The Back Page, tout près de Saint James’ Park (SJP), est la librairie-boutique de football la plus fournie de la planète. C’est aussi le hang-out intello préféré d’Hatem Ben Arfa et de nombreux amateurs de foot du monde entier. C’est du Back Page qu’HBA a voulu lancer ce que les médias ont (erronément) appelé sa « contre-attaque », juste avant qu’Alan Pardew n’expédie l’artiste incompris à Hull City. Rencontre avec son boss atypique, Mick Edmondson, a man you don’t meet every day comme chantaient les Pogues.

Voir intro ici. Réponse au Concours TK & nom du gagnant plus bas.

[Cliquez sur les photos pour les agrandir]

Interview, dernière partie

Back Page est très international. Y’a dix minutes ici, y’avait deux clients australiens, un Grec, un Milanais et un Norvégien. D’ailleurs, le Milanais, hilare, voulait acheter le maillot anti Sunderland « Have you ever seen a Mackem in Milan*? » On vient vraiment du monde entier chez toi ! [*basé sur le mythe mensonger que Sunderland – les Mackems – n’aurait jamais disputé de coupe européenne. J’ai évidemment tenté en douce de dissuader ce touriste de l’acheter mais en vain, ça le faisait trop marrer ce couillon].

Ah oui, j’ai vu ça, le Milanais a vraiment flashé sur ce t-shirt ! Oui, ça vient des quatre coins de la planète. On a tous les profils, du simple curieux au mordu de football memorabilia. On a par exemple un prêtre qui vient de Londres une fois par an et reste cinq heures à chaque visite. Un autre fidèle vient du Kent [sud de l’Angleterre] deux fois par an, il arrive à la gare le matin, vient direct ici, reste la journée, ne sort pas de la boutique et repart en fin d’après-midi prendre son train pour le Kent. Le mec fait 1 200 bornes A/R dans la journée rien que pour venir ici. C’est une sorte de pélérinage pour certains.

Y’a peu de boutiques comme la mienne dans le monde et elles sont plus petites. La deuxième plus grosse, après nous, est apparemment à Melbourne en Australie mais des Australiens m’ont assuré que c’est beaucoup plus petit qu’ici en terme de stock. Y’en a quelques unes disséminées en Europe continentale mais plus modestes. Nos clients, qui viennent donc d’absolument partout, nous disent souvent qu’ils n’ont rien de tel chez eux. Y’avait deux boutiques un peu similaires à Londres et Manchester, Sports Pages, mais elles ont fermé.

C’est difficile en fait de s’en sortir avec juste une boutique qui ne ferait essentiellement que du livre. C’est aussi pour ça que j’ai diversifié le business, avec Back Page Travel notamment, notre site Internet qui marche bien ou des ventes d’articles dédicacés (livres, ballons, photos, maillots, affiches, billets, etc.) par des joueurs ou sportifs célèbres.

Quels articles vendez-vous le plus ?

Hormis les livres, les programmes de match. On essaie de se garder les plus rares cependant. On a un superbe spécimen actuellement, un Liverpool-Newcastle de 1908 à Anfield imprimé sur un mouchoir en papier !  Il est authentique, il porte la mention « Programme Officiel ». On en avait un de 1898 y’a peu mais on ne l’a plus.


On trouve même du matos toxique chez Mick (le « M word » – si vous ne pigez pas, matez entre Millwall et Montrose).

T’as des supps de Sunderland comme clients ?

Oui, quelques-uns, certains viennent même ici les jours de match à SJP [nda : j’espère qu’aucun Black Cat ne traînait dans la boutique vers 16-17h samedi dernier, au moment où S’land se faisait désosser 8-0…]. On a même eu des anciens joueurs de Sunderland qui nous ont rendus visite, comme Len Ashurst ou Dennis Tueart, ce dernier est venu souvent d’ailleurs [nda : Tueart est un ex international anglais qui remplaça Pelé au New-York Cosmos. Resté célèbre pour ses reprises de volée et retournés acrobatiques, ici et ici – à 47 secondes – par exemple].

T’as déjà eu des réflexions de clients du style « Mais que foutent des trucs sur Sunderland ici ? » Je te demande ça car le fanzine de Sunderland, A Love Supreme, a dû être retiré de la vente sur Newcastle parce qu’il était régulièrement vandalisé [selon son rédac chef, que j’ai interviewé l’an dernier].

Non, jamais.

[Pour me convaincre de la grande tolérance qui règne en ces lieux, Mick me montre le rayon livres Black Cats et la vitrine « Produits de club » où Sunderland occupe une place respectable]

Félicitations pour ta vitrine  Mick, tu as un beau p’tit coin Sunderland mais pourquoi il est au ras du sol comme ça ? [2è en bas en partant de la gauche sur la photo]

Réponse de Mick sous la photo…


Si le coin Sunderland est au ras du sol, c’est « pour que quand un Black Cat se met à quatre pattes pour examiner les articles, on puisse facilement lui mettre un bon coup de pied au cul. »

[Dageek remporte notre cadeau (ça sent le vécu, ailleurs, faudra que tu nous racontes…). Bravo à lui et aux deux autres lecteurs qui ont proposé grosso modo la même réponse mais après Dageek]


Allez, un gros zoom sur le coin Sunderland pour me venger.

Il y a toujours eu une forte rivalité entre Newcastle et Sunderland. Par exemple, dans les lettres à leurs familles pendant la Grande Guerre, les soldats originaires de Newcastle ou Sunderland se plaignaient davantage de devoir partager les tranchées avec des supps de Newcastle/Sunderland que de leurs conditions épouvantables ! Mais ce qu’on sait beaucoup moins, c’est que dans les années 50-60, pas mal de supps de Newcastle allaient voir Sunderland, et vice-versa, car aucun match de championnat n’etait diffusé à la télé à cette époque et les supps étaient sevrés de football. Comment as-tu vu évoluer cette rivalité plutôt bon enfant avant les Seventies mais très tribale depuis ?

D’abord oui, tout à fait, les anciens m’ont raconté comment en effet les supps des deux clubs non seulement se toléraient mais assistaient aux matchs de l’un ou l’autre club sans haine particulière, même si la rivalité a bien sûr toujours existé. Tout ça a changé radicalement dans les années 70 avec l’arrivée du hooliganisme de masse. Y’a beaucoup moins de violence aujourd’hui mais c’est devenu très tribal en effet.


Sunderland-Newcastle à Roker Park, 5 avril 1980. La ségrégation dans les stades apparut en 1973 et se généralisa au milieu des Seventies (mais souvent fragile et aléatoire, e.g sur la photo, un grillage et un mince cordon de policiers pour séparer les deux camps)

C’était comment par ici dans les années 1975-90 mettons, au plus fort du hooliganisme ?

Affreux bien souvent, y’a eu beaucoup de violence ici. A partir de 1982, j’ai assisté à tous les matchs de Newcastle à domicile et à l’extérieur et c’était chaud, surtout contre des clubs comme West Ham, Chelsea et Leeds. Ils avaient les plus grosses firms de hooligans et se déplaçaient par centaines. J’ai aussi vu des Newcastle vs Sunderland et vs Middlesbrough vraiment violents, avec batailles de rue, etc. Personnellement, je n’ai jamais participé à aucun acte violent mais il m’est arrivé d’être pris dans ce déferlement de violence. Même quand c’était calme en apparence, y’avait une tension permanente et on sentait que ça pouvait éclater à tout moment.

Tu faisais les déplacements ?

Ouais, je prenais ce qu’on appelait les Football Specials [trains dont j’ai parlé dans cet article TK]. Wow, le premier que j’ai pris de Newcastle, j’en revenais pas. J’arrive à la gare et je vois des centaines de supps habillés en tenue de combat, avec des grosses bottes, des Dr Martens bout acier, etc. Y’avait aussi pas mal de skinheads & assimilés, c’était chaud.

Newcastle United a eu plusieurs firms notoires. La première a été la Bender Squad. Ces mecs étaient vraiment tarés, ils se faisaient appeler ainsi (Escadron Biture) car ils ne faisaient que picoler. En règle générale, ils ne cherchaient pas activement la violence car ils savaient pertinemment que la violence viendrait à eux. Leur truc à eux étaient de squatter un pub et les alentours immédiats avant le match pendant des heures en matant méchamment tout le monde, sans bouger. C’était assez terrifiant. Fatalement, au bout d’un moment, ça pétait.

La Newcastle Mainline Express (NME) est arrivée un peu après, avec la scène Casuals du début des Eighties, y’a eu les Gremlins aussi, au milieu des Eighties.

[nda : Certains de ces hools sont toujours plus ou moins actifs, à l’écart des stades désormais très sécurisés, cf les violences dans le centre-ville de Newcastle après le derby d’avril 2013. Ces firms, ou leurs vestiges, aiment se déplacer à l’étranger, matchs amicaux, européens ou compétitions internationales avec les Three Lions. Par ailleurs, sans en exagérer l’importance, on assiste depuis quelques années à une résurgence du hooliganisme « juvénile », liés ou non aux anciens hools. Ces casseurs, quand ils sont organisés, reprennent parfois le nom des anciennes firms en y ajoutant Baby ou Youth/Young (Villa Youth à Aston Villa, Young Baby Squad à Leicester, etc.). 290 mineurs étaient interdits de stade en 2010, presque 10 % du total d’IDS].

Y’avait aussi pas mal de violence à l’intérieur des stades bien sûr.

Oui. Le gros truc à l’époque, pour toute firm digne de ce nom était ce qu’on appelait « The taking of an end », la prise d’une tribune, si possible le Kop local. Les hooligans arrivaient tôt au stade et essayaient d’envahir tout ou partie d’une tribune pour s’approprier les lieux. C’était une façon d’humilier les supps locaux.

Les firms de Newcastle ont fait ça plusieurs fois à Roker Park [l’ancien stade de Sunderland] et un jour même, il s’est passé un truc inédit : 2 000 supps de Newcastle ont pris possession d’une tribune à Roker Park… pendant un Sunderland-Birmingham City. Les supps Magpies avaient secrètement décidé de ne pas aller voir NUFC mais plutôt d’aller foutre le bordel à Roker Park. Dans le même genre, le pire que j’ai vu est en 1985 quand 400 gars de la firm NME ont envahi la tribune Fulwell à Roker Park en plein match… Bagarre générale qui a débordé sur la pelouse, jets d’objets en tout genre, match interrompu.


La prise de la tribune Fulwell à Roker Park fait partie du « folklore » hool local, tout comme les batailles rangées entre les Gremlins et les Seaburn Casuals (principale firm de Sunderland). Chaque membre de firm payait minimum 1 £ par semaine pour couvrir les frais de justice et amendes infligées par les tribunaux.

En mai 1987, ça a été spectaculaire aussi, toujours à Roker Park pour une demi-finale des plays-offs entre Sunderland (D2) et Gillingham, D3 [nda : à l’époque, première saison des play-offs, le 20è de D2 affrontait le 5è de D3]. Y’avait 2 000 supps de Newcastle dans le stade, dont moi. On avait fait le déplacement juste pour espérer voir Sunderland descendre en D3 et fêter ça devant eux, car c’était sûrement le match le plus important de leur histoire. Sunderland a gagné 4-3 mais est descendu en D3 [la première – et seule – fois de leur histoire] car battu 3-2 à l’aller. Super journée pour les 2 000 supps Magpies, on a vu Sunderland se faire reléguer en D3 !


Gwen, l’exaspérée propriétaire d’un barbier-coiffeur de South Shields (banlieue de Newcastle), a dû contacter la presse (voir article) pour supplier certains supps Magpies d’arrêter de l’insulter et/ou s’en prendre à son commerce : ces ignorants prenaient les couleurs traditionnelles d’un barbier outre-Manche (le rouge et blanc) pour un soutien affiché à Sunderland. Mais jusqu’où la connerie ira-t-elle se nicher ?

[Anecdote amusante pour détendre l’atmosphère. En 1998, Barry Welsh, un inconditionnel Black Cat gare sa voiture à Newcastle pour la nuit. Sa caisse est entièrement décorée aux couleurs de Sunderland (rayures rouge et blanches, maillot Black Cat en guise de housses de siège, fanions, etc. similaire à celle ci-dessous). Quand il la récupère le lendemain, elle a été totalement repeinte noire et blanche et un maillot Magpie a été collé à la Super Glue à une vitre…]

Alors, en deux mots car on aurait pas assez de la journée : c’est quoi ce bordel avec Pardew et votre équipe ? Vous êtes mal barrés là… [ITW réalisée avant la victoire 1-0 vs Leicester samedi, Newcastle est actuellement 18è]

[Il s’anime] Je déteste sa façon d’appréhender son boulot, ce type est condescendant et profondément ignorant… Tout ce que j’attends d’un employé de Newcastle United, qu’il soit footballer, manager, dirigeant, entraîneur, préparateur, tea lady, vendeur de programme, peu importe, c’est qu’il donne 100 % pour le club. C’est un honneur de bosser pour NUFC et ceux qui représentent le club doivent se donner à fond.

[J’enfonce le clou] OK, l’abnégation, la gnaque, tout ça, mais ça ne suffit pas, vous êtes dernier là hein. Je sais, on en a déjà parlé [voir deuxième partie] mais j’aime bien ce sujet de conversation…

[Il s’anime de plus en plus] Mais Pardew n’a pas la tête à Newcastle, c’est ça le vrai problème, on dirait qu’il s’en fout. Ce type est un vrai embarras pour nous, il met des coups de boule aux joueurs adverses, il pousse et insulte les managers adverses, les arbitres même parfois, et c’est jamais sa faute ! C’est toujours la faute des supps. Ce type est NUL ! Les 28 derniers managers limogés en Premier League affichaient tous un meilleur bilan que Pardew. Avant le match contre Swansea (2-2) Newcastle United n’avait marqué qu’UN seul but à l’extérieur… et c’était un but csc d’un joueur de Liverpool ! 3 victoires en championnat depuis Noël dernier… et je pourrais continuer comme ça longtemps.

Vos nouveaux Frenchies là, Cabella et Rivière, t’en penses quoi ?

Ils me semblent justes, surtout Rivière. Cabella est trop léger mais il est encore trop tôt pour le juger définitivement. Je crois que dans une équipe forte, il sortirait davantage son épingle du jeu. Rivière n’a rien montré pour l’instant, pire même, il a été nul. Désolé d’en revenir à Ben Arfa et Yanga-Mbiwa mais ces deux joueurs sont largement supérieurs à ce qu’on a en ce moment et pourtant, on les a prêtés. L’un des problèmes de Pardew est sa gestion humaine [man-management] catastrophique. T’imagines Kevin Keegan avec Ben Arfa ? Il te l’aurait pris par l’épaule et lui aurait redonné confiance, il ne l’aurait jamais prêté.

J’imagine que t’es pas non plus un grand fan du propriétaire, Mike Ashley…

[Très remonté] Mike Ashley ne comprend ni ce club ni le football, il ne comprend pas Tyneside [conurbation de Newcastle], il ne comprend pas ce que le foot signifie pour les gens ici. Le football ici, c’est une religion. Tout le monde parle foot non stop, bien plus qu’ailleurs. Son problème aussi c’est qu’il s’est entouré de gens incompétents. Au début, le président était Chris Mort, un gars super, proche des supps, je l’ai rencontré plusieurs fois. C’est Ashley lui-même qui l’a fait venir. Pis il a vite été remplacé par Derek Llambias, un nul ce type [remercié en juin  2013, remplacé par Joe Kinnear].

Quand Ashley a fait venir Keegan comme manager [janvier 2008], c’était indéniablement un geste positif mais il a aussi embauché Dennis Wise comme Directeur sportif, une grosse erreur [nda : Keegan se brouilla vite avec Wise, qui, selon Keegan, décidait unitéralement des transferts. Tout ça se termina au tribunal fin 2008]. Wise ici fut le premier signe qu’Ashley faisait venir n’importe qui. Wise est un Londonien qui n’a aucune affinité avec Tyneside et ne comprenait rien à cette région. On ne demande pas des gens qui soient d’ici mais au moins qui comprennent notre région. Depuis Wise, ça n’a été qu’un long catalogue de désastres, Pardew, Llambias, Kinnear…. Le seul point positif a été de faire venir Graham Carr [responsable de la cellule recrutement], c’est un Geordie, il comprend le club et sait comment on fonctionne.

Parlons fanzines NUFC. Ton zine Black & White Daft a cessé de paraître début 2013, Toon Talk a aussi jeté l’éponge l’an dernier et les deux autres, True Faith et The Mag, les « historiques » (41 ans d’existence à eux deux) ne paraissent plus qu’en numérique depuis six mois malgré leur bonne santé papier [supposition car obtenir des chiffres est compliqué]. Explique-nous ce qu’il se passe.

Je préfère ne pas trop m’avancer là-dessus car je ne sais pas exactement ce qui est arrivé à True Faith et The Mag. Je sens juste que ça va devenir difficile pour les fanzines de survivre en format papier. Le numérique permet de davantage coller à l’actu, d’inclure des liens et d’étoffer le contenu. Tu me dis que A Love Supreme [fanzine de Sunderland] a l’air de bien se porter mais ça ne m’étonnerait pas s’il virait au numérique d’ici peu.

[nda : Mick ne souhaite pas s’étendre sur le sujet mais il semblerait que le principal distributeur du réseau et stockiste – WHSmith, également grosse chaîne de maisons de la presse – ait fortement augmenté les coûts de distribution dernièrement]

Tu te déplaces à tous les matchs européens de Newcastle depuis deux décennies et je lisais ton reportage sur Bordeaux dans le # 12 de ton fanzine [Bordeaux-Newcastle, 2-0, déc. 2012]. Sans vouloir te flatter, c’est excellent, vivant, marrant, etc. Tu as adoré Bordeaux, hormis les CRS qui ont parqué les 1 200 supps Magpies pendant 45 minutes alors qu’il n’y avait aucun problème mais passons. Tu savais que les supps là-bas mettent des lamas dans le tram ? [je lui explique et lui montre des photos]

[Il éclate de rire] J’en reviens pas, ils ont mis un lama dans le tram, ah ah ! Oui, j’ai vraiment adoré Bordeaux, la ville, les gens, les bars, super. Y’a une autre ville que j’ai adoré en France quand on y a joué en 1996 c’est Metz, super ville. Tu savais que Robert Pirès a failli signé pour vous ? [Sunderland]

[Surpris] Ah bon ? Non, je savais pas.

Ouais ouais, du temps de Dalglish [manager de Newcastle de janvier 1997 à fin août 1998]. Ce qui se disait alors c’est que Newcastle voulait recruter Pirès et donc Dalglish avait chargé son adjoint, Terry McDermott, de s’en occuper. Mais McDermott a mal compris et a recruté Pérez, Lionel Pérez…

[Incrédule] Qu’est-ce que c’est que cette légende urbaine à la Luther Blissett à l’AC Milan… Pérez était gardien et a atterri à Sunderland !

Ça paraît dingue mais c’est pourtant ce qu’on m’a dit, quelqu’un de bien informé en plus. D’ailleurs, Newcastle a bien acheté Pérez, avant de vous le refiler. Oui, oui, c’est vrai, il n’a jamais joué pour nous car il était troisième gardien mais Newcastle l’a bien recruté, à la place de Pirès donc. Pas fins les mecs quand même ! [nda : en fait, Pérez a bien été un Magpie – sans jouer pendant deux ans, barré par Shay Given et Steve Harper – mais seulement après son passage réussi à Sunderland où il se fit remarquer par son originalité, ses prouesses et sa coupe péroxydée].

Lionel Pérez, “cult hero” à Sunderland (1996-1998), cireur de banc à Newcastle (1998-2000)

C’est comme votre Peter Reid [Manager de Sunderland de 1995 à 2002]. Ben, il a recruté Milton Núñez mais c’était le mauvais Núñez !

Ah ben tu vois ça, ce n’est absolument pas étonnant !

Je crois aussi que Pardew et Kinnear ont recruté le mauvais De Jong l’an dernier, Luuk au lieu de Siem qui est chez nous cette année…

Quel livre de football en anglais sorti récemment recommanderais-tu ?

Black & White Daft ! [le sien] Non, sérieusement, je recommanderais All With Smiling Faces de Paul Brown [supp de Newcastle, auteur reconnu et contributeur pour le Guardian, When Saturday Comes, etc.]. Il vient de sortir, c’est sur les trois premières décennies de Newcastle United et le football à cette époque-là, passionnant.


Paul Brown, avec son livre All With Smiling Faces. Le titre est un vers tiré de Blaydon Races, célèbre chanson du repertoire de folk local (Geordie) écrite en 1862 et devenue ensuite l’hymne de la ville/du coin et du club. Chanson qu’on entend malheureusement rarement à SJP mais qui fait frissonner, voir clip (interprétée ici par Graeme Danby, ténor d’opéra originaire de Newcastle).

Sur notre blog, Teenage Kicks, il m’arrive souvent d’écrire des choses vraiment super gentilles sur vous et je t’ai offert un beau cadeau pour mettre sur vos murs [ça],  alors tu n’as pas le choix : dis-moi un truc sympa sur Sunderland AFC.

Euh… [il réfléchit] euh… un truc sympa sur Sunderland, euh… [long silence, grimaces et grattage de front]…

Tu dois me trouver un truc là hein, t’y coupes pas…

Euh… Ah oui, j’ai vraiment aimé le geste des supps Black Cats après le décès tragique de John Alder et Liam Sweeney [supps Magpies disparus dans le crash du vol MH17 en Ukraine et qui se rendaient en Malaisie pour voir NUFC en tournée]. Beaucoup de supps Magpies ont vraiment apprécié ce geste spontané, merci à eux, ça nous a touchés.

Ton prono pour le prochain derby [dimanche 21 décembre, à SJP], une troisième p’tite victoire Black Cats d’affilée dans votre jardin, hein ?

Mais non ! Je vois bien un 1-0 pour nous. Cela dit, je trouve nos deux clubs très faibles cette saison et j’ai bien peur que ce derby accouche d’une purge.

Très faible, très faible, parle pour toi hein ! [c’était donc avant le 8-0 à Southampton…] Merci beaucoup de ta disponibilité Mick.

Kevin Quigagne.

8 commentaires

  1. Anthony dit :

    Je recommande aussi All with Smiling faces, qui sera passé en revue bientot sur Newcastle.fr

    Bravo a KK pour son article sympa surtout quand on sait qu il soutient l autre equipe du coin 🙂

  2. louvressac dit :

    Sports page a Londres, c’était une librairie extraordinaire située charing cross road si mes souvenirs sont bons,J’y suis repassé il y a quelques années pour m’apercevoir que c’était devenu un resto thaï…..
    Un endroit magique avec une quantité incroyables de vieux fanzines….
    Petit point de détail en passant, les play-offs de 1987 contre les mighty gills c’était en fait le premier tour !
    Et si mes souvenirs sont bons Tony Cascarino marque a lui tout seul 5 des 6 goals de Gillingham.La finale, quant a elle a eu lieu contre Swindon town (victoire 1-0 a Priestfield, défaite 2-1 la bas,hélas les goals a l’extérieur Ne comptaient pas, et défaite 2-0 lors d’un match d’appui a selhurst park…)

  3. Dageek dit :

    Yeah merci pour la gagne KK!
    Désolé pas d’anecdote coup de pieds au cul perso à raconter, juste essayé de trouver une brimade bien british, à la fois marrante et humiliante.
    Je me suis levé en espérant avoir gagné à l’euromillions, au final je gagne au jeu teenage kicks, c’est déjà pas mal.
    Super interview , un vrai régal.

  4. Gunnersbury fc dit :

    Merci pour cet article. Un grand moment !

  5. G.Worst dit :

    Merci pour ce triptyque, et surtout pour avoir su mettre quelques heures tes convictions supporteriales dans ta poche avec le mouchoir par-dessus.

    C’est toujours un plaisir de te lire.

  6. Malix dit :

    Encore un super reportage de teenage kicks, merci.
    Ca a l’air d’être un chouette lieu, du genre on sait quand on rentre mais pas quand on repart (ou plutôt si à la fermeture, la CB éventuellement fondue d’avoir trop chauffée)
    Belle ironie pour Kevin Quigagne que la librairie de foot au stock le plus grand, donc une mecque potentielle pour lui, soit tenue par un supp geordie 😉
    Je suis aussi dubitatif sur le fait que le maillot de Newcastle ait été le plus vendu au monde, mais j’aime beaucoup comment Mick le soutient mordicus..
    Et puis on voit bien que c’est un homme de goût ce Mick notamment vu sa remarque sur Metz. D’ailleurs, j’étais à Saint-Symphorien au match aller (1-1) et j’avais été impressionné par l’ambiance qu’avait mise les supps de Newcastle. Bon au retour on a paumé 2-0 en dominant le match (Mick ne serait peut-être pas d’accord avec cette vision)
    Sinon je ne connaissais pas cette anecdote (euh on va dire étonnante) sur le transfert raté de Robert Pirès..

  7. Kevin Quigagne dit :

    Merci à vous.

    Malheureusement, depuis cette interview (réalisée avant la 8è journée) et mon départ en vacances dans la foulée, c’est la grosse cata.

    En sortant du Back Page, d’un pas suprêmement confiant, j’avais laissé les Mags dernier ex-aequo avec 4 points sur 21 possibles (aucune victoire), un Pardew près du lynchage et je me la pétais because Sunderland pointait crânement à la 11è place avec la deuxième défense de PL.
    Depuis ces temps bénis vieux d’à peine 2-3 semaines, Newcastle a gagné 2 fois en championnat, pointe à la 14è place, a sorti Man City en League Cup et s’est qualifié pour les ¼. Dans le même temps, Sunderland a perdu 2 fois en encaissant 10 buts et marquant 0, s’est pris la tonking de sa vie (8-0) avec des buts gags à gogo (avec ceux vs Arsenal) passés en boucle jusque dans le Tonkin sans doute et se retrouve relégable.

    Mais que se passe-t-il bordel ? Le revenant Obertan flambe, Colback est on fire, Sammy Ameobi est déchaîné et Pardew héroïsé… Ils leur ont injectés des produits, c’est pas possible autrement. Leur Armstrong là (jeune de l’Academy) qu’ils alignent en League Cup, il serait pas de la famille de Lance lui ?

  8. Kevin Quigagne dit :

    [il est 13h35 ici, mi-temps de Newcastle-Liverpool que je suis d’un oeil, popopo que c’est poussif et mou Liverpool… Faut absolument injecter du Lallana là-dedans, et même du Borini. Quand Sammy Ameobi crève bien plus l’écran que Balotelli ou Sterling, on sait que y’a un problème et que c’est grave Docteur…]

    @ Louvressac.

    Merci de signaler cette coquillette (corrigée), demi-finale des play-offs et non pas finale comme je l’écris. 54 000 signes à rédiger en 4è vitesse dans un état de fatigue avancé ont eu raison de moi (je devrais écrire « retranscrire » plutôt que rédiger car il s’agit simplement d’une ITW donc énorme différence niveau chronophagie par rapport à un article documenté classique même si c’est évidemment du boulot, surtout celle-ci, + de 9 000 mots).

    Une précision sur le sujet des buts à l’extérieur aux play-offs par rapport à ce que tu écris (« les buts à l’extérieur ne comptaient pas »). Tu te réfères juste à la finale j’imagine – dont tu parles – car pour le reste des play-offs ils comptaient bien, mais différemment que dans les autres compétitions, ils servaient d’élément décisif (decider, tie-breaker) mais une fois les prolongations jouées seulement (sauf pour la finale A/R, alors disputée sans prolong si score cumulé à égalité).

    Peu après, le système des play-offs a progressivement changé (notamment pour permettre l’harmonisation de 46 clubs par division de Football League, qui évidemment, évolua structurellement avec la création de la Premier League) et depuis 2001 les buts à l’extérieur ne comptent plus du tout aux play-offs de Football League.

    1987 était la première année de l’introduction des play-offs en Football League, y’a une raison bien précise à cette nouveauté à ce moment-là (très turbulent) de l’histoire du football anglais, je l’expliquais ici (sous intertitre « 1983-1984 : des concessions insuffisantes »).

    http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2012/02/13/fevrier-1992-naissance-de-la-premier-league-13/

    Tout cela est lié aux grosses mutations qui déboucheront sur la transformation de la Football League et l’apparition de la Premier League, le plus gros big bang de l’histoire du football anglais depuis l’appropriation du foot par les classes ouvrières des mains des « Toffs » au milieu des années 1870 (et qui déboucha sur le professionnalisme 10 ans plus tard et la création de la Football League dans la foulée).

    La finale se joua en match A/R chez les deux finalistes les trois premières saisons puis à Wembley le week-end de Pentecôte à partir de 1990 pour tout le monde (D2 à D4), because refonte des play-offs, raisons financières et de prestige aussi. La Football League voulut en faire son « flagship product » comme on dit, son produit phare, sa tête de gondole, nécessité qui devint de plus en plus cruciale à partir du schisme avec la D1 en 1992 et la domination de l’émergente Premier League.

    Je connaissais aussi Sports Pages sur Charring Cross Road, le coin des librairies, le Boulevard St-Mich’ londonien. Y’avait aussi une énorme librairie de voyage sur Charring Cross ou rue adjacente, elle a peut-être disparu, remplacée par un Starbucks géant ou autre, malheureusement les librairies (indépendantes ou de chaînes) disparaissent à un rythme terrible au Royaume-Uni (pas de loi sur le prix unique du livre ici, y’en avait un – Net Book Price Agreement – mais supprimé y’a 20 ans, depuis c’est l’hécatombe, surtout depuis Amazon). Y’a aussi l’extraordinaire Foyle’s sur Charring Cross Rd, 500 000 livres en rayons et réserve sur presque 7 kms de rayonnage !

    @ Dageek.

    Bah, l’Euromillions c’est surfait, c’est surtout le début des emmerdes (divorce, jalousies, succession, famille qui s’entre-déchire, mondanités à la con, etc.) et niveau prestige, c’est zéro comparé à un prix Teenage Kicks.

    Des infos sur ton cadeau dans un courriel que je viens de t’envoyer.

    @ Malix.

    Oui, c’est une belle ironie en effet mais je me rattrape : le meilleur fanzine britannique (donc du monde) est celui de Sunderland, c’est pas moi qui le dis, c’est officiel :

    http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2013/10/08/le-fanzine-de-foot-depucelage-de-groupe-13/

    C’était pas Tapie qui dirigeait Adidas à l’époque où ce maillot éclata soi-disant des records de vente ? Auquel cas, niveau comptabilité, ça pourrait s’expliquer.

    C’est vrai que cette équipe des Entertainers était très populaire en Angleterre à l’époque, milieu années 95 (mais la plus populaire au monde/en Europe ? Hmm, not sure. A mon avis, ce maillot dut sa popularité à son design et à la Newcastle Brown, Newkie Brown pour les intimes). Je vivais dans le South Yorkshire et je me souviens bien de leur popularité, je les ai vu jouer à Hillsborough et Elland Road. Tout le monde adorait Kevin Keegan, cette équipe cosmopolite et sa signature football Champagne, je ne supportais que Wednesday à l’époque (pas encore Sunderland) et ils me plaisaient bien.

    Je crois que Mick s’est emmêlé les pinceaux avec Pirès & Pérez car Lionel a d’abord joué pour les Black Cats avant de se faire recruter par Newcastle (Mick me disait le contraire, il a dû oublier). J’ai vraiment du mal à croire que NUFC a recruté Pérez au lieu de Pirès, je sais bien qu’il se passait des trucs très bizarres avant l’ère Internet mais rien qu’au niveau timing, ça ne colle pas. Mais peu importe, un tas de légendes urbaines de ce style courent (la plus célèbre étant bien sûr celle de Luther Blissett), laissons-les courir gaiement.

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