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"3 zéro" tire à côté

On nous annonçait un brûlot, ou tout du moins une satire, et c’est en fait une gentille comédie qui chatouille le foot-biz avec modération. Précédé d’une écrasante campagne publicitaire, "3 zéros" trouvera forcément son public, mais irrite par une approche commerciale un peu trop calculée.
Auteur : Eugène Santa le 23 Avr 2002

 

Ça commence dans une prison et ça finit dans un bar : pour parler foot-biz, Onteniente a pris la tangente et décidé de raconter l’histoire de deux anonymes pas très futés qui se frottent (et se piquent) aux sphères professionnelles du ballon rond. Répondant à une stratégie marketing particulièrement élaborée et s’appuyant sur un scénario paresseux, le film tourne un peu à vide, malgré une distribution magistrale, d’excellents dialogues et une vision parfois acérée sur la profession.

De Fresnes au Camp des loges
"3 zéros" est donc le récit de l’ascension d’un jeune joueur de foot talentueux et d’origine hongroise, Tibor Kovacs (Lorant Deutch), depuis le club de son établissement pénitentiaire jusqu’au PSG. Aidé dès sa sortie de prison par son ex-compagnon de cellule (Samuel Le Bihan) qui ambitionne de devenir agent, ceux-ci découvrent petit à petit, au gré de leurs pérégrinations, les mœurs dissolues d’une population footbalistique pas toujours reluisante, entre président dilettante (Wladimir Yordanoff), agents troubles (Gérard Darmon et Serge Riaboukine), joueurs capricieux (Stomy Bugsy) et blondes faciles (Axelle Laffont et Cathy Guetta, entre autres). Au milieu de cette foule de rapaces, un agent intègre, Alain Colonna (Gérard Lanvin), donne un coup de main à notre duo de paumés tout en jouant les revanchards.

En parallèle, une véritable histoire dans l’histoire voit la sœur dudit Colonna diriger une équipe de foot féminine dans la grande banlieue parisienne. Autant dire que cette partie du scénario, digne d’un téléfilm de France Télévisions (caricatures et compagnie), n’est présente dans le récit que pour atteindre le minimum syndical de l’heure et demi de pellicule, montrer quelques filles à poil (mais épilées) sous la douche et surtout démontrer dans une conclusion finale d’une niaise morale que les "vrais gens" sont bien évidemment les plus sympathiques.

En panne d’originalité
Cette dernière observation ne constitue d’ailleurs pas un détail : cette naïveté (volontaire) est assez spécifique du travail d’Onteniente, puisque ce symptôme était déjà présent dans Jet-Set, son précédent film. Car s’il est une chose qui paraît évidente au regard de "3 zéros", c’est la similitude parfaite entre le scénario des deux films: l’histoire débute avec deux gentils loosers qui aspirent à intégrer un monde qui les fait fantasmer. Dans "Jet-Set", Bruno Solo et Samuel Le Bihan (déjà) rêvaient d’intégrer le fabuleux univers des mondains énervants, dans 3 zéros, c’est celui du foot pro. Dans l’un comme dans l’autre, l’un des deux parvient finalement à son but (Le Bihan dans "Jet Set", Deutch dans "3 zéros"), aidé dans sa tâche par un initiateur (Lambert Wilson hier, Gérard Lanvin aujourd’hui) laissant son acolyte malheureux au bord de la route. Mais comme, sur la planète d’Onteniente, tout est bien qui finit (toujours) bien, tout le monde se retrouve finalement dans un happy-end bien convenu.

Footballistiquement parlant, ce scénario ressemble furieusement à la saison des Girondins: un schéma tactique immuable et payant il y a quelques années, mais dont la répétition finit par ne plus surprendre ni les acteurs ni les spectateurs.

Et le foot-biz dans tout ça ?
Il va bien merci. Et c’est d’ailleurs ici que le film d’Onteniente trouve un peu d’intérêt. Les personnages sont bien sûrs caricaturaux, mais on ne peut faire ce reproche à une comédie. D’autant plus que les "héros" de ce film ne le sont finalement pas tant que ça par rapport à la réalité. L’attaquant du PSG par exemple, incarné par Stomy Bugsy et prénommé Mickaël Sylvain fait naturellement et instinctivement penser à Nicolas Anelka, bien que le réalisateur et l’acteur se défendent de la comparaison: un brin capricieux, croulant sous les propositions publicitaires et négociant les termes (financiers) de son contrat dans les moindres détails.

Les petits à-côtés de la vie de footballeur sont également croqués avec justesse: Tibor Kovacs découvre ainsi avec étonnement que les joueurs sont logés ensemble dans un même quartier; une soirée strass et paillettes, organisée par un sponsor (on y reviendra), permet à tout ce beau monde de faire la fête en compagnie de mannequins et de stars diverses.
Mais là où le film tire le plus juste, c’est quand il dépeint les mœurs des agents de joueur: les coups-bas pour faire signer les joueurs, les manipulations pour influencer les dirigeants de club (au-delà d’une enveloppe, une simple K7 vidéo peut par exemple s’avérer particulièrement efficace…), le dilettantisme total dans le traitement des dossiers "secondaires" (comme ce joueur, envoyé à Martigues ou il fait toujours beau)…

Pour autant, Onteniente se laisse parfois aller à une certaine facilité. A vouloir trop en faire, il s’éparpille: le mariage arrangé entre le jeune joueur hongrois et une mama black, par exemple, semble anecdotique comparé au véritable trafic de faux-passeports constaté dans certains clubs. La démission finale du président du club, qui part dans une grande entreprise dont l’activité est sans rapport avec le ballon rond tombe comme un cheveu sur la soupe.

Surtout, cette critique du foot-biz reste très partielle est uniquement orientée vers un objectif principal: faire rire, ce qui, au demeurant, ne réussit que de façon sporadique. Les véritables enjeux, comme l’augmentation du nombre des matches et le dopage qui en découle, le rôle de la télévision ou la dérive financière des clubs (malgré une vague allusion dans la bouche du président du PSG : "Faîtes le signer, de toute façon, au point ou en sont nos finances…") sont totalement occultés au profit de situations truculentes mais finalement assez peu subversives. En épargnant la majorité des responsables du foot actuel (il se limite finalement aux agents), Onteniente ne nous surprend pas –3 zéros est tout de même une très grosse production de Canal Plus — mais nous trompe sur la marchandise: son film ne critique pas, il égratigne les "familles" du foot. Rien d’étonnant à ce que Laurent Perpère ne se soit pas opposé à ce qu’il se déroule au sein de son club.

Le prochain film d’Onteniente, c’est sur le matraquage publicitaire?
Railler le bizness par le bizness ?
Surtout, si le film entend critiquer le business, il n’en reste pas moins un produit purement commercial. En clair, Onteniente — et ses producteurs — ont choisi d’utiliser les mêmes armes que celles qu’ils sont censés dénoncer. Comment condamner le marketing dans le milieu du foot (Le président du PSG: "Nous avons recruté Mickaël Sylvain pour attirer les jeunes de banlieue, je ne tiens pas à ce qu’il parte maintenant") quand on s’adonne soi-même à cette technique: car si le film sort le 24 avril sur les écrans, ce n’est pas dû au hasard, mais bien au fait que la Coupe du Monde de foot débute dans un peu plus d’un mois. Le réalisateur lui-même a reconnu avoir accéléré l’écriture du scénario pour bénéficier de l’effet Mondial. Quant au titre, il fait clairement référence au plus fédérateur des événements sportifs de toute l’histoire française: la victoire des Bleus en 98.

Dans le même registre, "3 zéros" prétend attaquer l’omniprésence publicitaire (Mickaël Sylvain –encore lui- cache le logo de ses chaussures car il n’a pas encore touché l’argent de son sponsor), mais ce film est à lui seul un spot pour une grande marque d’agroalimentaire, et se permet même de diffuser l’intégralité d’un faux clip pour une vraie barre chocolatée pendant deux bonnes minutes!

Enfin, le film a été précédé d’une campagne publicitaire proprement affolante (voir notre photo) et d’un battage médiatique permanent depuis maintenant une semaine. Il est par exemple impossible de voir une émission de télé sans Lorant Deutch (et sa fameuse imitation de Benoît Poelvorde), et l’équipe du film a participé à toutes les émissions sportives du marché. En termes de subversion, ce n’est pas vraiment ce qui se fait de mieux.


ASSISTANCE TECHNIQUE
"3 zéros" fait un habile mélange entre fiction et réalité. Les Cahiers du Football vous aident à différencier ce qui est envisageable de ce qui ne l’est pas:

Pas crédible
Le PSG possède dix points d’avance sur le deuxième et se qualifie pour la finale de la Ligue des Champions
Rolland Courbis signe des autographes dans une boulangerie d’Istanbul pendant deux heures
Raï est présent dans une soirée strass
Pascal Praud fait son travail de journaliste en assistant à une conférence de presse et en posant une question au Président du PSG

Crédible
Thierry Roland assiste à la même conférence de presse et fait tapisserie
Le Président du PSG ne connaît pas grand chose au football
Luis Fernandez fait rentrer un joueur hongrois inconnu en demi-finale de Coupe d’Europe contre le Barça


BRÉVIAIRE

désintéressement
Rolland Courbis a obtenu un intéressement si le film dépasse les 6 millions d’entrées. C’est une bonne raison de ne pas aller voir le film.

homonymie
Pourquoi le pourri de service du film est-il joué par Gérard Darmon?

nous aussi
Onteniente : "Je regrette de ne pas avoir filmé davantage la loge VIP du Parc pour montrer tout ce qui s’y passe, avec les Nagui, les Bruel qui font des ronds de jambe à Perpère" (Première).

Réactions

  • El mallorquin le 25/04/2002 à 05h33
    Je rajouterai un point :

    Crédible
    La coupe de cheveu de Lorant Deutch.

La revue des Cahiers du football