Passer la ligne verte
Les Bleus rapportent de Croke Park une victoire et un solide espoir... de mieux jouer au retour • Les observations en vrac • Le match de M6 • Le titidolâtre de la semaine • Boys Are Back in Town
le 16 Nov 2009
D'un match contrasté d'une mi-temps à l'autre, à la fois insuffisamment maîtrisé et conclut sur un très bon résultat, on a surtout envie de retenir le sentiment que le vent a sensiblement tourné pour les Bleus, en cette toute fin de parcours qualificatif qui fut parsemé de coups du sort et de contrariétés infinies. Le symbole de cette complicité de la providence pourrait être l'action de la 28e minute qui voit Alou Diarra dévier de la main un coup franc lointain: non seulement Lloris s'interpose devant Keane et Lawrence tire à côte... mais de surcroît l'assistant avait signalé une main du premier. On a vu des matches de la France basculer en leur défaveur sur des actions bien plus scabreuses, au cours des deux dernières saisons. La trajectoire du tir d'Anelka est elle-même ô combien plus impure que celle de Thierry Henry, il y a quatre ans, mais elle rapporte le même score...
Individualités décevantes
Quelques-unes des images d'Épinal placardées partout la semaine dernière se sont envolées devant le constat d'une maîtrise aérienne française et d'un impact athlétique... sensiblement supérieur à celui des Irlandais. En revanche, si les tensions et l'enjeu de la rencontre ont probablement compromis l'expression de la qualité de jeu constatée précédemment, la tentation est grande de pointer la responsabilité particulière d'individualités offensives décevantes: le trio Henry-Gourcuff-Anelka a parfois étalé une franche médiocrité, heureusement rattrapée par une seconde période collectivement réussie. On a également reconnu l'équipe qui offre d'énormes occasions à son adversaire... et laisse donc à la chance ou à son gardien le soin d'éviter un basculement fatal. De quoi altérer l'impression de solidité globale donnée à Dublin, ou le constat que les Tricolores ont concédé très peu de coups de pied arrêtés.
Le vent en poupe
Il faut donc insister sur la cohérence tactique et qualité de jeu retrouvées après l'heure de jeu (et quelques frissons dans la défense de Gallas et Abidal, au cours de la meilleure période verte). Des enchaînements réussis, des combinaisons dans l'axe, des frappes convaincues et des gestes enfin justes ont préparé une ouverture du score qui a concrétisé une supériorité technique et physique devenue manifeste. La domination étant restée constante après ce tournant, et les Irlandais ne parvenant plus à reproduire leurs efforts, il était même question d'espérer mieux avec une finition un peu meilleure qu'elle ne le fut.
L'essentiel est acquis pour cet aller, qui aura même le mérite de laisser planer la menace irlandaise: le même match à Saint-Denis peut s'achever sur un avantage inversé si la providence fait faux-bond. Si les quelques joueurs qui se doivent une revanche après ces quatre-vingt-dix minutes-là évoluent à leur meilleur niveau, les Bleus pourront conjurer ce sort sans trop de peine.
Les Observations en vrac
• Sur le plateau d'avant match sur M6: Pascal Obispo, Bruno Solo, Luis Fernandez, Philippe Lucas, Jean-Marc Ferreri, Jean-Louis Triaud et Jean-Michel Aulas. De quoi donner envie de regarder Plus belle la vie, et de se repasser en boucle le même épisode toute la soirée.
• Si c'était pour faire ça, autant sélectionner Cheyrou à la place d'Anelka.
• À la 30e minute, Doyle tente une réplique de la frappe qu'Henry il y a quatre ans, mais il oublie de la brosser.
• Bel hommage de Thierry Henry à Youri Djorkaeff sur cette talonnade inutile, dangereuse et ratée au milieu de terrain.
• M6 Replay, le blog de Thierry Roland, la question (6 fois)... c'était un match de football ou une séance d'auto-promo pour les produits M6?
• En fait, la géniale stratégie de Trapattoni, c'est de demander à ses joueurs: 1/ de courir sur tous les ballons comme des fous en première mi-temps. 2/ de se démerder en seconde quand ils sont cramés.
Le match de M6
Cela avait commencé sur les chapeaux de roues, entre Luis Fernandez nous gratifiant de beaux moments de névrose tautologique ("[Gourcuff] C'est un joueur sur lequel on se repose assez suffisamment", "Je suis totalement à 100% d'accord", "C'est un garçon qui est énorme, quand on voit ce qu'il fait réalise à Bordeaux"). Suivi d'un joli numéro de Pile je gagne / Face tu perds de Philippe Lucas ("Les Irlandais n'ont rien à perdre, s'ils passent c'est un exploit alors que l'équipe de France, s'ils perdent c'est un échec"). Mais c'est pendant le match que, entre dyslexie et jemenfoutisme caractérisé, les recrues de la chaîne 1% foot ont donné leur pleine mesure.
Le top approximations
• Jean-Marc Ferreri : "Ils jouent tous dans le championnat anglais, mais Il y en a aucun qui joue dans les grands club". O'Shea te salue bien.
• Jean-Marc Ferreri : "La Russie a battu la Bosnie 2 buts à 1". Les Slovènes doivent être ravis de n'avoir perdu aucun match en Russie samedi soir.
• Thierry Roland : "La percée des Anglais".
• Jean-Marc Ferreri : "0-0 c'est un bon résultat pour la France" (trois fois)
• Jean-Philippe Doux "1-0, un but qui vaut double en cas d'égalité sur les deux matches". Il faudra nous expliquer dans quel cas ce but pourrait compter double et que ce soit à notre avantage, Jean-Philippe.
Le challenge Olivier Rouyer
• Jean-Marc Ferreri : "Shone Given".
• Jean-Marc Ferreri : "Whalen".
• Thierry Roland : "Lassalou Diarra".
• Jean-Marc Ferreri : "Pierre-Henri Gignac".
Le réseau à l'ancienne qui résiste bien à Facebook
Thierry Roland : "Ça me rappelle vous [Laurent Blanc] mardi avec le Variétés. (...) Et Mme Chirac était très contente pour sa fondation".
Le râteau dans la surface (1)
- Jean-Marc Ferreri : "Je crois, Laurent, qu'il faudrait que le porteur du ballon ait un peu plus de solutions autour de lui".
- Laurent Blanc : "Oui".
Le râteau dans la surface (2)
[Remplacement de Gignac par Malouda]
- Laurent Blanc: "Thierry Henry va probablement prendre l'axe, et Malouda à gauche".
- Jean-Marc Ferreri : "Ou Anelka dans l'axe".
- Laurent Blanc : "Non je crois pas non".
L'hallucination auditive
Laurent Blanc : "C'est toujours étonnant que ce soit Thierry Henry qui tire les corners parce qu'il a un jeu de tête extraordinaire".
Le tronc commun
Laurent Blanc : "Ils n'ont pas de véritable attaquant avec des jambes".
Le titidolâtre de la semaine
En dépit d'une concurrence très relevée, c'est Erik Bielderman qui remporte la palme avec un édito dans L'Équipe Mag. Sous le titre sur-éculé "Y a-t-il un pilote dans l'avion", le journaliste évoque les prétendues prises de pouvoir de joueurs sur leur entraîneur (Beckenbauer-Schön, Platini-Hidalgo, Dechamps-Jacquet...) pour suggérer que ce serait non pas à Raymond Domenech de "tenir les commandes" en cas de qualification, mais à son capitaine. "Que Thierry Henry n'oublie pas de revisiter ses connaissances encyclopédiques en histoire du foot au moment d'embarquer. Il est au vestiaire un uniforme de commandant de bord qui l'attend. Taillé sur mesure".
Boys Are Back in Town
La chanson a été diffusée à Croke Park au cours de la mi-temps, alors l'occasion est belle de réentendre la voix de Phil Lynott et le classique de Thin Lizzy: The Boys Are Back in Town (une sorte de Quand on arrive en ville en bien).
>> Lire aussi : Irlande-France : les gars