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Présentation du Hall of Fame Spurs version Teenage Kicks.

Voir intro.

Suite et fin du Hall of fame TK de Tottenham Hotspur

Pat Jennings (1964-1977), gardien, 673 matchs/1 but. 119 capes nord-irlandaises.

Mythique portier britannique, souvent donné dans les dix meilleurs gardiens de l’histoire du football. Débarqué à Watford (D3) à 18 ans de son Ulster natal (où il bossait dans une société d’exploitation forestière pour 25 £/mois), il arriva à Tottenham à 19 ans. Jennings, jamais passé par un grand club ou un centre de formation, fut accueilli à Spurs avec un certain scepticisme ; il avait en effet la lourde tâche de remplacer l’excellent Bill Brown avec lequel il fut placé en concurrence les deux premières saisons.

Gardien très athlétique et précurseur, il préférait rester debout face à un attaquant lancé devant le but plutôt que de se coucher très tôt comme c’était alors la pratique. Ses années de gaelic football en Irlande l’avaient rendu complet et doté d’une coordination mains-pieds-jambes exceptionnelle (il lui arrivait de prendre des ballons aériens d’une main, comme au football gaélique –  « Ses mains étaient de vrais battoirs » disait de lui Bill Shankly).

En 1977, il fut malencontreusement vendu à Arsenal, le manager d’alors, Keith Burkinshaw, pensant que Jennings était sur le déclin (32 ans et venait de subir sa première blessure sérieuse). Une belle carrière de huit ans – et 327 matchs – chez l’ennemi juré  contredit le jugement hâtif de son ex entraîneur.

Elu deux fois Joueur de l’année, par la Football Writers’ Association (1973) et par ses pairs de la Professional Footballers’ Association (1976). Joua en équipe nationale jusqu’en 1986, à 41 ans. Il marqua son seul but de sa propre surface lors du Charity Shield 1967 ! Presque 1 100 matchs professionnels à son actif de 1963 à 1986.

Employé aujourd’hui par Tottenham comme entraîneur de gardiens de l’Academy et dans le relationnel du club. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2003.

Martin Chivers (1968-1976), avant-centre, 367 matchs/174 buts, 24 capes anglaises/13 buts.

« Big Chiv » (1m85) arriva de Southampton en janvier 1968, à 22 ans et pour 150 000 £, alors record anglais. C’était un jeune très prometteur (17 capes Espoirs) et il poussa Jimmy Greaves vers la sortie.

Ses deux premières saisons pleines (1970-1972) furent triomphales : 3è et 6è de D1, 1 C3, 1 League Cup, 78 buts en 122 matchs et 13 capes anglaises (7 buts). Forma un prolifique duo avec l’Ecossais Alan Gilzean. Une série de blessures lui gâcha sa fin de carrière Spurs (Bill Nicholson et Gilzean partis, le club faillit descendre en D2 en 1975 – ce sera chose faite en 1977). Quitta Tottenham pour la Suisse (Servette de Genève) où il fut sacré « Meilleur joueur étranger » saison 1977-78.

Troisième buteur de l’histoire du club (202 buts avec les matchs amicaux). Son record Spurs de 22 buts européens a récemment été battu par Jermaine Defoe. Sévit aujourd’hui dans les médias londoniens et employé par le club dans le relationnel.

Steve Perryman (1969-1986), milieu puis défenseur, 866 matchs/39 buts, 1 cape anglaise.

Perryman, ce sont d’abord des stats venues d’ailleurs : 655 matchs de championnat avec Spurs, dont 613 en D1 ; jusqu’à août 2011 (et Ryan Giggs), c’était le record de D1 anglaise pour un joueur de champ (mais le Londonien éclipse probablement le Gallois en temps de jeu). 866 matchs avec les coupes et 1 014 apparitions en comptant les coupes d’intersaison – aujourd’hui disparues – et matchs amicaux ! (aussi 84 matchs pour Oxford United et Brentford).

Quasi inconnu outre-Manche, longtemps sous-estimé au pays et archétype du joueur discret mais ô combien précieux, ce technicien besogneux aux trois poumons débuta professionnellement à 17 ans et fut nommé capitaine (permanent) à 24. Très polyvalent (milieu puis défenseur central et latéral droit), il décrocha six trophées majeurs avec Spurs, dont deux coupes d’Europe. D’une loyauté admirable, il rejeta les convoitises d’un Liverpool Champion d’Europe à l’intersaison 1977, et ce alors que Spurs venait d’être relégué en D2 !

Elu Joueur de l’année 1982 par la Football Writers’ Association. D’une grande modestie, Perryman se contente de dire que son rôle, quand il fut repositionné latéral (offensif) en 1978, « se limitait à transmettre le ballon à Glenn Hoddle qui faisait le reste. » Seul bémol : son unique cape anglaise, à 31 ans (à peine 20 minutes de jeu), alors que ses 17 capes Espoirs avait laissé entrevoir un avenir international. Un manque de reconnaissance que Perryman attribue à sa (trop) grande polyvalence, excellent dans plusieurs secteurs du jeu mais pas de « classe internationale » à un poste spécifique. Décoré de la MBE en 1986 (sorte de légion d’honneur britannique light) pour services rendus au football.

Après-carrière variée, ouvrit un magasin de sports, travailla dans les médias, managea plusieurs clubs (en Angleterre, en Norvège et au Japon – où il reçut la récompense de Manager de l’Année) avant de devenir le directeur sportif d’Exeter City en 2003 (toujours en place). Mais il aurait pu tout aussi bien faire sosie de Charles Bronson.

Glenn Hoddle (1975-1987), milieu, 490 matchs/110 buts, 53 capes anglaises/8 buts.

Formé à Watford, arrivé chez les Spurs à 16 ans ½. Se révéla au grand jour saison 1979-80 : 19 buts en 41 matchs (élu Jeune Joueur de l’année) avec également une première sélection anglaise.

Technicien hors pair et l’un des meilleurs créateurs que le football britannique n’ait jamais produit, il est souvent dit qu’il préféra s’exiler en France de 1987 à 1991 car son style « latin » et félin y était plus apprécié (le fait que Monaco payait bien mieux – et netto – que les plus gros clubs anglais de l’époque n’est probablement pas non plus étranger à son exil). A managé pendant une douzaine d’années une fois les crampons raccrochés, dont les Trois Lions et Tottenham.

(crédit photo : oldschoolpanini.com)

Deux dérapages notoires à son actif : un abject disque Diamond Lights en duo avec Chris Waddle et son odieuse déclaration sur le « mauvais karma » des handicapés ; on ne saurait dire laquelle de ces deux infamies est la plus condamnable. Sévit désormais dans les médias anglais tout en dirigeant son propre centre de formation en Andalousie, la Glenn Hoddle Academy ; également employé depuis peu par la F.A. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2007.

Osvaldo (Ossie) Ardiles (1978-1988), milieu, 385 matchs/37 buts, 52 capes argentines/8 buts. Acheté 325 000 £ au club porteño de Huracán (le record britannique était alors de 500 000 £, Kevin Keegan de Liverpool à Hambourg un an avant – mais l’inflation était galopante : un an plus tard, Steve Daley et Andy Gray iront respectivement à Man City et Wolves pour presque 1,5M £ chacun).

L’arrivée du champion du monde argentin (en compagnie de son compatriote Ricardo Villa – les premières vedettes étrangères de ce calibre à débarquer en Angleterre [1]) dans un Tottenham nouvellement promu en surprit plus d’un et nombre d’observateurs doutèrent ouvertement des capacités physiques de ce petit bonhomme d’1,69m à réussir dans un championnat aussi rugueux. Tommy Docherty, grande gueule du football britannique et alors manager de Derby County prédisant comiquement « que les deux Argentins rentreraient au pays aux premiers flocons de neige. » Ses qualités techniques et sa vision du jeu firent vite taire les sceptiques.

Forma avec Glenn Hoddle un duo sublimement créatif qui permit à Spurs de régulièrement jouer les premiers rôles et réussir quelques coups d’éclat dans les années 80 : 4è en 1982 et 83, 3è en 1985 et 87, FA Cup 1981 et 1982, C3 en 1984.

Connut de sérieuses blessures (tibia cassé notamment) dans la deuxième partie de sa carrière Spurs après son retour du PSG – saison 1982-83 – où il avait demandé à être prêté, suite à l’ambiance pesante en Angleterre pour cause de guerre des Malouines (le conflit venant tout juste d’éclater, il fut même laissé de côté pour la finale de FA Cup 1982 contre QPR).

Son retour comme manager en 1993 se solda par un échec et il fut limogé en octobre 1994. Ses qualités de joueur et sa chaleureuse personnalité lui confèrent une place à part dans l’histoire du club et le coeur des supporters (Ossie n’arriva jamais par exemple à prononcer le nom du club, il disait « Tottingham »… Cela amusait follement les supps).

Vit toujours dans la même maison du Hertfordshire (nord de Londres) qu’il acquit il y a 35 ans avec sa prime à la signature. Dirige la Ossie Ardiles Soccer School tout en travaillant dans l’évènementiel et les médias. Récemment victime d’un accident de la route aux Malouines où il tournait un docu avec Ricky Villa (qui, lui, s’est payé un ranch près de sa ville natale avec sa prime à la signature – au passage, voici le plus beau but Spurs de Villa, inscrit pendant les prolongations du replay de la FA Cup final 1981, élu en 2001 Wembley Goal of the Century). Intronisé au English Football Hall of Fame en 2009.

Gary Mabbutt (1982-1998), milieu puis (surtout) arrière-central, 611 matchs/38 buts, 16 capes anglaises (1 but).

Cult hero du club, où il fut capitaine 11 ans, remporta la Coupe de l’UEFA 1984 et la FA Cup 1991 (fut moins chanceux en finale de la FA Cup 1987 contre Coventry où, après avoir inscrit le deuxième but des Spurs, il marqua contre son camp le but victorieux pour les Sky Blues).

Fin technicien et d’une grande fiabilité, il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs anglais des Eighties. Décoré de la MBE pour Services rendus au football. Immense serviteur Spurs, il est aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club.

Paul Gascoigne (1988-1992), milieu, 112 matchs/33 buts, 57 capes anglaises/10 buts.

Après une superbe saison à Newcastle (élu Jeune Joueur de l’année et inclus dans l’équipe PFA 1987-88), Alex Ferguson obtint son accord pour signer à Man United. Le temps que Fergie revienne de vacances, Tottenham – orphelin d’un milieu créatif, Hoddle parti un an auparavant – avait persuadé Gazza de signer chez eux, pour 2M £. Sous la houlette de Terry Venables et aux côtés de Gary Lineker et son « compatriote » Geordie Chris Waddle, il étoffa son jeu et devint incontournable en sélection.

La finale de FA Cup en 1991 contre Nottingham Forest fut son dernier match de compétition pour Spurs et le plus mémorable, pour les mauvaises raisons :  horrible tacle-agression (à 40 secondes) sur Gary Charles et sur lequel Gazza se blessera gravement, au point de manquer toute la saison 1991-92. Recruté par la Lazio pour 5,5M £ en 1992 (les Romains l’avaient en fait enrôlé un an avant – pour 8,5M – mais sa grave blessure retarda le transfert). Intronisé au English Football Hall of Fame dès sa création en 2002.

Gareth Bale (2007-2013), arrière-gauche jusqu’en 2010-11, puis ailier/milieu gauche/offensif, 203 matchs/55 buts, 43 sélections galloises/11 buts (au 29/01/2014).

Formé à la prolifique Academy de Southampton où il s’avère d’une précocité rare (aligné dans l’équipe de D2 et international gallois dès 16 ans ¾), Bale est acheté 7M £ par Tottenham en mai 2007 après que Manchester United et Arsenal l’ont snobbé. Déjà, même en position d’arrière-gauche, il brille par sa dangerosité et sa grande créativité.  A Spurs, le bolide continue sur sa lancée mais se blesse et doit rater la deuxième partie de la saison 2007-08. Après un retour difficile (Benoît Assou-Ekotto en profite pour s’imposer en numéro 3), il revient en force début 2010.

Mais c’est la saison 2010-11 qui va le faire connaître sur la scène internationale, notamment son extraordinaire prestation en octobre 2010 contre Inter Milan en Ligue des Champions où il claque un hat-trick de feu devant un San Siro subjugé. Harry Redknapp le fait alors progressivement évoluer en milieu/ailier gauche, position où Andres Villas Boas le maintiendra début 2012-13, une extraordinaire saison pour le Gallois, auteur de 26 buts (souvent spectaculaires) en 44 matchs. Palmarès individuel déjà très fourni : inclus dans l’équipe UEFA de l’année 2011, Joueur PFA de l’année en 2011 & 2013, élu Joueur de l’année 2013 par la Football Writer’s Association et Young Player of the Year 2013 (seul Cristiano Ronaldo avait réussi ce triplé avant Bale). Vendu au Real Madrid fin août 2013 pour le montant record de 85M £.en profite pour s’imposer en numéro 3), il revient en force début 2010.

Mais aussi…

John Cameron (1898-1907), entraîneur-joueur écossais, avant-centre, 111 matchs/43 buts. Offrit au club sa première FA Cup, en 1901. D’autant plus remarquable que le club n’évoluait pas en Football League (alors D1 et D2) mais en Southern League, l’équivalent de la D3.

Jimmy Dimmock (1919-1930), ailier gauche, 438 matchs/112 buts, 3 capes anglaises.

Ted Ditchburn (1939-1958), gardien, 452 matchs, 6 capes anglaises. Considéré comme le plus grand portier du club, avec Pat Jennings et Ray Clemence.

Cliff Jones (1958-1968), ailier gauche, 378 matchs/159 buts, 59 capes galloises/16 buts. Joueur vif, excellent des deux pieds, cet ex ouvrier en métallurgie était considéré comme l’un des tous meilleurs ailiers mondiaux. Fit partie intégrante du redoutable dispositif offensif de l’ère Bill Nicholson. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2013 (seuls 5 autres Gallois y figurent – John Charles, Billy Meredith, Ian Rush, Mark Hughes et Ryan Giggs). Aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club (ci-dessous, au centre).

Cyril Knowles (1964-1976), considéré comme le plus grand latéral gauche du club – avec Bale quand il l’était. 507 matchs/17 buts, 4 capes anglaises.

Alan Gilzean (1964-1974), avant-centre, 439 matchs/133 buts, 22 capes écossaises/12 buts. Forma un duo prolifique avec Jimmy Greaves d’abord, puis Martin Chivers ensuite.

Alan Mullery (1964-1972), milieu, 373 matchs/30 buts, 35 capes anglaises/1 but. Recruté pour remplacer Danny Blanchflower. Nommé capitaine en 1968 après le départ de David Mackay.

Martin Peters (1970-1975), milieu, 189 matchs/46 buts, 67 capes anglaises/20 buts. Champion du monde 1966 (également legend de West Ham bien sûr, ainsi que de Norwich). Intronisé au English Football Hall of Fame en 2006.

Keith Burkinshaw (1976-1984), manager, deuxième plus riche palmarès du club (avec Arthur Rowe) : 2 FA Cups et 1 C3, 2 places de 4è en 1982 et 83. Réussit la prouesse de faire venir O. Ardiles et R. Villa. Avec J. Cameron, A. Rowe et B. Nicholson, Burkinshaw complète le carré divin des grands entraîneurs Spurs du XXè siècle. A croire cependant que les Dieux du foot jugèrent que cela faisait trop pour un seul club car la revanche fut terrible : Tottenham eut ensuite droit à Christian Gross et Jacques Santini (clip mythique, ce qui est sûr c’est qu’il ne bossera jamais pour Berlitz).

Ray Clemence (1981-1987), gardien, 240 matchs, 61 capes anglaises. Arriva de Liverpool à 33 ans, auréolé d’un titre de Champion d’Europe en club. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2010.

Chris Waddle (1985-1989), ailier, 173 matchs/ 42 buts, 62 capes anglaises/6 buts. Recruté de Newcastle à 24 ans et devint titulaire en équipe d’Angleterre peu après son arrivée à Spurs. Très présent dans les médias anglais depuis quelques années, consultant et commentateur pour la BBC et ESPN. Vit à Sheffield depuis son retour de Marseille et joue toujours occasionnellement avec le club local de Hallam FC (surtout avec les vétérans mais parfois remplaçant avec l’équipe première, D10).

Gary Lineker (1989-1992), avant-centre, 138 matchs/80 buts, 80 capes anglaises/48 buts. Arrivé à 29 ans après trois saisons au Barça, Lineker finit ensuite sa carrière au Japon. Aujourd’hui présentateur de Match Of The Day sur la BBC. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2003.

Sol Campbell (1992-2001), arrière central, 315 matchs/15 buts, 73 capes anglaises/1 but. En 2001, devint le premier joueur du foot britannique à toucher 100 000 £/semaine en signant à Arsenal (salaire astronomique rendu possible par la gratuité du transfert).

Darren Anderton (1992-2004), ailier/milieu offensif, 335 matchs/51 buts, 30 capes anglaises/7 buts. Brilla au milieu des Nineties aux côtés de Sheringham, Ginola et (brièvement) Klinsmann avant qu’une série de blessures émousse sa vivacité (cruellement surnommé « sick note », certificat médical).

Teddy Sheringham (1992-97 et 2001-03), avant-centre, 277 matchs/125 buts, 51 capes anglaises/11 buts. Compensait son manque de vitesse par une technique et vision hors normes. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2009.

David Ginola (1997-2000), ailier gauche, 124 matchs/22 buts, 17 capes françaises/3 buts. Ecarté par Dalglish à Newcastle, El Magnifico s’en alla faire le bonheur des Spurs, au grand dam des supporters Magpies.

Ledley King (1999-2012), arrière central, 321 matchs/15 buts, 21 capes anglaises. Grand serviteur du club, des problèmes récurrents aux genoux le forcèrent à raccrocher les crampons à 31 ans (il s’entraînait à part et qu’une ou deux fois par semaine les dernières saisons). Aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club.

Robbie Keane (2002-2008 et 2009-2011), avant-centre, 293 matchs/121 buts, 131 capes irlandaises/62 buts (compteur international toujours ouvert).

Jermain Defoe (2004-2008 et 2009-février 2014), avant-centre, 262 matchs/143 buts (au 29.01.2014), 55 capes anglaises/19 buts (compteur international toujours ouvert).

Particularité

La fondation de Spurs (= éperons) est originale. En 1882, une bande d’ex-lycéens cricketers issus de deux écoles privées huppées décident de monter un club pour s’occuper l’hiver (le cricket ne se pratiquant que printemps et été). Ces férus de Shakespeare vouent une fascination au héros shakespearien Harry Hotspur, un combattant au sang chaud qui utilisait excessivement ses éperons lors de ses épiques bastons à cheval contre les Ecossais et les Français. Il est d’ailleurs mort au combat, à la bataille de Shrewsbury (1403), en rajustant sa visière, paf, flèche dans le bec.

Ci-dessus, le premier club book de Tottenham. La page de gauche indique que le 1er match (amical) fut perdu 2-0, contre les « Radicals » le 30.08.1882. Seulement 2 matchs disputés cette saison-là – l’autre fut une défaite 8-1. La raison de ce calendrier  light : seulement 11 licenciés. Spurs ne démarra véritablement qu’un an plus tard.

Etant donc fortement imprégnés de cette dramaturgie guerrière, nos potaches fondateurs du club tiennent à choisir un nom véhiculant force et la virilité et s’accordent vite sur Hotspur FC. Pour éviter toute confusion avec un club voisin qui s’appelle London Hotspur, le « préfixe » Tottenham est ajouté en 1885.

Palmarès

Champion d’Angleterre : 1951, 1961

Vice-champion : 1922, 1952, 1957, 1963

Vainqueur de la FA Cup : 1901, 1921, 1961, 1962, 1967, 1981, 1982, 1991

Vainqueur de la League Cup : 1971, 1973, 1999, 2008

Vainqueur de la Coupe UEFA : 1972, 1984

Vainqueur de la Coupe des coupes : 1963

Kevin Quigagne.

Dans la même série :

Le Hall of fame de Liverpool FC (1/2)

Le Hall of fame de Liverpool FC (2/2)

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[1] Et pour cause : à la suite de l’affaire Rodolphe Hiden, le Players’ Union (aujourd’hui PFA, syndicat des joueurs) et la Football League interdirent le recrutement de professionnels étrangers de 1931 à 1978 (hors Commonwealth), à quelques exceptions/dérogations près (Arnold Mühren, en 1978, et Frans Thijssen, un an plus tard, seront deux autres noms marquants à débarquer en Angleterre, à Ipswich. Les deux Néerlandais contribueront largement à la formidable épopée européenne d’Ipswich Town en 1980-81, vainqueur de la Coupe UEFA en mode destroy ; 7-2 contre Saint-Etienne en 1/4, 5-4 en finale, matchs A/R).

Comb-overs risqués, permanentes caniches, mullets dantesques, afros ébouriffants, mohicans improbables, catogans classés X… On a vu tous les styles défiler dans le football anglais ces cinquante dernières années. Si la vitrine du foot british est riche en FA Cups légendaires et European Cups d’anthologie, d’autres coupes sont tout aussi remarquables.

Avant les années 60, la coiffure était invisible, personne n’y prêtait attention. Tous les joueurs étaient logés à la même enseigne : cheveux courts et oreilles dégagées. Ce style sommaire a un nom bien connu des Britanniques : le short back and sides. Seul le haut se risquait parfois à l’originalité, le plus souvent sous la forme d’une coupe en brosse ou d’un quiff brut de décoiffage, tel le grand Billy Wright (105 capes anglaises dans les Fifties, 20 ans aux Wolves).

Malgré cette uniformité générale, certains réussirent à sortir de l’ordinaire, comme on signe une sortie de route, accidentellement (citons Bill Seddon, Arsenal, 1924-32). Malheureusement, en raison de l’absence de photos de qualité sur Internet sur ces quelques Glorieux Anciens poilus, c’est à partir des années 60 que débute notre voyage chevelu down memory lane.

Introduction

A la fin des Fifties, la société anglaise dit définitivement adieu aux mornes années d’après-guerre (rationnement jusqu’en 1954) et l’univers du football en profite pour s’encanailler. Au cours des Sixties, la consommation et la médiatisation débarquent en force et les produits de beauté pour homme s’incrustent dans le paysage. En tête de gondole, la marque Brylcreem et ses « Brylcreem Boys », dont Johnny Haynes et Denis Compton, légendaire cricketer l’été… et ailier d’Arsenal l’hiver ! (tout comme son frère Leslie). La coiffure s’expose davantage et les styles évoluent, timidement.

En consultant les galeries de portraits des joueurs au début des Seventies (voir absolument celles d’Arsenal, Leeds, Liverpool, Newcastle et Manchester United !), on constate en effet un léger frémissement positif. On est quand même loin du compte et pour un George Best, il y a cinquante sinistrés du tif. L’indigence capillaire est notamment palpable chez les Gunners et les Red Devils (les Magpies, eux, sont en perdition totale). A l’évidence, les stylistes ont encore du pain sur la planche, l’approximation étant la règle !

son coiffeur buvait beaucoup

Noel Brotherston : son coiffeur buvait beaucoup

A l’examen de ces trombinoscopes apocalyptifs, le poids des disparités régionales et la prégnance des déserts ruraux sautent aux yeux. L’Angleterre profonde (Burnley, Ipswich) souffre clairement d’une pénurie de salons de coiffure et Southampton d’un excès d’agriculteurs (ça ou le club expérimente en croisant son effectif avec des animaux de ferme). Quant à Sheffield United, il est clair qu’aujourd’hui les instances ne les laisseraient jamais jouer avec ces touches-là, sauf dans un championnat d’épouvantails.

Si la pire coupe du football anglais est sans doute celle de feu Noel « Bozo » Brotherston (Blackburn Rovers, 1977-87), les années 60 et 70 amorcèrent le mouvement. Aujourd’hui, premier volet de notre étude capillaire : 1960-1975, du comb-over à l’ancètre du mullet.

Les années 60

Bobby Charlton

Incontestablement, l’anti-vedette capillaire des Sixties et le maître planétaire du « style » comb-over, opération qui consiste à rabattre ses quelques cheveux sur la calotte. En match, sans son peigne, ça partait en vrille.

On ne peut s’empêcher de penser que quand Bobby déboulait mèche au vent, les défenseurs se marraient trop pour le rattraper. Et voilà comment on claque 326 buts dans une carrière. Bobby fit de nombreuses émules, dont Henry Hall, Ralph Coates (en bas à droite), Giscard, Fabius et PPDA.

Les années 70

La touche de glamour capillaire apportée classieusement par George Best se rebiffa dans les Seventies. L’Arsenal Legend Charlie George (élu 9ème Greatest Gunner en 2008, ici), surnommé « The Cockney Rebel », fut l’un des premiers à porter le cheveu long et raide. Malheureusement, vers 1975 avec Arsenal puis Derby, Charlie commit un gros impair avec une série de bubble perms immondes, ce qui lui vaut sa présence ici.

Charlie, que son éblouissante performance lors de la finale de FA Cup 1971 contre Liverpool rendit célèbre (avec célébration iconic de son but victorieux en prolongation), aurait pu faire une belle carrière mais il ne rentra jamais dans le moule disciplinaire de l’époque.

Pour sa première (et dernière) sélection en équipe d’Angleterre, en 1976 (fin de la piètre ère Don Revie), il est remplacé à l’heure de jeu, à son grand mécontentement. A Revie qui lui demande s’il veut s’asseoir sur le banc ou filer à la douche, Charlie répond : « Go fuck yourself ». Quelques saisons plus tard, à 31 ans, il partit buller à Bulova (Hong-Kong). Finalement, Anelka n’a rien inventé, les Glorieux Anciens d’Arsenal ont dû lui souffler l’anecdote Charlie George. Sauf que lui n’attendit pas la séniorité pour envoyer promener le sélectionneur, il le fit dès sa toute première sélection – respect.

c'est bien lui

Charlie George aujourd'hui : le doute n'est plus permis

Revenons à l’esthétique. Ayant décelé une ressemblance troublante avec un célèbre journaliste TV français, notre conscience professionnelle nous poussa à filer sur Londres pour y faire des recherches généalogiques. Et là, au Register Office d’Islington, double whammy bingo-consternation.

Nous découvrîmes que Charlie a une mère francophile (Mrs Grimold) et qu’il fut séparé à la naissance de son frère, Dominic, alors âgé de 2 ans. Ce dernier suivit sa maman à Paris où elle prit le statut de réfugiée gastronomique et francisa les noms pour faciliter l’intégration de la petite famille. C’est donc avec une grande fierté que TK vous livre le scoop de la saison : Charlie George est le frangin de Dominique Grimault.

TK compte les réunir prochainement, au moins pour ce dernier puisse enfin améliorer son abominable anglais et faire profiter Thierry Roland de ses progrès dans la langue de Paul Gascoigne (qu’on en finisse avec les scatologiques O’Chie pour John O’Shea – ça s’ prononce O Ché). Avant l’Euro 2012, et avec le duo Angleterre-Irlande présent, le TK est fier de pouvoir modestement œuvrer pour que cesse ce massacre phonético-linguistique.

Neil Warnock

Oh dear, oh dear. Et ces rouflaquettes qui descendent jusqu’au menton, épique (l’ex manager de QPR portait les fripes de Rotherham United sur la photo, 1969-1971).

Sacré Neil. Dommage que Joey Barton-la-grande-gueule n’ait jamais tweeté cette photo d’anthologie lors de la mémorable Twitterfight Barton v Warnock mi-janvier, il n’aurait pas eu besoin d’en faire des tonnes pour casser les reins de son adversaire. Une photo tweetée et Neil-l’encore-plus-grande-gueule était coiffé pour la saison.

Kevin Keegan

Dans les années 70, celui que les Allemands surnommèrent « The Mighty Mouse » (la souris dévastatrice) muta en canidé en adoptant la permanente.

Le mythe en prend un sacré coup quand même

Le mythe en prend un sacré coup quand même

Une idée exécrable et aux conséquences désastreuses. Du jour au lendemain, ce style bubble perm se répandit dans le pays comme une trainée de poudre et l’on constata un profond changement de comportement chez l’Homo britannicus. Soudain, on vit un tas d’hommes-caniches sortir des pubs et pisser pavloviennement contre les lampadaires.

« Paulo, vous avez quoi comme croquettes en Allemagne ? »

(show canin international) « Paulo, vous avez quoi comme croquettes en Allemagne ? »

Keegan aussi passa par Southampton et leurs expérimentations animalières (voir intro). On comprend maintenant pourquoi comment un petit club comme Southampton réussit à recruter Keegan en 1980, juste au sortir de son triomphe à Hambourg (double Ballon d’or en 1978 & 79) alors que Liverpool devait le récupérer. Visiblement le lobby fermier anglais avait le bras long et comptait bien se faire de la publicité à peu de frais.

Pat Jennings

Partisan du moindre effort hors des terrains, le mythique Nord-Irlandais (presque 1 000 matchs pour Tottenham et Arsenal de 1964 à 1986) ne se fit jamais couper les cheveux, il les laissa pousser en les pliant au fur et à mesure pour que tout tienne sur le crâne. Au Mondial 1986, âgé de 41 ans, il avait toujours la même coupe accordéon.

John Dempsey

Si Bobby fit du comb-over une mode pour allopéciens en herbe, c’est l’international irlandais John Dempsey (Fulham et Chelsea) qui lui fit prendre une dimension supplémentaire, avec débordement sur les ailes, à la Mireille Matthieu. Ça ne l’empêcha pas d’être élu Meilleur défenseur du championnat US de la NASL en 1979, devant Franz Beckenbauer. Pas Mireille hein, mais John.

Il aurait tant aimé que mille cIl aurait tant aimé que mille colombes lui c***nt dessus pour qu’on ne voit plus sa coupe Il aurait tant aimé que mille colombes lui ch***t dessus pour cacher sa coupe

Il aurait tant aimé que mille colombes lui c***nt dessus pour cacher sa coupe

Chris Garland

Un peu le même style comb-over que Bobby pour l’ex attaquant de Bristol City, Chelsea et Leicester City, mais avec la belle tignasse en plus. Croisement intéressant, entre aristo à la cour royale de Versailles et Patrick Duffy.

Non, ce n’est pas une perruque Louis XIV

Non, ce n’est pas une perruque Louis XIV

Brian Little

L’Aston Villa Legend (1970-1980) dut prendre sa retraite à 26 ans, officiellement à cause d’un genou cagneux. Il y a prescription et TK peut révéler la vraie raison : il ne trouvait pas de coiffeur compétent sur Birmingham et en avait marre de passer pour un con lors des photos de groupe.

Quelques saisons plus tard, Didier Six débarqua à Villa et s’éclipsa mystérieusement peu après. Et ben vous comprenez pourquoi aujourd’hui.

Tony Currie

La Sheffield United Legend et ex international anglais adopta le même style aléatoire que Little, en encore moins droit.

Gerry Francis

Vers 1975, copiant la mode musicos de l’époque (Tom Jones, David Bowie, Paul McCartney), le Vairelles anglais et joueur culte des Queens Park Rangers fut le premier parmi les footballers à populariser l’ancêtre du mullet (les rouflaquettes en plus).

Gerry demeura aussi fidèle à QPR (18 saisons, joueur et manager) qu’au mullet. Presque 40 ans plus tard, sa loyauté envers la mythique coupe n’a pas faibli, bien au contraire.

Kevin Quigagne.