Ecran total sur Canal: 1er épisode du feuilleton à grand spectacle de la D1
C'est donc la rentrée des passes sur Canal+, dont le principal produit est annoncé comme chaque année à grands renforts de clips lyriques et de promesses de combats titanesques. Le logo de la LNF s'affiche toujours avant le match, mais il ne produit plus du tout les mêmes vibrations
Au micro, Rémi Garde est sympathique et d'assez bonne volonté, il n'est pas encore atteint par les effets d'une exposition prolongée aux caméras de télévision. Tout le monde n'est pas rentré de vacances, et c'est Denis Balbir qui s'y colle. Il semble déterminé à maîtriser ses envolées vocales insupportables, mais nous gratifie de quelques phrases merveilleuses comme "la reprise de Luccin s'envole dans les nuages qui n'existent pas", et de sentences définitives d'employé du mois, comme "on ne peut pas échapper au foot business". Toi non, mais nous, c'est moins sûr.
Quoi qu'il en soit, le service football claironne et chante le foot à grand spectacle, comme si la révolution avait déjà eu lieu. L'intérêt de la chaîne à "vendre" son produit a toujours été clair, on sent maintenant que la filiale de Vivendi-Universal est entièrement mobilisée pour nous faire basculer dans le troisième millénaire cyber-économico-spectaculaire. Le recrutement très publicitaire d'Anelka par le PSG semble même un prolongement de cette politique. Nous aussi, nous l'aimons ce championnat, mais nous n'avons pas besoin de le voir déguisé comme à Las Vegas pour nous en convaincre, ni de nous demander où passe exactement l'argent de nos abonnements. A cet égard, Canal ne cache même plus sa volonté de redorer le blason de la D1 au travers du club parisien, en comptant sur la reconnaissance des spectateurs. Là encore, cette ambiguïté n'est pas nouvelle, mais elle devient de plus en plus gênante: la confusion s'accroît entre les rôles de diffuseur, de producteur de spectacle et de producteur d'information...
La réalisation de Canal+ n'a en fait pas beaucoup évolué depuis 1984, mis à part l'abus des "loupes" dont les cadrages sont toujours trop serrés pour avoir un quelconque intérêt, comme d'ailleurs l'ensemble des plans. Même mal placé dans un stade, on "comprend" mieux le jeu que devant son écran. Si, il y a bien une autre source d'innovation permanente: les stats et infographies, comme celle de la "position moyenne" du PSG qui oublie tout simplement Okocha! Un tri ne serait pas superflu parmi tous ces gadgets.
L'obsession des ralentis ne se dément pas non plus. Ainsi, était-ce bien nécessaire de montrer 27 fois (estimation) la faute de main de Casagrande, avec une sorte de plaisir sadique et un intérêt totalement nul?
Bref, rien de nouveau à la télé, ça s'aggrave juste, comme d'habitude.
Sur le terrain, on laissera à chacun l'appréciation du premier succès de l'armada parisienne. Les premières impressions peuvent être trompeuses, mais le PSG a déjà montré l'épaisseur de son effectif et quelques moyens intéressants. Tout reste à faire pour les ambitieux de la capitale...
Notons que dans les deux matches de cette soirée, les arbitres ont donné le sentiment que les tirages de maillot seraient plus sévèrement sanctionnés, avec un penalty à Marseille et quelques cartons à Paris. Mais la résolution résistera-t-elle longtemps? On peut l'espérer, tant ce type de faute devient de plus en plus pénible sans être pour autant plus facile à juger. A quand les maillots peints sur le corps?
Le championnat est sur ses rails, et il déjà rendu deux stades heureux. Alors tant pis pour nos aigreurs télévisuelles et vive le jeu!