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Saison historique pour les Red Devils, celle du dix-neuvième titre, tant convoité depuis le célèbre vœu de Fergie en 2002 de « faire tomber Liverpool de son putain de perchoir ». Certes, le United version 2010-2011 n’est pas un grand cru millésimé. Pour autant, ce n’est pas une piquette non plus.

Qui dit fin de saison, dit examen des performances pour chacun des vingt-neuf joueurs utilisés en championnat, ainsi que de leur manager, le prof principal de la classe 2010-2011. Une évaluation de fin d’année qui prend forcément des allures de bulletin scolaire. Le Conseil de classe rend sa copie aujourd’hui (partie 1/3, les dix premiers, par ordre alphabétique).

Voici le bulletin des joueurs cette saison (seules les prestations en Premier League ont été prises en compte dans la notation. Légende : P = participations en classe. B = buts. N = note – sur 20)

 

Anderson     P : 18     B : 1     N : 13,5

Anderson a pas mal traîné dans les couloirs

Anderson a pas mal traîné dans les couloirs

Une intersaison chaotique a perturbé son début de saison – blessure en juillet, immédiatement suivi d’un accident de la route au Portugal début août (parti acheter ses fournitures scolaires là-bas, bien moins cher –  des qualités de débrouillardise fort louables). Ces mésaventures lui ont fait manquer nombre de tests préliminaires ainsi que la rentrée des classes. Bien revenu en milieu d’exercice. A alterné l’excellent et le moins bon. Lors des Travaux pratiques de technologie, a parfois eu du mal avec l’entonnoir. En géométrie, a connu des problèmes avec le calcul des angles. Quelques superbes prestations où il a su allier puissance, vivacité et technique. Assez bien dans l’ensemble, mais peut mieux faire. Encouragements du Conseil de classe.

 

 

 

 

Bébé     P : 2     B : 0     N : 4,5

Bébé, pas un coup fin

Bébé, pas un coup fin

Un lourd dossier que le Conseil a longuement et patiemment examiné. En premier lieu, l’énigme Bébé semble s’être transformée en l’un des flops majeurs de la longue ère Fergie. En second lieu, les résultats et le manque d’implication de Bébé sont un sujet de préoccupation, ainsi que ses fréquentations douteuses (avec le petit caïd Jorge Mendes). Peut-être a-t-il mal été orienté ? (aligné souvent sur l’aile, en coupe par exemple, alors que l’on voit mieux en attaquant). Toujours est-il que ce Bébé est encore loin de faire penser à un coup fin et qu’il en a remis une couche en FA Cup et Coupe de la Ligue où il a été léthargique, même sur les poussettes (cependant, il a marqué contre Bursaspor, l’équipe des boursiers). Bébé en a bavé. Le Conseil refuse toutefois de porter un jugement définitif sur cet élément qui semble déceler un certain potentiel. Indéniablement, de nombreux points d’interrogations et zones d’ombre demeurent au sujet de ce mystérieux et coûteux transfuge venu d’un obscur établissement de D3 portugaise (recommandé par Carlos Queiroz, ex adjoint du surgé). Soit ce cancre a falsifié son dossier façon Daniel Auteuil dans les Sous-doués, soit il se plaît au fond, près du radiateur, à attendre que ça se passe.

Les griefs sont nombreux. Participation quasi inexistante. Aucun effort en dessin (s’emmêle souvent les crayons). En technologie, est-il besoin de rappeler que toucher l’équerre ne sert à rien si ce n’est pas suivi d’effet ? En sciences, s’est rapidement liquéfié et doit absolument améliorer sa connaissance des solides. Par ailleurs, en physique-chimie, sait faire des étincelles mais pas encore faire parler la poudre. En outre, Bébé a sous-estimé la problématique des changements climatiques, raison pour laquelle il confond souvent vitesse et précipitations (1 000 mm/an sur Manchester – tout le programme de science et géographie est de toute manière à revoir). A trop souvent rendu un travail bâclé et il ne figure même plus dans la réserve. Des lacunes maintes fois évoquées, mais est-il seulement prêt à les combler ? Son avenir dans l’établissement est très incertain. Le Conseil délivre un Blâme, avec mention « en transit, mais pour quelle destination ? » (réorientation SES proposée ou renvoi considéré, les parents et agents ont été convoqués).

 

Dimitar Berbatov     P : 32     B : 20     N : 15

Les filles de Seconde craquent toutes pour lui

Les filles de Seconde craquent toutes pour lui

Elément indubitablement brillant et compétent mais qui a cependant parfois donné l’impression de se reposer sur ses lauriers, même s’il soigne la finition. Entretient cependant d’excellentes relations avec le personnel, surtout les pions (20). Décroche le titre envié de « Top goal scorer « (avec Tévez), acquis surtout à la faveur de ses fulgurances et grâce à la précieuse assistance de Pascal Chimbonda, voir ce compte-rendu édifiant (quintuplé contre Blackburn – coups du chapeau contre Liverpool et Birmingham). Le sentiment demeure que Dimitar n’a pas encore réalisé tout son potentiel. S’est heureusement débarrassé de cette image de doux rêveur nonchalant qui lui collait à la peau mais a trop souvent été absent dans les grandes occasions (a séché les cours ou fait banquette, au profit de Monsieur Hernandez). Des progrès sont à faire en physique où le chapitre sur le rôle d’électron libre a été assimilé de travers. Toutefois, les statistiques plaident en sa faveur (ainsi que son élection dans l’équipe PFA de l’année) et le Conseil délivre volontiers les Encouragements, avec mention « Merci Pascal »  

 

Wes Brown     P : 7     B : 0     N : 8

Wes a monstrueusement mal commencé l’année : il aurait traité le prof principal (Monsieur Ferguson) de « gros con » lors d’une altercation d’intersaison aux Etats-Unis (au sujet d’une permission de sortie à caractère non pédagogique). Résultat : exclusion de trois mois, et il a fallu attendre le 24 octobre pour le voir en championnat. A trop souvent paru emprunté dans les confrontations qui ont tourné à l’explication de texte et a semblé se reposer sur ses acquis des années précédentes. De surcroît, il est parfois trop rigide et maîtrise mal l’art du coulissement en technologie. D’évidents problèmes de concentration lui ont fait commettre quelques piètres prestations (notamment à Aston Villa et Liverpool). A son crédit, il a mieux réussi en contrôle continu que lors des examens de passage. En Travaux pratiques, le maniement de l’étau n’a pas du tout été assimilé. A l’air également de bien comprendre la théorie du programme de science, mais doit absolument bûcher sur la partie « Coordination et mouvements du corps ». Après quinze ans dans l’établissement, peut-être est-il venu temps pour Wes de voler de ses propres ailes ? (c’est aussi l’avis du directeur). Le Conseil ne saurait faire du sentiment et délivre un Avertissement.

 

Michael Carrick     P : 28     B : 0     N : 14,5

Michael, en cours de langues orientales

Michael, en cours de langues orientales

Premier gros tiers de saison poussif (à court de forme et manque de confiance). Cependant, par la suite, Michael s’est montré soigné et a rendu une impressionnante série de copies propres, ponctuée de quelques performances de très haute volée (parmi ses meilleures sous l’uniforme rouge depuis trois ans qu’il est dans l’établissement). Discret, consciencieux, ne se fait pas remarquer mais incontestablement Michael est un élément clé du dispositif et l’un des trois meilleurs éléments sur le dernier trimestre. Seul bémol, il doit se viriliser et progresser en EPS, en particulier dans les domaines suivants : musculation et lancement du poids. Une attitude exemplaire tout au long de l’année. Bravo, Michael, tu as bien mérité les Encouragements du Conseil.

 

Fábio da Silva     P : 11     B : 1     Note : 14

Fabio, serviable, aide souvent la secrétaire le midi au bureau des objets trouvés

Fabio, serviable, aide souvent la secrétaire le midi au bureau des objets trouvés

A excellé dans plusieurs domaines (notamment ceux à caractère offensif, à droite comme à gauche), et a dûment été récompensé de ses efforts en fin de saison même s’il lui est arrivé de rendre quelques copies brouillonnes. Peut s’imposer comme le futur Gary Neville. N’écoute pas toujours les consignes du professeur et il lui arrive de manger la craie (ce qui pose des problèmes). Toutefois, Fábio semble sur la bonne voie dans l’acquisition des fondamentaux à ce niveau. Contrairement à d’autres, ne traîne pas dans les couloirs, il fonce.

 

 

Rafael da Silva     P : 16     B :  0     N : 14

Rafael, en cours de soutien individualisé

Rafael, en cours de soutien individualisé

A connu des problèmes physiques, mais Rafael est un véloce latéral droit offensif qui peut, lui aussi, s’affirmer comme le successeur attitré de Gary Neville. Sait tirer les enseignements des diverses expérimentations mais doit gagner en maturité (encore un peu dissipé et bavardages excessifs avec l’homme en noir). A engrangé de l’expérience mais devra gommer de son répertoire un excès d’agressivité qui a parfois pénalisé le collectif (notamment contre Tottenham en janvier). A rendu nombre de copies propres. Le Conseil a plus que jamais du mal à le différencier de son frère jumeau et rend donc une appréciation commune aux jumeaux : Encouragements.

 

Jonny Evans     P : 13     B :  0     N : 10

Jonny excelle en dessin et en EPS

Jonny excelle en dessin et en EPS

Une année mitigée et des performances erratiques pour Jonny. Aurait pu accrocher bien mieux qu’un 10/20 mais quelques prestations désastreuses l’empêchent de dépasser la moyenne (a raté trop d’examens de passage). Les points critiques sont les suivants : a) n’a pas assimilé tous les fondamentaux même s’il a progressé dans le dernier trimestre b) trop grande passivité et parfois trop fébrile c) degré d’acquisition des compétences basiques encore insuffisant d) a peiné pendant les séances d’orientation et ne sait pas toujours se repérer sur un plan quadrillé. Par ailleurs, en Travaux pratiques, Jonny a du mal à bien évaluer les distances. Il s’est cependant bien repris en milieu et fin de saison. Le Conseil note qu’il sait aller de l’avant et qu’il a su démontré sa grande polyvalence, notamment contre Chelsea (aligné latéral gauche). Devra toutefois faire de gros progrès l’an prochain, s’il veut cimenter son avenir dans cet établissement prestigieux. Après de longues délibérations, le Conseil délivre un Passable, avec mention « par la peau des fesses » que Jonny doit interpréter comme une ultime chance qui lui est accordée de prouver sa valeur.

 

Patrice Evra     P: 35     B : 1     N : 13

Patrice se fait accompagner à l'école en voiture depuis ses problèmes avec la société de bus scolaire
Patrice se fait accompagner à l’école en voiture depuis ses problèmes avec la société de transport

Après un début de saison marqué par quelques fausses notes et d’alarmants problèmes de ponctualité (gros retard sur les tacles), Patrice a graduellement réglé ses obscurs problèmes de bus qui le perturbaient tant depuis le début d’année (très dissipé et frondeur, lors des sorties, il empêchait ses camarades de descendre de l’autocar et bloquait l’issue de secours en criant mystérieusement « Que le traître se dénonce » – et il se réveillait fréquemment en sursaut au beau milieu de la nuit en hurlant cette même phrase énigmatique, ce qui terrorisait son camarade de chambrée). Jusqu’en novembre, a parfois aussi trop tenté de garer le bus avec ses petits camarades de la ligne arrière. Quand cette obsession du bus l’a enfin quitté, vers la fin du premier trimestre, Patrice s’est bien ressaisi et a alors souvent porté le danger dans le camp adverse sur son flanc gauche. Peu inspiré en rédaction (« ce qui ne tue pas rend plus fort » est certes profond Patrice, mais ne pas en abuser), il s’est rattrapé sur le terrain où il s’exprime avec facilité, et parfois élégance. A toutefois semblé émoussé ou à court de forme par moment. A servi de souffre-douleur à plusieurs reprises (notamment contre Man City à Eastlands, malmené par Adam Johnson). Année somme toute satisfaisante, après un démarrage aussi poussif qu’un vieux Daf (le bus, pas l’ex Sochalien). Encouragements du Conseil.

 

Rio Ferdinand     P : 19     B : 0     N : 14,5

Rio, en sport

Rio, en sport

Saison marquée par les blessures, mais Rio est bien revenu sur le dernier trimestre. A souvent manqué quand il a été indisponible. A excellé en travail de groupe et, associé à son camarade serbe Nemanja Vidić, il demeure un élément indispensable (buts encaissés sans Rio en classe : 26 – en 19 rencontres. Buts encaissés avec Rio : 13 – en 19). A compensé ses fréquentes absences sur blessures par un activisme tous azimuts sur les réseaux sociaux (attention aux bavardages intempestifs sur Twitter). Des cours de soutien en orthographe seraient utiles cet été. Encouragements du Conseil.

 

Kevin Quigagne.

Nouvelle rubrique où l’actualité du football anglais du mois écoulé est passée au crible. Et pour un début, ça tombe bien, janvier a été un mois aussi chargé que loufoque. Deuxième partie aujourd’hui, du 11 au 19 (première partie ici).

Au Sommaire :

  • Angleterre-Ecosse 1977 et la destruction de Wembley
  • Ryan Babel
  • Craig Bellamy arrêté rue de la Soif-frites
  • El Hadji Diouf: son palmarès complet
  • 50ème anniversaire de l’abolition du salaire maximal
  • Diouf et les footeux aux voitures chromées
  • La 23è journée de Premier League, les TOP XI et FLOP XI
  • Everton-Liverpool, le « Friendly Derby »
  • Liverpool, la « Self-Pity City » vous salue bien
  • Disparition de Nat Lofthouse
  • Le Fisc anglais veut sévir contre Rio Ferdinand et ses potes

Mardi 11 janvier

La Football Association et son nouveau sponsor principal, Vauxhall (Opel en Angleterre, également parraineur des fédérations écossaise, galloise et nord-irlandaise), veulent ressusciter le « Home International Tournament », tournoi annuel entre les Home Nations (Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord et Pays de Galles), disputé annuellement de 1884 à 1984, traditionnellement au mois de mai. La première réédition marquerait les cent cinquante ans de la FA (créée en 1863), et pourrait avoir lieu de novembre 2012 à juin 2013.

L’un des souvenirs les plus marquants des Home internationals (officiellement appelé le « British Home Championship ») fut le mémorable Angleterre-Ecosse à Wembley en 1977. Au coup de sifflet final (victoire de l’Ecosse 2-1), des milliers d’Ecossais envahirent le terrain, saccagèrent la pelouse et détruisirent les buts (des bouts de terrains ainsi que des morceaux de barre transversale furent arrachés et transportés en Ecosse en guise de trophée). Une autre version du « Crossbar Challenge » écossais, donc. Voir le clip sur ces incidents de 1977, ainsi que celui sur cette folle journée écossaise à Londres et Wembley.

Cette surprenante décision, mal reçue en Angleterre (de nature à donner des cauchemars à la sacro-sainte Health and Safety !), pourrait en partie aider à attirer du public pour rembourser Wembley, véritable boulet financier pour la fédération anglaise.

Les Home Internationals, la FA est nostalgique

Les Home Internationals, la FA est nostalgique

Le même jour, on apprend le décès de Richard Butcher, le milieu de terrain de Macclesfield Town (D4), à l’âge de 29 ans (causes naturelles). Butcher est le troisième joueur professionnel anglais en activité à perdre la vie cette saison (après Adam Stansfield, Exeter City, D3, et Dale Roberts, Rushden & Diamonds, D5, en décembre 2010, suicide).

Tragique année pour Macclesfield, ville moyenne du Cheshire (sud de Manchester). En mars 2010, Keith Alexander, l’ex journeyman (environ vingt-cinq clubs) et manager de Macclesfield, alors seul entraîneur noir dans le football professionnel anglais (avec Paul Ince, alors manager de Milton Keynes, D3) était décédé chez lui, à l’âge de 53 ans. Alexander était célèbre en Angleterre pour avoir été le premier manager noir de la Football League, avec Lincoln City, en 1993. Il avait survécu à deux ruptures d’anévrisme en 2003 et souffrait de graves problèmes de santé depuis 2009.

Mercredi 12 janvier

Ryan Babel écope d’une amende de 10 000 £ pour avoir posté sur Twitter une photo de l’arbitre Howard Webb portant un maillot de Manchester United, suite à la controverse du Manchester United-Liverpool de 32è de FA Cup trois jours avant (voir première partie). Babel, qui s’est plus fait remarquer pour son Twitterisme acharné cette saison (200 000 followers) que par ses prouesses sportives, semble condamné à continuer sa carrière hors des frontières. Le 3 décembre 2010, sur le site de micro-blogging, Babel avait demandé si quelqu’un voulait acheter sa Bentley (« Hey listen up .. is anyone interested in a second hand Bentley… I wanna sell it »).

Babel expliqua plus tard au Sun qu’un ami « pas spécialement riche » lui avait refilé la Bentley :

« Un ami m’a donné cette Bentley, il n’en voulait plus car il s’est fait cambrioler par des types qui ont supposé qu’il était blindé en voyant la voiture garée devant chez lui. Alors, il me l’a filée, mais vu que j’en possède déjà une, je cherche à vendre celle-ci. Je lui reverserai l’argent de la vente. »

Alors avis aux démunis et indigents : surtout, ne garez pas votre Maserati ou votre Bentley devant votre domicile, vous pourriez vous faire cambrioler par des gens qui interprètent mal les signes extérieurs de pauvreté.

Elle concurrence Tata et Dacia

Elle concurrence Tata et Dacia

Craig Bellamy… Ça faisait longtemps qu’on avait pas parlé du « nutter with the putter » (le givré avec le putter). On apprend que le Gallois s’est fait arrêter la veille après une enquête de police (interrogé puis relâché sous caution), suite à une bagarre ayant eu lieu tôt dimanche matin (2h45) sur Caroline Street, surnommée localement « Chippy Lane », la rue de la soif-frites locale.

Craig avait probablement été atterré par la médiocre qualité de son cornet de frites, le standing de la frite anglaise s’étant effondré ces dernières années. Pour remédier à cette crise sans précédent, David Cameron a appelé toutes les forces vives et les acteurs de sa «Big Society » à se mettre autour de la table pour un Grenelle du Fish & Chips, réclamé à cor et à cri par tous les footballeurs et autres pipoles accros. Quant à la gueule du merlan accompagnant la noble frite, n’en parlons pas, mais cela fera l’objet d’autres négociations, a promis le Premier Ministre. En attendant, deux hommes âgés de 20 et 26 ans ont été blessés au visage. La police continue ses investigations. Bellamy ajoute une ligne à son long palmarès de Bad Boy friteur.
Il a promis d'organiser un Grenelle du Fish 'n' Chip

Il compte organiser un Grenelle du Fish 'n' Chips

Pendant ce temps-là, à Blackpool, les Seasiders disposent logiquement d’un Liverpool moribond, 2-1 (match en retard de la 19è journée). John Henry (propriétaire) s’envole vers Liverpool pour des réunions de « crise ».

Jeudi 13 janvier

El Hadji Diouf répond à l’attaque de Neil Warnock (voir première partie, 8 janvier) en niant avoir insulté Jamie Mackie. Dans son style toujours aussi élégant, l’ex Lensois se défend :

« Mais qui est Warnock ? Il n’est rien pour moi, c’est pas Alex Ferguson, ni Arsène Wenger, ni Sam Allardyce ou un autre manager important. »

Focus sur le palmarès de Diouf en Angleterre. Mettez-vous à l’aise, servez-vous une bière, c’est pas court…

Mars 2003 : écope de deux semaines de salaires d’amende (de son club) et de 5 000 £ par la justice écossaise, ainsi que d’une suspension UEFA de deux matchs pour avoir craché sur des supporters du Celtic lors d’un quart de finale télévisé de coupe UEFA avec Liverpool. Le club décide de verser les 60 000 £ d’amende à une œuvre caritative, au choix du Celtic.

Février 2004 : insulte et menace l’arbitre Ali Bujsaim lors d’un match avec le Sénégal contre la Tunisie (quart de finale de CAN). Ses coéquipiers doivent le maîtriser à la fin de la rencontre car il menace de s’en prendre à l’homme en noir (en compagnie de trois membres du staff). Il écope de quatre matchs de suspension.

7 Novembre 2004 : écope de 500 £ d’amende pour avoir craché sur un supporter de Middlesbrough âgé de 11 ans.

27 Novembre 2004 : crache au visage d’Arjan de Zeeuw, capitaine de Portsmouth. Son club, Bolton, lui colle une amende de deux semaines de salaire et la FA le suspend pour trois matchs pour « improper conduct ». Sam Allardyce veut l’envoyer voir un psychologue sportif. Diouf reconnaît qu’il a manqué de « responsabilité morale ».

25 Janvier 2005 : son entraîneur, Sam Allardyce, déclenche une mini-polémique (il en faut bien une toutes les semaines) par ses déclarations controversées, portant sur une simulation flagrante lors d’un match contre Blackburn où Diouf s’était laissé tomber (et avait ensuite inscrit lui-même le pénalty). Big Sam déclare en substance :

« C’est vrai que tout ça ne va guère rehausser sa cote de popularité […] Il pense avoir été touché dans l’action, il tombe, l’arbitre est bien placé et siffle un pénalty. Bon, c’est quelque chose qu’il a toujours fait [se laisser tomber], comme tant d’autres joueurs. »

7 mars 2005 : nouvelle polémique et amende à la clé. Diouf avait garé sa Lincoln Navigator sur une place pour handicapés à Manchester toute une après-midi. De retour à son pétrolier sur roues, il s’explique auprès des deux contractuels présents : « Je m’excuse, je ne savais pas, je ne comprends pas bien l’anglais. »

30 octobre 2005 : arrêté à Bolton pour conduite en état d’ivresse. Le 8 décembre 2005, il se prend une suspension de permis d’un an et une amende.

Janvier 2006 : arrêté par la police, il aurait frappé l’ex femme de Khalilou Fadiga dans un nightclub de Dakar. Il nie et est relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

Octobre 2007 : admet s’être fait volontairement expulser plus tôt dans la saison afin d’être sélectionnable pour le Sénégal pendant la période de suspension.
26 janvier 2009 : est accusé d’avoir menacé son co-équipier Anto Ferdinand (Sunderland) et provoqué une bagarre. Est vendu à Blackburn trois jours plus tard. Il était arrivé à Sunderland six mois plus tôt (pour 2,6 millions de £), recruté par Roy Keane, qui avait déclaré :

« Nous sommes très contents d’avoir recruté El Hadji Diouf. C’est un joueur talentueux que les adversaires et leurs supporters adorent détester. C’est un vrai poison pour les équipes adverses, et c’est pour ça que nous sommes ravis qu’il soit aujourd’hui chez nous. »

20 septembre 2009 : est entendu par la police, il aurait proféré des insultes à caractère raciste sur un ramasseur de balles d’Everton (« Fuck off white boy »). Il nie et prétend avoir reçu des insultes et des bananes. La police enquête mais ne trouve aucune trace de bananes ou tout autre fruit.

27 février 2010 : reçoit un avertissement de la police pour avoir provoqué une altercation au bord du terrain et dans le tunnel avec Steven Gerrard, lors d’un match très houleux (insultes entre bancs, notamment), risquant de provoquer des incidents en tribune.

Début mars 2010 : comparaît devant un tribunal sénégalais accusé d’avoir frappé une femme dans un casino sénégalais en juin 2009. La plaignante, Khady Sy, affirme que Diouf et son garde du corps (le lutteur Cheik Sadibou Boye) l’avaient agressée au Casino du Cap Vert dans la station balnéaire d’Almadies le 28 juin 2009. Elle avait produit un certificat médical auprès de la Gendarmerie sénégalaise, attestant d’un arrêt de travail de vingt jours. Lors de son arrestation surprise, Diouf était alors en visite au Sénégal (à l’invitation du président sénégalais) pour un évènement caritatif en faveur des sinistrés du tremblement de terre en Haïti.

7 mai 2010 : écope de six mois de suspension de permis pour diverses infractions routières (dont défaut d’assurance et permis non réglementaire – et probablement « excès de chrome » aussi).

Vendredi 14 janvier

Il y a exactement cinquante ans, jour pour jour, les joueurs, soutenus par leur syndicat (la PFA), menacèrent de faire grève pour obtenir l’abolition du salaire maximum, en vigueur depuis soixante ans.

Le plafond salarial avait été introduit par la F.A au début de la saison 1901-1902 (fixé à quatre £ / semaine) pour mettre fin à une « inflation » des salaires (certains joueurs touchaient plus de dix livres, une fortune). Ce salaire maximal représentait deux fois le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.

La dispute, qui durait de façon larvée depuis l’après guerre, avait pour chef de file Jimmy Hill, président de la PFA depuis 1957, et principal architecte de l’abolition du « wage cap ». Hill argua du fait que le salaire maximal d’un footballeur (20 £ par semaine) n’était à peine plus élevé que le salaire moyen d’un salarié (15 £), alors qu’il était le double avant la guerre. Craignant une grève généralisée et sentant un fort mouvement de colère monter, la Football League décida de supprimer le salaire maximal dans la semaine qui suivit.

Tous les footballeurs peuvent remercier Jimmy Hill

Tous les footballeurs peuvent remercier Jimmy Hill

Johnny Haynes (Fulham et capitaine de l’équipe d’Angleterre), quintupla son salaire quasi immédiatement, et fut ainsi le premier à atteindre la barre des cent livres par semaine. L’emballement pouvait commencer. En 1968, ce fut George Best qui cria « Preum’s » en devenant le premier à atteindre les mille livres hebdomadaires. En 1992, au tour de John Barnes (Liverpool) de créer la sensation en émargeant à dix mille £ / semaine. Puis enfin, en 2001, Sol Campbell atteignit le seuil des cent plaques / semaine (en passant des Spurs à Arsenal).

Best fut le premier à 1 000 / semaine, et Sol à 100 000

Cependant, certains clubs refusèrent d’entériner la décision, ou d’autres (comme Manchester United) créèrent leur propre maximum (cinquante £). Parallèlement, les clubs exerçaient un contrôle total sur les contrats des joueurs, même quand ils se terminaient, les footballeurs ne pouvaient partir qu’avec l’accord des clubs. En 1963, suite à un énième cas de refus d’application de la législation foot (de la part de Newcastle) la High Court de justice de Londres décréta judiciairement illégale l’imposition d’un salaire maximal, et mit fin à toutes les restrictions sur les contrats.

Le Manchester Evening News nous donne des nouvelles fraîches d’El Hadji Diouf. L’ex Sochalien s’est pris une amende de 35 £ pour avoir mal garé sa voiture chromée (pas une Peugeot, mais un bolide à 420 000 £, le chrome a terriblement augmenté). Le cracheur en série s’était garé sur un emplacement réservé aux taxis devant l’hôtel Radisson de Manchester.

Jamais dans l’histoire de l’amende en Angleterre une si petite prune donnée à Manchester fut saluée avec autant de ferveur par autant de monde à Londres

Pour paraphraser Winston Churchill sur les pilotes de la RAF pendant la terrible Bataille d’Angleterre (« Jamais dans l’histoire des conflits humains un si grand nombre d’hommes n’ont dû autant à un si petit nombre »), jamais dans l’histoire de l’amende en Angleterre une si petite prune donnée à Manchester fut saluée avec autant de ferveur par autant de monde à Londres (QPR).

El Hadji Diouf a clairement un gros problème pour reconnaître les panneaux de stationnement. On le voit ici garer une autre de ses discrètes voitures sur un emplacement livraison. En revanche, il kiffe le chrome et les tons douteux. Il est loin d’être le seul, comme nous le montre ce clip de hip hop (« I can transform ya ») monté par une entreprise de customisation qui compte des dizaines de footballeurs célèbres parmi ses clients, dont la moitié de Gunners, semble-t-il.

Samedi 15 et dimanche 16 janvier

23è journée de Premier League. Résultats, résumés de match et statistiques ici (cliquez sur « report » pour les stats de chaque match).

Journées des derbys chauds, celui de la Merseyside, de Wearside (Sunderland-Newcastle), de Birmingham (Birmingham City-Aston Villa), sans oublier West Ham-Arsenal.

Tottenham et Manchester United font match nul 0-0. Les Mancuniens espéraient bien inscrire leur centième but à White Hart Lane en championnat (99 buts, en 73 visites), ils devront attendre.

Nemanja Vidic élu unanimement homme du match. Les Spurs ont dominé (quinze occasions sur le but mais seulement deux cadrées, beaucoup de ballons aériens sur Crouch) mais se sont fracassés les dents sur un United solide, symbolisé par le roc Vidic. Match animé, ponctué par toute une série de bons duels (non, le p’tit pois Chicharito n’a pas joué, entré à la 78è) : Hutton v Giggs, Crouch v Vidic, Lennon v Evra, Bale v Rafael (le Brésilien, trop nerveux, se fait logiquement expulser à la 73ème pour l’ensemble de son œuvre, dont des protestations à répétition et une bordée de gros mots envers l’arbitre, Mike Dean). Giggs, 37 ans, signait son six centième match de championnat pour les Red Devils.

Encore un sans-faute

Encore un sans-faute

United, qui signe là une vraie performance de batailleur, est toujours premier (à la différence de buts, sur Man City) et demeure invaincu. Dans les tribunes, on voit Beckham et Capello s’embrasser comme deux tourtereaux.

Manchester City l’emporte difficilement, 4-3 à domicile face aux teigneux Wolves de Mick McCarthy (City est 2è, à égalité de points avec Man United). Carlos Tévez signe un doublé (homme du match). L’Argentin jouait excentré sur la gauche pour faire de la place au centre au nouveau populiste mancunien Edin Dzeko qui faisait ses débuts, moyens (il a déclaré que « les vrais Mancuniens supportent Man City »). Les Citizens ont engrangé dix-neuf points sur les derniers vingt-quatre possibles. Bonnes performances de Yaya Touré et Adam Johnson. Côté Wolves, excellent match de Milijas et bonnes prestations de Fletcher, Jones, Jarvis et Doyle, mais défense coupable (sauf Zubar, noté 7 / 10 dans la presse).

West Ham perd 3-0 à domicile contre Arsenal. Promenade de santé pour les Gunners, avec onze tirs / têtes cadrées, contre deux pour les Hammers. Walcott a fait vivre l’enfer à Wayne Bridge, pour son premier match chez les Londoniens, à la faute sur les trois buts. A 400 000 £ mensuel, ça fait cher la contre perf’. Est apparu à court de forme.

Chelsea dispose facilement d’un faible Blackburn, 2-0, mais sans briller (vingt-et-un tirs / têtes pour les Blues – mais seulement six cadrés -, trois occasions pour Rovers). But d’Anelka, qui a marqué pas moins de douze fois contre Rovers en PL (le premier en 1998). Piètre match de Drogba qui rate deux face-à-faces contre Robinson. Essien anonyme, tout comme Malouda, guère en vue.

Superbe match à Hawthorns où West Brom bat Blackpool 3-2, avec un grand Charlie Adam en première mi-temps (trois passes venues d’ailleurs, dont une transversale de soixante mètres dans les pieds de DJ Campbell). Un West Brom qui se donne de l’air après six défaites de suite.

Don't kiss the badge Charlie !

No... don't kiss the badge, Charlie, surtout pas !

Derby Wear-Tyne (quelconque) entre Sunderland Newcastle (1-1), seuls Joey Barton, Fabricio Coloccini et José Enrique ont surnagé côté Magpie et, pour les Black Cats, Phil Bardsley et Steed Malbranque. Derby marqué par les traditionnelles violences (moins sérieuses que l’édition précédente au Stadium of Light), sièges arrachés et balancés, quelques heurts, vingt-quatre supporters arrêtés.

Birmingham 1 – Aston Villa 1, à St Andrew’s, devant seulement 22 287 spectateurs (le stade fait 30 000), le plus petit total pour le «Second City Derby ». Match plus engagé (trente fautes) que plaisant entre ces mal classés. Villa malchanceux, trois tirs sur les montants.

Everton 2 – 2 Liverpool, derby de la Merseyside, sous les yeux de John Henry, le propriétaire qui s’était déplacé des USA pour « une réunion de crise » avec Dalglish (Liverpool occupe la treizième place).

C’était deux jours après ce même derby (mais en FA Cup, 4 – 4, à Goodison Park), vingt ans auparavant (février 1991) que Dalglish arrêta son long bout de chemin avec les Reds (quatorze ans). Liverpool occupait alors la tête du classement mais des problèmes de santé obligèrent King Kenny à passer la main (à Graeme Souness). Ce 215è derby semble indiquer un renouveau des Reds, combatifs et entreprenants (dix corners, seize occasions de buts, dont onze cadrées – contre quatre cadrées pour les Toffees).

Arrêtons-nous un moment sur cet Everton – Liverpool, un derby vraiment pas comme les autres, entre deux clubs au destin parallèle. Ils connurent le succès avant la deuxième guerre mondiale (cinq titres pour Everton, quatre pour Liverpool), puis la descente en D2 au début des années 50 (1951 pour Everton, 1954 pour les Reds), et enfin la résurrection quelques années plus tard.

Si ce derby n’a aujourd’hui rien d’amical, il était surnommé le « Friendly Derby » pendant les années 80, dans une sorte d’union sacrée des deux clubs, une communion des gens de Liverpool « against the world » (unis contre le sentiment anti-Liverpool dont les Liverpudliens se sentent toujours parfois la cible).

Toutefois, certains historiens réfutent ce qu’ils appellent le « mythe du derby bon enfant » (d’autres soutiennent cependant le contraire), en précisant que cette fraternité n’aurait eu lieu brièvement qu’après la tragédie d’Hillsborough le 15 avril 1989. Il n’en est pas moins qu’il exista une certaine forme de solidarité entre les deux géants de la ville dans les années 80. Plusieurs fois, au cours des années 80, les supporters des deux clubs voyagèrent ensemble en train ou en autocar vers Wembley (pour des finales de coupe), en chantant « Merseyside, Merseyside ».

L’explication de cet étonnant rapprochement entre les deux clubs, réside dans l’image très négative qui colle à la peau de Liverpool à la fin de la décennie 70 et au début de la suivante. Emeutes de Toxteth (1981), grèves à répétition, chômage record, réputation de délinquance et gouvernement local en guerre contre Thatcher, Liverpool devient vite la paria de l’Angleterre, surtout de l’Angleterre du sud.

Après la tragédie de Hillsborough, et ses longues séquelles (toujours d’actualité), certains journaux (dont The Sun) reprochent à la ville de ne pas « passer à autre chose ». Mais c’est surtout après l’affaire James Bulger que Liverpool acquiert nationalement le surnom de « Self-pity City » (expression détestable inventée par Jonathan Margolis, alors journaliste au Sunday Times), une ville peuplée de « whingeing and thieving Scousers » (locaux râleurs et voleurs) pour nombre de Britanniques, l’archétype même de la ville qui s’apitoie sur son sort en rejetant systématiquement la faute sur les autres.

Comme un bras d’honneur à leurs détracteurs, c’est précisément dans les années 80 que les deux clubs connaissent leur « Golden era ». La ville de Liverpool est aujourd’hui la plus titrée d’Angleterre : 27 titres de D1 (18 pour LFC, 9 pour Everton), 12 FA Cups, 7 Coupes de la Ligue et 9 titres européens (8 pour les Reds, 1 pour les Toffees).

Le TOP XI TK du week-end :

———————-Kingson——————

Bosingwa——-Ivanovic—-Vidic———Hutton

Nasri——–Ferguson——Wilshere—–Gardner

————-van Persie—————-Tévez—–

Remplaçants : Gomes, Distin, Tuncay, A Johnson, Walcott, Anichebe, Odemwingie

Le FLOP XI TK du week-end :

———————–Jaaskelainen —————-

Faubert———Knight——–Skrtel———–Bridge

Dunn——-Watson———–Thomas——-Taylor

——————C Cole———–Kalinic———–

Remplaçants : Reina, Cathcart, Kolarov, Reo-Coker, Hines, Elmander, Drogba

Lundi 17 janvier

Les médias annoncent la disparition de Nat Lofthouse, une légende du foot anglais, qui s’est éteint à l’âge de 85 ans (mort naturelle).

Le « Lion de Vienne »

Le Lion de Vienne


Surnommé « le Lion de Vienne », ce joueur d’un seul club (Bolton Wanderers) était un avant-centre « à l’ancienne », tout en puissance, qui devait son surnom à ses deux buts lors d’un Autriche-Angleterre d’anthologie en mai 1952 (2-3), voir clip<(les Autrichiens étaient alors parmi les meilleurs).

En 1953, Nat Lofthouse fut élu Footballeur anglais de l’année. Il a inscrit 255 buts pour 452 matchs sous le maillot des Trotters (1946-1960) et une tribune du stade de Bolton porte son nom. Il fait également partie des premiers footballeurs (« inaugural inductees ») nommés au English Football Hall of Fame du National Football Museum de Preston (fermé en ce moment, il réouvrira à l’automne prochain au centre d’exposition Urbis, à Manchester). Lofhouse compte trente-trois capes pour trente buts en équipe nationale (de 1950 à 1958). Ça c’est du rendement !

Le futur National Football Museum de Manchester

Le futur National Football Museum de Manchester

A la surprise générale, on apprend que Darren Bent a déposé une demande officielle de transfert vers Aston Villa… trois heures après le derby Sunderland – Newcastle ! Darren Bent, attaquant de Sunderland depuis août 2009 (32 buts en 58 matchs de PL), semble bien parti pour signer à Aston Villa pour 24 millions de £ (avec les extras). C’est ce même Bent qui déclarait au journal régional le 5 décembre dernier (je sais, un mois et demi est une éternité en football) :

« Bien sûr que je compte signer une prolongation de contrat à Sunderland, des deux mains même ! Je me sens super bien ici, j’adore ce club [blablabla] et j’aime super bien la [bladibladibla]… »

Mercredi 19 janvier

C’est la crise en Angleterre, la vraie, la tatouée. L’économie avance à reculons, la TVA vient de passer de 15 à 20 %, le chômage explose, l’inflation est galopante, la « Big Society » de Cameron tourne à la big joke, les budgets sont réduits à la dynamite, ça licencie par milliers toutes les semaines et, pour couronner le tout, on va bientôt avoir droit à des mois de couverture non-stop du mariage du Prince William et sa gueuse Kate, festivités payées par les contribuables à n’en pas douter (normal, c’est une roturière).

Toutefois, dans un coin reculé du Royaume en forme de tour d’ivoire, une tribu résiste à la Big Society en se gondolant : les Footballeurs. Ils font même mieux que se défendre, ils payent de moins en moins d’impôts.

Le Fisc anglais (HMRC), qui a dans le collimateur certaines pratiques douteuses mais courantes dans le milieu du football (lire ici), annonce mollement qu’il va sévir durement. L’anachroniquement nommé « Her Majesty’s Revenue and Customs » (le fisc, quoi) compte récupérer la bagatelle de cent millions de £, que les footeux cupides lui auraient barboté (rien que sur la dernière année fiscale), avec la bénédiction des clubs. Cependant, la tache s’annonce compliquée. Le fisc doit prouver que les clubs ont sciemment surévalué les droits d’image payés aux joueurs (et taxés à 28 %) au lieu de leur verser un salaire plus élevé (taxé lui à 50 %). La mesure vise au moins cinquante-cinq footballeurs.

Le principe est simple. Les joueurs signent deux contrats, un classique et un autre exclusivement réservé aux royalties payées sur le merchandising et les droits d’image. Sur le second contrat, les joueurs ne sont assujettis  qu’à 28 % (corporation tax) au lieu du taux de 50 % sur les revenus (40 % avant avril 2010).

En outre, pour payer encore moins, nombre d’entre eux passent par des sociétés qui utilisent un système de prêts déguisés basés sur le principe du « benefit in kind » (avantages en espèces), taxés à seulement… 2 % ! Wayne Rooney, payé plus de 250 000 £ par semaine, a ainsi emprunté 1,6 millions de £ à la société Stonegate en deux ans, mais n’a payé que 25 511 £ en impôts sur cette somme, au lieu de 622 802 £ si elle avait fait partie de son salaire. Peter Fairchild, de la société de comptabilité et conseil fiscal Begbies Travnor, déclare :

« En terme fiscal, si l’on est dirigeant de société [director], emprunter de l’argent d’une société qui gère les droits d’images est vraiment très, très bénéfique »

Je dirais même plus Peter : c’est très, très, très bénéfique. Cela dit, bientôt, les footballeurs n’auront plus à ruser. Le gouvernement bicéphale Cameron-Clegg envisage de refaire passer le taux d’imposition sur les gros revenus (plus de 150 000 £ / an) de 50 à 40 %. Cela confortera les spécialistes qui aiment dire que sur une saison, tout s’équilibre.

Les coupes budgétaires l'inquiètent terriblement

Les coupes budgétaires l'inquiètent terriblement

Certains footballeurs, comme Rio Ferdinand, Ashley Cole ou Michael Owen sont même allés plus loin pour pleinement bénéficier de ces générosités concoctées par le gouvernement Blair : ils ont créé leur propre société de prêt. Le Tweet de la fin donc à Rio Ferdinand (il était probablement coincé dans un embouteillage) qui s’inquiétait il y a peu des coupes budgétaires qui frapperont à partir d’avril :
« Ces coupes budgétaires pourraient avoir un impact très négatif sur notre société. Si le gouvernement commence graduellement à réduire tous les budgets, on pourrait se transformer en un de ces pays en difficulté qu’on considérait un peu de haut auparavant. Espérons que ça ne nous plongera pas dans une spirale négative. »

Kevin Quigagne.