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Éloge du pointu

Le plus médiocre des footballeurs a un point commun avec le plus grand technicien: le pointu. Décryptage d'un geste illustré par Federico Chiesa ce week-end. 

Auteur : Gilles Juan le 21 Jan 2020

 

 

Façon instinctive de renvoyer la balle (avec le bout du pied, tout simplement), le pointu n’exige soit aucun savoir-faire, soit beaucoup de talent. 

 

Un plat du pied est déjà un geste technique difficile, un mouvement contre nature. "Ouvrir son pied" est un art, principalement celui des danseurs et des footballeurs. L’extérieur du pied est encore moins naturel, et menace même l’intégrité du corps car le pied choisi pour un extérieur menace alors l’autre jambe.

 

Le pointu, en revanche, est spontané. Les tout petits renvoient ainsi la balle. Et ceux qui n’aiment pas le foot. Et ceux qui ne savent pas jouer. Le pointu n’est tellement pas, a priori, un geste technique, qu’il peut même s’apparenter, quand il prend son sens complet sur les terrains en devenant un moyen de tirer au but, à une sorte de coup bas.

 

Dans les cours de récré par exemple, il est très mal vu d’effectuer un pointu: "Vas-y l’autre il met des pointards" (le pointu est aussi appelé, dans certaines régions, "pointasse"). Cela permet prioritairement d’allumer le gardien. Le plaisir est aussi grand que manifeste.

 

 


Génie

Les professionnels n’oublient jamais cette joie d’origine, mais s’étant élevé au sommet de l’art, ils en ont fait une arme dont ils peuvent exploiter les vertus. Car le pointu a trois grands intérêts, qui peuvent être combinés ou non, occasionnant de nombreuses nuances, et par voie de conséquence, un nombre illimité de variantes.

 

Les liens qui suivent renvoient vers trois idéaux-types, qui permettent d’identifier les grands avantages du pointu d’une part, et les conditions de leur savante réalisation d’autre part.

 

1. Le pointu Gourcuff

 

 

Remarquons tout de suite que le pied d’appui est à une trop longue distance du ballon au moment de la frappe, puis que la frappe vient après un enchaînement technique aussi remarquable que difficile et éprouvant.

 

Le pointu, dans ce contexte, est la frappe à la fois la plus puissante et la plus soudaine qui pût être réalisée.

 

La plus puissante d'abord, car on ne peut, du coup de pied, frapper fort que si le pied d’appui est bien positionné. Ensuite, il est toujours difficile d’avoir l’énergie de frapper fort après des enchaînements techniques. Le pointu, compensant ces inconvénients, est donc un choix technique pertinent.

 

La plus soudaine ensuite, car même si son pied d’appui n’est pas, au terme des dribbles, immédiatement positionné pour frapper, Gourcuff ne perd pas de temps: il économise un appui, il frappe tout de suite, il ne laisse pas l’opportunité au gardien de sortir.

 


2. Le pointu Ronaldinho

 

 

Le ballon est arrêté. Et surtout, le joueur aussi. Là encore, la frappe est soudaine, et elle est puissante, mais cette fois, le pied d’appui est comme il faut – au niveau du ballon.

 

En théorie, il n’y a que dans Olive et Tom que, dans un tel contexte, les joueurs ont la souplesse nécessaire et le temps disponible pour armer une frappe puissante. Dans le cadre du manga, la jambe va chercher l’élan très haut et très longtemps, afin de mettre une praline.

 

Ronaldinho n’a pu, en revanche, avoir recours qu’au pointu. Bien qu’il semble avoir visé, on ne saura jamais s’il a vraiment maîtrisé la trajectoire du ballon.

 

Ce qu’on sait, en revanche, c’est qu’une seule trajectoire peut être délibérée quand on met un pointu: c’est tout droit. Mais plus on frappe fort, plus les chances que les trajectoires soient largement aléatoires augmentent.

 


3. Le pointu Romario

 

 

Romario, le grand maître du pointu, exploitait parfaitement cette trajectoire droite du pointu, pour mettre le ballon dans le soupirail – et pas seulement lors des face-à-face avec le gardien.

 

Ce dernier exemple réunit des qualités déjà aperçues (frappe soudaine, pied d’appui loin du ballon), en les conjuguant cette fois non pas à la puissance, mais à la précision du tir.

 


4. La synthèse Chiesa

 

 

Celui de Chiesa, samedi à Naples avec la Fiorentina, emprunte à chacun. Puissant et précis, bien que Chiesa – arrêté – ait dû aller chercher le ballon loin du pied d’appui, sans perdre le temps d’un appui supérieur. Magnifique.

 


Généralités

Soudaineté, puissance, précision… ça a l’air super le pointu! Pourquoi n’en voit-on pas davantage? Eh bien, on l’aura compris, parce que ces avantages ne se réalisent qu’en situation de handicap: pied d’appui loin du ballon (à cause d’un mauvais contrôlé par exemple), et/ou immobilité du joueur, et/ou urgence de la situation, et/ou distance de la cage.

 

Pas de péno en pointu, par exemple, où les conditions de tir sont sans handicap. Tous les avantages peuvent évidemment être transposés dans le contexte d’une passe (Zidane était un grand passeur du pointu).

 

Seul inconvénient du pointu, à notre connaissance (étant entendu que l’éventuel dénigrement moral est irrecevable): le pointu ne peut être réalisé que si le ballon est à terre. Bien sûr, rien n’interdit, ni sur le plan physique ni sur le plan éthique, la tentative d’une reprise de volée du pointu – mais jusqu’à présent, à notre connaissance, seuls les jeux vidéo se le permettent.

 

Réactions

  • Espinas le 21/01/2020 à 11h04
    Très bon article sur un geste qu'on a tous fait en cour de récréation

  • PiMP my Vahid le 21/01/2020 à 13h00
    Très sympa. J'ai encore le souvenir d'avoir été scotché par l'audace de Ronaldinho. Avec un peu le côté chambreur du service à la cuillère.

  • leo le 21/01/2020 à 13h24
    Chouette article sur un geste trop souvent méprisé, merci !

    Maintenant, le pointu de Chiesa est quand même tout vilain...

    Christian Karembeu avait mis un pointard de cour d'école contre le Borussia Dortmund en Ligue des Champions (le fameux match où une des cages du Bernabeu était tombée) : il a tout le temps de penser à ce qu'il va faire, de choisir la surface de contact... bim, gros pointard ras de terre !

    Le but de Ronaldo contre la Turquie en 2002 est, au contraire, un bel exemple de pointu-meilleure (seule) solution pour marquer (bien aidé par la main pas vraiment ferme de Rüstü)

  • 12 mai 76 le 21/01/2020 à 14h26
    Bel hommage à un geste technique contradictoire: un pointu qui fait but tu as toujours un sentiment de gêne vis à vis de l’adversaire, et un plaisir inavoué à lui avoir joué ce bon tour.

  • Sens de la dérision le 21/01/2020 à 14h46
    Dans les cours de récré, on dit encore pointard ?

  • theviking le 21/01/2020 à 14h50
    Moi, je tirais mes pénos du pointard, ça m'évitait de penser ou la placer et ça avait toujours une trajectoire surprenante (et rapide c'est vrai). Bon faut dire que techniquement, j'avais pas d'autres armes.

  • Richard N le 21/01/2020 à 21h39
    Merci Gilles de rendre hommage à ce geste technique si méprisé en amateur et pourtant magnifique lorsqu'il est réalisé par des professionnels. Une remarque en passant : Sa peu fréquente utilisation sur les terrains, au-delà de l'aspect purement technique, n'est-elle pas due également au fait qu'un pointu, ben, ça fait mal aux orteils ?

  • theviking le 21/01/2020 à 21h59
    Pas si t'as les pieds carrés

  • Hydresec le 22/01/2020 à 09h13
    Ou que tu joues en docs.

  • Brian Hainaut le 23/01/2020 à 11h11
    Je complète avec le génial pointard de Savigoal contre Lens ! lien

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