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Invité[1] : leogooner
Si Norwich est invaincu en championnat depuis le 6 octobre et une défaite à Chelsea à la 7ème journée[2], les performances de l’ailier anglo-irlandais Anthony Pilkington ne sont pas étrangères à cette belle série. Des prestations qui attirent les convoitises des Three Lions et des Verts irlandais.
(Article initialement mis en ligne sur OurPremierLeague.com)

Non, ce n'est pas Tony Vairelles.

Non, ce n'est pas Tony Vairelles.

Passé par Manchester United (2004-2005) à l’âge de 16 ans, le natif de Blackburn a écumé les divisions inférieures avant d’entrevoir les lumières de la Premier League. Un parcours peu ordinaire qui a façonné à la fois l’homme et le joueur. Première étape à Atherton, où il avait l’habitude de jouer devant à peine plus de 30 spectateurs. A la suite d’un triplé contre le FC United of Manchester (club dissident du grand MU) et sur les conseils d’Alan Lord, le manager d’Atherton, il s’engage à Stockport County en League Two (4ème division).
Deux ans et demi plus tard, en janvier 2009, il part découvrir l’échelon supérieur à Huddersfield Town. Lors de sa dernière saison (2010-2011) du côté du Yorkshire, Pilkington est d’ailleurs élu dans l’équipe type de League One (3ème division) et ce malgré une grave blessure survenue en mars. Suffisant pour attirer le regard des dirigeants de Norwich qui concluent le transfert pour un peu plus de 3.5 millions d’euros. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a bien rendu cette confiance en marquant 8 buts pour sa première saison en Premier League.

Carrow Road, son royaume

Non, ce n'est pas Bastian Schweinsteiger.

Non, ce n'est pas Bastian Schweinsteiger.

Cette année, l’ailier gauche prend une autre dimension et Norwich flirte avec le top 5. Avec ses compères Holt et Hoolahan, Pilkington et les Jaune et Vert semblent intouchables et restent sur une série incroyable de 10 matchs sans défaite. Arsenal, Tottenham et Manchester sont tombés dans l’antre des Canaries (excusez du peu !), et Carrow Road est devenue une forteresse où King Anthony règne en maître. Un royaume dans lequel il conduit Norwich vers le haut du tableau, là où la lutte pour le Big Four fait rage.
Sur chacun des trois derniers matchs de Premier League à domicile, Pilks a fait parler la poudre, dont tout récemment contre Wigan d’une superbe frappe du gauche sous la barre, même si son but inscrit contre les Red Devils a davantage marqué les esprits. Comme quoi, d’un Manchester à un autre la réussite est toujours la même. Sans jamais oublier ses passages dans les divisions inférieures anglaises, Pilkington savoure sa bonne forme actuelle, même si, comme il l’assure, « qu’importe la division, rien ne fait plus vibrer que de marquer en Premier League ». Mais une question se pose aujourd’hui : pour quelle sélection nationale va-t-il connaître cette sensation ?

Irlande ou Angleterre ?

La question est sur toutes les lèvres et anime les conversations dans les instances des deux fédérations. Lui dont la grand-mère maternelle est irlandaise – ce qui lui permet d’avoir la double nationalité – a évolué une fois sous la tunique verte avec les U21. Avec les nouvelles règles de la FIFA, il est aujourd’hui en mesure de choisir l’Angleterre ou l’Irlande.

« Je serais plus qu’heureux de jouer pour l’Irlande. »

D’un côté, le sélectionneur des Boys in Green, Giovanni Trapattoni et son adjoint Marco Tardelli qui mettent tout en œuvre pour convaincre le joueur, bien aidés par la fédération qui accélère les démarches administratives. De l’autre, Roy Hodgson, présent lors du match contre MU en Novembre, qui pourrait réfléchir sérieusement à convoquer Pilkington pour le match amical du 6 février 2013 contre le Brésil. Pour l’heure, Pilks s’est contenté de déclarer que « des démarches de naturalisation avaient été lancées par l’Irlande. Mais le prochain match n’aura pas lieu avant février donc il faut attendre la suite des opérations. Une fois les papiers réglés, nous aviserons ». Une chose est sûre, il sera ravi de défendre les couleurs de sa grand-mère : « Je suis sélectionnable et je serais plus qu’heureux de jouer pour eux si je suis sélectionné ».

Le vert lui va si bien.

Le vert lui va si bien.

À 24 ans, le voilà devant un choix difficile mais mérité tant il s’est battu pour en arriver là. Et à Norwich, son manager pourrait bien avoir une influence notable. En effet, Chris Hughton, avait décidé de jouer pour l’Irlande. Une décision qu’il n’a jamais regrettée, bien au contraire. Alors de quel côté sera Pilks pour l’Angleterre-Irlande de mai 2013 à Wembley ?

[1] L’auteur de cet article est un tout nouvel inscrit sur les Cahiers du Football, passionné de football et contributeur occasionnel du site OurPremierLeague.com. Par contre, nous ne connaissons ni sa taille de pantalon, ni la couleur de ses chaussures.
[2] Cet article a été écrit juste avant la défaite de ce week-end à WBA, décidément, on ne peut plus faire confiance à personne.

3.

Le ton distancié et parfois ironique de ce décrochage régional East-Anglian à parution erratique est sur le point de se fissurer ce lundi 26 septembre pour laisser place à un impudique épanchement de sentimentalité brute. Il ne s’agit pas de faire de nécessité vertu face à une affiche somme toute mineure : Norwich -Sunderland. Il ne s’agit pas non plus de se laisser submerger par la bonhommie d’un public chaleureux et dévoué à son équipe. Le juste constat est qu’on a assisté lundi soir, dans les travées de Carrow Road, à un réjouissant match de football livré par une équipe des Canaries parfaitement enthousiasmante, solidaire, pugnace et dotée d’un bagage technique et tactique largement au-dessus de celui qu’on attend chez un promu.

Alors que les premiers débats laissent croire à un dispositif offensif direct et fruste reposant sur la seule gigue placée en pointe (Morison) vers lequel de longs ballons sont supposés converger, c’est finalement sur deux actions collectives millimétrées et foudroyantes que Norwich plante deux pions splendides. Grâce à deux latéraux tenant parfaitement leur couloir (Naughton, Pilkington) et grâce à l’inspiration d’un type plein de classe appelé Fox, dont les orientations de jeu instantanées sont admirables. Le supplément d’âme vibrant de cette charmante combinatoire s’appelle Wes Hoolahan qui est tout petit, vraiment petit, aussi petit que Morison, son partenaire en attaque, est grand. Le job de Wes Hoolahan consiste à courir indéfiniment entre les jambes des géants de la défense adverse, sur toute la largeur du terrain, pour y ratisser des ballons – ce qu’il parvient à faire souvent. Et quand il se loupe, c’est généralement pour pousser son adversaire à commettre une erreur technique, une passe approximative que récupérera sans mal un de ses partenaires. Adorable Wes Hoolahan, qui soulève dans les gradins des oh d’admiration malgré la tâche terriblement ingrate qui lui échoit.

Mais une ombre traverse le tableau. La face sombre des Canaries s’appelle Grant Holt. Il porte le numéro 9 et est entré en fin de match, en remplacement de Morison. Une mèche démodée et poisseuse est plaquée sur le front de Grant Holt. Grant Holt est un peu vouté, ses fesses sont basses et une bedaine naissante déforme son maillot. La silhouette de Grant Holt sur un terrain de football surprend. Cet homme est pourtant déjà une légende du club, auteur en deux ans et 85 matches de 50 buts pour Norwich.

Rien de ce que Grant Holt montre cependant ce lundi à Carrow Road ne fait écho à ses exploits passés. Ce type ralentit le jeu de son équipe, ne défend pas, commet des gestes d’antijeu manifestes et simule à la moindre occasion, déchainant de lugubres vociférations dans la foule acquise à sa cause malgré le grotesque de ses simagrées. Et je ne suis pas loin de croire que la réduction du score par Sunderland peu après son entrée lui est imputable, lui qui a changé l’esprit d’un match impeccablement fair-play jusqu’alors (et facilité par un arbitre dont le sifflet est pratiquement resté sec pendant 80 minutes).

Grant Holt appartient à la catégorie de mauvais génies vicelards que certains supporters  jugent indispensables sur les pelouses. C’est de sa faute si la prose est préférée ce soir à l’ode énamourée aux Canaries qu’auraient méritée les 80 premières minutes de jeu. A défaut d’ode cependant, ne rechignons pas à entonner le plus vieux chant de supporter d’Angleterre.