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Celtic, Beitar : deux drapeaux, deux mesures

Le déployement de drapeaux palestiniens par ses supporters a valu au club de Glasgow les foudres de l'UEFA. Un traitement bien plus radical que celui réservé aux ultras d'extrême-droite du Beitar Jerusalem et leur drapeau du Kach, autorisés à aller à Saint-Étienne.

Auteur : Osvaldo Piazzolla le 25 Août 2016

 

 

* * * Article initialement publié sur The Conversation * * *

 

Le 17 août dernier, le Celtic Glasgow recevait à Parkhead l'Hapoël Beer Sheva en Ligue des champions. Côté écossais, la Green Brigade est la section de supporters la plus impliquée politiquement. Connaissant ses affinités pour la cause palestinienne, la police locale et l'administration du club ont maladroitement prévenu qu'exhiber des drapeaux palestiniens pourrait faire encourir des sanctions pour le club. Raté: des dizaines de drapeaux verts blancs rouges et noirs ont fleuri lors du match.  

 

 

 

 

Le Celtic, un club très politique

Le Celtic n'en est pas à ses premières amendes de la part de l'UEFA. Il en a quasiment chaque année, parfois pour usage de fumigènes, souvent pour des ilicit banners, c'est à dire des banderoles à message politique. Or "politique" est un gros mot à l'UEFA. Les instances qui gouvernent le football européen voient en cette idée ce qu'il faut bannir des stades, le contraire du spectacle familial et consommateur dont ils rêvent. Mais s'il y a bien une ville où football et politique sont liés dans le monde anglophone, c'est bien Glasgow. Glasgow, la plus grande ville d'Écosse, est le théâtre du "Old Firm", le plus vieux derby politique du monde. Paradoxalement, entre le Celtic, club de la communauté irlandaise, et les Rangers, club des loyalistes, l'antagonisme ne concerne pas du tout l'Écosse mais le conflit séculaire entre Irlandais et Anglais ou plus, violemment, entre sympathisants de l'IRA et extrémistes de la maison d'Orange.

Fans du Celtic et des Rangers, lors d'un Old Firm en 2011, choc entre Irlande et Angleterre, en Ecosse.

  

Nier que le Old Firm est politique, et parfois violemment politique, c'est être aveugle et absolument personne à Glasgow ne le nierait. C'est d'autant plus exceptionnel qu'en Angleterre, tout près, et sous les projecteurs du championnat le plus riche et le plus médiatisé du monde, le rêve du spectacle familial et consommateur y est abouti. Là-bas, un abonné au stade peut être banni s'il se lève trop souvent de son siège. Au Celtic, la Green Brigade est un groupe ultra particulièrement politisé et revendicatif, aux jumelages (Sankt Pauli, Hambourg...) explicitement d'extrême gauche. En tant que représentant de la cause irlandaise, de nombreuses autres causes sont considérées comme "amies", et les démonstrations en faveur des Palestiniens ne sont pas rares. Pour ces supporters, revendiquer l'expression politique de leur tribune est plus important que les sanctions sportives ou financières que peut endurer le club.

 

 

Le Beitar, un autre club très politique

L'affaire a fait du bruit au Royaume-Uni, mais au même moment, il est passé inaperçu que l'AS Saint-Étienne jouait en Coupe d'Europe contre le Beitar Jérusalem.

Le drapeau du Kach, déployé par les fans du Beitar.
Le Beitar Jérusalem: voilà un autre club où les tribunes sont violemment politiques. En Israël, le Beitar, qui tire son nom du mouvement sioniste, représente le public de supporters les plus à droite de l'échiquier politique. Dans les tribunes, et même en dehors, le slogan "Mort aux Arabes" y est régulièrement chanté et aucun joueur arabe (y compris arabe israélien, qu'il soit musulman ou chrétien) ne peut jouer dans l'équipe. Le principal groupe ultra, La Familia, est violent: de nombreux membres ont été condamnés en Europe et en Israël pour violences et le drapeau du Kach, le parti d'extrême droite israélien interdit, flotte régulièrement dans les tribunes.

 

Haggai Aharo/Haaretz 

 

Le Kach est considéré en Israël et par l'Union Européenne comme une organisation terroriste. Cela ne l'empêche d'être visible au stade et cela ne choque pas plus que ça les supporters médiatiques du Beitar, comme Benjamin Netanyahou ou Avigdor Lieberman. Le football en Israël n'est pas partout comme cela. Le grand rival du Beitar, l'Hapoël Tel Aviv est même exactement le contraire. Ses ultras (comme les Red Workers) sont explicitement antifascistes, antiracistes et de gauche. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des clubs Hapoël. Leur politique est même d'établir des relations avec les clubs arabes israéliens (comme Bnei Saknin).  

 

 

À Saint-Étienne, une rivalité apolitique

Ce jeudi 25 août, en match retour, le Beitar Jérusalem se déplace à Saint-Étienne. Il y a un an, le club israélien s'est rendu à Charleroi et la rencontre s'était très mal passée puisque le Beitar a été sanctionné pour comportement violent de ses supporters. Mais cela ne veut pas dire que cela se passera mal ce jeudi. Les supporters stéphanois, contrairement à ceux du Celtic, se proclament apolitiques. Dans La Voix de la Nord, l'organe des Magic Fans, ceux-ci avertissent qu'"aucun drapeau palestinien ou israélien ne sera toléré en Kop Nord".

 

En d'autres termes, il y aura rivalité dans les chants, dans les tifos, voire dans les fumis ou dans les démonstrations de force, mais cette rivalité sera "apolitique". Par contre, les supporters du Beitar et les drapeaux qu'ils brandissent, eux, ne sont pas apolitiques. Mais, pour l'UEFA, il n'y a rien eu de choquant au match aller. Pour la préfecture de police de la Loire, il n'y a donc aucune raison d'interdire les déplacements de supporters du Beitar.  

 

 

Des dizaines d'interdictions

D'un certain côté, qu'un match de football puisse avoir lieu en présence des supporters des deux camps est forcément une bonne nouvelle pour quelqu'un qui s'intéresse à la politique des tribunes. De l'autre, on ne peut pas s'empêcher de penser aux dizaines d'interdictions de déplacements de supporters qui ont frappé les matches en France ces deux dernières années, parfois pour des rencontres bénignes, parfois avec des justifications préfectorales complètement ubuesques. Selon ces standards, il est impressionnant que le curriculum vitae du Beitar ne fasse pas sourciller. Pendant ce temps, brandir un drapeau palestinien – le drapeau d'un pays internationalement reconnu – va être sanctionné par l'UEFA alors que des dizaines d'autres drapeaux nationaux, dont l'israélien, sont visibles dans tous les stades. Et au même moment sont brandis des drapeaux d'une organisation terroriste, sans susciter aucun commentaire, lors d'un match de la même compétition...

 

Comme le Celtic, le Beitar est parfois condamné par les instances européennes. Des amendes similaires dans les deux cas, pour des actions politiques dont la violence et l'extrémisme n'ont aucune commune mesure. La Green Brigade du Celtic a lancé un appel aux dons pour financer les amendes éventuelles. Ses membres ont, pour l'instant, reçu plus de cent mille livres (près de 117.000 euros) et projettent d'en profiter pour aider des associations humanitaires palestiniennes. C'est déjà ça...

 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 26/08/2016 à 15h01
    les arrangements politiques de l'UEFA sont discrets et ont pour but d'éviter les problèmes : par exemple, depuis peu, les clubs ukrainiens et russes ne peuvent plus se rencontrer en coupe d'Europe.

    Dans le cas d'Israel, ils ont été invités à sortir de l'AFC et l'UEFA les a accueillis à une époque ou jouer des matches internatiionaux contre les pays arabes étaient inenvisageable.

    Mais le problème politique est plutôt qu'Israël empêche les matches de l'équipe de Palestine (ou des arbitres Palestiniens) de se tenir par le pouvoir des checkpoints, ils influent directement sur l'organisation de l'AFC et une demande officielle d'exclusion d'Israël de la FIFA a été faite.

    ....C'était quelques jours avant le raz de marée des arrestations donc cette demande est passée complètement inaperçue.

  • Lubo le 26/08/2016 à 20h26
    Du stade, en kop nord, voilà ce que j'ai vu.

    Derrière la tribune Paret, une banderole "Notre seule politique c'est l'ASSE", message des Magic, répété à plusieurs reprises au cours de la soirée par le capo.

    A l'échauffement, côté sud : "Nous on joue au football et on a pas de frontières."

    Vers la 20ème minute, en bas d'Henri Point, côté Sud (donc à l'opposée du parcage) un groupe d'une vingtaine de personnes agitent ensemble des drapeaux palestiniens. Montée musclée des stadiers qui passent un moment dans la tribune. Les drapeaux ont vite disparu. Simultanément, d'autres drapeaux sont visibles dans la même tribune mais de manière isolée.

    Un peu plus tard, toujours en première mi-temps, sortie des banderoles des Green. Celle du potin + "All racists are bastards" avec des drapeaux palestiniens autour de la banderole. Sauf erreur, pas de montée des stadiers cette fois-ci.
    En seconde, toujours dans le noyau du KS, nouvelle banderole "You say no to racism, no to violence but what about the corruption ?" avec encore la sortie des drapeaux palestiniens.

    A la fin du match, les joueurs du Beitar s'approchent de leurs supporters. Seul un est assez rapide pour avoir un contact avec eux. Il se fait vite ramener sur la pelouse par je sais pas qui. Pas des stadiers. Des mecs habillés en noir. Probablement leur propre sécurité. Faut dire que, venus d'Henri Point, une poignée de types agitent des drapeaux palestiniens et se montrent menaçants. Les autres joueurs sont maintenus à distance par un cordon qui les repoussent derrière le poteau de corner.

    Du kop nord, ça siffle et ça hue comme si c'était des joueurs de Sochaux, j'imagine.


    Sinon, je signale quand même cette bonne vanne (vraiment lancée et perçue comme telle) du capo des MF en première mi-temps sur un corner/coup-franc du Beitar devant le kop. Ça ne gueule pas assez à son goût, il lance au micro : "Oh c'est pas parce qu'ils sont juifs qu'on peut pas les insulter. Allez-y, vous risquez rien."

  • osvaldo piazzolla le 26/08/2016 à 21h03
    Merci Lubo, super intéressant. Moi j'ai vraiment apprécié le courage et la créativité des Greens sur cette affaire. Ils ont géré.

    Etant donné les témoignages sur des supposés filtrages de drapaeux israéliens (en parcage et ailleurs), j'imagine que le préfet n'a pas osé faire une interdiction de dep de peur d'avoir une réaction médiatique mais a agi en scred pour limiter au max.

    Après les keufs/stadiers/préfets sont assez cons pour croire qu'un drapeau israélien est politiquement plus choquant qu'un drapeau du Beitar, et à le limite, pour un public de spectateurs de foot "apolitiques", ils ont même peut être raison.

    Certains pensent qu'en parcage, il s'agissait essentiellement de français, tu confirmes ?


  • Lubo le 26/08/2016 à 21h24
    Je me souviens que pour Karabuk, c'était manifeste que c'était des gens du coin, là ça ne m'est pas venu à l'idée.
    Ils sont venus avec leurs drapeaux, leurs étendards, dont un de "La Familia", que j'ai pas vu du kop mais qu'on voit sur Furania.
    Le seul truc bizarre, c'était les types en survet bleu qui se mélangeaient pas avec les fans mais qui sont restés tout le temps en haut.

    Pour le reste, on va pas refaire l'histoire des tribunes à Sainté mais les Green ont toujours été plus, disons ouverts, que les Magic.
    On voit régulièrement des drapeaux de pays étrangers dans le noyau, ce qui n'arrive jamais en Nord.
    Y a un truc qu'on enlèvera pas aux Magic, c'est qu'ils tiennent à leur tribune, qu'ils savent faire respecter ce qu'ils décident et que depuis que la répression rode, les limites ne sont plus dépassées que quand eux le décident. Et encore, ça se limite désormais à un craquage de fumis pour fêter un truc à l'occasion.
    Ils revendiquent leur apolitisme, c'est clair qu'un match contre l'équipe israélienne la plus à droite était un risque pour eux de se retrouver embarqués dans un combat qui les dépasse probablement.
    Je ne leur jetterais pas la pierre, si j'ose dire.

  • osvaldo piazzolla le 26/08/2016 à 22h17
    Oui j'ai la même analyse que toi des deux kops. Les Magics sont même fiers de dire qu'il y a des gens d'extrême droite et d'êctreme gauche qui cohabitent chez eux. En pratique, ça penche à l'extrême droite avec du BBR et du "dehors les rats" plus que toléré, mais ils tiennent à leur apolitisme revendiqué et leurs amitiés sont éclectiques (ultramarines, commando cannstatt...): leur apréhension de l'évènement ne me choque pas et ne m'étonne pas. Encore une fois, pas grand monde ne fait la différence entre Beitar et Israël en général, ou même Hapoël.

    Mais c'est justement pour ça que ce qu'ont fait les Greens était étonnant : eux aussi se revendiquent "apos", mais leur analyse politique était fine, et courageuse, parce qu'il est pas impossible que l'unanimité sur ce sujet en leur sein était pas évidente.

  • Sens de la dérision le 27/08/2016 à 06h54
    Merci pour l'article et les éclairages en commentaires.

  • osvaldo piazzolla le 02/09/2016 à 16h58
    Il y a une version actualisée maintenant, an anglais :

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