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Peut-on rire de toutes ?

Helena Costa n’entraînera pas Clermont Foot. Évidemment: déferlement de blagues sexistes à son sujet. Que faut-il en penser (des blagues, pas du désistement)?  

Auteur : Gilles Juan le 25 Juin 2014

 

 

Beaucoup de vannes sexistes, à la suite du renoncement d’Helena Costa d’entraîner Clermont Foot. Évidemment ces vannes sexistes sont dénoncées, et tout aussi évidemment, l’affirmation qu’on peut rire de tout est rétorquée (pas seulement par les auteurs des blagues). Puis on convoque Desproges, comme si sa nuance avait un sens clair (que veut dire "pas avec tout le monde"? Pas avec les gens concernés? Pas avec ceux qui n’ont pas d’humour? Pas avec l’extrême droite? Jamais compris…), et puis plus rien. Le temps passe. Le débat revient avec une nouvelle pub accusée de sexisme, un nouveau sketch soupçonné d’antisémitisme, une nouvelle caricature apparemment islamophobe. Et à nouveau plus rien.

 


 


Blagues soldées

Réaffirmons-le: oui, on peut rire de tout. Autrement dit: non, le thème ne pose jamais problème. Ce n’est pas jamais le sujet qui dérange, dans le fond (même si on entend toujours le contraire). De fait, on pourra toujours trouver une citation sexiste délicieuse d’Oscar Wilde et un sketch sur les Juifs extrêmement drôle bien que provocant chez Desproges. Répétons-le: le thème en lui-même ne pose pas de problème. Alors quel est le problème? Le problème, c’est que toute blague sexiste (ou autre problème) n’est malheureusement pas drôle. Le thème ne pose jamais de problème en soi – c’est le niveau de la blague, qui pose problème.

D’ailleurs, qui proclame généralement qu’on peut rire de tout? Qui cite immédiatement Desproges, Guitry et Coluche? Eh bien, ceux qui sont accusés de ne pas être drôles. D’être sexistes, etc. Ce faisant, ils fuient habilement leur responsabilité: ils font comme si on leur reprochait leur humour à cause du thème. Alors que jamais! Entendez-le, les gars: lorsque vous dîtes qu’Helena Costa renonce à son poste parce que les soldes, ou les boutiques trop loin ou je ne sais quoi, vous n’êtes pas drôles. Vous n’êtes pas Sacha Guitry: s’il suffisait d’être misogyne pour être Guitry, ça se saurait…


Sans blague

Alors je vous vois venir, amis lecteurs: qui décide de ce qui est drôle et de ce qui ne l’est pas? Eh bien la réponse est simple là aussi: personne n’a la réponse à la question "est-ce drôle?" – mais, car il y a un mais, s’empêche-t-on de critiquer les films sous prétexte que personne n’a le dernier mot de ce qu’est l’art cinématographique? En d’autres termes, il est temps d’assumer qu’on peut rire de tout, mais que le rire ne doit pas être exempté de la critique, cette noble et démocratique activité. Or que se passe-t-il, lorsque les sexistes se défendent en disant qu’on peut rire de tout? Ils esquivent la critique. Ils refusent la critique et changent de sujet. On ne parle ainsi plus de la blague – on parle du thème, c’est-à-dire qu’on ne parle plus de rien, puisqu’il est absolument évident et incontestable qu’aucun sujet n’est sacré et interdit à l’humour. Vérité médiatique universelle: les gens pas drôles défendent leur blague en légitimant le thème de la blague.
 

On peut même formuler quelques pistes de critiques: qualité de l’écriture (et à ce propos, Desproges n’était pas génial parce qu’il "osait" faire telle ou telle blague, la qualité de son humour n’est pas fondée sur son audace, et lorsque j’entends que Guillon est une sorte de Desproges parce qu’il ose faire telle ou telle blague, j’ai un peu envie de vomir), inventivité des comparaisons, des hyperboles, improbabilité mais pertinence des actualités rapprochées pour faire une blague, réactivité, exploitation habile de la pluralité des sens d’un mot… Beaucoup de critères existent pour faire vivre le débat sans basculer dans la fausse question du thème.
 


Blague à part

"Dire tout haut ce que les gens pensent tout bas" est-il un argument? On pourrait avoir tendance à penser qu’au contraire, on est en droit d’attendre un peu plus d’un humoriste que la blague déjà faite tout bas par tout un chacun… Enfin bref, l’objet n’est pas ici de statuer sur les critères d’une bonne blague – il s’agit, plus simplement, de plaider pour deux choses:

- La liberté absolue pour le thème de l’humour (oui, il est possible d’être drôle au sujet de la démission d’Helena Costa, comme de la taille de Matthieu Valbuena, ou du catogan de Jérôme Latta).
- Le refus de considérer cette liberté comme un alibi, comme une dispense de critique
 

Il faudrait sans doute, maintenant, développer le cas de ceux qui, ironiquement, font une blague sexiste et conne en sachant bien qu’elle est sexiste et conne, pour faire réagir, etc. Mais la réponse est la même: l’ironie est un critère éventuel de subtilité, elle aussi a ses degrés de virtuosités: on peut critiquer (pas interdire, hein – critiquer).

Alors pour conclure, peut-on rire de tout? Oui! (surtout si c’est drôle.) Et que faut-il penser des blagues sur Helena Costa? Ce qu’on voudra. Puisse la sensibilité d’un sujet inviter à plus d’inventivité, d’attention et d’exigence, et non pas à moins d’évaluation, de différenciation, de nuance, sous prétexte que "on peut bien rire de tout". Certaines blagues sexistes sont drôles, d’autres insupportables, d’autres encore ne sont "pas méchantes". Et ce, en elle-même. Pas à cause du thème. Tous les thèmes sont bons (même si j’attends encore qu’on me fasse rire à propos de la finale de 2006).
 

Réactions

  • Matu-Verratti-Vieira-Touré-Clément-Cearà le 25/06/2014 à 13h28
    Je n'avais pas trouvé le sondage idiot particulièrement misogyne. Plutôt une recherche de jeux de mots avec le nom (Costa concordât, Costa Brava, Hélène accoste à Troyes, Helena Costa retourne sa veste, etc...).

  • Sens de la dérision le 25/06/2014 à 13h30
    Le mieux serait quand même de faire des listes avec les gens autorisés ou pas à émettre des blagues. Si par hasard un autorisé fait une blague pas drôle ou pas dans sa niche, il a un avertissement. Au bout de trois, il ne devient plus autorisé. Là au moins on y verra plus clair !

  • Luis Caroll le 25/06/2014 à 13h39
    Ca commence à devenir vain ces critiques de ce qui se dit sur Twitter.

    Si on les lit c'est qu'on a bien envie de les lire. L'émetteur est moins à blâmer que le récepteur volontaire.

    On peut très bien avoir un flux twitter dépourvu de toute idiotie, il suffit de choisir qui on suit, tout en conservant les bénéfices de l'outil. Ce n'est pas comme un match commenté par un idiot, où l'idiot est imposé pour profiter du bénéfice.

    Comme ça a été dit dans le premier commentaire, c'est le café du commerce numérisé. Pourquoi répéter ad nauseam qu'il y a des cons qui fréquentent le zinc ?

  • Kara Bourré le 25/06/2014 à 14h05
    la rédaction
    aujourd'hui à 12h21
    -------------------

    Merci dame rédac, cependant j'aurais aimé une réponse à mon premier post en fait. Cet article est une réaction à des propos qui ont été tenus où?

    Si c'est en réaction à des messages tweeter, une fois de plus je trouve dommage de réagir/ faire une analyse là dessus.
    Si, par contre, des propos ou blagues sexistes ont été tenus dans des médias professionnels par des journalistes, je trouve ça plus pertinent.

    Tweeter, c'est effectivement un mix de tout et n'importe quoi. Ce monde de l'information qui considère le buzz sur tweeter comme la pensée dominante de la société à tendance à m'agacer.

  • syle le 25/06/2014 à 14h32
    Ce serait bien de ne pas déformer la citation de Desproges qui est "on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui", et non "avec tout le monde".
    Le sens en est un brin différent.
    Ensuite, comme le disait Bulle, cette citation doit être reliée au réquisitoire dont elle est issue. Son universalité a été un brin extrapolée.
    Tant qu'à faire, faut même se repasser toute l'émission car la plaidoirie de Régo (la journée d'un fasciste) était géniale aussi.
    La nuance faite par Desproges est évidente : dans son réquisitoire vitriolé contre Le Pen, plus premier degré qu'à l'accoutumée pour éviter toute mauvaise interprétation, il rit et fait rire son public de Le Pen. Il ne tombe pas dans le même travers que Patrick Sébastien qui, dans son émission, s'était retrouvé de façon surréaliste à rire avec Le Pen.
    Bref, il est de la responsabilité de celui qui fait la blague, qu'elle soit drôle ou non, de bien mesurer à qui il l'adresse. Se retrouver à rire d'une blague misogyne avec un Lacombe ou un Douillet qui la prennent au premier degré, ça doit être assez désagréable.
    Du coup, je ne ferais jamais une blague sur twitter, car je ne sais pas qui la lira et comment il la prendra.
    Ici, depuis le temps, je sais à qui j'ai affaire, et je n'ai pas ce genre de crainte. Je sais que je peux rire sans arrière pensée à l'humour noir le plus horrible. Je me permets parfois moi-même d'aller assez loin dans l'ironie ou le troisième degré. A tort probablement, vu que je ne connais du forum que ceux qui y participent, et non tous ceux qui le lisent.

  • José-Mickaël le 25/06/2014 à 14h35
    Très bon article ! Ça n'a pas grand chose à voir avec le foot, mais je suis 100 % d'accord avec ce qui est dit.

    Ça me rappelle la banderolle "anti-ch'ti". Ma position est la même qu'à l'époque : on n'a pas à interdire ce genre de blaguee, mais elle était vraiment mauvaise (en soi, indépendamment du thème). C'est assez compatible avec ce qui est dit dans l'article.

    Maintenant, une petite remarque : ceux qui trouvent vraiment drôles les mauvaises blagues misogynes, ou antisémites, ou anti-ch'tis, ou je ne sais quoi, ce sont ceux qui sont réellement misogynes, antisémites, anti-ch'tis, etc. Ils rient non pas de la blague (puisqu'il n'y a pas de quoi rire) mais des femmes, des juifs, des Ch'tis, etc. Je ne signale pas ça pour justifier qu'on interdise ces mauvaises blagues, juste pour dire qu'on n'est pas dupes.

  • Pascal Amateur le 25/06/2014 à 14h37
    pavlovitch
    aujourd'hui à 12h42

    Une blague juive dite par un Juif, c'est drôle.

    > Non. Non, non et non. Absolument pas. Une blague se définit par son contexte culturel. Qu'est "l'humour juif" aujourd'hui ? Cet humour se définit désormais par des références oubliées - le shtetel, le shlemiel, la vie communautaire d'avant l'extermination. Ne demeurent aujourd'hui du "juif" que l'avarice et l'étouffement maternel.
    L'humour juif se rattache pour l'essentiel, non au judaïsme, mais à sa pratique dans le monde yiddish. Alors certes, des auteurs contemporains (Roth, Singer... pas tous jeunes, les écrivains) peuvent faire preuve d'un humour qu'on qualifiera de "juif", mais il s'inscrit dans un contexte américain, "brooklynien" (de même Woody Allen). Mais va à Tel-Aviv et parle des tailleurs du yiddishland à un passant quelconque, je t'assure que tu n'auras pas que des rires.
    Ton approche est fausse. Il n'y a pas, me semble-t-il, de définition universelle de l'humour, car chacun a ses propres sensibilités - et celles-ci évoluent et se déforment selon les époques et les sociétés. Desproges lui-même appartient à un contexte qui n'est plus vraiment le nôtre (ou encore Coluche), et leurs adages sont tout sauf figés, valables toujours.

  • la rédaction le 25/06/2014 à 14h43
    @Luis Caroll @Kara Bourré

    Les réseaux sociaux existent. S'il s'agit de ne pas leur donner trop d'importance, nier celle qu'ils ont ne serait pas très pertinent.

    C'est d'ailleurs une des problématiques qu'ils soulèvent: ils font émerger dans l'espace public des opinions qui n'y passaient pas auparavant. C'est un phénomène suffisamment significatif pour choisir ne pas les ignorer, et ne pas ignorer les discours qui s'y diffusent. Détourner la tête ne fait pas disparaître ceux-ci.

    Sinon, un rappel. Adressez-nous toutes les critiques que vous voulez sur le contenu de nos articles. Mais les remarques sur la pertinence des sujets qu'ils abordent, nous vous invitons, comme depuis toujours, à vous les carrer où bon vous semble.

  • José-Mickaël le 25/06/2014 à 14h44
    kimporte el flaco
    aujourd'hui à 12h39
    > Moi j'ai ris à la vanne sur Costa qui va faire les soldes, justement parce que c'est pas drôle (humour inversé).

    Oups, je n'avais pas pensé à ça, mais c'est vrai que les vannes vraiment pas drôles, ça peut faire rire (on se moque de la vanne qui n'est pas drôle). Du coup non, ceux qui rigolent d'une blague misogyne pas drôle ne sont pas forcément misogynes. Disons qu'il faut les écouter rire : si c'est une sorte de rire féroce, là OK.

    Ah c'est compliqué...

  • Sens de la dérision le 25/06/2014 à 15h03
    José-Mickaël
    aujourd'hui à 14h35
    Maintenant, une petite remarque : ceux qui trouvent vraiment drôles les mauvaises blagues misogynes, ou antisémites, ou anti-ch'tis, ou je ne sais quoi, ce sont ceux qui sont réellement misogynes, antisémites, anti-ch'tis, etc. Ils rient non pas de la blague (puisqu'il n'y a pas de quoi rire) mais des femmes, des juifs, des Ch'tis, etc. Je ne signale pas ça pour justifier qu'on interdise ces mauvaises blagues, juste pour dire qu'on n'est pas dupes.
    ----
    Et ceux qui font la blague pas drôle, ils sont misogynes, antisémites, racistes, etc ou ils font juste quelque chose qui tombe à plat ?
    On en revient toujours à la même chose : QUI décide qu'une blague est drôle ou pas ?

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