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Présentation du Hall of Fame Spurs version Teenage Kicks.

Voir intro.

Suite et fin du Hall of fame TK de Tottenham Hotspur

Pat Jennings (1964-1977), gardien, 673 matchs/1 but. 119 capes nord-irlandaises.

Mythique portier britannique, souvent donné dans les dix meilleurs gardiens de l’histoire du football. Débarqué à Watford (D3) à 18 ans de son Ulster natal (où il bossait dans une société d’exploitation forestière pour 25 £/mois), il arriva à Tottenham à 19 ans. Jennings, jamais passé par un grand club ou un centre de formation, fut accueilli à Spurs avec un certain scepticisme ; il avait en effet la lourde tâche de remplacer l’excellent Bill Brown avec lequel il fut placé en concurrence les deux premières saisons.

Gardien très athlétique et précurseur, il préférait rester debout face à un attaquant lancé devant le but plutôt que de se coucher très tôt comme c’était alors la pratique. Ses années de gaelic football en Irlande l’avaient rendu complet et doté d’une coordination mains-pieds-jambes exceptionnelle (il lui arrivait de prendre des ballons aériens d’une main, comme au football gaélique –  « Ses mains étaient de vrais battoirs » disait de lui Bill Shankly).

En 1977, il fut malencontreusement vendu à Arsenal, le manager d’alors, Keith Burkinshaw, pensant que Jennings était sur le déclin (32 ans et venait de subir sa première blessure sérieuse). Une belle carrière de huit ans – et 327 matchs – chez l’ennemi juré  contredit le jugement hâtif de son ex entraîneur.

Elu deux fois Joueur de l’année, par la Football Writers’ Association (1973) et par ses pairs de la Professional Footballers’ Association (1976). Joua en équipe nationale jusqu’en 1986, à 41 ans. Il marqua son seul but de sa propre surface lors du Charity Shield 1967 ! Presque 1 100 matchs professionnels à son actif de 1963 à 1986.

Employé aujourd’hui par Tottenham comme entraîneur de gardiens de l’Academy et dans le relationnel du club. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2003.

Martin Chivers (1968-1976), avant-centre, 367 matchs/174 buts, 24 capes anglaises/13 buts.

« Big Chiv » (1m85) arriva de Southampton en janvier 1968, à 22 ans et pour 150 000 £, alors record anglais. C’était un jeune très prometteur (17 capes Espoirs) et il poussa Jimmy Greaves vers la sortie.

Ses deux premières saisons pleines (1970-1972) furent triomphales : 3è et 6è de D1, 1 C3, 1 League Cup, 78 buts en 122 matchs et 13 capes anglaises (7 buts). Forma un prolifique duo avec l’Ecossais Alan Gilzean. Une série de blessures lui gâcha sa fin de carrière Spurs (Bill Nicholson et Gilzean partis, le club faillit descendre en D2 en 1975 – ce sera chose faite en 1977). Quitta Tottenham pour la Suisse (Servette de Genève) où il fut sacré « Meilleur joueur étranger » saison 1977-78.

Troisième buteur de l’histoire du club (202 buts avec les matchs amicaux). Son record Spurs de 22 buts européens a récemment été battu par Jermaine Defoe. Sévit aujourd’hui dans les médias londoniens et employé par le club dans le relationnel.

Steve Perryman (1969-1986), milieu puis défenseur, 866 matchs/39 buts, 1 cape anglaise.

Perryman, ce sont d’abord des stats venues d’ailleurs : 655 matchs de championnat avec Spurs, dont 613 en D1 ; jusqu’à août 2011 (et Ryan Giggs), c’était le record de D1 anglaise pour un joueur de champ (mais le Londonien éclipse probablement le Gallois en temps de jeu). 866 matchs avec les coupes et 1 014 apparitions en comptant les coupes d’intersaison – aujourd’hui disparues – et matchs amicaux ! (aussi 84 matchs pour Oxford United et Brentford).

Quasi inconnu outre-Manche, longtemps sous-estimé au pays et archétype du joueur discret mais ô combien précieux, ce technicien besogneux aux trois poumons débuta professionnellement à 17 ans et fut nommé capitaine (permanent) à 24. Très polyvalent (milieu puis défenseur central et latéral droit), il décrocha six trophées majeurs avec Spurs, dont deux coupes d’Europe. D’une loyauté admirable, il rejeta les convoitises d’un Liverpool Champion d’Europe à l’intersaison 1977, et ce alors que Spurs venait d’être relégué en D2 !

Elu Joueur de l’année 1982 par la Football Writers’ Association. D’une grande modestie, Perryman se contente de dire que son rôle, quand il fut repositionné latéral (offensif) en 1978, « se limitait à transmettre le ballon à Glenn Hoddle qui faisait le reste. » Seul bémol : son unique cape anglaise, à 31 ans (à peine 20 minutes de jeu), alors que ses 17 capes Espoirs avait laissé entrevoir un avenir international. Un manque de reconnaissance que Perryman attribue à sa (trop) grande polyvalence, excellent dans plusieurs secteurs du jeu mais pas de « classe internationale » à un poste spécifique. Décoré de la MBE en 1986 (sorte de légion d’honneur britannique light) pour services rendus au football.

Après-carrière variée, ouvrit un magasin de sports, travailla dans les médias, managea plusieurs clubs (en Angleterre, en Norvège et au Japon – où il reçut la récompense de Manager de l’Année) avant de devenir le directeur sportif d’Exeter City en 2003 (toujours en place). Mais il aurait pu tout aussi bien faire sosie de Charles Bronson.

Glenn Hoddle (1975-1987), milieu, 490 matchs/110 buts, 53 capes anglaises/8 buts.

Formé à Watford, arrivé chez les Spurs à 16 ans ½. Se révéla au grand jour saison 1979-80 : 19 buts en 41 matchs (élu Jeune Joueur de l’année) avec également une première sélection anglaise.

Technicien hors pair et l’un des meilleurs créateurs que le football britannique n’ait jamais produit, il est souvent dit qu’il préféra s’exiler en France de 1987 à 1991 car son style « latin » et félin y était plus apprécié (le fait que Monaco payait bien mieux – et netto – que les plus gros clubs anglais de l’époque n’est probablement pas non plus étranger à son exil). A managé pendant une douzaine d’années une fois les crampons raccrochés, dont les Trois Lions et Tottenham.

(crédit photo : oldschoolpanini.com)

Deux dérapages notoires à son actif : un abject disque Diamond Lights en duo avec Chris Waddle et son odieuse déclaration sur le « mauvais karma » des handicapés ; on ne saurait dire laquelle de ces deux infamies est la plus condamnable. Sévit désormais dans les médias anglais tout en dirigeant son propre centre de formation en Andalousie, la Glenn Hoddle Academy ; également employé depuis peu par la F.A. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2007.

Osvaldo (Ossie) Ardiles (1978-1988), milieu, 385 matchs/37 buts, 52 capes argentines/8 buts. Acheté 325 000 £ au club porteño de Huracán (le record britannique était alors de 500 000 £, Kevin Keegan de Liverpool à Hambourg un an avant – mais l’inflation était galopante : un an plus tard, Steve Daley et Andy Gray iront respectivement à Man City et Wolves pour presque 1,5M £ chacun).

L’arrivée du champion du monde argentin (en compagnie de son compatriote Ricardo Villa – les premières vedettes étrangères de ce calibre à débarquer en Angleterre [1]) dans un Tottenham nouvellement promu en surprit plus d’un et nombre d’observateurs doutèrent ouvertement des capacités physiques de ce petit bonhomme d’1,69m à réussir dans un championnat aussi rugueux. Tommy Docherty, grande gueule du football britannique et alors manager de Derby County prédisant comiquement « que les deux Argentins rentreraient au pays aux premiers flocons de neige. » Ses qualités techniques et sa vision du jeu firent vite taire les sceptiques.

Forma avec Glenn Hoddle un duo sublimement créatif qui permit à Spurs de régulièrement jouer les premiers rôles et réussir quelques coups d’éclat dans les années 80 : 4è en 1982 et 83, 3è en 1985 et 87, FA Cup 1981 et 1982, C3 en 1984.

Connut de sérieuses blessures (tibia cassé notamment) dans la deuxième partie de sa carrière Spurs après son retour du PSG – saison 1982-83 – où il avait demandé à être prêté, suite à l’ambiance pesante en Angleterre pour cause de guerre des Malouines (le conflit venant tout juste d’éclater, il fut même laissé de côté pour la finale de FA Cup 1982 contre QPR).

Son retour comme manager en 1993 se solda par un échec et il fut limogé en octobre 1994. Ses qualités de joueur et sa chaleureuse personnalité lui confèrent une place à part dans l’histoire du club et le coeur des supporters (Ossie n’arriva jamais par exemple à prononcer le nom du club, il disait « Tottingham »… Cela amusait follement les supps).

Vit toujours dans la même maison du Hertfordshire (nord de Londres) qu’il acquit il y a 35 ans avec sa prime à la signature. Dirige la Ossie Ardiles Soccer School tout en travaillant dans l’évènementiel et les médias. Récemment victime d’un accident de la route aux Malouines où il tournait un docu avec Ricky Villa (qui, lui, s’est payé un ranch près de sa ville natale avec sa prime à la signature – au passage, voici le plus beau but Spurs de Villa, inscrit pendant les prolongations du replay de la FA Cup final 1981, élu en 2001 Wembley Goal of the Century). Intronisé au English Football Hall of Fame en 2009.

Gary Mabbutt (1982-1998), milieu puis (surtout) arrière-central, 611 matchs/38 buts, 16 capes anglaises (1 but).

Cult hero du club, où il fut capitaine 11 ans, remporta la Coupe de l’UEFA 1984 et la FA Cup 1991 (fut moins chanceux en finale de la FA Cup 1987 contre Coventry où, après avoir inscrit le deuxième but des Spurs, il marqua contre son camp le but victorieux pour les Sky Blues).

Fin technicien et d’une grande fiabilité, il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs anglais des Eighties. Décoré de la MBE pour Services rendus au football. Immense serviteur Spurs, il est aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club.

Paul Gascoigne (1988-1992), milieu, 112 matchs/33 buts, 57 capes anglaises/10 buts.

Après une superbe saison à Newcastle (élu Jeune Joueur de l’année et inclus dans l’équipe PFA 1987-88), Alex Ferguson obtint son accord pour signer à Man United. Le temps que Fergie revienne de vacances, Tottenham – orphelin d’un milieu créatif, Hoddle parti un an auparavant – avait persuadé Gazza de signer chez eux, pour 2M £. Sous la houlette de Terry Venables et aux côtés de Gary Lineker et son « compatriote » Geordie Chris Waddle, il étoffa son jeu et devint incontournable en sélection.

La finale de FA Cup en 1991 contre Nottingham Forest fut son dernier match de compétition pour Spurs et le plus mémorable, pour les mauvaises raisons :  horrible tacle-agression (à 40 secondes) sur Gary Charles et sur lequel Gazza se blessera gravement, au point de manquer toute la saison 1991-92. Recruté par la Lazio pour 5,5M £ en 1992 (les Romains l’avaient en fait enrôlé un an avant – pour 8,5M – mais sa grave blessure retarda le transfert). Intronisé au English Football Hall of Fame dès sa création en 2002.

Gareth Bale (2007-2013), arrière-gauche jusqu’en 2010-11, puis ailier/milieu gauche/offensif, 203 matchs/55 buts, 43 sélections galloises/11 buts (au 29/01/2014).

Formé à la prolifique Academy de Southampton où il s’avère d’une précocité rare (aligné dans l’équipe de D2 et international gallois dès 16 ans ¾), Bale est acheté 7M £ par Tottenham en mai 2007 après que Manchester United et Arsenal l’ont snobbé. Déjà, même en position d’arrière-gauche, il brille par sa dangerosité et sa grande créativité.  A Spurs, le bolide continue sur sa lancée mais se blesse et doit rater la deuxième partie de la saison 2007-08. Après un retour difficile (Benoît Assou-Ekotto en profite pour s’imposer en numéro 3), il revient en force début 2010.

Mais c’est la saison 2010-11 qui va le faire connaître sur la scène internationale, notamment son extraordinaire prestation en octobre 2010 contre Inter Milan en Ligue des Champions où il claque un hat-trick de feu devant un San Siro subjugé. Harry Redknapp le fait alors progressivement évoluer en milieu/ailier gauche, position où Andres Villas Boas le maintiendra début 2012-13, une extraordinaire saison pour le Gallois, auteur de 26 buts (souvent spectaculaires) en 44 matchs. Palmarès individuel déjà très fourni : inclus dans l’équipe UEFA de l’année 2011, Joueur PFA de l’année en 2011 & 2013, élu Joueur de l’année 2013 par la Football Writer’s Association et Young Player of the Year 2013 (seul Cristiano Ronaldo avait réussi ce triplé avant Bale). Vendu au Real Madrid fin août 2013 pour le montant record de 85M £.en profite pour s’imposer en numéro 3), il revient en force début 2010.

Mais aussi…

John Cameron (1898-1907), entraîneur-joueur écossais, avant-centre, 111 matchs/43 buts. Offrit au club sa première FA Cup, en 1901. D’autant plus remarquable que le club n’évoluait pas en Football League (alors D1 et D2) mais en Southern League, l’équivalent de la D3.

Jimmy Dimmock (1919-1930), ailier gauche, 438 matchs/112 buts, 3 capes anglaises.

Ted Ditchburn (1939-1958), gardien, 452 matchs, 6 capes anglaises. Considéré comme le plus grand portier du club, avec Pat Jennings et Ray Clemence.

Cliff Jones (1958-1968), ailier gauche, 378 matchs/159 buts, 59 capes galloises/16 buts. Joueur vif, excellent des deux pieds, cet ex ouvrier en métallurgie était considéré comme l’un des tous meilleurs ailiers mondiaux. Fit partie intégrante du redoutable dispositif offensif de l’ère Bill Nicholson. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2013 (seuls 5 autres Gallois y figurent – John Charles, Billy Meredith, Ian Rush, Mark Hughes et Ryan Giggs). Aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club (ci-dessous, au centre).

Cyril Knowles (1964-1976), considéré comme le plus grand latéral gauche du club – avec Bale quand il l’était. 507 matchs/17 buts, 4 capes anglaises.

Alan Gilzean (1964-1974), avant-centre, 439 matchs/133 buts, 22 capes écossaises/12 buts. Forma un duo prolifique avec Jimmy Greaves d’abord, puis Martin Chivers ensuite.

Alan Mullery (1964-1972), milieu, 373 matchs/30 buts, 35 capes anglaises/1 but. Recruté pour remplacer Danny Blanchflower. Nommé capitaine en 1968 après le départ de David Mackay.

Martin Peters (1970-1975), milieu, 189 matchs/46 buts, 67 capes anglaises/20 buts. Champion du monde 1966 (également legend de West Ham bien sûr, ainsi que de Norwich). Intronisé au English Football Hall of Fame en 2006.

Keith Burkinshaw (1976-1984), manager, deuxième plus riche palmarès du club (avec Arthur Rowe) : 2 FA Cups et 1 C3, 2 places de 4è en 1982 et 83. Réussit la prouesse de faire venir O. Ardiles et R. Villa. Avec J. Cameron, A. Rowe et B. Nicholson, Burkinshaw complète le carré divin des grands entraîneurs Spurs du XXè siècle. A croire cependant que les Dieux du foot jugèrent que cela faisait trop pour un seul club car la revanche fut terrible : Tottenham eut ensuite droit à Christian Gross et Jacques Santini (clip mythique, ce qui est sûr c’est qu’il ne bossera jamais pour Berlitz).

Ray Clemence (1981-1987), gardien, 240 matchs, 61 capes anglaises. Arriva de Liverpool à 33 ans, auréolé d’un titre de Champion d’Europe en club. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2010.

Chris Waddle (1985-1989), ailier, 173 matchs/ 42 buts, 62 capes anglaises/6 buts. Recruté de Newcastle à 24 ans et devint titulaire en équipe d’Angleterre peu après son arrivée à Spurs. Très présent dans les médias anglais depuis quelques années, consultant et commentateur pour la BBC et ESPN. Vit à Sheffield depuis son retour de Marseille et joue toujours occasionnellement avec le club local de Hallam FC (surtout avec les vétérans mais parfois remplaçant avec l’équipe première, D10).

Gary Lineker (1989-1992), avant-centre, 138 matchs/80 buts, 80 capes anglaises/48 buts. Arrivé à 29 ans après trois saisons au Barça, Lineker finit ensuite sa carrière au Japon. Aujourd’hui présentateur de Match Of The Day sur la BBC. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2003.

Sol Campbell (1992-2001), arrière central, 315 matchs/15 buts, 73 capes anglaises/1 but. En 2001, devint le premier joueur du foot britannique à toucher 100 000 £/semaine en signant à Arsenal (salaire astronomique rendu possible par la gratuité du transfert).

Darren Anderton (1992-2004), ailier/milieu offensif, 335 matchs/51 buts, 30 capes anglaises/7 buts. Brilla au milieu des Nineties aux côtés de Sheringham, Ginola et (brièvement) Klinsmann avant qu’une série de blessures émousse sa vivacité (cruellement surnommé « sick note », certificat médical).

Teddy Sheringham (1992-97 et 2001-03), avant-centre, 277 matchs/125 buts, 51 capes anglaises/11 buts. Compensait son manque de vitesse par une technique et vision hors normes. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2009.

David Ginola (1997-2000), ailier gauche, 124 matchs/22 buts, 17 capes françaises/3 buts. Ecarté par Dalglish à Newcastle, El Magnifico s’en alla faire le bonheur des Spurs, au grand dam des supporters Magpies.

Ledley King (1999-2012), arrière central, 321 matchs/15 buts, 21 capes anglaises. Grand serviteur du club, des problèmes récurrents aux genoux le forcèrent à raccrocher les crampons à 31 ans (il s’entraînait à part et qu’une ou deux fois par semaine les dernières saisons). Aujourd’hui l’un des ambassadeurs du club.

Robbie Keane (2002-2008 et 2009-2011), avant-centre, 293 matchs/121 buts, 131 capes irlandaises/62 buts (compteur international toujours ouvert).

Jermain Defoe (2004-2008 et 2009-février 2014), avant-centre, 262 matchs/143 buts (au 29.01.2014), 55 capes anglaises/19 buts (compteur international toujours ouvert).

Particularité

La fondation de Spurs (= éperons) est originale. En 1882, une bande d’ex-lycéens cricketers issus de deux écoles privées huppées décident de monter un club pour s’occuper l’hiver (le cricket ne se pratiquant que printemps et été). Ces férus de Shakespeare vouent une fascination au héros shakespearien Harry Hotspur, un combattant au sang chaud qui utilisait excessivement ses éperons lors de ses épiques bastons à cheval contre les Ecossais et les Français. Il est d’ailleurs mort au combat, à la bataille de Shrewsbury (1403), en rajustant sa visière, paf, flèche dans le bec.

Ci-dessus, le premier club book de Tottenham. La page de gauche indique que le 1er match (amical) fut perdu 2-0, contre les « Radicals » le 30.08.1882. Seulement 2 matchs disputés cette saison-là – l’autre fut une défaite 8-1. La raison de ce calendrier  light : seulement 11 licenciés. Spurs ne démarra véritablement qu’un an plus tard.

Etant donc fortement imprégnés de cette dramaturgie guerrière, nos potaches fondateurs du club tiennent à choisir un nom véhiculant force et la virilité et s’accordent vite sur Hotspur FC. Pour éviter toute confusion avec un club voisin qui s’appelle London Hotspur, le « préfixe » Tottenham est ajouté en 1885.

Palmarès

Champion d’Angleterre : 1951, 1961

Vice-champion : 1922, 1952, 1957, 1963

Vainqueur de la FA Cup : 1901, 1921, 1961, 1962, 1967, 1981, 1982, 1991

Vainqueur de la League Cup : 1971, 1973, 1999, 2008

Vainqueur de la Coupe UEFA : 1972, 1984

Vainqueur de la Coupe des coupes : 1963

Kevin Quigagne.

Dans la même série :

Le Hall of fame de Liverpool FC (1/2)

Le Hall of fame de Liverpool FC (2/2)

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[1] Et pour cause : à la suite de l’affaire Rodolphe Hiden, le Players’ Union (aujourd’hui PFA, syndicat des joueurs) et la Football League interdirent le recrutement de professionnels étrangers de 1931 à 1978 (hors Commonwealth), à quelques exceptions/dérogations près (Arnold Mühren, en 1978, et Frans Thijssen, un an plus tard, seront deux autres noms marquants à débarquer en Angleterre, à Ipswich. Les deux Néerlandais contribueront largement à la formidable épopée européenne d’Ipswich Town en 1980-81, vainqueur de la Coupe UEFA en mode destroy ; 7-2 contre Saint-Etienne en 1/4, 5-4 en finale, matchs A/R).

Bien avant les chinoiseries de Nicolas Anelka, un autre pékin de renom défricha le terrain chinois pour tous les cadors pré-retraités : un certain Paul Gascoigne. Un séjour court mais ô combien mémorable.

Suite de la première partie et fin. Voir introduction ici.

La route de la soif

Paul est un client rêvé pour les médias et la BBC le suit partout. La Beeb produit même un documentaire sur son séjour. Au fil des semaines, il s’ouvre.  Avec émotion et une sensibilité à fleur de peau, il s’exprime sans filtre :

« Ce qui me tue ici, c’est de diriger les entraînements… Et ouais, parce que j’avais oublié en signant que je m’engageais à gérer l’effectif, et ça me flingue. Au début, ça me plaisait, puis maintenant ça me fait paniquer à mort. Parfois je flippe tellement que j’ai du mal à respirer, je me sens comme prisonnier, je tremble et tout, je n’entends plus rien. Je me fais un mourron de chien parfois. J’en fais des cauchemars ! J’ai toujours eu peur de l’avenir, dès l’enfance. Tout ce que les gens voient c’est le Paul Gascoigne clown et con comme un putain de manche mais j’ai des sentiments profonds. »

En attendant le début de la saison (mi-mars), l’équipe dispute quelques matchs amicaux mais l’ennui devient vite pesant. Plus que trois longues semaines à tenir. Seul. Côté divertissement, amateur de dolce vita, passe vite ton chemin. La ville de Lanzhou où est basé le club se trouve aux portes du désert de Gobi et s’enorgueillit du titre de ville la plus polluée de la planète…

Fatalement, l’alcool redevient son meilleur ami. Paul s’envoie souvent une bonne dose de whisky avant l’entraînement et même trois boutanches certains jours. Les hallucinations et délires sont fréquents. Parfois, il est persuadé d’entendre des voix lui ordonnant de « boire, boire, boire ».

Un passage chez Susan Boyle

Autant dire que le football passe au second plan. Les entraîneurs et préparateurs physiques se plaignent ouvertement du lifestyle de Paul, eux qui ont jusqu’alors toléré ses excès et vite archivé son passé éthylique au rang des dossiers classés (« Gascoigne a réglé ses problèmes d’alcolisme avant de venir » avait assuré le manager, Zhong Bohong). Le ton a changé, « Il faut vraiment qu’il bosse bien plus dur » se plaignent les dirigeants à la presse.

« Je me suis retrouvé chez moi, à poil… Je tenais une bible en chinois et je n’arrêtais pas de pleurer devant la glace. Je demandais à voix haute qu’on m’aide, j’étais paumé et je voulais mourir. »

Gazza est très proche de sa famille et il vit mal cette séparation. Une famille si soudée que Paul leur a offert cinq maisons pratiquement côte à côte, dans sa ville natale de Dunston, pour y loger confortablement ses parents – divorcés -, ses deux soeurs et son frère.

La grosse dépression compliquée reprend le dessus. Début mars 2003 :

« Un jour, je marchais dans la rue et j’ai été pris de panique… Je me suis senti totalement étranger à cet environnement et me suis dit qu’il fallait vraiment que je me barre rapidement, sinon j’allais me retrouver coincé ici pour toujours dans cette putain de ville fantôme et je risquais d’en mourir. Peu après, je me suis retrouvé chez moi, à poil… Je tenais une bible en chinois et je n’arrêtais pas de pleurer devant la glace. Je demandais à voix haute qu’on m’aide aussi, j’étais paumé et je voulais mourir. Mon meilleur ami de toujours, Jimmy « Five Bellies«  Gardner, venait de partir et je paniquais. »

[…]

[…]

Là, j’ai recommencé à avoir des crises d’angoisses aiguës. Faut dire que les somnifères n’aidaient pas vraiment, ni les anti-dépresseurs, sans parler de la quantité d’alcool que je m’envoyais. Je tremblais et j’étais parano. Sheryl [son ex femme] m’a alors conseillé d’appeler le thérapeute qui m’avait aidé lors de mon séjour à la Priory Clinic [Clinique de désintox pour people et accessoirement résidence secondaire de « SuBo » – Susan Boyle, ndlr]. Ce dernier m’a dit d’essayer de tenir bon jusqu’ à la trève de mai et qu’il essaierait de me rendre visite. J’ai réussi à ne pas boire pendant dix jours mais ensuite, j’ai eu des gros problèmes de respiration. Je voulais vraiment mourir. »

Enfin, le championnat démarre

Le 22 mars 2003, la saison commence enfin mais sans Paul, Gansu préférant le réserver pour le premier match à domicile. L’attente est énorme.

Le samedi suivant, pour la première sortie, devant un stade plein à craquer, Paul frappe fort. A la 14è minute, il élimine deux adversaires au milieu du terrain, accélère et plante une mine de 20 mètres dans la lucarne gauche. Les 20 000 spectateurs exultent. Cinq minutes plus tard, il fait obtenir un pénalty (manqué) à sa nouvelle équipe et offre ensuite la passe décisive pour le deuxième pion. Victoire 2-0 sur Hailifeng. C’est sûr, se réjouit-on, Paul va tout casser (voir article).

Las ! Inévitablement, son hygiène de vie suicidaire va faire dérailler le scénario. Paul ne se pointe plus qu’occasionnellement aux entraînements et la dépression devient permanente. En tout, il ne disputera que quatre matchs.

Le 18 avril, les dirigeants chinois du club déclarent aux médias que Paul s’est volatilisé sans prévenir personne ! Reuters titre : « Chinese club in hunt for Gazza ». Paul écrira plus tard qu’il était parti avec l’accord du club. Selon certaines sources, il aurait disparu pour une destination inconnue. Toutefois, on a bon espoir de le revoir, une rumeur persistante l’annonçant de retour sous dix jours.

Mais Paul ne remettra plus jamais les pieds en Chine. Il s’est envolé vers l’Arizona, pour soigner son état dépressif (et cocaïneux) à la Cottonwood Clinic. C’est son deuxième séjour là-bas (le précédent datait de juin 2001). Il avait également séjourné deux fois auparavant dans des établissements anglais pour des cures de désintox liées à son addiction à l’alcool, devenue inquiétante depuis ses deux saisons à Middlesbrough (1998-2000 – divorce compliqué avec Sheryl en août 1998).

Une parenthèse Middlesbrough s’impose. Le début de son passage à Boro fut particulièrement arrosé. Et pour cause : de mars à juin 1998, Gazza partagea une maison avec Paul Merson !

Tous deux entretenaient alors un réél espoir de faire partie du groupe England pour la Coupe du Monde 1998. La dive bouteille et les noubas médiatisées se chargèrent de plomber leurs rêves. Comme cette fameuse virée à Londres en mars 1998 où, sous les flashs des paparazzi, Gazza déambula à deux heures du mat’ dans les rues de Soho accompagné de people (dont le célèbre Chris Evans), kebab et bière à la main…

Au final, Glenn Hoddle préféra se passer de Paul (une décision qui mit Gazza dans un tel état qu’il vandalisa la chambre d’hôtel de l’ex Monégasque à la Manga, Costa Blanca).

A ce jour, ce house-share compte probablement comme la plus énorme bourde commise par un club de toute l’histoire des colocations du football anglais. Le chapitre 13 de l’autobiographie de Merson (How not to be a professional footballer) s’intitule « Do not let Gazza move into your house »  – Merson fut vite expédié à Aston Villa).

Après la Chine, retour chez Jimmy Cinq Ventres

Sur ce séjour américain de 2003, Gazza écrit :

« Juste avant de partir en Chine, comme je savais que je reviendra probablement pas et que je partais pour Cottonwood, j’en ai profité pour picoler non-stop pendant huit jours. C’était ma deuxième visite et j’ai pris ça beaucoup plus sérieusement que la première fois. C’est la-bas que j’ai commencé à ecrire sur ma vie, ma carrière. Mettre sur papier tous les trucs horribles que j’ai commis et ceux que j’ai subis m’a aidé à surmonter mes difficultés, je me suis senti mieux. J’y ai passé 33 jours exactement, et ça m’a couté que 16 000 £ cette fois-là, 5 000 £ de moins que pour mon premier séjour, pourtant moins long de presqu’une semaine. On m’a accordé la réduction habitué. »

Fin mai 2003, Paul est de retour en Angleterre. Contractuellement, il est tenu de retourner en Chine le 10 juin, mais il fait savoir au club qu’il n’est pas au mieux psychologiquement. L’affaire traîne et automne 2003, il confirme son refus de repartir en Chine : « Le seul Chinois que je vais m’envoyer dorénavant, c’est au takeaway du coin. » lance-t-il finement à un journaliste. Pour justifier sa décision, il invoque de grosses sommes que lui devrait le club (des primes liées à des apparitions commerciales).

L’affaire s’envenime, le club chinois fait intervenir la fédération. L’agent de Paul contre-attaque en mêlant la FA et la Fifa au contentieux. Entre-temps, la grippe aviaire chinoise frappe durement le pays et le championnat est reporté. Le 16 octobre 2003, Gazza part s’entraîner chez les Wolves histoire d’entretenir sa forme et peut-être y gratter un contrat. Paul Ince (son ex coéquipier de Boro) est là pour l’aider et il joue parfois avec la réserve. Au bout de quelques mois, on arrête les frais et Gazza disparaît un bon moment de la circulation.

Pendant six mois, il se terre chez son vieux pote Jimmy. Même s’il avoue au Daily Mail avoir dépensé 90 % des sommes gagnées durant sa carrière (qu’il estime à 20M £), financièrement, il ne se plaint pas. Il a eu la bonne idée de mettre à l’abri ses signing-on fees (primes à la signature) à Jersey et a de quoi voir venir. Quelques offres médiatiques juteuses le tentent, dont un combat contre Vinnie Jones dans l’émission Gladiators et divers contrats publicitaires (rien de tout cela n’aboutira).

Un contrat Premier League et Ligue des Champions inédit

Paul nourrit toujours l’ambition d’entraîner professionnellement un jour et, entre deux reunions d’Alcoholics Anonymous, il potasse ses bouquins pour espérer passer les examens d’entraîneur.

Belle Vue, le stade de Rhyl, sur pilotis donc.

Belle Vue, le stade de Rhyl FC, sur pilotis donc.

Quelques clubs avides de publicité le contactent. Comme Rhyl FC, une grosse cylindrée de Premier League. De la Welsh Premier League. Rhyl vient de signer un quadruplé totalement bluffant : Championnat-Welsh League Cup-Welsh Cup-North Wales Coast Challenge Cup.

Ergo, Rhyl est européen et doit recruter du lourd pour disputer sa toute première Ligue des Champions. Surtout que Andy Moran, leur buteur vedette, vient de tester  positif à la Nandrolone. Le scandale a éclaboussé le foot du pays-Dragon et son Soulier d’or lui a été dûment retiré. D’autres joueurs de Rhyl sont fortement soupçonnés d’avoir aussi avalé des produits illicites. Et ouais, c’est ça le très haut niveau gallois, si on se dope pas, aucune chance (Rhyl se fera sortir par le Skonto Riga au tour préliminaire, 7-1).

Alors, tout naturellement, Rhyl a pensé à Gazza. Mais le deal proposé par les Gallois fait pouffer de rire le Geordie : 250 £ par semaine. Hébergement et frais de déplacement en sus. S’il acceptait, Gazza y serait de sa poche. Un first dans le football britannique « d’élite ».

Finalement, Gazza trouve preneur. Fin juillet 2004, il signe pour le petit mais ambitieux Boston United en D4, comme entraîneur-joueur (entraîneur dans le sens anglais du terme – coach -, le notoire Steve Evans étant le manager). Le genre d’offre qui ne se refuse pas : 15 000 £ par mois, plus un pourcentage sur les affluences supérieures à 3 500 (sa présence dans l’équipe attirera jusqu’à 7 500 spectateurs).

En contrepartie du salaire mirobolant, il devra s’occuper des équipes de jeunes et des stagiaires du mini centre de formation. Paul est motivé mais l’expérience tourne court. Il ne s’adapte ni à ce coin reculé du Lincolnshire ni à l’ambiance particulière du club. Il a aussi du mal à encaisser les trois heures quotidiennes que Boston United exige de lui le matin en tant qu’entraîneur, en plus de son entraînement comme joueur l’après midi. Quatre matchs et trois mois plus tard, il démissionne mais répète à l’envi qu’il compte bien faire son trou dans le manageuriat.

Dans la foulée, il révèle aussi avoir changé son nom en… G8 (procédure aisée et courante en Angleterre). Paul serait-il devenu un fan des grandes puissances industrielles ? Que nenni. Il s’explique :

« G8, c’est le nom qu’il me faut. J’ai souvent eu ce numéro de maillot et ça sonne un peu comme « great« . Je veux me débarrasser de mon nom. Paul, c’est trop lié au passé, et je veux tourner la page. Je n’ai pas bu depuis six mois. »

Et G20 pour Nico, ça serait sympa, non ?

Kevin Quigagne.