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Arbitrage à cinq : la solution négligée

On doute de ses vertus, trop discrètes. Pourtant, l'arbitre "de surface" permet souvent, dans une zone cruciale, de prendre la bonne décision. Mais mal défendue, cette solution risque d'être délaissée au profit de l'arbitrage vidéo.

Auteur : Jacques Blociszewski le 23 Août 2016

 

 

L’Euro en France s’est passé sans graves incidents d’arbitrage. Nous avons échappé, cette fois, aux sinistres attaques et lynchages médiatiques des arbitres qui ont caractérisé bien des grandes compétitions internationales précédentes. À quoi attribuer cette relative pacification?

 

D’une part à l’avancée (ce qui ne veut pas dire "progrès") de l’application des technologies dans le foot : l’adoption de la Goal Line Technology (GLT), présente sur cet Euro, et l’assistance vidéo en vue pour le Mondial 2018. Gianni Infantino, sitôt en poste à la présidence de la FIFA, s’est empressé, sur ces dossiers, de liquider l’héritage de Michel Platini qui s’est longtemps battu, avec raison, pour résister à l’appel irraisonné à la techno dans le foot. Le public s’en est sans doute trouvé – à tort – "rassuré", et la pression sur les arbitres a un peu baissé : le foot avance, donc vive la modernité ! Dans ce contexte ultra pro-techno, l’arbitrage à cinq a pour l’instant survécu. Ouf.

 

 

 

 

En effet, et d’autre part, c’est bien l’arbitrage à cinq qui contribue fortement à ces matches sans (trop d’) incidents. Ici il faut parler de Nicola Rizzoli, l’arbitre italien numéro un mondial l’an dernier, qui dirigea la demi-finale France-Allemagne de cet Euro. Il s’est trouvé au cœur d’un moment capital de ce match, le penalty pour la France à la toute dernière minute de la première mi-temps. Action confuse, peu de visibilité dans la surface de réparation allemande. Personne – apparemment – n’a vu quoi que ce soit, mais le jeu est arrêté. Nicola Rizzoli réagit. Son arbitre de surface l’a appelé (par radio, rappelons-le): il y a main de Schweinsteiger! Penalty. Le cinquième arbitre a donc joué ici un rôle crucial [1]. La compétition a peut-être bien basculé à ce moment-là.

 

 

Une zone capitale

Continuons avec Rizzoli: GLT et arbitrage à cinq ont un point commun, la vérification du franchissement de la ligne de but par la balle. L’arbitre de surface (ou "arbitre additionnel" ou "5e arbitre") la jugera avec exactitude dans la quasi-totalité des cas litigieux. Dans une interview du 15 décembre 2014 (sur repubblica.it), Rizzoli révélait que sur les neuf derniers cas tangents en Serie A, les arbitres de surface avaient vu juste neuf fois, soit du 100%. Dire que, sur la durée, les arbitres additionnels jugent correctement quelque 90% de ces actions ne paraît pas exagéré.

 

Mais cet arbitrage additionnel va, lui, bien au-delà de la GLT, et l’épisode Schweinsteiger l’a confirmé: l’arbitre de surface est chargé d’une zone capitale du terrain, là où se jouent beaucoup de résultats de matches, alors que l’arbitre central, lui, peut être placé trop loin. Bien des gens de médias ne cessent de répéter que le terrain est devenu trop grand pour l’arbitre et que le jeu va trop vite pour lui. Or, quand se présente une solution qui améliore nettement la situation, ils la rejettent sans même l’examiner sérieusement.

 

S’il est la règle dans les compétitions UEFA, l’arbitrage à cinq ne l’est pas dans les championnats nationaux : à notre connaissance, seule l’Italie l’a adopté – avec la GLT en rab… L’Angleterre, puis l’Allemagne et la France (qui ont en revanche installé la GLT) ne l’utilisent pas, ou juste à la marge, pour certains matches de coupe. L’Espagne non plus ne s’y est pas mise, ni la FIFA pour la Coupe du monde.

 

 

Des interventions déterminantes

Ajouter dans toutes les compétitions une paire d’yeux supplémentaire sur chaque action proche du but serait une avancée décisive. Pourtant, hors UEFA, l’arbitrage à cinq stagne gravement. Les institutions du football et ses "experts" médiatiques souhaitent-ils vraiment l’amélioration de l’arbitrage ou lui préfèrent-t-ils l’entretien des fausses polémiques et des attaques contre les arbitres? L’arbitrage à cinq n’est pas, pour autant, une formule parfaite:

 

• l’arbitre de surface, à l’occasion, ne verra pas qu’une balle est sortie en six mètres, ou même a franchi la ligne de but. Son placement d’un seul côté du but peut gêner sa vision, de même qu’un joueur peut masquer la balle. Une erreur ponctuelle (tous les arbitres et joueurs en font) ne doit toutefois pas condamner le système.
• la communication entre les arbitres devient plus complexe, car on passe de trois à cinq. Il faut donc aller vite, avec un protocole de prise de décision très au point. Mais ceci est aussi un atout car les arbitres doivent se concerter pleinement, et le monopole du pouvoir de l’arbitre central disparaît.

 

Il est couramment reproché aux arbitres additionnels de ne "servir à rien" (ainsi Rudi Garcia, pas brillant sur ce sujet, sur TF1 pendant l’Euro). Écoutons encore Nicola Rizzoli: "Ils sont utiles et rendent la qualité de l’arbitrage extrêmement bonne. Il y a là une possibilité de contrôle vraiment énorme". Même type de constat en France, sur le site du SAFE (Syndicat des arbitres du football d’élite). Ces derniers mois, en Bundesliga, l’arbitre de surface aurait été extrêmement utile sur plusieurs actions déterminantes. Mais personne ne l’a mentionné… Tant Outre-Rhin qu’en France, les médias "grillent" allègrement l’étape de l’arbitrage à cinq et prônent directement l’assistance vidéo.

 

 

La tyrannie du visuel

Enfin, on considère trop vite le recours à cette option comme "humaine, trop humaine" par rapport à la prétendue objectivité de la technologie. Or, d’une part, et contrairement aux lieux communs omniprésents, la technologie visuelle ne peut presque rien pour l’arbitrage du foot, avec une assistance vidéo dont on constatera les dégâts avec les tests. D’autre part, l’arbitrage à cinq fait intervenir une technologie très pertinente: l’audio. C’est en effet un système radio qui permet aux arbitres d’échanger entre eux. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas les arbitres additionnels bouger qu’ils ne font rien: ils communiquent. Les ralentis, eux, sont muets et ne montrent qu’une réalité partielle et déformée (aucun joueur de foot ne court au ralenti).

 

Ce dossier nous en dit long sur l’actuelle tyrannie du visuel et de la technologie : ce qui n’est pas vu via la technique n’existe pas… Au nom de la toute-puissance du visuel (ici le ralenti télé), le foot est prêt à se lancer dans l’aventure de l’assistance vidéo, malgré les lourds déboires que celle-ci connaît au rugby. Parions que les tests du soi-disant "arbitrage vidéo" au foot révèleront le même type de problèmes que ceux rencontrés au rugby, voire en pire. L’expérimentation aura le mérite de le montrer.

 

Mais il est également prévisible que l’idée de modernité associée à l’image est si forte que personne ne voudra revenir en arrière, ni les instances qui lancent l’initiative, ni les animateurs de médias qui jonglent avec les images et leurs infinies interprétations en en faisant leur fonds de commerce. Le football devra alors vivre tant bien que mal avec un système vidéo bancal et des dommages infligés au jeu bien réels mais royalement ignorés.

 

[1] Notons que c'est aussi l'arbitre de surface qui signale la faute de Patrice Évra lors de France-Roumanie.
 

Réactions

  • bcolo le 24/08/2016 à 13h30
    Article intéressant et argumenté. Par contre, j'ai un gros doute sur la note : Patrice Evra n'a pas fait de main contre la Roumanie si mes souvenirs sont bons, c'est une faute sur l'attaquant adverse qui provoque le pénalty.

  • Corben Gallas le 24/08/2016 à 14h49
    C'est bien une faute de la jambe d'Evra (une sorte de croche-patte) qui amène le penalty et non une main.
    Cela dit, la note reste pertinente car en revoyant les images du direct, ce que les observateurs du match prennent pour une hésitation de l'arbitre de champ au moment de siffler semble bien être un moment de communication entre l'arbitre de surface et l'arbitre de champ. L'arbitre de surface fait même un geste discret du bras gauche qui parait indiquer le point de penalty.

    Merci à Jacques Blosz, Jacques Blozis euhhh merci à l'auteur d'argumenter en faveur des arbitres de surface, trop souvent considérés comme inutiles par certains observateurs et acteurs du foot (oui même certains joueurs considèrent qu'ils ne servent à rien).

  • Roy compte tout et Alain paie rien le 24/08/2016 à 15h28
    Citons également Jérôme Rothen parmi ceux qui assène régulièrement comme une vérité le fait que les arbitres de surface ne servent à rien.

    Par contre, pourquoi est-ce que l'arbitre de surface est placé du même côté du but que le juge de touche ? Si on le mettait de l'autre côté, cela permettrait de multiplier plus efficacement les angles de vue et les zones couvertes non ?

  • leo le 24/08/2016 à 16h01
    Roy compte tout et Alain paie rien
    aujourd'hui à 15h28

    Citons également Jérôme Rothen parmi ceux qui assène régulièrement comme une vérité le fait que les arbitres de surface ne servent à rien.

    Par contre, pourquoi est-ce que l'arbitre de surface est placé du même côté du but que le juge de touche ? Si on le mettait de l'autre côté, cela permettrait de multiplier plus efficacement les angles de vue et les zones couvertes non ?
    ---

    J'imagine que c'est pour être, comme le juge de touche, à l'opposé de l'arbitre central qui se déplace, globalement sur une diagonale.

  • Wallemme Six Yeah le 24/08/2016 à 23h27
    leo
    aujourd'hui à 16h01

    Roy compte tout et Alain paie rien
    aujourd'hui à 15h28
    _____

    Au début de l'arbitrage à 5, l'arbitre de surface était de l'autre coté. Mais cela obligeait l'arbitre central à "couper" sa diagonal pour effectuer un zigzag et se positionner de l'autre coté de la surface de réparation (avec le risque de gêner le jeu).

    Au début aussi ces arbitres suivaient le jeu (ils restaient à peu près au niveau du gardien) et avaient une gestuelle précise pour faire comprendre aux joueurs, public, téléspectateurs qu'ils avaient pris la décision). Très vite la consigne a été donné de rester sur la ligne de but et de ne communiquer que par le micro/oreillette sans geste. Surement pour éviter les quiproquo si l'arbitre central n'est pas d'accord avec lui..

  • Moravcik dans les prés le 25/08/2016 à 02h32
    Enfin ! Merci infiniment à l'auteur d'éclairer et souligner ainsi l'apport de l'arbitrage à 5, souvent invisible et cependant bien réel. Il y a un gros travail de pédagogie à faire sur le sujet, ça ne peut qu'aider.

  • leo le 25/08/2016 à 10h16
    Wallemme Six Yeah
    24/08/2016 à 23h27

    Très vite la consigne a été donné de rester sur la ligne de but et de ne communiquer que par le micro/oreillette sans geste. Surement pour éviter les quiproquo si l'arbitre central n'est pas d'accord avec lui..
    ---

    Peut-être un peu aussi pour éviter qu'il se fasse agresser par le public du virage auquel il tourne le dos.

  • la rédaction le 25/08/2016 à 10h51
    Merci d'avoir signalé l'erreur dans la note (due à l'éditeur et non à l'auteur), qui a été corrigée.

  • Metzallica le 25/08/2016 à 12h18
    leo
    aujourd'hui à 10h16

    Je n'ai jamais compris ces arguments.
    - Le juge de touche est aussi dos au public
    - il agite allègrement son drapeau quand il estime voir une faute.

    C'est cette différence entre les arbitres de touche et de surface qui engendre ces commentaires. ce serait plus clair pour tout le monde si ils arbitraient de la même manière.

  • Luis Caroll le 25/08/2016 à 14h21
    Sauf que l'arbitre de surface est quasiment immobile. C'est vachement plus facile à viser.

    Et c'est la méconnaissance voire la malveillance de certains supporters qui engendre ces commentaires, faudrait pas renverser la faute.

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