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Brésil: triste carnaval

Le football brésilien plonge dans une tourmente qui n'épargne plus personne. Les enquêtes se multiplient autour de la sélection et de la fédération: corruption, ingérence de Nike, faux passeports, dirigeants véreux...
Auteur : Julie Grémillon le 1 Dec 2000

 

Le Brésil est toujours censé être la nation reine du football, celle qui symbolise le mieux son histoire, ses légendes, la passion qu'il suscite, qui lui renvoie une image positive, celle de la fête et du spectacle. Au travers de ses titres, de ses joueurs, de ses stades, de son Pelé, de son style spectaculaire, il est une institution à part, un peu comme l'Angleterre fondatrice avec son statut particulier. On se demande d'ailleurs ce qu'il faudrait pour le déloger de la première place du classement FIFA, la France avec deux titres internationaux consécutifs n'y étant pas parvenu (à croire que c'est l'ATP qui donne les points). On se rappelle par exemple que lorsque plusieurs scandales concernant la falsification des dates de naissance de quelques internationaux (dans les sélections de jeunes) avaient été révélés, la FIFA avait immédiatement et définitivement écarté l'idée de prendre des sanctions. Celles que prévoient les règlements en pareil cas sont la suspension des équipes nationales, et elles ont déjà été appliquées pour de "plus petites nations" du football. À quelques mois de la Coupe du monde, il n'était même pas question ne serait-ce que d'imaginer une telle éventualité (qui nous aurait certes privés d'un certain 3-0).
Mais aujourd'hui, le foot brésilien s'enfonce dans un marasme plus profond, avec l'enquête menée par une commission parlementaire, qui en suivant toutes les pistes (elle était au départ mandatée pour instruire des délits d'évasion fiscale) déclenche des affaires en série et fait défiler devant ses commissions les plus hauts personnages du football brésilien, mettant la fédération brésilienne (CBF) à rude épreuve.

Le sélectionneur était un initié?
En préambule de la tempête qui se déchaîne aujourd'hui, il y a d'abord eu l'éviction du sélectionneur Wanderley Luxemburgo, moins en raison de ses résultats sportifs médiocre que de l'odeur de scandale qu'il dégageait, après la révélation des soupçons qui pèsent contre lui d'avoir utilisé la Seleçao pour toucher diverses commissions occultes sur les transferts de certains internationaux. Le nombre anormal de joueurs passés sous le maillot auriverde pendant son mandat avait de quoi mettre la puce à l'oreille, chaque nouvel appelé prenant de la valeur, notamment auprès de clubs européens qui observent les championnats sud-américains d'un peu trop loin. On se rappelle justement que Christian et Cesar étaient dans le groupe retenu pour disputer la Coupe des confédérations au Mexique, durant l'été 99, au moment où ils concluaient leurs transferts vers le PSG... Ils n'ont depuis jamais eu de nouvelles capes.

La Seleçao aux crochets de Nike
Le fabuleux contrat signé en 97 entre Nike et la CBF suscite ainsi les plus grands doutes sur les éventuelles contreparties cachées aux 900 millions de dollars sur dix ans que l'équipementier a sorti de sa poche pour obtenir l'exclusivité de l'équipe nationale et l'exploitation des produits dérivés du championnat.
Avant et après le Mondial 98, les critiques avaient fusé à l'égard du "Nike Tour" organisé par la firme aux quatre coins du globe, durant l'année et demi qui précédait la compétition (pour laquelle le Brésil, tenant du titre, était qualifié). La qualité de cette "préparation", qui multipliait les sollicitations médiatiques et soumettait les joueurs à des déplacements éreintants, avait de quoi laisser perplexe. Mais la mise en cause de l'industriel américain devait culminer avec la finale du 12 juillet et l'accusation fameuse: Ronaldo aurait été aligné sur la pression du sponsor, qui ne pouvait voir sa star numéro 1 absente du sommet quadri-annuel de la discipline.
Zagallo avait à l'époque fermement démenti une telle éventualité, mais il est obligé de recommencer aujourd'hui, appelé comme témoin pour faire la lumière sur un événement qui établirait à lui seul l'ingérence de Nike dans les affaires sportives de la sélection. Leonardo, Ronaldo et Roberto Carlos et Edmundo ont également été interrogés, et le dernier nommé a comme à son habitude semé la panique en affirmant que le sélectionneur avait été immédiatement averti des convulsions de Ronaldo, ce que Zagallo nie totalement, dans des termes choisis: "Ronaldo a joué car il en avait les moyens (...) Edmundo ne cherche qu'à se venger car il est resté sur le banc des remplaçants. C'est un sans vergogne, un fils de p..." (AFP 24/11).
De son côté, Nike Brésil a dû se fendre d'un communiqué niant à son tour tout droit de regard sur l'équipe, à l'exception d'une clause obligeant à aligner huit "joueurs de niveau international" lors des 50 matches amicaux prévus durant la décennie.
Le montant astronomique des investissements consentis par les médias ou les industriels (on le voit par ailleurs avec les droits de télévision) renforcent la dépendance du football à l'égard de ses financiers, dont il devient l'obligé. Avec de telles mises de fonds, Nike ou les autres annonceurs comptent bien se garantir les retombées espérées, d'une façon ou d'une autre. Même si l'ingérence n'est pas prouvée par cette enquête, il est bien évident qu'elle existe quand même, et plus efficacement encore, de manière implicite... Pour une telle somme, la marque en question n'a-t-elle pas acheté l'équipe nationale et acquis sur elle des prérogatives de propriétaire?

Exportation massive de joueurs et petit commerce de passeports
Inévitablement, les investigations ont débouché sur une autre affaire, qui fait grand bruit en Europe, et particulièrement en Italie où plusieurs instructions sont en cours: celle des faux passeports portugais qui ont servi à transférer des joueurs perdant magiquement leur statut de non-ressortissant de l'UE (voir la Gazette 15)). Ce dossier très lourd,, qui n'a pas encore réellement explosé (et sur lequel nous reviendrons bientôt), a intéressé les enquêteurs, qui auraient ainsi mis à jour une partie du réseau très organisé qui gère le trafic et serait basé au Portugal, autour d'un certain Isaac Pereira. Le record appartiendrait à Dida, gardien de but du Milan AC, qui aurait déboursé 2MF pour acquérir son sésame (L'Equipe 27/11).
Des complicités existent nécessairement dans le pays d'origine, ce sont celles que recherche la commission parlementaire brésilienne, mais en Italie, les autorités interrogent aussi les dirigeants. Les clubs, comme les joueurs, sont de fait demandeurs de tels moyens de contourner la législation, particulièrement ceux dont les effectifs sont les plus étoffés et les plus cosmopolites. Même si la nébuleuse des agents et des intermédiaires peut leur cacher la vérité (voir la colère d'Arsenal lorsque le transfert de Edu a échoué après la révélation qu'il n'avait pas de passeport communautaire), il y a fort à parier qu'ils soient, sinon complices actifs, du moins bienveillants quant aux procédés utilisés. Il leur sera donc difficile de se poser en victimes, comme ils s'apprêtent à le faire.

L'empire s'écroule, mais ils le tiennent encore
Tout aussi fatalement, l'enquête parviendra à établir des chefs d'accusation à l'encontre de la fédération brésilienne, dont les dirigeants sont accusés depuis plusieurs années de malversations diverses. Ils sont au moins coupables d'avoir accompagné la déchéance du football national, mais les députés ont dans l'idée de mettre à jour des charges plus graves, relatives à des détournements de fonds et des trafics d'influence. Ricardo Teixeira, le président de la CBF est depuis longtemps au centre des attaques. L'ex-gendre de l'ex-président de la FIFA Joao Havelange (lui-même ancien président de la CBF), risque de payer au prix fort les dérives progressivement mises à jour et d'entraîner avec lui son illustre parent. Parfait autocrate, sur le modèle d'un Samaranch au CIO, Havelange n'est pas disposé à voir fondre sur lui des accusations qui touchent aussi bien ses activités nationales que son ancien mandat international (notamment dans les transferts vers l'Europe, menée par des agents agréés FIFA, de très jeunes joueurs qui se sont retrouvés dans la misère et la clandestinité — FF 14/11).
Si les élus et les juges brésiliens veulent vraiment réussir leur "opération mains propres" dans les milieux du football, ils doivent mesurer la difficulté à démonter un système qui a profondément pénétré les institutions. Mais peut-être sera-t-il plus facile d'abattre l'arbre tout entier?

Ces affaires surgissent alors que la situation de football brésilien se dégrade constamment depuis plusieurs années: perte d'intérêt des compétitions (absurdement multipliées et compliquées), violence dans les stades, affluences en baisse, corruption, gestions frauduleuses, noyautage par les mouvements sectaires, exode massif et de plus en plus précoce des joueurs... La réalité est bien loin du mythe, comme peuvent l'être les images de Copacabana de celle des bidonvilles qui l'entourent. En 1997, Pelé avait accepté un intérim au ministère des sports, afin d'imposer une loi qui porte son nom et oblige à une certaine transparence financière, en même temps qu'elle libéralise le marché et livre les clubs aux investisseurs (jusqu'à des fonds de pension américains!). Autant dire que la situation est loin d'être simple.
Et si la sélection est à son tour entraînée dans la tourmente (elle devrait tout de même se qualifier pour la Coupe du monde 2002), jusqu'où irait la déprime du football brésilien?

Réactions

  • le nihiliste le 01/12/2000 à 00h00
    Violence, corruption, on savait. Mais c'est quoi cette hisoire de secte? Ils noyautent quoi : les supporters, les joueurs, les dirigeants, les institutions?

  • ZZ le 01/12/2000 à 00h00
    J'avais eu vent de cette enquête et c'est vrai que les résultats sont édifiants... J'ai l'impression (pas nouvelle) qu'après l'Afrique, c'est au tour de l'Amérique du Sud de devenir le "fournisseur officiel d'esclaves" (peut-on parler d'esclavagisme quand on voit les salaires des joueurs ???).
    La solution est certes une reprise en main judiciaire du problème mais elle parait invraisemblable quand on voit l'attitude de l' instance officielle (FIFA en l'occurence) qui s'est toujours farouchement opposée à l'immixtion de la justice dans ses "petites" lien
    Encore une fois, certains semblent croire que dans la mesure où l'arbre donne toujours des fruits, il n'est pas nécessaire de couper les branches malades.

  • Il principino le 01/12/2000 à 00h00
    ZZ, on peut gagner 1MF par mois et être un esclave, c.a.d privé de ses libertés élémentaires d'expression et de comportement. Cela fait des lustres que le vivier brésilien est pillé: il suffit de voir le nombre de auriverde jouant au Portugal depuis longtemps. L'histoire des faux passeports doit être décidée par la Justice. La "justice" sportive suivera. Suivant l'affaire en Italie, les principaux responsables seraient les intermédiaires qui fournissent aux clubs le passeport et le joueur.

  • marco le 01/12/2000 à 00h00
    "on peut ggner 1MF par moi et être un esclave,
    c.a.d privé de ses libertés élémentaires d'expression
    et de comportement." Belle phrase. Un joueur qui gagne de telles sommes
    n'est esclave de rien du tout, rien ne l'empeche de faire quoi que ce soit, si?

    Qu'un tel probleme existe avec les joueurs de petits clubs, va, c'est en tout cas vrai avec les joueurs africains,
    mais l'esclavage à 1MF par mois, je demande à voir et comprendre, il principino.

  • Le Croisé le 01/12/2000 à 00h00
    Vous voyez bien... Il n'y a pas que Bernard!
    Et encore ceci n'est forcément que la partie cachée de l'iceberg!

  • marco le 01/12/2000 à 00h00
    La sélection brésilienne suit à mon avis le mouvement, déjà, depuis plusieurs années. En 1998, sa finale
    mais aussi les commentaires PAR PRINCIPE dythirambiques sur l'equipe, avec battage autour de ronaldo (on
    voyait à chaque match sa fiancée...), ne doivent pas faire oublier son jeu alors indigent, sa victoire immeritee face aux pays lien
    La finale semblait etre deja un miracle pour cette selection, et je ne parle meme pas de leur jeu en finale, ou les francais avaient certes été excellents, mais on ne fera croire à personne qu'une grande equipe
    peut etre aussi peu dangereuse pendant 90 minutes.

  • mat le 01/12/2000 à 00h00
    Tout à fait d'accord, il semble que le coté marketing l'ait emporté sur le sportif et c'est très dommage mais il faut aussi rester vigilant en France où le label "Champion du Monde" devient un passe droit malgré des performances extrémement contestables (dans les clubs ou en EdF). Enfin, le Brésil est un exemple parmi tant d'autres: un joueur brésilien inconnu, quel que soit son nom ou son niveau vaut 10 fois plus cher qu'un autre, mais qu'a gagné le Brésil depuis 6 ans (La France une coupe du monde, un coupe des nations; le cameroun une CAN et les JO) et pourtant....

  • Il principino le 01/12/2000 à 00h00
    Il a juste gagné une coupe du monde et deux copa america.

  • Il principino le 01/12/2000 à 00h00
    Marco, je parlais pour l'Italie où tout ce qu'un footballeur dit aux media est préalablement autorisé par le staff dirigeant, où tu subis une pression démentielle de la part des médias- torchons style Tuttosport plus des centaines de "matches du lundi"--, des supporters l'invasion des camps d'entraînements rommains par les Ultras faits passer celui de la commanderie pour la garden-party de l'Elysée- et de tes dirigeants. En plus si tu es de couleur, tu as le droit de te faire insulter dans de nombreux stades. La plupart des clubs te transfèrent où bon leur semble sans te demander ton avis et même si tu as offert dix ans de ta vie (Giannini ou Bergomi). Ces types-là ont beau gagner 1MF , ils demeurent des esclaves et je ne les envie pas: je préfère gagner cent fois moins et disposer de mes libertés.

  • marco le 01/12/2000 à 00h00
    Le mot esclave est un peu fort, tu ne crois pas quand meme, dependant oui, mais
    personne ne les force à jouer au foot...

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