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Comment faire une Rudi Garcia ?

Démode d'emploi – Réussir un entretien d'embauche, c'est bien. Faire passer la pilule de ses déclarations passées, c'est plus compliqué. 

Auteur : Hind Boukhatem le 16 Oct 2019

 

 

La carrière d’un entraîneur de football est bien mouvementée, la durée de vie dans un club se raccourcit considérablement. Si les résultats ne suivent pas rapidement, l’éjection guette. Dans le bureau de la présidence, un gros bouton rouge avec des codes d’activation planqués sous le bureau attend, la grogne des supporters excédés comme déclencheur.

 

Du fait de ce turnover se rapprochant de plus en plus de celui des usines à viande (autrement appelées SSII), il est de plus en plus fréquent de voir des entraîneurs changer de camp et franchir les lignes ennemies.

 

 

 

 


Faire passer la pilule

Certains le font avec plus de classe que d’autres, ou avaient déjà prévu le scénario depuis longtemps, préparant le terrain pour le jour où l’opportunité se présenterait, à la Chirac vs Giscard d’Estaing (en moins vindicatif). Dans le cas de Rudi Garcia, très récent ancien entraîneur de l’OM, le terrain n’était pas préparé, au moins pas médiatiquement.

 

À moins que cela ne soit une attitude délibérément "après moi le déluge", le nouvel entraîneur de l’OL n’a pas pacifié les choses par le passé. Il a même été véhément à propos de son nouvel employeur, à coups de remarques cinglantes et équivoques, sur l’arbitrage notamment. Ce qui ne l’a pas empêché d’être recruté.

 

Les concepts de loyauté et d’appartenance apparaissent aujourd’hui désuets, autant pour les joueurs que pour les entraîneurs. Cependant, le supporter est un être pétri de fierté et de résistance au changement, saupoudré d’une pincée de méfiance.

 

Pour une transition en douceur et pour ne pas apparaître comme le type qui se pète les bretelles à peine arrivé, différentes stratégies de communication sont envisageables.

 

 


Du passé, faire table rase

Dévier le sujet et l’ancrer dans une narration différente. En réalité, la pilule n’est pas si difficile à avaler. Tout au plus, elle se logera dans la gorge et passera après un grand verre d’eau ou une première série de victoires. Il s’agit donc de replacer le contexte actuel du football et de mettre en avant le professionnalisme.

 

Il est même possible de faire passer ce changement comme une chose tout à fait positive, dans un discours et une attitude évoquant le goût du risque et le sens du défi. Oui, je vais chez le rival, mais voilà, je suis ce genre d’entraîneur, j’ai l’habitude des clubs à forte identité et je souhaite à chaque fois me challenger (terme de communicant niveau expert en pédanterie).

 

Il s’agit d’une parfaite stratégie de communication et nous avons vu qu'elle avait fonctionné chez nos voisins italiens, cet été avec Conte à l’Inter et surtout Sarri à la Juventus.

 

Nous passons donc du concept moralement chargé de "traîtrise", propre aux supporters mus par l’affect, à l’image plus socialement acceptable du "challenger" et du "professionnel". Dans une société où le culte de la performance et le mythe de l'entrepreneur ont le vent en poupe, le message passe sans encombre.

 

S’en remettre à son employeur pour unifier et apaiser. Des querelles? "On en a bien rigolé, puis je me dis que quelqu’un qui est capable en tant qu’entraîneur, de guerroyer avec un président expérimenté, ça veut dire qu’il défend son institution et son club" (Jean-Michel Aulas, conférence de presse).

 

Devant les sceptiques à bonne mémoire, le président renverra tout cela dans un passé abstrait et distant, dont l’ancien club devient également un élément.

 

Si cela ne s’avère pas suffisant, il peut rappeler à ses supporters qui est le patron, tout en astiquant la vitrine de l’union sacrée. Pour blinder encore plus la défense, il placera sur la ligne de tir son directeur sportif, figure populaire et appréciée – et, par conséquent, parfait bouc émissaire en cas de débandade.

 

 

Se fendre de déclarations jaculatoires pour assurer sa nouvelle loyauté. Personne n’est dupe, mais cela fait toujours joli et propre. Revoir cependant ses notes pour éviter de redire des choses autrefois adressées à son ex. Les lettres d’amour en formulaire pointillé, préformaté et adaptable sont sacrément de mauvais goût.

 

Enfin, prendre conscience que ce qui chatouille le supporter, ce n’est pas le passé chez le rival, mais l’offense qui a été faite à son club et par extension à lui-même. Certes, il pardonnera bien vite si les résultats suivent, mais il ne faudra pas compter sur son amnésie.

 

Si les supporters ne semblent pas être un frein considérable à la nouvelle prise de poste, il est utile de se rappeler que les codes d’une maison ne se transposent pas dans une autre – surtout pas quand la maison appartient à Jean-Michel Aulas. Sur le terrain de la communication, la bataille peut se jouer ailleurs.
 

Réactions

  • et alors le 16/10/2019 à 14h17
    Ca fait un moment que les joueurs changent de club sans se poser de questions (à quelques exceptions près), alors que ça arrive aux entraîneurs ne change plus grand'chose.

    Sur les cas Sarri et Conte cités dans l'article, je crois que leurs transferts cet été n'ont guère fait froncer de sourcils : ce sont deux top coachs italiens qui rejoignent deux top clubs italiens, voilà. A propos de sourcil, il faut préciser sur Ancelotti que son "club de coeur" est en fait la Roma et que c'est un des rares gros italiens qu'il n'a jamais entraîné (bien que ça a été évoqué à diverses reprises, y compris par lui-même). Donc Milan ou Naples, bof.

  • Franco Bas résilles le 16/10/2019 à 15h37
    bala, je dirai même plus : Garcia évoluait dans un environnement parmi les 10 complexes au monde (et je ne vois pas qui pourrait dire le contraire à propos de l'OM).

    Quant à l'emploi de "jaculatoire" dans l'article, je félicite et remercie l'auteur : le mot est employé proprement, et ce n'était pas gagné...

  • L'amour Durix le 16/10/2019 à 16h50
    Sur le mercenariat des entraîneurs, je ne trouve rien à redire.
    Dans le cas des joueurs qui prolongent leurs contrats régulièrement en le revalorisant et font la grève pour rejoindre le premier rival venu avec en définitive l'accord du club vendeur qui trouvera un moyen de monétiser un de ses actifs, on peut parler de mercenariat.
    Mais combien d'entraineurs donnent lieu à un versement d'indemnités lors d'un changement de club ? Soit l'entraîneur va au bout de son contrat, soit il est viré avant. J'y vois plus là un gestion RH habituelle que les spécificités observées dans le cas des joueurs.
    Donc Figo qui passe du Barca au Real (ou Piquionne de Sainté à Lyon), c'est autre chose que Rudi Garcia.
    On pourrait faire deux listes : celle des joueurs dont le nom reste exclusivement attaché à un seul club et la même pour les entraîneurs. Pour la deuxième, même la présence de Wenger ou Ferguson serait discutable car ils ont eu une vraie carrière avant Arsenal et MU respectivement.
    Bref ! L'arrivée de Rudi Garcia à l'OL, c'est du folklore et de la comm', et seuls les résultats compteront.
    C'est bon Bala, tu peux regarder les matches.

  • El Mata Mord le 16/10/2019 à 18h11
    Sens de la dérision
    aujourd'hui à 10h36
    Et, personnellement, les antagonismes entre clubs, les "trahisons" m'ennuient fortement comme si, dans un monde changeant où les gens évoluent au cours d'une vie, où les grands amours d'un temps se terminent en divorce, où l'attachement à la terre n'existe plus, où l'on change de parti politique presque comme de chemise, il ne devrait y avoir qu'une chose à laquelle on serait fidèle : son club de foot.

    ----

    "Une femme pour une nuit, PSG pour la vie"...

  • gimlifilsdegloin le 16/10/2019 à 22h09
    Espinas
    aujourd'hui à 11h39

    Il y a eu une certaine rivalité entre Lyon et Marseille, plus venue du sud que de chez nous, avec Eyraud qui s'est attaqué à Aulas. Perso en tant que supporter, l'OM est un rival sportif mais pas le rival absolu qui est Saint Etienne.
    ----
    Là, tu réécris l'histoire : les chamailleries entre les deux clubs remontent à l'ère Diouf côté OM, où le club cherchait à s'imposer médiatiquement face à un OL au-dessus de la mêlée en championnat. Pour ma génération, le seul rival de l'OM en France était le PSG, pour celle d'avant c'était Bordeaux et pour la suivante l'OL.


  • balashov22 le 17/10/2019 à 11h27
    L'amour Durix
    16/10/2019 à 16h50

    Sois plus attentif quand tu me lis camarade : je m'en fous qu'il ait entraîné l'OM, ce qui m'inquiète ce sont ses résultats de la saison dernière (mauvais au regard de ce qui était attendu) et sa tendance à toujours accuser les autres de ses propres échecs sans jamais se remettre en cause lui-même. Surtout les arbitres.

  • L'avis des Hauts le 17/10/2019 à 12h44
    Salut à tous, je passe la tête pour dire que :
    1) je suis allé en page d'accueil
    2) j'y ai donc vu cet article
    3) je l'ai lu et en félicite l'auteur
    Vive les articles de la pages d'accueil et vive les cahiers !
    tant que j'y suis : Garcia est un opportuniste, Conte est un traître
    l'un se débrouille pour sortir grandi de toute situation, l'autre a clairement fait un bras d'honneur à son désormais ex-club de coeur

  • Jankulowski Desailly Galasek le 19/10/2019 à 10h38
    Il a toujours été fidèle à l'Olympique, au final. Il restera Nîmes, après.

    Très bon article!


  • Gazier le 19/10/2019 à 11h44
    Lors de sa première conférence de presse, il a du être très concentré pour éviter le lapsus qui fâche.

  • Yul rit cramé le 19/10/2019 à 11h51
    Hop, tranquillou, deux pages de commentaires.
    Espinas, Zélé se permet même un doublon pour se faire bien voir.
    C'est un vrai renouveau.

    Résultat, j'arrive plusieurs jours apres l'article et la discussion est encore active.

    Alors je commence par remercier là personne qui a écrit cet article.

    Pour ma part, je suis extrêmement surpris par ce choix, qui me semble très risqué de la part de l'ol.
    Parce que dans un contexte de crise, ça me paraît dangereux de miser sur un entraîneur dont la cote de popularité est si mauvaise dès le départ.

    Il sort tout juste de trois saisons chez un rival, c'est tout frais et pas encore digéré.

    En plus, il en sort avec une image détestable (remarque, à l'ol, ça ne doit pas leur faire peur) mais aussi avec un bilan mitigé pour dire le moins.

    Alors, je ne sais pas ce qui a guidé ce choix, il a surement passé un excellent entretien, mais je ne l'aurais jamais cru possible à ce moment là.

    Il a encore plus qu'un autre une obligation de résultat immédiat, et l'olympico va être sympatico en plus du derby avec Puel.

La revue des Cahiers du football