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Carte postale

Nos envoyés spéciaux ont vécu au Portugal la première semaine de l’Euro. Ils nous livrent avec légèreté la substantifique moelle de leur périple.
le 23 Juin 2004

 

Un hôte fou de football L'Euro et le Portugal, c'est d'abord l'histoire étonnante d'un petit pays, pas plus peuplé que l'Ile de France (et deux fois moins que la Belgique et les Pays-Bas réunis, hôtes de l'édition précédente), qui organise l'une des plus grandes compétitions sportives de la planète. Imaginez : une ville comme Leiria accueillant France-Croatie, c'est une commune d’à peine 13.000 habitants qui reçoit le champion en titre. Un peu comme si Mende ou Pithiviers voyaient subitement débarquer le Brésil dans leur stade municipal. En France, une telle situation relèverait évidemment du gag. Bien réelle au pays de Luis Figo, elle n’est que l’illustration d’un symptôme bien portugais : une folie véritablement furieuse pour tout ce qui touche au ballon rond, peut-être bien plus encore qu'en Italie… Depuis plusieurs mois, les organisateurs ont donc multiplié les démarches pour faire de cet Euro une totale réussite. Au prix, parfois, de certains excès. C’est ainsi, comme le notait Charlie Hebdo dans un excellent reportage paru il y a quelques semaines (1), que les Portugais "ont outrepassé de façon comique les exigences des instances sportives européennes, compte-tenu de la taille du pays" en matière d'équipements neufs. Des enceintes rutilantes ont ainsi été édifiées aux quatre coins du pays. A Faro, en Algarve, à Porto, ou le stade des récents champions d’Europe a été intégralement reconstruit, et même à Aveiro, petite ville de 30.000 habitants à une cinquantaine de kilomètres de la grande métropole du Nord du pays, ou un petit « Stade de France » (35.000 places) est sorti de terre.

L'Estadio da Luz, reconstruit en lieu et place de l'ancien stade, qui avait connu les heures de gloire de Benfica.
Pour accéder à ces équipements, inaugurés pour la plupart il y a quelques semaines, le Portugal a par ailleurs sorti le grand jeu en matière d'infrastructures. Parkings, échangeurs, autoroutes… ont été édifiés pour assurer les liaisons entre les principaux lieux de la compétition. Une carte routière de 2001 s'avère ainsi totalement obsolète pour circuler aujourd’hui au Portugal, à moins de vouloir prolonger inutilement son parcours. Ce qui serait finalement assez idiot : sur toutes les voies rapides, hormis l'axe Lisbonne-Porto, les routes sont parfaitement désertes. Une mobilisation générale, donc, y compris dans une large couche de la population. Pour preuve, ces façades d’immeubles couvertes de drapeaux rouge et vert flottant au vent, que l'on soit en zone urbaine ou dans les petits villages reculés de l'arrière-pays. Une initiative qui n’avait pas grand chose de spontanée, puisqu’elle avait été judicieusement lancée par une campagne de communication d'ampleur relayée par de nombreux médias nationaux, mais qui a néanmoins rencontré un franc succès…

Mobilisation populaire autour de la Selecçao : les organisateurs de l'Euro ont amicalement incité les Portugais à sortir les drapeaux rouge et vert.
Sans oublier la présence, dans le moindre bar et même dans la plupart des restaurants, d’écran de télévision diffusant les matches de l'Euro. Bref, un engouement sans commune mesure avec ce qu’avait connu la France en 1998… Villes chamarées Les Portugais mobilisés, il ne restait donc plus qu’à compter sur les supporters étrangers pour parfaire l’ambiance. Et si le Portugal a vécu si intensément cette première semaine de compétition, c'est aussi parce que de nombreux aficionados venus des pays du Nord –comme souvent– s’étaient donnés rendez-vous en terres lusitaniennes. Suédois, Danois, Anglais, Néerlandais : voilà probablement le quatuor vainqueur des peuples présents en force sur le sol portugais. Pour une visibilité d’autant plus nette qu’au Portugal, l'effet de concentration joue à plein. Dans un rayon de 50 kilomètres autour de Porto, on compte ainsi pas moins de cinq stades accueillants la compétition : deux à Porto, un à Aveiro, un autre à Braga, et un dernier à Guimarães.

Les Suédois en pleine séance de décompression.
Sans omettre évidemment les deux enceintes lisboètes : c'est ainsi que le lundi 14 juin, par exemple, des supporters anglais, français, suédois et bulgares se croisent dans les rues de la capitale, certains ayant vu évolué leur équipe la veille, les autres attendant la première rencontre de leurs protégés le soir même. En terme d’ambiance, ce n’est d’ailleurs curieusement pas Lisbonne qui mène le bal. La capitale du pays a par exemple fait un étonnant choix : l'écran géant installé par la municipalité ne se trouve pas dans le centre-ville, mais dans le parc de Monsanto, sur les hauteurs de la cité. Un lieu mal desservi par les transports en commun, et inaccessible en voiture, les supporters motivés devant parcourir plusieurs centaines de mètres à pieds à travers les pins avant d'atteindre le lieu des festivités. Mais ce que l'amateur de football perd en ambiance (une cinquantaine de personnes présentes seulement pour l'affiche entre les Pays-Bas et l'Allemagne), le touriste le gagne en sérénité : avec une vue splendide sur le pont du 25 avril, et des conditions idéales pour visionner le match (un amphithéâtre ombragé en pleine nature), le cadre est idéal pour une fin de soirée une bière à la main. Parallèlement, dans les rues de la cité, les lieux de vie dédiés au football sont donc relativement limités: seule la "Place du commerce", a été aménagée à l'attention des supporters. Mais entre l’exposition de Yann Arthus-Bertrand "La terre vue du ciel" et la vente de bière à un prix astronomique (4 euros au lieu d'un unique euro dans le reste du pays), le supporter de base, surexcité et un brin alcoolisé, n’est pas forcément le bienvenu dans ce lieu au standing très particulier... Pour regarder du foot à Lisbonne, rien ne vaut finalement les petits bars des quartiers populaires de l'Alfama ou du Bairro Alto. Dans les autres villes portugaises, en revanche, l'ambiance frise parfois le délire. A Porto, un écran géant situé en plein cœur de la cité accueille les supporters qui n'ont pu assister aux rencontres se déroulant dans les stades de la région. Lors du match entre l'Italie et la Suède, de nombreux Portugais, Croates ou Allemands, assistent à la partie à la fraîche. Le but égalisateur d'Ibrahimovic est d'ailleurs accueilli dans une ambiance d’hystérie collective. L'Italien serait-il le mal aimé du football européen ? Sur les bords du Douro, la bière coule à flot, pour des cohortes de fans venus des quatre coins du continent. Nettement plus vivant que les rives du Tage, à Lisbonne… A Aveiro, les placettes du centre-ville vibrent jusqu'à l'aube aux chants des supporters anglais. Et Guimarães, cette petite ville pleine de charme dont les principaux monuments sont classés au patrimoine mondial de l'humanité, revêt les couleurs des seize pays présents au Portugal dans une ambiance festive … Bref partout, l'atmosphère se veut bon enfant, et les supporters de chaque Nation n’hésitent pas à chanter, à trinquer ensemble ou à se chambrer gentiment. On assiste même à des scènes cocasses : une poignée de Danois insistant auprès d'une supportrice bulgare pour qu'elle pose en photo avec eux ; des supporters suédois l’œil narquois, hurlant des "Donde esta Totti" dans un espagnol hésitant à la vue de leurs collègues italiens ; des Russes multipliant les clichés à Cabo da Roca, le point le plus occidental du continent, sur la côte océane… Et ils sont ou les Bleus ? Et les supporters hexagonaux dans tout ça ? Présents en nombre à Lisbonne ou Leiria, ils doivent probablement se dire que le chemin est encore long pour acquérir la reconnaissance de leurs pairs. Mais tout espoir n'est pas vain : car si les Anglais sont nettement plus nombreux à la Luz le dimanche 13 juin au soir, la performance vocale des Bleus lors de la première mi-temps vaut bien celle de leurs homologues, qui attendent patiemment que Lampard ouvre la marque pour animer l'enceinte de leurs chants. Une chorale assez impressionnante, mais qui s'éteint évidemment dans le temps additionnel, alors que les supporters tricolores, eux, hurlent de bonheur. Frustrés de ne pas avoir pu profité de la fin de match pour rendre aux Anglais la monnaie de leur pièce, ils restent dans les travées du stade pendant près d’une demi-heure, reprenant la ritournelle « Qui ne saute pas… » devenue chère au public lyonnais, et chantant la Marseillaise alors que des joueurs anglais viennent commencer leur décrassage sur la pelouse.

Le temps additionnel du match contre la France a fait beaucoup de mal à certains supporters anglais.
La deuxième manche, contre les Croates, à Leiria, n'est pas aussi glorieuse. Le stade, forcément moins majestueux, n’est pas plus propice aux enflammades bleues que la performance des français sur le terrain : les fans de Zidane et de s autres sont séparés en deux groupes par l'anatomie un peu étrange de l'enceinte. Côté opposé, les supporters Croates, torses nus et déchaînés sont littéralement impressionnants : pendant les vingt minutes qui séparent leur penalty victorieux de l’égalisation de Trezeguet, ils font preuve d’une puissance vocale dont les Anglais eux-mêmes peuvent être admiratifs. A la sortie du stade, alors que Carlos Mozer, ex-joueur de l’OM au début des années 90, se laisse prendre en photo par des supporters français, on ne voit quasiment que des damiers rouges et blancs.

Les Croates, grands vainqueurs du concours de l'Eurovision 2004 grâce à leurs chants guerriers à Leiria…
Finalement, que reste-t-il aux supporters français pour devenir l'égal des aficionados des autres pays ? En terme de "décoration corporelle", pas grand chose : si une partie du public de l'équipe de France est parfois assimilé à une assemblée de "footix" peinturlurés de bleu-blanc-rouge, que dire des Suédois ou des Néerlandais et de leur amour immodéré pour la perruque colorée et les collections complètes de produits dérivés aux couleurs de leurs équipes (sacs, montres…) ? Non, ce qu'il manque peut-être aux supporters bleus, c'est tout simplement cette culture du sport de haut niveau, qui incite 30.000 Anglais à remplir la Luz quand une quinzaine de milliers de places seulement leur ont été vendues. Juste une question de temps ? (1) "Portugal : Football, Fesses et Fœtus", paru dans l'édition du mercredi 25 février dernier.

Réactions

  • Amour et passements de jambes le 23/06/2004 à 10h54
    Merci la rédaction de me ramener un peu de "mon" pays dans cette article :'-))))

  • Queribus le 23/06/2004 à 11h14
    J'ai l'impression que le photographe passe beaucoup de temps à vérifier que le prix de la bière est bien à 1 euro, non ?

  • deaftone le 23/06/2004 à 11h18
    Sur l'avant-dernière photo, c'est touffik qui est avec Baup ?

  • tatayé le 23/06/2004 à 12h11
    Article très intéressant mais un peu naïf dans la mesure où il ne fait pas mention du supporter anglais poignardé...

    En tout cas, cette "carte postale" est vraiment bien faite, surtout si on la compare aux reportages "neuneu" de TF1 et de France télévision!

    Ha oui, j'allais oublier, je chipote peut-être mais je voulais juste signaler que je préferais le terme "supporter" à celui de "fan"! Franchement, si même les cdf s'y mettent...c'est la fin du monde!!!

  • la rédaction le 23/06/2004 à 12h51
    Selon les dernières informations dont nous disposons, le supporter anglais aurait été poignardé par un "pick-pocket ukrainien" (source l'Equipe TV), et non par un supporter croate comme évoqué initialement, c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas évoqué ce grave incident dans cette "carte postale".

  • fr@n le 23/06/2004 à 13h21
    Je ne parle pas des stades (le président de la fédé protugaise à lui même reconnu il y a quelques temps dans france foot qu'ils avaient vu trop grand) mais est-ce un mal que le portugal ait profité de cette compétition pour se doter d'infrastructures (routières notamment) qui lui faisaient défaut et contribuaient à un certain déséquilibre économique du pays?

    C'est une question...

  • jacky56 le 23/06/2004 à 13h50
    Ayant effectué un court séjour au portugal àl'occasion du début de l'euro2004, je peux témoigner de la qualité et de la précision de l'article des cdfs.

    J'ai vu les memes choses, à part la pinte à lisbonne qui ne dépassait pas 1,5€ (d'ailleurs ce sera pas aussi chouette à ce niveau là en allemagne en 2006 je le crains).

    :-)

    En tout cas les cdfs étaient sûrement présents pour France-Angleterre, la restitution de l'ambiance du match côté français est parfaite.

    Aaaaaaaah chanter la Marseillaise pendant le décrassage des anglais!

    :-)))

  • Océane le 23/06/2004 à 14h25
    Très bon article ; un grand bravo à la "redac". Cela fait du bien de lire quelque chose d'un peu décalé, et de tres bien documenté sur le pays organisateur de l'Euro.

    Je confirme que le supporter anglais a été poignardé par un voleur ukrainien, sans aucun rapport avec l'Euro 2004. Ça gâche un peu la fête, mais les supporters et le football n'y sont pour rien. C'est un fait divers stupide, comme il s'en produit tous les jours.

    Deux précisions concernant le contenu de votre article:

    - Un écran géant a été installé sur l'ancien site de l'Expo 98. C'est là que les portugais - et les autres supps - viennent en principe voir les matchs. Le soir de de Portugal / Espagne, l'Expo était en feu ! Je n'avais jamais vu autant de monde sur ce site ! (hors Expo 98, bien entendu).
    Effectivement, se rendre à Monsanto n'est pas une mince affaire ! L'avantage est que vous avez bénéficié d'une ambiance disons ... champêtre pour assister au match !

    - Concernant la ferveur portugaise, la passion du pays pour le football : Il y a effectivement une vraie passion pour le ballon rond. Au Portugal, tout le monde est supporter d'une équipe, même les gens qui n'aiment pas le football ! Et ce n'est pas une blague : Combien de fois ai-je entendu "je n'aime pas le foot, mais je suis du Benfica*"...
    Le football est fortement ancré dans la culture portugaise, à tel point qu'un gamin qui apprend les couleurs commence par : "rouge comme Benfica, vert comme Sporting, bleu comme Porto". Le paradoxe, c'est l'attitude des spectateurs lors d'un match de la Selecção; ça ne pousse pas, ça critique à la moindre passe qui n'arrive pas, et le public est toujours au bord de la bronca. C'est assez décevant au regard de la passion réelle qui anime le peuple portugais !
    D'ailleurs, ils vont se faire "bouffer" par le public anglais demain soir, et ce d'autant plus qu'il y aura plus d'anglais na Luz que de Portugais ! (ne me demandez comment c'est possible, je ne comprends pas bien moi même...).

    * circonstance atténuante : il est difficile d'être du Benfica et d'aimer le football...

  • Aux armes le 23/06/2004 à 14h31
    La phrase "La ritournelle « Qui ne saute pas… » devenue chère au public lyonnais" m'interpelle. Le reporter a-t-il déjà mis les pieds au Vélodrome ? Car "qui ne saute pas n'est pas marseillais" y est repris en coeur depuis au moins une vingtaine d'années que je fréquente les travées du stade.

  • tatayé le 23/06/2004 à 14h37
    Merci à la rédaction pour cette précision.

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