Il y a trente ans aujourd’hui, s’achevait la plus longue grève de l’histoire du Royaume-Uni, celle des mineurs (5 mars 84 – 3 mars 85). Un long et violent combat contre le gouvernement Thatcher où le football fut parfois de la partie.

On a coutume de dire, en forçant parfois un peu le trait, que le football s’immisce volontiers dans les évènements historiques au Royaume-Uni. Exagération ou pas, il est indéniable que les liens entre le football et la grève des mineurs de 1984-1985 sont riches et variés. Logique me direz-vous, tant les passerelles entre football et industrie minière sont, ou plutôt étaient, foisonnantes.

L’histoire que j’ai choisie de vous raconter, celle d’une communauté déchirée par la grève et en partie réconciliée par le football, est puisée dans le vécu de la ville minière d’Easington, située au sud de Newcastle (North East), un environnement que je connais pour y vivre et travailler depuis plus de vingt ans, d’abord dans le South Yorkshire (Sheffield) puis dans le North East. Mais avant tout, plantons le décor.

A.S : Teenage Kicks n’a pas soudain décidé de concurrencer les Échos ou le Diplo. Ce premier volet est avant tout une mise en contexte pour la deuxième partie qui traitera essentiellement de football. Le tout était trop long pour le publier d’un seul jet.

A voir : cette superbe galerie de photos sur la grève.

L’adversité comme source de motivation suprême

Tout d’abord, un rappel pas forcément inutile : une quantité phénoménale de footballeurs/managers britanniques furent mineurs de fond, tâtèrent de la mine ou évitèrent in extremis cette voie. Parmi les plus illustres, citons Billy Meredith, Herbert Chapman, les frères Bobby & Jack Charlton, Jackie Milburn, Matt Busby, Bobby Robson, Gerry Hitchens, Jock Stein, Bob Paisley et Bill Shankly. Rien que le club du village minier où Shanks grandit forma cinquante professionnels !

Une plaisanterie des années trente, déclinée ensuite en de multiples versions, disait que pour dégoter de bons footballeurs dans les bassins miniers, il suffisait au président du club professionnel local de se rendre à la houillère du coin, se positionner en haut d’une fosse et gueuler : « J’ai besoin d’un défenseur et d’un avant-centre » pour qu’un tas de têtes casquées remontent à la surface.
Dans plusieurs régions britanniques [1], le public fut longtemps constitué d’une forte proportion d’hommes associés de près ou de loin à la mine. Sans bien sûr exagérer la portée actuelle, forcément limitée, de ce riche héritage, la connection football-mine se manifeste parfois encore plus charnellement, comme dans le cas du Stadium of Light de Sunderland bâti sur les galeries de Monkwearmouth Colliery (ici). Ce qui donne à des remarques du style « Danny Graham est vraiment au fond du trou » ou « Jozy Altidore va au charbon mais que dalle » une profondeur qui rendrait ce duo pied-nickelesque presque touchant.


Lampe de mineur géante et roue minière aux abords du Stadium of Light de Sunderland

D’une manière plus générale, les liens entre ballon rond et industrie sont à l’origine même du football britannique. Parallèlement aux conditions indispensables à son essor à partir des années 1860 (entre autres : harmonisation des lois du jeu, repos le samedi après-midi, développement du chemin de fer – voir dossiers TK ici et ici), pour que le football prenne véritablement son envol, il fallut qu’il soit porté par les grands acteurs de la révolution industrielle –  les capitaines d’industrie victoriens, les ouvriers, les syndicats. De fait, si on analyse la genèse du football à travers le prisme socio-économique, ce sport peut légitimement être considéré comme un pur produit des grandes conquêtes sociales de l’époque.

Des débuts du football professionnel au Royaume-Uni (1885 en Angleterre, 1893 en Ecosse) aux Seventies, des générations de jeunes mineurs chercheront coûte que coûte à devenir footballeur pro et notamment durant les années de marasme de l’entre-deux-guerres. L’extrême dangerosité et la dureté du métier poussaient ces Gueules noires à tout faire pour échapper à leurs conditions ; bouffer de la vache enragée est le meilleur des moteurs pour réussir, dit l’adage populaire, et le football représentait alors le seul « ascenseur social » pour ces jeunes-là.

Cette longue association entre football et mine a souvent été marquée par des gestes forts et/ou médiatisés, exprimés surtout pendant les grandes grèves (1912-1926-1972-1974-1984). Comme ces innombrables collectes d’argent autour des stades, ou Brian Clough [2] défilant au côté des mineurs en 1984 en appelant à la solidarité dans les médias (« Tous les supporters de football issus de la classe ouvrière devraient faire une donation au fond des mineurs »). L’historique football-mine est parsemé d’anecdotes croustillantes. Par exemple quand Jock Stein, ex mineur et le mythique manager du Celtic de 1965 à 1978, glissa un billet de 5 £ dans un seau de collecte alors qu’Alex Ferguson, qui l’accompagnait ce jour-là (et lui-même ouvrier syndicaliste des chantiers navals glasvégiens jusqu’à 23 ans), « oublia » de verser son obole… Le jeune Fergie fut alors dûment sermonné par Stein et s’empressa de s’exécuter ! Pendant la grève de 1984-85, Stein apostospha même durement les camions conduits par des « scabs » (non grévistes) chargés de transporter le charbon.


Brian Clough, vers 1994, défilant contre la fermeture de l’un des derniers puits du North Nottinghamshire

Le contexte général, côté mineurs

Le 5 mars 1984, la grève des mineurs démarre officiellement, à la suite d’une fermeture de puits dans le Yorkshire ordonnée par le gouvernement Thatcher via le National Coal Board, l’équivalent britannique des Charbonnages de France. La moitié des mineurs du Yorkshire arrête immédiatement le travail. Environ 200 000 mineurs sont concernés dans 180 sites miniers disséminés en Grande-Bretagne, même si tous ne seront pas grévistes. Officiellement, « seuls » 20 000 emplois sont menacés dans les années à venir (Thatcher dit vouloir fermer une vingtaine de puits considérés non rentables par son gouvernement – les mines étaient alors fortement subventionnées, à hauteur de 900 millions £ pour l’année 1983).

Toutefois, le seul syndicat de la branche, le puissant NUM – National Union Mineworkers –, est convaincu que l’objectif dépasse les 100 000 d’ici 1990 et qu’à court terme, l’objectif de Thatcher est de privatiser entièrement le secteur. L’avenir donnera raison au NUM (ainsi que des archives ministérielles de 1984 autorisées à la parution l’an dernier : 64 000 suppressions d’emploi étaient programmées d’ici 1987).

Mais pour l’heure, il s’agit de rassembler. Tâche délicate puisque cette grève est illégale, une majorité de mineurs adhérents y seraient opposés. Nul ne sait précisément quelle proportion, les dirigeants du NUM ayant refusé de faire voter la base. La démarche controversée et antagoniste du NUM annonce la couleur : cette grève risque d’être sanglante. Des heurts triangulaires police > mineurs grévistes > mineurs non-grévistes éclatent d’ailleurs dès les premiers jours, après que la police a profité de l’illégimité de la grève pour confisquer du matériel syndical et forcer les piquets de grève à laisser les non-grévistes travailler. Le 15 mars, un premier mineur décède, dans des circonstances tragiques. Malheureusement, ces affrontements ne sont que les trois coups qui annoncent le triste spectacle. Les tensions iront crescendo et les violences graves seront routinières.

Le contexte général, côté Thatcher

Non que tout cela perturbe terriblement Margaret Thatcher. Cette dernière a été plus habile que son prédécesseur conservateur, Edward Heath, en 1974 (les mineurs, unis, avaient fait plier les Conservateurs) et elle a tiré les enseignements des revers du passé. Euphémisme : la Dame de Fer fait de cette lutte une affaire personnelle et a le mors aux dents. Elle a même orchestré le clash, pour venger les siens : « Le dernier gouvernement Conservateur a été annihilé par les grèves des mineurs de 1972 et 1974, avait-elle confié à son ministre de l’Intérieur dès sa prise de pouvoir en 1979, et bien nous provoquerons une autre grève et nous sortirons vainqueur. »

Les mineurs jouissent alors d’une bonne image dans la société, admirative de leur immense courage. Thatcher a jaugé la robustesse de leur capital sympathie et sait qu’elle ne peut pas foncer tête baissée. D’autant plus qu’elle a déjà essuyé une avanie, en 1981, quand elle dut annuler un programme de fermetures de puits sous la pression du NUM. Mais elle sait aussi que les temps changent et que le zeitgeist joue en sa faveur.

Autant le Royaume-Uni avait émergé des Seventies sur les rotules (chienlit généralisée, inflation et taxation records, etc.), autant il donne l’impression d’avoir démarré les Eighties la confiance en bandoulière, même si certains indicateurs économiques ont viré au rouge vif (e.g le nombre de sans-emplois qui a doublé depuis 1979, dépassant les 3 millions en 1982). Le contraste avec la décennie passée est saisissant, notamment dans les mentalités.
L’époque est désormais au capitalisme décomplexé, ostentatoire. L’argent n’est plus sale et les devises provocantes des Yuppies, ces nouveaux démiurges de la pensée ultra-libérale, telle If you’ve got it, flaunt it » (allez-y, exhibez ce que vous possédez), s’imposeront comme les slogans tendances des Eighties. Quand la France marche au « Touche pas à mon pote », le Royaume-Uni carbure au “Greed is good” (la cupidité, c’est bien). La société britannique est en pleine mutation – la middle-class émascule progressivement la classe ouvrière – et Thatcher compte bien exploiter sa cote de popularité au zénith pour mater toute rébellion en s’octroyant le beau rôle.

Son objectif ultime va bien au-delà d’un simple combat personnel anti-mineurs : il faut envoyer un message fort aux syndicats, très militants, réduire leur influence et avoir ainsi les coudées franches pour réformer des pans entiers du droit du travail, à commencer par la législation sur les modalités et préavis de grève. In fine, il s’agit de mener à bien, le plus en douceur possible, le programme de démantèlement et privatisations-dérégulations des secteurs publics et entreprises d’état – British Gas, British Rail, British Telecom, etc. (les mines et tout le secteur de l’énergie avaient été nationalisés au sortir de la Seconde Guerre mondiale par le gouvernement travailliste de Clement Attlee et sont considérés par les Conservateurs comme des bastions gauchisants – « Je détestais ces programmes collectivistes de nationalisation de l’après-guerre. Il fallait redonner la liberté aux citoyens », fulminera Thatcher plus tard).

De l’art du conflit

La cuisante défaite des Travaillistes aux General Elections de juin 1983 (meilleurs résultats des Conservateurs depuis 1959) avait annoncé de fortes turbulences sociales et une radicalisation de certains secteurs. Du coup, Thatcher a anticipé : elle a fait stocker des réserves de charbon équivalentes à cinq mois de consommation, a demandé aux centrales thermiques de se tenir prêtes à utiliser des combustibles fossiles autres que le charbon (gaz, fioul, huiles) et a fait embaucher des routiers non syndiqués pour le transport entre dépôts. L’armée de terre est même en stand-by, au cas où. C’est la face visible de l’avant-combat.

En coulisses, Thatcher fourbit ses armes. Elle réunit régulièrement son état-major pour aiguiser au mieux sa deuxième lame, celle de la division. Elle sait que le moyen le plus efficace pour fragmenter ce bloc pour de bon est d’appliquer énergiquement la recette éprouvée du “Divide and rule”. Telle sera sa feuille de route, dresser les uns contre les autres. Thatcher a donc échaffaudé une série de stratagèmes visant à morceler le mouvement et le faire imploser de l’intérieur ; les négociations se feront puits par puits, les propositions de reclassement seront sélectives, les promesses faites à certains groupes ou puits seulement. Avec dans son arsenal clivant, quelques mesures particulièrement mesquines, des coups bas « ad hominen » lui reprocheront certains, telle la réduction des aides sociales aux familles grévistes.

La fille d’épicier réservera aux syndicalistes, et par extension à tous les mineurs grévistes, le même surnom qu’elle donnera aux hooligans : the enemy within, l’ennemi de l’intérieur.


A. Scargill s’amuse du masque porté par une manifestante

C’est loin d’être la première grève des mineurs mais celle-ci s’annonce particulièrement longue et âpre. Elle le sera : 362 jours, 11 morts, 20 000 blessés, 11 500 arrestations, 8 500 grévistes assignés en justice. Et au-delà des chiffres, des communautés entières décimées.
A la tête du mouvement, Arthur Scargill, l’ennemi juré de Thatcher, un syndicaliste marxiste jusqu’au-boutiste et président du NUM qui dirigera les opérations et organisera la résistance depuis son fief de Barnsley (20 kilomètres au nord de Sheffield), gros bassin minier et épicentre de la lutte.

C’est dans ce contexte bien particulier, « toxique » dirait-on aujourd’hui, que se déroulent les évènements ci-dessous.

Easington : 10 000 habitants, 2 700 mineurs de fond

Printemps 1984, Easington & Easington Colliery, East Durham, 30 kilomètres au sud-est de Newcastle et 15 de Sunderland, l’un des bassins houillers alors parmi les plus productifs au monde. On appelle ces vastes zones des coalfields, littéralement « champs de charbon ». Les deux Easington forment une petite ville d’à peine 10 000 habitants où la plupart des hommes sont employés dans l’activité minière. On extrait tellement de charbon dans toute la région depuis le XVIIè siècle que la langue anglaise s’est dotée de l’expression suivante : To carry/take coals to Newcastle, approximativement « vendre de la glace aux Esquimaux ». Au sortir de la Grande Guerre, 275 000 hommes trimaient dans les mines autour de Newcastle, un actif sur trois et un quart du total britannique sur ce secteur.

Le North East (2 600 000 habitants) dut sa croissance spectaculaire au XIXè siècle à l’exploitation et l’exportation du charbon, directement ou indirectement. Ce minerai fut l’un des principaux symboles et vecteurs de développement de la révolution industrielle.
C’est grâce au charbon par exemple que les premières
locomotives au monde furent exploitées commercialement au sud de Newcastle, au départ purement pour des raisons pratiques d’acheminement du charbon (le rendement exponentiel des mines, étroitement liés aux besoins gargantuesques générés par l’industrialisation effrénée, exigeait des moyens autres que quelques chevaux tirant des wagonnets). Toute la richesse de la région découle de l’activité minière. Cette prospérité favorisera grandement l’essor de la construction navale (transport du charbon) et de l’industrie lourde. Elle permettra aussi à de géniaux inventeurs locaux d’émerger, tels George Stephenson (considéré comme l’inventeur du chemin de fer moderne), Joseph Swan (pionnier de l’électricité) ou l’ingénieur et industriel George Armstrong (hydroélectricité).

Malgré sa faible population, le canton d’Easington est aussi un mini hotbed du football, l’une de ces mini places fortes qui transpire le ballon par tous les pores. L’international anglais Adam Johnson (Sunderland) y a grandi ainsi que Paul Kitson (ex Leicester, Newcastle, Derby, West Ham), Alan Tate (ex Swansea), Kevin Scott (ex Newcastle) et Steve Harper, gardien de Newcastle de 1993 à 2013 ; le père d’Harper était mineur de fond et son oncle, Barry Harper, est une figure locale, arbitre et dirigeant de club (nous le retrouverons dans la seconde partie). Le film Billy Elliott a été tourné ici même [3].

Une communauté, deux ennemis

Comme un peu partout ailleurs pendant la grève, la communauté minière d’Easington (Easington Colliery) est divisée en deux groupes distincts : les grévistes et les « scabs », les jaunes. Comme partout ailleurs, les jaunes y sont haïs. Ils doivent se rendre à la mine escortés et franchir les piquets de grève en bus grillagé, sous la protection de la police. Le scab est bien plus qu’un jaune : c’est l’ennemi, le traître, le suppôt de Thatcher. On tague scab en gros sur les murs de sa maison, on vandalise sa voiture et insulte sa famille. A l’école,

A suivre.

Kevin Quigagne.

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[1] Principalement le South Yorkshire (Sheffield-Barnsley-Rotherham-Doncaster), le North East (Newcastle-Sunderland-Durham), le sud du Pays de Galles (Cardiff-Swansea-Newport), la ceinture centrale des Lowlands écossais (Ayshire-Midlothian-Lanarkshire) et le centre de l’Angleterre (Staffordshire-Derbyshire-Nottinghamshire).

[2] Brian Clough était un socialiste convaincu (au moins « de coeur » comme il disait*) qui, au cours de la grève de 1984-85, n’hésita pas à rendre visite plusieurs fois à des piquets de grève postés devant les mines. Un matin pendant la grève de 1972, il fit même conduire ses joueurs de Derby County (qui sera champion d’Angleterre deux mois plus tard) devant un puits et les força à se joindre aux piquets à l’entrée de la mine en leur disant : « Les gars, restez ici et discutez avec ces mineurs, vous verrez comme ils en bavent. Je veux que vous compreniez la chance que vous avez par rapport à ces gars qui doivent descendre dans les entrailles de la terre pour gagner leur croûte. Je vous laisse et quand je l’aurai jugé nécessaire, je demanderai au bus de venir vous chercher. » Et il était remonté dans l’autocar qui avait filé… Les joueurs s’étaient mêlés aux mineurs une bonne partie de la journée. Peu après, Clough avait fait envoyer aux grévistes une trentaine de billets d’un match de Derby County.

[*« Pour moi, le socialisme vient surtout du coeur. Je ne vois pas pourquoi seule une partie de la société pourrait boire du Champagne et habiter de belles propriétés. » De fait, Clough entretint avec l’argent une relation complexe et ambivalente]

[3] Billy Elliott, the Musical a été créé à Londres et diffusé live sur écrans (cinémas, salles de spectacles) à travers le Royaume-Uni il y a six mois. Elton John, qui a composé la musique, a subventionné le prix des billets dans la région d’Easington (fixés à 1 £) pour permettre au plus grand nombre de voir le show.

Ils ont été tournés ailleurs mais citons-les puisqu’ils ont la mine pour thème central : Pride (bande-annonce) et le sublime Brassed off (bande-annonce), un chef d’oeuvre du cinéma social tourné entre Barnsley et Doncaster (South Yorkshire).

Quand la branche routarde du foot français se la péte avec Xavier Gravelaine et ses 16 clubs, son homologue anglaise se marre : outre-Manche, on a produit des wagons de joueurs qui feraient presque passer l’ancien Hornet pour un sédentaire. Vive le nomadisme.

L’anglais a un terme pour désigner un footballeur-voyageur : un journeyman [1]. Les joueurs à plus de 15 clubs en Angleterre sont légion, surtout en Football League (D2 à D4) où les prêts sont monnaie courante et les contrats souvent courts et précaires, surtout en D3-D4. Au cours de la saison 2012-13, on a enregistré presque 3 200 mouvements de joueurs parmi les 72 clubs de Football League ! (en comptant les prolongations de contrat).

Le gros problème d’un article sur ce sujet et que si l’on s’attarde un minimum sur la carrière de chacun des intéressés, le lecteur devra poser une RTT pour tout ingurgiter. Car ça envoie du pâté, ou plutôt du corned beef en ration XXL : les 18 joueurs sélectionnés ci-dessous cumulent 366 clubs. Yep, 366 (pour la liste, cliquez sur leur nom).

Contraint et forcé, j’ai donc dû me contenter de vous livrer l’essentiel sur ces phénomènes qui se sont forgés des carrières improbables, chacun dans un style bien à lui. Mais rassurez-vous, ça tartine quand même car, forcément, avec de tels personnages aux parcours chaotiques, les croustillades ne manquent pas. Ces hyperactifs sont souvent de grands originaux…

Allez zou, on the road.

[Nb : 1) le terme Football League dans cet article peut aussi englober la D1 s’il s’agit de la période pré-Premier League (avant 1992) puisque la FL regroupait alors D1 à D4. La Football League depuis le big bang de 1992 = D2 à D4. Voir dossier TK. 2) Non-League = les échelons inférieurs à la Football League, donc D5 et au-delà. Depuis une dizaine d’années, la D5 s’est largement professionnalisée. Environ deux tiers de ses clubs sont aujourd’hui entièrement pros – surtout ceux soutenus par des propriétaires aisés et les anciens de Football League, grosses affluences – et le tiers restant compte une majorité de pros dans l’effectif de base ou est semi-pro].

# 1. John Burridge – 29 clubs

Burridge, c’est une invraisemblable carrière qui s’étira de 1969 à 1997 dans 29 clubs (dont 20 de Football League anglaise et écossaise, un record) et qui fait de cet ancien portier d’Aston Villa le taulier british de l’écumage. Un personnage fantasque qui incarne à merveille l’image azimutée qui sied à ce poste à part ; You don’t have to be mad to be a goalkeeper but it helps, disent les Anglais.


Ce grand excentrique faisait aussi des saltos (sans doute pionnier en la matière). Il s’assit un jour sur la barre en plein match !

Connu en Angleterre pour être un original d’une grande honnêteté ou modestie, c’est selon (« A la vérité, je n’étais pas très bon » a-t-il parfois lâché), Burridge a raconté son parcours dans une fascinante autobiographie sortie en 2013. Budgie est le plus vieux pro à avoir gardé des cages de Premier League, à 43 ans passés avec Man City en mai 1995, et si on l’avait laissé il n’aurait jamais raccroché. Jamais. Et cette fameuse petite mort souvent évoquée par les anciens champions prit une résonance presque fatale pour lui. Ce monomaniaque qui aimait dormir avec la tenue complète en guise de pyjama – gants, short, maillot et ballon collé à l’oreiller – vécut si douloureusement l’après-football qu’il échoua à la Priory Clinic fin 1997, célèbre établissement psy londonien, où il resta cinq mois. Extrait-résumé tiré de son autobio :

« J’ai ressenti comme un vide énorme en arrêtant le foot pro, l’adrénaline de la compétition me manquait terriblement. Il m’arrivait de m’enfermer dans ma chambre des jours durant et pleurer. Je ne me rasais plus, je ne me lavais plus, je ne ressemblais plus à rien. Je suis devenu suicidaire. Ce sont ma femme et Kevin Keegan* qui m’ont sauvé. Je rejetais toute idée de soins alors ils ont employé les grands moyens : ils m’ont fait interner de force en unité psychiatrique. Ce fut violent. Un jour, une équipe médicale est venue me chercher chez moi et comme je refusais de sortir de ma chambre, trois gaillards ont défoncé la porte et m’ont maîtrisé. Je me suis débattu vigoureusement mais ils ont réussi à me planter planté une aiguille dans le cul et ça m’a endormi. Quand je me suis reveillé, j’étais au Priory.

Et là, gros choc : au premier étage, y’avait les dépressifs. Au deuxième, les alcooliques et au troisième, les adolescentes toxicos. On aurait dit des zombies pour certains. Tous se trouvaient dans des situations bien pires que la mienne, comme cette femme qui venait de perdre son mari et ses deux enfants dans un accident routier. Alors, mes petits problèmes de footballeur qui vivait mal sa retraite sportive m’ont paru soudain bien minables à côté des leurs. Tout ça m’a ouvert les yeux et fait relativiser. Cela dit, je savais qu’à ma sortie il me serait trop pénible d’aller voir de la Premier League sans pleurer alors j’ai décidé de quitter le pays pour me débarrasser de cette frustration. »

Budgie va beaucoup mieux aujourd’hui et a travaillé dans le Golfe Persique comme entraîneur de gardien et consultant TV ces dix dernières années. A notamment découvert, à Oman, le gardien Ali Al-Habsi (Bolton, Wigan) qu’il persuada de tenter sa chance en Angleterre.

[*Les deux hommes s’étaient connus en 1993 quand Keegan, alors manager de Newcastle, recruta Burridge (supporter Magpie depuis l’enfance) comme préparateur spécifique et troisième gardien à l’occasion (0 match, 3 fois remplaçant). Quatre ans plus tard, Burridge retourna à NUFC comme entraîneur à temps partiel des gardiens, tout en étant entraîneur-joueur à Blyth Spartans, club de non-League du coin. NUFC régla la facture du Priory].

# 2. Frank Worthington – 24 clubs

Ah, « Worthy », un autre grand fada du foot anglais… Inconnu en France et même relativement méconnu outre-Manche – surtout chez les jeunes, incultes les djeuns d’aujourd’hui. Et c’est déplorable. Il me fallait donc réparer cette scandaleuse lacune car cet attaquant, culte chez les quinquas +, mérite un focus francophone, tant pour ses prouesses que son lifestyle à la George Best, auquel il piquait les nanas, et inversement. Alors Padawans épicuriens de tous pays et quadras hipstérisants accrochés à votre lointaine jeunesse dissolue, lisez attentivement ce qui suit : je vous ai peut-être trouvés votre nouvel Héros.


Si t’aimais Adamo ou Engelbert Humperdinck, t’étais foutu : lors des déplacements, le DJ du bus c’était Worthington et le King squattait les hauts-parleurs. Un jour, lors d’une tournée en Allemagne avec Bolton, le manager des Trotters en eut tellement assez après 9 heures d’Elvis non-stop qu’il balança les cassettes par la fenêtre. Les deux hommes restèrent brouillés toute une semaine.

Après avoir largement contribué à la montée en D1 d’Huddersfield Town en 1970, la cote du surdoué Worthington flamba. A 23 ans, l’été 1972, le Liverpool de Bill Shankly le recruta pour 150 000 £, record du club (photo ci-dessous).

Par deux fois, Worthington fut recalé pour hypertension à sa visite médicale à Liverpool. Raison probable : il baisait trop. Comme motif de recalage, ça déchire un peu plus qu’un gros orteil en souffrance ou une dentition suspecte.

Problème : cet inconditionnel d’Elvis rata sa visite médicale pour cause de forte tension artérielle. Par deux fois. Non que Frankie ait souffert d’hypertension ou d’une anomalie cardiaque quelconque mais, conclurent les toubibs, sa vie débridée menée à toute zingue au volant de ses bolides (pas toujours sobre – retraits de permis, accidents) et son activité sexuelle démentielle, le mettaient dans des états pas possibles. A son tableau de chasse : Miss Grande-Bretagne et Miss Barbade, entre autres reines de beauté (et à l’époque, y’avait pas de Madame de Fontenay hein, une Miss, ça couchait). Certains tabloïds en chaleur attribuèrent son échec à un combo hypersexualité-MST. Loin de démentir, Worthington s’en amusera. Tout en monnayant grassement ces potins lubriques via des « exclusives ».

Dépité mais têtu, Shankly insista. Il voulait Worthington et lui recommanda le repos total pendant deux semaines avant de retenter le coup. Bah, après quinze jours de lecture-jardinage-Scrabble ça devrait le faire, raisonna Shankly.

Sauf que l’époque footeuse était au fun insouciant et à la jouissance débridée. Alors au lieu de rester sagement chez lui à contempler ses roses, Worthy partit teufer à Majorque entouré de potes soiffards et touristes peu farouches (anecdote sympa d’une petite triangulaire avec deux Suédoises, racontée dans son autobio One Hump or Two? Titre en référence à un petit déjeuner coquin avec deux autres Suédoises, mère et fille ; les anglicistes apprécieront le calembour, les autres regretteront d’avoir somnolé près du radiateur).

Au retour de sa « cure de repos » majorquine, notre serial queutard faillit faire exploser le tensiomètre. Quand Liverpool lâcha finalement le morceau, Leicester City sauta sur l’occasion. Et bingo : le chaud-lapin leur claquera 72 pions en 210 matchs. Pas dégueu pour un gus qui jouait souvent la gueule enfarinée et se tapait les femmes de chambre lors des mises au vert d’avant-match, jusqu’à quelques heures du coup d’envoi. Et sans embrouilles lui.

Worthington, ce n’est pas qu’un style nourri et forgé dans la glorieuse tradition sex, drugs & rock ‘n’ roll du foot britannique, qu’il se chargea d’alimenter copieusement. C’est aussi une longévité et des stats canons malgré les excès : 236 buts – dont 150 en D1 – en 757 matchs de Football League (record pour un attaquant), dont 22 saisons consécutives en FL. Et une sacrée technique, comme sur ce but d’anthologie où même l’arbitre applaudit ! (à 15 secondes).

Et pourtant, seulement huit capes en équipe d’Angleterre… Total misérable au vu de son immense classe. Manque de bol pour Frankie, alors qu’il cartonnait à Leicester (38 buts D1 sur les deux saisons 1973-75) et avait impressionné avec la sélection nationale de l’intérimaire Joe Mercer (l’ex architecte, avec Malcolm Allison, du football chatoyant du Man City de la fin des Sixties), le rigide Don Revie remplaça Mercer à la tête des Trois Lions en juillet 1974. Son sort était scellé. L’ex sorcier des Whites ne goûtait guère les artistes rebelles dans son genre et ne le convoqua qu’à deux reprises, au tout début de son règne fade. Sa réputation de cintré ingérable continua d’effrayer les dirigeants et sélectionneurs du foot anglais, tel Ron Greenwood, le frileux patron des Three Lions de 1977 à 82. Même sa superbe saison 1978-79, meilleur buteur de D1 avec Bolton (24 buts), laissa Greenwood de marbre, et ce malgré les échecs successifs de l’Angleterre.

Après un mariage houleux, avec une Suédoise bien sûr, suivi logiquement d’un divorce acrimonieux, Worthy se remaria à une ex Page Three girl du Sun. Evidemment. Sévit aujourd’hui sur le lucratif circuit de l’after-dinner speech où ses anecdotes salaces passent impeccablement entre la poire et le Stilton.

# 3. Trevor Benjamin – 31 clubs

Depuis peu retraité, « Benji » est la star britannique incontestée et le recordman des journeymen joueurs de champ. Un temps Espoir anglais, avec John Terry, Joe Cole et Jermain Defoe pour coéquipiers (mais aussi David Prutton et Francis Jeffers… Comme quoi la routourne tourne, vite parfois).

En 2000, Leicester (Premier League) l’acheta à Cambridge United (D3) pour 1,3m £ – toujours le transfert record de l’histoire des U’s. Il formera avec Ade Akinbiyi, # 4, un duo aussi mythique que mutique : une petite quinzaine de buts en plus de quatre-vingt matchs à eux deux. Prêté huit fois pendant son quinquennat chez les Foxes, il partit ensuite pour un interminable trek dans les divisions inférieures, pros et semi-pros.

Benjamin, c’est un genre particulier de journeyman, celui du « voyageur casanier », l’anti Pfannenstiel par excellence : avant sa retraite professionnelle en 2009, quasiment tous les clubs de cet ex international jamaïcain se concentraient dans un rayon de 150 kms autour d’Oxford.
Après un aller-retour express en Australie en 2010 dans un obscur club provincial, il s’établit dans le North East (Newcastle) avec sa famille, à l’âge de 31 ans, non sans un énième détour par le Norfolk, à 500 kms de là. Tout là-haut, il enfila la tunique de minots de D8 ou D9, pour à peine 1 000 £/mois, plus quand il managea aussi l’équipe. « J’y suis surtout allé pour l’expérience et me maintenir en condition, a-t-il expliqué dans les médias régionaux, j’ai toujours aimé les expériences nouvelles et être entraîneur-joueur procure cette sensation de nouveauté. »

Personnage attachant, il entraîne désormais l’équipe féminine de Newcastle United et soutient activement plusieurs assos antiracistes et oeuvres caritatives locales.

# 4. Ade Akinbiyi – 15 clubs

Associé à Trevor Benjamin au tout début des années 2000 à Leicester City et recruté de Wolves pour 5,5m £, le monocapé des Super Eagles était censé remplacer Emile Heskey, parti au Liverpool de Gérard Houllier pour le double. Son tandem avec Akinbiyi fera pschitt (voir # 3) et il sera rapidement surnommé « Akinbadbuyi », la mauvaise affaire.

Parmi les souvenirs mémorables, un grandiose moment de télévision repassé en boucle par Match Of The Day et Sky : quand Akinbiyi inscrivit son premier but de la saison le 3 novembre 2001 contre Sunderland. Une célébration de but explosive à la mesure de la délivrance, intense (photos ci-dessus et clip). Las, ce fut son dernier pion à Filbert Street. Trois mois plus tard, direction Crystal Palace, abandonnant Leicester à une inéluctable descente en D2. Hormis une réapparition en D1 à Sheffield United d’août 2006 à janvier 2007, on ne le revit plus parmi l’élite après Leicester.

# 5. Leon Knight – 16 clubs

Cousin de l’ex international anglais Zat Knight, ce touriste a déjà figuré plusieurs fois dans Teenage Kicks pour ses frasques badass qui lui valurent le surnom de « Neon Light ».

Tout commença pourtant idéalement pour ce roi de la nuit, à Chelsea, où Gianfranco Zola le prit sous son ailette. Knight intégra même les U20 anglais, furtivement cela va sans dire. Mais l’Italien n’étant pas trop calé en night-clubs ou en bagouzes bling bling et ayant la street cred d’un clochard des Pouilles, comme aurait balancé Pat Evra, leur amitié fit long feu.

Malgré des qualités évidentes (32 buts/106 matchs en D2 à Brighton, et 19/25 en D3 à Swansea), le p’tit teigneux ne perça jamais durablement, la faute à une hygiène de vie douteuse et de gros, gros problèmes d’attitude. A Brighton, un jour de janvier 2006, en route pour Southampton, il gonfla tellement le manager, Mark McGhee, que ce dernier l’éjecta manu militari du bus en pleine forêt par un froid glacial (j’avais raconté cet épisode en 2011, ici). Quatre jours plus tard, il sera transféré à Swansea, d’où il se fera éjecter neuf mois après, non sans avoir récolté l’équivalent de 5 mois de salaire en amendes !

L’explosion des réseaux sociaux provoquera chez notre caillera des cyber-orgasmes mais sonna surtout le glas de ses vagues espoirs de réhabilitation. Le self-control n’étant pas son fort, il y apparut souvent surexcité et éparpilla ses dernières miettes de respectabilité sur Twitter et Facebook, ou même directement dans des forums de supporters à régler ses comptes.

Devenu footballeur non grata en Angleterre et forcé à l’exil, il partit se faire voir chez les Grecs, puis chez les Ecossais, pour finir en D1 nord-irlandaise, tout en vivant la vida loca à Londres la semaine. Protégé par ses bonnes perfs et son statut de mégastar chez les minots d’Ulster, Knight ne mit pas longtemps à choper le boulard et, fatalement, à repartir en sucette. Viré de Coleraine pour « continual breach of contract », il continua son errance rebelle à Glentoran avant de se faire serrer par la patrouille pour cet énième dérapage d’un goût douteux.

Quand le bouquet final arriva, il ne déçut pas : notre Leon s’était improvisé pornographe, sans l’avis des intéressées, après avoir pourri Danielle Lloyd, l’ex über-Wag de l’ancien milieu Spur Jamie O’Hara (elle a dû le laisser sur les rotules, le pauvre galère désormais chez ces clowns de Blackpool – bientôt D3). Lloyd étant à la Wagitude ce que la gare de Perpignan est aux cheminots d’obédience dalíenne, à savoir le centre de l’univers, l‘affaire fit grand foin et dépassa largement le cadre Wago-ferroviaire.

Définitivement grillé sur tout le réseau après ce grandiose feu d’artifice nord-irlandais, l’irrépressible Knight a dû arrêter les frais l’été dernier, à 31 ans, après une dernière pigette en D9 du côté de Manchester. Son site Internet est mort depuis six mois et son nouveau compte Twitter, en sommeil, s’accompagne de ce profil aux allures d’épitaphe : Retired footballer. Once played for Chelsea in the UEFA cup. Une conclusion bien tristounette au regard de sa carrière si fertile en pitresqueries de toutes sortes.

# 6. Steve Claridge – 21 clubs

Claridge, c’est du lourd, du giga : 21 clubs en 25 ans de carrière (dont 22 en pro), plus de 300 buts en 1 017 matchs dans toutes les divisions professionnelles (et quelques semi-pros sur la fin).

Lui aussi connut son heure de gloire à Leicester City, véritable base arrière des journeymen anglais de la génération précédente. Peu après son arrivée, Claridge y claqua le but victorieux de la finale des play-offs de D2, à la dernière minute, celui qui fit monter Leicester en Premier League (alors Premiership) et révéla Neil Lennon et Emile Heskey. Autre temps fort chez les Foxes : ses 12 réalisations la saison suivante en championnat. Mais surtout le genre de fait d’armes qui vous propulse instantanément cult hero de club : il inscrivit le seul but du replay de la finale de League Cup 1997 contre Middlesbrough, en prolongations. Les supps Foxes chantaient encore “Super Stevie Claridge” devant Wembley deux heures après la fin du match.

Ce passage qui dura une éternité, deux saisons, arriva malheureusement un peu tard (la trentaine passée) pour le natif de Portsmouth et fut suivi d’un zigzag en profondeur à travers la Football League.

Dans le zig, quelques piges express : 2 jours à Crystal Palace avant d’être transféré à Aldershot ; à Millwall, il signa pour deux ans mais resta un mois – zéro match. Dans le zag, des moments virils. A Cambridge United par exemple où, remplacé après seulement 12 minutes de jeu contre Ipswich en mars 1992, Claridge se frita avec son manager, John Beck, et son adjoint dans les vestiaires à la mi-temps. Baston générale. La raison : il ne supportait plus le kick and rush forcené prôné par Beck et ce dernier l’addiction au jeu de Claridge, accro aux bookmakers. Le board soutint Beck, qui avait fait monter les U’s consécutivement de D4 à D2 et fonçait vers la Premier League. Sanction immédiate pour Claridge : transféré à Luton dans la semaine en compagnie d’une autre forte tête, John Taylor, refourgué à Bristol Rovers. Cambridge, alors 2è du championnat, venait de se tirer une belle bastos dans le pied vu que Claridge et Taylor étaient les cracks du club – avec Dion Dublin. Bilan des courses : les U’s ratèrent la montée de peu en PL en mai 1992. A l’intersaison, Luton, fauché, revendit Claridge à… Cambridge. Mais pas de clash avec Beck cette fois, le manager sera rapidement limogé après un mauvais début de saison. Trois ans plus tard, ils étaient redescendus en D4, puis en D5 où il végéteraient neuf longues saisons.

Paradoxalement, c’est à John Beck et ses méthodes que Claridge attribue sa longévité, comme il l’expliquait en 2009 dans le magazine FourFourTwo : « Niveau suivi alimentaire et préparation physique, Beck était fort. Si j’ai pu jouer aussi longtemps, c’est beaucoup grâce à lui. »

Claridge se lança ensuite dans le management, sans succès. Qu’à cela ne tienne, à 39 ans, il rechaussa les crampons et repartit fouler les terrains pros et semi-pros pendant encore sept saisons. Sévit aujourd’hui sur la BBC TV & Radio, notamment comme consultant au Football League Show.

# 7. Fred Eyre – 20 clubs

Peut-être le plus original des journeymen du foot british : en vingt ans de vadrouille débutée à Manchester City, cet ex latéral-ailier a changé vingt fois de crémerie, la plupart de non-League, souvent comme entraîneur-joueur.

Mais sa singularité est ailleurs : Eyre n’a disputé qu’un seul match officiel en six saisons professionnelles !  (« J’étais souvent blessé ou envoyé en réserve, a-t-il expliqué, et bon, je ne jouais pas super bien non plus. »).

Après une carrière pro pas trop fatiguante sur laquelle n’aurait pas craché Winston Bogarde, Eyre resta dans le football (manager-adjoint, scout) et les médias foot tout en montant une petite chaîne de papeteries et une boîte de fournitures pour entreprises. Reconversion réussie puisqu’il fit fortune (la Rolls Royce sur la jaquette, c’est la sienne).

Lui aussi est très actif sur le circuit de l’after speech dinner depuis 1978 et commente sur BBC Manchester. Il a raconté son parcours atypique dans l’amusante autobio Kicked into touch, sortie en 1981, rééditée en 1991 et ressortie en Kindle récemment. Avec une telle carrière (29 managers, 82 entraîneurs), les tranches de rigolade ne manquent pas, comme dans ce petit club amateur où il eut un manager… totalement bègue. Bonjour les causeries d’avant-match et les instructions du bord de touche ! « De loin le livre sur le football le plus drôle que j’ai lu », écrit le critique de l’Observer. Et un énorme succès de librairie : selon l’éditeur, le livre s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires (39 réimpressions !).

# 8. Richard Pacquette – 23 clubs

Attaquant de non-League de 32 ans qui commença sa bourlingue en Football league. Vu qu’il nous case en moyenne deux clubs par an, cet international dominiquais peut raisonnablement viser les 30 d’ici sa retraite sportive.

Alors qu’il évoluait à Havant & Waterlooville en D6, il connut son quart d’heure warholien, littéralement, lors d’un 16è de FA Cup contre Liverpool en janvier 2008. A la 8è minute, il scotcha tout Anfield en donnant l’avantage aux minots. Puis 1-1 et rebelote six minutes plus tard, 1-2 (csc)… En même temps, c’était Charles Itandje dans les buts hein.

Même si les Reds l’emportèrent 5-2, cette perf est régulièrement rediffusée dans les émissions vintage sur les giant-killers, les tombeurs de gros. Aussi pour ces deux images fortes : le maillot des joueurs Hawks, avec la mention “Probably” au lieu du sponsor (cocasse histoire expliquée ici) et le Kop debout, avec les 6 000 supps Hawks, chantant “Havant, Havant” longtemps après le coup de sifflet final.

# 9. Keith Alexander – 23 clubs

Décédé en 2010 à l’âge de 53 ans juste après un match alors qu’il manageait Macclesfield Town (D4), cet attaquant a porté la tunique de 23 clubs dont la moitié en non-League.

Connut les joies du football pro à temps plein sur le tard, à 31 ans, en atteignant la Football League. Et il ne déçut pas : 26 buts en deux saisons avec Grimsby Town (D4), preuve que ce late developer avait sans doute les qualités pour réussir à un niveau supérieur. Devint ensuite entraîneur-joueur et directeur sportif.

A été le premier Noir à manager à temps plein en Football League, en 1993 à Lincoln City, D4 (Tony Collins l’avait précédé de trente-trois ans mais d’abord en tant qu’entraîneur-joueur – un an – puis entraîneur. Portraits de ces deux pionniers à venir dans le cadre de la série TK sur le football noir britannique débutée en novembre dernier).

# 10. Rohan Ricketts – 16 clubs

Fameux globe-trotter du foot anglais âgé de 31 ans. Eut droit à sa ration de hype au début des Noughties à Tottenham où les allumeurs d’enflammades professionnels le voyaient intégrer l’équipe d’Angleterre. Les spotlights définitivement éteints, il prit son sac à dos et sa pile de Lonely Planet : 11 pays visités en 7 ans.

A déclaré dans FourFourTwo et sur Talksport fin 2010 (ici, à 1’20) qu’il recherchait surtout à travers ses pérégrinations « un club qui pratique un beau football, un football de puriste » et que « si c’était pour jouer en D3 ou D4 anglaise, ça ne l’intéressait pas ».

Depuis ces déclas amusantes, on l’a vu passer en coup de vent en D3 anglaise, D4 allemande, Moldavie, Irlande, Inde, Equateur et Thaïlande. Poursuit sa flânerie à Hong-Kong où il vient de débarquer. Que du foot de puriste donc.

# 11. Marcus Bent – 15 clubs

Dont 8 de Premier League : Crystal Palace, Blackburn, Ipswich, Leicester, Everton, Charlton, Wigan and Wolves. Googlez pas, c’est un record. A surtout flambé à Ipswich et dans les tabloïds pour sa collection de Wags. Et avant que vous ne me demandiez dans les commentaires, oui, Danielle Lloyd était dans le lot (silly question).


Terminus Indonésie pour M. Bent, en 2012.

Remplaçants :

# 12. Dave Beasant – 13 clubs

Certes, Beasant fait figure de pantouflard avec « seulement » 13 clubs mais impossible d’omettre l’emblématique gardien du Wimbledon FC de la grande époque Crazy Gang, première mouture (années 1980), acheté 100 £ à un club amateur ! Déroula la suite de sa carrière chez quelques grands du football anglais (Chelsea, Wolves, Forest) et aussi des petits (Grimsby, Newcastle).

# 13. Guy Branston – 19 clubs

Défenseur central qui a longtemps ferraillé dans les lower leagues (divisions pros inférieures). A roulé sa bosse en disséminant généreusement sa gnaque (18 cartons rouges !) et son savoir-faire aux quatre coins du pays, tel un Compagnon du Devoir du ballon rond. Sa relative lenteur et sa technique limitée l’ont privé d’une carrière plus mémorable. A raccroché l’an dernier, à 36 ans, après des problèmes de cheville. La bonne tête de pitbull ci-dessous, c’est lui.

# 14. Jefferson Louis – 29 clubs

Il ne doit pas rester beaucoup de régions anglaises où le Londonien de 36 ans (et accessoirement cousin de R. Pacquette, # 8) n’a pas posé ses crampons. La highlight (télévisuelle) de l’incroyable odyssée de ce supp Gunner ? Danser à poil devant les caméras de la BBC en décembre 2002 après avoir tiré Arsenal en FA Cup.

# 15. Drewe Broughton – 21 clubs

Attaquant (retraité) qui s’est bâti une honnête carrière dans les tréfonds de la Football League, surtout D4, et en non-League sur la fin. Causa un certain émoi il y a quatre ans en s’alignant pour l’AFC Wimbledon… après un passage aux MK Dons. Mais vu qu’il avait crapahuté dans la moitié des habituels pensionnaires des bas étages et qu’un bug était donc probable, on lui pardonna cet écart.

# 16. Leon Clarke – 18 clubs

Attaquant de 30 ans et l’un des grands footeux-baroudeurs en activité. Prêté le mois dernier à Wigan Athletic en D2, sa 18è paroisse. Starifié étant jeune et plusieurs fois invité des rubriques légèrement kiss of death du magazine FourFourTwo, tel One to watch et The Boy’s a bit special (aujourd’hui disparues, trop poissardes). Malgré une belle pointe de vitesse et de grosses qualités athlétiques, il ne confirma jamais son potentiel. Souvent considéré comme un impact player très inconstant, l’archétype du journeyman qui peut flamber sur une courte période, comme à Coventry, D3 il y a deux ans (23 buts/35 matchs) mais aussi se vautrer inexplicablement dans la foulée, comme dans son club formateur de Wolves la saison dernière.

# 17. Jamie Cureton – 14 clubs

Presque 40 ans et toujours prolifique : 10 buts cette saison à Dagenham & Redbridge (D4). L’increvable goal poacher a renardé dans toutes les divisions de League Football (PL + Football League). Déjà succinctement présenté dans les preview D4 de TK en 2013 et 2014. Aimerait atteindre les 300 buts avant de raccrocher, dans deux ans espère-t-il.

# 18. Jason Lee – 19 clubs

Ex attaquant de Nottingham Forest dans les Nineties, brièvement starifié (forcément brièvement, vous avez dû remarquer comme tout est super éphémère dans cet article). Surtout connu en Angleterre pour avoir raté sa carrière à cause… de sa coupe de cheveux.

On aurait pu doubler cette liste de 18 (il me reste pas mal de pros du foot anglais à + de 15 clubs en magasin) et je publierai peut-être un autre volet Journeymen un d’ ces quatre.

Parmi les grands journeymen du foot british en activité, signalons le Guadeloupéen Mickaël Antoine-Curier (31 ans, 19 clubs), qui nous revient en Angleterre après un long périple plein d’exotisme et de harengs fumés.

Et si on faisait un Spécial vedettes-voyageurs, on pourrait avoir :

Nicolas Anelka (13 clubs), Craig Bellamy (10), George Best (17), Andy Cole (13), Stan Collymore (10), Robbie Fowler (9), Robby Keane (10), David James (10), Mário Jardel (20 – et ouais il a joué en Angleterre, à Bolton), Andrei Kanchelskis (11), Kevin Phillips (10), Teddy Sheringham (9), Juan Sebastián Verón (9). Manager : Roy Hodgson (19, avec sélections nationales).

Kevin Quigagne.

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[1] Le journeyman est un joueur aux multiples facettes, parfois contradictoires. Naturellement, ce terme polysémique s’accommode mal d’une définition standard et univoque (ce genre de définition est insatisfaisant). Disons cependant que dans son acception la plus fréquente et large, il désigne grosso modo un joueur d’un niveau suffisamment honnête pour faire carrière mais trop moyen/instable/irrégulier (voire trop souvent blessé) pour convaincre sur la longueur. Le terme est parfois connoté négativement (joueur limité, peu professionnel, mercenaire, etc.) et certains joueurs, tel le # 6 Steve Claridge, détestent l’étiquette journeyman.

Cet article vous est aimablement offert par Chris Garnier, nouvelle recrue de TK. Nantais d’origine, il présente le double handicap de supporter Manchester United et d’aimer Newcastle. Autant dire qu’il a fallu se battre pour convaincre Kevin Quigagne de l’intégrer à l’équipe. Appelons ça la caution COTOREP, si vous voulez.

Avant Arsène Wenger, George Graham régnait en maître à Highbury. Il y a vingt ans cette semaine, le tyrannique manager était pourtant limogé des Gunners pour avoir accepté des pots-de-vin lors de plusieurs transferts.

21 février 1995. Eric Cantona a balancé son yoko-geri sur Matthew Simmons, fan de Crystal Palace, depuis moins d’un mois que la toute jeune Premier League se reprend un scandale en pleine face. George Graham, l’inamovible entraîneur d’Arsenal, est débarqué de son poste par sa direction. La raison du licenciement de celui qui était alors, en terme de trophées glanés, le meilleur entraîneur de toute l’histoire des canonniers [1] ? Une enquête préliminaire de la FA qui accuse l’Écossais d’avoir accepté des « bungs » (pots-de-vin) – s’élevant à 425 000 £ (soit près de 3,5 millions de francs à l’époque, rendez-vous compte !) – sur deux transferts avec l’obscur agent norvégien Rune Hauge.

« M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? »

Loin de débuter ce 21 février 1995, l’affaire trouve son origine dans l’arrivée successive de deux Scandinaves. Celle de Paal Lydersen, défenseur norvégien de 26 ans, en 1991 puis John Jensen, milieu défensif danois (vainqueur de l’Euro 92, inscrivant le premier but lors de la finale), un an plus tard. L’emménagement de ces derniers à Highbury s’accompagne de « cadeaux » de la part de leur agent, Rune Hauge, pour Graham, qui reçoit 140 000 £ pour le premier et 285 000 £ pour le second. Les matches et les saisons s’enchaînent. Le manager remporte la Coupe des Coupes (C2) face à Parme en 1994, octroyant à Arsenal son son deuxième titre européen après la victoire en Coupe des villes de foires de 1970.

Pourtant, le goût du succès est amer pour le coach et ses troupes. Quelques semaines avant la finale, des doutes commencent à émerger du côté du district d’Islington. Le 22 avril 1994, les comptables d’Arsenal reçoivent une lettre de l’Inland Revenue [le fisc britannique] faisant part de ses « préoccupations » liées à des preuves qui indiquent que le « staff a reçu des paiements provenant des frais de transferts versés par Arsenal ». [2] Un journaliste danois accoste même l’entraîneur deux semaines avant le match européen : « M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? » La réponse laconique de l’Écossais (« Ce sont de très sérieuses allégations ») et le « dégagement » en bonne et due forme du gratte-papier par le service de sécurité vers la sortie alimentent un doute qui ne cesse de croître. [3]

« Je suis encore là ! »

George Graham finit par avouer son méfait au début de la saison suivante (en septembre selon l’enquête de la FA) à son board et au président Peter Hill-Wood. Le manager va même jusqu’à rembourser à Arsenal la somme de 465 500 £, les fameux « bungs » et les intérêts qui vont avec. L’affaire ne se tasse pas pour autant, la presse britannique s’empare du dossier et fait pression sur le club et la FA. Graham croit être soutenu par sa direction, qui lui permet d’acheter des joueurs comme John Hartson, Chris Kiwomya ou l’ailier néerlandais Glenn Helder. « Vous ne donnez pas d’argent à quelqu’un que vous êtes sur le point de licencier », s’extase-t-il avant le match du 21 février 1995 face à Nottingham Forest.

Faux. George Graham est licencié dans l’après-midi précédant la rencontre. La légende veut même que celui-ci ait surpris ses joueurs en passant la tête par la porte du vestiaire pour crier : « Je suis encore là ! », avant d’être escorté hors du stade. Ironie de l’histoire, Arsenal gagna face à Nottingham Forest, mettant ainsi fin à une série de matches sans victoires à domicile depuis le 23 octobre 1994. Kiwomya, qui inscrit le but vainqueur, et Glenn Helder furent particulièrement remarqués.

Un jugement de « kangaroo court »

La réponse de Graham à son éviction ne se fit pas attendre. « J’ai fait du bien-être d’Arsenal mon seul objectif lors des huit dernières années. Mon bilan montre mon succès. Avant cela, j’ai joué pour Arsenal pendant 7 ans donc je peux parler de plus de 15 ans d’engagement total pour le club. Ces allégations sont absurdes. Je regrette profondément que ce jugement de tribunal de pacotille (« kangaroo court » pour les anglophones) ait été rendu en catimini. »

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres à son sourire...)

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres vu son sourire...)

La défense du manager est simple : pour lui les pots-de-vin n’en sont pas. Il s’agirait de « cadeaux désintéressés » de la part de Rune Hauge pour le remercier « des contacts que je lui ai fait. Il m’a dit que son business allait très bien et que c’était pour montrer sa gratitude ». Des propos qui ne convainquent pas la fédération anglaise de football, qui suspend George Graham pendant un an. Rune Hauge, qui au passage avait négocié l’arrivée de Peter Schmeichel et Andrei Kanchelskis à Manchester United en 1991, fut banni de la Fifa avant de voir sa peine être réduite à deux ans de suspension.

Le Thatcher des Gunners

Si George Graham est l’homme qui a ramené le titre de champion à Arsenal après 18 ans en 1989, dans un final haletant [4], il reste un tyran dans l’imaginaire de certains de ses joueurs. Ces derniers n’ont cessé de faire des rapprochements entre cet originaire de Glasgow et Margaret Thatcher, la Dame de fer, sur la façon de mener le club d’un côté, l’Angleterre de l’autre. « Les joueurs doivent gagner le droit de jouer pour Arsenal », déclare-t-il à son arrivée. Le pauvre Martin Keown, formé au club et qui demandait un extra de 50 £ par semaine fut ainsi vendu à Aston Villa dans la foulée pour son impertinence. « J’ai refusé de le payer plus que Tony Adams ou David Rocastle, et donc il est parti pour Aston Villa », écrira-t-il ensuite dans son livre The Glory and the Grief.

Sa gestion d’un club n’était pas loin du régime autoritaire, comme en témoigne l’ancien milieu offensif suédois, Anders Limpar, dans un entretien à Aftonbladet TV. « Le régime de George Graham, c’était comme vivre en Irak sous Saddam Hussein ». Pourtant, son génie tactique était reconnu de tous. Que ce soit Nevio Scala, l’entraîneur de Parme battu en 1994, ou Giovanni Trappatoni. « Il a montré la clarté de ses pensées, indiquait à l’époque le Trap. Il a résolu tous ses problèmes dans sa campagne européenne. Je l’admire énormément. » [3]

Anders Limpar n'est probablement jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

Information exclusive : Anders Limpar n'est jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

L’arrivée de Graham à la tête d’Arsenal en 1986 s’est toutefois joué à peu de choses. Les dirigeants londoniens avaient au départ deux noms en tête : Terry Venables et Alex Ferguson. L’Écossais devait d’ailleurs avoir comme adjoint… George Graham ! Finalement, l’un ne daigna pas quitter le FC Barcelone alors que l’autre voulu se donner du temps. L’ancien milieu des canonniers fut donc choisi.

« Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors les dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait »

L’affaire entre Hauge et Graham a amené la FIFA et la Premier League à insister auprès des clubs pour qu’ils ne fassent appel qu’à des agents agréés. L’initiative ne dure pas bien longtemps puisqu’en janvier 2006, Mike Newell, l’entraîneur de Luton Town, annonce que des agents ont tenté de lui offrir des bungs. « Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors des dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait », déclare-t-il après son audition par la FA sur le sujet. Déjà en 1998, une enquête sur Brian Clough concluait que ce dernier avait pris des parts, avec son adjoint Ronnie Fenton, sur des transferts à Nottingham Forest. Le nom de Rune Hauge était une nouvelle fois évoqué. L’entraîneur mythique des Tricky Trees n’avait toutefois pas été inquiété en raison de son état de santé.

Pour porter corps aux déclarations de Newell, l’émission « Panorama » de la BBC diffuse en septembre 2006 une enquête sur le sujet. Des agents filmés à leur insu y accablent Sam Allardyce : « Sam, il croque minimum 150 000 £ par transfert ». L’entraîneur, alors à Bolton, passerait par son fils, Craig – lui aussi agent – pour les pots-de-vin. Harry Redknapp est aussi inquiété, notamment pour avoir fait acheter à son club d’alors, West Ham, 144 joueurs en sept ans. Si « Big Sam » et Redknapp s’en sortent grâce à la rétractation des agents, Kevin Bond, adjoint à Newcastle, est licencié des Magpies pour avoir touché des bungs lors de son passage à Portsmouth.

« Arsène Who ? »

L’éviction de George Graham eu pour principale conséquence de laisser le champ libre à Arsène Wenger. Alors que Bruce Rioch avait été nommé pour la saison 1995-1996, son seul fait d’armes a été d’établir un nouveau record dans les transferts anglais en recrutant Dennis Bergkamp pour 7,5 millions £. Avant d’être lui aussi limogé en raison d’un désaccord avec sa direction sur les fonds attribués aux transferts. Les bookmakers et la presse, pariant sur une arrivée de Johan Cruyff, furent surpris de voir débarquer l’Alsacien. « Arsène Who ? », titra même l’Evening Standard.

Un « look de professeur des écoles »

Un « look de professeur des écoles »

Même son de cloche chez ses nouvelles troupes. « Au début j’ai pensé : qu’est ce que ce Français connaît au foobtall, s’interrogea Tony Adams à l’époque. Il porte des lunettes et ressemble plus à un professeur d’école. Il ne va pas être aussi bon que George [Graham]. D’ailleurs, est-ce qu’il parle anglais correctement ? ». Une tirade qui s’avéra fausse (sauf pour l’anglais) mais qui démontre bien la popularité et l’affection dont bénéficiait George Graham à l’époque. Celle-ci s’éroda lorsqu’il prit la direction de Tottenham en 1998, où il fit venir Steffen Freund, milieu défensif allemand, et Oyvind Leonhardsen, international norvégien, deux joueurs liés à… Rune Hauge.

Christophe-Cécil Garnier.

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[1] Lors de l’arrivée de George Graham, Arsenal n’avait plus gagné un trophée depuis une FA Cup en 1978-1979. Le retour du succès intervient en 1987 avec la victoire en League Cup. Les Gunners remportent ensuite leur premier titre national depuis 18 ans (où il évoluait déjà en tant que joueur) en 1989, avant de triompher à nouveau en 1991. S’ajoute à cela une victoire en FA Cup en 1993 avant le deuxième succès continental : la Coupe des Coupes de 1994. Six titres (sans compter le Charity Shield de 1991) qui font de lui, proportionnellement, le meilleur entraîneur sur un ratio titres/années.

[2] Les propos sont issus de l’enquête de la FA racontés par le journal The Independent. Merci par ailleurs à Kevin Quigagne pour son aide précieuse au sujet de l’affaire Mike Newell et de l’émission Panorama (Undercover: Football’s dirty secrets) diffusée le 19 septembre 2006.

[3] Les propos et anecdotes sont issus du livre Red Letter Days.

[4] Lors de la dernière journée de championnat, Arsenal était deuxième avec 73 points, à trois unités du leader Liverpool. Les deux équipes s’affrontaient à Anfield, ce qui n’avait rien d’un hasard, le match était programmé le 23 avril 1989 mais la demi-finale entre Liverpool et Nottingham Forest (le drame d’Hillsborough) repoussa la rencontre à la toute fin de saison. Pour coiffer les Reds au poteau, les Gunners avaient besoin d’une victoire par deux buts d’écarts. La partie fut engagée. Arsenal marqua un premier but à la 52e mais alors que la fin du match approchait, le score était toujours de 1-0. Ce n’est qu’à 25 secondes du coup de sifflet final que Michael Thomas inscrit le second but, synonyme de titre.

Le football grand-breton, ses instances nous répètent à l’envi depuis vingt ans, est un modèle d’intégration pour les non-Whites. Et il est indéniable que le  chemin parcouru cer dernières décennies est colossal. Mais terre d’accueil, le Royaume-Uni ne l’a pas toujours été et on a peine à mesurer la gravité de la situation il n’y pas si longtemps.

La lecture de l’introduction de ce dossier est vivement recommandée.

Nous continuons notre exploration chronologique de l’histoire du football noir britannique débutée fin novembre dernier (liens des volets précédents en bas d’article) avec Eddie Parris et Jack Leslie, le premier Noir sélectionné en équipe d’Angleterre… avant d’être « désélectionné » pour raisons raciales.

# 5. Jack Leslie (1901-1988)

Jack Leslie est le premier Noir sélectionné en équipe d’Angleterre… avant d’être promptement « désélectionné ». Sans une décision raciste de la fédération anglaise, il aurait précédé Viv Anderson de 46 ans [1] ! Accessoirement, il fut aussi le premier Noir à réussir une longue carrière en Football League.

Né en 1901 à Londres de père jamaïcain et de mère anglaise, Leslie joue pour son petit club local avant que Plymouth (D3) ne le recrute en 1921. Ce talentueux inside-left (« inter » gauche, dans ce dispositif) ou avant-centre est aussi diablement prolifique et fait de Plymouth une grosse cylindrée de D3, régulièrement 2è de D3 South dans les années 20 (montée difficile car un seul club promu par poule de 22, Nord et Sud). A la fin des années 20, Leslie tourne à 15-20 buts par saison et, en tandem avec Sammy Black, il fait monter les Pilgrims en D2 en 1930.

Un jour de novembre 1932, l’impensable arrive : son manager lui annonce sa convocation en équipe d’Angleterre ! La joie de Leslie sera cependant de courte durée. En effet, le surlendemain, les journaux publient la sélection qui doit affronter l’Autriche le 7 décembre et pas de Jack Leslie dans la liste. Dans cet article de la BBC rapportant une interview accordée en 1978 au Daily Mail, Leslie explique comment les choses se déroulèrent :

« Pour un petit club comme Plymouth, c’était quelque chose d’avoir un joueur appelé en équipe d’Angleterre ! Puis un ou deux jours après, on découvre la sélection dans les journaux et mon nom n’y figurait pas. A ma place, on avait mis Billy Walker d’Aston Villa [35 ans, et plus sélectionné depuis cinq ans, nda]. Apparemment, entre ma lettre de sélection et leur décision de ne pas m’inclure, ils s’étaient apercus que j’étais un « darkie » [bronzé]. Alors pour eux évidemment, j’imagine que c’était comme si j’avais été un étranger. »

Il transpirera plus tard, effectivement, que le comité de sélection ne s’était pas rendu compte que Jack Leslie, dixit la fédération, « était un joueur de couleur ».  Sur la couleur justement, Leslie poursuit (même interview) :

« On m’insultait beaucoup des tribunes pendant les matchs, du style « Et le négro, j’vais te casser les jambes« . Il n’y avait rien de bien sinistre là-dedans en fait, ces spectateurs essayaient juste de me déstabiliser. »

En 1935, il raccroche les crampons et retourne à Londres où il intégrera plus tard l’intendance du staff de West Ham. En treize saisons à Plymouth, Jack Leslie inscrira 137 buts en 383 matchs et en fera marquer aumoins le double (ah, si seulement les stats avaient existé…).

A la même époque (1931), le Guyano-Sénégalais Raoul Diagne, surnommé « L’araignée noire » et fils du sous-secrétaire d’État aux Colonies, était sélectionné en équipe de France A. Une dizaine d’autres Noirs français suivront avant que l’Angleterre ne connaisse son premier sélectionné noir, Viv Anderson, en 1978. Quelques pistes explicatives pour analyser ce décalage seront examinées plus en aval dans ce dossier.

# 6. Eddie Parris (1911-1971)

Le premier Noir de l’ère professionnelle (post-1885) à être sélectionné (une cape) par l’une des quatre nations britanniques, le Pays de Galles, en décembre 1931 (Andrew Watson – volet # 2 – le précède de cinq décennies, pour l’Ecosse, mais ère amateur).

De père jamaïcain et mère galloise, Parris évolue d’abord à Bradford Park Avenue, une grosse cylindrée de D2, comme ailier gauche de 1928 à 1934 (142 matchs/39 buts). Parry est vif, prolifique et on le surnomme vite The Welsh Wizard, Le Sorcier gallois, un surnom également donné au grand Billy Meredith (ici) et à d’autres fameux Gallois.

Parris se blesse vers 1933 et perd son mojo. Il s’en va alors porter les couleurs de Bournemouth à l’étage inférieur, de 1934 à 1937. Suivront Luton (D2), brièvement, et Northampton (D3) en novembre 1937.
Pendant la Seconde guerre mondiale, il continuera à jouer pour les Cobblers ainsi que pour deux autres clubs amateurs. Les crampons raccrochés, il fera carrière dans l’industrie aéronautique.

Comme nous l’étudierons dans les prochains volets de ce dossier, l’entre-deux-guerres, période politiquement sombre et socialement tourmentée [2], ainsi que l’après-guerre, virent les questions raciales et identitaires s’immiscer progressivement dans le débat public britannique, pour finalement occuper le devant de la scène à partir des Sixties.

Cet article sur Parris souligne l’intelligence de la fédération galloise de football, qui contraste avec la cynique posture de son homologue anglaise dans l’affaire Jack Leslie.

Kevin Quigagne.



Les volets précédents :

(1) Introduction. Les premiers Blacks du football britannique
(2) Andrew Watson. Les premiers Blacks du football britannique
(3) Arthur Wharton. Les premiers Blacks du football britannique
(4) John Walker et Walter Tull. Les premiers Blacks du football britannique

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[1] Si Viv Anderson fut le premier Noir à représenter l’Angleterre A en match amical, le 29 novembre 1978 contre la Tchécoslovaquie, Laurie Cunningham sera lui le premier à enfiler la tunique des Three Lions en match de compétition, six mois plus tard. Tous deux feront bien sûr l’objet d’un portrait dans ce dossier.

A noter que Hong Y Soo (plus connu sous le nom de Frank Soo) et né à Liverpool de parents anglais et chinois, fut le premier non-Blanc du football britannique à être sélectionné en équipe d’Angleterre, pendant la seconde guerre mondiale. Sélections non homologuées cependant car beaucoup de footballeurs furent mobilisés entre 1939 et 1945, et donc non sélectionnables. Ces matchs internationaux ne figurent pas dans la liste officielle des rencontres des Three Lions.

[2] L’historien britannique Richard Overy l’appellera The Morbid Age : pauvreté, dépression économique, habitat insalubre, chômage de masse, montée du fascisme – y compris au Royaume-Uni.

Demain se disputera à Old Trafford un replay de 32è de FA Cup inattendu : Man United vs Cambridge United, l’actuel 14è de D4. L’occasion de revenir sur un succulent épisode anglo-français de l’histoire récente de Cambridge.

Il y a dix jours, les U’s tenaient superbement en échec les Red Devils dans leur vieil antre archicomble d’Abbey Stadium (8 000 places), devant les caméras de la BBC et 6 millions de téléspectateurs. Cet exploit vaudra à Cambridge United d’empocher un chèque d’environ 1,7m £ (provenant principalement de la moitié de la recette d’Old Trafford demain), soit un quart de plus que leur masse salariale et les deux tiers de leur budget 2014-15 (hors gains FA Cup).

Outre cette manne fort bienvenue, la mini épopée remontera le moral des supps de la Amber Army souvent en berne depuis 2004. Dix longues années de purgatoire en D5, dans l’anonymat de la non-League, après avoir été placé en redressement judiciaire et évité de peu la liquidation pure et simple.

Pourtant, les temps furent bien plus glam’ dans un passé récent. En 1992 par exemple, quand Cambridge faillit accéder à la Premier League sous la houlette musclée de John Beck, un chantre du kick and rush aux méthodes controversées. Ou début 2004, quand un célèbre duo français débarqua à l’Abbey Stadium. Un binôme attendu comme le Messie…

[L’article ci-dessous est un extrait de ma Preview de D4 2014-15, en deux parties, publiée dans Teenage Kicks fin août dernier. J’y parle notamment de l’ex Red Devil Luke Chadwick, 34 ans, revenu au bercail à Cambridge – section « Vieux de la vieille », dans la deuxième partie]

Cambridge United Till I die

En mars 2004, à la stupéfaction générale, le petit Cambridge (22è de D4 et fauché) nomme le tandem Claude Le Roy-Hervé Renard respectivement manager et adjoint. Dès le départ, c’est le flou artistique le plus total sur la nature du contrat et les attributions de chacun. Le « Sorcier Blanc » déclare à un journal local que sa nomination n’en est pas vraiment une et que sa démarche est totalement désintéressée (« C’est avant tout un contrat moral », lâche-t-il au quotidien de la ville).

Interviewé par Canal Plus, le globe-trotter explique (propos rapportés dans le magazine When Saturday Comes de mai 2011) : « Je me suis engagé avec Canal Plus et me dois de leur être loyal. Quand je me suis retrouvé libre [après une pige en Chine], j’ai dit que je serais prêt à donner un petit coup de main à Cambridge, c’est le deal entre nous. On n’a jamais parlé argent ou quoi que ce soit. J’y vais simplement pour faire un audit. »

OK, très charitable au demeurant d’aider les pauvres mais ce n’est manifestement pas ce qu’a compris le président-proprio de Cambridge, l’homme d’affaires Gary Harwood, amateur d’envolées lyriques un brin grandiloquentes : « En faisant venir Claude, nous avons recruté l’un des managers les plus respectés d’Europe, sinon du monde. C’est peut-être la nomination la plus sensationnelle de l’histoire du club. Quand nous aurons, je l’espère, assuré notre place en Football League, Claude pourra bâtir une équipe conquérante et attrayante qui visera bien plus haut. »

Dans un élan émotionnel très « Feux de l’amour », Harwood ajoute (toujours dans cet article de WSC # 291) :

« Claude m’a dit « Gary, mon coeur est à Cambridge et y sera jusqu’à ma mort« . Je crois sincèrement qu’il s’est vraiment pris d’amitié pour Cambridge United. »

Tambouille contractuelle

L’étrange attelage se poursuit encore deux mois. Renard manage l’équipe en tandem avec l’adjoint de l’entraîneur limogé, Le Roy se pointe à l’occasion mais uniquement pour les matchs, le proprio magouilleur tente de sauver le club du redressement judiciaire.
Selon les médias anglais, cet « arrangement contractuel » est censé tenir jusqu’à la fin de saison, suivi en principe d’un vrai contrat de deux ans. Détail cocasse : le salaire de Le Roy (le « contrat moral » n’était donc pas complétement philantropique) est partiellement financé par Dr. Johnny Hon, un Docteur en psychiatrie et businessman de Hong-Kong qui siège au directoire du club (il a étudié localement et s’est fait bienfaiteur des causes locales). La barque un peu bancale est finalement menée à bon port puisque le maintien est confortablement assuré, Cambridge finissant 13è.

Renard, à l'Abbey Stadium contre York City, en avril 2004

Renard, à l'Abbey Stadium contre York City, en avril 2004

Nul besoin d’être Grand Maître en art divinatoire pour deviner la suite. La saison à peine terminée et sentant probablement une implosion proche, Le Roy reprend sa bourlingue, direction le Congo. « Je n’étais là que pour aider mon ami Hervé Renard », confie-t-il à un canard local. Bizarrement, il se repointera en novembre 2004 pour diriger un entraînement avant un match de FA Cup ; Renard est nommé entraîneur en mai 2004 mais, après un bon début, est licencié mi décembre 2004 (Cambridge est 23è) ; le club vend son stade 1.9m £ en lease-back pour payer ses dettes (et en devient donc locataire, à 200 000 £/an) ; le club est placé en redressement judiciaire en avril 2005 ; le psychiatre de Hong-Kong démissionne du directoire ; Cambridge finit 24è et descend en D5 où il végétait jusqu’à la saison passée. Welcome back en Football League à Cambridge United donc.

Toujours en proie à des problèmes de trésorerie, les U’s ont dû décrocher leur sésame aux play-offs. On aura donc Oxford et Cambridge en D4 cette saison (une première depuis dix ans). Si ça ne devrait pas trop faire bander footballistiquement parlant, ça relèvera le niveau intellectuel de la division, au moins sur le papier.

Kevin Quigagne.

Je profite de mon retour de vacances et de la mini trêve – because le traditionnel 32è de FA Cup – pour me poser et passer en revue les cracks à mi parcours (20 journées disputées). Avec quelques flops en dessert.

Avertissement : histoire de ne pas se retrouver avec un XI fortement connoté Big Four* vu et revu dans les médias anglais, ce qui serait un poil rasant vous en conviendrez, j’ai sélectionné pour l’essentiel des joueurs moins médiatisés.

[*celui de ces trois dernières saisons, à savoir Man City, Man United, Chelsea et Arsenal – avec les De Gea, Y. Touré, Hazard, Sanchez, Agüero, etc. Par exemple ci-dessous le XI type de Sky Sports, choisi par Gary Neville et Jamie Carragher aidés de la Twittosphère]

Les infos blessure, rumeurs transfert & prolongation contrat et autres éléments liés à l’actu sont censés être corrects à la date de rédaction de l’article (week-end du 3-4 janvier). N’hésitez pas à signaler toute évolution, ça a bien sûr pu bouger depuis, je n’ai pas le loisir de pouvoir suivre tout ça au jour le jour.

[Comme d’hab’, cliquez sur les photos pour les agrandir, en général ça marche]

Mon Top XI à moi

Costel Pantilimon (Sunderland) – gardien


Contrairement aux apparences, « Pants » n’a pas bidé.

Pantilimon en impose avec ses 2,03m et on a découvert avec bonheur sur les bords du Wear que ce Roumain à l’envergure de pelagornis sandersi sait aussi se coucher. Au 31 décembre, Pants avait les meilleurs stats de Premier League « arrêts sur tentative » : 78,7 %, devant Lukasz Fabianski, 75 %.

L’ex doublure de Joe Hart à Man City a remplacé l’ex Gunner Vito Mannone en début de saison, après l’éviction du vague sosie d’Aldo Maccione jeune pour sa pitresque double prestation fin octobre contre Southampton et Arsenal (8-0 et 2-0 respectivement –  quelques mois avant, Mannone avait été élu Sunderland’s Player of the Year ; on est peu de chose quand même).

A part tout ça, son surnom est marrant : en anglais britannique Pants = « nul » ou « slip » (parfois pantalon).

Aaron Cresswell (West Ham) – arrière gauche

25 ans et arrivé à l’intersaison d’Ipswich Town (D2) où il avait aligné la bagatelle de 132 matchs de championnat en trois saisons.

Nommé dans la Team of the Year de D2 la saison dernière par ses pairs, ce Liverpudlien formé à Tranmere Rovers n’a pas traîné pour s’imposer en Premier League. Cette saison, Cresswell a souvent été soit sélectionné dans l’Equipe du week-end soit élu Homme du Match par les médias anglais. Parfois comparé à Ashley Cole et Leighton Baines pour ses qualités offensives et, un peu, son gabarit modeste (1,70m, 65 kilos). Polyvalent, il a aussi dépanné avec brio au poste d’arrière central.

Nathaniel Clyne (Southampton) – arrière droit

On connaît depuis longtemps le gros potentiel du néo international anglais Clyne (cf ma preview d’août 2012 sur Southampton), 34 titularisations PL avec Southampton en 2012-13, moins l’an passé (20) car en concurrence avec Calum Chambers, parti à Arsenal depuis. Compense son manque de taille (1,75m) sur les ballons aériens par une vivacité et solidité qui le rendent difficile à passer. Plus grand nombre de tacles à mi parcours (78).

Histoire personnelle intéressante, a été partiellement formé (comme ailier) dans un petit club atypique du sud de Londres, la Afewee Academy de Brixton. A lire, extrait : « J’ai récupéré Nathaniel à Somerleyton, une cité dure où les gamins jouent du flingue. Un endroit infesté de gangs. » raconte l’ex taulard Steadman Scott, son mentor et fondateur de l’Academy.


Clyne a des tatouages originaux (c’est lui le bébé en couche-culotte).

Ron Vlaar (Aston Villa) – arrière central

La carrière anglaise de l’international néerlandais a été partiellement gâchée par les blessures (il revient de six semaines d’infirmerie, cuisse, et c’était le mollet peu avant) mais sa cote a sacrément grimpé en 2014. A superbement dirigé la défense qui n’a encaissé « que » 22 buts, moins qu’Arsenal ou Tottenham. Heureusement d’ailleurs que Villa sait défendre car c’est pas avec leurs pitoyables 11 buts marqués que les Midlanders sauveraient leur peau – de loin le plus risible total de PL cette saison.
Y’a un gus sur Internet qu’a réussi à prouver scientifiquement que Villa était l’équipe la plus soporifique cette saison. Toutefois, pas besoin de formule savante, les extraits de Match Of The Day suffisent (MOTD les diffuse souvent en dernier dans l’émission, très mauvais signe de passer à minuit dans MOTD…).


Vlaar, c’est le mec à gauche hein.

Le capitaine des Villans sera en fin de contrat en juin prochain et il intéresserait déjà fortement du beau monde, notamment Naples, Liverpool et Man United où il retrouverait son sélectionneur batave qui apprécie ses qualités de taulier en défense, ce qui fait cruellement défaut aux Red Devils depuis les départs de Vidic et Ferdinand.

John Terry (Chelsea) – arrière central

Décembre 2013, alors que la fin de son contrat approchait, les médias anglais le voyaient prendre une pré-retraite dorée à Galatasaray, en MLS, au Qatar ou même carrément raccrocher. Encore un fin pronostic de nos amis les Experts puisque Chelsea s’empressa de le faire resigner un an et souhaiterait de nouveau prolonger l’idylle (2015-16 serait alors sa vingtième saison chez les Blues). Et sans baisse de salaire s’il vous plaît, le vétéran émargerait toujours autour de 650 000 £/mois. Pas mal pour un mec de 34 ans soi-disant « fini cramé bouilli enterré » il y a peu.


Rira bien en coin qui rira en coin le dernier.

Réhabilité par Mourinho après avoir été semi-placardisé par l’intérimaire Rafa Benítez puis Dédé Villas-Boas la saison passée, Captain Terry est redevenu un zadiste hors pair et s’est refait une jeunesse sous le Mou. Certes, il est toujours un peu lent itou itou mais adieu les genoux cagneux (fin 2012-début 2013) et autres problèmes de vieux. Mieux, sa condition physique semble irréprochable : à 34 ans, il n’a pas raté une minute de jeu cette saison.
5 buts au compteur en 2014-15 et plus de pions marqués dans sa carrière (59) qu’Andres Iniesta. Deuxième au classement des meilleurs buteurs-défenseurs de Premier league – derrière la legend Toffee David Unsworth. Prodigieusement antipathique mais la classe quand même ce Terry. There’s still life in the old dog, comme on dit dans les bons chenils. A hell of a lot of life.

Lee Cattermole (Sunderland) – milieu défensif

Un cas ce Cattermole (26 ans). Il y a quelques années, on le sentait mal barré pour poursuivre une carrière en Premier League débutée précocement à Middlesbrough en 2005. Interdit quatre ans (!) par Pubwatch de tous les pubs de la région de Stockton-on-Tees pour embrouilles diverses et arrêté en décembre 2011 à 200 mètres de Saint James’ Park (avec Nicklas Bendtner, alors prêté à S’land) pour avoir vandalisé six voitures de supps Magpies (ouais bon, ça mérite pas une médaille mais rien de si répréhensible non plus hein…), « Catts » semblait avoir explosé en vol après 16 sélections Espoirs très prometteuses.

Un bilan disciplinaire calamiteux justifiait également le pessimisme à son encontre : la plupart de ses 71 cartons jaunes et 7 rouges, surtout ceux catégorisables comme « idiots », ont été récoltés avant 2011. Le bad boy passait une bonne partie de son temps suspendu ou en froid avec ses entraîneurs.

Puis, sous l’influence lénifiante de Gus Poyet (arrivé début octobre 2013 après la tornade Paolo Di Canio), le rebelle a enfin mûri et aligne désormais les prestations abouties dignes d’un prétendant aux Three Lions. Notre Catts 2.0 connaît toutefois de sévères rechutes : avec 9 jaunes cette saison, il est encore classé Number 1 au hit-parade des teigneux…
Pour autant, Cattermole a appris à mobiliser les troupes et au lieu de sortir du match comme auparavant, il préfère désormais sortir des matchs monstrueux contre les gros, comme lors du 0-0 vs Chelsea. S’il arrivait à canaliser son excès d’agressivité, lacune qui a jusqu’ici refroidi les sélectionneurs successifs des Three Lions, il pourrait légitimement viser bien plus haut. Récemment élu North East Football Writers’ Association’s Player of the Year pour 2014.

Sympas les stats de la saison en cours (au 30.11)

Sympas les stats de la saison en cours (au 30.11)


N. Bendtner aussi s’est sacrément zénifié, la preuve : il passe désormais des étés Peace and Love à manger des yaourts sur les campus allemands sapé en Beatnik.

Cesc Fàbregas (Chelsea) – milieu / 10

Sublime saison de l’ex Gunner qui a largement fait oublier Juan Mata, bouté loin de Stamford Bridge par Mourinho. Il compte déjà 14 passes décisives en PL, soit trois de plus en 19 matchs à Chelsea que Jack Wilshere dans toute sa carrière Gunner (95 matchs)… Devrait logiquement battre le record de PL établi en 2002-03 par Thierry Henry avec 20. On en connaît un qui doit se maudire de l’avoir snobé à l’intersaison (Arsène bien sûr, qui avait l’option d’achat prioritaire sur une vente du Barça).

En une demi-saison à Chelsea, Fàbregas compte déjà plus de passes décisives que Jack Wilshere en 95 matchs à Arsenal.

L’infatigable Catalan, positionné plus en retrait qu’à Arsenal même s’il a dépanné une ou deux fois en 10 – il bénéficie d’une licence to roam, carte blanche offensive -, a aussi explosé les records d’assists sur 250 apparitions en Premier League (et le reste à l’avenant, voir ses stats).


Petit match de Cesc vs West Ham au Boxing Day, seulement 103 passes d’absolument partout. Contre WBA en novembre, c’était 144 !

Raheem Sterling (Liverpool) – ailier / avant-centre

Archétype du edge-of-your-seat player (joueur-frisson) qui vous fait sortir les 50 £ du billet sourire aux lèvres, ce rapide ailier « naturel » d’à peine 20 piges a été repositionné avant-centre – entre Lallana et Coutinho – depuis quatre matchs pour pallier l’absence de D. Sturridge. Gros bagage technique, vivacité, excellent sens du positionnement mais finition à travailler. Récemment classé troisième meilleur dribbleur de la Premier League par le Guardian et le site premierleague.com, derrière E. Hazard et A. Sanchez. 13 capes anglaises au compteur. Négocie actuellement un nouveau contrat avec Liverpool sur des bases sympas pour un grand ado, autour de 5m £/an.

Allez, je l’avoue, j’aurais probablement dû mettre Dušan Tadić ici car le classieux Serbe flambe à Southampton mais en avril 2011 je vous présentais le phénomène, alors âgé de 16 ans, dans Liverpool, l’Academy du Neuf et étant un peu Red sur les bords, j’ai opté pour l’Anglo-Jamaïcain (mais non mais non, il n’y a aucun favoritisme dans ce XI type voyons…).

Christian Eriksen (Tottenham) – milieu/10

Utilisé derrière l’avant-centre cette saison (E. Adebayor puis H. Kane), le stratège danois de 22 ans s’accommode parfaitement du pressing haut que Pochettino veut imposer. Les éloges vont surtout à son coéquipier Harry Kane actuellement mais Eriksen est tout aussi important que le Londonien tant il influe sur le jeu. 7 buts en 20 matchs PL et pas du superflu mais des pions qui comptent sacrément : ils ont rapporté la bagatelle de 11 points aux Spurs, stat la plus élevée de PL cette saison.

Charlie Austin (QPR) – avant-centre

Difficile de regarder un reportage ou lire un article sur Charlie Austin, 25 ans, sans tomber sur l’expression « meteoric rise », fulgurante ascension. Tournure absurde (un météorite aurait plutôt tendance à s’écraser…) mais l’image résume bien le parcours de cet ancien maçon passé à toute zingue de l’obscurité complète aux portes de l’équipe nationale. Car sauf surprise, grosse éclipse, blessure ou accident freak (météorite ?), Roy devrait l’appeler en mars vs la Lituanie et l’Italie.

Charlie Austin, un vrai conte de Noël.

Charlie Austin, un vrai conte de Noël.

Il y a encore cinq ans, Austin était maçon dans la boîte de son père et jouait en D9 à Poole près de Bournemouth. Il flamba ensuite au côté de notre bon vieux Vince national [Péricard] à Swindon Town en D3 (ici), puis en D2 à Burnley et enfin en PL à QPR.

Sans lui, il est clair que QPR serait lanterne rouge et Harry aurait été limogé et envoyé à la retraite (ou pire, sur Sky Sports). Avec ses 12 buts et 2 assists en championnat, Austin est Monsieur 66 % : a marqué ou est impliqué dans les deux tiers des buts Hoops en PL cette saison. Agé de 25 ans, ce puissant canonnier d’1,88m ne devrait pas faire de vieux os à QPR qui ferait le forcing (£££) pour le retenir. En attendant, c’est son ancien club de Poole qui se réjouit.

Harry Kane (Tottenham) – avant-centre

21 ans et LA révélation de la saison à ce poste. Attaquant très complet et prolifique : 17 buts dont 7 en championnat (982 minutes de jeu PL). Yes, un avant qui marque c’est banal mais c’est les Spurs, c’était devenu inhabituel.

Kane a signé un contrat de 5 ans cet été pour son club de toujours.

Kane a signé pour 5 ans dans son club de toujours.

De fait, l’émergence du percutant Kane, amorcée en fin de saison passée (3 buts/7 apparitions), doit beaucoup à l’échec des recrues bling bling – Lamela, Soldado, Adebayor – mais gros bon point au Londonien qui a su admirablement profiter de ces floppages en série. Fait partie des bons jeunes formés au club (partiellement ou non) qui se sont mis en évidence cette année, à savoir le Franco-Algérien Nabil Bentaleb (déjà vu l’an passé bien sûr) et le brièvement ex-Merlu Ryan Mason. 10 capes Espoirs, 8 buts et on se dit forcément qu’une sélection en A ne saurait tarder.

Les 7 remplaçants

Adrian (West Ham) – gardien

Je l’avais encensé dans mon bilan West Ham 2013-14, il confirme de superbe manière.

James Tomkins (West Ham) – arrière central

Continue sur sa lancée de l’an passé, également soulignée dans le bilan suscité. A largement contribué à la belle saison des Hammers, leur meilleure depuis 1985-86. Allez, on va aussi mettre une pièce sur lui pour une sélection en A cette année.

Yannick Bolasie (Crystal Palace) – milieu/ailier gauche

Puissant Congolais très rapide et technique. Récemment classé parmi les meilleurs dribbleurs de la PL par le site Premierleague.com. L’ensemble est encore un peu brouillon et la finition est à soigner mais joueur à suivre. Musicalement aussi car ce cousin de l’ex Magpie Lomana LuaLua est un dingue de battles, surtout si c’est contre son pote Bradley Wright-Phillips des New-York Red Bulls.

A gauche, Y. Bolasie et à droite B. Wright-Phillips.

A gauche, Y. Bolasie et à droite B. Wright-Phillips.

Ashley Young (Man United) – latéral gauche/wingback

S’est distingué cette saison sur tout le flanc gauche. Ailier de formation mais souvent utilisé en latéral gauche par Louis Van Gaal pour palier aux blessures (Shaw, Rojo, Blind), 7 fois sur 13 précisèment – et 6 en wingback dans un 3-5-2 redevenu à la mode). Ses stats confirme l’impression générale : 65 % de dribbles réussis cette saison contre 39 % l’an dernier.

Mile Jedinak (Crystal Palace) – milieu

Le puissant Australien n’est pas qu’un gros tacleur (102 tacles gagnés l’an dernier, total le plus élevé de PL et troisième à mi parcours cette saison, 64) et un midfield enforcer – sorte de sheriff de l’entrejeu – comme disent les Anglais, il sait aussi créer et marquer : 5 buts – 3 sur penalty certes mais aussi un superbe coup-franc contre Liverpool. Nommé footballeur australien de 2014 pour la seconde année consécutive, ainsi que Joueur de l’année en Asie (l’Australie a quitté la Confédération du Football d’Océanie en 2006), il manquera aux Eagles en ce mois de janvier pour cause de Coupe d’Asie des nations sur ses terres.

Graziano Pellè (Southampton) – avant-centre

Arrivé de Feyenoord avec une valise pleine de pions (50 en 57 matchs) mais sans trop qu’on sache vraiment ce qu’il donnerait dans un gros championnat, because des gus qui ont tout cassé en Eredivisie avant de se vautrer en Premier League, on en a vu défiler quelques-uns (Kežman, Alves, Altidore, Ruiz, Van Wolfswinkel…). Et pis le mec avait floppé à Parme alors on se disait que c’était peut-être un jambon. Ben, pour l’instant, pari réussi de Koeman : 8 buts PL, dont ce bijou. L’athlétique (1,93m) et élégant Italien, ancien champion de danse dans sa jeunesse, s’entend merveilleusement bien avec le Serbe Dušan Tadić (7 passes décisives) venu lui de Twente. Récemment capé avec la Squadra Azzurra à la place de Mario Balotelli.

Bon, à part ça, il a l’air tout gentil mais quand il wind een grote kabel (« péte un gros cable », en néerlandais bien sûr), il fait pas semblant.


Selon les mecs de Sky Sports, Pellè ne se déplacerait jamais aux matchs sans son combo coiffeur  & styliste. C’est sûr que ça change les supps Saints d’Alan Shearer, Matt Le Tissier et Rickie Lambert à ce niveau-là…

Wilfried Bony (Swansea) – avant-centre

20 buts PL en 2014 pour l’Ivoirien (dont 9 cette saison), personne ne fait mieux. Et celui inscrit le 1er janvier contre QPR est une pure merveille. Peut-être sa dernière apparition Swan d’ailleurs car les Gros font la queue pour lui causer (Man City – qui le voudrait immédiatement – Chelsea, Real Madrid). Manquera aux Swans pendant la CAN, ce qui devrait donner à Bafé Gomis l’occasion de se montrer (sera cependant en concurrence avec l’ex Rennais Nélson Oliveira, fraîchement prêté par Benfica).

Auraient aussi pu figurer quelque part ci-dessus, certains plus que d’autres évidemment (sélection hors Big Four) :

A. Begovic (Stoke), B. Guzan (Aston Villa), H. Lloris (Tottenham), A. Réveillère (Sunderland), T. Alderweireld (Southampton – prêté par Atlético Madrid), J. Fonte (Southampton), D. Janmaat (Newcastle), F. Coloccini (Newcastle), C. Jenkinson (West Ham – prêté par Arsenal), R. Shawcross (Stoke), C. Clark (Aston Villa), A. Hutton (Aston Villa), A. Williams (Swansea), W. Reid (West Ham), M. Schneiderlin (Southampton), V. Wanyama (Southampton), A. Song (West Ham), S. Larsson (Sunderland), J. Henderson (Liverpool), P. Coutinho (Liverpool), A. Lallana (Liverpool), J. Colback (Newcastle), S. Naismith (Everton), K. Mirallas (Everton), Bojan (Stoke), S. N’Zonzi (Stoke), F. Delph (Aston Villa), A. Johnson (Sunderland), M. Sissoko (Newcastle), S. Downing (West Ham), D. Tadić (Southampton), D. Sakho (West Ham), R. Mahrez (Leicester), N. Chadli (Tottenham), D. Ings (Burnley), A. Barnes (Burnley), S. Mané (Southampton), M. Biram Diouf (Stoke), G. Sigurdsson (Swansea), S. Berahino (WBA), L. Ulloa (Leicester), P. Cissé (Newcastle), A. Pérez (Newcastle).

Manager des cracks : Sean Dyche.

Ronald Koeman mériterait sa place ici (ainsi que Sam Allardyce) mais j’ai voté Sean Dyche, l’entraîneur de Burnley depuis l’automne 2012 et l’homme à la voix la plus caverneuse d’Angleterre.

Celui qu’on surnomme parfois « The Ginger Mourinho » – le Mourinho rouquin – fait un sacré boulot à Burnley avec un budget serré. Guère surprenant à vrai dire vu qu’il avait bien bossé à Watford avant d’être viré comme un malpropre par les nouveaux propriétaires italiens (la famille Pozzo) pressés d’installer Gianfranco Zola.

Les Cancres / déceptions / ratés / erreurs de casting :

Pour la route et en vrac, je livre à la vindicte populaire : J. Robles, V. Mannone, S. Mignolet, K. Schmeichel, R. De Laet, P. Konchesky, D. Lovren, R. Ferdinand, G. Barry, M. Arnautovic, J. Rodwell, R. Cabella, H. Ben Arfa, B. Ideye, M. Balotelli, E. Rivière. G. Ramírez, J. Altidore, J. Vardy, D. Bent, C. Benteke, A. Weimann, W. Zaha. Et ajoutons-y la défense d’Everton pour l’ensemble de sa pathétique oeuvre cette saison : 33 pions encaissés, une grosse fébrilité et des cagades en pagaille. Le duo Baines-Coleman monte trop – très vulnérables sur les contres – et on adore tous l’ex Forgeron Sylvain Distin mais he’s no spring chicken comme disent les Anglais.

Kevin Quigagne.

C’est la méga teuf dans la chambre de bonne du quatuor Teenage Kicks après la victoire historique de Sunderland dans ce 152è derby Tyne-Wear placé sous le signe de l’apaisement. Ergo, on est trop pistachés pour vous faire un topo sur le match. Avant d’assécher les pubs du coin, on a quand même pu vous caler ces photos.

Historique car jamais Sunderland n’avait battu son ennemi juré quatre fois d‘affilée, dont trois victoires à St James’ Park s’il vous plaît.

(D’autres chouettes photos & compte-rendu du match ici, + ce clip à voir. Et à ne surtout pas rater : le clip très comique de ce supporter Magpie qui invective les supps Black Cats restés en tribune Extérieur, tout en haut de SJP).

[Comme d’hab’, cliquez sur les photos pour les agrandir]

Et si vous calez niveau cadeau de dernière minute, le t-shirt sur cet exploit historique est déjà sorti :

ainsi que le jeu de société :

Allez, on vous laisse, on part s’acheter le t-shirt « 4 in a row », vendu dans la boutique A Love Supreme et ici si ça vous dit de le commander. TK reviendra quand on aura consolé tous les Magpies dans les pubs de supps, ça chiale dur ce soir et certains sont désespérés (faut bien les consoler hein, c’est Noël, on fait cette p’tite B.A avec notre pote Hatem). Bonnes fêtes et à 2015.

Série sans (trop de) bla bla, juste quelques photos cultes et leurs légendes.

Ouais enfin, un peu de bla bla quand même, mais juste ce qu’il faut. Ces perles sont tirées directement du Net ainsi que de plusieurs livres-photos style coffee-table books.

Vous avez de la chance, on refait un Concours cadeau, ça se passe aux # 9 et # 10 en fin d’article. Faut dire qu’il nous reste le joli cadeau England du dernier concours sur les bras, Dageek – le gagnant – n’est pas un grand fan des Three Lions et a préféré recevoir autre chose.

Pourtant, qu’il est beau notre cadeau England (état neuf, dans l’emballage d’origine), le kit du parfait supporter des Three Lions, idéal pour se faire agresser ou vandaliser sa voiture pendant l’Euro 2016 dans la joie et la bonne humeur, avec :

– 1 drapeau England 91 x 61 cms

– 2 drapeaux 38 x 25 cms avec hampe plastique pour accrocher aux rétros extérieurs de votre voiture, ou à vos oreilles si bourré ou sans caisse

– 1 pin’s England et 1 pin’s ballon, tous deux luminescents avec, s’il vous plaît, effet clignotant à la con (enfin, le fabricant décrit ça ainsi : « with dramatic blinking effect »)

Petit avertissement aux familles, surtout les plus respectables : Teenage Kicks est un blog pédagogique, ludique, pudique, plein d’autres -diques et même familial. Et oui, plein de lecteurs/trices bien sous tout rapport nous félicitent régulièrement pour nos concours sains et équilibrés à faire en famille, après l’église, autour d’une grande table ou d’une belle crèche. Ah, ces grands moments de complicité qui resserrent les liens tout en s’éveillant au monde merveilleux du football britannique, on en redemande. Toutefois, ce quatrième concours cadeau Noël Teenage Kicks est un poil plus festif et hardcore que les précédents. Bref, on vous conseille d’éloigner fissa p’tits Jésus, enfants et grands-mères si vous comptez participer.

[Comme d’hab’ : cliquer sur les photos peut rapporter gros]

# 1. Mister Gadget

Mike Summerbee, vedette de Man City de la grande époque (brève fenêtre triomphale entre 1968 et 1972) et meilleur pote de George Best, se la pète avec ses gizmos dernier cri (Best, avec lequel il ouvrit notamment une boîte et des boutiques de mode, voir article).

# 2. Titi et sa boombox XL

Ah, ces excitants gadgets préhistoriques… Les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas ce qu’ils ont raté. Et ouais, c’était comme ça avant l’Ipod, fallait se faire installer un manche-disque dans son tableau de bord ou se trimballer un ghetto-blaster des familles. Petit clin d’oeil en forme de mini hommage pour cet immense joueur qui vient d’annoncer sa retraite sportive. Allez, faisons le pari, je suis sûr que même nos lecteurs irlandais apprécieront la photo.

# 3. La banderole la plus malavisée de l’histoire du foot ?


« 3 ans d’excuses et c’est toujours nul à chier. Au revoir Fergie »

Il y a 25 ans ce mois-ci, Man United est au plus mal et dégringole vers la zone rouge. Fin décembre, c’est la crise. La vraie, la dure, la tatouée. La saison précédente à été inquiétante (11è place, sandwiché entre deux minots, Wimbledon et le promu Millwall) et le bilan depuis la mi-novembre est catastrophique : 6 défaites et 2 nuls. Même le promu et grand rival Man City les a corrigés, 5-1 à Maine Road. Hors-champ, c’est tout aussi désastreux. Les affluences sont mauvaises (36-38 000, dix mille de moins que trois ans auparavant), le club est sur le point d’être vendu (bradé même) et les médias se délectent de rappeler que Man United n’a plus été champion d’Angleterre depuis 22 ans. Et pour rien arranger, l’ennemi juré Liverpool affiche une santé insolente. Alex Ferguson, en poste depuis trois ans, est très menacéThe knives were out », dira-t-il plus tard sur cette période).

Après une nouvelle défaite, à Crystal Palace, un supporter sort la fameuse banderole. La tribune extérieur l’acclame. D’autres supps sortent une bâche « Fergie Out ». On applaudit et approuve bruyamment. La presse mitraille le maudit bout de drap et Match Of The Day relaie la protestation le soir même.

De l’autre côté de Manchester, Howard Kendall, fraîchement nommé manager des Citizens, est pressenti pour succéder à Fergie. Il se dit que le propriétaire-président, Martin Edwards, a lancé l’ultimatum suivant à l’Ecossais pour le 7 janvier 1990, en 32è de FA Cup : « Si l’équipe ne bat pas Nottingham Forest la semaine prochaine, tu seras remercié. » Un Forest alors managé par Brian Clough et qui a fini 3è de PL la saison précédente. Bref, le défi est relevé.

Ce fameux 7 janvier 1990 arrive. Et le mini-miracle se produit. United bat Forest 1-0 au City Ground au terme d’un match très engagé. But de la tête de Mark Robins, un jeune inconnu issu du centre de formation qui n’avait que 180 minutes de foot dans les jambes cette saison-là. Le pion de Robins est immédiatement baptisé par les journaux « Le but qui sauve la peau de Fergie » (et aussi sa carrière de manager ? Possible car pas sûr que Siralex aurait continué – en Angleterre en tout cas – après cet échec).

Man United remportera la FA Cup quatre mois plus tard, finira 13è de Division One et gagnera la Coupe des Vainqueurs de Coupe la saison suivante. La suite, on la connaît. Comme quoi, les carrières tiennent souvent à peu de chose. Un but de la doublure du remplaçant en 32è de coupe…

Pete Molyneux, le supp à l’origine de la banderole, est devenu un people local. Mais la célébrité, c’est parfois dur à porter car comme il le dit dans cet article, « on n’a pas arrêté de me chambrer après ça ». On le croit volontiers.
Quand Fergie a raccroché en mai 2013, ce bon Pete a choisi l’auto-dérision à Old Trafford pour marquer le coup :

Dans la foulée, il a aussi sorti un bouquin, sur ses 50 saisons (plus de 2 000 matchs) à suivre son club adoré.

# 4. Ça s’éclate de partout

Sunderland-Leicester, 1er octobre 2000. Darren Eadie et Kevin Phillips (à droite) ont opté pour l’éclate soft tandis que Niall Quinn et Gerry Taggart préfèrent la version musclée.

Ce même week-end, Thierry Henry marquait le plus beau but de sa carrière, clip.

# 5. L’Avenir du foot anglais, selon le Daily Mail…

Photo de novembre 2007 paru dans le DM, sous un article intitulé : « 60 raisons de croire que l’avenir du foot anglais n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le penser… »

Nul besoin d’être un grand connaisseur du foot anglais pour constater que peu de ces jeunes (alors âgés de 17-18 ans) ont réussi à ne serait-ce que s’imposer en Premier League et encore moins à continuer sur leur lancée internationale (seuls Theo Walcott et Micah Richards ont été capés chez les A). La plupart de ces ex futurs cracks évoluent aujourd’hui dans les divisions inférieures, surtout D3, quand ils jouent encore.

Ce qui n’est plus le cas de Michael Johnson, l’ex wonderkid pour lequel Liverpool voulait offrir 10m £ en 2007 et qui a raccroché début 2013, à 24 ans (carrière à la Lee Sharpe, en accéléré. Voir son superbe premier but en Premier League, à 19 ans). Ni du Citizen Scott Sinclair pourrait-on ajouter, disparu des radars depuis plus de deux ans (pourrait partir ou être prêté au mercato d’hiver).

A découper et à coller gentiment à la face du prochain mec qui vous assure mordicus que tel crack est destiné à une « énorme carrière ». Si seulement c’était aussi simple que ça…

# 6. Crowdsurfing

La foule aide un ado à accéder aux premiers rangs lors de ce Chelsea-Arsenal à Stamford Bridge, novembre 1947.

# 7. Eh Arsène, cherche plus, on t’a trouvé la solution : la Tufspin

Les problèmes d’Arsenal et les blessures ne datent pas d’hier. Bertie Mee, le légendaire manager Gunner (1966-1976) qui redora le blason des Canonniers après presque deux décennies de disette ventremouiste, se plaignait déjà de son infirmerie trop remplie et du nombre élevé de joueurs blessés, surtout au genou (souvent synomyme d’arrêt de carrière à cette époque).

Mee, kiné de formation, commanda de suite des caisses de Tufspin. Particularité de cette grolle « révolutionnaire et unique » lancée sur le marché britannique en 1971 (l’année du doublé historique championnat-FA Cup d’Arsenal) : les crampons de devant tournaient, ce qui permettait au joueur de pivoter sans effort et ainsi s’économiser physiquement (enfin, en théorie…).

Bertie Mee kiffa tellement qu’il en vanta les mérites dans un magazine sportif : « Grâce à ses crampons avants montés sur un disque rotatif, Tufspin réduit les risques de blessures au genou, surtout au niveau du cartilage, et accroît la vivacité du joueur. »

# 8. Youpi, c’est Noël

Il y a trois jours, à l’Emirates (vs Newcastle). Je veux pas cafter mais au vu de ces images, le coupable semble être Mathieu Debuchy.

Il y a trois jours, devant le Stadium of Light (Sunderland vs West Ham). Putain, je pars en commander un tout pareil à Papa Noël, idéal pour négocier les sorties de pubs.

La joyeuse troupe Harry & ses Chèvres vous souhaitent un joyeux Noël, sur l’air du Merry Xmas Everybody du groupe Slade (1973, ça nous rajeunit pas). Enfin, c’est surtout nous qui devrions leur souhaiter un joyeux Noël car les Hoops sont 18è et affronteront Arsenal à l’Emirates le lendemain de Noël. Bon courage les gars, on espère que vous resterez en PL, vous nous divertissez follement.

Ne ratez surtout pas le clip de QPR… Et dire que cette p’tite connerie (très diffusée au Royaume-Uni) rapporte chaque année à Slade environ 750 000 £ en royalties !

# 9 & 10 : Concours cadeau TK Spécial Noël en famille

Voici les questions du Concours cadeau TK Spécial Noël en famille :

1) Qui sont les deux pères Noël sur la photo ci-dessus ? (tous deux très connus)

Niveau gâteries en duo, on n’a toujours pas fait plus hardcore que le Roo et Cristiano (août 2006, Man United v Sunderland). On en a vu pourtant de drôles sur les terrains depuis :

2) C’est quoi qu’est mieux ? Se faire…

a) fister par El Apache ?
b) sucer par CR7 ?
c) embrocher par Lamps ?

Je me suis réuni devant un huissier de justice et j’ai décidé de quoi qu’était le mieux, sur des critères précis que je ne peux malheureusement vous divulger. A vous de jouer. Fournir une raison à vos choix augmenterait vos chances de remporter notre fabuleux cadeau kit England. Vous avez une semaine.

Kevin Quigagne.



Dans la même série :
Photos insolites du foot british (1)
Photos insolites du foot british (2)

Le football grand-breton, ses instances nous répètent à l’envi depuis vingt ans, est un modèle d’intégration pour les non-Whites. Et il est indéniable que le  chemin parcouru cer dernières décennies est colossal. Mais terre d’accueil, le Royaume-Uni ne l’a pas toujours été et on a peine à mesurer à quel point la gravité de la situation il n’y pas si longtemps.

Voir introduction de ce dossier.

On estime qu’entre 1875 et 1914, les années formatives du football britannique, une vingtaine de joueurs noirs ou métis/non-blancs évoluèrent dans des clubs de Football League anglaise et écossaise (D1 et D2). Parmi eux, Andrew WatsonArthur Wharton et Walter Tull sont, de loin, les plus connus. L’histoire du football britannique antérieure à la Première Guerre mondiale n’a malheureusement gardé aucune ou peu de trace des autres (hormis John Walker, les Frères Cother à Watford, Fred Corbett et Hassan Hegazi), simplement quelques noms (et encore) dans les listes de joueurs.

Nous continuons notre voyage à travers l’histoire du football noir britannique (liens des volets précédents en bas d’article) avec deux pionniers de la période des années 1900 à l’avant-guerre : John Walker et Walter Tull.

[Comme d’hab’, cliquez sur les photos pour les agrandir]

# 3. John Walker (1875 ou 1878-1900)

[Ni photo disponible sur Internet, ni fiche Wikipedia]

John Walker est le premier professionnel noir du football écossais et le premier Noir et premier joueur de champ noir de Football League anglaise (Andrew Watson, # 1, n’évolua pas en Football League).

C’est au début des années 2000 que des recherches établissent avec certitude que Walker (de père trinidéen et mère écossaise) joua professionnellement comme ailier pour le club de Leith Athletic (D2 écossaise, près d’Edimbourg), en mars 1898. L’arrivée de Walker ne passa pas inaperçue, les journaux de l’époque écrivant par exemple, en titre ou en commentaire :

« Belle prestation de « Darkey » Walker »

[le terme Darkie/Dark(e)y – bronzé, basané – fut l’épithète systématiquement collé par une partie de la presse à beaucoup de joueurs noirs jusqu’aux années 50, sans que cela ne dénote nécessairement une hostilité particulière. De fait, John Walker était très populaire parmi les supporters écossais, voir plus bas].

« Leith Athletic nous offre le spectacle unique d’un joueur de couleur évoluant dans l’équipe, un transfuge de Leith Primrose [petit club local] originaire d’Afrique noire ou ses environs. Ce nouveau joueur de couleur constituera une attraction à lui seul. »

En octobre 1898, Walker est recruté pour 50 £ par les voisins de Heart of Midlothian (D1). A Hearts, cet ailier gauche virevoltant touche un bon salaire (7 £/mois, soit le double d’un ouvrier) mais perd sa place après une dizaine de matchs et se retrouve réserviste.

En juin 1899, Lincoln City  (D2 anglaise) l’achète 25 £. Joueur technique (un poil croqueur, notent les journaux de l’époque), excellent centreur et souple (utile pour composer avec l’extrême rudesse du jeu), ce showman doté d’une grosse frappe des deux pieds ne pourra pleinement exprimer son talent bien longtemps. Pour raisons de santé, celui que les supporters surnomment « Wilkie » n’est guère aligné avec l’équipe première et, comme à Hearts, il doit jouer les coiffeurs. Une suspension pour un sérieux écart de conduite (dont on ignore la nature) le contraint à retourner en Ecosse fin 1899. La tuberculose l’emporte dans la fleur de l’âge en août 1900 (officiellement à 22 ans mais probablement 25).

Dans ses travaux séminaux sur John Walker, David Speed, historien de Hearts et du football écossais, note que Walker était très populaire auprès des supporters, aussi bien en Ecosse qu’à Lincoln, et eut même un fan club à Hearts ! La presse de l’époque, friande de sondages et autres classements de popularité (déjà !), ainsi qu’une gazette sportive écossaise le placèrent deuxième joueur le plus aimé des supporters Hearts, et ce malgré son faible nombre d’apparitions.

# 4. Walter Tull (1888-1918)

Walter Tull est le premier joueur de champ professionnel noir/métis à avoir évolué en D1 anglaise.

Né en 1888 dans le sud de l’Angleterre d’un père barbadien (fils d’esclave) et d’une mère anglaise. Avant même sa préadolescence, sa courte vie est déjà marquée par le malheur : ses deux parents sont décédés à deux ans d’intervalle et sa tante ne peut plus s’occuper des six enfants Tull. A 8 ans, il est envoyé dans un orphelinat de l’est londonien.

D’abord amateur dans un club local (Clapton FC), Tottenham, promu en D1, lui offre un contrat professionnel en 1909 alors qu’il finit son apprentissage en imprimerie. Il dispute une dizaine de matchs pour Spurs comme inside-forward (« inter » – sorte d’attaquant de soutien placé entre l’avant-centre et l’ailier dans ce dispositif, populaire jusqu’en 1925 et l’avénèment du WM).

Rapidement, il subit le racisme de la part de spectateurs. Cet article de la BBC rapporte un extrait de compte-rendu d’un Bristol City-Tottenham paru dans Football Star début octobre 1909. Le journaliste est révolté par ce qu’il a entendu dans les tribunes :

« Une partie du public a lâchement attaqué Walter Tull verbalement, dans un langage répugnant. Je voudrais dire à ces hooligans de Bristol (une minorité parmi les presque 20 000 spectateurs)  que  Walter Tull est un homme irréprochable et un modèle pour tout footballeur blanc, amateur ou professionnel. Aujourd’hui, il a été le meilleur avant-centre sur le terrain. »

Ce match contre Bristol City marquera un tournant dans la carrière de Tull. Après cet incident, il sera surtout aligné avec la réserve Spurs. Les raisons de cette soudaine mise à l’écart restent mystérieuses mais pour Dan Lyndon (enseignant et auteur de Walter Tull, Footballer, Soldier, Hero), Tottenham fut embarrassé par l’embryon de controverse qui se développa et voulut ainsi éviter toute fâcheuse redite.

Eté 1911, le club décide de le transférer. Il ne rejouera plus jamais en Football League. En octobre 1911, Tull part à Northampton Town, un club semi-pro ambitieux de Southern League, située directement sous la Football League professionnelle (alors juste D1 et D2). Les Cobblers sont dirigés par un grand innovateur qui deviendra un manager légendaire : Herbert Chapman. Tull y joue milieu jusqu’au début de la première guerre mondiale (111 matchs, 9 buts) et y devient une figure populaire. Les Glasgow Rangers s’intéresseront même à lui mais la guerre éclate et il se porte illico volontaire pour partir au front.

C’est chose faite en novembre 1914 (il s’engage avec le fameux Footballers’ Battalion). En 1917, il devient le premier officier noir de l’infanterie [1] (lieutenant), malgré un réglement militaire interdisant l’accession à ce rang à tout « nègre ou personne de couleur » (« seuls les hommes de pure descendance européenne peuvent devenir officier », stipulait le Code des Armées) car, voulait la croyance de l’époque, des Blancs n’auraient jamais accepté de se faire commander par un Noir.

Un corps d’armée où, dans des correspondances officielles, on utilisait des expressions telle que woolly-headed nigger (nègre aux cheveux crépus) pour parler de l’homme noir. Par sa grande compétence, son humanité et son courage, Tull avait fait tomber quelques barrières que l’on croyait immuables.

Il meurt au combat dans le nord de la France le 25 mars 1918, à 29 ans. Le commandant de son bataillon écrit ces mots au frère de Walter Tull :

« Walter était aimé de tous dans le bataillon. Il était très courageux et conscientieux. Le bataillon et la compagnie ont perdu un officier loyal et, à titre personnel, j’ai perdu un ami. »

Pendant très longtemps, jusqu’à la fin des années 1990, la seule trace de Walter Tull fut un simple nom, noyé parmi 36 000 autres sur ce mémorial d’Arras.
En 1999, le club de Northampton Town a érigé un mémorial près de son stade de Sixfields (à 5’20 dans ce clip sur W. Tull [2]) et obtenu de la mairie que l’avenue qui mène à Sixfields soit rebaptisée en son nom. Une statue serait également (vaguement) en projet près du futur stade de Tottenham.

Kevin Quigagne.

Les volets précédents :
(1) Introduction. Les premiers Blacks du football britannique
(2) Andrew Watson. Les premiers Blacks du football britannique
(3) Arthur Wharton. Les premiers Blacks du football britannique

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[1] A noter que contrairement à ce qui se lit sur ce sujet, Walter Tull ne fut pas le premier Noir officier de l’armée de terre, mais le premier dans l’infanterie. En effet, l’armée de terre avait promu deux officiers noirs dans sa division médicale avant lui. Merci à Rob Wickens pour cette précision (historien de Northampton Town et auteur de From Claret to Khaki: The Life of Walter Tull).

[2] A voir également sur W. Tull :

a) ce passionnant documentaire signé de BBC Four, le Arte anglais.

b) Walter’s War, téléfilm réalisé par BBC Four en 2008 et régulièrement rediffusé sur la BBC.

(ces deux productions BBC Four se sont directement inspirées du livre de Rob Wickens précité).

c) ce fascinant clip où Ian Hislop raconte l’histoire de W. Tull (Hislop est très célèbre au Royaume-Uni, comme homme des médias et journaliste – notamment rédac’ chef de Private Eye). Phil Vasili, historien du football noir britannique (voir volets précédents), apporte sa contribution ainsi qu’un éclairage sur les préjugés de l’époque.

d) ce court clip où l’auteur Michael Morpurgo parle également de W. Tull.

Enfin, la vie et carrière de Walter Tull en photos.

Je finis l’année vénère. Il est temps de cracher mon fiel.

L’an dernier, mes dix trucs à bannir étaient plutôt mœlleux. Mais l’époque se radicalise alors cette saison, j’ai sorti la Kalach et j’arrose.

[Cliquez sur les photos pour les agrandir]

# 5. Les médias qui big up les clubs lambda qui s’la pètent

[…] La réponse principale au concours cadeau est : Daniel Riolo.

Les réponses subsidiaires : Brisbois, Auclair, Pauwells (sûrement conditionné par son compatriote Philippe Albert).

Les gagnants sont : Bastien, Xavier, Sonic et Incendie Paillot qui font un 2/5 (40%), score assez minable mais les autres participants faisant 1/5 ou 0/5, ces petits compétiteurs l’emportent par défaut.

J’ai toujours pas décoléré, donc, comme promis, pas de cadeau. De toute manière, 40 % mériterait plutôt deux heures de colle qu’une récompense alors estimez-vous heureux et remerciez-moi de ne pas vous censurer temporairement ou à vie.

Vous pourrez vous rattraper au merveilleux Concours de Noël TK dans quelques semaines, avec un vrai cadeau à la clé. Je préfère vous prévenir : ça sera peut-être un cadeau-reject de mon Christmas anglais, vous savez, l’un de ces trucs stupides qu’on reçoit et qu’on cherche à refiler le plus vite possible. Ça ou un livre/magazine de foot anglais (mais n’allez pas cracher dessus pour autant, y’a des millions de petits pauvres qui rêvent de recevoir ne serait-ce qu’une mandarine à Noël, alors commencez pas à chouiner).

Nb : ça ne sera pas du style « Concours de Noël en famille autour du sapin et de la crèche » hein mais un truc hardcore où votre sagacité sexuelle sera testée. Vaudra donc peut-être mieux éloigner les p’tits Jesus, enfants et grands-mères avant d’y participer. Enfin, vous faites comme vous voulez.

Total Respect.

Total Respect.

# 6. Les supporters de la « BPL »

BPL = Barclays Premier League. BPL, c’est comme ça qu’une chiée de néo-Footix dangereusement contaminés par le virus corporate l’appellent. Exemple de phrases navrantes trouvées sur google :

« Les joueurs sud am déchirent tout en BPL cette saison »

« Mignolet et Cech c’est le top en BPL »

« La BPL est la ligue de soccer anglaise de première division » (sic)

« La BPL est un championnat avec ses leaders et ses relégables, mais avant tout un championnat ou voir Sunderland battre manchester utd est chose (presque) courante »

(euh, pas vraiment non – seulement deux fois depuis le lancement de la PL – mais passons).

Je ne vous cache pas mon inquiétude pour la nouvelle génération qui a grandi à coup d’acronymes, de hashtags et de foot virtuel. Je refuse cependant de condamner. Il faut avant tout écouter, dialoguer et éduquer. Ces jeunes Padawans ont probablement simplement péché par ignorance. Peut-être se sont-ils simplement égarés et attendent avec anxiété une lanterne pour éclairer leur chemin, une lumière pour les inspirer, une main pour les guider, un doigt pour leur indiquer la voie. Je peux être cette lanterne, cette lumière, cette main, ce doigt.

En attendant de trouver mon doigt et tout le reste les gars, si vous lisez mon message pédagogique, sachez qu’il n’y a QU’UNE seule Premier League au monde, c’est l’anglaise, et donc la seule abréviation possible est PL, ou, à l’extrême extrême limite, EPL (English Premier League).

BPL, sans déconner…


La seule vraie BPL                                                   Virez-moi tous ces guignols

# 7. Les consultants/journalistes dinosaures

Comprendre : le vieil « expert » ex-pro qui nous les brise menu à longueur d’année avec son foot à papa. Le gus a joué dans les années 60, 70 ou 80, bien avant le Big bang (l’arrivée de la Premier League) et n’a pas actualisé son disque dur depuis des décennies. Enfin, façon de parler car l’ordi n’existait pas quand il jouait.

Tantôt amer, tantôt nostalgique, mais souvent archaïsant, on jurerait le consultant/journaliste dinosaure tout droit extrait d’une capsule temporelle enterrée dans les Seventies et que l’on vient de déterrer. Il utilise le langage du passé et tend à tout juger à l’aune de ce « bon vieux temps » ultra folklorisé et sublimé, une espèce d’Arcadie footballistique idéalisée et figée dans un passé mythifié qui n’a jamais existé ailleurs que dans son imagination.

Ce Zemmour du ballon rond, qui ferait presque fait passer feu Thierry Roland pour un progressiste enragé, aime commencer la semaine sur les ondes en tartinant sur les inévitables « polémiques » du week-end et en se demandant tout haut, sur l’air du « Ah, elle est belle l’Angleterre du foot, tiens ! », ce qu’auraient dit/fait/pensé Bill Shankly ou Brian Clough à la place de X ou Y (en général, un manager étranger dézinguable en toute sécurité), sans intégrer dans son questionnement-raisonnement la légère évolution des choses depuis Shanks et Old Big ‘Ead (surnom de Clough).

Au travers des inflexions et tics langagiers du consultant/journaliste dinosaure, transparaît une influence marquée de cette rhétorique politique de type passéiste qui revient en boucle dans les débats d’actualité ou sociétaux, cf ces nombreuses références mélancoliques diffuses des uns et des autres aux figures tutélaires d’antan (Churchill, Thatcher, Scargill, Michael Foot, etc. – De Gaulle, Jaurés ou Blum en France, voire même Jeanne D’Arc pour les plus obscurantistes. Sont aussi probablement mentionnés : les Plantagenêts, Guillaume le Conquérant, Clovis et ce bon Pépin le Bref).

# 8. Les publicités de partis politiques dans les stades

Si le réglement de la fédération anglaise interdit aux spectateurs de brandir des affiches/banderoles à caractère politique ou syndical dans les stades anglais, il laisse en revanche aux clubs toute latitude en ce domaine. Et dans les clubs de D4 et non-League (sous la Football League – D2 à D4), là où le financement est souvent problématique, il n’est pas rare de voir des partis ou députés se faire mousser sur les panneaux publicitaires ou dans les encarts du programme de match (ainsi que des syndicats sponsoriser des petits clubs, surtout par le passé).

La plupart du temps, on ne fait guère attention à ces incursions. Mais UKIP, c’est différent, on les remarque et ça fait un peu couiner les dents. Perso, je mettrais tout le monde d’accord en boutant tous ces partis hors des stades, z’ont rien à y faire. Surtout UKIP.

En mai 2015, se tiendront les General Elections, on élira les 650 députés britanniques et le leader du parti vainqueur sera nommé Premier Sinistre. Une nouveauté : l’arrivée fracassante sur la scène politique de UKIP, UK Independence Party.

UKIP c’est le new kid on the block qui inquiète les trois Gros (Labour, Conservatives & Lib Dems), surtout les deux premiers, qui se partagent 86 % des députés de la House of Commons. UKIP est le premier acteur politique depuis un bail à pouvoir tailler des croupières au duopole précité. Enfin, en théorie car UKIP n’a jamais eu de député* et ne risque pas d’en avoir des masses en mai prochain, une poignée au maximum (because le système électoral british, le first-past-the-post, scrutin uninominal majoritaire à un tour). Leur présence obligera tout de même Travaillistes et Conservateurs à durcir leur programme et composer avec eux (et plus si affinités –  ententes, magouilles), surtout évidemment dans les 200 circonscriptions étiquetées swing seat ou marginal seat, là où l’avance du député sortant ne dépasse pas 10 %. Avec UKIP dans le rôle d’arbitre et Conservateurs & Travaillistes au coude à coude, la baston promet donc d’être chaude (ci-dessous la 15-day average trend line of poll results from 6 May 2010 to 7 November 2014. En rouge, les Travaillistes ; bleu, Conservateurs ; jaune, Lib Dem ; violet, UKIP).

UKIP, c’est nouveau, c’est europhobe, c’est caricaturalement populiste, ça défouraille tous azimuts sur l’étranger, l’immigré, Bruxelles, l’establishment politicard britannique, la mondialisation, les impôts, donc ça cartonne dans les sondages : approx. 33 % de « capital sympathie » et 16 % d’intention de vote. Et ça commence à bien s’engraisser (merci les généreux donateurs ex Conservateurs, tel le businessman Paul Sykes qui a leur déjà filé 7m £) et donc à s’offrir des espaces pub un peu partout, comme ci-dessus à Aggborough, le stade de Kidderminster Harriers FC (D5), voir article.

Le leader de ce parti férocement eurosceptique est Nigel Farage, ci-dessous, un ancien de la City scolarisé dans une école à 30 000 £ l’année, un mec qui connaît donc bien la vraie vie quoi.
Derrière la façade perma-bronzée de ce bateleur hors pair au demeurant sympathique (dans un style chiraquien : proximité, picole, goût des campagnes électorales), aux antipodes de son prédécesseur (le très coincé Robert Kilroy-Silk), se cache en réalité un dangereux politicien, qui rêve de tout privatiser, de quasi supprimer la BBC TV (qu’il considère probablement comme horriblement « gauchiste »), un type qui admire Putin et fricote au parlement européen avec le parti polonais d’extrême droite Nowa Prawica, dont le Führer est le grand démocrate Janusz Korwin-Mikke (anti état, anti système électoral, raciste, sexiste et négationniste). Apercu de ses idées dans ce clip intitulé « What the Ukip leader really thinks« ).

Starifié par les tabloïds quand il insulta Herman Van Rompuy, alors président de l’UE (clip), Farage semble prôner un « modèle » de type libertarien, l’anarchie économique quoi. Je dis « semble » car le discours UKIP est très fluctuant, sans doute une stratégie pour ratisser le plus large possible (mais pas forcément car pas sûr qu’ils aient de quelconque stratégie hormis leur axe anti-EU, anti-immigrés. Faut dire que la cohérence et UKIP, ça fait deux, ils s’adaptent au gré des opportunités et humeurs populaires en un temps record. Dès qu’on leur pose des questions précises et argumentées, ça se décompose vite. Enfin, passons car si on commence à s’attarder sur les apories du discours UKIP, on y sera encore à Noël).

Bref, UKIP n’est pas franchement très rassurant et on peut déplorer, en dehors de toute considération politique (sort of), qu’un club de football ait jugé judicieux de les accueillir. Alors évidemment, comme beaucoup de petits clubs pros, « Kiddy » est dans le rouge et le Trust des supporters (KHIST) a même dû leur filer une rallonge à l’intersaison pour payer les salaires. OK, hormis quelques clubs financés par un sugar daddy généreux, personne ne roule sur l’or dans ces divisions, mais bon UKIP, ça fait sacrément tache.

[*enfin si, deux depuis peu – élections partielles – mais c’était des transfuges du parti conservateur déjà députés, des Frondeurs qui ont utilisé un trou de souris juridique pour démissionner du parlement et se représenter sous l’étiquette UKIP. Par ailleurs, UKIP compte 24 eurodéputés, dont Nigel Farage]

# 9. Les supporters girouettes

Bon, prenons un exemple précis et parlant… qui pourrais-je donc bien choisir en toute objectivité-neutralité-impartialité… des supps d’un club passe-partout qui changent souvent d’avis et avec fortes amplitudes… Oh la la la, y’en a pas mal de ces clubs avec supps girouettes mais bon faut en choisir un, donc… je sais pas, au hasard, voyons… euhhhhhhhhh… je sais pas, mettons Newcastle United, mais vraiment au hasard alors.

Depuis 2011, leurs supps sont plus volages qu’une horde de Don Juan hyper testostéronés. Because Pardew bien sûr. Un vrai conte footballistique des temps modernes en multiples actes, voici les principaux :

Décembre 2010 : Pardew remplace Chris Hughton, à la surprise générale puisque le club est 11è. Le Londonien est accueilli très froidement, because : a) c’est un Londonien, comme Mike Ashley et Dennis Wise, l’ex bras droit d’Ashley et poil à gratter de Kevin Keegan deux ans plus tôt b) il n’a pas prouvé grand-chose.

Saison 2011-12 : encensé après la 5è place des Magpies. Est surnommé « Pardiola » sur les bords du Tyne et élu Manager Premier League de l’année par la LMA (League Managers Association).

Saison 2012-13 : Avant d’être flingué en 2012-13 (Newcastle 16è) puis définitivement achevé en 2013-14 avec moultes protestations anti-Pardew dans le stade et la ville (manifs, bus anti-Pardew & Mike Ashley). On entend un max de « Pardew est fini », « Pardew est mort », « Pards est grillé, il n’a plus d’avenir en PL », etc.

Début de saison 2014-15 : déchaînement sur les réseaux sociaux, avec notamment le fameux sackpardew.com. C’est officiel : le mec est un bon à rien et sa tête doit tomber.

Et pis, à partir de mi octobre 2014, miraculeux regain de forme : Newcastle aligne 5 victoires de suite en PL et passe de la dernière place ex-aequo au haut de tableau. Du jour au lendemain, Pardew est réhabilité et redevient le messie qu’il était en 2011-12 (« Vraiment un super manager, son coaching est impressionnant, il faut qu’il reste » ai-je entendu plusieurs fois… après avoir entendu le contraire des mêmes personnes deux mois avant). Etonnant que personne n’ait créé Pleasedon’tsackpardew.com.

# 10. Les prédictions à la con des « experts »

Surtout de ceux qui « awfulise » sans arrêt comme disent les psychiatres anglais, les Cassandre, les catastrophistes professionnels, les adeptes de la dystopie permanente, les fanas de l’Apocalypse, les doom merchants. Cas d’école : Southampton FC. A l’intersaison, les Saints perdent la moitié de leur ossature et là, grosse panique chez TOUS les observateurs du foot anglais (les Cahiers feront livrer une Dacia haut de gamme à celui qui, preuves à l’appui, nous trouve un gars qui était serein sur leur saison à venir à l’intersaison). Bim, les mecs passent l’été à noircir papier ou écran sur le thème du « Mon Dieu, quel terrible exode, Soton va se vautrer, les Saints ne s’en remettront jamais, ils vont descendre » etc. Koeman arrive, recrute malin et on connaît la suite.

Y’a même un mec spécialisé dans le football anglais et qui se vante de bien le connaître depuis un bail qui écrivait début juin : « Bref, il risque de plus rester grand monde au 31 août. Le dernier sorti éteint la lumière… »

Ah, ah, quel blaireau, un vrai Footixón comme pourraient dire les Espagnols.

J’imagine que vous mourez d’envie de savoir qui est ce Footix de troisième zone, hein ?

Ben c’est…






































































































… Kevin Quigagne…






























Kevin Quigagne (KQ qui a la honte et qui va aller se cacher sous un pouf et y rester jusqu’à Noël).