré une grande partie de son numéro de novembre à l'épilogue provisoire de la catastrophe de Hillsborough en 1989. Titre original: Just cause.


* * *

 

Ainsi s'achève une attente de vingt-trois années. Le 12 septembre, des documents gouvernementaux et policiers inédits, simultanément à l'enquête sur la tragédie menée par le Hillsborough Independent Panel, ont été rendus publics. Leur contenu est accablant. Comme les familles des victimes n'avaient eu de cesse de l'affirmer, les supporters de Liverpool n'ont eu aucune responsabilité dans ce qui s'est produit au cours de ce terrible après-midi d'avril 1989. Les rapports confirment les soupçons du Hillsborough Family Support Group (HFSG) selon lesquels le commandement de la police, les instances du football et les membres des services d'urgence n'avaient pas seulement falsifié leurs dépositions pour s'exonérer de toute responsabilité dans le bilan humain, mais avaient également cherché à incriminer des supporters innocents à leur place.

 

 

 

 


"The Truth"

Un élément clé du rapport réside dans le fait que 41 des 96 personnes qui moururent dans l'écrasement "auraient eu la possibilité de survivre", si elles avaient seulement été secourues plus tôt. Cela discrédite profondément les verdicts de mort accidentelle des enquêtes initiales de 1990 et 1991. S'exprimant sur la BBC1, Trevor Hicks, du HFSG, dont deux filles ont péri ce jour-là, fit la remarque que le rapport montrait toute l'affaire comme "encore plus grave et plus abjecte que nous ne l'aurions jamais cru possible." La dirigeante du HFSG Margaret Aspinall, qui a perdu son fils James à Hillsborough, a déclaré: "Je suis extrêmement heureuse que les fans et les supporters aient été innocentés, ainsi que nos morts. Mais ce dont nous avons besoin avant tout, c'est de justice pour les 96. Nous devons exiger que les jugements soient annulés."

 

Il y a eu les excuses de David Cameron, du président de la Fédération David Bernstein et du chef de la police du South Yorkshire David Crompton, qui admit que que la police "avait ce jour-là trahi les victimes et les familles" et que "des mensonges honteux avaient été proférés pour accuser du désastre les fans de Liverpool", ajoutant que "ces fautes ont suscité de la douleur et du désarroi durant vingt-trois ans". On a même eu droit aux très tardifs regrets de Kelvin MacKenzie, l'ancien directeur du Sun responsable du titre de une "La Vérité", qui donna pour établi que des supporters des Reds ivres avaient provoqué la catastrophe, dépouillé les victimes, agressé la police et uriné sur les cadavres immédiatement après les faits [1]. Il n'alla tout de même pas jusqu'à admettre sa responsabilité, arguant qu'il avait été "totalement induit en erreur" par la dépêche d'une agence presse de Sheffield. "J'ai publié de bonne foi", a-t-il avancé quelque peu désespérément, "et je suis désolé que tout se soit avéré si faux."

 

 


Pas une question de vengeance

Le sentiment de réhabilitation parmi les amis, les familles et les supporters de Liverpool a contrasté avec celui qui transparaît dans un documentaire de la BBC diffusé trois jours auparavant. Hillsborough: Searching for the Truth dresse le tableau souvent bouleversant de la quête de la vérité menée contre la désinformation, les protections et l'indigence des autorités. Aspinall, qui se souvient avoir été emmenée à la morgue de Sheffield ce week-end-là pour s'y voir refuser le droit de rapporter le corps de son fils chez elle, insista pour dire que leur lutte n'était pas une question de vengeance, mais de vérité et de responsabilité.

 

Dave Kirby, un supporter de Liverpool qui a survécu à la catastrophe, était encore furieux contre cette une du Sun le lendemain. "Nous étions dans une détresse totale. Nous avions les bras ouverts, cherchant la compassion, et ils sont venus avec leurs mensonges ignobles et méprisables". Le point d'orgue du documentaire était l'interview de Harry Arnold, ancien journaliste du Sun auteur de l'article en question, qui brisait là un long silence sur l'affaire. Ses paroles ont sonné comme une pitoyable tentative pour détourner les torts, ou pour s'absoudre d'une responsabilité trop écrasante. Relatant sa découverte du titre, il dit: "J'ai été horrifié, parce que cela ne correspondait pas à ce que j'avais écrit. Je n'aurais jamais utilisé les termes 'La vérité'. J'aurais plutôt titré, je l'espérais et le crois encore, de manière plus équilibrée."

 

 


Le chagrin et la colère

Un des entretiens les plus émouvants du film est celui de John Wilson, ancien membre de la police du South Yorkshire. Manifestement encore très affecté par les événements, suivant une thérapie depuis lors, il raconte avoir été affecté à la tâche de retirer les corps des gradins, tandis que d'autres de ses collègues s'affolaient "comme des lapins dans la lumière des phares". Le film se conclut sur son espoir, plutôt ambitieux, que la réconciliation soit un jour possible entre la police et les familles de victimes. Par-dessus tout, le documentaire montre que Hillsborough charrie toujours un inimaginable monceau de chagrin, de douleur et de colère.

 

En tant que supporter de Liverpool, les événements de ces dernières semaines m'ont procuré une variété d'émotions allant du soulagement et d'une confuse satisfaction à la tristesse ou la frustration. Avec de surcroît une estimation concrète de la façon dont une large part de la communauté du football – et par extension de la nation elle-même – juge Liverpool et ses supporters. Avec la publication du rapport final sur Hillsborough, des fractions de la société et des médias ont vu révéler que certains de leurs actes avaient, par le passé, été moins que bienveillants, dans des proportions excédant largement la simple rivalité entre les clubs. Mais c'est une autre affaire.

 

Nous voici entrés dans une nouvelle étape de la lutte pour Hillsborough. Y aura-t-il vraiment des mises en examen? Les responsables devront-ils enfin rendre des comptes devant les tribunaux? L'attente est peut-être finie, mais il reste à savoir si la justice l'emportera vraiment.


[1] Lire "Le Sun ne brille plus à Liverpool", les Cahiers du football #41.
 

 

Faites-vous du bien : abonnez-vous à When Saturday Comes.

 

Réactions

Aucune réaction

La revue des Cahiers du football