Angleterre-France : les gars
Big Benz et Petit Vélo ont assuré la victoire en marquant à Wembley... • La nalyse et les gars en vrac • Les autres gars: insipide Albion.
Auteur : Piere Martini et Christophe Zemmour
le 18 Nov 2010
La nalyse et les gars en vrac
Décidément amateur de schémas asymétriques (lire "Comment les Bleus ont joué du triangle"), Laurent Blanc a vu ses milieux de terrain évoluer sur une faible profondeur de terrain et user d'une certaine liberté de déplacements, en particulier pour Nasri qui s'est porté dans toutes les zones et a confirmé sa bonne prestation contre la Roumanie. Plus statique et plus lent, moins inspiré, Gourcuff a toutefois exercé une influence globalement positive en allant au combat et en ordonnant le jeu.
En bonne logique, les joueurs offensifs se sont régulièrement trouvés en redoublements de passes courtes, à l'image du but de Benzema, et l'on a vu de bonnes combinaisons aux abords de la surface. Un zeste d'inspiration supplémentaire aurait fait un cocktail plus détonnant.
Avec le seul M'vila devant la défense, l'impact athlétique a été moindre que lors des rencontres pour lesquels le Rennais – toujours aussi juste dans ses choix – a été associé à Alou Diarra (Roumanie), à Diaby (Biélorussie) ou aux deux (Bosnie), mais la qualité technique individuelle a longtemps permis de conserver une possession synonyme de tranquillité.
Si les ailes ont été la scène de quelques débordements (Malouda et Valbuena saisissant les occasions de percer), il a souvent manqué du personnel à la réception des centres – plutôt bien ajustés hier soir. Benzema a eu tendance à décrocher sur le flanc gauche, délaissant un axe où les Bleus ont fréquemment échoué avec des percées de solistes. Le Madrilène a été plus heureux en cherchant ses partenaires qu'en portant lui-même le ballon, mais il fait la différence. Son but est cousin de celui inscrit contre la Bosnie: coup de rein et vitesse d'exécution.
Un peu désordonné mais actif et buteur, Valbuena a fait la paire avec son alter ego côté gauche: Malouda a enfin joué juste, lançant parfaitement Benzema pour l'ouverture du score. Dans ce jardin anglais, Sagna a réalisé une de ses meilleures performances en bleu: des centres précis, des retours défensifs importants, une passe décisive.
Devant un Lloris un peu irrégulier dans ses interventions, le quintet défensif (remanié à la pause après la blessure de Mexès) a aisément tenu les attaquants anglais à distance durant une heure, avant de souffrir et de s'offrir quelques frissons en fin de match, en particulier sur des coups de pied arrêtés trop facilement concédés. Mexès a réussi une très bonne mi-temps avant de devoir sortir, Sakho s'étant ensuite aligné sur la détermination affichée par Rami. Le "chantier" de la charnière a peut-être avancé à Wembley. Sous le régime de la liberté conditionnelle, Abidal a été un peu snobé par Malouda et s'est appliqué à marquer des points de bonus défensif, histoire de remettre à distance ses concurrents au poste.
Dans le désordre final, les entrants Rémy et Payet n'ont pas eu l'occasion de faire grand-chose, alors que Hoarau a eu celle de commettre quelques maladresses. Cette fois, le coaching n'a pas été "gagnant".
Les autres gars : insipide Albion
La prestation de Ben Foster a oscillé entre clin d’œil à la tradition savonnière anglaise (9e), couverture inégale de son premier poteau, vigilance sur les ballons au sol et jeu au pied long.
Très emprunté en première période au poste d’arrière droit, Phil Jagielka a signé quelques interventions lorsqu’il retrouva son poste de défenseur central à la reprise. S’il a pu quelquefois contrer Valbuena, Kieran Gibbs a surtout laissé filer Sagna dans son dos par deux fois (12e, 55e), dont une fatale. Il est remplacé au moment où il commençait à jouer plus juste et plus haut par Stephen Warnock, bien fixé par Nasri qui trouve le poteau (83e).
Au duel essentiellement avec Malouda et Benzema, Rio Ferdinand a tour à tour contré (9e, 19e, 24e) et été battu par les deux anciens Lyonnais (11e, 16e). Son remplaçant Micah Richards n’a pas su animer le couloir droit, malgré un bon débordement et un centre en préambule (48e). Joleon Lescott a effectué bon nombre d’interventions et a souvent été présent pour dégager des ballons chauds de sa surface (14e, 40e, 43e, 67e). Il est repris in extremis par Malouda dans ses six mètres (76e).
Les milieux défensifs anglais ont été incapables d’assurer la présence physique nécessaire pour empêcher la circulation française, avec un Jordan Henderson très discret et malmené par Gourcuff, et un Gareth Barry aimantant les ballons et s’excentrant très souvent côté gauche.
Theo Walcott a vu Abidal contrer quelques ballons qui lui étaient destinés, et n’a pu le prendre de vitesse qu’une seule fois (37e). Son suppléant dans ce couloir droit, Adam Johnson, s’est montré remuant et a tenté crochets et frappes, malheureusement contrées (75e, 90e+1). Le flanc gauche a été très peu animé, son premier occupant James Milner se révélant finalement plus actif repositionné dans l’axe, avec notamment une belle passe croisée pour Johnson (80e), et son second, Ashley Young, se signalant seulement par un centre repoussé (65e).
L’anglais le plus actif, Steven Gerrard, a également été le plus dangereux, avec une reprise non cadrée (29e), une contre-attaque avortée par Sakho (53e), une tête sur la barre (63e) et un tir trop croisé sur un ballon de Johnson relâché par Lloris (80e). Son remplaçant Peter Crouch n’a pas eu besoin de plus d’un ballon pour réduire le score sur une reprise plat du pied (86e). À noter également: un joli amorti de la bouche (90e + 5).
Clé de voûte de la stratégie anglaise, Andy Carroll a usé et abusé de déviations de la tête et de jeu dos au but. Ses tirs ont trouvé les bras de Lloris (32e, 70e), ce qui doit toujours être mieux que ceux de Morphée quand il s’agit de football, comme ce soir. Remplacé par Jay Bothryod (72e), qui se montre combatif et tente une tête peu puissante captée par le portier français (90e+2).