Beaucoup de bruit pour rien
Il faut vraiment être un enfant ou un supporter pour croire que l'OM et le TFC sont aujourd'hui rétrogradés en division inférieure. Le fait que tous les acteurs du football aient fait semblant d'y croire pour jouer leur rôle et réciter leur texte est assez pathétique, ainsi que l'emballement artificiel des médias pour ce gros titre sans texte au-dessous. Il fallait voir les flashes d'Infosport, avec une revue d'effectif qui n'oubliait personne, pas même Bourgoin ou Bompard qui auraient tous deux dû éviter de l'ouvrir sur le sujet, le premier tout content de passer à la télé (Bourgoin, c'est un peu notre George Bush Jr), le second ne ratant pas l'occasion de voir passer le Père Noël. On va même interviewer Camara en Corée et traquer les supporters dans les bars. Bref, on joue à l'affaire d'Etat et on fait passer un renvoi en session de rattrapage pour une condamnation définitive.
Le président de la DNCG et Claude Simonet ont eu beau rappeler que les clubs pouvaient présenter en appel un dossier totalement différent, ils n'ont même pas été entendus et tout le monde a fait monter la mayonnaise frénétiquement. A Marseille notamment, où la conférence de presse a été l'occasion d'une conférence de presse à grand spectacle avec Dubiton et Tapie (Charlot et Popeye côte à côte, au moins c'est marrant). Le second nie toute intention de crier au complot, mais il décrit l'OM comme la victime d'un traitement inique, et son organe officiel (Freegoal) verse de l'huile sur le feu et du sel sur les plaies. Concernant le premier, le Journal du dimanche l'estime prêt à tout pour prendre le contrôle du club et sa revanche sur le destin, même en deuxième division. Il aurait présenté un dossier volontairement alarmant pour précipiter la crise… Là, nous sommes un peu dépassés, mais tout est possible dans le football, surtout le pire.
Tour de piste
L'intrigue est faite de bien grosses ficelles, et tout le monde semble trop bien y trouver son compte. Les instances montrent leur rigueur, les médias vendent le spectacle et l'intérêt des dirigeants marseillais est facile à voir. La situation financière étant objectivement très problématique (et ne tenant qu'à la volonté de RLD), ils trouvent un responsable à une intersaison mal engagée, et ils pourront ensuite plus facilement masquer leur incapacité à investir derrière un "recrutement contrôlé" prononcé par l'instance d'appel. La pilule sera moins amère si tout est de la faute des forces du mal.
De son côté, Tapie s'offre une tribune de premier choix pour faire une diversion sur la scène médiatique en masquant un statu quo inquiétant sur le front des transferts. Au fait, il devait venir avec des responsabilités exclusivement sportives, et le voilà déjà en première ligne sur un dossier à la fois financier et politique. Mais s'il est clairement le producteur exécutif de l'OM, il ne tient plus la banque.
Le milliard ! le milliard !
Car le fond du problème est bien la position de Robert Louis-Dreyfus, puisque tout dépend de lui et de sa volonté de casser son plan d'épargne logement (200 ou 250 millions) pour ramener un semblant d'équilibre budgétaire (voir Tout un OM). Il n'a pas fait revenir Tapie pour fermer boutique quelques mois plus tard et perdre toute chance de récupérer une partie de son investissement, mais pour tenter un ultime coup de poker. Il est donc logique qu'il doive allonger une dernière mise.
TFC : Tout Fout le Camp
Enfin on a raison de souligner la différence de traitement entre l'OM et le TFC, ce dernier étant menacé de descente en National dans une certaine indifférence. Les tenants d'une interprétation politique avancent que cette sanction survient à l'égard d'un club qui a contribué à alourdir l'affaire des faux passeports en multipliant les recours juridiques. Mais comme pour Marseille, la politique financière hasardeuse du club toulousain ne fait pas de cette mesure une très grande surprise. Le brutal gonflement du budget, un recrutement onéreux et pas très productif et des objectifs un peu prétentieux en début de saison ont eu raison de son équilibre.
En attendant que chacun trouve des solutions et que le soufflé retombe, le Landerneau du football se sera fait quelques émotions. Pas de très nobles émotions, mais des émotions quand même.