Archive for mai 26th, 2014

La saison 2013-2014 de Premier League terminée, TK dégaine son bilan club par club.

Rédaction légère assurée par le quatuor Teenage Kicks suivant :

  • Didier Féco (Cardiff, Chelsea, Crystal Palace, Everton, Norwich)
  • Kevin Quigagne (Hull, Newcastle, Stoke, Sunderland, West Ham)
  • Matthew Dymore (Fulham, Man City, Man United, Swansea, WBA)
  • Pan Bagnat (Arsenal, Aston Villa, Liverpool, Southampton, Tottenham)

Everton (5è, 72 points, G-A +22 / 61 buts pour / 39 contre)

Résumé de la saison

Une nouvelle ère a débuté cette année à Everton. Exit l’Ecossais David Moyes, qui quitte le club après 11 années de bons et loyaux services, marquées par le redressement du club et son retour dans la première partie de tableau. Moyes fait tout de même une petite erreur, c’est de rejoindre Manchester United, autant dire pas le meilleur ami du Toffee. A sa place, arrive un fringant espagnol, Roberto Martinez, qui entraînait alors Wigan où il a certes connu la relégation, mais a surtout remporté la Cup.

Martinez ramène avec lui quatre joueurs de Wigan. Dans un premier temps, débarquent Arouna Koné (attaquant, 7 millions de livres), Antolin Alcaraz (défenseur central, libre) et Joel (gardien qui était prêté par l’Atletico à Wigan l’an dernier). Arrivera par la suite le jeune milieu de terrain irlandais James McCarthy (15 millions d’euros). Signalons également les signatures en prêt de Gérard Deulofeu (ailier, Barcelone), Gareth Barry (milieu, Manchester City) et Romelu Lukaku (attaquant, Chelsea).

Côté départs, alors que Moyes avait certifié lors de sa réunion de départ ne pas prendre de joueurs d’Everton, le voilà qu’il se met à faire le forcing pour récupérer Fellaini et Baines. Grâce au Ciel, seul Fellaini partira. Heureusement, car beaucoup plus simple à remplacer que Baines, véritable leader de l’équipe. Fellaini rapportera quand même 32 millions d’euros, un beau petit paquet de sous, surtout vu la saison qu’il a balancé derrière. On notera également les départs de Victor Anichebe (7 millions d’euros, WBA), de Thomas Hitzlsperger et de Jan Mucha comme agents libres et de Phil Neville à la retraite, puis dans le staff de David Moyes à Manchester United. Joli coup d’avoir réussi à refourguer Anichebe pour 7 millions, un joueur attachant, mais terriblement déprimant face au but, excepté lors des derniers mois où il avait semble-t-il compris que son rôle était de tirer dans les filets. Sa dernière saison était d’ailleurs la plus prolifique, avec des stats de folie, 26 matchs de championnat et 6 buts, un monstre. Au final, Anichebe quitte les Toffees avec un bilan de 131 matchs de Premier League pour 18 buts, soit environ un but tous les sept matchs.

Everton démarre sa saison plutôt mal, puis qu’après trois matchs, les hommes de Martinez n’ont pas récolté une seule victoire. La délivrance survient le 14 septembre face au Chelsea de Mourinho, Steven Naismith marque dans le temps additionnel de la première mi-temps et offre la victoire aux Toffees. Lors de la 7ème journée, Everton s’incline 3-1 sur la pelouse de City et signe sa première défaite de la saison, soit le club ayant été le plus longtemps invaincu en championnat. On pourrait croire que cela porterait un coup d’arrêt à l’équipe, mais non. Martinez remotive les troupes, les joueurs commencent à s’éclater sur le terrain et ça se voit dans les résultats. Everton signe alors une série de dix matchs sans défaite, dont un match nul épique à Goodison face à Liverpool (3-3) et une belle performance chez le leader de l’époque, Arsenal (1-1). Assez étonnant, Everton tombe à Goodison pour la première fois depuis très longtemps. Face à Sunderland en plus, équipe qui n’était pas très fringante à cette époque de l’année. L’équipe se reprend encore, signant quatre matchs sans défaite, mais doit se rendre à Anfield, avec une équipe diminuée physiquement. En plus, Heitinga part à Fulham et Jelavic à Hull. Pas des titulaires, certes, mais des gars qui pouvaient répondre présent en cas de besoin.

Le problème d’Everton, c’est que si le 11 de départ est taillé pour jouer les premiers rôles, le club n’a pas la puissance financière nécessaire pour entretenir un banc de niveau comparable. Du coup, quand un joueur important se blesse, c’est un peu problématique. En face le rouleau compresseur rouge est lancé et le mur des Toffees ne peut pas résister. Le résultat est sans appel, Everton s’incline 4-0 et les ambitions de Ligue des Champions en prennent un coup.
Trois jours après, les joueurs réagissent en s’imposant à domicile face à Aston Villa (1-0), mais Lukaku est blessé et sans son buteur fétiche, l’équipe a du mal à transformer les occasions en but. Surtout qu’en face d’elle se dresse Tottenham et Chelsea, à chaque fois à l’extérieur. Deux défaites plus tard, alors que le moral des supporters est un peu retombé dans les chaussettes, Martinez et ses hommes vont sortir la série parfaite au bon moment. Sept victoires consécutives, entre le 1er mars et le 14 avril. Newcastle s’écroule à domicile (3-0), West Ham résiste, mais finit par tomber (1-0), Cardiff repousse pendant longtemps les offensives des Toffees, mais Coleman vient placer sa frappe – ratée – dans la lucarne de Marshall à la dernière seconde (2-1), Swansea n’y arrive pas non plus (3-2), Fulham est courageux, mais trop limité (3-1). Et puis, et puis, le 6 avril Arsenal se présente à Goodison. Arsenal n’est qu’à quatre points et a joué un match en plus. Sur le terrain, on ne voit qu’une équipe, Arsenal explose et repart avec une défaite 3-0. Tout le peuple Toffee se met à y croire, la Ligue des Champions est à portée de main. D’autant plus qu’à Sunderland, l’équipe souffre, mais parvient tout de même à ramener les trois points. Se pointe alors Crystal Palace, l’autre équipe en forme du moment. Martinez opère un remaniement tactique surprenant : il ne place qu’un seul milieu défensif, Barry, et laisse cinq joueurs à vocation offensive devant. Le milieu prend l’eau et Palace repart avec une victoire 3-2. Palace, fossoyeur des rêves de la cité de Liverpool ?

Pas le temps de se reposer, Manchester United et Moyes arrivent à leur tour. Encore une fois, l’équipe est transfigurée, United explose littéralement et Moyes sautera deux jours après cette défaite 2-0. Les deux défaites à Southampton et face à City ne feront que confirmer que l’effectif était trop juste en nombre pour pouvoir tenir toute la saison à un rythme d’enfer.
Malgré tout, Everton termine avec 72 points, soit le meilleur total du club depuis la création de la Premier League. Avec la troisième meilleure défense du championnat, 39 buts encaissés, et la sixième attaque, grâce à ses 61 buts. Surtout, l’Europa League est au bout et ça fait plaisir.

Satisfactions/Déceptions/Objectifs

Si l’on ne devait en retenir que cinq, on commencerait par Seamus Coleman, élu meilleur joueur de la saison. Belle progression pour lui, que ça fait du bien de le voir s’éclater comme ça, lui qui termine sa saison avec six buts en championnat. Cette saison, c’est sans doute le meilleur arrière droit du championnat. Au milieu, on saluera la paire Barry – McCarthy, tout en complémentarité. Kevin Mirallas, raillé par la France, façonné par la Grèce et adulé par Goodison, un top player selon Martinez et il n’a pas tort, huit buts pour lui. Lukaku, le buffle, prêté par Chelsea. 15 buts, huit passes décisives, un talent énorme, une marge de progression encore large, le gars n’est que prêté, mais bon sang il aura marqué le club. Ross Barkley, le gamin formé au club, qui s’est adapté à l’équipe première comme un gant. Il a tout pour lui, la puissance, la technique, la vitesse, la précision. Il lui manque juste un peu d’expérience et il deviendra un sacré joueur. Au final, il en met six cette saison et que des beaux.

Déceptions : Les recrutements de Koné et Alcaraz. Surtout le premier en fait. Un Steven Pienaar moins fringant, la fin approche malheureusement. Le bout de saison de Nikica Jelavic, passé de héros à zéro en quelques mois.

Objectifs : Essayer de ne pas trop se faire dépouiller. Les finances sont un poil mieux, ça devrait aider. Au rayon « je vais avoir des offres », on place Coleman, Stones, Baines, McCarthy, Barkley et Mirallas.
De plus, on sait déjà que Lukaku et Deulofeu ne poursuivront pas l’aventure avec Everton.
Au rayon arrivées, on parle avec insistance d’un prêt de Thorgan Hazard, mais également de l’arrivée de Momo Diamé. Ont également été évoquées les pistes Demba Ba, Pierre-Michel Lassoga, Danny Welbeck et Didier Ya Konan.

L’homme invisible

Arouna Koné. Recruté pour 7 millions, de quoi susciter des interrogations chez les supporters, mais bon, Martinez le connaît bien. Début de saison tronqué par le Ramadan, sauf que depuis il n’est apparu qu’à 10 reprises pour 168 minutes de jeu. A croire que c’est un Ramadan à l’année qu’il a fait. Vraiment l’interrogation de cette saison, surtout que 7 millions pour Everton c’est pas une petite somme, le club ne peut pas se permettre de telles erreurs. Restera, restera pas ? Qui voudrait d’un attaquant qui ne joue pas et dont personne ne sait pourquoi exactement ?

Highlights

Les 10 matchs sans défaite allant de la 8ème à la 17ème journée. Les 7 victoires consécutives entre la 28ème et la 34ème journée. Le match nul dantesque contre Liverpool à Goodison Park (3-3). Les victoires contre Manchester United, 1-0 à l’extérieur et 2-0 à domicile. La victoire 3-0 à domicile contre Arsenal. La victoire 1-0 contre Chelsea, la première de l’ère Martinez.

Lowlights

La défaite 4-0 à Anfield, suivi de près par les deux revers consécutifs à Tottenham et à Chelsea. C’était plus ou moins attendu, mais ça a remis pas mal de monde sur terre. La défaite absolument honteuse face à Crystal Palace. Enfin, la défaite à domicile contre Sunderland, 1-0. Les insultes contre Moyes lors du déplacement à United, indigne des supporters d’Everton.

Le manager

Roberto Martinez aura réussi à faire oublier Moyes. C’est dur de dire ça, mais son arrivée a vraiment changer un paquet de trucs. Déjà, l’équipe n’est plus dépendante d’un seul schéma tactique. Martinez est capable d’évoluer pendant les matchs et à transmis ça à son effectif. Roberto a aussi apporté un côté winner à l’effectif. Là où Moyes faisait match nul, Martinez gagne. Là où Moyes perdait, Martinez va chercher le nul.
Attention, on ne remet pas en cause tout le travail effectué par Moyes à la tête d’Everton. Si Martinez peut se permettre de faire ça aujourd’hui chez les Toffees, c’est parce que les bases ont été assuré par Moyes.
Enfin, il n’a pas hésité à faire pleinement confiance à de jeunes joueurs, en lançant vraiment Barkley, Deulofeu, Stones, Oviedo (qui n’est plus très jeune, mais en terme d’expérience c’est tout comme), en confiant la responsabilité du milieu de terrain au très bon McCarthy, parfaitement épaulé par Barry.
Bref, une belle réussite que cette arrivée, en espérant qu’il fera aussi bien l’an prochain, mais de toute façon il n’aura pas trop la pression, le peuple bleu est patient et compréhensif.

Photo de la saison

Phil Jagielka se la raconte à Miami avec un maillot tout moche.

Phil Jagielka se la raconte à Miami avec un maillot tout moche.

Fulham (19è, 32 points, G-A -45 / 40 buts pour / 85 contre)

Résumé de la saison

Deux managers virés en cours de saison (Martin Jol, puis René Meulensteen), 39 joueurs utilisés en Premier League (un record depuis sa création) : en résumé, Fulham a clairement manqué de stabilité. Relégables pendant 25 journées, les Cottagers peuvent remercier Cardiff d’avoir été plus mauvais qu’eux. Point négatif : leur défense a encaissé deux buts par match en moyenne. Point positif : on a toujours vu au moins un but lors d’un match de Fulham.

Satisfactions/Déceptions/Objectifs

Il n’y a visiblement pas grand-chose à sauver de cette saison, à part Steve Sidwell, très apprécié des supporters. Bien que très discret, Berbatov aurait pu aider (un peu) l’équipe si son départ n’avait pas été précipité. En ayant joué une demi-saison, il demeure tout de même deuxième meilleur buteur (ex aequo) de l’équipe en PL avec quatre buts. Joli bilan.
La descente en Championship devrait leur permettre de faire du tri dans l’effectif et retrouver de la stabilité. Avec Craven Cottage, la Premier League perd néanmoins un de ses plus beaux joyaux architecturaux.

L’homme invisible

17 buts en 19 matchs avec l’Olympiakos et transféré en janvier à Fulham pour 11M£ (record du club), Kostas Mitroglou a depuis déserté les terrains en raison d’une blessure persistante au genou (aucun but en trois matchs). Il y a un mois, Felix Magath disait qu’il pourrait jouer un rôle important avant la fin de saison. Indéniablement.

Highlights

Premier match de la saison, et première victoire. A l’extérieur. 1-0. L’équipe est troisième. Craven Cottage rêve déjà d’Europe.
C’est à peu près tout.

Lowlights

Les six défaites d’affilée en PL (fin octobre-début décembre) qui plongent le club dans la zone de relégation qu’il ne quittera quasiment plus.
En sus, la désastreuse campagne en FA Cup, avec une élimination au quatrième tour (replay) à domicile contre Sheffield United (League One). Ca fait tâche.

Le manager

Lequel ? Martin Jol, en mal de projet ? René Meulensteen, fossoyeur d’ambitions ? Ou Felix Magath, qui n’avait jamais entraîné hors d’Allemagne et qui reprenait du service après une coupure de plus d’un an ? La descente incombe davantage aux dirigeants qu’à l’un de ces trois managers en particulier. Même si aucun n’a su faire briller un effectif assez faible.

Photo de la saison

Mi-avril, Sascha Riether et ses coéquipiers remercient au téléphone les fans qui ont renouvelé leurs abonnements pour la saison 14/15. Une marque d’humilité plutôt bienvenue.

Mi-avril, Sascha Riether et ses coéquipiers remercient au téléphone les fans qui ont renouvelé leurs abonnements pour la saison 14/15. Une marque d’humilité plutôt bienvenue.

Hull City (16è, 37 points, G-A – 15 / 38 buts pour / 53 contre)

Résumé de la saison

Saison où Hull City n’a jamais été véritablement en danger (10è à mi parcours), malgré une phase retour ratée (13 défaites pour seulement 4 victoires). Comeback tout de même réussi en Premier League après le fameux double exercice 2008-10, le baptême du feu des Tigers en D1 (ah, les centres mythiques de Bernard Mendy… les immanquables de Jozy Altidore… les clowneries de Jimmy Bullard… les excentricités du manager Phil Brown…).

Satisfactions/Déceptions/Objectifs

Les bons points vont :

– au gardien international écossais Allan McGregor.

– aux défenseurs centraux Curtis Davies et James Chester ( recruté en janvier 2011 pour des clopeanuts, 300 000 £). Meilleure saison de Davies depuis un bail. A 29 ans, le Londonien justifie enfin les 8m £ que claqua Aston Villa en 2008 pour s’offrir ses services (Hull l’acquit pour 2,2m à Birmingham City il y a un an). Elu Player of the Season par les supps et Players’ Player of the Year par les joueurs.

– au latéral/milieu droit égytien Ahmed Elmohamady (positionné en wing-back dans le 3-5-2 de Steve Bruce, son dispositif de prédilection ces deux dernières saisons). Fin technicien et bon centreur, élu Hull City Player of the Year l’an dernier et deuxième derrière C. Davies cette saison. Faudrait quand même régler le viseur, marque trop peu.

– à Liam Rosenior, latéral polyvalent (à gauche – en wing-back – quand les Tigers évoluent en 3-5-2 ; à droite quand Hull joue en 4-4-2, moins fréquent). Liam est le fiston de Leroy Rosenior, recordman interplanétaire de la plus courte durée comme manager : 10 minutes (à Torquay United).

– au milieu international irlandais David Meyler. Sunderland l’a laissé filer, à tort. Gros mauvais point : sa minable agression sur un Adnan Januzaj à terre lors du MU-Hull du 6 mai (impunie par l’arbitre et la fédération – serait grand temps que les modalités d’intervention de la commission de discipline FA soient réformées).

– aux milieux Tom Huddlestone (ci-dessous, frappe de mule) et Jake Livermore, surtout première partie de saison pour ce dernier (éternel prêté, par Tottenham : 24 ans et déjà son septième prêt).


– aux attaquants Shane Long et Nikica Jelavic, intelligentes acquisitions du mercato d’hiver (pour 14m £), une dizaine de buts à eux deux (voir celui-ci à 1’02). Rendement certes moyen mais avant eux y’avait Danny Graham (voir plus bas) alors forcément…

Une mention à l’avant-centre Sone Aluko, talentueux mais un poil irrégulier. Indisponible plus trois mois de novembre à février (blessure) après un honnête début de saison, et ce magnifique but contre Newcastle. Sa soeur, Eniola Aluko, n’est pas en reste niveau talent : 27 ans et déjà 80 capes anglaises chez les féminines.

Les déceptions :

– l’attaquant franco-ivoirien Yannick Sagbo. L’ex buteur d’Évian TG ne s’est guère illustré (2 buts/1 499 minutes de jeu), sauf au rayon quenelle.

– Alex Bruce, arrière central. Le fiston du boss (29 ans) n’a pas démérité pour sa première saison parmi l’élite mais quelques boulettes et mauvaises performances ternissent l’impression générale. Peut-être trop juste pour le top flight.

– l’ailier gauche écossais George Boyd. Meilleure tenue en seconde moitié de saison, avant de se faire suspendre 3 matchs par la F.A pour avoir craché sur Joe Hart mi mars.

Par ailleurs, ces trois Hullensians ont été libérés (une dizaine en tout en fait mais ne citons que les plus connus) : Matty Fryatt, l’ex Lensois Abdoulaye Faye (36 ans, très peu utilisé cette saison) et l’international slovène Robert Koren.

L’objectif global sera de développer le jeu collectif et tenter de construire davantage quand l’équipe est menée, ça balance encore trop devant au petit bonheur la chance.

Niveau effectif, on essaiera d’abord de conserver le tandem offensif Jelavic-Long et ensuite le faire fructifier. Une paire complémentaire – avec le Croate Jelavic dans le rôle du goal poacher (renard de surface) et l’Irlandais Long dans celui du 9 pur, vif et tout en percussion (et en plongeons/simulations aussi) – mais encore perfectible.

L’homme invisible

L’attaquant Danny Graham, prêté par Sunderland. L’ex Black Cat doit se payer l’un des pires ratios buts/matchs de l’histoire du football depuis l’harpastum des Romains (quoique Shola Ameobi aurait son mot à dire). Muet à Sunderland l’an dernier – en 940 minutes de jeu – et 1 seul pion PL cette saison – 1002 minutes –, contre Swansea, son premier en 30 matchs. En janvier, Hull a cassé le prêt et l’a refilé aux Smoggies (Middlesbrough, D2), son quatrième club en un an, où il a enfin claqué en mars.

Bilan sur les deux dernières saisons : 4 buts en 48 matchs PL et 5/17 en D2. Le pire, c’est que même après un an de disette totale, il a refusé de célébrer son but contre Swansea en décembre (because il fut Swan 18 mois). Ce n’est plus du respect pour son ancien club à ce niveau-là mais du sado-masochisme.

Highlights

– L’épopée FA Cup jusqu’en finale (perdue 3-2 contre Arsenal), une première dans l’histoire du club. Ligue Europe donc la saison prochaine (fin juillet, car la défaite en finale est synonyme d’entrée en lice dès le troisième tour de qualif – une victoire aurait fait débuter Hull en poules). Pas mal pour un club qui évoluait en D4 de 1996 à 2004 et fut longtemps financièrement à la rue (redressement judiciaire en 2001, les 5 000 fidèles devant même se cotiser dans les tribunes pour payer les salaires des joueurs).

– Le 4-0 sur Cardiff en déplacement, les victoires 3-1 et 6-0 sur Liverpool et Fulham respectivement.

Plus globalement, le retour réussi du foot d’élite dans cette grande ville du Yorkshire férue de rugby à XIII – deux clubs en Super League (D1), Hull FC et Hull KR, duo qui attire 20 000 spectateurs en moyenne – et souvent décriée (ou oubliée, les énormes inondations de 2007 sur Hull et alentours sont largement passées inaperçues nationalement, contrairement à celles des – riches comtés – Berkshire et Oxfordshire l’hiver dernier). Une région sévèrement touchée par la crise (80 candidats par offre d’emploi, record national) mais qui relève fièrement la tête avec notamment la nomination de Hull UK City of Culture pour 2017 et l’émergence d’une scène culturo-artistique d’envergure dont le Fruitmarket Cultural Quarter est le fleuron (David Hockney réside localement depuis quelques années – sur la cote – et Hull pourrait se doter d’un musée en son honneur).

La ville des Housemartins, de William Wilberforce (politicien à l’origine de l’abolition de la traite négrière et l’esclavage dans les colonies britanniques) et – adoptive – de Philip Larkin (sorte de Houellebecq anglais d’après-guerre) n’a connu que trois saisons parmi l’élite depuis sa fondation en 1904 et un enracinement en D1 bénéficierait grandement à la région. Parce que dans le coin, c’est pas la joie côté foot de haut niveau, les seuls clubs pros à moins d’une heure de route sont des minots (Grimsby, York et Scunthorpe, même si ce dernier vise l’ancrage en D2 à moyen-long terme via un projet de nouveau stade. Leeds est certes à 100 kms mais vu la circulation et les légendaires roadworks sur les autoroutes anglaises, faudrait un hélico pour faire le trajet dans l’heure le samedi. Pis bon, Leeds c’est surtout le haut niveau du N’importe quoi depuis des années, encore une affaire la semaine dernière).

Lowlights

La claque 4-1 prise contre Southampton et quelques cinglantes défaites à domicile (2-0 contre dix Citizens, 4-1 v Newcastle, 3-0 v Arsenal et 2-0 v Chelsea).

Le ridicule soap identitaire autour du nom du club qui a occulté la bonne performance d’ensemble.

Le manager

Steve Bruce. Nommé en 2012 (Hull alors en D2) après un passage mitigé à Sunderland, « Brucie » a récemment découvert l’informatique et se met lentement à la page (est vieille Angleterre niveau méthodologie). Comme l’an passé, l’ex Red Devil a principalement fait jouer son équipe en 3-5-2/3-5-1-1, un dispositif remis au goût du jour il y a trois ans par Kenny Dalglish et qui a plutôt réussi aux Tigers.

Photos de la saison

Depuis un an, Assem Allam, le propriétaire de Hull (dirige le club avec son fils, Ehab), fait une grosse fixette sur le nom du club. Installé en Angleterre depuis 1968 et âgé de 74 ans, le brito-égyptien (qui débarqua avec 20 £ en poche [1] et pèse aujourd’hui 320m £) a repris le club en décembre 2010 pour y injecter 75m £ au total, ce qui a permis l’épongement des dettes et le retour en PL (précision utile car on oublie trop souvent de le dire : c’est 75m £ en prêts à 5 %, pas vraiment désintéressé donc, vu qu’Allam – via sa société Allamhouse Ltd, propriétaire du club – touche annuellement un joli pactole en intérêts).

Pour d’obscures raisons sémiologiques (« Le terme City est nul et fait bien trop ordinaire » a-t-il balancé) liées à une improbable opération de rebranding-marketing à l’international, Allam est parti en croisade pour rebaptiser Hull City AFC « Hull Tigers » après avoir changé la raison sociale en Hull City Tigers l’été dernier (mais toujours appelé Hull City AFC par tous, sauf le club). Avec Tigers dans le blaze nous martèle Allam, on kiffera Hull jusqu’au fin fond de la Birmanie. Allam a une vision très américaine du patronyme de club. Il a par exemple déclaré au Gardian à l’automne dernier :

« Il faut des noms courts et évocateurs de puissance. Si j’étais le propriétaire de Manchester United par exemple, je changerais leur nom en Manchester Hunter. Tous les clubs avec City, Town, County dedans devraient changer de nom. Dans quelques années, beaucoup de clubs changeront leur nom pour adopter quelque chose de plus intéressant et j’aurais alors prouvé avoir été un précurseur dans ce domaine. »

« We’re Hull City Till We Die » ont chanté les supporters (traditionnel terrace chant anglais) tout en investissant les réseaux sociaux. Ce à quoi le charmant Allam a répondu :

« Il s’agit d’une minorité de hooligans qui cherche à empêcher la majorité de regarder tranquillement les matchs. S’ils veulent mourir, et bien qu’ils meurent le plus tôt possible. »

Allam (ci-contre, avec son fils) n’a cessé de menacer de vendre le club si la fédération lui faisait barrage. Pour tenter de mettre la pression aux instances, il a même organisé une pétition auprès des 15 033 abonnés (résultat apparemment très légèrement en sa faveur – au passage, décevant de constater que seuls 39 % des season card holders ont voté).

Le 9 avril, la FA a tranché : on garde Hull City AFC. Assam a fait appel – auprès du Tribunal Arbitral du Sport car la FA n’autorise aucun recours en l’espèce, elle permet simplement la représentation du dossier la saison suivante – et se dit prêt à porter l’affaire devant la justice anglaise (Allam est également en conflit avec la municipalité sur le stade, propriété de la ville).

La semaine dernière, le club annonçait que les abonnements 2014-15 augmenteront… de 30 % ! (Allam avait menacé en février de coller 50 % sur la billetterie la FA le bloquait). Un coup de bambou à l’arrière-goût de vengeance personnelle mal dirigée. Et ce, dans une ville où 43 % des adultes sont dans une situation financière très difficile selon l’organisme gouvernemental Money Advice Service (record britannique). Apprécié il y a peu (il donne généreusement à des structures et administrations locales diverses, notamment dans la santé), Assam a vu son capital sympathie sérieusement s’effriter ces derniers mois. Peut-être médite-t-il déjà le célèbre mot de Larkin : « Je n’ai aucun ennemi mais mes amis ne m’aiment pas. »

Les autres clubs :
Partie 1 : Arsenal, Aston Villa, Cardiff
Partie 2 : Chelsea, Crystal Palace

[1] Allam s’exila en Angleterre pour échapper à la dictature égyptienne de Gamal Nasser. En tant qu’étudiant (en comptabilité), puis cadre supérieur au ministère des Finances, il s’opposa publiquement au régime, ce qui lui valut d’être emprisonné et torturé. A 29 ans, il fuit l’Egypte et s’installa à Hull où il fit des petits boulots avant de reprendre les études et obtenir une maîtrise en économie (et non pas un doctorat comme il est souvent écrit. Il a simplement été fait Docteur Honoris Causa par Hull University en 2011, nuance – université à laquelle il avait donné 1,5 m £ en 2009). Il dirigea ensuite une entreprise locale qu’il racheta en 1981 et créa Allam Marine en 1992, aujourd’hui l’un des leaders européens en générateurs industriels.