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Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 % (avec pointes à 183 %), des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. La trève internationale vient de s’achever mais on continue à cuisiner les principaux caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Voir intro ici pour lire le reste moins bête.

Troisième partie de notre dossier sur les cadors de ce passionnant Championship :  Brighton et Wolves.

Avec, en gros bonus, un topo sur les hooligans ou hoolifans du cru. L’agression sur Chris Kirkland vendredi soir pendant le Sheffield Weds-Leeds United ayant partiellement relancé le débat outre-Manche sur the English disease, le hooliganisme, et l’efficacité des fameux FBO, les Football Banning Orders [1]. La violence liée au football a cela en commun avec les pulsions primaires du hool lambda que même enfouie, marginalisée ou refoulée, elle reste souvent à fleur de surface.

Brighton & Hove Albion, 8è, 18 points (+ 8)

C’est quoi ton surnom ? The Seagulls, The Albion.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Portsmouth, Southampton et surtout Crystal Palace (peut-être la rivalité la plus improbable et bizarre du foot anglais, fréquents incidents [2]).

Y’a des hools chez toi ? Il nous reste quelques solides vestiges, oui. Dans les Seventies et Eighties, on avait les Bosun Boys, du nom du pub où ces décervelés se réunissaient. Ça se fritait surtout avec les Londoniens, qui adoraient passer le week-end ici, surtout West Ham et Chelsea, mais tous en fait aimaient venir sur Brighton pour se dégourdir les poings.

Brighton sert de terre d’accueil pour agités depuis les Sixties. Des dizaines d’incidents en tout genre eurent lieu entre firms pendant les Seventies et les sombres Eighties : du classique saccage de boutiques/pubs aux bateaux incendiés, en passant par les attaques au couteau ou les batailles dérangées sur le front de mer. Fin des Eighties, une deuxième firm se monta, la West Street.

Aujourd’hui, plus de firm à proprement parlé, juste une poignée d’individus dangereux sans véritable leader. Il existerait une obscure firm (les Brighton Headhunters), peut-être plus ou moins liée à la fascisante English Defence League. Toutefois, selon les hooliologists (hooliologues) il ne s’agirait que d’un groupuscule très underground qui relèverait davantage du funeste folklore footballistique qu’autre chose (si tant que se faire agresser par une firm ni nomenclaturée et ni reconnue officiellement soit folklorique).

S’il n’existe pas véritablement de « problème hool » à Brighton, une poignée de dégénérés sévit toujours, en marge, via les fights (cf cette récente bagarre organisée qui a mal tourné – à la limite tant qu’ils s’étripent entre eux, ils ne font rien de mal, bien au contraire, qu’ils continuent).

Les pires violences de ces dernières années se déroulèrent en octobre 2004 dans le centre-ville de Brighton contre des supps de Leeds qui buvaient dans des pubs. Dix hools de Brighton écopèrent alors collectivement de plus de vingt ans de prison (individuellement, de quinze mois à trois ans, clip news). Il s’avèra que ces décérébrés n’étaient même pas supporter du club : ils voulaient simplement casser du visiteur.

En 2011, B & H Albion ne comptait que dix Interdits de stade (Cardiff City, 1er du classement IdS : 143 ; Leeds, 2è et Chelsea 3è).

C’est qui ton leader ? L’Uruguayen Gus Poyet, depuis novembre 2009.

Ça s’ bouscule pour t’ chouffer ? On se marche dessus : 25 643 de moyenne cette saison, plus forte affluence de D2.

T’as qui comme people chouffeurs ? Darren Tulett évidemment ; le musicos Norman Cook, aka Fatboy Slim, notre plus fidèle celebrity fan, il parle toujours de nous dans les médias ; Des Lynam, le plus connu des commentateurs foot anglais (avec John Motson), au micro depuis les Sixties (avec des pauses) ; Jamie Theakston, présentateur TV ; Jon Snow, journaliste TV très connu.

Oh, et Michael Fish (à gauche), présentateur météo réputé outre-Manche. Enfin, surtout réputé pour ses prévisions foireuses… Ce clip est devenu mythique en Angleterre. Un pronostic d’anthologie où, en octobre 1987, notre Fish, très sûr de lui, enjoignit calmement aux téléspectateurs de ne surtout pas s’inquiéter pour les vents prévus le lendemain (appels affolés au standard), qu’ils ne toucheraient principalement que l’Espagne et la France. Tout juste verrait-on quelques branches s’agiter dans le sud du pays.

Douze heures plus tard en Angleterre : la pire tempête depuis 1703 ! Aka The Great Storm of 1987 : des bourrasques mesurées à 216 km/h, 18 morts, 7 milliards £ de dégâts (chiffre actualisé) et plusieurs compagnies d’assurances qui firent faillite. Une bourde si légendaire qu’elle figura en bonne place dans la cérémonie d’ouverture des J.O de Londres cet été. Bref, si vous comptez visiter l’Angleterre, ne prenez pas vos infos météo chez Fish (il officie toujours).

Tu crèches où ? Au Falmer Stadium, communément appelé l’Amex (American Express), un superbe écrin niché dans les collines du West Sussex. Capacité : 27 350 places, portée à 31 000 bientôt, on aménage les virages.

Inauguré l’été 2011, l’Amex a coûté bonbon : 93M. On a juste eu un petit hic deux semaines avant l’ouverture : on s’est aperçu que notre mouette s’oubliait sur nos sièges, une blague d’un installateur apparemment (était-il de Crystal Palace ?). La honte internationale, on a vite revu notre design.

Tu crèchais pas dans une taule pourrie avant ? Ouais, on était miséreux et on squattait le Withdean, un stade d’athlétisme régulièrement donné parmi les pires stades anglais. Ça chouffait pas des masses, on attirait péniblement 7 000 spectateurs.

Et avant ça, de 1997 à 1999, on squattait chez les Gills de Gillingham (seul club pro du Kent), à 110 kms de Brighton, vu que notre propriétaire avait vendu notre stade. La misère grave, on finit avant-dernier de D4 en 1998, devant une poignée d’irréductibles. Après 14 ans de nomadisme, je te raconte pas notre joie d’élire domicile à l’Amex.

Ton billet le moins / plus cher ? 28 / 39 £

Et tes abonnements ? De 425 à 625 £

Tu t’ la pètes après 11 journées ? Non. On est ambitieux, c’est sûr, mais on sait d’où on vient alors on ne s’emballe pas : le club faillit descendre en D5 en 1998 (les Mouettes connurent brièvement l’élite de 1979 à 1983). Et après un excellent début de saison (5 victoires sur 7 matchs), on n’a engrangé que 2 points sur les 4 dernières rencontres, alors pas de quoi pavoiser. Défaite 1-0 chez nous contre Middlesbrough samedi.

T’as du caïd ? Assez pour faire une mini rubrique people sympa :

– l’international écossais Craig Mackail-Smith (ci-dessous), 28 ans, transferé de Peterborough à l’intersaison pour 3M. A inscrit 6 buts en 8 matchs et déjà auteur de chefs-d’oeuvre cette saison, dont un retourné acrobatique contre Burnley, à 58 sec. dans ce clip (son premier but n’est pas mal non plus). Compte 153 buts en 375 matchs pro, surtout D5 à D3.

– Vicente, 31 ans, ex Valencia FC Legend, 38 capes espagnoles

– David López, 30 ans, ex Osasuna et Athletic Bilbao

– Wayne Bridge, 32 ans, 36 capes anglaises, prêté par Man City

– Tomasz Kuszczak, ex portier de Man United

On a quelques Bad Boys aussi : George Barker, Anton Rodgers, 19 ans (fils de, Brendan) et Lewis Dunk, 20 ans. Un Dunk qui a bien fini dans le panier, mais à salades (en janvier dernier). Ce groupe de djeun’s est actuellement dans de sales draps. Le procès se tiendra en janvier 2013 (s’il a lieu). Dunk, 31 matchs l’an passé et qui intéressait Arsenal avant que l’affaire n’éclate, n’a pas été aligné cette saison (Rodgers et Barker sont à l’Academy).

Un Frenchie dans l’tas ? Un seul : l’ex Niortais et Gueugnonnais Romain Vincelot, 27 ans, défenseur polyvalent (aussi milieu), Mouette depuis juillet 2011. Onze matchs la saison passée mais aucun cette année, devrait être prêté ou vendu au mercato d’hiver, sauf rebondissement. N’entre plus dans les plans du Gus. D’ailleurs, il n’entre même plus sur la photo d’équipe, prise sans lui en août.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Oui, et un beau : l’Irlandais Gary Dicker. Gary l’Queutard quoi. Aussi Kazenga LuaLua, petit frère de l’ex Newcastle Legend Lomana. Pas hilarant mais sympa.

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? 2/7, gros risque d’hypogonadisme, à peine un tiers d’Anglais. C’est plutôt la Marcha Real qui ferait bander : Brighton compte cinq Espagnols.

T’es blindé ? Ça fluctue selon le mojo du propriétaire. Car on a un proprio-actionnaire majoritaire très atypique, à la barre depuis mai 2009 : Tony Bloom (à gauche), 42 ans dit « The Lizard », ex parieur et aujourd’hui joueur de poker professionnel.

Et Tony n’est pas un vulgaire Brolin des tapis verts, il ne mange pas les chips lui, il les encaisse : 8M £ depuis 1996 ! Ce flambeur a également déclaré que sa licence de mathématiques lui avait beaucoup servi pour réussir dans l’univers du pari et de l’aléatoire. Qu’attend donc l’éducation nationale pour promouvoir la mal-aimée en transformant les salles de cours en bookmakers et casinos ? Un peu d’imagination et d’audace, voyons.

Bloom, lifelong fan des Seagulls, a depuis profité de la bulle immobilière des Noughties pour faire fructifier ses gains. Les affaires ayant été fort juteuses, notre Lézard a bien dopé la Mouette : il a injecté 80M £ de sa poche dans la bête (prêts à taux zéro). Le revers de la médaille : les tarifs billet et abonnement, parmi les trois plus chers de D2 (avec Leeds et Ipswich). Oh, et la traditionnelle meat pie de mi-temps est aussi la plus chère du pays (avec Fulham) : 4 £. Ouch. A Accrington Stanley (D4), la pie ne coûte que 1,50 £.

Tu payes bien ? On ne sait pas trop, vu qu’on était en D3 en 2010-11 (chiffres 2011-12 non encore communiqués), la masse salariale doit dépasser les 12M.

Wolverhampton Wanderers, 5è, 19 points (+ 4)

C’est quoi ton surnom ? Les Wolves.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? West Bromwich Albion, Birmingham City et Aston Villa.

Y’a des hools chez toi ? Il nous reste une bonne phalange d’abrutis ouais mais sur les quatre principales firms de la période Sixties-Nineties (Temple Street Mafia, Bridge Boys, la notoire Subway Army et Yam Yam Army) seule la YYA semble avoir survécu. L’acteur Danny Dyer (Tommy dans The Football Factory) a rencontré leur ex leader Gilroy Shaw, aka Gilly, dans ce docu sur les firms des Midlands.

Shaw, comme beaucoup de ces anciens chefs de gang, s’est réinventé expert hool et a acquis une certaine notoriété médiatique dans ce qui est devenu une industrie en Angleterre. Il a notamment servi de hooliologue pour la TV et écrit ou collaboré (à) plusieurs livres, dont Running with a pack of Wolves et l’incontournable The A-Z of Britain’s Football Hooligan Gangs. Cette mini encyclopédie du hool de 1 100 pages est l’oeuvre d’un tandem improbable, l’activiste anti-fasciste Nick Lowles et l’ancien hool Toffee Andy Nicholls, LA star de la hooli-lit avec Cass Pennant, l’ex leader très médiatique de la notoire Inter City Firm de West Ham.

Les jeunes Yam Yam ont tristement repris la relève (à 2’40 dans le docu), la « concurrence » et les occasions de se friter ne manquant pas dans le coin : on compte une quinzaine de clubs professionnels dans un rayon de 50 kms (ce dont nous reparlerons dans le dernier volet avec l’actuel leader de la D2 en guest star, Leicester City). Et dans les Midlands, Wolves en impose, ici.

Et comme nous dit la voix off, si ces crétins ont besoin de conseils légaux, ils peuvent demander à Gilly : ce dernier étudie désormais la criminologie…

C’est qui ton leader ? Le Norvégien Ståle Solbakken, depuis mai 2012.

Ça s’ bouscule pour t’ chouffer ? Pas mal ouais, 21 889.

T’as qui comme people chouffeurs ? Voir liste.

Tu crèches où ? A Molineux, 31 500 places. Seul stade anglais avec un nom frenchie. Antre mythique (inaugurée en 1889) en phase d’agrandissement depuis deux ans.

Ton billet le moins / plus cher ? 24 / 30 £

Et tes abonnements ? De 389 à 540 £

Tu t’ la pètes après 11 journées ? Un peu plus depuis quelques semaines, car après un départ poussif, les sept derniers matchs ont produit 5 victoires et 2 défaites, dont une samedi contre Huddersfield, 2-1.

T’as du caïd ? Pas qu’un peu, vise-moi ça :

–  Jamie O’Hara, 26 ans, ex Tottenham (actuellement blessé, aucun match cette saison)

–  l’uber-Wag de Jamie, Danielle Lloyd

–  Roger Johnson, 29 ans, acheté 7M à Birmingham en 2011

–  Sylvan Ebanks-Blake, 26 ans, attaquant trop bon pour la D2 mais pas assez pour la PL, 5 buts en 11 matchs

–  la Wag de Roger, le mannequin Melissa Johnson (ci-dessous)

–  l’attaquant Kevin Doyle, international irlandais (52 capes, 12 buts) acheté 6,5M à reading en 2009

–  le teigneux et talentueux Stephen Hunt, international irlandais (39 capes)

–  le bulldozer et capitaine Karl Henry, milieu récupérateur de 29 ans

–  Jermaine Pennant, 29 ans, récent prêté de Stoke City. Ses caisses (ci-dessous) sont plus chromées que ses centres en ce moment

–  Jody Craddock, 37 ans, le seul joueur à ne jamais s’emmêler les pinceaux (voir plus bas)

Ton meilleur caïd étranger ever ? Nenad Milijas (2009-2012), milieu international serbe loué pour son pied gauche classieux et son talent pur. Considéré comme l’étranger le plus technique à avoir porté le maillot orange.

[ndlr : Milijas peut paraître un choix étrange vu qu’il fut très irrégulier – et pas toujours titulaire – mais c’est la sélection des supporters & journalistes Four Four Two. Peu d’ex bons joueurs Wolves non-britanniques ou irlandais ont laissé leur marque. Citons tout de même le mythique Nigérian Ade Akinbiyi, 16 buts en 37 matchs. Et l’Australien Kevin Muscat, 1997-2002, il a aussi laissé de belles marques, mais littéralement lui]

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Tomas Frankowski (2006-07). C’est Glenn Hoddle qui fit venir d’Elche cet international et ex Strasbourgeois polonais pour 1,4M en déclarant : « Tomas est la pièce manquante de notre puzzle ».

Ça devait être un puzzle lowcost car 17 matchs et 0 but plus tard, les supps le surnommait « The Pole without a goal ». Il fut refourgué au Chicago Fire, où il ne mit pas plus le feu : 2 pions en 17 matchs.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Hormis Ronald Zubar, oui : Jody Craddock, défenseur central. A 37 ans, l’ex Sunderland Legend effectue sa dixième saison au club. Elu Wolves’ player of the year 2009-2010.

Pas dégueu avec un pinceau, Craddock est artiste à ses heures perdues (et sacrément talentueux !).

peindre les

La spécialité de Craddock : les joueurs mimant le hamster en rut

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? Molle, 1/3. Effectif très exotique : entre autres, de l’Icelandais, du Togolais, du Malien, du Nigérian et beaucoup d’Irlandais.

Un Frenchie dans l’tas ? Trois même :

–  Steven Mouyokolo, défenseur central de 25 ans. N’a disputé qu’une poignée de matchs (blessures, les croisés), prêté à Sochaux. Toujours convalescent, on devrait le revoir d’ici quelques semaines (au moins en réserve)

–  Ronald Zubar, au club depuis trois ans. Se distingue par une alternance de matchs références et de boulettes références

–  Bakary Sako, l’ex Stéphanois fait grosse impression, des prestations de cador et 3 pions en 8 matchs, et quels buts ! (clips malheureusement introuvables sur le Net). Sa surpuissante frappe du gauche a déjà fait de lui un cult hero à Molineux

T’es blindé ? Plutôt ouais, on a même fait 9M de bénéfices sur la dernière année financière (une rareté dans le foot anglais). Mais on est prudent, on déteste les dettes.

Le club appartient au Scouser Steve Morgan (60 ans), sorte de mini Bouygues anglais. Morgan a bâti sa fortune – estimée à 400M £ – dans la construction et a même mis des billes dans Liverpool par le passé, ère David Moores. Il a injecté 30M dans le club depuis son rachat à Sir Jack Hayward en août 2007 pour… 10 £ ! (voir  bas d’article).

Tu payes bien ? Ça eut payé, quand on était en PL l’an dernier, 38M de masse salariale (pour 61M de chiffre d’affaires). Les cadors, tels Stephen Hunt, sont à 150 000 £/mois minimum. Pas mal de gros salaires ont giclé cependant, dont Steven Fletcher et Matt Jarvis.

Kevin Quigagne.

A suivre.

Prochaine journée de D2 : demain soir mardi, la 12è.

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[1] Interdictions de stade. L’agresseur de Chris Kirkland était, semble-t-il, sous le coup d’une IdS.

[2] De fait, nombre de supporters des deux clubs ne savent pas trop (ou ne comprennent pas) pourquoi ils se détestent tant les raisons sont obscures. Tout cela remonte à décembre 1976 quand les deux clubs jouaient les caïds en D3. Il était une fois un pénalty raté de Brighton lors d’un second replay de FA Cup qui déclencha…

Si le football anglais a dominé la scène européenne des Seventies aux Nineties, on ne peut pas en dire autant de ses maillots.

Le consensus est unanime : le pire maillot de football jamais créé est le Rodeo Fringe. Instantanément reconnaissable grâce à ses lanières en cuir, il fut porté par les éphémères Colorado Caribous en 1978. In-dé-trô-na-ble.

Mais ne nous gaussons pas trop. Des horreurs, il en eut aussi des wagons dans le football anglais, surtout au cours des Nineties, la décennie de tous les massacres. Partons pour une longue plongée dans le Hall of Shame du maillot anglais. Aujourd’hui, première partie : présentation de la Dirty Dozen, les Douze qui salopèrent le plus la tunique sacrée.

 

Radioscopie de l’horreur

1. Hull City 1992-déc. 93 (D3), maillot domicile

Réunion d’avant-saison entre les dirigeants de Hull et le designer, l’écossais Matchwinner.

Designer : « C’est comment déjà votre surnom ? »

Président du club : « Les Tigers »

Designer : « OK, merci, c’est tout ce je voulais savoir »

On n’ose imaginer ce que Matchwinner aurait produit pour Sheffield Wednesday (les Chouettes) ou Lorient. Un maillot en plumes ou en écailles ?

La mother and father de tous les maillots hideux, pondue par un designer en manque cruel d’inspiration et qui en profita pour faire exploser les limites du mauvais goût. On se croirait parti pour un safari en tenue camouflage.

Verdict TK : saisissant de laideur.

 

2. Scunthorpe United 1994-95 (D4), maillot extérieur

Encore un classique des années 90. Le coin Scunthorpe-Grimsby-Skegness peut s’enorgueillir d’un riche passé industriel mais aussi d’être une station balnéaire très fréquentée de la côte Est, un mini Blackpool hardcore en quelque sorte. Donc, barpapapa, fish ‘n’ chips à gogo, montagnes russes et manèges. Le sponsor, Pleasure Island, est le Shangri-La local, un gigantesque parc d’attraction.

On ignore où voulut en venir le designer (l’obscur Alan Ward Sports) avec cette stupéfiante création, mais on peut supputer qu’il tenta de recréer les couleurs chatoyantes et le flonflon de la fête foraine. Ça ou alors il consommait des champignons hallucinogènes par paniers.

Un nouvel écusson fut aussi introduit cette saison-là, suite à une compétition organisée dans les écoles de la ville. Le vainqueur : un emblème symbolisant les liens étroits entre Scunthorpe et l’industrie de l’acier. Un design à l’allure toute nord-coréenne. Si les amateurs d’art réaliste russe furent ravis, les supporters des Iron protestèrent, en vain. La triple combinaison Pleasure Island, couleurs Lounge d’aéroport soviétique et poing-barre de fer accouchèrent d’un résultat scotchant.

Verdict TK : médaille d’argent amplement méritée, pour l’ensemble de l’œuvre.

 

3. Coventry City 1981-83 (D1), maillot domicile

Jusqu’en 2006, Coventry était le Sochaux anglais, Peugeot y avait une usine. Afin de contourner les strictes régulations TV sur la taille du sponsor, le designer Talbot Sports opta pour un peu discret « T » à la gloire de la sous-marque (également sur le short…). Pas de chance pour les Sky Blues, la BBC et ITV ne tombèrent pas dans le panneau et décidèrent de ne plus diffuser Coventry (qui dut créer un design différent pour les matchs télévisés). Le légendaire Jimmy Hill (alors président du club) y tenait tellement à son Talbot qu’il essaya même de rebaptiser le club Coventry Talbot ! (fort heureusement, la FA le lui interdit).

Verdict TK : on imagine bien Pedretti le porter au volant de la 205.

 

4. Coventry City 1978-81 (D1), maillot extérieur

Toujours nos amis des Midlands, à l’imagination décidément fertile. Les pauvres, entre le maillot domicile (voir 3) et l’extérieur, c’est la totale. Un coup d’Admiral, qui eut la détestable idée de remplacer le traditionnel bleu clair du club par un immonde marron chocolat (qui a l’air de ravir Ian Wallace – photo). Les supporters adverses se régalèrent (chants douteux). Maillot devenu culte à Coventry depuis.

En 2008, pour marquer le 125è anniversaire de la création du club, l’équipe le porta lors de la dernière journée (défaite – relégation en D3 évitée d’un point). Le gros millier de ces maillots collectors mis en vente pour l’occasion partit comme des hot cakes.

Verdict TK : vive le chocolat.

 

5. Hull City jan. 1994-95 (D3), maillot domicile

Suite à une bataille judiciaire entre Hull et Matchwinner en 1993, le club changea de designer. Ouf, se dirent les supporters… Sauf que le nouveau concepteur (Pelada) conserva le même thème Safari. Apparemment, se justifia-t-il, la version 1992 avait été un succès commercial. Oh dear.

Un zoologue avisé notera cependant quelques différences. Le tigre a disparu, pour laisser place à un croisement hybride entre espèces en voie d’extinction. On devine du léopard, de la panthère, du tigre bengalais, saupoudré de puma argenté. Le designer avait-il bossé à Thoiry l’année précédente ? Pas impossible. Il se dit du côté de Hull que l’ex Tiger Bernard Mendy s’en servait comme descente de lit. Porté pendant une saison et demie, avant qu’on pige à Hull qu’il fallait vraiment arrêter de regarder Daktari en boucle.

Verdict TK : on aurait adoré voir Bernard Mendy le porter, mais on a eu Dean Windass et c’est pas mal non plus…

 

 

6. Norwich City 1992-94 (PL), maillot domicile

Ce chef d’œuvre, signé Ribero, est l’une des vedettes incontestées du Hall of Shame du maillot anglais.

Pour la saison inaugurale de Premier League, Norwich City fit très fort (il finira troisième) et les grands d’Europe se pressèrent à Carrow Road la saison suivante. Le Bayern Munich et l’Inter Milan, probablement hallucinés de jouer contre une équipe de paintball, se firent presque plumer dans le Norfolk. Un maillot saveur guano qui n’empêcha pas les Canaries de terrasser le Bayern à l’Olympiastadion (1-2), grâce à ce but très teuton de Jeremy Goss.

Le début des Nineties, c’est l’âge d’or de la diabolique mode paint fleck (petites touches de peinture). Les supporters des Canaries lui donnèrent le surnom moins artistique de « maillot caca d’oiseau ». Pour expliquer le procédé de fabrication, certains bardes locaux évoquèrent « un nuage de fous de Bassan qui auraient déféqué en masse sur des rouleaux de tissu ». Voir photo de Lee Sharpe bataillant parmi une volée de Canaries (Norwich-Man United de 1993). 

Verdict TK : au moins, Nantes n’a jamais connu pareille humiliation.

 

7. Wolves 1992-93 (D2), tenue domicile

L’un des maillots les plus abominables jamais produits. Le designer, le très éphémère (et ultra Wolves-centrique) Molineux, a carrément transposé les traces de pneus du circuit d’essai au tissu. Original, mais dangereux. A s’en décoller la rétine si on regarde de trop près. Le short est également couvert de traces de gomme noire et le pauvre loup de l’écusson se retrouve écrasé par un vilain dérapage incontrôlé.

Il n’y a guère que l’élégant col qui empêche cette monstruosité de figurer dans le Top Five. Même dans l’ère déjantée du design de l’époque, cet épouvantail indisposa et fut dûment rejeté par les supporters. On le retira au bout d’une saison et on entendit plus jamais parler de ce mystérieux designer Molineux (la tea-lady du club ?).

Verdict TK : annus horribilis pour Goodyear et les Wolves.

 

8. Huddersfield Town 1991-92 (D3), maillot extérieur

On croirait ce maillot issu d’une expérimentation malheureuse menée dans un laboratoire British Energy et dirigée par un allumé du spirographe. Sorte de croisement entre les délires d’un savant fou et une toile de tipi d’un mauvais western. Très caractéristique de son époque, le début des années 90, où on était persuadé de faire jazzy en surchargeant et massacrant le design (un style « graphique électrocardiogramme » qui fit bon nombre d’émules, sadly).

Ici, on a clairement essayé d’injecter du dynamisme avec des effets électrisants. Loin de galvaniser les foules, ces electric hoops ringardisent encore plus l’ensemble. Le col, très Last Chance Saloon, donne à penser que John Wayne va débarquer dans le vestiaire tous colts dégainés et canons fumants. Le sponsor-designer Gola ajoute à l’effet désespérado. Pourtant, cette atrocité se vendit comme des petits pains et devint tellement culte que le club remit en vente le Gola en début de saison 2010-2011.

Verdict TK : loin de donner la gola.

 

9. Arsenal 1991-93 (D1-PL), maillot extérieur

Un jaune banane pourrie, un bleu-noir délavé, des motifs triangulaires, des zigzags et lignes tous azimuts, une surcharge d’éléments, des effets de surimpression planants… aucun doute, nous sommes bien au début des Nineties. Le matériel (polyester) et les techniques d’impression se sont améliorés et les designers se la pètent.

Connu sous le nom de bruised banana shirt (maillot banane écrasée), cette abjection est un pur produit de l’époque, où toutes sortes d’expérimentations funestes furent tentées. On sortait des années 80 thatchériennes, tourmentées et matérialistes. Beaucoup de verrous inhibiteurs avaient sauté dans la société anglaise et on baignait en plein dans l’ère pré-bling bling (mantra de l’époque : « Greed is good – if you’ve got it, flaunt it » – « La cupidité, c’est bien. Si tu as de l’argent, montre-le »). Adidas travaillait pour Arsenal depuis 1986, mais en 1994, fatalement, les Gunners dirent basta et s’attachèrent les services de Nike.

Verdict TK : aurait largement pu faire sombrer Tony Adams dans l’alcoolisme (fort lucidement, il n’attendit pas Adidas pour ça).

 

10. Tottenham Hotspur mars 1992-94 (D1-PL), maillot third

Encore une victime de cette satanée évolution des techniques d’impression à la fin des Eighties. Si ce spécimen sort du lot, c’est évidemment pour la sinistre trouvaille d’Umbro : imprimer le nom du club en gros sur le maillot en lui donnant un effet décoiffant (style pare-soleil Gordini). Des fois que les mercenaires de passage ne se rappellent plus pour qui ils avaient signé… Ce maillot fut introduit pour la première fois à l’occasion d’un match de coupe d’Europe contre Feyenoord et fut même parfois préféré au change shirt (jaune).

1990-1992, c’est l’époque de la renaissance de l’élite anglaise (Premier League), des débuts de Sky et sa conquête planétaire. La rumeur courut que si le nouveau propriétaire du club, l’ambitieux mais peu subtil Alan Sugar, avait commissionné un tel maillot, c’est qu’il visait un marché et des contrées incapables de situer l’Angleterre (et encore moins Tottenham) sur une carte du football mondial. Une expérience désastreuse que Tony Sealy, historien du club, décrivit comme « parfaitement vulgaire ».

Verdict TK : un grand classique de la crise identitaire.

 

11. Stoke City 1996-97 (D2), maillot extérieur

Le sponsor (Broxap) jetant l’éponge précipitamment fin 1996, Asics prit la double casquette designer-partenaire dans l’urgence. Le responsable design confondit-il vitesse et précipitation ? Pourquoi, après la malheureuse expérience Spurs quatre ans plus tôt, persista-t-on sur la même voie ? Peut-on être fier de jouer pour les Potters ?

Des questions qui devraient assurément figurer au bac philosophie mais qui resteront à jamais sans réponse. Et cela vaut mieux ainsi. Design surréaliste, dans la même veine que le précédent (le # 10). Cependant, il arriva bien des années plus tard, donc ne peut bénéficier d’aucune circonstance atténuante. Clairement conçu par un stagiaire ivre, qui bidouillait avec un logiciel pouilleux en essayant laborieusement de reproduire un effet graffiti vu sur MTV.

Verdict TK : risible.

 

12. Brighton 1990-93 (D2 & D3), maillots extérieur

Les Seagulls durent porter ces infamies rosées pendant trois saisons (signées Spall et Ribero respectivement), l’une toute en ondulations psychédéliques, l’autre faisant penser à un massacre au couteau de boucher. Calvaire supplémentaire : ils endurèrent le nom de Nobo comme sponsor de 1986 à 1991. On comprend mieux leur détresse quand on sait que le très usité knob (prononcez nob) veut dire à la fois « connard » et « bite ». Sans parler des chants des supporters adverses, dont le célèbre « Does your boyfriend know you’re here ? » (Brighton est la ville la plus gay d’Angleterre). Le short est pire ; il est vendu sur les sites vintage avec la mention « Very rare crazy design shorts ». Un maillot vite surnommé chewit (mâche-le) pour son côté papier de bonbon acidulé.

Guère étonnant donc qu’en 1992 les Mouettes, déprimées, entamèrent une longue descente aux enfers, passant des sommets de la D2 en 1991 à l’avant dernière place de D4 en 1996. Avec entre temps, une énorme crise financière et une vente de leur stade qui les força à s’exiler deux ans à Gillingham, à 120 kilomètres de Brighton. Miraculeusement, ils ne descendirent pas en non-League (car à l’époque un seul club de D4 était relégué). Et tout ça (peut-être) à cause d’un maillot…

Verdict TK : Allo maman Nobo.

Kevin Quigagne.

Cette fois-ci, c’est la dernière, on est contraint et forcé de s’arrêter, à court de clubs. Wolverhampton Wanderers, deuxième volet, clôture donc cette unique série débutée le 9 juin, onze parties, presque 30 000 mots. On aurait préféré finir avec un club prestigieux, mais c’est pas nous qui avons inventé l’alphabet. En définitive, boucler la saison avec les Loups Vadrouilleurs tombe bien. Car comme dirait ce bon vieux Paul du fond de son cimetière marin, ce club a le vent en poulpe.

Voir introduction du bilan dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.), et voir à droite « Articles Récents » pour les autres épisodes. Par ailleurs, la Premier League a publié le 17 juin son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et celle de tous les matchs ici. Pour le guide complet des matchs d’intersaison des vingt clubs, voir cette liste et pour voir les tenues des vingt clubs de PL, c’est par ici que ça se passe.

Quelques nouvelles du foot anglais avant de se quitter…

L’immigration US vient de refuser l’entrée du territoire états-unien à un troisième joueur de Newcastle United (Yohan Cabaye, voir détails) dans le cadre de leur longue tournée nord-américaine, 20 000 kilomètres en dix jours (tout ça pour jouer contre Orlando et Columbus Crew). Ben, heureusement pour eux que Carroll est parti en janvier et Gazza n’est pas Ambassadeur du club, sinon, y’aurait pas eu grand monde dans l’avion Magpie.

Et dans ce monde un peu dingue et pas toujours above board (honnête) du foot anglais, Birmingham City n’est pas en reste. Le très controversé propriétaire, Carson Yeung, vient de nommer son fils Ryan au directoire, avec un rôle clé (ici). Le young Yeung a… dix-huit ans et suit « occasionnellement » les Blues. La Football League n’y trouve rien à redire, tout va bien. Aucun rapport bien sûr avec le daron qui passera devant un  tribunal de Hong-Kong le 11 août (blanchiment d’argent), où il risque quatorze ans de prison.

Et enfin, pour finir la saison TK en beauté, des nouvelles de notre chouchou à tous : l’ex Bianconero et Carlisle United Legend Vincent Péricard. Juste avant les vacances, tel un chien galeux, le malheureux attaquant fut lâchement abandonné par son club, Swindon Town (où décidément, rien ne va plus, non seulement les ex pensionnaires de la Premier League – saison 1993-94, 100 buts encaissés – descendent en D4 mais ils doivent se taper Paolo di Canio comme manager…). Vince est donc sans club, et cela n’a pas laissé indifférent les Potters. Tony Pulis est intraitable mais c’est un homme de cœur et quel formidable geste de sa part de reprendre celui qu’il n’avait pas voulu conserver en 2009, devez-vous penser. Sauf qu’il ne s’agit pas des Potiers de Stoke City mais des Attleborough Potters, grosse écurie de Pub League, un club de soiffards quoi, qui évoluent en Sunday League, l’équivalent anglais de la Corpo. A l’instar de ce petit club de Haute-Loire qui s’était renseigné sur Messi, les dirigeants du club hyper-amateur ont voulu recueillir l’ex taulard, via un courriel envoyé à la PFA, l’équivalent de l’UNFP, qui s’occupe des 600 et quelques joueurs sans club en Angleterre.

Dans cette lettre, un must-read publié sur le site du club (sous le titre : « Les Potters sur le point de recruter un ex joueur de la Juventus), le président du club se remémore les bons vieux chants à la gloire de Vincent que leurs supporters pourraient entonner et lui fait l’offre du siècle : un combo fish ‘n’ chips après chaque match au pub du coin et plus si affinités (chili con carne).

When your sat in row Z,
And the ball hits you head,
That’s Péricard…

Selon nos reporters sur place à l’Attleborough Arms, devant l’absence d’autres propositions, le Franco-Camerounais réfléchirait sérieusement à ce deal.

Oh, et le foot de club gallois, c’est pas encore ça. Bangor City s’est fait étriller 10-0 par le HJK Helsinki en tour préliminaire de Ligue Europe ce soir.

Sans transition, passons à nos p’tits Loups.

 

WOLVERHAMPTON WANDERERS suite et fin (17è, 40 points. G-A – 20 / 46 buts pour / 66 contre)

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Ne pas avoir peur de mater les plus petits que soi. Les Wolves ont épinglé d’impressionnants scalps à leur tableau de chasse (Chelsea, Liverpool, Man United, Man City, Sunderland) mais les Loups ont oublié de sortir les crocs face au petit gibier, pas normal tout ça. Et il faut absolument mieux débuter la saison, neuf défaites (et une seule victoire) sur les quatorze premiers matchs, ça fait pouilleux.

Maintenant qu’un bon arrière-central a été recruté, pour un montant record  du club (le régional de l’étape, Roger Johnson, 7M et 175 000 £ mensuels) il faudrait un ou deux latéraux, à gauche de préférence. Liam Ridgewell, le partenaire de Johnson à Birmingham City cette saison, intéresse Mick depuis pas mal de temps (ou, en second choix, l’arrière gauche de Hearts, Lee Wallace, jeune international écossais). Début juillet, Mick aurait courtisé Shane Long, l’attaquant irlandais de Reading, D2 (28 buts en 58 matchs cette saison) mais ce dernier atterrira certainement ailleurs, les prétendants ne manquant pas pour le marksman pour lequel les Royals veulent 10M, ici (West Brom, Newcastle, Liverpool, Sunderland, Everton, le Celtic et même le Bayern Munich le convoitent – enfin, le convoitaient, car ces différentes pistes se sont pas mal refroidies depuis deux semaines, seuls Everton et Newcastle semblent encore vaguement renifler autour).

Mais le véritable défi pour McCarthy cette année sera de réussir à associer le duo à 13M Steven Fletcher-Kevin Doyle, ce qui n’est que rarement arrivé cette saison (blessures, méforme, changement de dispositif).

La liste des 25, qui devra être remise à la Premier League début septembre, devrait ressembler à ça :

Gardiens : Hennessey, De Vries, Ikeme

Arrières centraux : Berra, Craddock, Johnson, Stearman

Latéraux : Elokobi, Foley, Zubar, un nouveau à recruter

Ailiers / milieux excentrés : Hammill, Hunt, Jarvis, Kightly

Milieux axiaux : Edwards, Guedioura, Henry, Milijas, O’Hara

Attaquants : Doyle, Ebanks-Blake, Fletcher, Ward

S’ajoutera à cette liste un joueur supplémentaire. Les joueurs suivants, considérés comme « fringe players » – périphériques – devraient être vendus ou prêtés : L. Griffiths, A. Keogh et S. Vokes. Le géant autrichien Stefan Maierhofer (2m02, attaquant), recruté été 2009 pour 2,7M de £ au Rapid Vienne et prêté à Duisburg (D2 allemande) toute cette saison, pourrait également décamper.

Les dernières rumeurs sur les mouvements en PL ici.

Ils ont repris le boulot quand ?

Lundi 4 juillet, et ils ont immédiatement filé en Irlande une semaine, patrie du manager et ex Gone Mick McCarthy (même s’il a grandi à Barnsley, lucky him). Six matchs amicaux au programme pour les Wolves, du 16 juillet au 6 août, contre le Real Zaragoza pour finir. Mais ça a un peu déraillé lors du premier match samedi dernier, défaite 2-1 contre des cheminots, les Railwaymen de Crewe Alexandra, D4 (Mick avait cependant aligné deux formations expérimentales, une chaque mi-temps). Voir les trois buts, superbes.

Une reprise très scientifique qui tranche d’ailleurs avec les années précédentes, le club ayant mis les entraînements de pré-saison au goût du jour. Il faut dire que le centre d’entraînement (et de formation) de Wolves, le Sir Jack Hayward Training Ground, est désormais l’un des plus modernes d’Angleterre, et contient même le seul laboratoire sportif du pays, ici (sorte de MilanLab).
On teste l'effet Zubar dans le Sleep Lab
Les experts en plein Test Zubar dans le Sleep Lab

Il se murmure que « Zubes » (Ronald Zubar) y servirait de cobaye, section « Recherche & Développement anti-boulettologie », similaire au révolutionnaire Centre International de Recherche en Cagade Nucléaire de Djimi-en-Traoré-les Bouletteux, voir ici. Le sports lab de Wolves sert notamment à mesurer la quantité de CO² rejeté par le public quand Zubes se déchire, et voir comment cette masse volumique considérable pourrait être recyclée au lieu d’installer des panneaux solaires sur le toit du stade. D’impressionnantes infrastructures que le club va encore étoffer, grâce à des travaux qui s’inscriront dans le cadre d’un vaste programme municipal de développement du quartier, en coopération avec le club.

« La science a remplacé la sueur », titre le Guardian au sujet de la reprise des Wolves, dans cet article intéressant sur la révolution hi-tech du club. Mick McCarthy et ses adjoints utilisent une batterie de systèmes GPS et autres logiciels permettant au staff de surveiller sur ordinateur les performances de chacun en temps réel. Les données sont instantanément analysées afin d’individualiser quasi immédiatement les programmes d’entraînement. Comme le raconte McCarthy dans l’article, il est loin le temps où les joueurs partaient pour de longs treks en campagne, se perdaient et devaient rentrer en stop !

Trucs bizarres / marrants

Incontournable, la collection de chants de supporters Wolves, bien fournie. Le site fanchants.com dénombre 239 chants Wolves (6è au classement, le premier est Man United avec 554 chants recensés ; et le dernier, Wigan, 31). Du classique When The Wolves Go Marching In (ici) au plus hardcore, sur ce bon Ronald par exemple :

He’s big,
He’s quick,
He’s got a 12 inch dick,
Zubar!
Zubar!

Marrant aussi l’arrosage de Mick McCarthy par George Elokobi en pleine interview BBC après la dernière journée (célébration du maintien) et le Camerounais qui s’interrompt : « Well deserved, well fuck…[ing] deserved… ». L’expression sur le visage de Mick vaut le coup d’oeil.

Les déclarations de Danny Murphy (Fulham) sur la dureté du jeu Wolves causèrent des remous (avec Karl Henry en guest-star) :

« Il y a des managers qui donnent à leurs joueurs pour simple consigne de stopper l’équipe adverse par tous les moyens, par exemple Stoke, Blackburn et Wolves. Le danger c’est que les joueurs sont tellement agressifs que les problèmes sont inévitables. »

Hmm, l’ange Murphy sait de quoi il parle, son bilan de l’année n’étant guère celui d’un peace-and-lover des prés carrés : 50 fautes et 8 cartons jaunes. Ce qui place l’ex Red au quinzième rang du combiné des joueurs les plus rentre-dedans (Kevin Davies de Bolton est largement premier, 115 fautes et 10 jaunes – le milieu Karl Henry étant preum’s à Wolves, 53 fautes, 8 jaunes, 1 rouge).

Les déclarations du manager, Mick McCarthy. Ce dernier est un pince-sans-rire souvent hilarant et ses déclarations pourraient aisément remporter la palme d’Or dans les festivaux d’auto-dérision (comme dirait Aly Cissokho), s’ils existaient. Comme celle-ci, superbement ironique, en réponse aux vives critiques sur le jeu dur des Wolves qui s’étaient abattues sur son équipe (à la Dirty Leeds de Don Revie), à 1’17 dans ce chouette clip résumé de la saison PL :

 « Ben, comme d’habitude, avant le match, j’ai demandé à mes gars de rentrer sur le terrain pour casser nos adversaires, quoi. Mais malheureusement, ils n’ont pas suivi mes consignes et ont pratiqué un jeu fluide comme pas possible et l’équipe adverse n’a pas vu le ballon pendant 45 minutes – du coup je me suis demandé « mais bordel, ils jouent à quoi mes joueurs ? » »

Le Manager

Mick McCarthy, en place depuis l’été 2006 (club alors en D2). L’Irlandais de Barnsley remplaça Glenn Hoddle (le dernier poste manageurial du grand ami des handicapés). L’équipe a bien consolidé les acquis de la saison précédente en PL et Mick a su redorer son blason, après plusieurs années de surplace en D2 et une expérience traumatisante à Sunderland en PL (2005-2006 et un misérable total de 15 points – remplacé par son vieil ennemi Roy Keane en mars 2006).

Juste après son limogeage, on pensait que McCarthy avait autant de chances de ré-entraîner une formation de Premier League que Ledley King d’aligner trois matchs de suite, son bilan étant catastrophique ; pire en fait, Mick était lanterne rouge de l’histoire de la PL : 37 matchs, 31 défaites, 2 victoires. Il fut nommé manager de Wolves en juillet 2006, et après trois saisons à rebâtir et désenvouter l’effectif marabouté par Hoddle et ses karmas douteux, il hissa de nouveau les Loups parmi l’élite.

In / Out (au 19 juillet)

In : D. de Vries (Swansea, gratuit), R. Johnson (Birmingham City, 7M), J. O’Hara (prêt de Tottenham depuis janvier, converti en achat, 5M)

Out : S. Malone (Bournemouth, prêt), S. Mouyokolo (Sochaux, prêt). A. Basso, J. Dunleavy, M. Hahnemann, D. Jones, A. Landell, N. Rooney (tous libérés)

Retours de prêt : D. Batth, D. Davis, A. Hemmings, A. Keogh, N. Mendez-Laing, S. Maierhofer, J. Reckford, S. Vokes, S. Winnall

Interrogé hier par le Birmingham Mail sur les rumeurs envoyant « Doyler » (Kevin Doyle) un peu partout, Mick a répondu :

« Evidemment, c’est vrai, d’ailleurs Doyle signera demain pour Arsenal. Et Matt Jarvis ira à Man United et Stephen Hunt au Celtic Glasgow. [le reporter, interloqué, exprime sa surprise]. Ah ben, vous me posez une question idiote, vous vous attendez quand même pas à ce que vous donne une réponse sensée… »

Sacré Mick… A voir ce diaporama de l’Independent d’aujourd’hui sur les joueurs qui intéresseraient Wolves.

Le big boss est…

Steve Morgan (58 ans), sorte de mini Bouygues anglais, qui détient 100 % du club (25 personnellement et 75 via sa société d’investissement basée à Guernsey). Morgan, un Scouser qui fit fortune dans la construction immobilière et mit même ses billes dans LFC ère David Moores, a injecté 30M en actions dans le club depuis son rachat à Sir Jack Hayward en août 2007.

 

L’histoire du rachat à Jack Hayward constitue un chapitre fascinant de l’histoire de ce vénérable club qui fut parmi les douze clubs fondateurs de la Football League (1888). Hayward, âgé aujourd’hui de 87 ans, acquit le club en 1990. Jusqu’en 2007, il dépensa 75M pour redorer le blason de son club d’enfance, qui retrouva l’élite en 2009, après vingt-cinq longues années de Football League (hormis une saison ratée en PL, 2003-2004 – Wolves était même tombé en D4 en 1986).

Jack Hayward est un philanthrope qui a financé d’innombrables projets et rachats (notamment dans le domaine du patrimoine britannique) et qui a surtout une sainte horreur des « opportunistes et mercenaires en tout genre que le football attire. » Hayward, au plus fort du boom économique et immobilier anglais (2003-2007) chercha à vendre le club, mais pas à n’importe qui. Au moment de la vente à Steve Morgan, il déclara :

« Ceux qui acquièrent un club pour le dépecer, les financiers de la City ou des gens comme les Glazer, qui viennent de mettre Man United des centaines de millions dans le rouge, c’est eux que je voulais éviter. »

Car cette vente fit du bruit… Il aurait été aisé à Hayward de vendre Wolves un bon paquet de millions, mais il choisit de refiler son bébé bien portant et sans dette à Steve Morgan pour… 10 £ ! Ce dernier le convainquit qu’il avait le bien-être du club pour seul et unique dessein.

Le gros problème des philanthropes comme Hayward, c’est que tout le monde les adore… sauf leurs proches. Cette décision de vendre le club pour le prix de deux fish ‘n’ chips fut la goutte d’eau qui fit déborder le Mathusalem de Veuve Clicquot (les trois enfants vivraient une existence bling bling) et causa consternation et zizanie dans la famille Hayward (surtout chez ses deux fils, alors dirigeants au club, et avec qui les relations étaient déjà tendues). Ces derniers n’ont jamais accepté les choix de leur père et ces conflits provoquent  toujours de forts remous familiaux et judiciaires, façon famille Bettencourt (voir détails). Une triste illustration de cette situation est la longueur du document émanant des avocats du « collectif des floués » tentant de prouver que Jack Hayward aurait perdu la boule et dilapiderait sa fortune en causes caritatives et autres « frivolités » : plus de mille pages !

La Supreme Court de Nassau

La Supreme Court de Nassau

Hayward est en effet poursuivi en justice via la Supreme Court de Nassau aux Bahamas par deux de ses propres enfants et six de ses petits-enfants. Il déclarait récemment au Daily Mail : « Mes enfants me préféreraient mort, et tout ça, à cause du club. Wolves a détruit notre famille. Et pourtant, j’ai toujours associé mes enfants à mes affaires, ils ont reçu des millions sans avoir à travailler, je leur ai offert de vastes propriétés, etc. et mes petits-enfants aussi. Ma fille est devenue tellement snob qu’elle a horreur qu’on lui rappelle que notre famille vient du Black Country* ! Elle et son mari n’ont jamais bossé de leur vie et jamais mis le moindre penny dans Wolves, mais maintenant, ils me traînent devant les tribunaux. Bonjour la gratitude ! Mais s’ils veulent la guerre, ils l’auront ! »

[*région autrefois très industrielle – charbon et acier – autour de Wolverhampton et l’un des berceaux de la révolution industrielle]

 

Si Wolves déchire toujours les Hayward, les Loups Vadrouilleurs peuvent se targuer aujourd’hui d’être l’un des rares clubs de Premier League et Football League (sur 92) à être bénéficiaire et financièrement sain. Le club de Steve Morgan est plus ambitieux que jamais et tient à redonner à son antre de Molineux, 29 000 places, son lustre d’antan (les nostalgiques pensent évidemment aux Fifties et à l’ère victorieuse de Stan Cullis, les matchs devant 60 000 spectateurs et les trois titres de Champion d’Angleterre, sans oublier les six places sur le podium, de 1950 à 1961).
Les travaux d’agrandissement ont commencé fin mai et devraient courir sur trois ans, pour un coût de 40M (la tribune basse du North Bank sera ouverte vers le 1er septembre, voir ici). La capacité du stade sera alors de 37 000 places. Le club envisage même de porter l’enceinte à 50 000 places sur le long terme et ainsi doubler les revenus billetterie et annexes (merchandising, immobilier/locatif, sponsor) qui étaient de 22M sur l’exercice 2009-2010. Un club rebâti par Jack-le-Philanthrope et en passe d’être solidifié par Steve-le-Maçon.

Prix des abonnements et billets (adultes) saison 2011-2012

Abonnements : 522 à 630 £ (Wolves compte environ 21 000 abonnés)

L’information sur le prix des billets n’est accessible pour l’instant qu’aux détenteurs d’une Membership Card. Les prix 2010-2011 allaient de 24 à 40 £ (2 catégories de match).

Chiffre d’affaires (2009-2010) / masse salariale et autres stats financières

61M / 30M. Bénéfice avant impôts : 9,1M. Dette : 0

Kevin Quigagne.

Dixième et avant-dernière partie aujourd’hui : Wolverhampton Wanderers. On aurait préféré finir avec un club prestigieux, mais c’est pas nous qui avons fait l’alphabet. En définitive, boucler la saison avec les Wolves tombe bien. Car comme dirait ce bon vieux Paul du fond de son cimetière marin, ce club a le vent en poulpe.

Déjà l’avant-dernier épisode de cette longue série débutée le 9 juin. Déontologiquement parlant, devant la complexité éthique du comptage (un bis a-t-il le droit de compter dans la numérotation ?), il a fallu faire appel à un huissier de justice pour être en règle. Ce dernier a sorti ses textes et il est formel : c’est bien onze parties que comptera au final ce bilan club par club de Premier League. Les Loups Vadrouilleurs ont donc l’insigne honneur de clôturer notre bilan, le plus complet et déraisonnable jamais publié. Aujourd’hui donc, premier volet sur les Wolves. Mardi, suite et fin. Trop de choses à dire sur les Wolves, ça ne tenait pas en un article. C’est la fin de la saison et notre pauvre interface rend l’âme. Il s’agit donc d’y aller mollo.

Pour le reste, voir introduction dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.), et voir à droite « Articles Récents » pour les autres parties. Par ailleurs, la Premier League a publié le 17 juin son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et celle de tous les matchs ici. Pour le guide complet des matchs d’intersaison des vingt clubs, voir cette liste et pour voir les tenues des vingt clubs de PL, c’est par ici que ça se passe.

Et on vous laisse avec la dernière mode des désoeuvrés de Man City, le « planking ». Il est rassurant de savoir que Shaun Wright-Phillips entretient sa forme autrement qu’en cirant le banc et que le tableau blanc de Roberto Mancini sert à autre chose qu’à planifier les séances bétonnage. Mais le mieux, c’est le clip (tourné pendant la tournée US du club). Décidément, il s’en passe de belles à City. Jeudi, Umbro a sorti un clip de l’hymne du club (Blue Moon), signé Liam Gallagher et son groupe Beady Eye (lancement du nouveau maillot domicile), à voir ici. Et hier, on apprend que Gaël Clichy regrette déjà les entraînements peinards d’Arsenal, sans Nigel de Jong… (ici).

Avant de nous quitter, après la libération récente des deux journalistes de France Télévision en Afghanistan, recueillons-nous un instant et ayons une pensée pour une autre victime de la folie des hommes : Cesc Fábregas. L’Espagnol est retenu en otage par Arsenal, selon le maire de la commune catalane où Cesc a grandi, Señor Estanislau Fors i Garcia (« We want him to come right away, he is experiencing a kidnapping », voir article). Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, c’était 547 jours ; Cesc Fábregas, lui, va bientôt passer le cap des 3 000 jours de captivité, sans que cela n’émeuve les médias. Pour les Anglais, il s’agit d’un Espagnol détenu dans une zone française de Londres ; pour les Français, c’est une affaire strictement anglaise. Pour les Espagnols et Teenage Kicks, c’est un véritable drame humain qui se déroule dans l’indifférence générale. Le silence de la communauté internationale est assourdissant et l’équipe des TK, modestement, veut dénoncer cette ignominie et entretenir la flamme de l’espoir. Lest we forget.

Sans transition, passons à nos Wolves.

 

WOLVERHAMPTON WANDERERS (17è, 40 points. G-A – 20 / 46 buts pour / 66 contre)

Résumé de la saison

Cette deuxième année d’affilée en Premier League ne fut pas de tout repos. Les Wolves sauvent véritablement leur peau lors de la 37è  journée (victoire 3-1 à Sunderland) mais ils ont tremblé jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute de ce fameux « Survival Sunday », voir article en français sur ce dimanche de folie, où le nom des relégués changea une quinzaine de fois en 90 minutes ! (le terme Survival Sunday est utilisé par les médias depuis quelques années pour qualifier la dernière journée, où tous les matchs se jouent le dimanche à 16 heures. Cette saison 2010-11 est la première depuis 1996 où cinq équipes étaient potentiellement relégables lors de la 38è journée – hormis West Ham, déjà condamné – et la première fois que les cinq équipes dans cette position se tenaient en un point, avec de surcroît une différence de buts quasi identique).

Sans oublier ce clip marrant de Sky, où l’on voit le quatuor Matt Le Tissier-Paul Merson-Phil Thompson-Charlie Nicholas absolument déchaînés (sous la houlette de Jeff Stelling, présentateur vedette de Sky).

Une saison délicate certes, mais les vibes sont ultra-positives du côté de Molineux. C’est un club ambitieux qui retrouvera les terrains de PL dans un mois. La capacité du stade va augmenter d’un tiers d’ici trois ans et le club a de grands desseins pour son nouveau centre de formation (voir ici).

Satisfactions

Nombreuses. Les trois principales d’abord :

1) Matt Jarvis, 25 ans, un ailier de poche à « l’ancienne » comme les aime l’inénarrable et old-fashioned Mick McCarthy (manager). Naturellement droitier, mais tout aussi à l’aise à gauche (où il a souvent été utilisé cette année). Un offensif polyvalent qui aime distiller les centres dévastateurs (sur l’aile droite) ou bien repiquer au centre et semer la zizanie (quand il joue à gauche). Troisième au classement des centreurs (240 centres), derrière S. Downing (243) et L. Baines (249). Doublement élu Players’ Player of the season et Supporters’ Player of the Season du club. Egalement appelé en sélection anglaise fin mars et devenu à cette occasion le premier Loup à s’aligner pour les Trois Lions depuis le légendaire Steve Bull en 1989 (la goal machine Bull, c’est 306 buts en 561 matchs pour les Wolves). Seule fausse note de la saison, Jarvis a baissé de régime après ses débuts internationaux et, du coup, a pas mal fait banquette en mai (au profit de l’Irlandais Stephen Hunt ou l’Algérien Adlène Guedioura).

Matt Jarvis sort un peu de nulle part (acheté une misère en 2007 – 600 000 £ – au petit club de D3 Gillingham) et était passé entre les mailles du filet des sélections de jeunes. D’abord formé à Millwall (qui le libéra à 16 ans) puis Gillingham. Avant sa sélection contre le Ghana, sa seule et unique distinction fut une cape… avec les U16 du Surrey !

2) Kevin Doyle, 27 ans, attaquant, beaucoup plus connu que Jarvis, international irlandais, 41 capes, 9 buts (il était de la fameuse double confrontation play-off contre la France en 2009). Lui aussi a débarqué dans le foot anglais de haut niveau relativement tard. A 21 ans, il quitte Cork City pour Reading (D2), pour la risible somme de 78 000 £. Chez les Royals, il affole vite les compteurs (montée en PL dès sa première saison, avec 106 points ! un record). En 2009, Reading réalise une belle culbute en le vendant 6,5M de £ à Wolves, promu en PL. Seulement cinq buts en championnat cette saison (26 matchs) mais il s’est blessé fin mars (ligaments genou). Enorme contre Manchester United en février, noté 10 / 10 dans plusieurs journaux. Depuis, une belle brochette de clubs seraient vaguement intéressés par l’Irlandais (citons, en vrac, Liverpool, Arsenal – surtout si Bendtner part – et même la Juventus ! Cela dit, il faut raison garder et on voit mal notre Kevin-à-son-Mick atterrir dans les bras de la Vecchia Signora. Et pis bon, « l’info » vient du Sunday World quoi… via un agent du dimanche, à n’en pas douter).

3) Steven Fletcher, 24 ans, attaquant, international écossais depuis 2008 et acheté 6,5M de £ à Burnley en juin 2010. L’Anglo-Écossais, vif et technique, a été efficace (10 buts) mais des pépins physiques, une période de méforme et un dispositif avec Doyle seul en pointe (qui l’a relégué sur le banc) ne lui ont pas permis de véritablement « casser la baraque »… jusqu’à la blessure de Doyle fin mars, occasion qu’a mis à profit Fletcher pour claquer 5 buts sur les 6 derniers matchs.

 

Du talent, mais aussi du mauvais goût

Du talent, mais quel mauvais goût !

Citons aussi : D. Edwards, A. Hammill (judicieuse recrue de Barnsley, pour 500 000 £), A. Guedioura (une dizaine d’apparitions, mention assez bien), S. Hunt et J. O’Hara, qui a réussi son pari : ne pas être connu que comme le fiancé de Danielle Lloyd (prêt des Spurs converti en achat, 5M de £). Satisfaisant mais un ton en dessous : S. Ebanks-Blake, W. Hennessey et S. Ward (par intermittence pour ce dernier). R. Zubar et C. Berra ont alterné le meilleur et le pire, de même que K. Foley. Sans oublier l’inusable Jody Craddock (Wolves’ player of the year l’an dernier), à quasiment 36 ans, la Sunderland Legend répond toujours présent en défense centrale quand on fait appel à lui (15 matchs de PL). Et en plus, évidemment, son seul but de la saison le fut… contre Sunderland lors de la 37è journée (la fameuse « malédiction de l’ex joueur » – the curse of the ex player). Le très artistique Craddock vient de signer une prolongation d’un an (il peint professionnellement, et Craddock n’est pas dégueu aux pinceaux, voir ici).

 

Et last but not least parmi les bons Loups, le latéral gauche George Elokobi. L’exubérant Camerounais, arrivé en Angleterre à 16 ans, fut raflé à Colchester en 2008 pour seulement 300 000 £. Il est devenu une véritable star à Molineux, un cult hero. Les supporters adorent ce joueur qui n’oublie jamais d’aller les saluer en fin de match, surtout à l’extérieur. Elokobi est une force de la nature : 1m75 pour 85 kilos ! (son poids a oscillé entre 84 à 90 cette année, et pas un gramme de graisse). Au cours de tests l’an dernier, on s’est aperçu que le volume de ses muscles est le double de certains de ses coéquipiers… Elokobi racontait récemment l’anecdote suivante dans l’Observer. A son arrivée à Wolves, le club lui demanda d’augmenter sa dose de musculation pour l’aider à récupérer d’une blessure au genou. Elokobi, qui est déjà très musclé, les prévint qu’il se transformerait probablement en Hulk s’il forçait sur la fonte. Le club insista. Un mois plus tard, le Musclor ne rentrait plus dans sa tenue et le club dut lui fournir la taille supérieure. Plus personne ne mentionna de ration supplémentaire pour le surpuissant défenseur. Sur le ton de la rigolade, des spectateurs lui reprochent de ne pas sentir sa force quand il dégage le ballon en sortie. Ils ont parfois l’impression qu’il compte décapiter un spectateur !

Déceptions

Peu nombreuses, le sorcier du Yorkshire Mick McCarthy ayant su tirer le maximum de la plupart des joueurs. Parmi les déceptions ou candidats à la catégorie « peut mieux faire », en premier lieu, la défense centrale. Certes, Christophe Berra et Richard Stearman ont mieux joué que la saison dernière, mais c’est pas encore ça, trop irréguliers (d’où le recrutement de Roger Johnson, Birmingham City, 7M).

Citons aussi Nenad Milijaš, dont on attendait mieux. L’international serbe a bien commencé la saison mais l’a mal terminée, laissé sur le banc pour l’emballage final. Un certain manque de combativité et une tendance à l’inconstance seraient les principaux griefs de McCarthy envers ce joueur talentueux qui, au vu de ses capacités, devrait afficher plus que ses 23 apparitions PL cette saison.

Egalement : David Jones, Jelle Van Damme, Michael Mancienne et Steven Mouyokolo. Le milieu Jones a été libéré, malgré ce but, extraordinaire, à (re)voir, clip. Van Damme, recruté 2,5M de £, en a bavé avant d’être vendu au Standard Liège au mercato d’hiver. Mancienne, l’éternel prêté de Chelsea, n’a pas vraiment déçu mais n’a pas convaincu non plus (il a été cependant assez sérieusement blessé et indisponible quatre mois). Et enfin, le Français Mouyokolo a peu joué (concurrence et blessures) mais n’a pas donné satisfaction sur les quelques bouts de matchs qu’il a fait (158 minutes). Acheté 2,5M à Hull City l’été dernier, il vient d’être prêté à Sochaux.

Highlights

Victoires en championnat sur Liverpool, Chelsea et Manchester United (Wolves a mis fin à l’invincibilité des Red Devils lors de l’incroyable 26è journée, voir ici) et le superbe succès 1-0 contre Villa dans le derby des West Midlands. L’annonce de l’agrandissement du stade à 37 000 places, ainsi que le nouveau centre de formation hi-tech ; ces transformations devraient permettre de rivaliser avec les autres gros clubs des Midlands sur la durée (surtout Aston Villa et West Brom).

Le superbe brossé dans la lunette de Stephen Hunt lors de la dernière journée contre Blackburn et à la 87è, à voir, inoubliable. Un but salvateur tout en sang-froid entré dans la légende Wolves car synonyme de maintien. Et de nos jours, rester en PL vaut pas loin de 100M de £. Une descente aurait mis à mal les plans ambitieux du club, mieux valait donc envoyer les rivaux de Birmingham City en D2 (qui seraient finalement descendus même sans ce but de Hunt, puisque Pavlyuchenko arracha la victoire à la 91è dans le Tottenham-Birmingham – mais c’est anecdotique, l’histoire du club retiendra surtout que Wolves s’est maintenu grâce à ce superbe but de Hunt).

Lowlights

Les persistantes accusations de jeu dur en première partie de saison qui débouchèrent sur une série de polémiques qui empoisonnèrent l’atmosphère toute la saison. Une réputation d’équipe « Fight Club » pas franchement imméritée, sur laquelle ont d’ailleurs joué quelques joueurs, avec le hard man Karl Henry en ambianceur. Le tacleur fou déclarait par exemple fin avril, en avant-première du match contre Stoke :

« Wolves et Stoke vont se savater tout le match. Ça sera une rencontre horrible tout en coups bas. C’est sûr que je ne conseille à personne de regarder ce match. »

C'est sûr que Dieu c'est mieux qu'Henry
C’est sûr que Dieu et la messe c’est plus cool que les après-midi avec Karl Henry
Une réputation réapparue cette année lors du Wolves-Newcastle du 28 août (et une épique bataille Karl Henry-Joey Barton). 38 fautes, 12 cartons jaunes (dont 7 pour Wolves) et un traitement de choc sur Joey Barton qui aurait pu valoir plusieurs cartons rouges aux protégés de Mick McCarthy (l’émission Match of the Day en fit un montage-clip, retiré de YouTube depuis). Par huit fois, les Wolves tentèrent de casser Barton, sans y parvenir et sans que le Magpie ne riposte. Ce n’est qu’à la fin du match que Barton alla voir Mick McCarthy en lui demandant des explications. Ce dernier joua les étonnés et lui répondit qu’il était un peu fort venant de sa part de se plaindre pour « un ou deux tacles musclés » (marrant le Mick – il s’agissait bien d’une série d’attentats en bonne et difforme, voir ici). Mi septembre, Wolves écopa de 75 000 £ d’amende de la FA pour leurs quatorze cartons en deux matchs (ici).

Autre déboire cette saison : l’infirmerie souvent pleine. Wolves s’est parfois retrouvé avec seulement treize joueurs disponibles (et dut combler la feuille de match avec les jeunes).

Et pour finir ce tour d’horizon des ratés de la saison, un mot sur la défense kamikaze des Wolves, elle fut trop souvent prise en défaut. Le nom de Zubar vient à l’esprit, notamment pour sa passe en retrait contre Bolton, qui fit le bonheur des commentateurs français, ici.

Kevin Quigagne.