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La coupe sombre

La Coupe de la Ligue ne va survivre qu'au rabais et en sursis: le trophée en plastique de la LFP n'a jamais été aussi proche d'une suppression diantrement méritée.
Auteur : Jérôme Latta le 9 Mars 2009

 

Un seul candidat, pour une somme moindre que précédemment : c'est peu dire que les droits de diffusion de la Coupe de la Ligue n'ont pas intéressé grand monde. En ne proposant que dix millions d'euros annuels pour les trois prochaines saisons contre douze auparavant, France Télévisions, faute d'autres diffuseurs intéressés, a mis la Ligue dans l'embarras.

cl_interdit.jpgAu rabais
D'abord parce que ce montant est inférieur au prix de réserve que celle-ci avait fixé, l'obligeant à organiser un second tour dans les quatre mois qui viennent. Problème: "Comment pourrait-il y avoir un second tour alors qu'il n'y a qu'un candidat?", s'interroge Daniel Bilalian, directeur des sports du groupe public, qui argue de la crise pour justifier un montant en baisse, mais qui reste substantiel. Comme à l'accoutumée, la LFP va donc sonner aux portes des télévisions pour faire appel à leur générosité. Cependant, même si le football a prouvé son attractivité commerciale, ces dernières années, avec l'acquisition de toutes sortes de compétitions – par les "nouvelles" chaînes de la TNT notamment, et même le service public (lire "Le coût du tunnel") –, la donne a peu de chances de changer. À plus forte raison dans un contexte économique qui ne cesse de se dégrader.

Ce revers est d'autant plus regrettable pour les clubs professionnels qu'il survient dans le contexte de vifs débats sur le calendrier de la saison prochain, avec la volonté qu'ont les clubs les plus influents de supprimer la trêve hivernale et de faire commencer le championnat le 8 août seulement, au détriment de l'équipe de France, afin que certaines équipes puissent disputer des tournées estivales (lire "Trêve charogne").


Partie remise
Voilà donc que revient à la surface une solution simple, maintes fois revendiquée sur nos pages: supprimer une Coupe de la Ligue de plus en plus indésirable afin de libérer des plages dans le calendrier. Daniel Bilalian ne s'est pas privé de l'avancer: "La Coupe de la Ligue est importante mais pas vitale. Elle n'a pas une ancienneté telle qu'elle ne pourrait pas disparaître, c'est une hypothèse à envisager".

Une telle décision dépend toutefois d'équilibres politiques complexes au sein de la Ligue et rien ne dit qu'une majorité pourra se dégager en sa faveur (1). Non sans quelques hypocrisies, les quarante clubs de l'UCPF (Union des clubs professionnels français) se sont prononcés jeudi dernier, à la quasi-unanimité, en faveur du maintien de la compétition. Sous conditions: "On a 10 millions, mais il faut trouver d'autres financements, sinon on se réunit et on rediscute", a reconnu Jean-Pierre Louvel, président du syndicat des clubs. On retiendra aussi les déclarations respectives de Pape Diouf et Jean-Michel Aulas sur le sujet: "La Coupe de la Ligue part d’un bon sentiment, mais elle complique le calendrier. Je n’en vois pas l’utilité"; "Entre passer à dix-huit clubs et supprimer la Coupe de la Ligue, je choisis la deuxième solution".


Balle dans le pied
L'hypothèse a donc sérieusement repris de la consistance, même s'il faut souligner que les arguments qui poussent certains dirigeants de l'élite à abandonner "leur" compétition sont plus intéressés que les nôtres, s'agissant d'ailleurs moins d'alléger les calendriers que de les remplir d'autres dates. Les raisons abondent pourtant, du point de vue de leurs propres intérêts.

Car au-delà de son absence de légitimité historique, de son "élitisme" à la petite semaine (primes maximales et raccourci vers l'Europe), de ses sponsors hideux, de ses tribunes à moitié vides et de son organisateur hystérique au bord de la pelouse, la Coupe de la Ligue a surtout constitué un handicap pour le football français. En début de saison et avant le joli parcours des clubs engagés en C3, la Ligue s'était alarmée de la chute de l'indice UEFA. Il était temps, car en remplaçant une coupe prestigieuse et convoitée par deux coupes médiocres de second ordre, le foot pro envoie en Coupe de l'UEFA, depuis quinze ans, des équipes beaucoup plus mal classées qu'avant cette piètre invention.


La Coupe jusqu'à la lie

stats_finales.jpg

Classement en championnat des vainqueurs de coupe depuis 1985.
Avant l'instauration de la Coupe de la Ligue, de 1985 à 1995, le vainqueur est en moyenne classé quatrième du championnat. Le titre n'échappe même que deux fois  (sur neuf) à une équipe du podium final. Ensuite, les vainqueurs des deux coupes nationales évoluent entre la huitième et la neuvième place...
Cette statistique montre la désaffection des grosses écuries pour les coupes, que ce soit en raison de l'attrait supérieur des places qualificatives pour la Ligue des champions, de la perte de prestige des trophées ou d'un manque de motivation plus ou moins avoué. On observe aussi l'esquisse d'un renversement de tendance: trois fois au cours des quatre dernières saisons, le lauréat de la Coupe de la Ligue a été classé au-delà de la dixième place – ce qui n'est plus arrivé en Coupe de France depuis 2002.


En tout état de cause, il aurait été préférable d'envoyer en C3 le cinquième du championnat tout en préservant le mythe de la Coupe de France... Cela l'est toujours. Si la raison et le souci d'un intérêt supérieur aux intérêts économiques à courte vue prévalaient dans ces affaires, le sort de la Coupe de la Ligue serait vite joué. Las, il faudra probablement attendre trois ans de plus, en escomptant une poursuite de la baisse des audiences et de la qualité des affiches, pour que la Coupe de la Ligue retourne dans le néant dont elle n'aurait jamais dû sortir.


(1) Étienne Moatti dans L'Équipe du 5 mars souligne que le décret qui donne la main aux clubs sur les questions économiques (disposition issue de la menace de grève des joueurs – lire "Une grève passe") étant sur le point de paraître, les présidents hostiles à la Coupe de la Ligue pourraient s'imposer au Conseil d'administration de la Ligue.

Réactions

  • Pierre Des Loges le 10/03/2009 à 11h50
    Précision utile: En 1997-1998, dernière saison avant élargissement de la C1, et seul cas de demi 100% D1, le plateau des demis est plus que correct avec Lens, Lyon, le PSG et Bordeaux.

    Autre remarque: que les clubs engagés en championnat et en coupe d'Europe fassent tourner en CdF, ce n'est pas nouveau. L'OM lors de la saison 1992-1993 avait fait largement tourner son effectif en CdF, ce qui ne les empêchera pas d'atteindre les quarts de finale et de pousser Saint-Etienne, 6e du championnat, à la prolongation. Idem pour le PSG qui avait réussi un parcours honorable en 1993-1994 avec une équipe 'mixte' (sortie en quart par Lens 2-1, au Parc, certes).

    L'arrêt Bosman a non seulement affaibli les équipes-types, il a aussi par effet mécanique affaibli les réserves. A tel point que quand un club fait tourner en CdF, il s'expose à une sortie prématurée par un club amateur, ce qui était beaucoup plus rare avant l'arrêt Bosman.

  • Pierre Des Loges le 10/03/2009 à 11h59
    "et seul cas de demi 100% D1"

    Erratata: je voulais dire l'un des deux cas de demis 100% D1 avec l'édition 2002-2003.

  • Jean-Noël Perrin le 10/03/2009 à 12h14
    José-Mickaël
    mardi 10 mars 2009 - 01h12
    Ça, je suis d'accord. Sauf que ça n'a été qu'un facteur agravant : effectivement, le niveau des finales de coupe est le pire vers 2000. Mais il est resté plus mauvais durant la période de domination lyonnaise, et il y a eu presque tous les ans un club amateur en 1/4 (contrairement aux années précédent 1994). La pédiode de domination lyonnaise est aussi une période où ces indicateurs de niveau de la coupe de France sont nettement plus bas.
    -------------------

    Sauf que la période de domination lyonnaise, jusqu'à il y a un ou deux ans, n'a rien changé au fait que le championnat est resté hyper-serré pour les 19 autres équipes. On a fréquemment constaté des outsiders sur le podium (Lens, Auxerre, Lille ou Toulouse), des équipes surprises passant une partie du championnat en tête (Guingamp avec Drogba et Malouda, le Nice de Rohr emmené par Diawara). Et même lorsque l'OL a fini avec un "gros" total de points, le reste du championnat restait serré : en 2007, année record pour l'OL en championnat, Sochaux et Nancy sont longtemps restés à la lutte pour le podium, et lors de la dernière journée il y avait 3 ou 4 équipes en lice pour la 3ème place (de mémoire Lens, Bordeaux, Rennes et Toulouse).

    Tu me demandais pourquoi le "tournant" a eu lieu en 95 et pas avant, et je pense qu'il y a plusieurs éléments d'explication :
    - 94 : début d'une série d'une dizaine d'années sans vraie grosse équipe en championnat, Lyon l'interrompra à partir de 2002 mais reste pratiquement seul sur le long terme jusqu'à il y a 2-3 ans ; Monaco, Marseille, Bordeaux et Paris peinent à être réguliers sur plusieurs années ;
    - 95 : apparition de la CdL *et* arrêt Bosman ;
    - 99 : nouvelle formule de la C1.

    Encore une fois, je ne dis pas que la CdL n'a pas eu d'influence, mais je ne crois pas trop à la réhabilitation miraculeuse de la C1 avec des Lyon-OM tous les ans en finale suite à la suppression de la coupe Moustache, il y a toute une série d'autres facteurs qui ne disparaîtront pas forcément. J'en reviens toujours à mon exemple mais ce n'est pas l'existence de la CdL qui a poussé Monaco à jouer sa dernière demi-finale de CdF avec une équipe bis, mais bien l'impossibilité pour un club sans effectif monstrueux (càd, en France, tous sauf l'OL) de jouer sur plusieurs tableaux...

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 10/03/2009 à 13h02
    Juste pour dire que la suppression de la CL, ce serait cinq dates de moins et que contrairement à ce que j'ai lu ici et là, cinq dates de moins dans un calendrier aussi encombré, c'est énorme. C'est trois semaines de trêve hivernale, par exemple, ou des plages de récupération précieuses pour les effectifs. Et un "tableau" de moins pour les équipes qui ont du mal à jouer sur plusieurs...

    Sans faire l'exégèse des stats ni subir trop de sophismes, on peut quand même raisonnablement penser que la disparition d'un trophée sur trois raviverait l'envie de gagner la Coupe de France, redevenue unique dans tous les sens du terme.

  • Pierre Des Loges le 10/03/2009 à 13h44
    Gigodanho
    mardi 10 mars 2009 - 13h02
    Juste pour dire que la suppression de la CL, ce serait cinq dates de moins et que contrairement à ce que j'ai lu ici et là, cinq dates de moins dans un calendrier aussi encombré, c'est énorme. C'est trois semaines de trêve hivernale, par exemple, ou des plages de récupération précieuses pour les effectifs. Et un "tableau" de moins pour les équipes qui ont du mal à jouer sur plusieurs...
    -----------------------------------------------------

    Le passage de la ligue 1 à 18 clubs, c'est aussi 4 dates de moins, et c'est pendant cette période que le foot français a été le moins performant, en CdF comme en coupe d'Europe. Mais je pense que la réduction à 18 clubs a eu aussi beaucoup d'effets néfastes (luttes plus apres pour le maintien et les places de têtes entre autres) que de libérer 4 dates.



    Sans faire l'exégèse des stats ni subir trop de sophismes, on peut quand même raisonnablement penser que la disparition d'un trophée sur trois raviverait l'envie de gagner la Coupe de France, redevenue unique dans tous les sens du terme.
    ------------------------------------------------------
    D'abord, je n'ai rien contre la suppression de la Coupe de la Ligue, qui donnerait plus d'intérêt aux luttes dans le championnat pour les places européennes d'un part, allégerait le calendrier d'autre part.

    Je me bats contre deux idées reçues:
    1) Les clubs vainqueur de la CdL serait moins performants en coupe d'Europe que les clubs qualifiés en championnat
    => Faux, ils ont tous au moins passé deux tours, voire les phases de poules. J'ai même envie de dire que la CdL a permis à des clubs ayant raté leur championnat (Bordeaux, PSG, Lens) de participer quand même à une coupe d'Europe.
    2) La coupe de la ligue serait à la cause des performances des clubs amateurs en CdF
    => Faux, on pourrait plus relier cela à la focalisation des grosses équipes sur l'Europe ou le championnat, associé à l'arrêt Bosman qui affaiblit les équipes-types et surtout les bancs de touche, contraignant les équipes engagées sur plusieurs tableaux à faire des impasses plus visibles...

    Maintenant, ce que tu dis n'est pas faux, une seule coupe serait plus attractive que deux. Mais est-ce que Laurent Blanc aurait mis son équipe-type face à Saint-Etienne sans la CdL? J'en doute car il a fait tourner dans les deux compétitions. Et je ne pense pas que les scores des matchs de CdF des éditions précédentes auraient changé en l'absence de CdL.

  • José-Mickaël le 10/03/2009 à 13h54
    Qui me crame ce troll?
    mardi 10 mars 2009 - 09h33
    > Ensuite arrive l'arrêt Bosman :

    Comment expliques-tu que chez nos voisins la coupe n'a pas diminué de niveau ?

    De plus, en quoi l'arrêt Bosman pourrait avoir une répercussion sur le niveau de la coupe ? En resserrant les divisions inférieures ? Il n'y a pas de resserrement D1-D2.

    > surtout sachant que la France est l'un des pays qui a le plus souffert de cet arrêt au contraire de l'Allemagne dont les joueurs restent en général plus facilement en Bundesliga.

    Ah, bonne remarque ! Je vais faire la comparaison avec la coupe du Portugal, on va voir...

    > Enfin les statistiques on peut donner des niveaux de confiance dans le calcul des moyennes. Les "on constate" et "ça se voit" ne suffisent pas.

    Quand tu vois d'un côté 1 club amateur en 14 ans, et de l'autre 12 clubs amateur en 14 ans, tu ne constates rien ? Attention, je parle d'observations, pas d'impressions comme certains ici.

    Pierre Des Loges
    mardi 10 mars 2009 - 11h27
    > [...]

    Comment expliques-tu que les cas que tu présentes ne se produisaient pas avant 1995 ? Il n'y avait pas d'entraîneurs de coupe dans les clubs de division inférieure de l'époque ? Il n'y avait pas d'équipes de coupe ? Le tirage au sort n'était-il pas intégral également ? Tous les facteurs que tu invoques existaient autrefois (un gardien qui arrête les tirs aux buts --> Joël Bats, un entraîneur de coupe --> Guy Roux, etc.)

    Toutes tes explications, je n'ai rien à en redire. Et elles ne prouvent rien. Car ce qu'il faut comprendre, c'est pourquoi toutes ces choses là ne se produisait presque jamais autrefois. Pourquoi avec un entraîneur de coupe les petits n'allaient pas aussi loin, pourquoi ils ne profitaient pas autant des irrégularités des grosses équipes, etc.

    Jean-Noël Perrin
    mardi 10 mars 2009 - 12h14
    > je ne crois pas trop à la réhabilitation miraculeuse de la C1 avec des Lyon-OM tous les ans en finale suite à la suppression de la coupe Moustache, il y a toute une série d'autres facteurs qui ne disparaîtront pas forcément.

    C'est bien possible. A mon avis, en effet, ce ne sera plus comme avant, il va falloir changer les mentalités et ça prendra du temps : la coupe de France a tellement perdu son prestige depuis 1995 qu'il faudra des années avant que les équipes de l'élite la prennent au sérieux comme avant.

    > J'en reviens toujours à mon exemple mais ce n'est pas l'existence de la CdL qui a poussé Monaco à jouer sa dernière demi-finale de CdF avec une équipe bis, mais bien l'impossibilité pour un club sans effectif monstrueux (càd, en France, tous sauf l'OL) de jouer sur plusieurs tableaux...

    Impossibilité qui est liée à l'existence d'une coupe superflue.

    -----------------
    Bon, voyons les finales au Portugal, pays qui comme la France a souffert de l'arrêt Bosman.

    1999-00 : 16 + 13 = 29
    2000-01 : 2 + 1 = 3
    2001-02 : 2 + 11 = 13
    2002-03 : 1 + 38 = 39
    2003-04 : 1 + 5 = 6
    --> 18,0
    2004-05 : 2 + 1 = 3
    2005-06 : 10 + 2 = 12
    2006-07 : 1 + 8 = 9
    2007-08 : 2 + 5 = 7
    2008-09 : 2 + 1 = 3
    --> 6,8
    Sur dix ans : 12,4

    1983-84 : 2 + 9 = 11
    1984-85 : 3 + 1 = 4
    1985-86 : 2 + 8 = 10
    1986-87 : 1 + 4 = 5
    1987-88 : 1 + 14 = 15
    --> 9,0
    1988-89 : 7 + 1 = 8
    1989-90 : 13 + 19 = 32
    1990-91 : 2 + 6 = 8
    1991-92 : 3 + 1 = 4
    1992-93 : 2 + 4 = 6
    --> 11,6
    Sur dix ans : 10,3

    Conclusion : Pas de baisse significative (juste 12,4 à 10,3) entre ces deux périodes (l'une avant Bosman, l'autre après). Rien à voir avec ce qui se passe en France où l'indice fait plus que doubler.

    -----------------
    Hypothèse : « la période de domination lyonnaise, jusqu'à il y a un ou deux ans, n'a rien changé au fait que le championnat est resté hyper-serré pour les 19 autres équipes. On a fréquemment constaté des outsiders sur le podium (Lens, Auxerre, Lille ou Toulouse), des équipes surprises passant une partie du championnat en tête (Guingamp avec Drogba et Malouda, le Nice de Rohr emmené par Diawara). »

    En quoi ça va faire baisser le niveau de la coupe de France ? Mais bon, vérifions ça. Il y a deux choses à tester :

    1) Le resserrement de la L1, qui se mesure en calculant l'écart-type du nombre de points.
    2) Le "yoyo" des équipes de tête. On va le mesurer en prenant les équipes classées 2è-3è-4è-5è et en notant leur classement l'année suivante.

    1) Écarts-types du nombre de points (il est grand quand les équipes sont très dispersées - classement en relief très étiré - et petit lorsque les équipes sont tassées - classement en relief ramassé). Je n'ai pas le temps de faire mieux que sur un quinquennat donc j'ai comparé les quinquennats de la domination marseillaise avec celui du début de la domination lyonnaise (« jusqu'à il y a un ou deux ans »). Remarque : j'ai compté la victoire à deux points. Quand le championnat est à 18 clubs, j'ai multiplié par 20/18 pour compenser (en 2001-02).

    1988-89 : 9,18
    1989-90 : 6,43
    1990-91 : 6,52
    1991-92 : 7,92
    1992-93 : 8,56
    --> écart-type moyen : 7,72
    2001-02 : 7,64
    2002-03 : 7,87
    2003-04 : 8,95
    2004-05 : 6,80
    2005-06 : 8,86
    --> écart-type moyen : 8,02

    Il n'y a pas eu de resserrement : la dispersion des points oscille autour d'une valeur moyenne qui est la même aux deux époques (à un poil près).

    2) Voyons le yoyo. J'indique ici, pour chaque année, le classement moyen qu'auront la saison suivante les équipes classées 2è-3è-4è-5è.

    1988-89 : 4,5
    1989-90 : 9,75
    1990-91 : 10,25
    1991-92 : 5,5
    1992-93 : 4,75
    --> moyenne : 6,95
    2001-02 : 9,75
    2002-03 : 6,75
    2003-04 : 7,5
    2004-05 : 6,25
    2005-06 : 5,75
    --> moyenne : 7,2

    Le yoyo est identique (à un cheveux près). Les clubs de tête du début de la domination lyonnaise n'étaient pas plus irréguliers que du temps de la domination marseillaise.

  • José-Mickaël le 10/03/2009 à 14h11
    Je fais un résumé des observations...

    -----------------------------------

    1) Le niveau de la coupe de France a été évalué par deux indicateurs.

    Indicateur 1 : l'indice de la finale, calculé en additionnant les classement des deux finalistes (l'indice le plus petit est 1+2=3 et correspond à la finale la plus relevée qui soit : le 1er contre le 2è).

    Indicateur 2 : le nombre de clubs "amateurs" atteignant les 1/4. On appelle "club amateur" un club classé dans les 60 premiers. En effet, l'organisation des divisions inférieures a plusieurs fois changé. Aujourd'hui, "amateur" correspond à une division située en-dessous du National. Dans les années 1980, il y avait deux groupes de D2, donc "amateur" correspond à en-dessous de la D2. À une époque, il y avait un seul groupe de D2 et deux groupes de Nationale 1, dans ce cas les clubs de deuxième moitié de leur groupe de Nationale 1 sont classés "amateur".

    On observe que :
    a - L'indice de la finale ne varie pas avant 1995.
    b - L'indice de la finale est nettement plus élevé après 1995 qu'avant 1995 (plus du double).
    c - L'indice de la finale décroît lentement après 1995, après une période où il est élevé, mais tout en restant toujours nettement plus élevé qu'avant 1995.
    d - Durant la période 1980-1994 seul 1 club amateur parvient en 1/4 en 14 saisons.
    e - Durant la période 1995-2008, 12 clubs amateurs parviennent en 1/4 en 14 saisons.

    Conclusion : il y a une corrélation très marquée entre le niveau de la coupe de France (selon ces deux indicateurs) et l'année 1995. Notons que le changement est brutal, ce n'est pas une tendance progressive.

    2) La baisse du niveau de la coupe n'a pas été observée en Allemagne, Angleterre, Italie et Portugal (mesurée par l'indice de la finale). On observe que :
    a - Le niveau de la coupe en Italie est sensiblement plus élevé qu'ailleurs, cela étant dû probablement au fait qu'elle se joue en matchs aller/retour après une phase de poule. Ca n'a pas d'importance puisqu'on s'intéresse à l'évolution du niveau : a-t-il baissé ou non.
    b - Durant la période 1984-1993, le niveau de la coupe de France est similaire à celui de la coupe d'Angleterre et d'Allemagne.
    c - Durant la période 1999-2008, le niveau de la coupe de France est nettement plus faible que celui de l'Angleterre et de l'Allemagne (et a fortiori de l'Italie).
    d - En Angleterre, Allemagne, Italie et Portugal, l'indice de la finale n'évolue pas durant les deux périodes, au contraire de l'indice français qui évolue fortement (l'indice fait plus que doubler).

    Conclusion : la baisse du niveau de la coupe de France est une spécifité française, sa cause n'est pas européenne.

    3) Quelles sont les causes françaises possibles ?
    a - La suppression des matchs aller/retour ? On observe que la baisse de niveau de la coupe de France n'est pas corrélée avec la suppression des matchs aller/retour, et ce avec aucun des deux indicateurs.
    b - Un resserrement des valeurs des divisions inférieures ? Si la D2 est devenue "presque aussi forte" que la D1, il est normal que les clubs de D1 se fassent plus souvent éliminer par des clubs de D2. Or il n'y a pas eu de resserrement D2-D1 depuis trente ans (mesuré par l'indicateur suivant : le classement moyen des promus). Un tel resserrement ne peut donc pas être invoqué pour expliquer la baisse du niveau de la coupe de France.
    c - Un resserrement au sein de la D1 ? Un tel resserrement correspondrait à un affaiblissement relatif des équipes de tête (et un renforcement relatif des équipes de bas de tableaux) qui pourrait expliquer que celles-ci ne tiennent pas leur rang en coupe. Or l'écart-type du nombre de points montre que la dispersion du classement était la même sur le quiquennat 2001-2006 que sur le quinquennat 1988-93), preuve que les différences de valeur étaient les mêmes.
    d - L'irrégularité des clubs de haut de tableau (derrière Lyon) ? Si les meilleurs clubs (derrière Lyon) sont irréguliers d'une saison à l'autre, c'est un indice qu'ils ne sont pas aussi forts qu'autrefois, ce qui pourrait expliquer les surprises. Or il n'y a pas plus d'irrégularité en 2001-2006 qu'en 1988-93 (mesurée par le classement moyen, l'année suivante, des équipes ayant fini 2è-3è-4è-5è).

    Conclusion : alors que le niveau de la coupe de France était similaire à celui de nos voisins, il s'est produit quelque chose en 1995 qui a causé une brusque baisse de niveau. La cause n'est pas européenne, elle est spécifiquement française et ce n'est ni un resserrement des valeurs ni la suppression des matchs aller/retour. Alors quelle peut bien être cette cause ?

  • Pierre Des Loges le 10/03/2009 à 14h13
    José-Mickaël:

    1) La différence entre avant et après, je l'explique d'une manière toute simple. Des clubs qui font tourner en coupe de France, ça a toujours existé. Et pour sortir la réserve du PSG en 1994 ou de l'OM en 1993, il fallait une grosse équipe de D1. De nos jours, Rodez ou Carquefou suffisent. Car un joueur qui ne s'impose pas en ligue 1 (pas que les stars) peut aussi facilement partir à l'étranger, il n'y a pas que les équipes-types affectées par l'arrêt Bosman, même le remplaçant du remplaçant peut être tenté d'aller en Belgique ou au Portugal.

    2) Depuis 1993, les clubs Français disputent en moyenne plus de matchs de coupe d'Europe qu'avant. Et beaucoup plus d'équipes passent l'hiver en coupe d'Europe (5 en 2008/2009 contre 1 en 1991/1992). Or c'est après la trêve que débute la CdF.

    3) Comme le disait Kim, quelle est la barre d'erreur dans tes calculs? Quel est l'écart entre une huitième place et une deuxième place pour les finalistes? 1 but, 3 points, 10 points? Et est-ce que le classement de Strasbourg ou de Lorient était vraiment représentatif de leur valeur sur les matchs retours sachant que ces clubs ont changé de coachs à la trêve?

    Bref, ce qui me chagrine un peu, c'est que tu t'acharnes depuis des heures sur des calculs, et que je préfère me focaliser sur ma mémoire. Je me rappelle d'impasses très claires de clubs braqués sur le championnat ou sur l'Europe. Mais pas de cas de clubs qui préférait la coupe machin à la coupe historique. Laurent Blanc a par exemple aligné cette année la même équipe réserve en CdL qu'en CdF. Et à mon souvenir, les gros ont souvent fait l'impasse sur les deux, sauf quand ils étaient vriament proches de gagner l'une d'entre elle.

  • José-Mickaël le 10/03/2009 à 14h27
    Une dernière chose...

    Je me suis demandé, soudain, si l'écart-type n'avait pas la propriété de donner toujours des valeurs proches. Un peu comme la moyenne qui donnera toujours, forcément, 38 points (en comptant la victoire à 2 points). Si tel était le cas, ça affaiblirait l'observation que l'écart au sein de la D1 n'a pas changé.

    Or je viens de regarder les cinq dernières saisons anglaises, que je soupçonnais de donner un fort écart-type. Eh bien c'est le cas !
    03-04 : 9,7
    04-05 : 10,6
    05-06 : 11,9
    06-07 : 10,5
    07-08 : 12,9
    --> moyenne = 11,1.

    L'écart-type est donc un indicateur parlant. Il montre bien, par exemple, la différence de dispersion entre le championnat d'Angleterre (où les forts sont très forts et les faibles, très faibles) et le championnat de France (plus resserré). Par contre, il ne montre aucune dispersion entre la période marseillaise et la période début-lyonnaise (7,0 et 7,2 c'est pareil).

  • José-Mickaël le 10/03/2009 à 14h40
    Pierre Des Loges
    mardi 10 mars 2009 - 14h13
    > 1) La différence entre avant et après, je l'explique d'une manière toute simple. [...]

    Cette explication n'explique pas pourquoi, au Portugal (pays qui a souffert comme la France de l'arrêt Bosman), la coupe ne baisse pas de niveau.

    De plus l'arrêt Bosman a eu des répercussions progressives. Tout le monde n'est pas parti en 1996. En 2000, Barthez et Trezeguet étaient encore à Monaco. D'ailleurs les clubs français sont restés compétitifs en coupe d'Europe jusqu'en 1999 : après l'arrêt Bosman, PSG fait une finale de C2 et Monaco une 1/2 de C3 (1997), Monaco fait une 1/2 de C1 (1998), Marseille fait une finale de C3 (1999), Lens une 1/2 de C3 (2000). C'était encore de grosses équipes.

    > 2) Depuis 1993, les clubs Français disputent en moyenne plus de matchs de coupe d'Europe qu'avant. Et beaucoup plus d'équipes passent l'hiver en coupe d'Europe (5 en 2008/2009 contre 1 en 1991/1992). Or c'est après la trêve que débute la CdF.

    Pas depuis 1993, depuis la fin des années 1990. La France avait deux clubs en C3 au milieu des années 1980 mais dès le début des 1990s elle en a trois (elle en aura quatre après 1993 effectivement). Tout ça s'est fait progressivement, pas brusquement en 1995.

    > 3) Comme le disait Kim, quelle est la barre d'erreur dans tes calculs? Quel est l'écart entre une huitième place et une deuxième place pour les finalistes? 1 but, 3 points, 10 points? Et est-ce que le classement de Strasbourg ou de Lorient était vraiment représentatif de leur valeur sur les matchs retours sachant que ces clubs ont changé de coachs à la trêve?

    Je trouve exagéré ce genre de réflexion. Moi, au moins, j'essaie de vérifier certaines affirmations dans le vague. Plus haut, quelqu'un me disait que la baisse de niveau des coupes, j'aurais pu la constaté dans les autres pays. Eh bien j'ai vérifié ! La barre d'erreur est sûrement plus fiable qu'affirmer sans vérifier. De plus, que Strasbourg et Lorient aient un meilleur classement sur les matchs retour que sur les matchs aller correspond à deux cas, or j'ai pris en compte l'ensembles de cas sur plusieurs années, ce qui lisse les cas particuliers. D'ailleurs des clubs meilleures en 2è partie de championnat qu'en 1ère, ça a toujours existé.

    > Bref, ce qui me chagrine un peu, c'est que tu t'acharnes depuis des heures sur des calculs, et que je préfère me focaliser sur ma mémoire.

    La mémoire est trompeuse. Je trouve très intéressant d'avoir constaté que, réellement, le niveau de la coupe de France a baissé contrairement à celles de nos voisins (contrairement à ce qu'on m'avait dit). Là on a des faits établis, pas des impressions du passé. Personnellement, j'ai appris pas mal de choses en regardant ça de plus près (par exemple, le fait que la suppression des matcs aller/retour n'a pas eu d'influence, je ne m'y attendais pas, je pensais que ça avait été un facteur aggravant).

    > Je me rappelle d'impasses très claires de clubs braqués sur le championnat ou sur l'Europe. Mais pas de cas de clubs qui préférait la coupe machin à la coupe historique.

    L'influence de la coupe machin sur la coupe de France n'est évidemment pas aussi triviale que ça ! C'est par exemple le fait que ça bouffe le calendrier, obligeant la coupe de France à commencer tôt en janvier (pour la D1) quand les clubs n'ont pas repris. C'est le fait qu'il y a deux fois plus de matchs couperets (en moyenne), donc deux fois plus de chances de subir une surprise. Etc.

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