En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Fermez vos gueules en chantant

Ce week-end, les supporters ont usé du silence pour faire entendre leur voix. Les médias spécialisés et les acteurs du football y sont restés sourds… Qui a peur des ultras?

Auteur : Étienne Melvec et Jamel Attal le 10 Dec 2003

 

 

Ce week-end, on aurait légitimement pu considérer que l'événement de la dix-septième journée du championnat serait, quoi qu'il arrive sur les terrains, la mobilisation massive des associations de supporters, à l'appel de leur Coordination nationale, qui en réunit quarante-huit dans une trentaine de clubs et souhaite qu'une "large réflexion soit engagée concernant le rôle et la place des supporters dans le football français". Le communiqué souligne que "la pression des enjeux financiers a relégué les spectateurs et supporters au second plan dans les priorités des clubs et des instances dirigeantes. Les attentes des supporters sont trop souvent occultées au profit des exigences des gros financeurs du football français: actionnaires, télévisions, sponsors…" Le mot d'ordre d'une "grève" de vingt minutes à l'entame des matches a été remarquablement bien suivi aussi bien en L1 qu'en L2 et le téléspectateur lambda aura pu s'étonner de retrouver les mêmes banderoles d'un stade à l'autre: "Union des ultras pour un football populaire" et "Avec ou sans passion, appréciez la différence".


Le moins que l'on puisse dire est que la différence a été sensible lors des rencontres. Quand les latérales assurent seules l'ambiance, on entendrait voler une touche à l'Abbé-Deschamps. Cela n'a cependant pas suffi pour que cette action soit médiatisée autrement qu'à la marge de l'actu de la pelouse et du tableau d'affichage. Des mentions vagues intégrées aux résumés des matches sur Canal+, une brève et une photo dans L'Équipe, rien dans France Football (qui a un "Spécial transferts" à préparer, on ne peut pas tout faire). La palme revient à Téléfoot qui a fait croire que la banderole à Strasbourg remerciait le président Gindorf pour la soupe offerte aux supporters avant le match (Praud et Hardy préférant sonner la charge de la brigade lourde contre l'arbitrage, un sujet plus consensuel).


Effervescence

À ce niveau, ce n'est plus de la négligence, mais soit un choix délibéré de passer sous silence une initiative pourtant significative par son ampleur et son contenu, soit un embarras total devant des supporters dont on découvre qu'ils peuvent aussi articuler des revendications. Rien n'a changé depuis l'automne 2002 et l'opération "Union contre la répression", qui avait également été placée sous l'étouffoir (voir Ultras, moderne solitude et Nettoyage à sec). Il s'était alors s'agit de protester contre l'application abusive de la loi Alliot-Marie, transformant les stades en zones d'exception d'où la liberté d'expression est bannie et soumettant le jet de rouleaux de papier toilette à une répression absurde, au travers notamment de l'article 357 du règlement de la Ligue (voir Des stades plus propres et notre détournement en plein vol 357 Magnum).


Autre objet de discorde moins "politique" mais récurrent: l'usage des fumigènes, qui fait l'objet d'une prohibition accrue depuis le début de la saison, avec une pluie d'amendes très lourdes infligées par la LFP pour inciter les clubs à agir (1). Depuis quelques mois, les revendications d'une fraction importante des associations de supporters se sont étoffées, incluant la remise en cause du pouvoir des actionnaires et des diffuseurs, du mercantilisme ambiant, de l'inflation des prix des places ou des politiques sécuritaires mentionnées ci-dessus. Certains groupes ont ainsi organisé des mobilisations contre le racisme et des rencontres nationales (à Clermont-Ferrand en juillet, à Lyon en octobre). En début de saison, la programmation par Eurosport d'un match de L2 le lundi a suscité la colère des groupes de nombreux clubs, faisant écho à l'irritation des supporters de L1 contre le décalage des rencontres. L'action menée ce week-end achève de prouver que les ultras peuvent s'unir au-delà des rivalités sportives pour défendre des intérêts communs.


Figuration ou folklore, faites votre choix

Si l'esprit vient aux supporters, s'ils quittent la panoplie des gentils animateurs de stades ou s'ils sortent de leur rôle de consommateurs de produits dérivés, et même s'ils refusent de souscrire aux stéréotypes du hooliganisme, ils s'exposent au mieux au mépris, au pire à un rejet général. On est en effet frappé, à l'inverse, par la sur-médiatisation des incidents violents, qui pour être insupportables, constituent tout de même des épiphénomènes relativement aux centaines de milliers de personnes qui se rendent dans les stades (voir l'interview de Christian Authier dans le N°1 du journal).


Pourtant, ce sont parfois les supporters qui sont victimes de violence, comme à Brest où le service de sécurité (privé) du Stade Francis-Le Blé a eu recours à des méthodes pour le moins brutales (voir sur Foot National) Pour ne prendre qu'un exemple, dans la semaine ayant précédé la "manifestation silencieuse" des ultras, L'Équipe a rendu compte des procédures impliquant des membres des Winners marseillais et des Magic Fans stéphanois, et consacré un article aux rapports compliqués entre les directions du PSG et de l'OM et leurs supporters. Des sujets intéressants et légitimes, mais qui soulignent par contraste la place ridicule accordée au mouvement du week-end dernier. Encore une fois (voir la chronique bolchevique du N°2), il faut se tourner vers la presse généraliste pour être informé correctement (voir notamment l'article de Libération)…


Qui a peur des supporters ?

La tirade de Jacques Crevoisier, nouveau consultant de Canal+ (2) qui a été un des rares à s'exprimer directement sur le sujet (avant Lens-Sochaux), résume certainement le sentiment des acteurs du milieu: "Il y a des supporters qui sont des groupes constitués et qui, là, ont une démarche qui s'apparente à une démarche syndicale. Alors ils ont sûrement de bonnes raisons d'avoir fait tout ça, mais ce serait mieux si les problèmes pouvaient s'arranger et que le football soit ce qu'il doit être, c'est-à-dire une un spectacle avec un public qui participe au spectacle et qui encourage son équipe". En clair les mecs, vous avez de bonnes raisons, mais priez pour que les problèmes s'arrangent par l'opération du Saint-esprit et contentez-vous de chanter en fermant vos gueules, parce que sinon, vous emmerdez tout le monde.


On ne se lassera pas de souligner ici le décalage incroyable entre le mépris dont font l'objet les supporters, spectateurs ou téléspectateurs, et leur importance réelle dans l'économie du football. Marchandise principale du marché des audiences et de celui des droits de télévision, appelés à acheter des billets, des abonnements, des maillots, des journaux, à encourager aveuglément leur équipe, à s'identifier à la cause des actionnaires des clubs, on leur refuse pratiquement tout droit à la parole, ils n'ont aucune représentation significative dans les instances, leurs mobilisations sont délibérément ignorées par les médias, quand ceux-ci ne les stigmatisent pas allègrement… Une occultation qui témoigne paradoxalement des craintes que susciterait des formes d'opposition telles que celle qui s'ébauche aujourd'hui (en France ou en Italie ou au travers d'insubordinations comme celle des supporters de Wimbledon — 3).


On est certes encore loin d'une résistance organisée à l'instrumentalisation des supporters, ou d'un mouvement de fédération suffisamment mature pour constituer une force politique dans le monde du foot pro — notamment parce que le "mouvement ultra" est traversé de nombreuses contradictions. Mais si les supporters parvenaient à se faire progressivement reconnaître comme des acteurs à part entière, ils remettraient en cause un ordre établi qui a toutes les raisons de redouter cette intrusion. Il existe des syndicats de joueurs, d'entraîneurs, de dirigeants… Pourquoi ne pas imaginer un syndicat des spectateurs, téléspectateurs et supporters qui aurait voix au chapitre et siègerait dans les instances? En attendant, et en rêvant un peu, proposons-leur une action susceptible de faire trembler les présidents de club: le boycott des produits officiels!

 

(1) Les ultras revendiquent un usage maîtrisé et "festif" des fumigènes, en s'engageant par exemple à désigner des opérateurs responsables de la pyrotechnie. Une demande contestable dans la mesure où les risques persisteront malgré tout, sans parler des retards occasionnés (ou des buts annulés après l'irruption de Guy Roux).
(2) Ancien membre de la DTN et ancien adjoint de Gérard Houllier à Liverpool.
(3) Qui se sont opposés à la délocalisation de leur club en soutenant la création d'une nouvelle équipe sur les terres de l'ancienne.

 

Réactions

  • ludino le 10/12/2003 à 11h16
    pour l´Equipe, ils titrent "l´anecdote" pour parler de "la greve des encouragements"...c´est symptomatique de la situation...
    lien

    tout le monde s´en contre fout, et c´est bien dommage...

    Je m´engage à entrer dans la lutte: je me couperais les cheveux tout seul en renoncant aux doigts de fée de l´OL coiffure et de son consortium cappillaire...c´est un début...

  • luckyluke le 10/12/2003 à 11h16
    moi il me semble, de mémoire, que mouche, c'était une déformation de hamrouche (dont j'ai oublié le sens, n'étant pas arabophone)

    Passé ce point, capital convenons-en, j'aimerais savoir (sérieusement) ce que les ultras arrivent à voir d'un match derrière les fumigènes, les drapeaux ou les maillots géants, et quelles sont vraiment leur motivation: voir du foot ou assurer un spectacle, assurer l'ambiance

  • baygonsec le 10/12/2003 à 11h25
    les fumigènes, ça dure 3 minutes, et les drapeaux, s'ils sont agités correctement, n'empêchent pas la vue des voisins de tribune. Quant à celui qui agite, disons que ça change au cours du match...

    Quoiqu'ils en disent, les ultras viennent aussi au stade pour voir du foot. Cela dit, il est vrai que leur motivation première reste l'animation de la tribune, avant le match (préparation des tifos) et surtout pendant... D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des ultras satisfaits de leurs déplacements tout simplement parce que l'ambiance fut bonne malgré une défaite.

  • ludino le 10/12/2003 à 11h42
    je me permets un écart: hop la, passement de jambe...
    vous connaissez peut etre un photographe Christophe Lalo, il nous a fait un truc tres sympa sur le foot vu du stade, et tout le sociologique qu´il y a derriere...
    Comme par hasard, il a choisit des stades anglais le con, mais bon, ca reste intéressant, meme si je ne suis pas fan du supporter english...
    lien
    allez donc voir ca...
    PS: je vais me galérer ...parce que se couper les cheveux seuls, c´est dur, mais renoncer aux poulets auxerrois, c´est abominable...

  • jacky56 le 10/12/2003 à 11h52
    Tres joli article messieurs de la rédaction.

    je tenais à le dire.

  • Reyo le 10/12/2003 à 12h47
    Je dois avouer que je vais d'abord au stade pour regarder un spectable de football, et que la plupart du temps je préfère regarder ce qui se passe sur le terrain et encourager en applaudissant que me casser la voix ou à m'agiter dans tous les sens...

    Ce qui ne m'empêchera pas ce soir, à Gerland, muni de ma belle écharpe OL et de mon billet à 40 euros (plus une place ailleurs quand j'ai réservé !), de crier autant que je peut car l'enjeu n'est pas le même que lors d'un OL-Sochaux !

    Tout cela pour dire qu'il n'y a pas que d'un côté les ultras qui supportent, et de l'autre les friqués qui viennent se montrer quand l'équipe gagne.

    Et que je ne me sens pas ultra-solidaire (ah ah) de ceux qui viennent visiblement d'abord au stade pour "leur" propre spectable (il y a même des animateurs qui passent le match dos à la pelouse pour haranguer leur foule), au vu de ce qu'ils racontent sur leurs sites internet.

    Le problème numéro 1 c'est pas les fumigènes, mais l'état d'esprit de trop nombreux supporters qui cessent d'applaudir leur équipe à la deuxième défaite (voire au premier nul). Et cela c'est un problème générale de popularité et de mentalité en France, qu'aucun kop ne résoudra à coups de tifos.

    Surtout qu'il faut bien reconnaître que la plupart des groupes ultras sont de fait largement conçus pour des jeunes de moins de 30 ans, et que la touche "populaire" d'un club se fait aussi dans sa capacité à drainer des familles entières (cf. Lens).


  • TheFlyingMoustache le 10/12/2003 à 12h55
    >Jesper, merci de m'avoir fait remarqué le "voler une touche", j'avais corrigé inconsciemment et j'avais pas repéré le jeu de mot : à mon avis, c'est volontaire et ça doit être une référence au match gagné par Auxerre sur Nantes l'an dernier (ou il y a deux ans ?) 2-1, le deuxième but étant marqué suite à une blessure de Da Rocha. Comme il saigne, un défenseur nantais met la balle en touche pour qu'il puisse se faire soigner, et au lieu de rendre le ballon aux Nantais, qui l'attendent et ne sont pas en position de jeu, les Auxerrois (sur les "bons" conseils du gentil Guy Roux qui gueulait "joue, joue")* jouent la touche, pénètrent dans la défense comme un cheval de bois dans la ville de Troie et marquent. Il y avait eu à l'époque une déclaration (de Guy Roux ?) sur le fait qu'avec le bruit venant des tribunes, la nature réelle de la situation était difficilement appréciable (ou quelque chose d'approchant, merci à ceux dont la mémoire est moins défaillante que la mienne de rectifier si besoin est)

    * Roux avait aussi protesté de sa bonne foi après coup en déclarant qu'il n'avait pas vu la blessure de Da Rocha. Mais 1) un défenseur qui dégage en touche au lieu de relancer, ça se voit 2) pourquoi avoir gueulé "joue, joue" à son joueur s'il croyait que c'était une touche "normale" ? Ses joueurs n'ont pas encore intégré ce point du règlement, qu'il faille leur dire quoi faire quand le ballon sort ?

    Quant aux supporters, j'y connais rien, et c'est pas que je veuille pas m'intéresser, mais j'ai peur que si je pose mes questions et que je commence à discuter de tout ça, ça me prenne très longtemps.

  • jacky56 le 10/12/2003 à 13h09
    Toujours sur le thème de l'incompréhension des supporters, ce jour, l'article suivant :

    lien

    (désolé c'est encore à propos des merlus)

    :-)

  • jjdonovan le 10/12/2003 à 13h14
    affligeant lien

  • Jesper Olsen le 10/12/2003 à 13h49
    Bien vu Monsieur la Moustache.

    Répéter 100 fois :
    Ne pas critiquer la rédac avant d'avoir pensé à tous loes jeux de mots possibles
    Ne pas critiquer la rédac avant d'avoir pensé à tous loes jeux de mots possibles
    Ne pas critiquer la rédac avant d'avoir pensé à tous loes jeux de mots possibles
    Ne pas critiquer la rédac avant d'avoir pensé à tous loes jeux de mots possibles
    ...

La revue des Cahiers du football