Posts tagged ‘newcastle united’

Samedi 27 septembre, Hartlepool United accueillait Portsmouth pour le compte de la 10è journée de D4. J’y étais.

La semaine dernière, j’étais machinalement parti pour voir mon club, Sunderland, recevoir Swansea au Stadium of Light samedi aprèm. Pis je me suis dit qu’au lieu de me cogner une énième purge Black Cat et être morose tout l’après-midi, autant assister à un p’tit match sympa dans un p’tit club de mon coin, histoire de faire ma B.A pour le foot grassroots et voir de près comment les gueux vivent par la même occasion.

Alors, que je vous explique, dans un rayon de 60 kms autour de chez moi, comme petit club pittoresque t’as : a) Darlington – option vite abandonnée car vraiment trop déprimant (Darlo est passé de la D4 à la D9 en un temps record – long à expliquer, passons ; en D8 aujourd’hui) ; b) Gateshead – possible, mais j’aime ni leur stade (enceinte d’athlé de 12 000 places à 90 % vide les jours de match) ni leur quartier mort et excentré (zone pavillonnaire, 1 seul pub, familial) donc non ; c) Blyth Spartans – ouais pourquoi pas mais j’étais chez eux y’a pas longtemps donc niet aussi ; d) Newcastle United bien sûr, mais les Mags jouaient à l’extérieur donc impossible.

Restait plus que les Monkey Hangers donc. Hartlepool, avant-dernier, vs Portsmouth, 11è.

[Cliquez sur les photos pour les agrandir]

Hartlepool pour les Nuls

Monkey Hangers, ou Pools, sont les deux surnoms de Hartlepool, ville côtière de 90 000 âmes située au bord de la Mer du Nord, entre Sunderland-la-moche et Middlesbrough-la-super-moche-et-polluée-en-plus (because industries chimiques, d’où le surnom de Boro, les Smoggies). La grande métropole du coin qui sauve la mise, c’est Newcastle, à 50 bornes au nord, cité plutôt élégante, si ce n’était pour un méchant furoncle de 52 404 places qui défigure le centre-ville depuis plus d’un siècle.

La croissance de l’économie britannique a zappé Hartlepool. Le coin est « post-industriel » comme on dit pudiquement. Les locaux disent ne pas avoir ressenti la dernière récession, celle démarrée en 2008. Et pour cause, ajoutent-ils l’air résigné, on n’est jamais vraiment sorti de la grande dépression des années 30 ici. Les plus optimistes d’entre eux décrivent Hartlepool comme une ville jeune et pleine d’atouts. Comprendre : le week-end, des dizaines d’établissements abreuvent des milliers de jeunes soiffard(e)s. Et le week-end commence dès le jeudi soir ici. Chaque drinking hole a sa paire de videurs. Et comme partout ailleurs au Royaume-Uni, ça descend autant que ça s’embrouille ou castagne, surtout à la fermeture, de minuit à 2 heures du mat. Veni, vidi, vomi.

Selon la blague locale, avoir des rapports protégés à Hartlepool signifiait qu’on se mettait sous un abri bus pour copuler.

En 2011, Hartlepool avait le plus fort taux de chômage des 18-24 ans du pays et, vers 2000, l’un des taux de grossesse juvénile parmi les plus élevés du monde occidental (résorbé depuis). Il y a une douzaine d’années, circulait cette cynique blague dans les salles de profs et les plannings familiaux du coin : ici, le protected sex veut surtout dire qu’on se met sous un abri bus pour copuler.

Heureusement, y’a le football, et localement on est servi. Chacun y trouve son bonheur. Les plus sains d’esprit supportent les Black Cats, à 30 kilomètres ; les moins finauds Middlesbrough, les cyclothymiques Newcastle United et aux grands neurasthéniques du cru, il reste Darlington. Pour tous les autres c’est Hartlepool, les Monkey Hangers, les Pendeurs de singes.

Un singe obscène comme mascotte : la faute à Napoléon

Mais d’où vient ce surnom étrange ? Ben c’est encore de notre faute pardi. Enfin, celle de Napoléon plus exactement. En 1805, l’un de ses navires s’échoue dans le coin. Seul survivant du naufrage : un singe qui porte l’uniforme de la marine française. Les autochtones, qui redoutaient une invasion de l’ennemi juré, traduisent la pauvre bête devant un tribunal populaire. Le primate ne pipe mot et refuse de répondre aux questions ; c’est con un singe au fond malgré ce qu’on nous raconte à la télé. Les Hartlepooliens, qui n’ont jamais vu ni Français ni singe de leur vie, décrètent que le mammifère est forcément un espion français et le pendent séance tenante. Surtout, n’insultez pas le premier Rosbif que vous croiserez, ce n’est qu’une légende.  Il existe une autre version beaucoup plus sordide, que n’aurait pas renié Emile Louis, mais passons vite dessus.

Aujourd’hui, le singe est le symbole de la ville et d’Hartlepool United. Tellement plus qu’un symbole d’ailleurs. En mai 2002, Stuart Drummond, la mascotte déjantée du club (H’Angus The Monkey”, notez le jeu de mots) se fait élire maire d’Hartlepool. Comble de l’humiliation pour les autres candidats : pour toute campagne, ce Coluche local s’est contenté de déconner non stop en dégainant son slogan fétiche : « Des bananes gratuites pour tous les écoliers ».
Gros buzz médiatique et terrible
camouflet pour Blair et son gouvernement qui tentaient alors de convaincre la population britannique du bien-fondé d’élections municipales à la continentale (voir ce wiki). Et voilà-t-il pas que l’un des tous premiers maires directement élus est un illuminé payé 53 000 £/an pour faire le singe… Drummond restera maire onze ans ! (il devra toutefois s’allier avec les Travaillistes et rentrera dans les clous. Fin 2012, un référendum local mettra fin à la malheureuse expérimentation et Drummond quittera son poste courant 2013. La ville est depuis revenu au système traditionnel britannique de gestion des municipalités, ici).

Le mec était pas trop net faut dire. En tant que mascotte d’Hartlepool de 1999 à 2002, il s’était fait virer de deux stades, celui de Scunthorpe en 2000 pour gesticulations obscènes derrière une stadière et à Blackpool en 2001 pour des faits similaires sur une poupée gonflable… Et pour l’anecdote, il ne tint jamais sa promesse sur les bananes. Ah ces politiciens, tous les mêmes.

Quelques FACTS sur Hartlepool United :

Depuis l’accession en Football League, en 1921, Pools a passé son existence à yoyoter entre la D3 (années 2000) et la D4, où ils végètent depuis l’an dernier (19è, sur 24).

Pools (alors Hartlepools United) fut le premier club de Brian Clough manager. C’est à Pools que la paire Clough-Taylor se fit les dents et se signala pour ses dons de faiseur de miracles. Clough sera limogé fin avril 1967 après un énième accrochage avec le propriétaire et recruté par Derby County, D2. Clough surnomma fameusement Hartlepool « the edge of the world », le bord du monde (la ville et le club ont toujours eu une image de coin un peu isolé et à part, moins aujourd’hui évidemment avec le développement du réseau routier régional et les technologies modernes de communication).

Deux Newcastle United legends y ont fini leur carrière : Peter Beardsley (59 capes anglaises) et Nobby Solano (95 capes péruviennes).

Pour un petit club, Pools compte pas mal de celebrity fans, dont Jeff Stelling, l’un des présentateurs vedettes de Sky Sports (célèbre pour les Soccer Saturday un peu déjantés avec Chris Kamara, Dean Windass et consorts), le réalisateur Scott Ridley et le rocker US Meat Loaf qui explique pourquoi dans ce clip, à 1’22 (très marrant).

Depuis quatre saisons, les vraies celébrités d’Hartlepool sont leurs supps, les Poolies : ils se déguisent pour le dernier déplacement de la saison. En 2012, leurs 171 Schtroumphs ont fait le buzz (ci-dessous dans le Tube londonien, en route pour Charlton).

Hartlepool a le pire ratio de victoire à domicile de la Football League depuis août 2012 : seulement 33 % (17 victoires sur 51 matchs).

Inutile de vous faire un topo sur Portsmouth hein, vous connaissez déjà sûrement bien l’ancien club à Vincent Péricard si vous nous suivez. Pour plus d’infos sur la D4 cette saison ainsi que les quelques cracks présents aujourd’hui sur le terrain (Pat Agyemang, Nicky Shorey, Marlon Harewood – tous ex Premier League ou D2 –, Jed Wallace et Danny Hollands), j’en parlais longuement ici et ici.

Assez de schtroumpheries, passons à l’avant-match.

L’avant-match, au pub évidemment

C’est en train, de Newcastle, que je me rends au match. A ma descente du train, je n’ai qu’à faire quelques mètres pour atteindre mon premier objectif, le Rat Race Ale House, situé sur le quai. L’endroit est singulier et né d’un concept original, le micropub, un mouvement qui apporte une bouffée d’air frais en Angleterre face au rouleau compresseur des grosses chaînes de pubs, impersonnelles et génériques, qui contribuent à couler les pubs traditionnels depuis une bonne décennie (environ 1 500 fermetures par an).

Ancien kiosque de gare reconverti en micropub en 2009, le Rat Race est particulièrement micro : 6 mètres par 4 à tout casser. Sur le mur (et leur site Internet), une affichette avertit de la fermeture du pub le week-end prochain par mesure de précaution « à cause de soi-disant supporters qui ont causé des problèmes par le passé ». Peter, l’affable patron, un ex informaticien qui a utilisé sa prime de licenciement pour se lancer dans l’aventure, m’explique qu’en septembre 2012 quelques « supporters » de Carlisle United (rival d’Hartlepool, par défaut) avaient mis le bazar dans la gare et autour de son pub. Cette année, il préfère donc fermer.

Ce que me raconte Peter ne m’étonne guère : Carlisle, c’est spécial (j’en avais fait un article). C’est dans cette ville qu’a été inventé le lorry-spotting, navrant hobby de dégénérés en phase terminale d’oisiveté qui passent leur week-end à photographier des camions depuis des ponts autoroutiers et comparent ensuite leurs prises sur Internet (Conversation standard : « T’as spotté combien de Daf X22 Norbert Dentressangle sur la bretelle 34a pendant tes dernières vacances ? – Ben, 8 seulement mais j’ai filmé le dernier Scania Eddie Stobart avec l’Opticruise et remorque triple essieu. Absolument méga. Je retourne camper derrière le dépot à Pâques »).

Les murs du Rat Race sont décorés de 1 000 ronds à bière. Ils en servent presque la moitié, dont – évidemment – la Blue Monkey et ISIS, la bière des Djihadistes.

Le pub est trop petit pour avoir comptoir, tireuses à bière et tout le matos alors quand on commande, Peter disparaît dans une petite remise et ressort avec le nectar. Les bonnes semaines, il y stocke 400 différentes sortes de bières & cidres.

Deux pubs plus tard, j’arrive à Victoria Park, « The Vic » pour les intimes, stade de 7 800 places sans grand charme, refait à neuf dans les Nineties. Abords peu engageants, l’enceinte est coincée entre une ligne de chemin de fer, des ronds-points et des grandes surfaces. Ces précisions ont leur importance, comme vous le verrez.

Devant Victoria Park, un supp de Hartlepool déguisé en « Français typique », avec béret, fausse moustache et collier d’oignons. Y’a du progrés depuis 1805 mais clairement, les mecs sont encore bien marqués.

Le match

Je suis à la bourre et file directement dans les Populaires (20 £ la place debout). Honnête chambrée, 3 500 spectateurs (la D4 fait 4 300 de moyenne), dont 500 supps de Portsmouth qui donnent de la voix malgré leurs dix heures d’autocar. Parmi eux, le fameux John Portsmouth Football Club Westwood (ci-dessous), que j’ai déjà eu l’occasion d’admirer de près, notamment au Stadium of Light. Le mec n’a pas raté un déplacement de Pompey depuis 1980 paraît-il.

Contrairement à tant de clubs plus huppés, pas d’hymne à la con ici que personne ne chante, ça démarre direct.

Les temps forts du match.

8’ : A la stat « Tir non cadré/hors cadre » chère aux dataholics, faudrait ajouter celle du tir hors stade : premier ballon envoyé au-dessus des tribunes, basses. Un odieux raté d’un bleu et blanc qui finit probablement sur la ligne de chemin de fer ou dans un caddy sur le parking de Morrisons (hypermarché collé au stade).

15’ : Premier quart d’heure mort, à peine un tir cadré et même pas un tacle assassin. On ne peut même pas parler de kick and rush, (malheureusement) non. C’est une sorte de mélasse de football, sans jeu ni cours du jeu, un résidu fait de mauvaises passes, de surplace, de cafouillages, de courts ballons imprécis sans cesse contrés, de longs ballons directement en touche et autres phénomènes non identifiables. Engagé mais sans plus.

18’ : Le niveau d’excitation passe soudain de zéro à Red Alert car on m’a assuré avant le match qu’à 19’08 secondes (date de fondation du club) il y aurait une protestation en masse des supps contre la boîte propriétaire du club depuis 1997 (IOR, société pétrolière scoto-norvégienne). En 2014, Hartlepool a vendu deux jeunes joueurs talentueux à Peterborough pour 1,5 million £ (Jack Baldwin et Luke James, ce dernier récemment) sans chercher à les remplacer. De fait, le seul vrai attaquant de l’effectif est Marlon Harewood, 35 ans, qui a marqué 3 buts sur ses 27 dernières apparitions (2 000 minutes de jeu).

Ergo, les supps sont révoltés et parlent de tout faire péter aujourd’hui. Gros buzz là-dessus sur les réseaux sociaux (dont leur principal forum de supps, très actif, 650 000 posts !) avec des fils interminables (ici par exemple) où les échanges ont tendance à vite virer à la brachycérophilie.

Fait tout de même inquiétant : des supps recommandent « de ne surtout rien acheter à la buvette à la mi-temps car ça serait leur filer du fric à ces enculés de propriétaires ». Je préviens mon camarade de travée le plus proche que, nonobstant mon soutien fraternel et idéologique à leur légitime lutte contre le Grand Capital, je ne cautionne pas du tout ce genre de boycott et me désolidariserai illico de leur petite jacquerie.

Concrètement, un max de supps sont censés quitter leur place et se rendre derrière leur tribune respective en candant des slogans anti IOR pendant 10 minutes. Apparemment, ça s’annonce méga. L’asso des supps a prévenu le club : on va vous déclencher une World War III version tribune. Youpi, une insurrection. Je prépare mon appareil photo et me mets en position.

19’08. Absolument rien, walou, zilch, nada. Comme d’hab avec ce genre de truc, ça a fait un gros pschitttt. Bah, le militantisme est mort depuis longtemps en Angleterre, faudrait une bonne révolution pour réveiller tout le monde. Je décide d’entonner la Marseillaise mais me souviens de ce qu’ils ont fait au singe et me ravise illico.

25’ : Deuxième tir par-delà les tribunes, odieux raté d’un jaune (Portsmouth) qui finit probablement sur la ligne de chemin de fer ou dans un wagon de charbon en partance pour la centrale de Drax à 100 kms de là.

38’ : Troisième ballon expédié hors stade sur un dégagement en catastrophe d’un bleu et blanc, corner. Je demande à mon voisin combien ils en envoient sur orbite comme ça par match. « Oh, parfois une dizaine, me répond-il en se marrant. Jusque y’a deux ou trois ans, le club avait des stadiers à l’extérieur pour les récupérer mais ça revient trop cher alors on se débrouille autrement. »

J’essaie de voir en fonction d’un plan Google Map du quartier où ce ballon a pu atterrir cette fois.

Mi-temps : Enfin. Buvette time.

55’ : Domination de Portsmouth depuis cinq minutes, on a même eu le droit à une occasion franche, si si.

Survoltés, les supps de Pompey entonnent leur fameux Pompey Chimes, deuxième plus vieux chant du football anglais après le On The Ball de Norwich City.
Enfin, quand je dis « chant » faut le dire vite hein parce que ça fait juste : «
Play up Pompey, Pompey play up » et basta (l’était plus long à sa création en 1900 mais je vous passe les détails).

C’est super limité mais vu le contexte de vide sidéral, je trouve ce chant absolument fascinant.

60’ : Je me force pour essayer de trouver le moindre petit geste technique super intéressant mais non, rien à faire, je m’emmerde dur. Du coup, j’explique à un jeune stadier sympa de l’autre côté du grillage me séparant de la tribune des supps de Portsmouth que je fais un reportage sur ce match pour un gros média français (le mec a l’air impressionné) et lui demande la permission d’aller dans la tribune extérieur pour photographier des supps de Pompey.

L’accès d’une tribune à l’autre est impossible sans ressortir du stade (et encore), alors j’insiste poliment en racontant que le gros média pour lequel je bosse m’envoie de Paris car on s’intéresse de près à Nigel Atangana, le Frenchie de Pompey, présent sur la pelouse. Le stadier ouvre de grands yeux (je l’imagine se demandant : « Quoi, un Français qui s’appelle Nigel ? Et pourquoi pas un Anglais qui s’appellerait Marcel pendant qu’on y est. Putain d’Europe, tout fout le camp. »).

Tout ce que gars aurait à faire est d’ouvrir une porte grillagée et m’accompagner sur quelques mètres mais, health & safety oblige, ça coince. Il s’en remet à son chef qui me mate bizarrement. Le chef s’adresse alors à l’un des dix policiers de faction dans le no man’s land entre les tribunes (malgré les mégas coupes budgétaires, doit y avoir minimum 50 Bobbies dans ce petit stade hyper calme, on se croirait en Vigipirate).

Le chef s’éloigne et converse avec chépaki sur son talkie-walkie (le Grand Chef des Stadiers ? Le proprio du club ?). Quel binz pas possible pour franchir une simple porte. Le capo des stadiers revient vers moi et, l’air très officiel, me fait : « Impossible de vous laisser accéder à la tribune extérieur pour votre reportage, il aurait d’abord fallu demander la permission au club. » Bon, ben, ça m’apprendra à me big up en faisant croire que je suis un grand reporter tiens ; si j’avais dit que c’était pour la collec personnelle de ma grand-mère mourante qui supporte Pools depuis 1930, il m’aurait sûrement laissé circuler et avec une escorte en plus.

65’ : Cinquième ballon sauvagement bouté hors du stade. A en juger par la trajectoire, celui-ci a dû finir sur le rond-point du centre commercial, pas impossible même qu’il ait pris la direction du Pôle Emploi tout proche s’il a été dévié par un camion. Aidé par mon voisin de main courante, je commence à bien visualiser le plan du quartier.


Chaude ambiance au Vic.

77’ : Marlon Harewood (35 ans, ex Premier League) entre en jeu. Vu sa grosse frappe aléatoire, ça risque pas de nous arranger le ratio de ballons hors stade.

80’ : Harewood touche son premier ballon et rate un contrôle facile. « Et dire que c’est payé 1 500 £/semaine ça », peste mon voisin.

Arrêts de jeu : Ça s’anime enfin, 2 tirs vaguement cadrés dans les dernières minutes.

93’ : Terminé.

C’est le troisième 0-0 d’affilée contre Portsmouth à domicile. Comme disent les Anglais, on s’éclate plus à regarder la peinture sécher que des purges pareilles mais ce point permet au moins à Hartlepool de passer 22è et donc sortir de la zone rouge.

Je rejoins des supps déprimés au Mill House, pub sympa mitoyen au stade, avant de quitter Hartlepool, sceptique sur leurs chances de se maintenir en Football League.

Le classement et le résumé TV du match ici dans le Football League Show de la BBC, à 1h10’50 (attention, géolocalisation). Même en raclant les fonds de surface, ils n’ont trouvé que 3 occasions à montrer.

Kevin Quigagne.

Dans la même série :
Gashead for a day
Belfast and Furious

Série sans trop de bla bla, juste quelques photos cultes et leurs légendes. Avec en gros bonus, un collector : le duel télé Brian Clough vs Don Revie. Because ça fait dix ans que Cloughie nous a quittés.

Ouais enfin, un peu de bla bla quand même, surtout la # 10, mais juste ce qu’il faut (ami lecteur supp de Newcastle United, un conseil : zappe le # 5). Ces perles sont tirées directement du Net ainsi que de plusieurs livres-photos style coffee-table books.

# 1. Canto

Roh qu’il est mignon tout plein en rose.

# 2. Arsène et son zip maléfique

Un grand classique de ces dernières saisons : la fermeture éclair de la doudoune d’Arsène. Que ce zip a perturbé notre Arsène national, paraît qu’il n’en dormait plus… Et après on se demande pourquoi Arsenal en bave pour gratter des trophées. Talksport a fait son historique vestimentaire et Puma a monté une cellule de crise pour le sortir enfin de cet enfer. Mission accomplie : l’équipementier teuton lui a concocté du sur-mesure, ci-dessous.

# 3. Glory Glory Tottenham

Les Spurs avaient sorti le matos Castorama pour cette originale photo d’équipe. Pas super hi-tech mais sur le terrain, c’était nettement plus avant-gardiste (voir article TK sur l’innovant Bill Nicholson, manager Spurs de 1958 à 1974 et digne héritier du push and run du révolutionnaire Arthur Rowe).

C’est l’ère du grand Tottenham : doublé championnat-FA Cup en 1961, vainqueur de la FA Cup en 1962, vice-champion d’Angleterre en 1963 et premier club britannique à décrocher une coupe d’Europe, la C2 en 1963.

En haut à gauche, l’immense Danny Blanchflower et à quatre pattes sous l’escabeau, le non moins immense Dave Mackay. J’ai mis une tartine sur tous ces glorieux anciens dans le Hall of Fame Spurs de TK.

# 4. Allardyce, porte-étendard de la culture française

Depuis qu’il recrute pas mal de Frenchies (Y. Djorkaeff fut parmi les tous premiers), Sam Allardyce essaie par tous les moyens de faire découvrir Bourvil et Louis de Funès aux British, même pendant les matchs. Ici, lors du West Ham-Southampton, Big Sam nous rejoue une scène du Corniaud devant le quatrième arbitre qui s’empresse de noter le nom du film.

# 5. A la recherche du temps pardew

Out today, demain ou après-demain.

Out today, demain ou après-demain.

Alan Pardew, plongé dans une rêverie proustienne pendant le Southampton-Newcastle du 13 septembre dernier, 4-0 (se remémore-t-il les délicieux puddings de la tante Margaret ?). En cadrant habilement son cliché, ce photographe de la Press Association a bien saisi l’avenir du Londonien chez les Mags.

Pendant ce temps-là, dans la tribune exter, les supps Magpies sortaient une micro-banderole anti-Pardew conçue par le dernier site à la mode sur Tyneside, sackpardew.com. Un site qui nous abreuve de stats sympas dans sa section Pardew – The Facts, e.g 5 maigres victoires de tout 2014 et autant de défaites dans les derbys contre Sunderland que les 22 précédents managers Magpies réunis (certes, peu sont restés 4 ans en poste comme Pardew).


Même leurs bâches font pitié à Newcastle.

Pardew est hilare sur la banderolette Mag, normal : il touchera un joli pactole s’il est remercié et abrégera sa longue souffrance. Et donc, se dit le supp lambda qui ne lit pas Teenage Kicks : Pardew va palper 15-18 millions £ vu que son contrat court jusqu’en 2020 et qu’il l’a forcément renégocié à la hausse en 2012 après avoir hissé NUFC dans le top 5. Because, si on sort la calculette, eh ben c’est simple comme hello : 6 ans de contrat x le tarif en vigueur, soit mettons 3m £/an = eine groß paket.

Un raisonnement qui pourrait largement tenir la route. Mais ailleurs, pas chez les Mags. Car le payout ne serait « que » de 5 millions £. Ça paraît léger mais c’est oublier que le proprio de NUFC est Mike Ashley, boss de la chaîne Sports Direct (SD), où les contrats salariaux sont highly incentivised, fortement conditionnés aux résultats : en 2013, plus de 2 000 salariés SD, payés en moyenne 1 600 £/mois, avaient touché une prime de 75 000 £ chacun (!) après une hausse de 40 % des bénéfices l’année précédente (chiffre d’affaires boosté par les Jeux Olympiques et l’expansion du groupe). Mais cela ne concernait que les 10 ou 15 % de chanceux à temps plein ayant intégré la boîte avant 2010. L’envers du décor est moins reluisant : 90 % des employés SD sont à temps partiel avec des contrats zéro heure. Et donc pour eux, pas un penny. Un collectif d’employés SD a porté l’affaire devant les tribunaux.

Pour Mike Ashley, pas question donc en 2012 de payer le going rate (tarif en vigueur) pour un manager d’un club aspirant alors à la Ligue des Champions. Au lieu de 3m £/an, Pardew dut donc se contenter d’un salaire de base + une grosse part variable, en l’occurrence une tapée de primes liées à des objectifs bien précis. Le rédac chef d’un des fanzines du club me confiait l’an dernier que son fixe n’était que d’environ 750 000 £/an. Pas fou, Pardew a donc fait inclure une clause fixant une compensation de 5m £ en cas de licenciement, mais cela reste largement inférieur à ce qu’Ashley aurait dû sortir dans un contrat standard à ce niveau. Même les milliardaires sont près de leurs sous : il est de notoriété publique sur Tyneside qu’Ashley fait le forcing depuis quelque temps pour pousser Pardew à la démission et s’éviter de mettre la main à la poche, qu’il a profonde.

Au passage, puisque j’évoque les fanzines NUFC, une bien triste nouvelle : leurs trois excellents zines ne sortent plus en version papier depuis le printemps dernier, malgré un tirage collectif fort respectable, qui serait d’environ 10 000 exemplaires mensuels (les deux « historiques » – The Mag et True Faith, 41 ans d’existence à eux deux – ont viré au numérique, j’expliquerai pourquoi bientôt).
Un nouveau zine NUFC papier vient toutefois de naître, The Popular Side, longue vie à lui. Tirage réduit et difficile à trouver pour l’instant, 2 numéros parus, vite épuisés (vendu par courrier, dans quelques pubs autour de Saint James’ Park et les jours de match, s’il en reste).

Oh pis alors, je veux pas avoir l’air de m’acharner hein mais les Mags viennent de sortir leur maillot third, popopopopo… Matez-moi plutôt ça :

# 6. Nonos Future

Devant le Stadium of Light avant le Sunderland-Man United du 23 août dernier.

# 7. Alex Ferguson

Fergie en 1967, tout fier d’exhiber le dernier 33 tours de Petula Clark.

Fergie en 1967, tout fier d’exhiber le dernier 33 tours de Petula Clark.

Sévère culture shock en 1976 : les Sex Pistols éjectent les Wombles de la TV

Et ci-dessus, il joue les nettoyeurs de surface avec les Wombles, mascottes de Wimbledon FC, dans le centre-ville de Manchester avant un 32è de FA Cup de janvier 1997 (perdu). Bref, un peu comme si Gerets ou Tapie étaient allés clowner avec Casimir de l’Ile aux Enfants en plein triomphe européen. Les Wombles étaient des personnages d’un dessin animé très regardé de la première moitié des Seventies, des sortes de taupes moralisatrices qui recyclaient les déchets ménagers tout en creusant leurs galeries sous le Wimbledon Common, immense parc local où évolua le Wimbledon FC à sa création et où furent organisés les essais de 250 joueurs au démarrage de l’AFC Wimbledon en juin 2002 (en D9, aujourd’hui en D4).

Léger changement de braquet un an après l’arrêt télévisuel des Wombles : exit les peluches écolos contemplatives, place aux Sex Pistols qui feront imploser la télé des teenagers anglais dès leur premier plateau TV lors d’une interview qui choqua l’Angleterre (article du Daily Mirror ci-dessus et mieux : ce clip, à partir de 3’43).

# 8. Paul Gascoigne

Pas d’album photos british sans Gazza, évidemment.

# 9. Ça c’est de l’animation d’avant match

3 mai 1976, Duncan McKenzie, attaquant de Leeds (1974-76), fait le show à Elland Road en franchissant une mini, juste avant d’être aligné pour le jubilé de Paul Reaney contre Newcastle United ! Il arrivait aussi à ce showman de lancer une balle de golf d’un but à l’autre du terrain, voir clip.

McKenzie, recruté par Brian Clough au début de son fameux passage éclair chez les Whites, était l’un des transferts les plus chers du Royaume-Uni à l’époque, 267 000 £ (le record était à 350 000). McKenzie sévit aujourd’hui sur le circuit de l’after-dinner speech où il saute par-dessus les tables des convives (je déconne, il se contente d’envoyer quelques anecdotes, pour 1 500 £/soirée).

# 10. Duel TV Brian Clough vs Don Revie

Clough et Revie, un temps surnommés les « Richard Nixon et John Kennedy du Yorkshire »

Clough et Revie, un temps surnommés les « Richard Nixon et John Kennedy du Yorkshire »

La même scène, dans le film The Damned United :

Pour clore ce panorama photos, il fallait évidemment Brian Clough, décédé il y a tout juste dix ans (le 20.09.2004 à 69 ans, cancer de l’estomac) mais loin d’être disparu. Oh que non, le bougre est plus présent que jamais : une quinzaine de livres lui ont été consacrés en Angleterre depuis sa mort (en plus des centaines d’articles de presse et Internet, des documentaires et, bien sûr, du film The Damned United). Sans parler des trois statues érigées en l’honneur de « Old Big ‘Ead » (son surnom), cas unique dans le football britannique.

Nous sommes le 12 septembre 1974 et, à la stupéfaction générale, Leeds United limoge Brian Clough, après seulement 44 jours désastreux, surtout en coulisses (en fait, 54 jours depuis la date de sa nomination). Un choc aussi grand que la consternation qui avait accompagné l’annonce de son arrivée dans ce Leeds qu’il détestait ouvertement de tout son être. Un mariage contre nature justifié par l’ambition ultime de Clough : conquérir l’Europe (ce qu’il avait raté – d’assez peu – à Derby County), et ainsi supplanter Don Revie dans la hiérarchie historique des Whites.

Jonathan Wilson, dans sa biographie sur Clough – le livre le plus exhaustif jamais publié sur le sujet – revient sur cette haine tenace qu’il vouait à Leeds United, ses joueurs et son manager. L’inimitié était intensément réciproque : Don Revie déclara un jour que Clough était vraiment la dernière personne avec qui il aimerait être naufragé sur une île déserte. Parmi les passages savoureux de la bio, celui du gala télévisé de janvier 1973 est particulièrement exquis… Pendant son court discours (vite noyé sous les huées et injures),  Clough attaqua verbalement nombre de Whites, présents dans la salle, devant 500 personnes et le leader Travailliste Harold Wilson, ancien et futur Premier Ministre !

Quelques heures après son limogeage, Yorkshire Television attire Brian Clough dans ses studios de Leeds… sans lui dire que Don Revie sera également présent. C’est un coup magistral pour cette chaîne régionale :  Clough et Revie n’avaient cessé de s’allumer par médias interposés depuis des années mais sans jamais en découdre sur un même plateau. Ce face à face (ici en clip) deviendra un monument télévisuel de l’histoire du football britannique.
Une joute a priori inégale, entre un Clough fragilisé, déchu, humilié (et alcoolisé, diront certains), et un Revie solide comme une citadelle imprenable, fraîchement nommé sélectionneur anglais et ex très successful manager de Leeds.

Don Revie et le phénoménal Billy Bremner, « 63 kilos de fil barbelé » comme le surnommait le Sunday Times (c’est lui que je voulais le plus dans mes Panini des années 70, section Joueurs étrangers. J’aurais échangé 50 Duguépéroux + 25 Triantafyllos pour l’avoir).

Don Revie n’a pas seulement ressuscité Leeds, à la manière de Shankly à Liverpool ou Matt Busby à Man United : de mars 1961 à juin 1974, il a bâti ce Leeds United qui vivotait avant lui et attirait péniblement 10 000 spectateurs à Elland Road à son arrivée. Il a fait surgir ex nihilo un grand club de football au coeur de cette ville jusque là acquise au rugby, à XIII, celui des prolos du Nord. Revie, avec son allure de Parrain new-yorkais (il ne fut pas surnommé « The Don » pour rien), a en outre fait de Leeds United une famille indivisible, un clan, une meute, conditionnée pour affronter ensemble toutes les épreuves (dont le fameux label « Dirty Leeds »).

Clough, au contraire, vient de vivre un calvaire à Leeds United. Hormis les piètres résultats (en partie imputables à une cascade de blessures et la suspension de 11 matchs de Billy Bremner, pour s’être battu avec Kevin Keegan au Charity Shield le 10.08.1974, à 25’10 dans ce clip), Cloughie s’est mis la moitié du directoire et toute l’équipe à dos. Hier invulnérable et arrogant au possible, il semble soudain avoir perdu son aura messianique et ses galons de formidable stratège, acquis de haute lutte chez les minots de Derby County de mai 1967 à octobre 1973. Ce qui pousse Austin Mitchell, le présentateur un brin provocateur, à lui lancer (à 24’07 dans le clip) : « Brian, ne vous retrouvez-vous pas aujourd’hui dans une situation très difficile, car après votre dispute avec Derby County, votre départ de Brighton dans des circonstances troubles et maintenant Leeds, quel club voudra-t-il encore vous employer ? »

En septembre 74, Revie est donc au faîte de sa gloire tandis que Clough moisit au fond du trou (même si sa forte indemnité de licenciement – 98 000 £, après impôts et prélèvements – atténue le choc, pactole obtenu par Clough et son avocat en faisant picoler le président de Leeds !). Don Revie l’intouchable vs Clough le paria. Peu après, lors d’un nouvel échange musclé, Revie, profitant de sa position infiniment supérieure à ce moment précis, lui assènera un cinglant : « Brian, on verra dans cinq ans ce que chacun d’entre nous sera devenu. »

Cinq ans plus tard, le contraste entre ces deux ennemis jurés sera en effet saisissant. Mais pas dans le sens imaginé par Don Revie. En mai 1979, Clough est champion d’Angleterre et champion d’Europe avec les sans-grades de Nottingham Forest. De fin novembre 1977 à début décembre 1978 – soit 42 matchs de championnat –, Forest a même réussi l’exploit de rester invaincu, malgré les 76 matchs disputés pendant cette période ! Avec seulement 16 joueurs utilisés. Du jamais vu en Angleterre : même les Invincibles de Preston North End n’avaient pas fait aussi fort dans les années 1888-1890. Le tout au nez et à la barbe du grand Liverpool, double champion d’Europe et champion d’Angleterre sortant, relégué à 7 unités au classement final comme un vulgaire faire-valoir (avec une victoire à deux points de surcroît) et sorti sêchement en C1 par… Forest. L’un des deux buteurs du 2-0 de l’aller est l’attaquant Garry Birtles : deux ans plus tôt, Birtles posait des moquettes avant que Clough ne l’achète 2 000 £ à un club amateur du coin, ne le persuade qu’il était un Pelé en puissance et n’en fasse l’un de ses joueurs clés. En 1980, Clough décroche une deuxième C1 au Bernabéu.

Old Big ‘Ead plane insolemment sur le toit du monde. « J’ai gagné deux C1, fanfaronne-t-il, Leeds United aucune. » Leeds, Leeds, Leeds, encore et toujours. L’obsession Whites ne l’a donc jamais quitté, même dans les moments d’extrême euphorie. Ou aurait-il fallu comprendre « Don Revie » à la place de Leeds United ?

Clough, en pleine déconne à Majorque, juste avant la finale de C1 1980 contre Hambourg (1-0). Pour préparer cette rencontre, il emmena ses joueurs une semaine au soleil, interdit quasiment les entraînements et organisa des séances picole entre joueurs. Les Hambourgeois, eux, optèrent pour une opération commando de 8 jours…

Revie, quant à lui, est enlisé dans les scandales. Début juillet 1977, brouillé avec la direction de la fédération et sentant son poste de sélectionneur anglais menacé (et disent certains, pour d’autres raisons plus inavouables), il accepte un très lucratif poste de manager des Emirats Arabes Unis en pleine campagne des éliminatoires du Mondial 1978… sans avertir immédiatement la FA de sa démission. Pire : Revie monnaie la primeur de sa défection avec le Daily Mail. L’ex grand timonier de Leeds United est accusé par beaucoup de « trahison » envers son pays.  Verdict massue de la fédé anglaise dix-huit mois plus tard : dix ans d’interdiction d’exercice du football en Angleterre (son avocat réussira cependant à faire casser cette décision par la Haute Cour de Justice).

Rebelote en septembre 1977 quand le tabloïd The Daily Mirror publie le témoignage de trois joueurs (dont Gary Sprake, l’ex légendaire gardien de Leeds, aujourd’hui le paria de la famille) et d’un manager (Bob Stokoe, alors à Bury au moment des faits) l’accusant d’avoir arrangé et voulu truquer plusieurs matchs dans les années 60 – accusations déjà portées en 1972 par un autre tabloïd –, classées sans suite par la police et la fédération anglaise. D’autres joueurs, dont Jim Barron, le Gunner Franck McLintock et le champion du monde 1966 Alan Ball, incrimineront Don Revie pour le même genre de faits (il sera aussi soupçonné d’avoir acheté, ou tenté d’acheter, des arbitres – voir article de l’Independent) mais rien ne sera jamais prouvé. Revie poursuivra le Daily Mirror en diffamation mais ne donnera pas suite, trop accaparé qu’il était par sa longue procédure contre la FA dans l’affaire des EAU (Billy Bremner, impliqué dans une affaire similaire, poursuivra un autre tabloïd, le Sunday People, et gagnera son procès). Revie ne reviendra jamais travailler au bercail et s’éteindra le 26 mai 1989 en Ecosse, à 61 ans, atteint de la maladie de Charcot.

Destins inverses qui ajoutent à la mystique développée autour de ces deux monstres sacrés, issus de la même communauté, du même quartier de Middlesbrough et produits de la même époque, l’entre-deux-guerres, celle que l’historien britannique Richard Overy appelle le The Morbid Age (pauvreté, dépression économique, habitat insalubre, chômage de masse, montée du fascisme).

« Don Revie et moi, dit Brian Clough (alias Michael Sheen) à son inséparable adjoint Peter Taylor dans le film The Damned United, avant un 32è de FA Cup Derby v Leeds* de janvier 1968, on a grandi dans le même quartier de Middlesbrough, à l’ombre d’Ayresome Park [l’ancien stade de Boro]. Don et moi, on est comme deux petits pois dans une cosse, identiques. On a sûrement mangé les mêmes bonbons, ceux fabriqués dans l’usine Garnett où bossait mon père. Don, c’est le meilleur manager du pays. On a tous deux été avant-centre de Sunderland et de l’équipe d’Angleterre. Don et moi, c’est deux petits pois dans une cosse. Deux petits pois dans une foutue cosse. »

[*Leeds v Derby en réalité mais inversé pour les besoins du film]

Kevin Quigagne.

Dans la même série : Photos insolites du foot british (1)

Youpi, c’est reparti pour la troisième saison Teenage Kicks, The blog du foot anglais. Ça tombe bien, la Premier League a redémarré ce week-end, 114è édition du football professionnel anglais d’élite depuis 1888-89 et la vision divine de William McGregor, Créateur de toute chose. Pour se remettre dans l’ambiance, les indispensables fiches TK club par club en 10 questions-réponses pertinentes saupoudrées d’une saveur toute olympique of course.

En anglais, on appelle ça le low-down : ce qu’il faut savoir. Voici donc le low-down sur l’avant-saison de Premier League 2012-13. On continue notre descente alphabeteuse avec aujourd’hui Manchester City, Manchester United et Newcastle.

Pour le reste de l’intro et les indispensables précisions d’avant-lecture, voir ici.

[Cliquer sur les photos facilite la lecture]

Manchester City

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? On a dépassé toutes les espérances, 1er avec 89 points et un goal average improbable : + 64 ! (93 buts pour, 29 contre). Ce premier titre de champion d’Angleterre depuis 1968 met fin à quatre longues décennies d’une souffrance contenue face au rival United. Titre arraché d’extrême justesse et de manière insensée.

Flashback. Dimanche 13 mai 2012 15h, dernière journée, City et Man United sont ex-aequo à 86 points. City sait que Man United mène 1-0 au Stadium of Light depuis la 20è minute et vu l’horizontalité Black Cat (déjà en vacances), il leur faut absolument battre Queens Park Rangers pour remporter ce titre. Or, à la fin du temps réglementaire, City est mené 2-1 par un QPR réduit à 10 depuis la désormais mythique explosion en vol de Joey Barton à la 55è minute (12 matchs de suspension).

90è min. : United est toujours champion. QPR apprend alors que Bolton descend à leur place, les Hoops sont donc sauvés (se relâchent-ils inconsciemment ?).

91è et 15 sec. : Dzeko marque, 2-2. United toujours champion

93è et 21 sec. : Agüero délivre le peuple Citizen ! clip. C’est son 30è but de la saison (21 en PL) et celui à jamais ancré dans la légende du foot anglais.

Des circonstances dramatiques qui rappelèrent le titre des Gunners de George Graham en 1989, arraché par Michael Thomas dans les arrêts de jeu à Anfield, privant ainsi Liverpool de son 18è titre (clip). Ce Liverpool-Arsenal était la dernière fois (avant mai 2012 donc) que les deux premiers durent être départagés au goal-average et, de plus, ces deux équipes avaient le même G-A à la fin du match ! (+ 37, Arsenal emporta le gros lot au nombre de buts marqués). Ironie de l’histoire, Michael Thomas signa à Liverpool deux ans plus tard.

En revanche, échec en Ligue Europe (après l’élimination en la Ligue des Champions). Les Citizens furent sortis par le Sporting Lisbonne – sans Vincent Kompany, le roc de l’équipe (récompensé par un contrat de six ans en juillet).

Côté coulisses, l’interminable saga Tevez de l’autumne-hiver dernier est oubliée et l’Apache a perdu 6 kilos pour plaîre à son Roberto. Il se sent parfaitement bien à Manchester, il est souriant, n’a plus aucun problème de climat, d’adaptation, de langue, de culture, de famille, de nourrice, de concierge, de ceci de cela, non, tout baigne. Le Tevez nouveau est arrivé.

Un autre petit nouveau : le centre d’entraînement du club (dans les cartons, ici), hors normes, évidemment. Voir également Le complexe de City.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Sereines, sereines. Les supporters Citizens ne sont pas encore descendus de leur gros nuage, surtout que ce but d’Agüero synonyme de titre se fit aux dépens de Man United…

Le club semble tellement sûr de son fait qu’une seule arrivée effective a été enregistrée, pour changer. Le Financial Fair Play approchant, le club a peut-être aussi décidé d’être enfin raisonnable (quoiqu’on voit mal le jour arrivé où l’UEFA dira à Man City ou au PSG : « Désolé les gars, vous n’avez pas équilibré vos comptes, pas de Ligue des Champions ! ». L’UEFA dépend de ces clubs et si sanction il y a, elle prendra probablement la forme d’une amende évidemment inefficace ; de toute manière, l’UEFA n’aurait pas les moyens financiers de lutter juridiquement contre ces clubs – en cas de procès – de vraies sanctions semblent donc improbables).

On vise évidemment de nouveau l’or avec, en bonus, une meilleure prestation en Ligue des Champions. Si Man City est vraiment un crack, il doit maintenant le prouver sur la scène européenne.

On s’inquiète tout de même un chouia du manque d’option (relatif) en défense central si Kompany ou Lescott se blessaient. Idem pour les gardien doublure (Pantilimon) et triplure (Nielsen), inexpérimentés à ce niveau.

Rassure-toi Manu, tu l'auras ton gros chèque

Rassure-toi Manu, tu l'auras ton gros chèque

Parenthèse Saga Africa de l’été : le cas Emmanuel Adebayor n’est toujours pas réglé. La situation n’est pas très claire aux niveau des exigences des différentes parties (Adebayor & agents, Man City et Tottenham).

Le Togolais, payé 740 000 £/mois à City et prêté à Tottenham toute la saison dernière (17 buts/33 matchs), veut partir de Man City mais pas à n’importe quel prix, normal. Si baisse de salaire il y a (Spurs lui offrirait une misère, à peine 450 000 £ mensuels, scandaleux), Adebayor insiste pour qu’elle soit compensée par une bonne petite prime à la signature d’environ 5M £. Comme on le comprend.

Tottenham, qui a proposé 4M à Man City début juillet (offre acceptée), n’est pas d’accord sur le montant de cette prime. En résumé, Adebayor voudrait toucher le même package d’ensemble qu’à City, peu importe sa composition (ça discutaillerait aussi bien évidemment sur les primes de saison, les sous-primes, les primes annexes, les primes déclenchées sur résultats atteints, etc.). Pour l’instant, Adebayor est puissant car il tient Spurs par les gonads : il sait que les Londoniens doivent absolument trouver un avant-centre avant le 31 août (ils n’ont que Defoe devant et l’Urugayen Gaston Ramirez semble leur avoir échappé… A Southampton aussi d’ailleurs car selon le Sunday Telegraph du 19.08, Bologne en veut maintenant 16M, alors que les Saints pensaient avoir conclu l’affaire à 12M). L’ex Monégasque paraît inflexible dans ses exigences, quitte à passer la saison prochaine sur le banc Citizen (on trouvera sûrement une solution d’ici là, il n’aura pas à aller jouer avec la réserve à Wigan ou Doncaster devant one man and his dog comme on dit).

Ah, j’allais oublier, Roque Santa Cruz est toujours dans l’effectif au cas où vous vous demanderiez où il est passé celui-là.

Last but not least, pas mal de supporters commenceraient à trouver la Poznan un peu naff (lourdingue/ringarde) et se demandent si on ne pourrait pas changer de disque. Notre calvaire est donc peut-être sur le point de s’achever.

Qui est arrivé cette saison ? Vlad Marin (Lazio, montant non communiqué – autour de 300 000 £ semblerait-il), Olivier Ntcham (Le Havre, montant non communiqué), Jack Rodwell (Everton, 12M)

Qui s’est éclipsé ? Gai Assulin (R Santander, gratuit), Wayne Bridge (Brighton, prêt), Greg Cunningham (Bristol City, gratuit), Owen Hargreaves (libéré), Andrea Mancini (Real Valladolid, gratuit), Gunnar Nielsen (libéré), Stuart Taylor (libéré), Vladimir Weiss (Pescara, 1,3M).

L’effectif et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Hormis Jack Rodwell (21 ans), deux semblent sortir du lot (on les verra peut-être en Coupe de la Ligue) :

1) Le Néerlando-Tunisien Karim Rekik, 17 ans ½, un arrière-central prometteur, prêté à Portsmouth l’an dernier

2) L’Espagnol Denis Suarez, milieu offensif de 18 ans ½ , U19 Espagne

Si Man City était un sport olympique, ça serait quoi ? Un truc avec des canassons, forcément (la passion du propriétaire, Sheikh Mansour, qui collectionne les purs-sangs, comme beaucoup de riches Emiriens – Newmarket, ville number 1 du cheval en Angleterre, les remercie tous les jours).

… un sélectionné olympique ? Gabriela Andersen-Schiess, aux J.O de Los Angeles. La marathonienne suisse franchit la ligne mais alors, à la Agüero hein, c’était même pas juste, c’était miraculeux, clip.

C’est qui le big boss déjà ? Sheikh Mansour, depuis l’été 2008, membre de la famille dirigeante d’Abou Dhabi et Premier Ministre adjoint des Emirats Arabes Unis. Il n’intervient pas beaucoup et on le voit jamais à Manchester : il n’a assisté qu’à une seule rencontre à l’Etihad en 4 ans et n’était même pas présent le jour du sacre historique !

Mansour délègue entièrement à son bras droit, le discret Khaldoon Al Mubarak, qui composera désormais avec le nouveau Chief exec espagnol Ferran Soriano. Ce poste était vacant depuis le limogeage de Garry Cook en septembre 2011, CEO efficace mais loose cannon bien trop grande gueule et enclin à la gaffe PR pour tenir longtemps compagnie à ces gentlemen corporate formés à l’américaine, donc très soucieux de l’image du club.

Et le manager ? Roberto Mancini, a signé un nouveau contrat de cinq ans le mois dernier. A force d’empiler les vedettes, il a fatalement fini par décrocher le premier titre du club depuis 1968. Mais sans l’extraordinaire coup de sang de Joey Barton qui entreprit de boxer trois Citizens d’un coup, City aurait probablement raté l’or. Toutefois, soyons Coubertiniste : le sacre City est mérité tant le jeu offert par les Citizens fut souvent un régal.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 5/4. Relégation : 2 000/1

Manchester United

Comment s’est passée la saison dernière ? (2è, 89 points, + 56) Moyennement, par rapport aux attentes toujours stratosphériques. Certes il y eut l’énorme déception de la dernière journée car Man United avait fait le boulot devant un Sunderland apathique (1-0) mais le sentiment général est que MU ne méritait pas le titre.

Piètre saison européenne, reversé peu glorieusement en Ligue Europe et éliminé sans coup férir par l’Athletic Bilbao.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Elles étaient mitigées il y une semaine (ça causait et marmonnait beaucoup argent, remboursement de dettes, IPO raté, fronde des supporters, etc.) mais depuis la signature de Robin van Persie, plus de chouineries !

La venue de RvP est un magistral statement of intent de Fergie, comme disent les Anglais (= message fort envoyé aux adversaires). Attaque de feu : la paire Rooney-Van Persie c’est 72 buts en 83 matchs de club l’an dernier (et 1 seul carton jaune pour le Roo !). Les ailiers sont pas minables non plus (Valencia, Kagawa, Nani et Young), sans parler les supersubs Daniel Welbeck et Chicharito. La médaille d’or ne devrait pas ne peut pas leur échapper.

He is back !

He is back !

Derrière, le retour de Vidic est une bénédiction, la confiance en Evra et Rio Ferdinand n’étant plus ce qu’elle était (Smalling indisponible jusqu’en octobre, métatarse). D’ailleurs, Siralex a prévu le coup et la rumeur Alexander Büttner enfle ce soir (19.08). Ce Néerlandais de 23 ans est latéral gauche mais peut aussi jouer à droite. Selon Sky, il viendrait d’atterrir à Manchester et passera un examen médical lundi 20 au Bridgewater Hospital de Manchester (on parle de 5M d’€).

Au milieu, on aura du Scholes, du Carrick, du Cleverley (ces deux derniers d’ailleurs fort bons face aux Italiens il y  a 4 jours). Et du Fletcher quand il n’aura plus mal au ventre.

Cette année verra certainement la retraite définitive des Glorieux Anciens Ryan Giggs et Paul Scholes. Je sais bien que Claudio Caniggia vient de marquer en FA Cup à 45 ans (clip) mais il va bien falloir que nos deux Legends raccrochent. En parlant de Legend, la fête commence sans lui, dommage. Encore un qui a perdu la tête à cause des canassons (Stoke et Everton sembleraient être de nouveau intéressés par Owen, la rumeur Toffee a repris ce week-end).

Qui est arrivé cette saison ? Shinji Kagawa (Dortmund, 12M, jusqu’à 17 avec extras), Nick Powell (Crewe, 2,75M, jusqu’à 4 avec extras), Robin van Persie (Arsenal, 24M)

Qui s’est éclipsé ? Ben Amos (Hull, prêt), Fabio (QPR, prêt), Tomasz Kuszczak (Brighton, gratuit), Matty James & Ritchie de Laet (Leicester, 2M la paire), Oliver Norwood (Huddersfield, 450 000), Michael Owen (libéré), Ji-Sung Park (QPR, 2M), Paul Pogba (Juventus, gratuit)

L’effectif et les fiches  Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Hormis Kagawa et Cleverley, déjà connus et vieux pour des p’tits jeunes, il faut évidemment citer Nick Powell, 18 ans ½.

Pur produit du centre de formation magique de Crewe Alexandra (ville moyenne du Cheshire et Mecque des trainspotters), Powell est un milieu de terrain international anglais U18 auteur de 14 buts avec les Railwaymen l’an dernier (D4). Powell, c’est ça.

Siralex entretenant des liens étroits avec le sorcier de Crewe, Dario Gradi (29 ans comme manager, aujourd’hui responsable de l’Academy), Powell était dans son radar depuis pas mal de temps. Gradi, ex manager de Wimbledon FC (c’est d’ailleurs au début de son règne Don que la légende Crazy Gang naquit) a transformé ce très modeste pensionnaire de Football League en usine à débiter du surdoué : depuis l’arrivée de Gradi en 1983, Crewe a vendu pour plus de 30M £ de joueurs formés au club ! (sans compter ceux qui ont profité du club pour se lancer ou relancer, parmi lesquels David Platt, Robbie Savage et Neil Lennon).

Peut-être verra-t-on aussi émerger Jack Barmby, fils de (Nick Barmby, ex international anglais et récemment manager de Hull City). On parle également de Will Keane (aucun lien de parenté avec Roy), attaquant de 19 ans et Espoir anglais.

Si Man United était un sport olympique, ça serait quoi ? Idem que pour Liverpool.

… un sélectionné/objet olympique ? Paul Elvström. Tout comme Giggs et Scholes, ce régatier danois ne voulut jamais raccrocher et remporta plein de breloques dans une carrière tout en superlatifs : il participait encore aux J.O à 60 ans !  (4 médailles d’or en voile, huit JO de 1948 à 1988, 13 fois champion du monde, etc.).

C’est qui le big boss au fait ? La famille Glazer, depuis juin 2005. Les Glazer viennent d’introduire MU à la bourse de New-York afin de lever 210M destinés en partie à purger une partie des dettes – et intérêts sur dettes – astronomiques que les Glazer ont collé sur le dos du club (clip), plus de 600M.
Vu qu’ils sont du genre taiseux, la communication se fait exclusivement via le Chief Exec du club, David Gill.

Et le manager ? Sir Alex Ferguson bien sûr, aka SAF, Fergie ou Siralex, depuis le 6 novembre 1986. L’ex tenancier de pub est plus que jamais déterminé à montrer aux noisy neighbours qui est le Boss, d’où Robin van Persie. Il veut décrocher le big fat Number 20 et après seulement, il raccrochera. Peut-être.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 7/4. Relégation : 2 000/1

Newcastle United

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? Jouissivement, 5è (65 pts, + 5). Avec de la baraka, une French touch classieuse et souvent beaucoup de maîtrise, les Magpies ont fait taire tous les doom and gloom merchants (Cassandre) qui les voyaient galérer après avoir perdu leurs cadres, les Joey Barton, Kevin Nolan et autre Jose Enrique. Beaucoup « d’experts » avaient en effet pronostiqué le bas de classement pour les Magpies…
Il faut dire que l’un deux, le navrant Alan Shearer (Match Of The Day, BBC), ne connaissait déjà pas du tout Hatem Ben Arfa quand il fut recruté fin août 2010 en affirmant tout de go qu’il était inconnu au bataillon (« He is a young kid, No one really knows a great deal of him » assura-t-il – HBA était international français depuis 2007 !). Alors lui demander d’évaluer l’équipe avec les « obscurs » Santon, Cabaye, Ba and co, c’était mission impossible. Et c’est payé 500 000 £/an avec notre redevance en plus, pour vingt minutes (d’inanités) par week-end. We are in the wrong job.

Et en plus l'université de Newcastle l'a fait Docteur honoraire en Civil Law !

Et en plus l'université de Newcastle l'a fait Docteur honoraire en Civil Law !

L’un des artisans de ce succès est Graham Carr, responsable de la cellule recrutement du club depuis février 2010 (et accessoirement père du très célèbre Alan Carr, comique et vedette TV). Carr et son équipe (dont le vieux briscard Brian Clark, découvreur de Gazza, entre autres) connaissent parfaitement le marché français et continental. Ils se sont par ailleurs attachés les services d’anciens de la D1 française, dont l’ex Magpie Olivier Bernard et l’ex Rouennais Simon Stainrod (agent Fifa qui a servi de player liaison officer à Ben Arfa).

Après les excès des saisons précédentes NUFC tenait à peu dépenser en transferts (et salaires) et bien leur en prit car cela les força à recruter malin. Et quel recrutement : Y. Cabaye, D. Santon, Demba Ba et Papiss Cissé… Une saison à rendre malade de jalousie les Black Cats voisins ! Car Sunderland adopta l’approche inverse, la flambe : 25M £ de dépensés sur 10 joueurs dans l’espoir de titiller les places européennes (objectif raté de 20 points seulement…).

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Conquérantes. On se demande quand même si ça ne va pas faire léger niveau recrutement, surtout avec la Ligue Europe. La CAN en Afrique du Sud privera probablement de nouveau Newcastle de pièces maîtresses (Ba, Cissé et Tioté) et on espère une ou deux recrues supplémentaires avant le 31 août.

Qui est arrivé cette saison ? Vurnon Anita (Ajax, 6,7M), Romain Amalfitano (Reims, gratuit), Gael Bigirimana (Coventry, 1M), Curtis Good (Melbourne Heart, 400 000).

Qui s’est éclipsé ? Leon Best (Blackburn, 3M), Fraser Forster (Celtic, 2M), Danny Guthrie (Reading, gratuit), Tamas Kadar (Roda, gratuit), Peter Lovenkrands (Birmingham, gratuit), Alan Smith (libéré, puis MK Dons) ainsi qu’une dizaine de libérés.

L’effectif et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Pas mal oui. Deux en particulier :  le fraichement débarqué Gael Bigirimana et Sammy Ameobi, régional de l’étape et frère de Shola.

Bigirimana (on a hâte d’entendre Shearer ou Dean Windass essayer de prononcer son nom à la télé), milieu défensif burundais de 18 ans, sort d’une saison réussie chez les Sky Blues dans un contexte difficile (a également fait une belle intersaison).

Idem pour Sammy Ameobi, 20 ans, avant-centre/ailier. Ce joueur très technique et longiligne (1m94, il rappelle un peu le Costa-Ricain Paulo Wanchope) a cartonné à l’intersaison et vu les exigences du calendrier à venir, on le reverra probablement bientôt. A porté dix fois le maillot Magpie en PL l’an dernier (1 fois titulaire).

Newcastle a aussi des munitions en réserve :

–      le milieu franco-algérien Mehdi Abeid, 20 ans
–      le talentueux milieu slovène Haris Vuckic, 19 ans
–      le latéral gauche nord-irlandais Shane Ferguson, 21 ans
–      l’arrière-central australien Curtis Good, 19 ans

Si Newcastle était un sport olympique, ça serait quoi ? Vu le style du proprio, un truc pas trop finaud et bien massif, du style haltérophilie en Super Lourds.

… un sélectionné olympique ? Taras Shelestiuk, l’Ukrainien vainqueur d’Alexis Vastine, plus verni que lui, tu tombes K.O. net.

C’est qui le big boss ? Mike Ashley, depuis 2007 quand il racheta NUFC 134M de £ au duo de businessmen locaux Hall-Shepherd. Ashley a 47 ans et pèse 1,7 milliards de £ (36è fortune du pays).

A osé cette année rebaptiser Saint James’ Park le Sports Direct Arena (du nom de sa chaîne de sport & sportswear entrée de gamme, croisement entre Tati et un Décathlon du tragiquement pauvre).

Non content de sa trouvaille, il a entièrement redécoré le stade en y mettant des logos SD très tacky absolument partout, avec plein de % énormes (réductions en magasin, carte fidélité, etc.). C’est tout juste s’il n’a pas ouvert une boutique derrière chaque but. Même le toit de la tribune Gallowgate a eu droit à un gigantesque panneau à la gloire de SD. Quand on saura que la Gallowgate est à Newcastle United ce que le Gange est aux Hindous (sacrée, les cendres du légendaire Jackie Milburn – 200 buts NUFC – furent dispersées sur la Gallowgate à sa mort en 1988), on comprend mieux la portée blasphématoire du geste de Mike Ashley. Plus aucun respect ces nouveaux riches. La mairie de la cité Geordie l’a prévenu qu’elle refuserait de changer les panneaux de signalisation portant le nom historique du stade (SJP). Ashley a offert de les payer mais niet.

Etait détesté des supporters avant la saison dernière, trop pingre et suspect à leurs yeux, pour un tas de raisons (entre autres, les embrouilles de 2008 entre son protégé Dennis Wise et l’ex NUFC Legend Kevin Keegan ont profondément nourri la rancoeur). Est cependant considéré comme un Dieu vivant depuis la saison passé.

Pardew et O'Neill (Sunderland) lors du dernier derby Tyne & Wear

Pardew et O'Neill (Sunderland) lors du dernier (et chaud bouillant) derby Tyne & Wear en mars 2012

Et le manager ? Alan Pardew, depuis décembre 2010. Débuta en D3 à Reading en 1999 qu’il fit monter en D2 en 2002. Ensuite West Ham (D2) qu’il hissa en PL en 2005. La suite, à Charlton et Southampton, fut bien moins reluisante.

Peut se montrer très fébrile sur la ligne de touche, ce qui fut le cas la saison dernière où l’on eut droit au Pardew Show à chaque désapprobation des décisions arbitrales (souvent). Et hier contre Tottenham, ça. Il a présenté ses excuses après le match aux arbitres et publiquement devant les caméras de la BBC, aussi par anticipation d’une sanction de la FA (on se souvient également d’une grosse altercation avec Wenger en 2006, avait célébré un but de West Ham devant le Français, qui avait réagi… et s’était pris 10 000 £ d’amende).

Désormais surnommé Pardiola dans la cité Geordie. S’il nous fait une saison copié-collé, on lui érigera une statue devant SJP, entre celles de Jackie Milburn et Bobby Robson.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 120/1. Relégation : 40/1

Kevin Quigagne.

Un peu de légèreté pour conclure la saison Teenage Kicks : le bilan club par club, mode Twitter, en 140 mots (enfin, pour ce qui est du résumé de la saison quoi).

Voir introduction dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.). Par ailleurs, la Premier League a publié la semaine dernière son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et celle de tous les matchs ici. Et pour voir toutes les tenues des clubs de PL, c’est par ici que ça se passe.  

Aujourd’hui, quatrième partie : de Manchester United à Stoke City (deuxième et troisième parties ici et ici).

[nb : tous les chiffres sont en £. Ceux de la rubrique financière portent sur la période 2009-2010. Les dettes (nettes) : emprunts bancaires, propriétaires ou autre provenance. Source Companies House et Guardian].

 

MANCHESTER UNITED (champion, 80 pts. G-A + 41 / 78 / 37)

Résumé de la saison

Saison très réussie avec ce dix-neuvième titre historique et une finale de Ligue des Champions. Sans oublier une demi-finale de FA Cup, toutefois perdue face aux rivaux de Man City. Voir le film du dix-neuvième titre.

Satisfactions

Voir le bilan complet. Citons brièvement les meilleurs élèves : Nemanja Vidic (évidemment dans la PFA Team of the Year), Nani (idem, PFA Team) et Javier Hernandez. Le Petit Pois fait une entrée fracassante dans le football anglais, 20 buts pour sa première saison (13 en PL) pour 27 matchs ou bouts de match. Berbatov (également dans la PFA Team of the Year) s’en est bien sorti aussi et se retrouve co-meilleur buteur de PL avec Tévez (21 buts). Le Bulgare a signé trois hat-tricks cette saison (voir le clip). Seul Alan Shearer a fait mieux (cinq, en 1995-1996). Mention spéciale aussi à Edwin van der Sar qui, à 40 ans et 205 jours au 22 mai, devient le joueur le plus âgé de PL à décrocher le titre. Sans oublier l’increvable Ryan Giggs, avec la borne des 573 matchs de PL atteinte le 14 mai, le Gallois passe devant David James (572) au hit-parade du plus grand nombre de matchs de PL (Giggs a débuté avec Man United en mars 1991, avant l’ère PL, et compte 613 apparitions en championnat). 

 

Déceptions

Voir le bilan complet. Mais la palme Flop revient incontestablement à Bébé.

L’homme invisible : Bébé

Highlights

Le dix-neuvième titre historique. L’épopée en Ligue des Champions. La série de 24 matchs sans défaite en championnat (stoppée le 5 février face à Wolves, voir ici). La solidité à domicile, 55 points engrangés sur 57 possibles (record de Chelsea égalé, 2005-06) et un seul but d’encaissé à Old Trafford en première mi-temps ! Le ciseau retourné de Rooney dans le derby mancunien en février. Les fins de match, souvent en trombe : 36 buts marqués sur la dernière-heure, plus élevé total de PL. Anecdotique mais impressionnant : le 29 août, Man United est devenu le premier club à atteindre le cap des 1 500 points de l’ère Premier League.

Lowlights

La défaite face au Barça en Ligue des Champions. La saga Rooney, inter-minable. On ne peut pas trop en vouloir au joueur d’essayer de gratter ce qu’il peut (bien assisté de Paul « Mister 40 % » Stretford, voir ici, entrée 13 août), mais à ce point-là… La série noire entre les 25è et 35è journées, quatre défaites (Wolves, Chelsea, Liverpool, Arsenal). L’élimination sans gloire de la Coupe de la Ligue, défaite 4-0 à West Ham fin novembre. La forme à l’extérieur, décevante, seulement 25 points engrangés sur 57 possibles (plus faible total pour un champion depuis Leeds en 1992), et cinq victoires seulement en déplacement (seuls deux clubs champion ont fait pire : Newcastle en 1907  – 4 victoires – et Sheffield Wednesday en 1930, 3).

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Seules quelques retouches ici ou là seront nécessaires, surtout pour combler les départs en retraite. Les retours de prêts, notamment Danny Welbeck, et l’arrivée d’Ashley Young aujourd’hui (voir ici, ainsi que sa carrière en bref) devraient aider à satisfaire le gros des besoins (un Young qui ne le sera pas lui dans le besoin, 520 000 £/mois). Le poste du gardien demeure prioritaire (l’arrivée de David De Gea serait imminente) tandis que le recrutement d’un milieu axial créatif fait aussi partie des plans. Voir ci-dessous lien dernières rumeurs.

Trucs bizarres / marrants

La saga Rooney de septembre à fin octobre, truffée de déclarations bizarres et hilarantes. Les duos au micro de Wayne et Andy Carroll actuellement en vacances ensemble aux Caraïbes (Wayne et Andy seraient devenus les meilleurs amis du monde – Andy, le TK te conseille d’en prendre de la graine pour négocier ton prochain contrat). Tweet du Roo : « Suis à la Barbade et j’ai passé une super soirée hier soir au Lexy’s piano bar avec Coleen et des amis. Ai chanté sept chansons et me suis senti une âme de rock star. » Voir les photos des vacances Karaoke-Beatles.

Les perles-Tweets de Rio Ferdinand, dont ce bizarre coup de sang anti-laitiers (ci-dessous). Les pauvres milkmen, déjà que les supermarchés les ont quasiment mis sur la paille, si en plus ils doivent se faire pourrir par des milliardaires pressés d’aller faire leur round de golf, dur dur pour eux (publié dans le Times du 28 août dernier) :

« Mais que fout un laitier dans les rues à 8 h 55 ?! Il ralentit toute la circulation avec son p’tit van de lait. Mais mon bonhomme, distribue ton truc quand il fait nuit ! »

Encore un van de laitier dégagé de la route par Rio
Encore un van de laitier dégagé de la route par Rio

Sans oublier les joutes Twitter de première partie de saison avec le Gallois Robbie Savage, sorte d’éternel poil à gratter du foot anglais (et un bilan cartons jaunes respectable, 150). Dont ce morceau d’anthologie en septembre dernier, alors que Ferdinand était blessé et que Savage (Derby County, D2) parlait de revenir en équipe du Pays de Galles après une longue absence (avec pour vague objectif le Pays de Galles-Angleterre qualificatif pour l’Euro 2012) :

RIO @ robbie : « Tu reviens alors ? C’est sûr que tu seras frais et dispo ! Tu seras bon pour le banc si t’as du bol, mais ça me plairait de te refaire ta fête, du style Boum Boum Boum, jusqu’à ce que tu sortes ton drapeau blanc »

ROBBIE @ rio : « T’es sûr d’être rétabli pour jouer ? »

RIO @ robbie : « T’en fais pas, et moi je joue en Premier League pour Man United, et toi rappelle-moi où tu joues déjà »

ROBBIE @ rio : « Ah ah, le gamin, t’as mordu à l’hameçon, excellent !!! Il a mordu, lol lol lol, je savais que tu mordrais, lol lol lol. Au fait, le brassard de capitaine que porte Steven Gerrard, tu vas supplier Capello pour qu’il te le refile ? »

RIO @ robbie : « Ah ah ah… Dis-moi, le coup de boule que t’avait collé Dion Dublin, tu t’en souviens ? KO et plus de Robbie ! »

ROBBIE @ rio : « Ah ah ah… Tiens, t’as le bonjour de Craig Bellamy, comment il t’avait enfumé l’an dernier dans le derby mancunien ! Même à reculons, il va plus vite que toi ! »

RIO @ robbie : « Au fait, Dion Dublin vient de me texter, il paraît que tu chouinais comme une vraie p’tite gonzesse ce jour-là. Et pis coupe-moi cette horrible tignasse que tu te trimballes, sois viril mon gars »

ROBBIE @ rio : « Tout le monde sait maintenant que tu as mordu à l’hameçon, point barre. J’ai évolué moi, fais-en autant, avance. Par exemple, éloigne-toi de ton lit de soins ! lol, aïe, aïe aïe, touché, dans le mille ! »

RIO @ robbie : « Arrête de vouloir déverser sur moi toute ta frustration de ne pas avoir été conservé par Man United [en 1994, ndlr]… Touché ! Tu t’en es remis au fait de t’être fait virer de chez nous, ça doit toujours faire mal, non ? »

La tignasse de Robbie et le lit de Rio, version Twitter
La crinière de Robbie et le lit de Rio, version Twitter

Le Manager

En poste depuis le 6 novembre 1986. Avec Bob Paisley (Liverpool, 1974-1983), Fergie a le plus beau palmarès du football anglais : 12 titres de champion, 2 Ligue des Champions, 1 Coupe d’Europe des Vainqueurs de coupe, 5 FA Cups et 4 Coupes de la Ligue (en plus des titres obtenus avec St-Mirren et Aberdeen).

In / Out (le point sur les mouvements au 23 juin)

In : P. Jones (Blackburn, 16,5M), A. Young (Aston Villa, montant exact non révélé mais entre 15 et 20M)

Out : Bébé (prêt, Besiktas), R. De Laet (prêt, Norwich), J. Dudgeon, C. Evans (tous deux Hull, respectivement 83 000 et 500 000 £). C. Devlin, O. Hargreaves (tous deux libérés)

Retours de prêt : M. Biram Diouf, T. Cleverley. F. Macheda, D. Welbeck

Ont enfilé les pantoufles (arrêt de carrière) : E. van der Sar, P. Scholes et G. Neville (fin janvier 2011 pour ce dernier)

Voir diaporama des joueurs convoités par United.  

Et pour les dernières rumeurs, c’est par ici.

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières

286M / 131M. Perte avant impôts : 79M. Dette : 590M

 

NEWCASTLE UNITED (12è, 46 pts. G-A – 1 / 56 / 57)

Résumé de la saison

Retour parmi l’élite satisfaisant. Cependant, sans Carroll et Nolan, faire mieux que le ventre mou pourrait s’avérer compliqué en 2011-2012, surtout qu’un exode de cadres se préparerait sur Tyneside (voir plus bas). Après les dépenses extravagantes et contrats mirobolants des années précédentes, la politique du club semble s’orienter vers un renflouement des caisses (vente de Carroll) compensée par un recrutement malin. Encore un club qui a perdu son entraîneur (de qualité) en cours de route sans trop qu’on sache pourquoi.

Satisfactions

Les deux principales : Joey Barton et Cheick Tioté. Barton a été élu Toon Player of the Year par les lecteurs du journal local (Evening Chronicle), 4 buts et 9 passes décisives en PL. Il a mûri et évolué, c’est incontestable (surtout dans sa communication), il sait par exemple garder son sang-froid devant les provocations et fautes répétées des joueurs adverses (comme à Wolves en août) mais il lui en reste encore sous la chaussure question agressivité bête et méchante (voir incident avec Pedersen, ici). Cheick Tioté a été élu Club’s Player of the Year sur internet avec 42 % des voix. L’Ivoirien est incontestablement l’une des affaires de la saison (acheté 3,5M seulement à Twente). Cela dit, faudra qu’il tacle mollo la saison prochaine : quatorze cartons jaunes sur 26 matchs de PL ! (plus élevé total de PL). Ses suspensions répétées inquiètent le boss, Alan Pardew, voir ici.

Egalement : Harper, Krul, Coloccini, Enrique, Simpson et K. Nolan, 12 buts (du milieu  – 18 l’an dernier en D2).

Déceptions

Mike Ashley à l'entraînement
Mike Ashley à l’entraînement

J. Perch, N. Ranger, A. Smith. Ce dernier a un gros salaire et le club aura du mal à s’en débarrasser. Ranger a été vivement critiqué pour des problèmes « d’attitude » (pourquoi lui a-t-on fait signer un contrat de 5 ans ? on se le demande). Et Mike Ashley évidemment, le Abramovitch du nord (impopulaire) a encore laissé bon nombre de supporters Magpie sur les fesses avec ses décisions controversées et parfois incompréhensibles. Si on sait pas mal de choses sur le patron de la chaîne Sports Direct, par exemple qu’il aime débarquer à l’improviste en hélico au centre d’entraînement et claquer ses millions dans les casinos de la région avec son chief exec, ou qu’il cherche à vendre le club quasiment depuis  son rachat en 2007, on a en revanche du mal à cerner sa « vision » pour le club. En a-t-il seulement une ?

L’homme invisible : Shefki Kuqi. Le finno-bosnien avait commencé sa carrière pro au FC Jokerit, il la finit au FC Joke rit jaune (pour en savoir plus sur son extraordinaire aventure, c’est ici, entrée du 10 février).

Highlights

La très gracieuse danse du poulet de Kevin

La très gracieuse danse du poulet de Kevin

Incontestablement la raclée infligée à Sunderland le jour d’Halloween, 5-1, avec en guise de « trick or treat » un hat-trick de Kevin Nolan (on a donc eu droit à trois de ses infâmes célébrations « danse du poulet »). Cette tannée mémorable a logiquement récolté 77 % des votes dans le journal local au titre de la « Meilleure performance à domicile de la saison ». L’extraordinaire comeback contre Arsenal (de 0-4 à 4-4) lors de la folle 26è journée (voir ici, entrée 5 et 6 février, avec en bonus un dossier sur les plus grands comebacks de l’histoire du football anglais). La victoire 1-0 à Arsenal, élue par les supporters « Meilleure performance à l’extérieur ». Le 4-3 à Stamford Bridge, en Coupe de la Ligue en septembre, sans oublier la correction d’Aston Villa 6-0 en août.

Lowlights

Le limogeage de Chris Hughton. La vente d’Andy Carroll en janvier (LFC, 35M) et celle de Kevin Nolan récemment (décevant pour un club qui aspire à retrouver une certaine splendeur européenne). L’élimination en FA Cup par Stevenage 3-1 (D4). Beaucoup trop de jaunes (78, record PL cette saison).

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Rien ne sert de perdre son temps à tenter de tirer quelque enseignement que ce soit, ce club est une vraie novella et les leçons du passé ne sont jamais retenues sur Tyneside. Après Carroll et Nolan, pourraient décamper : Barton, Coloccini, Enrique et Guttierez. Si Enrique part, il faudra un latéral gauche. Seraient aussi les bienvenus : un attaquant, un ailier excentré et un milieu créatif. Côté conservation du patrimoine, il faut absolument garder Tioté. L’Ivoirien a beau avoir signé un nouveau contrat de 6 ans et demi en février, ça n’empêchera pas certaines grosses écuries de vouloir le débaucher. Tout semble être à vendre au club, et s’il se sent convoité, Tioté pourrait se laisser convaincre par un défi sportif haut de gamme (ailleurs évidemment)  ainsi que par la revalorisation de salaire qui va avec (il touche actuellement 175 000 £/mois). Voir ci-dessous lien « dernières rumeurs » pour les possibles arrivants.

Trucs bizarres / marrants

Nombreux, normal, on est sur Tyneside, place forte du soap opera footeux. En tête de gondole, les multiples affaires judiciaires l’automne dernier avec l’infernal duo Andy Carroll-Paul Gascoigne (ex Magpie) qui a sacrément occupé les tribunaux du Nord-Est : pas moins d’une dizaine de comparutions à eux deux en quelques mois ! Voir les chroniques judiciaires d’un autre genre ici, aussi ici et enfin ici. En février, le juge en eut tellement marre de voir Gascoigne qu’il jeta l’éponge (voir cette extraordinaire audience, entrée du 10 février).

Andy, dans la lignée

Andy, dans la lignée

Plus près de nous, il y a huit jours, la réaction de Barton à l’annonce du départ de Nolan pour West Ham fut amusante :

« Je suis en route pour Ascot, je suis vert de voir partir Kevin. C’est un super joueur, un leader, un capitaine, un crack à l’entraînement et un ami pour la vie. »

Avant d’ajouter le tweeterisme « £mejoseandjonasnext » (= moi, Enrique et Guttierez seront les prochains à être vendus).

Joey Barton : « J’ai bien l’intention de servir de modèle à Andy Carroll. »

Et pis Barton au Royal Ascot Festival (chevaux), ça en jette (il possède des purs-sangs). Le tiercé, visiblement ça attendrit Joey. Qui s’y frotte s’hippique mais c’est bien grâce aux canassons que l’ex taulard s’était réconcilié avec Alan Shearer, un autre amateur d’équidés, suite aux problèmes entre eux fin de saison 2008-2009 (quand Shearer reprit l’équipe à huit journées de la fin, dont une mémorable bagarre de vestiaire à Anfield le 3 mai 2009 entre le Geordie et le Scouser – Barton fut suspendu et renvoyé chez lui pour le restant de la saison). On ne va pas revenir sur ses nombreuses déclarations burlesques cette saison (en Angleterre et dans So Foot), signalons juste celle-ci, faite en novembre 2010, à l’encontre d’Andy Carroll (en pleine tourmente judiciaire) :

« J’ai bien l’intention de servir de modèle à Andy Carroll. »

Le Manager

Alan Pardew, mission accomplie. A remplacé le méritant Chris Hughton en signant un contrat de cinq ans et demi. Il devrait faire la rentrée en août mais avec Ashley, allez savoir…

In / Out (au 23 juin)

In : Y. Cabaye (Lille, 4,3M), D. Ba (West Ham, gratuit), S. Marveaux (Rennes, gratuit), M. Abeid (Lens, gratuit)

Out : K. Nolan (West Ham, 3,5M). S. Campbell, N. Evans, S. Kuqi, P. McLaughlin, D. Leadbitter, A. Mogwo (tous libérés)

Retours de prêt : J.S Edmundsson, F. Forster, K. LuaLua, Xisco, T. Kádár, W. Routledge, J. Tavernier, B. Tozer.

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières*

52M* / 47M. Perte avant impôts : 17M. Dette** : 150M

[*club en D2 saison 2009-2010. C.A de 101M saison précédente pour une masse salariale de 73M. Dette** : quasi entièrement prêts à 0 % de la société du propriétaire Mike Ashley, St James Holdings Ltd]

 

STOKE CITY (13è, 46 pts. G-A – 2 / 46 / 48)

Résumé de la saison

La troisième d’affilée en PL, et honnête dans l’ensemble. Le début fut rude, sept défaites sur les onze premiers matchs (17è) mais le talentueux trio Etherington-Pennant-Walters se mit en branle et le club sortit la tête de l’eau (8è le 1er janvier – bilan de la phase retour : 6 victoires, 9 défaites et 4 nuls). Malgré les louanges, plus fournies cette saison, Stoke c’est plus que jamais un arsenal musclé, un style « combatif » et un jeu souvent à base de coups de pied (arrêtés, parfois), sans parler des légendaires touches-missiles de Rory Delap. Tout ça prend parfois des airs de football de tranchée, avec le bombardement aérien comme principale arme offensive, mais c’est efficace, on fait l’économie d’attaquant. Faut aimer quoi.

Satisfactions

Etherington-Walters-Pennant
Etherington-Walters-Pennant, à peine 7M à eux trois. Ça c’est de la bargain.

Nombreuses. Citons les « recyclés » d’abord : le trio M. Etherington, J. Walters J. Pennant. Ces trois cas désespérés du foot anglais se sont métamorphosés en cadors productifs (voir leur histoire, entrée Stoke City 1 – Manchester City 1). La carrière de Jermaine était en danger de s’enliser gravement après les échecs de Liverpool, Portsmouth et du Real Zaragoza. A 2,8M de £, l’ex habitué des tabloïds est l’une des affaires de la saison. Ont également brillé : le gardien Asmir Begović (élu Young Player of the Season du club, il a piqué la place à Tomas Sorensen en octobre) et l’Allemand Robert Huth, l’arrière-central canonnier a été élu Player of the Season du club (44 apparitions, 9 buts). Huth était d’ailleurs le meilleur buteur du club en championnat jusqu’en mars-avril et le réveil tardif de Kenwyne Jones. Si Huth a donné du coup de tête victorieux, il a aussi probablement distribué plus de coups de coude qu’une ménagère américaine pour le lancement des soldes au Wal-Mart du coin. Aussi à féliciter : Dean Whitehead et Andy Wilkinson.

 

Déceptions

La ligne avant (hormis Jonathan Walters, 12 buts toutes compétitions confondues), elle est exotique mais elle ne fit guère d’étincelles : le Jamaïcain Ricardo Fuller, le Norvégien John Carew et le Trinidadien Kenwyne Jones. Fuller est de plus en plus full et de moins en moins prolifique ; Carew (prêté par Aston Villa à l’arrivée de Darren Bent) de moins en moins mobile ; Jones, acheté 8M de £ l’été dernier à Sunderland, ne s’est réveillé qu’en fin d’année. Parmi les boulets, citons aussi l’ex Sanglier Salif Diao et l’ex Blaugrana Eiður Guðjohnsen.

L’homme invisible : Eiður Guðjohnsen.

Highlights

Wembley, finale de la FA Cup contre Man City, la première du club (défaite 1-0 – Stoke avait étrillé Bolton 5-0 en demies). La qualification pour la Ligue Europe, via la FA Cup (finaliste). La victoire 2-0 sur Liverpool en novembre, et celle sur Newcastle 4-0 en mars, et 3-1 sur Arsenal le 8 mai. Les fins de match, l’un des points forts des Potters est la condition physique et ils savent faire plier leurs adversaires.

Lowlights

Trop de défaites, 18 (dont un 0-3 contre West Ham). Les embrouilles entre Tony Pulis (manager) et Mark Hughes (manager de Fulham cette saison), qui ont refusé de se serrer la main, d’abord le fait de Hughes, puis celui de Pulis au match retour (Domenech a fait des émules). Des stats pas folichonnes pour Stoke, jugez plutôt :

22 % : pourcentage de buts marqués par les défenseurs Potters en championnat, le plus élevé de PL (dont Huth évidemment).

38 % : Stoke pourrait faire sien la pensée de Proudhon : la propriété, c’est le vol. Les Potters affichent en effet le pourcentage de possession le plus faible de PL (seul club à descendre en dessous de 40 %).

56 % : taux de passes réussies dans le camp adverse, le plus faible de PL

570 : le nombre de touches longues des Potters (Delap), de loin le plus élevé de PL (le deuxième est Bolton, avec 288). Bref, évitez les Stoke-Bolton.

Stoke, en pleine préparation offensive
Stoke, en pleine construction d’attaque placée

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Il faudrait recruter un bon joueur par ligne (surtout devant) pour avoir une chance de se maintenir sans trop stresser, aussi afin de bien figurer en Ligue Europe, pour la troisième sortie européenne (1972 et 1974) de ce vénérable club qui fêtera ses 150 ans en 2013 (le deuxième plus vieux club professionnel anglais et donc du monde, derrière Notts County, 1862).

Trucs bizarres / marrants

Le coup de la Porsche de J. Pennant, laissée cinq mois sur le parking de la gare de Saragosse… et dont le Jermaine avait oublié l’existence ! Hilarant, voir détails.

Casquette indévissable, souvent en colère aussi
Pulis, aussi souvent encasquetté qu’en colère

Le Manager

Tony Pulis, chez les Potters depuis juin 2006 et bombproof. Faudrait que la Luftwaffe revienne pour qu’il ne soit plus manager du club.

In / Out (au 23 juin)

In : personne

Out : A. Faye (West Ham, gratuit). Z. Forster, E. Gudjohnsen, J. Harrison, A. Hedley, C.Mitchell, D. Parton, L. Wint, I. Sonko (tous libérés)

Retours de prêt : D. Arismendi, C. Dickinson

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières

59M / 45M. Perte avant impôts : 5M. Dette : 8M

Kevin Quigagne.