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Il y a trente ans aujourd’hui, s’achevait la plus longue grève de l’histoire du Royaume-Uni, celle des mineurs (5 mars 84 – 3 mars 85). Un long et violent combat contre le gouvernement Thatcher où le football fut parfois de la partie.

On a coutume de dire, en forçant parfois un peu le trait, que le football s’immisce volontiers dans les évènements historiques au Royaume-Uni. Exagération ou pas, il est indéniable que les liens entre le football et la grève des mineurs de 1984-1985 sont riches et variés. Logique me direz-vous, tant les passerelles entre football et industrie minière sont, ou plutôt étaient, foisonnantes.

L’histoire que j’ai choisie de vous raconter, celle d’une communauté déchirée par la grève et en partie réconciliée par le football, est puisée dans le vécu de la ville minière d’Easington, située au sud de Newcastle (North East), un environnement que je connais pour y vivre et travailler depuis plus de vingt ans, d’abord dans le South Yorkshire (Sheffield) puis dans le North East. Mais avant tout, plantons le décor.

A.S : Teenage Kicks n’a pas soudain décidé de concurrencer les Échos ou le Diplo. Ce premier volet est avant tout une mise en contexte pour la deuxième partie qui traitera essentiellement de football. Le tout était trop long pour le publier d’un seul jet.

A voir : cette superbe galerie de photos sur la grève.

L’adversité comme source de motivation suprême

Tout d’abord, un rappel pas forcément inutile : une quantité phénoménale de footballeurs/managers britanniques furent mineurs de fond, tâtèrent de la mine ou évitèrent in extremis cette voie. Parmi les plus illustres, citons Billy Meredith, Herbert Chapman, les frères Bobby & Jack Charlton, Jackie Milburn, Matt Busby, Bobby Robson, Gerry Hitchens, Jock Stein, Bob Paisley et Bill Shankly. Rien que le club du village minier où Shanks grandit forma cinquante professionnels !

Une plaisanterie des années trente, déclinée ensuite en de multiples versions, disait que pour dégoter de bons footballeurs dans les bassins miniers, il suffisait au président du club professionnel local de se rendre à la houillère du coin, se positionner en haut d’une fosse et gueuler : « J’ai besoin d’un défenseur et d’un avant-centre » pour qu’un tas de têtes casquées remontent à la surface.
Dans plusieurs régions britanniques [1], le public fut longtemps constitué d’une forte proportion d’hommes associés de près ou de loin à la mine. Sans bien sûr exagérer la portée actuelle, forcément limitée, de ce riche héritage, la connection football-mine se manifeste parfois encore plus charnellement, comme dans le cas du Stadium of Light de Sunderland bâti sur les galeries de Monkwearmouth Colliery (ici). Ce qui donne à des remarques du style « Danny Graham est vraiment au fond du trou » ou « Jozy Altidore va au charbon mais que dalle » une profondeur qui rendrait ce duo pied-nickelesque presque touchant.


Lampe de mineur géante et roue minière aux abords du Stadium of Light de Sunderland

D’une manière plus générale, les liens entre ballon rond et industrie sont à l’origine même du football britannique. Parallèlement aux conditions indispensables à son essor à partir des années 1860 (entre autres : harmonisation des lois du jeu, repos le samedi après-midi, développement du chemin de fer – voir dossiers TK ici et ici), pour que le football prenne véritablement son envol, il fallut qu’il soit porté par les grands acteurs de la révolution industrielle –  les capitaines d’industrie victoriens, les ouvriers, les syndicats. De fait, si on analyse la genèse du football à travers le prisme socio-économique, ce sport peut légitimement être considéré comme un pur produit des grandes conquêtes sociales de l’époque.

Des débuts du football professionnel au Royaume-Uni (1885 en Angleterre, 1893 en Ecosse) aux Seventies, des générations de jeunes mineurs chercheront coûte que coûte à devenir footballeur pro et notamment durant les années de marasme de l’entre-deux-guerres. L’extrême dangerosité et la dureté du métier poussaient ces Gueules noires à tout faire pour échapper à leurs conditions ; bouffer de la vache enragée est le meilleur des moteurs pour réussir, dit l’adage populaire, et le football représentait alors le seul « ascenseur social » pour ces jeunes-là.

Cette longue association entre football et mine a souvent été marquée par des gestes forts et/ou médiatisés, exprimés surtout pendant les grandes grèves (1912-1926-1972-1974-1984). Comme ces innombrables collectes d’argent autour des stades, ou Brian Clough [2] défilant au côté des mineurs en 1984 en appelant à la solidarité dans les médias (« Tous les supporters de football issus de la classe ouvrière devraient faire une donation au fond des mineurs »). L’historique football-mine est parsemé d’anecdotes croustillantes. Par exemple quand Jock Stein, ex mineur et le mythique manager du Celtic de 1965 à 1978, glissa un billet de 5 £ dans un seau de collecte alors qu’Alex Ferguson, qui l’accompagnait ce jour-là (et lui-même ouvrier syndicaliste des chantiers navals glasvégiens jusqu’à 23 ans), « oublia » de verser son obole… Le jeune Fergie fut alors dûment sermonné par Stein et s’empressa de s’exécuter ! Pendant la grève de 1984-85, Stein apostospha même durement les camions conduits par des « scabs » (non grévistes) chargés de transporter le charbon.


Brian Clough, vers 1994, défilant contre la fermeture de l’un des derniers puits du North Nottinghamshire

Le contexte général, côté mineurs

Le 5 mars 1984, la grève des mineurs démarre officiellement, à la suite d’une fermeture de puits dans le Yorkshire ordonnée par le gouvernement Thatcher via le National Coal Board, l’équivalent britannique des Charbonnages de France. La moitié des mineurs du Yorkshire arrête immédiatement le travail. Environ 200 000 mineurs sont concernés dans 180 sites miniers disséminés en Grande-Bretagne, même si tous ne seront pas grévistes. Officiellement, « seuls » 20 000 emplois sont menacés dans les années à venir (Thatcher dit vouloir fermer une vingtaine de puits considérés non rentables par son gouvernement – les mines étaient alors fortement subventionnées, à hauteur de 900 millions £ pour l’année 1983).

Toutefois, le seul syndicat de la branche, le puissant NUM – National Union Mineworkers –, est convaincu que l’objectif dépasse les 100 000 d’ici 1990 et qu’à court terme, l’objectif de Thatcher est de privatiser entièrement le secteur. L’avenir donnera raison au NUM (ainsi que des archives ministérielles de 1984 autorisées à la parution l’an dernier : 64 000 suppressions d’emploi étaient programmées d’ici 1987).

Mais pour l’heure, il s’agit de rassembler. Tâche délicate puisque cette grève est illégale, une majorité de mineurs adhérents y seraient opposés. Nul ne sait précisément quelle proportion, les dirigeants du NUM ayant refusé de faire voter la base. La démarche controversée et antagoniste du NUM annonce la couleur : cette grève risque d’être sanglante. Des heurts triangulaires police > mineurs grévistes > mineurs non-grévistes éclatent d’ailleurs dès les premiers jours, après que la police a profité de l’illégimité de la grève pour confisquer du matériel syndical et forcer les piquets de grève à laisser les non-grévistes travailler. Le 15 mars, un premier mineur décède, dans des circonstances tragiques. Malheureusement, ces affrontements ne sont que les trois coups qui annoncent le triste spectacle. Les tensions iront crescendo et les violences graves seront routinières.

Le contexte général, côté Thatcher

Non que tout cela perturbe terriblement Margaret Thatcher. Cette dernière a été plus habile que son prédécesseur conservateur, Edward Heath, en 1974 (les mineurs, unis, avaient fait plier les Conservateurs) et elle a tiré les enseignements des revers du passé. Euphémisme : la Dame de Fer fait de cette lutte une affaire personnelle et a le mors aux dents. Elle a même orchestré le clash, pour venger les siens : « Le dernier gouvernement Conservateur a été annihilé par les grèves des mineurs de 1972 et 1974, avait-elle confié à son ministre de l’Intérieur dès sa prise de pouvoir en 1979, et bien nous provoquerons une autre grève et nous sortirons vainqueur. »

Les mineurs jouissent alors d’une bonne image dans la société, admirative de leur immense courage. Thatcher a jaugé la robustesse de leur capital sympathie et sait qu’elle ne peut pas foncer tête baissée. D’autant plus qu’elle a déjà essuyé une avanie, en 1981, quand elle dut annuler un programme de fermetures de puits sous la pression du NUM. Mais elle sait aussi que les temps changent et que le zeitgeist joue en sa faveur.

Autant le Royaume-Uni avait émergé des Seventies sur les rotules (chienlit généralisée, inflation et taxation records, etc.), autant il donne l’impression d’avoir démarré les Eighties la confiance en bandoulière, même si certains indicateurs économiques ont viré au rouge vif (e.g le nombre de sans-emplois qui a doublé depuis 1979, dépassant les 3 millions en 1982). Le contraste avec la décennie passée est saisissant, notamment dans les mentalités.
L’époque est désormais au capitalisme décomplexé, ostentatoire. L’argent n’est plus sale et les devises provocantes des Yuppies, ces nouveaux démiurges de la pensée ultra-libérale, telle If you’ve got it, flaunt it » (allez-y, exhibez ce que vous possédez), s’imposeront comme les slogans tendances des Eighties. Quand la France marche au « Touche pas à mon pote », le Royaume-Uni carbure au “Greed is good” (la cupidité, c’est bien). La société britannique est en pleine mutation – la middle-class émascule progressivement la classe ouvrière – et Thatcher compte bien exploiter sa cote de popularité au zénith pour mater toute rébellion en s’octroyant le beau rôle.

Son objectif ultime va bien au-delà d’un simple combat personnel anti-mineurs : il faut envoyer un message fort aux syndicats, très militants, réduire leur influence et avoir ainsi les coudées franches pour réformer des pans entiers du droit du travail, à commencer par la législation sur les modalités et préavis de grève. In fine, il s’agit de mener à bien, le plus en douceur possible, le programme de démantèlement et privatisations-dérégulations des secteurs publics et entreprises d’état – British Gas, British Rail, British Telecom, etc. (les mines et tout le secteur de l’énergie avaient été nationalisés au sortir de la Seconde Guerre mondiale par le gouvernement travailliste de Clement Attlee et sont considérés par les Conservateurs comme des bastions gauchisants – « Je détestais ces programmes collectivistes de nationalisation de l’après-guerre. Il fallait redonner la liberté aux citoyens », fulminera Thatcher plus tard).

De l’art du conflit

La cuisante défaite des Travaillistes aux General Elections de juin 1983 (meilleurs résultats des Conservateurs depuis 1959) avait annoncé de fortes turbulences sociales et une radicalisation de certains secteurs. Du coup, Thatcher a anticipé : elle a fait stocker des réserves de charbon équivalentes à cinq mois de consommation, a demandé aux centrales thermiques de se tenir prêtes à utiliser des combustibles fossiles autres que le charbon (gaz, fioul, huiles) et a fait embaucher des routiers non syndiqués pour le transport entre dépôts. L’armée de terre est même en stand-by, au cas où. C’est la face visible de l’avant-combat.

En coulisses, Thatcher fourbit ses armes. Elle réunit régulièrement son état-major pour aiguiser au mieux sa deuxième lame, celle de la division. Elle sait que le moyen le plus efficace pour fragmenter ce bloc pour de bon est d’appliquer énergiquement la recette éprouvée du “Divide and rule”. Telle sera sa feuille de route, dresser les uns contre les autres. Thatcher a donc échaffaudé une série de stratagèmes visant à morceler le mouvement et le faire imploser de l’intérieur ; les négociations se feront puits par puits, les propositions de reclassement seront sélectives, les promesses faites à certains groupes ou puits seulement. Avec dans son arsenal clivant, quelques mesures particulièrement mesquines, des coups bas « ad hominen » lui reprocheront certains, telle la réduction des aides sociales aux familles grévistes.

La fille d’épicier réservera aux syndicalistes, et par extension à tous les mineurs grévistes, le même surnom qu’elle donnera aux hooligans : the enemy within, l’ennemi de l’intérieur.


A. Scargill s’amuse du masque porté par une manifestante

C’est loin d’être la première grève des mineurs mais celle-ci s’annonce particulièrement longue et âpre. Elle le sera : 362 jours, 11 morts, 20 000 blessés, 11 500 arrestations, 8 500 grévistes assignés en justice. Et au-delà des chiffres, des communautés entières décimées.
A la tête du mouvement, Arthur Scargill, l’ennemi juré de Thatcher, un syndicaliste marxiste jusqu’au-boutiste et président du NUM qui dirigera les opérations et organisera la résistance depuis son fief de Barnsley (20 kilomètres au nord de Sheffield), gros bassin minier et épicentre de la lutte.

C’est dans ce contexte bien particulier, « toxique » dirait-on aujourd’hui, que se déroulent les évènements ci-dessous.

Easington : 10 000 habitants, 2 700 mineurs de fond

Printemps 1984, Easington & Easington Colliery, East Durham, 30 kilomètres au sud-est de Newcastle et 15 de Sunderland, l’un des bassins houillers alors parmi les plus productifs au monde. On appelle ces vastes zones des coalfields, littéralement « champs de charbon ». Les deux Easington forment une petite ville d’à peine 10 000 habitants où la plupart des hommes sont employés dans l’activité minière. On extrait tellement de charbon dans toute la région depuis le XVIIè siècle que la langue anglaise s’est dotée de l’expression suivante : To carry/take coals to Newcastle, approximativement « vendre de la glace aux Esquimaux ». Au sortir de la Grande Guerre, 275 000 hommes trimaient dans les mines autour de Newcastle, un actif sur trois et un quart du total britannique sur ce secteur.

Le North East (2 600 000 habitants) dut sa croissance spectaculaire au XIXè siècle à l’exploitation et l’exportation du charbon, directement ou indirectement. Ce minerai fut l’un des principaux symboles et vecteurs de développement de la révolution industrielle.
C’est grâce au charbon par exemple que les premières
locomotives au monde furent exploitées commercialement au sud de Newcastle, au départ purement pour des raisons pratiques d’acheminement du charbon (le rendement exponentiel des mines, étroitement liés aux besoins gargantuesques générés par l’industrialisation effrénée, exigeait des moyens autres que quelques chevaux tirant des wagonnets). Toute la richesse de la région découle de l’activité minière. Cette prospérité favorisera grandement l’essor de la construction navale (transport du charbon) et de l’industrie lourde. Elle permettra aussi à de géniaux inventeurs locaux d’émerger, tels George Stephenson (considéré comme l’inventeur du chemin de fer moderne), Joseph Swan (pionnier de l’électricité) ou l’ingénieur et industriel George Armstrong (hydroélectricité).

Malgré sa faible population, le canton d’Easington est aussi un mini hotbed du football, l’une de ces mini places fortes qui transpire le ballon par tous les pores. L’international anglais Adam Johnson (Sunderland) y a grandi ainsi que Paul Kitson (ex Leicester, Newcastle, Derby, West Ham), Alan Tate (ex Swansea), Kevin Scott (ex Newcastle) et Steve Harper, gardien de Newcastle de 1993 à 2013 ; le père d’Harper était mineur de fond et son oncle, Barry Harper, est une figure locale, arbitre et dirigeant de club (nous le retrouverons dans la seconde partie). Le film Billy Elliott a été tourné ici même [3].

Une communauté, deux ennemis

Comme un peu partout ailleurs pendant la grève, la communauté minière d’Easington (Easington Colliery) est divisée en deux groupes distincts : les grévistes et les « scabs », les jaunes. Comme partout ailleurs, les jaunes y sont haïs. Ils doivent se rendre à la mine escortés et franchir les piquets de grève en bus grillagé, sous la protection de la police. Le scab est bien plus qu’un jaune : c’est l’ennemi, le traître, le suppôt de Thatcher. On tague scab en gros sur les murs de sa maison, on vandalise sa voiture et insulte sa famille. A l’école,

A suivre.

Kevin Quigagne.

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[1] Principalement le South Yorkshire (Sheffield-Barnsley-Rotherham-Doncaster), le North East (Newcastle-Sunderland-Durham), le sud du Pays de Galles (Cardiff-Swansea-Newport), la ceinture centrale des Lowlands écossais (Ayshire-Midlothian-Lanarkshire) et le centre de l’Angleterre (Staffordshire-Derbyshire-Nottinghamshire).

[2] Brian Clough était un socialiste convaincu (au moins « de coeur » comme il disait*) qui, au cours de la grève de 1984-85, n’hésita pas à rendre visite plusieurs fois à des piquets de grève postés devant les mines. Un matin pendant la grève de 1972, il fit même conduire ses joueurs de Derby County (qui sera champion d’Angleterre deux mois plus tard) devant un puits et les força à se joindre aux piquets à l’entrée de la mine en leur disant : « Les gars, restez ici et discutez avec ces mineurs, vous verrez comme ils en bavent. Je veux que vous compreniez la chance que vous avez par rapport à ces gars qui doivent descendre dans les entrailles de la terre pour gagner leur croûte. Je vous laisse et quand je l’aurai jugé nécessaire, je demanderai au bus de venir vous chercher. » Et il était remonté dans l’autocar qui avait filé… Les joueurs s’étaient mêlés aux mineurs une bonne partie de la journée. Peu après, Clough avait fait envoyer aux grévistes une trentaine de billets d’un match de Derby County.

[*« Pour moi, le socialisme vient surtout du coeur. Je ne vois pas pourquoi seule une partie de la société pourrait boire du Champagne et habiter de belles propriétés. » De fait, Clough entretint avec l’argent une relation complexe et ambivalente]

[3] Billy Elliott, the Musical a été créé à Londres et diffusé live sur écrans (cinémas, salles de spectacles) à travers le Royaume-Uni il y a six mois. Elton John, qui a composé la musique, a subventionné le prix des billets dans la région d’Easington (fixés à 1 £) pour permettre au plus grand nombre de voir le show.

Ils ont été tournés ailleurs mais citons-les puisqu’ils ont la mine pour thème central : Pride (bande-annonce) et le sublime Brassed off (bande-annonce), un chef d’oeuvre du cinéma social tourné entre Barnsley et Doncaster (South Yorkshire).

Cet article vous est aimablement offert par Chris Garnier, nouvelle recrue de TK. Nantais d’origine, il présente le double handicap de supporter Manchester United et d’aimer Newcastle. Autant dire qu’il a fallu se battre pour convaincre Kevin Quigagne de l’intégrer à l’équipe. Appelons ça la caution COTOREP, si vous voulez.

Avant Arsène Wenger, George Graham régnait en maître à Highbury. Il y a vingt ans cette semaine, le tyrannique manager était pourtant limogé des Gunners pour avoir accepté des pots-de-vin lors de plusieurs transferts.

21 février 1995. Eric Cantona a balancé son yoko-geri sur Matthew Simmons, fan de Crystal Palace, depuis moins d’un mois que la toute jeune Premier League se reprend un scandale en pleine face. George Graham, l’inamovible entraîneur d’Arsenal, est débarqué de son poste par sa direction. La raison du licenciement de celui qui était alors, en terme de trophées glanés, le meilleur entraîneur de toute l’histoire des canonniers [1] ? Une enquête préliminaire de la FA qui accuse l’Écossais d’avoir accepté des « bungs » (pots-de-vin) – s’élevant à 425 000 £ (soit près de 3,5 millions de francs à l’époque, rendez-vous compte !) – sur deux transferts avec l’obscur agent norvégien Rune Hauge.

« M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? »

Loin de débuter ce 21 février 1995, l’affaire trouve son origine dans l’arrivée successive de deux Scandinaves. Celle de Paal Lydersen, défenseur norvégien de 26 ans, en 1991 puis John Jensen, milieu défensif danois (vainqueur de l’Euro 92, inscrivant le premier but lors de la finale), un an plus tard. L’emménagement de ces derniers à Highbury s’accompagne de « cadeaux » de la part de leur agent, Rune Hauge, pour Graham, qui reçoit 140 000 £ pour le premier et 285 000 £ pour le second. Les matches et les saisons s’enchaînent. Le manager remporte la Coupe des Coupes (C2) face à Parme en 1994, octroyant à Arsenal son son deuxième titre européen après la victoire en Coupe des villes de foires de 1970.

Pourtant, le goût du succès est amer pour le coach et ses troupes. Quelques semaines avant la finale, des doutes commencent à émerger du côté du district d’Islington. Le 22 avril 1994, les comptables d’Arsenal reçoivent une lettre de l’Inland Revenue [le fisc britannique] faisant part de ses « préoccupations » liées à des preuves qui indiquent que le « staff a reçu des paiements provenant des frais de transferts versés par Arsenal ». [2] Un journaliste danois accoste même l’entraîneur deux semaines avant le match européen : « M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? » La réponse laconique de l’Écossais (« Ce sont de très sérieuses allégations ») et le « dégagement » en bonne et due forme du gratte-papier par le service de sécurité vers la sortie alimentent un doute qui ne cesse de croître. [3]

« Je suis encore là ! »

George Graham finit par avouer son méfait au début de la saison suivante (en septembre selon l’enquête de la FA) à son board et au président Peter Hill-Wood. Le manager va même jusqu’à rembourser à Arsenal la somme de 465 500 £, les fameux « bungs » et les intérêts qui vont avec. L’affaire ne se tasse pas pour autant, la presse britannique s’empare du dossier et fait pression sur le club et la FA. Graham croit être soutenu par sa direction, qui lui permet d’acheter des joueurs comme John Hartson, Chris Kiwomya ou l’ailier néerlandais Glenn Helder. « Vous ne donnez pas d’argent à quelqu’un que vous êtes sur le point de licencier », s’extase-t-il avant le match du 21 février 1995 face à Nottingham Forest.

Faux. George Graham est licencié dans l’après-midi précédant la rencontre. La légende veut même que celui-ci ait surpris ses joueurs en passant la tête par la porte du vestiaire pour crier : « Je suis encore là ! », avant d’être escorté hors du stade. Ironie de l’histoire, Arsenal gagna face à Nottingham Forest, mettant ainsi fin à une série de matches sans victoires à domicile depuis le 23 octobre 1994. Kiwomya, qui inscrit le but vainqueur, et Glenn Helder furent particulièrement remarqués.

Un jugement de « kangaroo court »

La réponse de Graham à son éviction ne se fit pas attendre. « J’ai fait du bien-être d’Arsenal mon seul objectif lors des huit dernières années. Mon bilan montre mon succès. Avant cela, j’ai joué pour Arsenal pendant 7 ans donc je peux parler de plus de 15 ans d’engagement total pour le club. Ces allégations sont absurdes. Je regrette profondément que ce jugement de tribunal de pacotille (« kangaroo court » pour les anglophones) ait été rendu en catimini. »

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres à son sourire...)

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres vu son sourire...)

La défense du manager est simple : pour lui les pots-de-vin n’en sont pas. Il s’agirait de « cadeaux désintéressés » de la part de Rune Hauge pour le remercier « des contacts que je lui ai fait. Il m’a dit que son business allait très bien et que c’était pour montrer sa gratitude ». Des propos qui ne convainquent pas la fédération anglaise de football, qui suspend George Graham pendant un an. Rune Hauge, qui au passage avait négocié l’arrivée de Peter Schmeichel et Andrei Kanchelskis à Manchester United en 1991, fut banni de la Fifa avant de voir sa peine être réduite à deux ans de suspension.

Le Thatcher des Gunners

Si George Graham est l’homme qui a ramené le titre de champion à Arsenal après 18 ans en 1989, dans un final haletant [4], il reste un tyran dans l’imaginaire de certains de ses joueurs. Ces derniers n’ont cessé de faire des rapprochements entre cet originaire de Glasgow et Margaret Thatcher, la Dame de fer, sur la façon de mener le club d’un côté, l’Angleterre de l’autre. « Les joueurs doivent gagner le droit de jouer pour Arsenal », déclare-t-il à son arrivée. Le pauvre Martin Keown, formé au club et qui demandait un extra de 50 £ par semaine fut ainsi vendu à Aston Villa dans la foulée pour son impertinence. « J’ai refusé de le payer plus que Tony Adams ou David Rocastle, et donc il est parti pour Aston Villa », écrira-t-il ensuite dans son livre The Glory and the Grief.

Sa gestion d’un club n’était pas loin du régime autoritaire, comme en témoigne l’ancien milieu offensif suédois, Anders Limpar, dans un entretien à Aftonbladet TV. « Le régime de George Graham, c’était comme vivre en Irak sous Saddam Hussein ». Pourtant, son génie tactique était reconnu de tous. Que ce soit Nevio Scala, l’entraîneur de Parme battu en 1994, ou Giovanni Trappatoni. « Il a montré la clarté de ses pensées, indiquait à l’époque le Trap. Il a résolu tous ses problèmes dans sa campagne européenne. Je l’admire énormément. » [3]

Anders Limpar n'est probablement jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

Information exclusive : Anders Limpar n'est jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

L’arrivée de Graham à la tête d’Arsenal en 1986 s’est toutefois joué à peu de choses. Les dirigeants londoniens avaient au départ deux noms en tête : Terry Venables et Alex Ferguson. L’Écossais devait d’ailleurs avoir comme adjoint… George Graham ! Finalement, l’un ne daigna pas quitter le FC Barcelone alors que l’autre voulu se donner du temps. L’ancien milieu des canonniers fut donc choisi.

« Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors les dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait »

L’affaire entre Hauge et Graham a amené la FIFA et la Premier League à insister auprès des clubs pour qu’ils ne fassent appel qu’à des agents agréés. L’initiative ne dure pas bien longtemps puisqu’en janvier 2006, Mike Newell, l’entraîneur de Luton Town, annonce que des agents ont tenté de lui offrir des bungs. « Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors des dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait », déclare-t-il après son audition par la FA sur le sujet. Déjà en 1998, une enquête sur Brian Clough concluait que ce dernier avait pris des parts, avec son adjoint Ronnie Fenton, sur des transferts à Nottingham Forest. Le nom de Rune Hauge était une nouvelle fois évoqué. L’entraîneur mythique des Tricky Trees n’avait toutefois pas été inquiété en raison de son état de santé.

Pour porter corps aux déclarations de Newell, l’émission « Panorama » de la BBC diffuse en septembre 2006 une enquête sur le sujet. Des agents filmés à leur insu y accablent Sam Allardyce : « Sam, il croque minimum 150 000 £ par transfert ». L’entraîneur, alors à Bolton, passerait par son fils, Craig – lui aussi agent – pour les pots-de-vin. Harry Redknapp est aussi inquiété, notamment pour avoir fait acheter à son club d’alors, West Ham, 144 joueurs en sept ans. Si « Big Sam » et Redknapp s’en sortent grâce à la rétractation des agents, Kevin Bond, adjoint à Newcastle, est licencié des Magpies pour avoir touché des bungs lors de son passage à Portsmouth.

« Arsène Who ? »

L’éviction de George Graham eu pour principale conséquence de laisser le champ libre à Arsène Wenger. Alors que Bruce Rioch avait été nommé pour la saison 1995-1996, son seul fait d’armes a été d’établir un nouveau record dans les transferts anglais en recrutant Dennis Bergkamp pour 7,5 millions £. Avant d’être lui aussi limogé en raison d’un désaccord avec sa direction sur les fonds attribués aux transferts. Les bookmakers et la presse, pariant sur une arrivée de Johan Cruyff, furent surpris de voir débarquer l’Alsacien. « Arsène Who ? », titra même l’Evening Standard.

Un « look de professeur des écoles »

Un « look de professeur des écoles »

Même son de cloche chez ses nouvelles troupes. « Au début j’ai pensé : qu’est ce que ce Français connaît au foobtall, s’interrogea Tony Adams à l’époque. Il porte des lunettes et ressemble plus à un professeur d’école. Il ne va pas être aussi bon que George [Graham]. D’ailleurs, est-ce qu’il parle anglais correctement ? ». Une tirade qui s’avéra fausse (sauf pour l’anglais) mais qui démontre bien la popularité et l’affection dont bénéficiait George Graham à l’époque. Celle-ci s’éroda lorsqu’il prit la direction de Tottenham en 1998, où il fit venir Steffen Freund, milieu défensif allemand, et Oyvind Leonhardsen, international norvégien, deux joueurs liés à… Rune Hauge.

Christophe-Cécil Garnier.

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[1] Lors de l’arrivée de George Graham, Arsenal n’avait plus gagné un trophée depuis une FA Cup en 1978-1979. Le retour du succès intervient en 1987 avec la victoire en League Cup. Les Gunners remportent ensuite leur premier titre national depuis 18 ans (où il évoluait déjà en tant que joueur) en 1989, avant de triompher à nouveau en 1991. S’ajoute à cela une victoire en FA Cup en 1993 avant le deuxième succès continental : la Coupe des Coupes de 1994. Six titres (sans compter le Charity Shield de 1991) qui font de lui, proportionnellement, le meilleur entraîneur sur un ratio titres/années.

[2] Les propos sont issus de l’enquête de la FA racontés par le journal The Independent. Merci par ailleurs à Kevin Quigagne pour son aide précieuse au sujet de l’affaire Mike Newell et de l’émission Panorama (Undercover: Football’s dirty secrets) diffusée le 19 septembre 2006.

[3] Les propos et anecdotes sont issus du livre Red Letter Days.

[4] Lors de la dernière journée de championnat, Arsenal était deuxième avec 73 points, à trois unités du leader Liverpool. Les deux équipes s’affrontaient à Anfield, ce qui n’avait rien d’un hasard, le match était programmé le 23 avril 1989 mais la demi-finale entre Liverpool et Nottingham Forest (le drame d’Hillsborough) repoussa la rencontre à la toute fin de saison. Pour coiffer les Reds au poteau, les Gunners avaient besoin d’une victoire par deux buts d’écarts. La partie fut engagée. Arsenal marqua un premier but à la 52e mais alors que la fin du match approchait, le score était toujours de 1-0. Ce n’est qu’à 25 secondes du coup de sifflet final que Michael Thomas inscrit le second but, synonyme de titre.

Série sans trop de bla bla, juste quelques photos cultes et leurs légendes. Avec en gros bonus, un collector : le duel télé Brian Clough vs Don Revie. Because ça fait dix ans que Cloughie nous a quittés.

Ouais enfin, un peu de bla bla quand même, surtout la # 10, mais juste ce qu’il faut (ami lecteur supp de Newcastle United, un conseil : zappe le # 5). Ces perles sont tirées directement du Net ainsi que de plusieurs livres-photos style coffee-table books.

# 1. Canto

Roh qu’il est mignon tout plein en rose.

# 2. Arsène et son zip maléfique

Un grand classique de ces dernières saisons : la fermeture éclair de la doudoune d’Arsène. Que ce zip a perturbé notre Arsène national, paraît qu’il n’en dormait plus… Et après on se demande pourquoi Arsenal en bave pour gratter des trophées. Talksport a fait son historique vestimentaire et Puma a monté une cellule de crise pour le sortir enfin de cet enfer. Mission accomplie : l’équipementier teuton lui a concocté du sur-mesure, ci-dessous.

# 3. Glory Glory Tottenham

Les Spurs avaient sorti le matos Castorama pour cette originale photo d’équipe. Pas super hi-tech mais sur le terrain, c’était nettement plus avant-gardiste (voir article TK sur l’innovant Bill Nicholson, manager Spurs de 1958 à 1974 et digne héritier du push and run du révolutionnaire Arthur Rowe).

C’est l’ère du grand Tottenham : doublé championnat-FA Cup en 1961, vainqueur de la FA Cup en 1962, vice-champion d’Angleterre en 1963 et premier club britannique à décrocher une coupe d’Europe, la C2 en 1963.

En haut à gauche, l’immense Danny Blanchflower et à quatre pattes sous l’escabeau, le non moins immense Dave Mackay. J’ai mis une tartine sur tous ces glorieux anciens dans le Hall of Fame Spurs de TK.

# 4. Allardyce, porte-étendard de la culture française

Depuis qu’il recrute pas mal de Frenchies (Y. Djorkaeff fut parmi les tous premiers), Sam Allardyce essaie par tous les moyens de faire découvrir Bourvil et Louis de Funès aux British, même pendant les matchs. Ici, lors du West Ham-Southampton, Big Sam nous rejoue une scène du Corniaud devant le quatrième arbitre qui s’empresse de noter le nom du film.

# 5. A la recherche du temps pardew

Out today, demain ou après-demain.

Out today, demain ou après-demain.

Alan Pardew, plongé dans une rêverie proustienne pendant le Southampton-Newcastle du 13 septembre dernier, 4-0 (se remémore-t-il les délicieux puddings de la tante Margaret ?). En cadrant habilement son cliché, ce photographe de la Press Association a bien saisi l’avenir du Londonien chez les Mags.

Pendant ce temps-là, dans la tribune exter, les supps Magpies sortaient une micro-banderole anti-Pardew conçue par le dernier site à la mode sur Tyneside, sackpardew.com. Un site qui nous abreuve de stats sympas dans sa section Pardew – The Facts, e.g 5 maigres victoires de tout 2014 et autant de défaites dans les derbys contre Sunderland que les 22 précédents managers Magpies réunis (certes, peu sont restés 4 ans en poste comme Pardew).


Même leurs bâches font pitié à Newcastle.

Pardew est hilare sur la banderolette Mag, normal : il touchera un joli pactole s’il est remercié et abrégera sa longue souffrance. Et donc, se dit le supp lambda qui ne lit pas Teenage Kicks : Pardew va palper 15-18 millions £ vu que son contrat court jusqu’en 2020 et qu’il l’a forcément renégocié à la hausse en 2012 après avoir hissé NUFC dans le top 5. Because, si on sort la calculette, eh ben c’est simple comme hello : 6 ans de contrat x le tarif en vigueur, soit mettons 3m £/an = eine groß paket.

Un raisonnement qui pourrait largement tenir la route. Mais ailleurs, pas chez les Mags. Car le payout ne serait « que » de 5 millions £. Ça paraît léger mais c’est oublier que le proprio de NUFC est Mike Ashley, boss de la chaîne Sports Direct (SD), où les contrats salariaux sont highly incentivised, fortement conditionnés aux résultats : en 2013, plus de 2 000 salariés SD, payés en moyenne 1 600 £/mois, avaient touché une prime de 75 000 £ chacun (!) après une hausse de 40 % des bénéfices l’année précédente (chiffre d’affaires boosté par les Jeux Olympiques et l’expansion du groupe). Mais cela ne concernait que les 10 ou 15 % de chanceux à temps plein ayant intégré la boîte avant 2010. L’envers du décor est moins reluisant : 90 % des employés SD sont à temps partiel avec des contrats zéro heure. Et donc pour eux, pas un penny. Un collectif d’employés SD a porté l’affaire devant les tribunaux.

Pour Mike Ashley, pas question donc en 2012 de payer le going rate (tarif en vigueur) pour un manager d’un club aspirant alors à la Ligue des Champions. Au lieu de 3m £/an, Pardew dut donc se contenter d’un salaire de base + une grosse part variable, en l’occurrence une tapée de primes liées à des objectifs bien précis. Le rédac chef d’un des fanzines du club me confiait l’an dernier que son fixe n’était que d’environ 750 000 £/an. Pas fou, Pardew a donc fait inclure une clause fixant une compensation de 5m £ en cas de licenciement, mais cela reste largement inférieur à ce qu’Ashley aurait dû sortir dans un contrat standard à ce niveau. Même les milliardaires sont près de leurs sous : il est de notoriété publique sur Tyneside qu’Ashley fait le forcing depuis quelque temps pour pousser Pardew à la démission et s’éviter de mettre la main à la poche, qu’il a profonde.

Au passage, puisque j’évoque les fanzines NUFC, une bien triste nouvelle : leurs trois excellents zines ne sortent plus en version papier depuis le printemps dernier, malgré un tirage collectif fort respectable, qui serait d’environ 10 000 exemplaires mensuels (les deux « historiques » – The Mag et True Faith, 41 ans d’existence à eux deux – ont viré au numérique, j’expliquerai pourquoi bientôt).
Un nouveau zine NUFC papier vient toutefois de naître, The Popular Side, longue vie à lui. Tirage réduit et difficile à trouver pour l’instant, 2 numéros parus, vite épuisés (vendu par courrier, dans quelques pubs autour de Saint James’ Park et les jours de match, s’il en reste).

Oh pis alors, je veux pas avoir l’air de m’acharner hein mais les Mags viennent de sortir leur maillot third, popopopopo… Matez-moi plutôt ça :

# 6. Nonos Future

Devant le Stadium of Light avant le Sunderland-Man United du 23 août dernier.

# 7. Alex Ferguson

Fergie en 1967, tout fier d’exhiber le dernier 33 tours de Petula Clark.

Fergie en 1967, tout fier d’exhiber le dernier 33 tours de Petula Clark.

Sévère culture shock en 1976 : les Sex Pistols éjectent les Wombles de la TV

Et ci-dessus, il joue les nettoyeurs de surface avec les Wombles, mascottes de Wimbledon FC, dans le centre-ville de Manchester avant un 32è de FA Cup de janvier 1997 (perdu). Bref, un peu comme si Gerets ou Tapie étaient allés clowner avec Casimir de l’Ile aux Enfants en plein triomphe européen. Les Wombles étaient des personnages d’un dessin animé très regardé de la première moitié des Seventies, des sortes de taupes moralisatrices qui recyclaient les déchets ménagers tout en creusant leurs galeries sous le Wimbledon Common, immense parc local où évolua le Wimbledon FC à sa création et où furent organisés les essais de 250 joueurs au démarrage de l’AFC Wimbledon en juin 2002 (en D9, aujourd’hui en D4).

Léger changement de braquet un an après l’arrêt télévisuel des Wombles : exit les peluches écolos contemplatives, place aux Sex Pistols qui feront imploser la télé des teenagers anglais dès leur premier plateau TV lors d’une interview qui choqua l’Angleterre (article du Daily Mirror ci-dessus et mieux : ce clip, à partir de 3’43).

# 8. Paul Gascoigne

Pas d’album photos british sans Gazza, évidemment.

# 9. Ça c’est de l’animation d’avant match

3 mai 1976, Duncan McKenzie, attaquant de Leeds (1974-76), fait le show à Elland Road en franchissant une mini, juste avant d’être aligné pour le jubilé de Paul Reaney contre Newcastle United ! Il arrivait aussi à ce showman de lancer une balle de golf d’un but à l’autre du terrain, voir clip.

McKenzie, recruté par Brian Clough au début de son fameux passage éclair chez les Whites, était l’un des transferts les plus chers du Royaume-Uni à l’époque, 267 000 £ (le record était à 350 000). McKenzie sévit aujourd’hui sur le circuit de l’after-dinner speech où il saute par-dessus les tables des convives (je déconne, il se contente d’envoyer quelques anecdotes, pour 1 500 £/soirée).

# 10. Duel TV Brian Clough vs Don Revie

Clough et Revie, un temps surnommés les « Richard Nixon et John Kennedy du Yorkshire »

Clough et Revie, un temps surnommés les « Richard Nixon et John Kennedy du Yorkshire »

La même scène, dans le film The Damned United :

Pour clore ce panorama photos, il fallait évidemment Brian Clough, décédé il y a tout juste dix ans (le 20.09.2004 à 69 ans, cancer de l’estomac) mais loin d’être disparu. Oh que non, le bougre est plus présent que jamais : une quinzaine de livres lui ont été consacrés en Angleterre depuis sa mort (en plus des centaines d’articles de presse et Internet, des documentaires et, bien sûr, du film The Damned United). Sans parler des trois statues érigées en l’honneur de « Old Big ‘Ead » (son surnom), cas unique dans le football britannique.

Nous sommes le 12 septembre 1974 et, à la stupéfaction générale, Leeds United limoge Brian Clough, après seulement 44 jours désastreux, surtout en coulisses (en fait, 54 jours depuis la date de sa nomination). Un choc aussi grand que la consternation qui avait accompagné l’annonce de son arrivée dans ce Leeds qu’il détestait ouvertement de tout son être. Un mariage contre nature justifié par l’ambition ultime de Clough : conquérir l’Europe (ce qu’il avait raté – d’assez peu – à Derby County), et ainsi supplanter Don Revie dans la hiérarchie historique des Whites.

Jonathan Wilson, dans sa biographie sur Clough – le livre le plus exhaustif jamais publié sur le sujet – revient sur cette haine tenace qu’il vouait à Leeds United, ses joueurs et son manager. L’inimitié était intensément réciproque : Don Revie déclara un jour que Clough était vraiment la dernière personne avec qui il aimerait être naufragé sur une île déserte. Parmi les passages savoureux de la bio, celui du gala télévisé de janvier 1973 est particulièrement exquis… Pendant son court discours (vite noyé sous les huées et injures),  Clough attaqua verbalement nombre de Whites, présents dans la salle, devant 500 personnes et le leader Travailliste Harold Wilson, ancien et futur Premier Ministre !

Quelques heures après son limogeage, Yorkshire Television attire Brian Clough dans ses studios de Leeds… sans lui dire que Don Revie sera également présent. C’est un coup magistral pour cette chaîne régionale :  Clough et Revie n’avaient cessé de s’allumer par médias interposés depuis des années mais sans jamais en découdre sur un même plateau. Ce face à face (ici en clip) deviendra un monument télévisuel de l’histoire du football britannique.
Une joute a priori inégale, entre un Clough fragilisé, déchu, humilié (et alcoolisé, diront certains), et un Revie solide comme une citadelle imprenable, fraîchement nommé sélectionneur anglais et ex très successful manager de Leeds.

Don Revie et le phénoménal Billy Bremner, « 63 kilos de fil barbelé » comme le surnommait le Sunday Times (c’est lui que je voulais le plus dans mes Panini des années 70, section Joueurs étrangers. J’aurais échangé 50 Duguépéroux + 25 Triantafyllos pour l’avoir).

Don Revie n’a pas seulement ressuscité Leeds, à la manière de Shankly à Liverpool ou Matt Busby à Man United : de mars 1961 à juin 1974, il a bâti ce Leeds United qui vivotait avant lui et attirait péniblement 10 000 spectateurs à Elland Road à son arrivée. Il a fait surgir ex nihilo un grand club de football au coeur de cette ville jusque là acquise au rugby, à XIII, celui des prolos du Nord. Revie, avec son allure de Parrain new-yorkais (il ne fut pas surnommé « The Don » pour rien), a en outre fait de Leeds United une famille indivisible, un clan, une meute, conditionnée pour affronter ensemble toutes les épreuves (dont le fameux label « Dirty Leeds »).

Clough, au contraire, vient de vivre un calvaire à Leeds United. Hormis les piètres résultats (en partie imputables à une cascade de blessures et la suspension de 11 matchs de Billy Bremner, pour s’être battu avec Kevin Keegan au Charity Shield le 10.08.1974, à 25’10 dans ce clip), Cloughie s’est mis la moitié du directoire et toute l’équipe à dos. Hier invulnérable et arrogant au possible, il semble soudain avoir perdu son aura messianique et ses galons de formidable stratège, acquis de haute lutte chez les minots de Derby County de mai 1967 à octobre 1973. Ce qui pousse Austin Mitchell, le présentateur un brin provocateur, à lui lancer (à 24’07 dans le clip) : « Brian, ne vous retrouvez-vous pas aujourd’hui dans une situation très difficile, car après votre dispute avec Derby County, votre départ de Brighton dans des circonstances troubles et maintenant Leeds, quel club voudra-t-il encore vous employer ? »

En septembre 74, Revie est donc au faîte de sa gloire tandis que Clough moisit au fond du trou (même si sa forte indemnité de licenciement – 98 000 £, après impôts et prélèvements – atténue le choc, pactole obtenu par Clough et son avocat en faisant picoler le président de Leeds !). Don Revie l’intouchable vs Clough le paria. Peu après, lors d’un nouvel échange musclé, Revie, profitant de sa position infiniment supérieure à ce moment précis, lui assènera un cinglant : « Brian, on verra dans cinq ans ce que chacun d’entre nous sera devenu. »

Cinq ans plus tard, le contraste entre ces deux ennemis jurés sera en effet saisissant. Mais pas dans le sens imaginé par Don Revie. En mai 1979, Clough est champion d’Angleterre et champion d’Europe avec les sans-grades de Nottingham Forest. De fin novembre 1977 à début décembre 1978 – soit 42 matchs de championnat –, Forest a même réussi l’exploit de rester invaincu, malgré les 76 matchs disputés pendant cette période ! Avec seulement 16 joueurs utilisés. Du jamais vu en Angleterre : même les Invincibles de Preston North End n’avaient pas fait aussi fort dans les années 1888-1890. Le tout au nez et à la barbe du grand Liverpool, double champion d’Europe et champion d’Angleterre sortant, relégué à 7 unités au classement final comme un vulgaire faire-valoir (avec une victoire à deux points de surcroît) et sorti sêchement en C1 par… Forest. L’un des deux buteurs du 2-0 de l’aller est l’attaquant Garry Birtles : deux ans plus tôt, Birtles posait des moquettes avant que Clough ne l’achète 2 000 £ à un club amateur du coin, ne le persuade qu’il était un Pelé en puissance et n’en fasse l’un de ses joueurs clés. En 1980, Clough décroche une deuxième C1 au Bernabéu.

Old Big ‘Ead plane insolemment sur le toit du monde. « J’ai gagné deux C1, fanfaronne-t-il, Leeds United aucune. » Leeds, Leeds, Leeds, encore et toujours. L’obsession Whites ne l’a donc jamais quitté, même dans les moments d’extrême euphorie. Ou aurait-il fallu comprendre « Don Revie » à la place de Leeds United ?

Clough, en pleine déconne à Majorque, juste avant la finale de C1 1980 contre Hambourg (1-0). Pour préparer cette rencontre, il emmena ses joueurs une semaine au soleil, interdit quasiment les entraînements et organisa des séances picole entre joueurs. Les Hambourgeois, eux, optèrent pour une opération commando de 8 jours…

Revie, quant à lui, est enlisé dans les scandales. Début juillet 1977, brouillé avec la direction de la fédération et sentant son poste de sélectionneur anglais menacé (et disent certains, pour d’autres raisons plus inavouables), il accepte un très lucratif poste de manager des Emirats Arabes Unis en pleine campagne des éliminatoires du Mondial 1978… sans avertir immédiatement la FA de sa démission. Pire : Revie monnaie la primeur de sa défection avec le Daily Mail. L’ex grand timonier de Leeds United est accusé par beaucoup de « trahison » envers son pays.  Verdict massue de la fédé anglaise dix-huit mois plus tard : dix ans d’interdiction d’exercice du football en Angleterre (son avocat réussira cependant à faire casser cette décision par la Haute Cour de Justice).

Rebelote en septembre 1977 quand le tabloïd The Daily Mirror publie le témoignage de trois joueurs (dont Gary Sprake, l’ex légendaire gardien de Leeds, aujourd’hui le paria de la famille) et d’un manager (Bob Stokoe, alors à Bury au moment des faits) l’accusant d’avoir arrangé et voulu truquer plusieurs matchs dans les années 60 – accusations déjà portées en 1972 par un autre tabloïd –, classées sans suite par la police et la fédération anglaise. D’autres joueurs, dont Jim Barron, le Gunner Franck McLintock et le champion du monde 1966 Alan Ball, incrimineront Don Revie pour le même genre de faits (il sera aussi soupçonné d’avoir acheté, ou tenté d’acheter, des arbitres – voir article de l’Independent) mais rien ne sera jamais prouvé. Revie poursuivra le Daily Mirror en diffamation mais ne donnera pas suite, trop accaparé qu’il était par sa longue procédure contre la FA dans l’affaire des EAU (Billy Bremner, impliqué dans une affaire similaire, poursuivra un autre tabloïd, le Sunday People, et gagnera son procès). Revie ne reviendra jamais travailler au bercail et s’éteindra le 26 mai 1989 en Ecosse, à 61 ans, atteint de la maladie de Charcot.

Destins inverses qui ajoutent à la mystique développée autour de ces deux monstres sacrés, issus de la même communauté, du même quartier de Middlesbrough et produits de la même époque, l’entre-deux-guerres, celle que l’historien britannique Richard Overy appelle le The Morbid Age (pauvreté, dépression économique, habitat insalubre, chômage de masse, montée du fascisme).

« Don Revie et moi, dit Brian Clough (alias Michael Sheen) à son inséparable adjoint Peter Taylor dans le film The Damned United, avant un 32è de FA Cup Derby v Leeds* de janvier 1968, on a grandi dans le même quartier de Middlesbrough, à l’ombre d’Ayresome Park [l’ancien stade de Boro]. Don et moi, on est comme deux petits pois dans une cosse, identiques. On a sûrement mangé les mêmes bonbons, ceux fabriqués dans l’usine Garnett où bossait mon père. Don, c’est le meilleur manager du pays. On a tous deux été avant-centre de Sunderland et de l’équipe d’Angleterre. Don et moi, c’est deux petits pois dans une cosse. Deux petits pois dans une foutue cosse. »

[*Leeds v Derby en réalité mais inversé pour les besoins du film]

Kevin Quigagne.

Dans la même série : Photos insolites du foot british (1)

Manchester United affrontera le Real Madrid mercredi soir à Bernabeu. Ainsi en décida la main heureuse de Steve McManaman, « l’ambassadeur » de la Ligue des Champions 2012-13, lors du tirage au sort effectué le 20 décembre. L’occasion de revenir sur les rencontres du passé entre ces deux monstres sacrés.

La réaction initiale, logique et saine, fut de saliver abondamment en pensant à la confrontation Mourinho-Ferguson [1] ainsi qu’au grand retour de Cristiano à OId Trafford et son duel à distance avec Rooney.

Mais cette affiche de rêve comporte une dimension supplémentaire, historique. A l’évocation des grands noms d’antan (le club de Di Stéfano, Kopa, Gento et Puskas contre celui des Edwards, Viollet, B. Charlton, Law et Best), ce quart de finale revêt une saveur particulière. Et en se replongeant dans l’album souvenirs, on se remémore vite pourquoi.

1957. Demi-finale Coupe d’Europe des clubs champions

11 avril 1957. Real Madrid 3 – Manchester United 1 (135 000 spectateurs). Clip du match.

25 avril 1957. Man United 2 – Real 2 (65 000).

Extraits du match sur ce clip d’époque (à 1’55, le pauvre Torres se fait écarteler de toute part).

Première campagne européenne pour Man United [2], le progressiste manager Matt Busby ayant choisi d’ignorer en mai 1956 le mot d’ordre du vice-président de la  Football League, Alan Hardaker, à savoir de boycotter cette compétition [3]. Prix du billet à Old Trafford pour l’occasion : deux shillings, soit 10 pence… (0,12 €) [4].

Pour leur baptême du feu européen, les Mancuniens sont servis : Bernabeu est archicomble, 135 000 spectateurs (le record pour un match de Man United). Les champions d’Europe en titre s’avèreront trop forts pour Bobby Charlton et les jeunes pousses de Matt Busby, les fameux Busby Babes.

A l’aller, les Red Devils parviennent à repousser les coups de boutoir des Madrilènes jusqu’à l’heure de jeu mais s’écroulent dans la dernière demi-heure. Les Espagnols n’ont pas que leur talent à faire valoir. Physiquement, ils en imposent et la presse anglaise se dira « choquée » par le jeu rugueux des Merengues. « Meurtre à Madrid » titrera sobrement feu le Daily Herald.

Au retour, sous les tous nouveaux projecteurs d’Old Trafford qui accueille son premier match européen (les trois tours précédents se sont disputés à Maine Road car il dispose d’un éclairage), menés 2-0 à l’heure de jeu, les Mancuniens égalisent brillamment à 2-2 grâce à Tommy Taylor et Bobby Charlton. United, logiquement, s’inclinera toutefois devant la bande à Raymond Kopa, Alfredo Di Stéfano et Francisco Gento, 5-3 sur l’ensemble des deux matchs.

Roger Byrne et Miguel Munoz

Roger Byrne et Miguel Munoz

L’avant-centre T. Taylor marquera deux fois, à l’aller et au retour, et finira deuxième meilleur buteur de la compétition, avec 8 réalisations (derrière son coéquipier Dennis Viollet, 9). Taylor et Viollet, les Rooney et Van Persie de l’époque, un phénoménal tandem à 309 buts en 485 matchs.

Un mois plus tard, le Real raflera le deuxième trophée européen de son magistral quintuplé 1956-1960. De son côté, United décrochera son deuxième titre de champion d’Angleterre consécutif et troisième de l’ère Busby (l’Ecossais avait repris l’équipe début octobre 1945), après ceux de 1952 et 1956, ainsi qu’une FA Cup en 1948. Ce bon Matt qui avait mis fin à une interminable disette : 41 ans pour le dernier titre national – 1911, voir article TK – et 39 ans sans FA Cup.

Le 6 février 1958, la tragédie du crash de Munich décimera l’équipe, faisant 8 morts (dont le susnommé Tommy Taylor, 112 buts pour United) et 9 blessés parmi les joueurs [5].

1968. Demi-finale Coupe d’Europe des clubs champions

24 avril 1968. Man United 1 – Real 0 (63 500).

15 mai 1968. Real 3 – Man United 3 (125 000). Clip du match.

1968, dix ans après la tragédie de Munich et la refonte quasi complète de l’équipe par Matt Busby (championne d’Angleterre en titre, 1967). La Holy Trinity de Bobby Charlton-Denis Law-George Best a remplacé les Busby Babes.

Charlton, un Busby Babe qui survécut au crash de Munich, est devenu une vedette. Et dix ans que Busby rêve d’un triomphe européen, qui serait à la fois synonyme d’hommage aux disparus de Munich et de revanche sur ce foutu destin…

A l’aller, contrairement au superbe affrontement d’avril 1957 entre les deux équipes à Old Trafford, le match est terne et tendu. Une lumineuse reprise instantanée de George Best fait néanmoins la différence en faveur des Mancuniens.

Le retour sera radicalement différent et compte parmi les plus beaux matchs de United en Europe. Matt Busby décide d’adopter un jeu offensif, raisonnant que devant un Bernabeu en ébullition, la meilleure défense est forcément l’attaque.

Malgré les velléités conquérantes de United, les Madrilènes ne font qu’une bouchée de United qui se retrouve mené 3-1 à la mi-temps, le pion mancunien étant un own goal.

15 mai 1968. Tête du petit dernier... Brian Kidd (l'ex adjoint d'Alex Ferguson et actuel adjoint de Mancini)

15 mai 1968. Tête du petit dernier... Brian Kidd (l'ex adjoint de Fergie et actuel bras droit de Mancini)

Après la pause et une causerie churchillienne de Matt Busby, les rôles s’inversent. Le Real ronronne et United en profite pour prendre le jeu à son compte. Pas de Fergie time à l’époque mais cela n’empêche nullement United de revenir à 3-3 dans le dernier quart d’heure, grâce à David Sadler puis à un wing-play virevoltant de George Best conclu par un centre en retrait avec Bill Foulkes à la finition (80è). Man United se qualifie pour la finale (voir clip).

Sans Denis Law, mais avec un Best de feu, United remportera brillamment sa toute première European Cup (victoire 4-1 sur Benfica, à Wembley).

2000. Quart de finale Ligue des Champions

4 avril 2000. Real 0 – Man United 0 (64 119).

Real : Casillas; Salgado, Ivan Campo, Karanke, Roberto Carlos; McManaman, Helguera, Redondo, Savio; Morientes (Ognjenovic, 86è), Raul.

Man United : Bosnich; G Neville, Berg, Stam, Irwin (Silvestre, 87è); Beckham, Keane, Scholes (Butt, 81è), Giggs; Cole, Yorke (Sheringham, 76è).

Les Mancuniens, Champions d’Europe en titre, subissent et doivent leur salut au brio de Mark Bosnich et à la superbe prestation de sa défense (ainsi qu’au manque d’efficacité des offensifs espagnols).

Les quelques tentatives des Red Devils, souvent sur contre-attaque, manquent de précision ou de réussite (but refusé à Yorke pour un hors-jeu limite) mais United préserve toutes ses chances face à un Real inconstant et à la peine en championnat (ils finiront 5è).

19 avril 2000. Man United 2 – Real 3 (59 178). Clip du match.

Man United : Van der Gouw; G. Neville, Berg (Sheringham, 62è), Stam, Irwin (Silvestre, 45è); Beckham, Keane, Scholes, Giggs; Cole (Solksjaer, 62è), Yorke.

Real : Casillas; Salgado, Ivan Campo, Karanka, Roberto Carlos; McManaman (Julio Cesar, 89è), Helguera, Redondo, Savio (Geremi, 65è); Morientes (Anelka, 72è), Raul.

On se souvient surtout de ce match retour pour le show Redondo-Raul (voir clip à 1’07), un duo qui va anéantir les Red Devils. Au-delà de ces brillantes performances individuelles, Real mérite largement sa qualification pour la finale.

La rencontre commence mal pour United avec un own goal de Roy Keane à la 20è minute sur un centre tendu de Roberto Carlos. La suite est sans appel : Raul enfonce le clou aux 47è et 52è. A 0-3, la cause est entendue.

Beckham (d’un superbe but, 1’25 dans le clip) et Scholes, sur pénalty, réduiront l’écart mais le Real était imprenable sur ces quarts. Des Madrilènes qui remporteront la Coupe en corrigeant Valence 3-0 en finale au Stade de France. Raul finira co-meilleur buteur – avec Jardel et Rivaldo – de cette campagne européenne (dix pions).

2003. Quart de finale Ligue des Champions

8 avril 2003. Real 3 – Man United 1 (75 000). Fiche du match.

Real : Casillas; Salgado, Helguera, Hierro, Roberto Carlos; Figo, Makelele, Conceicao, Zidane; Raul, Ronaldo (Guti, 83è).

Man United : Barthez; G Neville (Solskjaer, 86è), Ferdinand, Brown, Silvestre (O’Shea, 58è); Beckham, Butt, Keane, Giggs; Scholes; Van Nistelrooy.

Man United, sans démériter, est fort logiquement battu par un Real dirigé de main de maître par Z. Zidane, sublimement assisté du tandem Raul-Figo.

Les Anglais ne ferment pas le jeu mais sont vite dépassés. Figo à la 12è, d’un superbe brossé en lucarne droite, puis Raul aux 28è et 49è, plient le match. Les Red Devils poussent et réduisent le score à la 52è, par Van Nistelrooy, en embuscade sur un tir de Giggs repoussé par Casillas. Enhardis par ce but, les Red Devils pressent mais en vain, les Merengues restent maître de la situation.

23 avril 2003. Man United 4 – Real 3 (66 708). Fiche et clip du match (excellente qualité, MUTV, à partir de 1’00).

Man United : Barthez, O’Shea, Ferdinand, Brown, Silvestre (P. Neville, 79è), Veron (Beckham, 63è), Butt, Keane (Fortune, 82è), van Nistelrooy, Giggs, Solskjaer.

Real : Casillas, Salgado, Hierro, Helguera, Carlos, Zidane, McManaman (Portillo, 69è), Figo (Pavon, 88è), Makelele, Ronaldo (Solari, 67è), Guti.

Match d’anthologie à Old Trafford où la finale de la Ligue des Champions sera disputée, ce qui ajoute du piment à cette double confrontation. United l’emporte avec la manière mais est cruellement éliminé, 6-5 en aggregate.

Première surprise de taille : Beckham est sur le banc. C’est le début de la fin à Man United pour le Londonien après une année difficile avec Alex Ferguson au plan relationnel. Un état de fait douloureusement illustré par le fameux incident de la chaussure balancée par Sir Alex dans l’arcade sourcilière du néo-Parisien pendant une causerie d’après défaite deux mois auparavant (8 points de suture). Victoria n’apprécia pas qu’on lui esquinte son Spice Boy et le Real Madrid profitera de l’aubaine en fin de saison.

Ce match restera mémorable pour un hat-trick de Ronaldo (voir clip)… et deux buts du beau David que Ferguson fit entrer à l’heure de jeu.

Le Real prend l’avantage par Ronaldo dès la 10è minute, sur une ouverture de Guti. A la 42è, un beau travail de Solskjaer permet à Ruud Van Nistelrooy d’égaliser. Peu après la pause, Zidane et Figo combinent brillamment à l’orée de la surface, Ronaldo hérite du cuir et parachève le travail. Trois minutes plus tard (52è), Helguera marque contre son camp, 2-2.

A la 57è, le Real prend l’avantage, par l’inévitable Ronaldo qui plante une mine dans la lucarne de Barthez. Hat-trick du Brésilien et 2-3. A la 63è, David Beckham remplace Veron. Le paria marque d’entrée, d’un superbe coup-franc à la 71è, 3-3.

A la 85è, Beckham récidive, après un slalom et tir de Van Nistelrooy dans la surface. 4-3 ! Le Real avance sur les rotules mais tient bon, malgré plusieurs bonnes occasions mancuniennes (il aurait de toute manière fallu deux autres buts pour passer). A la sortie de Ronaldo (67è), le public d’Old Trafford lui réserve une standing ovation. Un stade qui se demandera fatalement ce qu’il se serait passé si Beckham avait disputé tout le match. Quatre mois plus tard, un autre Ronaldo arrivera pour faire oublier David…

Un discret inconnu fortuné traîne ce jour-là dans les loges d’Old Trafford, s’interrogeant sur l’opportunité de mettre quelques sous dans le football anglais. Il est tellement émerveillé par le spectacle offert qu’il n’hésitera pas longtemps. Son nom ? Roman Abramovich. Deux mois plus tard, l’énigmatique Russe rachetera le Chelsea de Ken Bates (ici).

Sir Alex sur Mourinho :

« Ses mind games [intox psychologique], je m’en fiche. Ce qui m’importe surtout, c’est qu’il me débouche une bonne bouteille après le match. »

Un Sir Alex qui aura aussi en tête sa toute première rencontre avec le Real Madrid. C’était il y a trente ans, le 11 mai 1983, quand son petit Aberdeen battit le Real de Di Stéfano (manager), Camacho, Stielike et Santillana 2-1 en finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, grâce notamment à un pion de l’ex Messin Eric Black.

Et s’il fallait retenir une décla…

De Mourinho :

« Je comprends pourquoi il [Ferguson] est remué émotionnellement. Il compte dans son effectif parmi les meilleurs joueurs au monde et l’équipe devrait bien mieux réussir…  Moi aussi je serais navré si mon équipe se faisait dominer de la sorte par des adversaires qui coûtent un dixième de mes joueurs. »

Mars 2004, après le Man United – Porto.

De Sir Alex :

« La première fois qu’on a affronté Chelsea à Stamford Bridge sous José Mourinho, punaise, le vin qu’il m’a servi après le match avait le goût d’un décapant peinture ! Je lui ai demandé « C’est quoi ce truc ? » Il était tellement gêné qu’il promit de m’offrir sa meilleure bouteille pour leur prochaine visite à Old Trafford. »

2005, après le Chelsea – Man United (promesse tenue, la boutanche coûtait 300 £).

Il y a deux jours, dans l’émission TV Football Focus, Sir Alex donnait son avis sur les fameux mind games du Mou : « Bah, je m’en fiche. Ce qui m’importe surtout, c’est qu’il me sorte une bonne bouteille après le match. »

Pour Sir Alex, le message est donc clair : la piquette est interdite.

Kevin Quigagne.

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[1] Et pas seulement lors du mémorable passage du Mou à Chelsea (2004-2007).

Flashback, 10 mars 2004. 90è minute du Man United-Porto en huitième de Ligue des Champions, le score est de 1-0 et les Mancuniens sont alors qualifiés. 91è : but de Costinha pour les Portugais après un mauvais renvoi du gardien Tim Howard sur un coup-franc de Benni McCarthy. 1-1 et 3-2 pour Porto sur l’ensemble des deux matchs. Ce qui fera dire aux médias anglais que « Old Trafford créa Mourinho ». En clair : Mourinho, en partie grâce à son show sur la ligne de touche, venait d’entrer dans la conscience collective footballistique de l’Angleterre. Fort de cette reconnaissance et du succès de Porto deux mois plus tard en finale, Mourinho se présentera comme The Special One lors de sa première conférence de presse à Chelsea le 2 juin 2004. A lire : cet article sur la relation entre Mourinho et Sir Alex.

[2] Contrairement à ce qui est parfois dit/écrit, ce ne fut pas la première participation européenne d’un club anglais. Cet honneur revient aux deux sélections de Londres et Birmingham qui furent de la première édition de la mythique Coupe des villes de foire en 1955.

[3] Hardaker, un protectionniste doublé d’un xénophobe-raciste enragé, considérait que cette nouvelle compétition faisait de l’ombre à la FA Cup. Circonstance aggravante : elle se disputait contre des étrangers. « Trop de basanés et de ritals ! » avait-il confié en off au journaliste du Times Brian Glanville (et célèbre football writer) à propos du football continental. Voir premier chapitre de cet article TK.

[4] 10 p en 1956 = approx. 6 £ aujourd’hui. L’abonnement plancher à Old Trafford vers 1958 coûtait 7 £ (il est de 532 £ aujourd’hui).

Le salaire moyen anglais était d’environ 50 £ mensuels. Presque équivalent à la rémunération… des footballeurs les mieux payés ! Le salary cap (1901-1961) avait en effet fixé le salaire hebdomadaire maximal à 17 £ en 1957. Un maximum perçu uniquement par les meilleurs ou les plus connus / anciens.

En 1960, l’immense Jimmy Greaves par exemple (véritable Messi de l’époque), alors déjà (jeune) international anglais et vedette (à Chelsea), ne touchait que 8 £ / semaine ! (d’où son départ pour le Milan AC – il en revint fissa une fois le salary cap aboli). Cette année-là, la wage bill hebdomadaire de Liverpool FC (D2) était de 517 £…

Le maximum salarial hebdo sera porté à 20 £ en 1958 avant d’être aboli le 18 janvier 1961 (menaces de grèves, voir article TK). Malgré cette libéralisation, le salaire du footballeur mettra du temps à vraiment décoller (à l’exception de quelques stars, telles J. Haynes, J. Greaves ou George Best, le premier à 1 000 £ / semaine, en 1968). La moyenne salariale hebdo des joueurs d’Arsenal en 1971, double vainqueur Championnat-FA Cup, n’était que de 55 £. Même au début des Eighties, il n’était guère impressionnant (bien que représentant cinq fois le salaire moyen anglais). Luther Blissett racontait récemment qu’il ne touchait que 500 £ / semaine à Watford en 1983 juste avant de partir pour l’AC Milan (où il ne toucha d’ailleurs que 800 £ hebdos).

[5] Ne pas manquer de voir le film United, diffusé il y a deux ans sur la BBC 2, et intégralement visionnable ici, avec clip du tournage. Un film tourné un peu partout en Angleterre… sauf à Manchester. En effet, Old Trafford ayant été jugé bien trop moderne, le stade de Carlisle United fut utilisé à la place, ainsi que Newcastle (extérieurs et studios, dans les anciens chantiers navals) et Wimbledon (surtout les entraînements).

Saison historique pour les Red Devils, celle du dix-neuvième titre, tant convoité depuis le célèbre vœu de Fergie en 2002 de « faire tomber Liverpool de son putain de perchoir ». Certes, le United version 2010-2011 n’est pas un grand cru millésimé. Pour autant, ce n’est pas une piquette non plus.

Qui dit fin de saison, dit examen des performances pour chacun des vingt-neuf joueurs utilisés en championnat, ainsi que leur manager, le prof principal de la classe 2010-2011. Une évaluation de fin d’année qui prend forcément des allures de bulletin scolaire.

Dernière partie aujourd’hui (voir deuxième partie ici, et troisième partie ici – seules les prestations Premier League ont été prises en compte dans la notation. Légende : P = participations en classe – apparitions. B = buts. N = note – sur 20).

Voici les appréciations du Conseil de classe.

 

Gabriel Obertan     P : 7     B :  0     N : 9

Gabriel, avec tous ses camarades

Gabriel, avec tous ses camarades

Gabriel a disputé son tout premier match sous l’uniforme Red en octobre 2009 contre Barnsley et pourrait bien y finir aussi s’il ne met pas un gros coup de collier très rapidement. Depuis son arrivée dans l’établissement il y a deux ans, il n’a pas su saisir les diverses opportunités qui se sont présentées à lui. N’est plus apparu dans le groupe que deux fois depuis cinq mois. A surtout évolué en réserve le mercredi après-midi avec l’UNSS, en coupe et en Ligue des Champions. En technologie, s’est amélioré dans le module « cadrage » mais attention aux déchets. En orthographe et expression technique, ne maîtrise par encore l’art (certes difficile) de la virgule mais affiche de la bonne volonté. Mais tout cela suffira-t-il ? Gabriel doit s’extraire de cette spirale négative et davantage croire en lui. En premier lieu, il doit se montrer plus régulier. Dynamique, rapide, technique, en théorie, il a tout pour faire une honnête carrière dans le foot anglais, mais probablement pas dans cet établissement. Avertissement du Conseil.

 

Michael Owen     P : 11     B :  2     N : 9,5

Un cas délicat que le Conseil a dû aborder avec précaution mais sans états d’âme. Michael a débarqué chez nous été 2009 à grand renfort de publicité, accompagné d’un dossier scolaire aussi étrange que fascinant. Michael n’est pas un élève comme les autres. A lui seul, il génère toute une industrie et, après son exclusion de Newcastle, sa société de management (Wasserman Media Group) a produit une extraordinaire brochure de 32 pages sur le phénomène afin de convaincre les candidats à la reprise. Certes, une démarche inhabituelle mais pourquoi pas. C’était surtout hautement comique, en particulier les sections surréalistes telles que « Michael Owen : The Athlete, The Ambassador, The Icon » et « Michael Owen –  Brand values ». Les atouts de Michael étaient tous listés : « good-looking », « cool », « charismatic and aspirational » et même « clean and fresh »… Il était également décrit comme « young » et « fit and healthy » (à voir absolument ! Version complète ici, et résumé ici). Wasserman comptait ainsi vendre son poulain à un grand établissement européen. Cette année, Michael atteint péniblement la moyenne et on aimerait savoir quel genre de brochure Wasserman Media Group va produire. Les adjectifs « Cool, healthy, fit and young » pourraient passer à la trappe. Optera-t-on pour « uncool, unheathy, unfit and old » ? Sait-on jamais, ça pourrait intéresser West Ham (cf Benni McCarthy & Kieron Dyer).

Michael fait un exposé devant ses camarades

Michael fait un exposé devant ses camarades

L’année n’a pas été de tout repos pour Michael. En musique, un peu juste physiquement, il a parfois avalé la trompette. En biologie, doit mieux juger la physionomie des parties pour espérer de meilleurs résultats. Doit mettre à profit ses nombreuses périodes d’inactivité pour s’améliorer en orthographe et cesser d’être obnubilé par les bolides (ne pas systématiquement épeler « convalescence » par « convoi d’essence » dans les dictées). Pris en flagrant délit de tentative de pompage sur son camarade Owen Hargreaves (qu’il essaie d’émuler – ou « des mulets », comme il écrirait probablement), ce qui explique ses incessants séjours à l’infirmerie. S’est signalé cependant positivement une ou deux fois (notamment à Bolton en début d’année) dans le peu de temps de présence dont il a bénéficié, mais a glissé dans l’ordre établi et se retrouve pas loin du coin réservé aux bonnets d’âne. Ne devrait pas voir son contrat avec l’établissement être renouvelé. Orientation probablement à revoir (destinations exotiques évoquées, dont Derby County). Avertissement du Conseil.

 

Ji-Sung Park     P : 15     B :  5     N : 14,5

Ji-Sung, en plein rasage le matin à l'internat
Ji-Sung, en plein rasage le matin à l’internat

Elève calme, studieux, vif, altruiste et énergique. A collectionné les bons points malgré un exercice perturbé par les blessures et interrompue par la Asian Cup. Souvent surnommé le « unsung hero » du collectif mancunien, l’infatigable Sud-Coréen qui sait mouiller l’uniforme comme personne a continué de prouver tout au long de la saison qu’il est bien plus qu’un vulgaire avaleur de kilomètres sauce Duracell. En musique, a donné quelques récitals de haut niveau. Consciencieux, il rend du travail soigné avec une finition propre, nette et sans bavures. Excellent dans les grandes occasions, comme contre Chelsea début mai (homme du match). Encouragements du Conseil.

 

 

Wayne Rooney    P : 28     B : 11     N : 15

Première moitié de saison difficile
Première moitié de saison tendue

Encore un lourd et épineux dossier à traiter. Wayne est un élève talentueux mais son attitude a continué à le desservir durant cet exercice. Grand chahuteur et parfois violent, Wayne a donné du fil à retordre à une quantité impressionnante d’intervenants au cours de l’année. Toutefois, du strict point de vue de ses performances, l’ensemble reste encourageant et ce brillant élément semble être revenu près de son meilleur niveau (voir clip du dossier 2011). Excellent dernier tiers de saison, ce qui rattrape une première partie d’exercice anonyme, marquée par des affaires et déclarations glauques d’août à octobre (multiples distractions extra-scolaires, le renvoi fut évoqué). Période pénible pour tout le monde pendant laquelle une pléthore de services pédagogiques fut mise à rude épreuve, du psychologue scolaire au médiateur de quartier, en passant par le conseiller d’orientation et l’inspecteur académique (sans parler des calculettes et du personnel service comptabilité).

Wayne excelle en mathématiques et il a parfaitement assimilé l’ensemble des nouveaux outils de repérage et évaluation du calcul d’un contrat.

La suite fut bien plus réjouissante

La suite fut bien plus réjouissante

Au vu d’un premier trimestre décevant (méforme et toujours aucun but en open play à la fin décembre), le Conseil avait adressé à Wayne un avertissement sans frais. Force est de constater que Wayne a su réagir et cela est à son honneur. Excelle en mathématiques où il a parfaitement assimilé l’ensemble des nouveaux outils de repérage et évaluation du calcul d’un contrat. Très doué également en travaux manuels et sa maîtrise du ciseau contre Man City lui a valu les louanges de tous (également doué en couture, jolie confection express du coup du chapeau – 14 minutes – contre West Ham début avril). A également activement participé aux corrections (notamment contre Birmingham et Blackburn, respectivement 5-0 et 7-1). Wayne commet peu de fautes mais il est encore trop indiscipliné dans l’ensemble (24 seulement cette saison, et 5 jaunes – contre 115 et 10 jaunes pour le leader du hit-parade bourrin, Kevin Davies). Pour employer le langage de la cour de récré, Wayne cultive une fâcheuse propension au « pétage de plombs » et doit apprendre à se maîtriser en toute circonstance. Ses vilaines tendances à l’emportement mode gamin gâté-pourri et surprotégé ont refait surface. Peut présenter un danger en classe (cf l’agression gratuite sur James McCarthy, Wigan) et a alourdi un casier disciplinaire trop chargé. Tweete encore trop en cours et a tendance à en rajouter (exemple : « Un Scouser a fait descendre Liverpool de leur piédestal. Un Evertonian en plus. Ce soir, je suis aux anges. »). A cependant répondu présent dans les moments cruciaux. Le Conseil recommande un stage d’anger management cet été chez Sven-Goran Eriksson et décerne les Encouragements.

 

Paul Scholes     P : 22     B : 1     N : 11,5

Paul avec deux copines, traînant dans les couloirs

Paul avec deux copines, traînant dans les couloirs

Ensemble convenable mais sans plus. Début de saison fort encourageant suivi d’un gros relâchement qui explique sa baisse de participation par la suite, surtout lors du dernier trimestre (quatre présences seulement en championnat depuis le 1er mars). Côté positif, il est certain que Paul surveille admirablement bien ses affaires et ne connaît pas de problèmes de possession. A de bonnes idées et sait prendre l’initiative. Créativité en baisse mais des progrès en écriture, d’ailleurs, son autobiographie sort en septembre. Son expérience et sa vista ont sauvé quelques situations délicates. A sa décharge, Paul manque parfois de maîtrise de soi et certaines de ses interventions musclées (et spatio-temporellement ratées) ont pénalisé le groupe. N’a pas comblé ses grosses lacunes dans le tacle. A connu trop de moments d’absence. Il plane parfois et a la tête dans les nuages, d’où il redescend souvent sous forme de perturbations (neuf jaunes en championnat – et exclu contre Man City en FA Cup – des problèmes d’indiscipline récurrents, jamais résolus). Le Conseil a recommandé l’arrêt de cursus, mais Paul a décidé de persister encore un an. Passable.

 

Chris Smalling     P : 16     B : 0     N : 15

De Maidstone United (D7) à Old Trafford, en 20 mois

De Maidstone United (D7) à Old Trafford, en 20 mois

Bilan très satisfaisant pour ce petit nouveau que Fulham acheta une misère (10 000 £) en 2008 à un club amateur et n’aligna qu’une poignée de fois (barré par Bred Hangeland et Aaron Hughes) avant de faire un beau numéro de gymnastique vingt mois plus tard (superbe culbute à la revente, x 1 000). Incontestablement l’une des révélations de l’année. Très calme, posé, déterminé et fort en lecture (du jeu). Déterminé et accrocheur, il sait organiser rapidement ses idées et fait preuve de créativité. Malgré son jeune âge, il participe aux débats avec rigueur et vigueur. Grande maturité. A superbement suppléé Vidic ou Ferdinand. Félicitations.

 

Antonio Valencia     P : 10     B :  1     N : 14

En étude et en soutien personnalisé

Antonio, en étude et en soutien personnalisé

La saison a commencé par un coup dur pour ce véloce élève équatorien. Le 14 septembre, contre les Rangers de Glasgow dans la « Battle of Britain » (Ligue des Champions), Antonio s’est gravement blessé : fracture de la cheville qui le mit hors service six mois. Superbement revenu mi mars, par sa fraîcheur et son énergie, il a prouvé en fin de saison qu’il pourrait bien faire partie du cercle des indispensables l’an prochain. Son raisonnement logique et séquentiel est admirable. Sait prendre des risques dans la manipulation du ballon, précis et appliqué. Encouragements.

 

 

Edwin van der Sar     P : 33     B :  0     N : 18

Quarante ans mais toujours au top, immanquablement présent dans les grands matchs ou son immense expérience et sa force de caractère ont rassuré (hormis un ou deux bémols, surtout contre WBA en octobre dernier a domicile). Sa dernière saison avec les Red Devils conclut merveilleusement une carrière professionnelle entamée en 1990 à l’Ajax. Le jeune David De Gea pourrait avoir la lourde tache de le remplacer (pourvu qu’il ne fasse pas une Taïbi). A aussi été élu dans l’équipe PFA de l’année. Félicitations, mention « Bravo et merci pour l’ensemble de son œuvre ».

 

Nemanja Vidić     P : 35     B :  5     N : 19

Toujours le premier à répondre présent

Toujours le premier à répondre présent

Inamovible bloc de granit serbe, celui que le prof principal, l’été dernier, a nommé délégué de la classe (fait capitaine à la place de Gary Neville) n’a rendu quasiment que des copies irréprochables tout au long de l’année. Logiquement élu dans l’équipe PFA de la saison. Sans doute le meilleur défenseur de la PL, malheureux de n’avoir reçu ni la récompense du PFA Players’ Player of the Year (Gareth Bale) ni celle du Football Writers’ Association Footballer of the Year (décernée à un crack parmi les cancres, Scott Parker, West Ham). En travail du bois et de la matière, Nemanja a excellé dans la fabrication et solidification des charnières, Vidić-Ferdinand étant probablement la meilleure de l’ère Ferguson (avec Bruce-Pallister pas loin derrière). L’art de la tenaille et le maniement de l’étau ont également été admirablement maîtrisés. Seule mini ombre au tableau, Nemanja manque peut-être parfois d’un brin de mobilité. Félicitations d’un Conseil tout excité, avec mention « quasiment parfait ».

 

Même la DDE chambre

Même la DDE chambre

Alex Ferguson (professeur principal). 18.

Très fort en gestion (a bien géré Ryan Giggs tout au long de l’année) et a excellé en science (a trouvé la bonne formule pour tirer le maximum du groupe). Tactiquement au sommet de son art cette année (cf match contre West Ham). Parfois victime du complexe de persécution « londonien » et roi des « mind games » (intox), Sir Ferguson aime chambrer ses collègues et a piqué quelques colères mémorables contre les officiels, les instances et nombre de journalistes. Sir Alex est déterminé à continuer, et à passer peut-être la barre symbolique des vingt titres de champion d’Angleterre. Félicitations.

Kevin Quigagne.