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Dérives financières du football : Bosman innocent, l'Europe aussi

L'inflation continue des transferts ou la marchandisation du football ont leurs coupables tout désignés: l'arrêt Bosman et l'Union européenne. Surtout pratiques pour cacher la responsabilité première de l'UEFA et de la FIFA.

 

Auteur : Antoine Duval le 6 Mai 2014

 

 

L’UEFA a publié il y a peu son rapport annuel consacré à la situation économique des clubs de foot européens. Les chiffres choquent, en particulier les montants astronomiques dépensés chaque année pour les transferts. En ces temps de crise économique, la planète football semble tourner trop rond.

 


 


L'arrêt Bosman n'a pas été lu jusqu'au bout

La folie des transferts est à juste titre décriée, mais à qui la faute? Le coupable est tout trouvé : c’est la faute à Bosman! En effet, le 15 Décembre 1995, la Cour de justice de l’UE rendait l’un de ses arrêts les plus fameux (l’un des seuls à être largement connu en dehors des cercles spécialisés): l’arrêt Bosman. Dans cet arrêt, elle déclarait contraire à la liberté de circulation des travailleurs les quotas limitant le nombre de joueurs étrangers qui peuvent être alignés dans une rencontre de football. Elle condamnait également le système des transferts qui, à l’époque, imposait le versement d’une indemnité au club d’origine après l’expiration du contrat de travail le liant au joueur concerné.
 

Cette décision a indéniablement marqué le coup d’envoi de la marchandisation, et de la transnationalisation, du football. En effet, en dénonçant les quotas de joueurs européens imposés par la FIFA, la Cour a ouvert le champ à la mise en place d’un marché pan-européen du travail sportif. Cependant, on oublie souvent de mentionner qu’elle (point 106) avait aussi reconnu que l’objectif visant à "maintenir l’équilibre financier et sportif entre les clubs" et celui visant à "soutenir la recherche de talents et la formation des joueurs" étaient légitimes et donc susceptibles de justifier une restriction à la libre circulation et au droit de la concurrence. Ainsi, l’avocat général avait, dans ses conclusions, recommandé une redistribution plus équitable des droits télévisés entre les clubs (points 220-234) et la mise en place d’un système de compensation des frais de formation qui prennent en compte les coûts réels de celle-ci (points 236-239).
 


L'intérêt financier avant la durabilité du football

Cependant, et c’est là une faiblesse intrinsèque de l’Union européenne, celle-ci n’a ni les compétences juridiques, ni la capacité institutionnelle pour re-réguler le sport européen et le football en particulier. En effet, en l’absence d’attribution par les traités d’une compétence pour légiférer en la matière, celle-ci demeure le monopole des États membres, et est en pratique déléguée aux fédérations sportives, en l’occurrence la FIFA et à l’UEFA. Toutefois, le droit de l’UE n’interdisait pas à ces fédérations d’adopter de leur propre chef un système des transferts qui soit à la fois respectueux des libertés des travailleurs et soucieux de l’équilibre économique du football.
 

Mais elles ont préféré faire passer l’intérêt financier des grands clubs et de leurs propres organisations avant la durabilité du football: elles se sont servies, avec un succès certain, de l’arrêt Bosman pour détourner efficacement l’attention du public de leur responsabilité dans la marchandisation du football. Le système des transferts a été maintenu, contre l’avis initial de la Commission européenne, après plusieurs années de résistances farouches de l’UEFA et de la FIFA. Il est source d’une spéculation sans borne et de nombreux abus sur le marché des joueurs professionnels. Il mériterait, comme le réclame le syndicat international des footballeurs FIFPro, dans une plainte récente déposée auprès de la Commission européenne, une réforme en profondeur – si ce n’est son abolition totale.
 


La régulation, quand vous voulez

Entretemps, la Commission européenne s’est déclarée favorable aux règles de l’UEFA concernant les "joueurs formés localement" et le "Fair Play financier". Ce n’est pas une garantie absolue de la compatibilité de ces règles avec le droit de l’UE, mais un signe non négligeable de la volonté des institutions de l’UE d’accepter une re-régulation raisonnable du football. Dès lors, de nombreuses réformes sont envisageables: d’une répartition plus juste (ou égalitaire) des droits télévisés, à un impôt-formation reversé dans un pot commun puis redistribué aux clubs formateurs. L’espace des possibles est vaste, mais c’est aux fédérations de se saisir de l’occasion qui leur est donnée d’insuffler plus de solidarité et de justice sociale au sein de la planète football.
 

Les aberrations économiques qui touchent aujourd’hui le football ne sont donc pas dues à l’arrêt Bosman : dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, l’UE est le bouc émissaire idéal. Son fonctionnement politique et son système juridique sont mal compris et ses décisions aisément caricaturées. En vérité, ce sont les choix politiques de l’UEFA et de la FIFA qui sont à l’origine des dérives actuelles, et il est de la responsabilité de ces fédérations de les corriger.
 

Réactions

  • Sens de la dérision le 06/05/2014 à 06h33
    Trois remarques :
    - merci pour le papier et surtout sur le point d'éclaircissement sur l'arrêt Bosman. Je n'ai, je crois, jamais entendu les points évoqués ici.
    - intéressant aussi le papier de Rue89 avec le déficit par Ligue avec le Portugal bon dernier malgré de très bons résultats en Europa League. Il y a un système de régulation des déficits au Portugal ?
    - la petite remarque sur le syndicat FIFPro qui voudrait, si j'ai bien compris, abolir le système des transferts m'effraie un peu. En tout cas en première lecture. Parce que j'y vois une nouvelle entorse à l'exception sportive avec des joueurs qui pourraient du jour au lendemain (ou avec un préavis d'un mois ?) démissionner pour être réémbauchés ailleurs. Ou j'ai mal compris.

  • Lancelot du HAC le 06/05/2014 à 06h54
    Merci beaucoup pour cet article très éclairant, et dont les observations pourraient être étendues à bien des domaines quand il s'agit de l'Union Européenne.

  • Basile mais pas boli le 06/05/2014 à 07h03
    Sens de la dérision
    aujourd'hui à 06h33

    - la petite remarque sur le syndicat FIFPro
    ---------------------------------------------------

    Suffirait d'une règle simple :
    - en cas de rupture unilatérale de contrat, l'indemnité équivaudrait au salaire restant à payer jusqu'à la fin du contrat.

    Cette position renforcerait quand même beaucoup les joueurs qui pourraient aller au clash plus facilement car partir dans un autre club avec 24 mois de contrat à 300 000 €/Mois ne coûterait plus que 7,2 M€ par exemple.

    La vrai réforme serait peut-être d'imposer un "salary cap" (peut-être non-conforme au droit européen et difficultés pour tenir compte des systèmes fiscaux très différents) et un montant de transfert maximum.

  • Beubeu le 06/05/2014 à 09h27
    Merci pour cet article très clair et instructif.

    Si je peux me permettre de donner mon avis sur la dérive des transferts.
    En fait, dans le football, il y a 2 problèmes majeurs :
    - la dérive des transferts
    - la dérive de la masse salariale des clubs (des salaires des joueurs au sens large).

    Il me semble que ces 2 problèmes sont étroitement liés.

    La suppression des transferts dans le football serait à mon avis une très bonne chose (et surtout le mercato hivernal qui peut changer le cours d'un championnat en pleine saison, et qui est à mon avis une aberration).
    Mais cela peut accroître le second problème, celui de la masse salariale.
    En effet, si on supprime les transferts, d'une part on fragilise les clubs formateurs qui ont orienté leur économie sur la revente de joueurs formés aux clubs (ex : l'AJ Auxerre, la plupart des clubs belges,...), et on fragilise donc à terme la formation en général (seuls les grands clubs auront les moyens de maintenir une formation compétitive).
    D'autre part, on risque de voir une accélération de l'inflation des salaires, car pour attirer les joueurs en fin de contrat, les clubs vont proposer des salaires plus élevés (2nd problème). Ils le pourront car ils économiseront l'indemnité de transfert et la sur-enchère qui aujourd'hui consiste à proposer une plus grande indemnité de transfert se reportera en sur-enchère sur les salaires (avec primes à la signature, cf ce que City proposait à Matuidi s'il venait gratuitement à la fin de son contrat à Paris, 8M€ de mémoire).
    Il faut donc dans le même temps mettre en place une régulation de la masse salariale des clubs (avec pourquoi pas un plafonnement des salaires, même si celui- ci serait sans doute très complexe à mettre en place).
    Le fair- play financier de l'UEFA semble ainsi aller dans le bon sens, mais attendons de voir si son application est réalisable et surtout si les accords entre les clubs et l'institution ne vont pas finalement le vider de son sens (quand on voit que l'UEFA et le PSG pourraient trouver un accord qui permettrait au PSG de faire ce qu'il veut en payant une amende, on peut se poser des questions).
    Mais attention, à mon sens, le fair- play financier et la régulation des transferts au niveau européen, même s'ils sont souhaitables, présentent un risque du fait qu'ils ne soient appliqués qu'au niveau européen. En effet, si on plafonne les salaires en Europe, les joueurs ne se feront pas prier pour aller gagner d'avantages sur d'autres continents (Asie, Amérique...). Et on verrait ainsi l'Europe, qui abrite les meilleurs championnats mondiaux et attirent les plus grands joueurs, devenir un continent de second rang.

    C'est pourquoi toutes ces régulations doivent être appliqués non pas seulement par l'UEFA, mais par la FIFA.

    Qu'en pensez- vous?

  • Loscultation le 06/05/2014 à 10h56
    Je suis assez d'accord avec ton commentaire, sauf avec la quasi dernière phrase.
    " En effet, si on plafonne les salaires en Europe, les joueurs ne se feront pas prier pour aller gagner d'avantages sur d'autres continents (Asie, Amérique...). Et on verrait ainsi l'Europe, qui abrite les meilleurs championnats mondiaux et attirent les plus grands joueurs, devenir un continent de second rang."

    L'argent n'est pas le seul critère des footballeurs... et des travailleurs en règle générale. L'attractivité des compétitions européennes reste très forte, indépendamment de l'argent. Malgré les ponts d'or offert par des clubs (Anzhi Makhachkala, par exemple ; voire Chelsea ou City au début) les joueurs ne courraient pas tous vers ces clubs. Combien de refus pour un Eto'o ou un Tevez ?

  • Beubeu le 06/05/2014 à 13h16
    Je suis d'accord avec toi, l'attractivité des grands championnats tels que la BPL ne va pas disparaître du jour au lendemain, et la LDC a encore de beaux jours devant elle, mais je pense que le risque existe sur le long terme.
    Et puis après tout en football, tout peut aller très vite. En 2007 le Milan AC remportait la LDC et le calcio était encore un championnat très attractif, un des meilleurs du monde. Aujourd'hui, force est de constater que ce championnat a perdu de sa superbe et n'arrive plus autant à attirer ou à conserver des grands joueurs.
    Donc à mon sens le risque est bien réel. Qui nous dit que demain il n'y aura pas un grand championnat américain, très puissant financièrement, avec des compétitions prestigieuses et qui arrive à attirer les meilleurs joueurs de la planète?

  • jijo le 06/05/2014 à 13h28
    Tiens quand Bernard Guetta parle football, il prend comme pseudo Antoine Duval! Et éxonère avec toujours autant de talent cette pauvre Union Européene, bouc émissaire idéal.

    Que l'UEFA et la FIFA soient des machines à fabriquer des profits et des adeptes de la dérugalation n'était déja pas une découverte en 1995.
    Que l'UE s'en étonne, aprés avoir fait sauter le système ancien (forcément archaique parce que pas libéral), au nom d'un principe supérieur qui ne saurait tolérer une exception sportive...
    Et pourtant l'UE avait dit "attention ce serait pas bien d'en tirer avantage pour faire du profit".
    Elle proposait pourtant des solutions...sans avoir les moyens de les imposer.
    Et elle ne peut toujours rien faire, ce n'est pas comme si le Conseil Européen rassemblait les chefs d'État ou de gouvernement de tous les pays de l'UE et avait pour fonction de définir les orientations générales et les priorités politiques de l'UE.

    La prochaine fois, nous verrons comment Thatcher et Reagan, aprés avoir initiés la dérégulation de la finance mondiale, se sont étonnés des dérives spéculatives des institutions finacières. Pourtant quand on cherche bien, un jour, Ronald avait dit que ce serait pas bien s'ils faisaient ça. D'ailleurs Adam Smith aussi avait dit qu'il fallait se méfier des banquiers et des rentiers. C'était un bon mec Adam.

    Je sais Bernard, je caricature, peut être suis même, allez osons le, un démago qui fa


  • jijo le 06/05/2014 à 13h29
    fait le jeu des nationalismes

  • José-Mickaël le 06/05/2014 à 16h57
    Beubeu
    aujourd'hui à 13h16
    > Qui nous dit que demain il n'y aura pas un grand championnat américain, très puissant financièrement, avec des compétitions prestigieuses et qui arrive à attirer les meilleurs joueurs de la planète?

    J'ai envie de dire : et alors ?

    Autrefois, les championnats sud-américains (brésiliens, uruguayens et argentins surtout) étaient de très haut niveau. Au tournant des années 1980, par exemple, il y avait Zico, Socrates et Maradona, pour ainsi dire les trois meilleurs joueurs du Monde, en Amérique-du-Sud. Aujourd'hui, et je trouve ça dommage, les championnats du Brésil et de l'Argentine sont pillés.

    Ton exemple est à mon avis impossible parce que les Américains ne peuvent pas s'intéresser au foot (ils ont mieux, de plus il faudrait que le foot se développe d'abord au niveau universitaire). Mais si tu me dis que le Brésil, l'Argentine ou même des pays asiatiques risquent d'attirer de grands joueurs qui quitteront l'Europe, moi ça ne me dérange pas. Ce serait une sorte de ré-équilibrage.

  • José-Mickaël le 06/05/2014 à 17h00
    Sinon, je suis plutôt d'accord avec Jijo, que je trouve plus convaincant que l'article (excellent, l'exemple avec Thatcher et Reagan).

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