Honte aux Bleus
Jean-Patrick est triste et révolté. Il condamne sévèrement cette médiocre équipe de France et ses piètres victoires… ATTENTION: Cet article est une fiction, il s'inspire pourtant de journalistes existants. Si J-P Sacdefiel existait, soyez certains qu'il n'écrirait pas dans les Cahiers du foot.
Ah, elle est belle la victoire de l'équipe de France, cette équipe qui a dégénéré après un France-Bulgarie qui avait au moins la dignité d'une défaite qui se respecte, de celles qui restent dans l'histoire. Car en voilà une belle gloire de l'emporter en jouant avec une si méprisable efficacité. Cette équipe est même totalement dénuée de la malchance fatale qui fit la grandeur des Bleus, et voilà une presse bêlante qui se réjouit de cette honte suprême: nous gagnons comme des Allemands ou des Italiens!
Au prix de l'abandon de son football sophistiqué d'artistes idéalistes pour lesquels la victoire n'était qu'une vaine récompense, la sélection de la sinistre ère Jacquet-Lemerre a taillé dans le béton le bloc défensif dont elle est si fière, s'est donnée pour profession de "récupérer" les ballons dans un triste combat de rue, au lieu de créer les subtiles figures de sa littérature classique. Ces champions-là trahissent leur héritage, insultent Kopa, Platini et Cantona. Seul Youri Djorkaeff mérite notre clémence, car il préférera toujours tenter un dribble inutile mais tellement romantique plutôt que de donner une balle de but trop facile (il l'a confirmé lui-même au footard.net).
Quel amour avez-vous donc du football pour vous nourrir de titres aussi vilement conquis? Avez-vous oublié Glasgow, Séville et Bari? Supporters de peu de foi! Vous préférez cette équipe de salle de musculation qui s'enorgueillit d'un 10 tournicoteur et tricoteur vite maîtrisé par une honnête défense italienne, et dont le capitaine est l'affreux Deschamps, antithèse parfaite du beau jeu. Même L'Equipe a failli à sa mission, a lâchement abdiqué après la défaite de 98. Malgré quelques tentatives pour dénoncer les forfaitures d'un sélectionneur indigne de sa mission et déstabiliser l'insupportable sérénité des 22, ses rédacteurs ont cessé d'être les gardiens du blâme et repris le cantique de l'adoration.
Jérôme Bureau lui-même revient faire allégeance en couverture du journal, espérant qu'il y aura cette fois amnistie. Cette équipe de France prétentieuse sera justement punie dans un proche avenir. Elle sera d'abord condamnée à deux ans de matches amicaux insipides, puis des conflits naîtront dans le groupe à cause de quelques têtes enflées. Comme sa baraka insolente aura tourné, le prochain Mondial sera un fiasco. En comptant quatre bonnes années laborieuses de reconstruction, il faudra attendre l'horizon 2008 pour retrouver une sélection digne de ce nom.