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Didier Deschamps, bilan critique

Côté pile, une finale d'Euro et un groupe qui s'étoffe de plus en plus. Côté face, une deuxième place provisoire dans la phase qualificative et un jeu qui manque encore de consistance. Alors, comment juger la saison de l'équipe de France?

Auteur : Christophe Kuchly le 15 Juin 2017

 


Définir le style de Didier Deschamps, c'est souvent foncer sur un mot: pragmatique. "Qui est plus soucieux de l'action, de la réussite de l'action que de considérations théoriques ou idéologiques", explique le CNRTL. Si tous les entraîneurs souhaitent réussir leur action, gagner en l'occurrence, le degré d'idéologie diffère grandement. Pour un Zdenek Zeman qui n'envisage le football que sous sa forme offensive ou un Christian Gourcuff qui ne veut pas dévier de son 4-4-2, combien de coaches qui regardent ce qu'ils ont à disposition et essaient de rendre l'ensemble fonctionnel?

 

 

Culture de la victoire

Parce qu'il n'a jamais eu de style très marqué mais a continuellement réussi à gagner, le sélectionneur tricolore appartient à cette deuxième catégorie, sans que cela ne semble le déranger outre-mesure. Pas forcément enclin à expliquer sa stratégie et les motivations qui la sous-tendent, il aime en revanche rappeler que l'important est d'être victorieux.

 

Extrait de la conférence de presse précédant son premier match. "Je veux que mon équipe ait la maîtrise du ballon pour poser des problèmes à l'adversaire et utiliser le ballon du mieux possible. Après, tout dépend de la qualité de l'adversaire. La philosophie, c'est d'être efficace. Évidemment qu'il faut gagner, on ne joue pas au football pour s'amuser. On ne peut pas être complètement satisfait s'il n'y a pas le résultat au bout. Je veux que les joueurs entrent sur le terrain avec la volonté de gagner le match en prenant du plaisir et en faisant des efforts."

 

 

Un modèle de consensus. Avoir le ballon mais ne pas en faire un dogme. Marquer des buts. Gagner. Mouiller le maillot. Ne pas jouer pour s'amuser mais prendre tout de même du plaisir. Le discours date de 2012 mais reste valable cinq ans plus tard. En ne disant rien, il dit tout ou presque de Didier Deschamps, coach élevé dans la culture de la gagne plus que dans celle du jeu, milieu défensif d'une époque où il était de bon ton d'en aligner deux ou trois pour être sûr que l'adversaire ne passe pas.

 

Comme tous les entraîneurs du monde, DD veut gagner. Puisqu'il l'a fait tout au long de sa carrière en adoptant une méthode plutôt prudente, s'adaptant à l'adversaire et bonifiant des groupes ne débordant pas de talent, il ne voit probablement aucune raison de changer d'approche. Rationnel et compréhensible, frustrant aussi. Car, en ce mois de juin 2017, le constat est là: la France n'a peut-être jamais eu autant de joueurs de qualité supérieure. Et elle ne le démontre pas toujours sur le terrain.

 

 

L'exemple 1998

À un poteau de Gignac près, la saison – la mission, probablement – aurait été réussie. Et tout le monde aurait oublié la difficulté du chemin. Les Portugais, qui n'ont pas fait grand-chose de plus que la Grèce en 2004 avec un effectif immensément supérieur, n'ont d'ailleurs pas moins fêté leur triomphe européen parce qu'il était tiré par les cheveux. La France le sait mieux que personne. La Coupe du monde 1998, marquée par un parcours bancal dont l'éclaircie fut une finale débloquée sur deux coups de pieds arrêtés face à une équipe dont la star était KO debout, a ainsi donné lieu à des scènes de liesse et une récupération politique rarement vues. L'influence du succès fut autant sociale que footballistique, l'infusion des idées d'Aimé Jacquet ayant, aussi, contribué à appauvrir les ambitions de jeu du football français.

 

Victoire à la Pyrrhus? Les qualités de la génération actuelle, emmenée par un Kylian Mbappé qui n'était alors pas né, incite à relativiser le constat. Si le haut niveau a parfois un peu trop adhéré à l'idée qu'il fallait du béton pour construire le bloc-équipe, le rapide changement de cap au niveau de la formation porte ses fruits. Mais le décalage est aujourd'hui évident entre un entraîneur de l'école Jacquet, qui se repose sur ses cadres, la solidité de sa base et le talent d'un ou deux meneurs, et ces talents émergents, qui ne brillent jamais autant que quand ils sortent du cadre.

 

Pour apprécier les arabesques d'Ousmane Dembélé, il faut accepter le déchet. Tolérer le wagon de ballons perdus, inhérent à un jeu basé sur la prise d'initiative individuelle, et faire en sorte qu'aucun dribble raté ne se paye de l'autre côté. D'une certaine manière, c'est donner un statut particulier à un joueur. Anthony Martial, qui a payé à l'Euro son incapacité à gagner ses un-contre-un, peut en témoigner: certains rôles sont plus exposés, plus clivants que d'autres.

 

 

Nouvelle génération

Contre la Suède, Didier Deschamps a aligné une équipe dans la lignée de ce qu'il faisait à Marseille. Quand il fut champion en 2010, le milieu Mbia/Cissé-Cheyrou-Lucho soutenait ainsi souvent un trio Valbuena/Abriel-Brandao-Niang. Un milieu travailleur (Matuidi), un hybride (Sissoko) et un créateur (Pogba) derrière un meneur (Payet), un grand gabarit buteur (Giroud) et un attaquant complet (Griezmann). Tout n'est pas comparable, les internationaux de maintenant ayant beaucoup plus de qualités, mais c'est l'idée derrière la mise en place qui importe.

 

Comme contre l'Irlande à l'Euro, où Lloris, Griezmann et Giroud avaient évité la catastrophe à une équipe dont le milieu était Kanté-Matuidi-Pogba, comme face au Bélarus, où un dispositif similaire n'avait pas empêché le 0-0 (Martial, Kanté et Kurzawa avait joué à la place de Payet, Matuidi et Mendy), l'animation avait pêché. Avec une relance défaillante, ce qui semble tellement ancré dans l'ADN de cette équipe que ce n'est même plus un sujet.

 

 

À l'Euro, Didier Deschamps a sans cesse tenté de changer, sortant des joueurs du onze d'un match à l'autre et adaptant son système. La preuve d'un manque de certitudes… mais aussi d'une vraie ouverture d'esprit. Si Adil Rami, non-réserviste propulsé titulaire, et Samuel Umtiti, réserviste excellent en demie et en finale, symbolisent l'improvisation qui marqua ce qui doit être le point d'orgue de deux ans de préparation, le Portugal a débuté la finale avec cinq joueurs n'étant pas titulaires lors du premier match. Ainsi est la vérité des compétitions internationales, courtes fenêtres placées après des saisons marathon où Charisteas et Baros peuvent devenir Van Basten et Romario. Puisque, parfois, rien n'a de sens, inutile de tout rationnaliser, d'attendre que le vainqueur réponde à un quelconque mérite.

 

 

Incompréhensions

Le mérite de la France de Didier Deschamps est de ne jamais rien lâcher. Des victoires à la dernière minute contre l'Albanie et la Roumanie, une rébellion face à l'Irlande, une énorme solidarité pour battre l'Allemagne… Mais un seul match où la qualité des hommes ne rend pas le résultat logique – et où le mérite du sélectionneur doit être mis en avant: face aux Allemands justement, avec une grosse performance d'équipe et un peu de la chance nécessaire face à un adversaire aussi maître de son jeu.

 

Et c'est sans doute là que réside toute l'incompréhension entre le football des Bleus et la force de son réservoir. Capable de se sublimer, d'être l'outsider dont le plan réactif est dur à battre, l'équipe de France n'impose que trop rarement sa force, réduit les écarts avec plus fort… mais aussi avec plus faible.

 

Sans résultat, la culture de la gagne peut vite devenir la culture de la médiocrité. La France n'y est heureusement pas encore, mais elle se bride et crispe ses soutiens. Le contraste entre la terne prestation suédoise et la rafraichissante folie anglaise est total. Rien ne dit certes que la voie du jeunisme et de la désorganisation soit la bonne, ni même qu'elle soit viable. Mais si le pragmatisme est de faire réussir l'action, alors donner le ballon à Dembélé plutôt qu'à Sissoko semble être la meilleure idée. La France, qui formait des défenseurs d'exception et opposait Guivarc'h à Ronaldo, avait probablement raison de ne pas vouloir trop d'envolées et d'avoir des complexes. Avec Griezmann, Lacazette, Dembélé, Lemar, Coman, Giroud, Martial, Mbappé (Benzema?) et les autres, c'est peut-être maintenant à elle d'en donner.

 

Réactions

  • José-Mickaël le 15/06/2017 à 15h01
    Merci pour cette analyse très intéressante !

  • Gone n Rosette le 15/06/2017 à 18h08
    Analyse intéressante, mais qui passe sous silence le fait que Didier Deschamps base l'essentiel de ses sélections sur un anti-lyonnisme xénophobo-raciste.

  • valdo le 16/06/2017 à 11h42
    Pourtant c'est très bien expliqué en début d'article et résumé en un mot : pragmatique

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