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Le tour de force réussi par Matt Bigg et ses trois compères le week-end dernier (voir première partie) est l’occasion idéale de présenter le mythique Ninety-Two Club, une institution aussi anglaise que la Marmite ou le Five O’clock tea.

La passion des Britanniques pour les stades n’a sans doute pas d’équivalent au monde. Peut-être la nécessité a-t-elle forgé cet amour, les supporters anglais se déplaçant souvent par centaines ou milliers pour soutenir leur club, qu’il évolue en Premier League ou en League Two (D4), qu’on soit un beau samedi après-midi d’août ou un mardi soir de décembre.

Des dizaines de livres et publications pratiques ou historiques (ainsi que suppléments, fanzines, etc.) célèbrent et font connaître les stades. L’Ecossais Archibald Leitch, l’architecte de stade le plus renommé au monde, est tout autant vénéré au Royaume-Uni que Le Corbusier dans les pays francophones.

Parallèlement, plusieurs sites uniquement consacrés aux stades se sont créés, tel que www.footballgroundguide.com, devenu un must pour tout supporter. A voir aussi cette page, impressionnante, une sorte d’annuaire pour « ground-hopper » averti (visiteur acharné de stades). L’art est souvent aussi de la partie et des expositions sur les stades sont régulièrement organisées, dont celle-ci, intitulée « 92 Stadiums », qui a récemment présenté des photos de tous les stades de League football (voir aussi ce slideshow). Ce culte du stade doit un peu sa naissance au « Daddy » du genre : le Ninety-Two Club.

Archibald Leitch, plus de quarante stades à son actif

Archibald Leitch, plus de quarante stades à son actif

 

Le mythique Ninety-Two Club

Logo de la FL vers 1985

Logo de la FL vers 1985

En juin 1978, Gordon Pearce fonde le Ninety-Two Club. Condition d’entrée de ce club hyper select : assister à un match (de compétition) dans chacun des stades de la Football League, soit quatre-vingt-douze clubs (de la First à la Fourth Division). En apparence, une tache longue et ardue mais pas insurmontable. Cependant, les règles du jeu, strictes et contraignantes, rendent l’obtention du sésame compliqué (voir ci-dessous). Gordon Pearce avait lui-même accompli la prouesse, au milieu des années 60.

L’idée de la fondation du club vient d’un supporter de Bristol City qui, en 1974, suggère à un magazine de foot l’idée d’offrir une cravate, spécialement créée pour l’occasion, à toute personne ayant assisté à un match dans les quatre-vingt-douze stades de Football League.

Le 12 novembre 1977, deux supporters de Colchester United complètent leur visite des quatre-vingt-douze clubs (à Ashton Gate, Bristol City) et reçoivent les honneurs du journal local. Puis, un autre supporter (de Bristol Rovers) va même plus loin. Non seulement il fait tous les stades, mais ajoute aussi à son tableau de chasse le nouvel entrant à la Football League : Wimbledon FC.

Wimbledon FC, petit nouveau de la Football League en 1978

Wimbledon FC, entrée fracassante dans la Football League en 1977. Le Crazy Gang ne va pas tarder...

Début 1978, Gordon Pearce se dit qu’il serait bon d’officialiser ces exploits et braquer le projecteur sur ces marathons anonymes. Il y voit une manière d’aider logistiquement les vrais supporters et souder cette communauté de passionnés qui sympathisent au gré des rencontres sur les aires d’autoroutes du pays. Il présente l’idée d’un Ninety-Two Club à la Football League. Alan Hardaker, le célèbre pilier de la Football League (et l’homme présenté parfois comme indirectement responsable de la tragédie de Munich du 6 février 1958), approuve l’idée et suggère à Pearce de contacter la presse. Peu à peu, ce projet insensé prend de l’ampleur, à la faveur de la publicité faite dans les médias et sur les programmes de match.

... faire parler de lui.

... à faire parler de lui.

 

En juin 1978, Pearce décide que le projet est suffisamment solide pour être officiellement lancé. Le club enregistre alors une quarantaine d’inscriptions. Les membres fondateurs vont définir ensemble les règles et critères d’entrée au Ninety-Two Club (voir le règlement complet ici). La condition principale d’adhésion ne facilite pas les choses. En effet, toute nouvelle membership ne peut être validée que si, le jour de la visite du quatre-vingt-douzième et dernier stade, le candidat a visité les quatre-vingt-onze autres clubs disputant les quatre championnats professionnels de la League de la saison en cours (voir la liste pour 2010/2011).

Si, comme c’est quasiment toujours le cas, le compétiteur a commencé son périple des années auparavant, il sera forcément obligé de continuer sa quête car il y a peu de chance que les quatre-vingt-douze stades sur sa liste correspondent aux quatre-vingt-douze clubs de Premier League et Football League au moment où il atteint le Number 92… Une loi un tantinet sadique qu’acceptent sans rechigner ceux qui rêvent d’accéder au club.

Une fois adoubé, l’impétrant reçoit alors une cravate du club (ou une écharpe, au choix) et un badge en émail qu’il se doit de porter avec fierté (ainsi qu’une lettre d’information annuelle). La cotisation est de 18 £ (paiement unique), voir membership package. Le petit rayon marchandise vaut également le coup d’œil. Ce site ami, www.doingthe92.com, donne des informations et aides précieuses aux candidats.

 

Quand 92 veut souvent dire 120

Evidemment, comme évoqué ci-dessus, la liste des clubs ou stades de Premier League et Football League n’est pas inscrite dans le marbre. Au gré des montées et descentes, les changements de noms sont légion. Tout aspirant au Graal a pour obligation de visiter les nouveaux entrants sur la liste. Le premier club à faire son entrée après la création du Ninety-Two Club est Wigan Athletic, qui rejoint la Football League en août 1978 (montée en D4). Tous les ground-hoppers doivent alors se rendre à Springfield Park pour ajouter le petit dernier à leur liste.

Springfield Park, fallait mettre le Full Metal Trousers

Springfield Park, fallait mettre le Full Metal Trousers

Et ils ont du mérite, car Springfield Park à l’époque est assurément l’un des stades les plus vétustes d’Europe de l’Ouest. Une caravane déglinguée (« sponsorisée » par l’entreprise de maçonnerie Keith Lightfoot) tient lieu de bureau du club… Barry Worthington, fondateur de wigan.vitalfootball.co.uk, nous fait faire le tour du propriétaire (extrait tiré d’un Spécial Wigan du Four Four Two # 200) :

« Springfield Park, en 1978, est un cloaque infâme. Les toilettes, c’est un long mur avec un trou, pour trente personnes. Un ruisseau de matières et d’eau dégueulasses coule en permanence. On baigne dans tellement de pisse qu’il faut remonter son pantalon jusqu’aux genoux avant d’uriner. Quant à la « tribune de presse », elle consiste en une cabane exiguë avec une vitre en plexiglas, pas nettoyée depuis cinquante ans et tellement opacifiée par les excréments d’oiseaux que les journalistes se plaignent de ne rien voir du match. Si bien que souvent, les deux ou trois reporters présents se partagent le boulot : l’un reste au micro, et l’autre est à l’extérieur de la cabane et relaie l’action et les incidents au premier avec le moins de différé possible. »

Dans les années 80 et 90, instables et mouvementées, « faire les 92 » n’est pas une sinécure. La liste des clubs étant en fluctuation constante, si l’on veut devenir membre, il faut en réalité visiter largement plus d’une centaine de stades. C’est ce que relate avec humour ce prétendant au club dans son blog ; il tente en vain d’y rentrer depuis vingt-cinq ans, et ce, malgré son superbe palmarès : il a déjà visité cent dix stades ! Pour lui, la quête sur la route du Ninety-Two Club a un arrière-goût de « Groundhog experience », d’éternel recommencement. Lui parle de « tache sisyphéenne »… Il ne peut en effet « techniquement » justifier que de soixante-seize visites, à cause principalement des montées / relégations, des déménagements de clubs ainsi que des créations et disparitions de stades.

Ces années-là sont propices au chamboulement (rapport Taylor, création de la Premier League, etc.) et de nombreux clubs doivent élire domicile ailleurs (une trentaine de changements de stades entre 1983 et 2005). Si les membres veulent pouvoir entrer ou rester au club, ils doivent visiter toutes ces nouvelles enceintes. Toutefois, loin de décourager les candidats, ces obstacles supplémentaires les excitent et le Ninety-Two Club suscite un engouement grandissant dans les Nineties : il double le rythme de ses admissions, acceptant plus d’une soixantaine de nouveaux entrants chaque année.

Le partage de stade, façon Liverpool et Everton

Le partage de stade, façon Liverpool et Everton

Le règlement prend également en compte le « ground-sharing », le partage de stade. Dans ces Eighties et Nineties, plusieurs clubs se voient obligés de faire ménage ensemble, ce qui en Angleterre, dit-on, est pire que de partager sa femme (citons Charlton, qui doit déménager à Selhurst Park – stade de Crystal Palace). Il y a aussi les drames, les incendies, comme au Bristol Stadium, en 1980, ce qui force Bristol Rovers à émigrer vers Ashton Gate (stade de Bristol City). Ou, tragiquement, Bradford City (incendie de mai 1985, 56 morts, 265 blessés) qui utilisera Elland Road, puis trois autres stades, le temps de la reconstruction de Valley Parade.

 

Comme un album Panini pour adultes

Le Ninety-Two club compte aujourd’hui plus de mille cinq cents membres, dont Roger Titford (depuis 1989), écrivain du football, historien du Reading FC  et contributeur régulier du mythique mensuel When Saturday Comes, avec lequel Les Cahiers s’est récemment associé pour publier en Une les meilleurs articles de WSC (qui fête ses vingt-cinq ans cette année). Titford, à propos du Ninety-Two Club :

« Le Ninety-Two Club, c’est l’album Panini pour adultes. Pour beaucoup d’hommes passionnés de football, il y a cet aspect album de vignettes qui pousse à finir, on veut pouvoir se dire « j’ai coché toutes les cases « . Ce qui motive, c’est la satisfaction de l’accomplissement, et aussi celle de joindre un petit groupe de passionnés. »

When Saturday Comes s'est récemment associé aux Cahiers du Football

When Saturday Comes s'est récemment associé aux Cahiers

Titford et d’autres 92-clubbers ajoutent que l’on décide rarement de se lancer dans l’aventure par hasard, sur un coup de tête, en partant de zéro. L’idée germe et fait son chemin. Elle vient souvent après des dizaines de déplacements, que l’on peut bien sûr valider rétrospectivement. Il explique :

« Pour beaucoup de supporters, le charme du défi ne naît pas comme ça subitement. Parfois, quand l’idée de faire partie du club vient, on se rend compte qu’on s’est déjà rendu dans 60 ou 65 stades, surtout si le club qu’on supporte a passé des années à faire l’ascenseur entre les divisions. C’est à ce moment-là qu’on commence à penser à faire le reste. »

Il ajoute, à propos du « profil type » du membre :

« Il est certain qu’un tel niveau de dévouement et sacrifice attire davantage un certain type de personnalité. On voit plus souvent des hommes jeunes et célibataires. Ce sont probablement des passionnés de football qui s’intéressent aussi aux aspects plus obscurs du football, comme le genre de snack qu’on sert dans tel ou tel stade, ou le type de pylônes utilisés pour l’éclairage… Des gens amateurs de stades anciens, qui ont plus de personnalité que les enceintes construites aujourd’hui. » 

Non que cette passion soit limitée à l’Angleterre, comme l’explique Ian Plenderleith, écrivain et également journaliste à When Saturday Comes :

« En Allemagne, ils publient un gros magazine mensuel luxueux, sur papier glacé, intitulé Stadionwelt – Les stades du monde. C’est bourré d’infos et autres, c’est fascinant, mais pas très marrant. »

Il n’existe aucune limite de temps pour valider l’exploit. Une période de trente ans n’est pas rare. Certains ont fait le grand tour en vélo, tel Steve Hall en 2010, en quatre mois, pour la bonne cause (il voulait sensibiliser la population et attirer l’attention du public sur le sort des quarante-cinq millions de réfugiés à travers le monde, voir ici). D’autres, plus pressés, ont pris une année sabbatique et l’ont bouclé en un an. Plusieurs membres l’ont fait deux fois.

 

Gordon Pearce est décédé en avril 2010. Depuis, Mike Kimberley a repris le flambeau. La flamme anglaise de la passion des stades n’est pas près de s’éteindre.

Kevin Quigagne.

 

Visiter 92 clubs en 92 heures, un truc de dingue auquel seuls des Anglais pouvaient penser. Ce tour de force est l’occasion idéale aussi de parler du mythique Ninety-Two Club (dans la deuxième partie), une institution aussi anglaise que la Marmite ou le Five O’clock tea. Plongée au cœur de l’Angleterre des stades.

Octobre 2010, quatre copains discutent dans un pub de la meilleure façon d’aider le club amateur du coin, le Harvesters FC, pour le 25è anniversaire de sa fondation en 2012. Ces Mousquetaires de la redistribution veulent frapper un grand coup. L’un deux a un moment Eureka : visiter les 92 stades de la League en 92 heures ! (Premier League et Football League). Malgré son côté insensé, l’idée en forme de défi impossible séduit. Banco…

Six mois plus tard, le mercredi 27 avril 2011 à six heures du matin, Matthew Bigg et ses trois compères quittent Watford pour débuter leur incroyable périple. On the road, et pour quatre jours de pérambulation non-stop. En fait, il leur faudra moins de temps que prévu. 92 stades et 74 heures 56 minutes plus tard [temps officiel, le TK a contacté Matt Bigg], ils arrivent à Brighton, le samedi 30 avril, à neuf heures du matin. Juste à temps pour déguster l’affiche de D3 Brighton & Hove Albion – Huddersfield à 15 h au Withdean (2-3), le dernier match de football à se jouer dans ce stade d’athlétisme inhospitalier, pendant douze ans l’antre « temporaire » de Brighton et régulièrement élu l’un des pires stades du Royaume-Uni. Les Seagulls, promus en D2, auront la merveille ci-dessous comme « Home sweet home » dès le mois d’août.

Le nouveau stade de Brighton & Hove Albion

Le nouveau stade de Brighton & Hove Albion

Au-delà du simple défi, cette aventure témoigne de l’attachement indéfectible, presque fusionnel, qui unit nombre de supporters anglais à leurs stades.

2509 miles au total (4 036 kms), effectués un week-end férié, qui plus est en plein retour de vacances de Pâques, bref, la totale. Même si cet exploit n’est pas le premier du genre en Angleterre, il a été réalisé dans des conditions particulièrement épiques. Au-delà du simple défi, cette aventure témoigne de l’attachement indéfectible, presque fusionnel, qui unit nombre de supporters anglais à leurs stades.

 

Le but de l’opération : faire vivre les petits clubs

Le but de ce long pèlerinage express, qui a obligé l’équipée à zigzaguer à travers une Angleterre embouteillée, était double : rehausser le profil du « foot d’en bas » (grassroots football) tout en aidant financièrement le club du fils de Matt, Alfie, âgé de 8 ans.

Ce club, c’est Harvesters FC, situé à Saint-Albans, à trente kilomètres du centre de Londres. Créé en août 1987 avec seulement deux équipes au départ. Depuis, il prospère et se développe, essentiellement grâce à des bénévoles, souvent des parents. Harvesters compte 400 garçons et filles âgés de 6 à 18 ans, et, depuis 2005, une section handicapés forte d’une quarantaine d’enfants, la « Harvesters Inclusive Disabilities section », la plus importante du comté de Hertfordshire. On y donne le goût du football aux jeunes ayant des difficultés motrices ou mentales.

La Big Society de Cameron va vite se transformer en Big Démerde-toi

La Big Society du Premier Ministre David Cameron va vite se transformer en Big Démerdez-vous

Harvesters est un club innovateur, en pleine expansion et dont le budget devient de plus en plus lourd. Le club compte entièrement sur les licences, la collecte de fonds (animations) et les dons pour couvrir les nombreux frais (tenues, équipements, coûts de gestion, rémunération des arbitres et des entraîneurs – ils ne sont pas tous volontaires). Même si les licences, comme partout ailleurs en Angleterre, sont chères et permettent de renflouer les caisses (170 £ pour les 11-18 ans, 145 £ pour les 8-10 ans), équilibrer les comptes relève de l’exploit. Inutile de compter sur les subventions municipales, elles sont inexistantes (ce qui est courant en Angleterre où les municipalités et Conseils Généraux n’aident pas ou peu – les responsables d’associations n’ont parfois d’autre recours que de déposer une demande de subvention auprès… du Loto national, la National Lottery).

Le football amateur anglais croisent les doigts

Le football amateur anglais croise les doigts

Quant aux aides de la fédération, elles se font de plus en plus rares, malgré l’obligation de la FA d’aider au financement du football amateur. Cette année, par exemple, la FA a dû détourner la majorité de son budget « Grassroots Football » (censé soutenir la Football Foundation) pour combler le trou béant causé par Wembley (emprunts écrasants, lire ici). Le foot d’en bas doit donc se débrouiller seul.

Matt explique :

« Nous faisons cela pour aider le football de base, pour aider notre club de village, le Harvesters FC. Ce club devient une vraie pépinière de talents, mais, en ces temps difficiles économiquement, il faut en faire toujours plus pour assurer le bon fonctionnement du club, où un travail magnifique est accompli. Il y a aussi le fait que beaucoup d’adultes craignent que les jeunes perdent un peu de leur passion pour le football, les désillusions de la Coupe du Monde, les coupes budgétaires, le manque de moyen, etc. Bref, on a senti qu’il fallait faire quelque chose, pour rehausser le profil du foot amateur et pour qu’on parle de tous ces clubs et de ces jeunes. Cela encouragera peut-être d’autres petits clubs à suivre notre exemple. »

L’un des responsables des équipes de jeunes, Ted Moody :

« Matt est un homme courageux ! Nous lui sommes extrêmement reconnaissants, pour tout ce qu’il fait dans l’intérêt du club avec ses trois copains, et nous espérons que cette formidable aventure aura des répercussions positives, quelles qu’elles soient, pour tous les jeunes du club, pour qui le football est une passion. »

 

Présentation de l’équipe et de l’itinéraire

Plusieurs sponsors, dont le concessionnaire Volkswagen local, ont accepté de couvrir tous les frais, notamment d’essence (environ 400 £). La couverture médiatique a été relativement discrète, surtout régionale (The Independent leur a cependant consacré un article).

Un seul club, sur 92, a carrément interdit au groupe de prendre des photos de l’extérieur du stade, à trois heures du matin, alors que l’endroit était désert. Ce club fait partie du Big Four, et vient de recruter à prix d’or un buteur encore moins prolifique que Franco Di Santo ou Ade Akinbiyi en son temps.

Cette fois, c'est officiel, on peut les haïr en toute bonne conscience

Cette fois, c'est officiel : on peut les haïr en toute bonne conscience

Pour valider la prouesse, il leur a fallu prendre des photos de chaque stade, ainsi que, si possible, ramener quelques bricoles en rapport avec les stades visités. Matt a contacté les clubs (au préalable et au fur à mesure), notamment par Twitter, et la réponse fut très positive, certains clubs offrant même des souvenirs, des maillots signés et même des billets de match ! Plusieurs clubs ont même laissé Matt et sa bande fouler la pelouse (dont Man City). Un seul club a joué les mauvais coucheurs et a carrément interdit au groupe de prendre des photos de l’extérieur du stade, au beau milieu de la nuit, alors que l’endroit est habituellement désert (les clubs avaient connaissance des horaires d’arrivée prévus, voir ici). Ce club évolue en Premier League, fait partie du Big Four, et vient de recruter à prix d’or un buteur encore moins prolifique que Franco Di Santo ou Ade Akinbiyi en son temps… (voir Day 4 sur leur blog).

 

Le groupe a ouvert un compte Twitter (1 400 followers) et a publié les photos des stades au fur et à mesure des pérégrinations, les voici. Ils ont pu également, tout en roulant, brièvement raconter leur aventure sur ce blog.

 

Meet the mad parents 

Matthew Bigg

Fan des Spurs, père de deux enfants, c’est l’instigateur de ce projet fou, qu’il a appelé le « 92 Challenge ». Designer graphiste dans la publicité, c’est un habitué des déplacements footeux entre copains en Angleterre et Europe continentale.

Colin Bigg

Le père de Matt et l’expérimenté du groupe. Inconditionnel des Spurs depuis le milieu des années 50. Il est le grand planificateur de l’itinéraire.

Kris Babb

38 ans, supporter de Liverpool (aucun lien de parenté avec Phil). Dit avoir attrapé le virus Red après les avoir vus affronter West Ham (l’équipe de son père) lors de la finale de la Coupe de la Ligue en 1981. Il avait alors dit à son pater qu’il supporterait à vie l’équipe victorieuse. Connu dans la région pour être rentré chez lui écoeuré à la mi-temps du Milan-Liverpool en finale de Ligue des Champions 2005 alors qu’il regardait le match chez des amis…
Simon Dickerson

Comme plus d’un million d’Anglais, Simon vit en Espagne. Supporter de Leeds. N’est guère fan du football français, une mystérieuse aversion liée à de mauvais souvenirs de l’Eurostar lors d’une visite en France, apparemment. Ça ou alors il ne connaît que le HAC.

 

L’itinéraire

Il a exigé une sacrée dose de préparation. Pas d’hôtel bien sûr (pas le temps), les quatre hommes se sont relayés au volant et ont dormi dans leur people carrier. Décortiquons l’itinéraire pris (voir détails des horaires, calculé à la minute près, en principe 79 h 59). Des hauts, des bas et beaucoup de frissons…

Départ de Watford mercredi 27 à 6 h, chez les Frelons – Caribous chers à Elton John.

Enfin, le grand tour peut démarrer, par l’est du pays (East Anglia) et East Midlands, on commence piano :

Stevenage
Barnet
Dagenham & Redbridge
Gillingham
Southend United
Colchester United
Ipswich Town
Norwich City
Peterborough United
Leicester City
Burton Albion
Derby County

Puis, les deux stades de Nottingham (ci-dessous), le City Ground de Forest (18 h 11), suivi du Meadow Lane de Notts County (18 h 22) – simplement séparés par le fleuve Trent – avant de reprendre la route vers le Yorkshire.

Lincoln City
Chesterfield
Sheffield United

Moment fort à Hillsborough, antre des mighty Owls de Sheffield Wednesday, aujourd’hui en D3 (tout ça, c’est de la faute à Blondeau et Jeffers).

Et c’est reparti pour un tour, avec du menu fretin pour finir la soirée :

Rotherham United
Doncaster Rovers
Barnsley
Huddersfield Town
Bradford City
Avant les frissons nocturnes et l’arrivée à Elland Road (ci-dessous) sur le coup de 2 h 10 du matin :

Calme plat dans les heures qui suivent :

Scunthorpe United
Hull City
Middlesbrough
Hartlepool United

Avant de connaître, au petit matin, à 8 h 07, incontestablement l’un des moments forts du voyage : la vision céleste du Stadium of Light de Sunderland.

Avant de s’en aller photographier Saint-James’ Park (8 h 37), banal abri pour vulgum pecus désoeuvrés, et de poursuivre vers la façade nord-ouest du pays :

Carlisle United
Morecambe
Blackpool

Grosse émotion en pénétrant dans le cœur du Lancashire, berceau du football anglais :

Preston North End
Blackburn Rovers
Accrington Stanley
Burnley
Rochdale
Oldham Athletic

Puis l’excitation va crescendo en arrivant sur Greater Manchester, aux alentours de 16 h.

Stockport County
Macclesfield Town
Manchester City
Manchester United (17 h 06)

Une heure plus tard, gros coup de mou… Pas vraiment les clous du voyage (sinon rouillés), mais il faut les faire, ils comptent tous :

Bury
Bolton Wanderers
Wigan Athletic

Avant la pure extase, le jeudi soir, 19 h 48, Anfield, You Will Never Drive Alone…

Ensuite, on enchaîne avec du tout-venant :

Everton (19 h 58)
Tranmere Rovers
Crewe Alexandra
Stoke City
Port Vale
Shrewsbury Town

Pour entrer vendredi, sur les coups d’1 h du matin, dans une autre Terre sainte du football : les West Midlands, et ses clubs mythiques, fondateurs de la Football League en 1888 :

Walsall
Wolverhampton Wanderers
West Bromwich Albion
Aston Villa
Birmingham City

Coventry City

Aston Villa, l'un des douze clubs fondateurs de la Football League

Aston Villa et son stade mythique, l'un des douze clubs fondateurs de la Football League

En tout début de matinée, cap sur le centre du pays :
Northampton Town
Milton Keynes Dons
Wycombe Wanderers
Oxford United
Reading

Avant d’amorcer un gros crochet vers le Grand Ouest, Pays de Galles et  côte sud :

Swindon Town
Cheltenham Town
Hereford United
Swansea City
Cardiff City
Bristol City
Bristol Rovers
Plymouth Argyle
Torquay United
Exeter City
Yeovil Town
Bournemouth
Southampton
Portsmouth
Aldershot Town

Pour conclure avec les onze clubs londoniens, vers 6 h samedi, voir carte :

Craven Cottage, une merveille

Craven Cottage, antre de Fulham, une merveille...

Brentford
Chelsea
Fulham
Queens Park Rangers
Arsenal
Tottenham Hotspur
West Ham United
Leyton Orient
Charlton Athletic
Millwall
Crystal Palace

 

Même avec le nouveau occupant...

même avec le nouvel occupant des lieux...

Avant d’atteindre le terminus, le Withdean de Brighton & Hove Albion, en principe à 13 h 26 précise. En fait, le groupe arriva dans la festive cité du Sussex vers 9 heures, piqua un mini roupillon et fila au pub avant de se rendre au Withdean pour 15 h (Brighton-Huddersfield), où, épuisés, ils faillirent bien s’endormir, malgré l’ambiance de folie (montée de Brighton en D2).

Samedi, la deuxième partie, sur le Ninety-Two Club, une institution unique et on ne peut plus anglaise.

Kevin Quigagne.

[PS : si vous voulez faire votre B.A comme Teenage Kicks et y aller de votre don pour soutenir Matt Bigg et son club, voir ici. Paiement par Paypal. Nous, on est horriblement old-fashioned et on a envoyé un chèque]