Invité[1] : khwezi
L’histoire de Don Revie, le quatrième membre du trio de génies formé par Matt Busby, Bill Shankly et Brian Clough. Le mec que tout le monde fait mine d’oublier. Sauf à Leeds. Et pour cause. Les grandes heures de ce club, sa notorieté même, la raison pour laquelle ils ont pu avoir des mecs comme Cantona et Strachan, c’est lui. La légende du « Dirty Leeds ».

Je m’appelle Don Revie. Sir Donald Georges Revie en fait, mais appelez-moi Don. J’ai un des plus beaux palmarès du football anglais au XXe siècle, et pourtant peu de gens en dehors de Leeds, quasiment personne en fait, ne se rappelle vraiment de moi. J’aurais dû être LA foutue légende de ce 20e siècle. Et ben non. Tout le monde se souvient de cet ignare de Shankly ou de ce salopard de Clough ou de ce bouddha en plâtre de Busby. Mais personne se souvient de moi. Fichu Karma, foutue vie injuste. Oh, si, pardon. Les gens se souviennent parfois de moi. Enfin, surtout de mon équipe. Ouais, MON équipe. Le « Dirty Leeds ». Attendez que je vous cause de moi et de mon équipe.

Dickens, arrivisme et mauvaise étoile

Je suis né à Middlesbrough. Le premier qui dit « Comme Brian Clough » je lui colle une balle dans le genou. En 1927, moi. Ma mère meurt quand j’ai 12 ans. A quelques décennies près, Dickens aurait écrit « Don Revie » au lieu de « Oliver Twist ». Mon père n’est pas très présent, et l’entraîneur de foot du quartier me fait m’entraîner avec des ballots de fringues usagées en guise de balle. Working Class Hero je vous dis.

En 1949, je suis à Leicester. Pour en arriver là, j’ai ramé. J’ai galéré pour devenir footballeur. Vraiment. J’avais la classe pourtant. La grande classe. Milieu offensif avant l’heure – à l’époque on est attaquant, ailier ou milieu. Pas les trois en même temps – on disait de moi que si l’équipe voulait bien jouer comme je l’entendais, j’avais tout d’un match winner, un golden kid. Et le premier qui dit « oh comme Brian Clough » je lui colle une prune dans le foie. j’ai été un temps le joueur le plus cher de l’histoire en cumul de transferts ! Et toi Brian Clough ? Ah ben non. Toi t’as pas joué assez longtemps.

Le problème au fond, c’est que l’équipe le voulait rarement. Et comme je suis têtu, j’ai passé pas mal de temps sur un terrain, à parler, râler, réclamer, ordonner, intimer, supplier et demander. Assez peu à tacler.
« Il savait pas tacler. Même si sa vie en avait dépendu… » dixit Jack Charlton (frère de, champion du monde 66 et défenseur central de Leeds United).

Que ce soient mes coéquipiers, mes anciens coachs ou les commentateurs de l’époque tout le monde semble d’accord sur moi : le foot, chez moi, c’était cérébral. Et le problème en tant que joueur c’est que les dix autres n’avaient pas le même cerveau que moi. En toute modestie. Pour dire : j’ai fait partie de ces rares Anglais heureux de l’historique leçon de football total reçue par la sélection contre les Hongrois de Puskas, parce que bon sang: la tactique, la tactique, la tactique ! L’intelligence dans le jeu. J’ai aimé ça. Et le premier qui dit « oh, comme Brian Clough » je lui colle une balle dans le rein.

A Leicester, en 1949 donc, j’épouse la fille du manager, et le capitaine Septimus Smith est mon mentor. Leicester atteint la finale de F.A. Cup. La gloire est devant moi. Et elle le restera : pour une hémorragie nasale qui a failli me coûter la vie – Dickens, je vous dis – j’ai loupé cette foutue finale et on a perdu. Karma est une traînée.

Stale bread, French toast

Bref, Leicester, club de nuls. Le manager ne veut pas vraiment faire de moi son dépositaire de jeu. C’est trop lent, pas assez vertical, je défends pas, je râle. Et alors ? Je le vaux bien. Je me suis barré écœuré, à Hull, en D2 pour rebondir. A Hull, ça a marché. Parfois. Moyennement. Pas si mal. Et surtout pas longtemps. Les McDowall, récent manager à City, me veut, en souvenir de mes promesses entrevues à Leicester. Le club a besoin d’argent. J’ai fini par atterrir à Manchester City. On est en 1951. J’arrive dans une équipe promue en première division, et huée dans tout le pays pour son gardien allemand, un ancien prisonnier de guerre qui combattait en face même pas dix ans avant. Cela m’a appris des choses…

Et les choses démarraient mal. Pour faire court, l’équipe avait recruté une flèche devant, un certain Broadis, jouait bas, et vite vers l’avant en défendant beaucoup. Tout ce que je ne sais pas faire. Mais comme les choses marchent mal, le boss teste plusieurs formules. Il m’a même fait jouer half back – demi défensif – alors que je veux jouer meneur, inside forward. Broadis est sélectionné en équipe nationale, et moi je finis ma première saison blessé. Karma’s a bitch.

Les choses commencent à tourner à partir de 53, et le 6-3 subi à Wembley par la sélection face au major Puskas et le football total des Hongrois. Pendant que McDowall refuse de changer le jeu de l’équipe première, la réserve, sous l’impulsion de Johnny Williamson, expérimente un jeu avec un inside forward, et enchaîne 26 matchs sans défaite. McDowall commence à réfléchir. Et décide de me tester dans ce rôle. Avec l’expérimentation du jeu en mouvement.

Là, il a bien fallu que le monde reconnaisse mon talent : j’ai été sélectionné en 1954 pour la première fois en équipe d’Angleterre, puis élu joueur de l’année par la F.A. en Juin 1955. J’ai même publié une autobiographie à ce moment là, Soccer’s Happy Wanderer. Je m’y croyais un peu, oui.

Las, deux mois plus tard, City me fichait au placard – tout ça parce que ce foutu manager trouvait qu’avec moi sur le terrain, l’équipe était moins bien organisée qu’avec les singes savants qui me servaient de coéquipiers. Tous des ânes bâtés. On m’a ressorti du placard une seule fois en fin de saison pour participer à la victoire en F.A. Cup. Et j’ai été le foutu homme du match. Ouais ma pomme. Moi.

Down the hill, to the top.

Du coup, je pars à Sunderland. Ouais ma gueule. T’es pas content ? Je vais voir ailleurs, tiens, et je suis même sélectionné en équipe nationale pour la sixième fois. Et accessoirement la dernière. Moi, un des plus brillants milieux offensifs de l’après-guerre.

En 1958, devenu obscur parmi les obscurs, je quitte Sunderland pour l’obscure et morne ville de Leeds, Yorkshire, décidé à y descendre la colline dans l’anonymat. Sauf qu’en 1961, le coach est viré, l’équipe n’a pas un rond et traîne en fond de D2. Et comme y’a pas des masses de mecs ayant un passé d’international dans une équipe fauchée de fond de D2, on me propose le poste. Entraîneur-joueur de Leeds. Ce coup-ci, l’équipe ne va plus trop avoir le choix : ils vont devoir jouer comme je le veux. Pour moi.

Mais ça marche pas. Le club continue de s’enfoncer.

En Mars 62, un an après ma prise de poste, les choses empirent et le club se retrouve quasi-relégable en 3e division. C’est alors que je dégaine une arme fatale: le chéquier du club. Bobby Collins, Ecossais, quasi-nain, milieu de terrain, chausse du 37, mais tassé comme un buffet Victorien. Avec en prime la particularité d’avoir inventé le free fight, les combats de pitbulls, voire même une douzaine de techniques d’étranglement. Et accessoirement, j’arrête de jouer. Et le premier qui dit « en même temps que Brian Clough » je lui mets une balle dans le coude.

Bobby jouera 5 saisons à Leeds. Lorsqu’il quittera l’équipe, un peu avant sa fin de carrière, Leeds sera l’équipe la plus crainte et la plus sanctionnée de toute l’Angleterre. Ouais. C’est comme ça que tout a démarré. Bobby Collins, le mangeur d’enfants.

Et pendant que Bobby favorisait la vente d’anxiolytiques chez les joueurs, j’ai ajouté par petites touches mon football, ma façon. Et surtout mes âmes damnées : Bremner et Giles. William « Billy » Bremner, mon milieu de terrain, mon métronome, mon régulateur, mon organisateur. Et Johnny Giles, mon provocateur, mon emmerdeur, mon tombeur mon truqueur, mon buteur. Mon fils rêvé et désigné comme tel : mon successeur, un jour. Ouais, ces deux là, y’a deux choses qu’ils détestent dans la vie : les voleurs de chevaux et les décisions d’arbitre.

A ce Leeds, mon Leeds, je vais inculquer quelques principes: mises au vert systématiques. Jeu de cartes et loto obligatoires; ça développe le cerveau, la réflexion et l’instinct de compétition, de contestation, de protestation, mais aussi les liens, l’amitié, l’habitude. La discipline aussi. Et la condition physique. Pour ça, j’avais mon adjudant, Les Cocker. La répétition, la tactique, la technique, c’était moi. Et Owen. Syd Owen. Owen, c’était mon assistant. Ma banque de données.

Ah oui. Un dernier point : Karma est une trainée, le hasard est son maquereau. Le hasard, c’est un truc de loser. Alors j’ai noté, consigné, espionné, discuté. Emmagasiné. Sur tous les coachs. Tous les arbitres. Les principaux joueurs. Les failles et forces de chaque équipe. Les tactiques, toutes les tactiques. Les adresses, les noms, les lieux de naissance, les histoires troubles et les fils cachés. Tout. Chaque détail. Sur mon équipe, ça c’était moi. Et surtout sur tous les autres. Et ça c’était Syd.

Et j’ai gagné. Bordel, j’ai tout gagné. Ou presque. League 2 (1964), League 1 (1969 et 1974), League Cup (1968) et FA Cup (1972), et deux Coupes d’Europe: deux Coupes des Villes de Foires (1968 et 1971). Et je te parle pas des deux Community Shield. Ouais mon gars. Cream of the crop.

The half empty glass

Mais le souci, c’est que j’ai été deuxième. Plus souvent. Finaliste malheureux. La place du con. Je la connais. Je la connais tellement bien qu’on m’en a même érigé comme symbole. Ben ouais. J’ai deux fois le palmarès de Shankly quasiment, et j’ai tout fait avant lui. Et lui, il a une statue, c’est un dieu dans son royaume, et une star dans l’inconscient collectif. Et moi ? Je suis le deuxième. Vice Champion d’Angleterre à cinq reprises (65, 66, 70, 71 et 72), perdant malheureux de pas moins de six finales, et même d’une septième alors que j’avais quitté Leeds ! Foutu Clough qui a refusé d’être sur le banc pour le Community Shield 74… J’ai raté une Coupe d’Europe, une League Cup, 3 coupes d’Angleterre et un Community Shield.

Et mon équipe râlait. Elle frappait aussi. Dans le dos, car c’est beaucoup plus efficace, et l’efficacité prime. Et les enveloppes de Syd circulaient. Vers des joueurs. Vers des arbitres. Rien n’a jamais pu être prouvé. Pas de hasard, je vous dis. Dirty Leeds. C’est comme ça qu’on nous a surnommés. Nobody ever liked us. And we never cared. Petit à petit, j’ai appris à respecter Shankly. Le mec m’a trop battu. Je l’ai trop battu. On s’est trop regardé dans les yeux. Il a lu dans les miens. Par contre, j’ai jamais appris à respecter Clough. Petit con. Ce mec m’a chié dans les bottes jusqu’à mon dernier souffle. Salopard. Tout ça parce qu’un jour je ne lui ai pas serré la main.

Faut me comprendre: alors même que je suis au top du football anglais, pendant toutes les années soixante, et même après, quand vous demandiez aux gens: « C’est qui le mec né à Middlesbrough, joueur prometteur super classe devenu international puis coach à succès, entraîneur de génie, charismatique et destiné à devenir sélectionneur ? », 99% de la planète répondait « Brian Clough ». Putain de Brian Clough. Alcoolique fourbu et fragile, irrationnel et insolent. Moi j’ai toujours porté le blazer. Et on me donne du Sir maintenant.

En 1974, je suis au top. Et vu le fiasco en sélection, la place est libre depuis le printemps. Clough est pressenti pour le poste. En tout cas il le croit. Le Pays le croit. Mais c’est moi qui aurai le poste. Je quitte Leeds en laissant des instructions pour ma succession, mon testament. Et ils m’ont chié dans les bottes. Clough, putain, Clough ! Le mec qui crachait sur mes titres en les appelant « sales ». C’est lui qu’ils ont recruté pour me succéder au lieu de Johnny, mon fils ma bataille. Tout ça pour 44 putains de jours, et un fiasco historique.

Et ouaip. L’a dû en faire une tronche Clough en l’apprenant par la radio.

Sans doute la même que celle des patrons de la fédé, trois ans plus tard, quand ils ont appris que j’avais quitté le poste. Ouais. J’ai quitté le poste. Comme ça. Depuis la défaite contre l’Italie fin 76, je le sentais venir. Le vidage. Et on vide pas Don Revie. Don Revie part, il quitte le poste. Il donne une interview pour s’expliquer au Daily Mail. Ensuite ses anciens employeurs apprennent la nouvelle. Et c’est seulement APRES, qu’ils reçoivent la lettre de dem’. Ils en ont fait un de ces foins : ils ont d’abord voulu me bannir à vie du foot anglais, puis pour dix ans. Je les ai traînés devant la haute cour de justice qui a cassé leur sanction. Foutez-la vous ou je pense. Et ouais.

La classe selon Don. A partir de là, que dire ? Je signe un nouveau contrat aux Emirats Arabes Unis (ouais, j’ai VRAIMENT été un précurseur dans beaucoup de domaines). Mais c’est la fin. Je ne dure guère. Je diminue. Et je m’éteins, en 1989. J’ai même pas vu tomber le mur. Je l’ai raté. A rien. Comme plein de choses dans ma vie, apparemment.

Et le prochain qui me parle de Brian Clough, je lui introduis cette bouteille dans le fondement.

[1] L’auteur de cet article est un de nos lecteurs[2] de la première heure, mais aussi une figure emblématique des Cahiers du Football. Il est l’une des 37 personnes dans le monde à avoir cru à un titre de Liverpool dès le début de la saison.

[2] Comment ça ? Toi aussi, fidèle lecteur, tu veux écrire pour TK ? Rien de plus simple, envoie-nous un mail à teenagekickscdf(at)gmail(dot)com, et découvre la gloire, l’argent sale et les filles faciles.

23 commentaires

  1. Christ en Gourcuff dit :

    Super!

    Ceci dit moi je suis une des 37 personnes dans le monde qui croit encore au titre de Liverpool cette saison!

  2. roberto cabanastonvilla dit :

    Super !

    Ceci dit, moi je suis une des 3,7 personnes dans le monde qui préfère le dirty Leeds(voleurs de bayernomunichiens!)

  3. sansai dit :

    Brillant. Merci.

  4. magnus dit :

    Excellent.

  5. xavier dit :

    Super article. Vu la qualité des contributions, la gloire, l’argent sale et les filles faciles, c’est bien le minimum !

  6. Monsieur HR dit :

    A mettre en annexe du « 44 jours » de David Peace. Superbe.

  7. khwezi dit :

    (merci merci)

    Pour ceux que ça interesse, en plus de « The Damned United » ou la trilogie de Robert Endeacott sur le sujet, on trouve des tas d’extraits de matchs sur Youtube et par exemple je suis tombé sur cette vidéo ci:

    http://www.youtube.com/watch?v=CE8cfu9nr80

    Un long résumé d’un Leeds – Arsenal de FA Cup en 72, ou l’on peut voir ce Dirty Leeds à l’oeuvre, pour le meilleur et pour le pire; On y voit en même temps le jeu de passe rapide et latéral, tout en mouvement et à une touche de balle de Revie, et aussi, si on y prête attention – une occasion au moins est flagrante – les tacles de boucher et les gestes de salaud de ces joueurs qui par ailleurs, ne manquaient pas de savoir jouer au foot. Regardez le jeu de Bremner, ce mec était un régal autant qu’un enfoiré de première.

  8. Leworthy dit :

    Au risque de casser l’ambiance bon-enfant du site, je n’accroche pas au papier. Mais alors vraiment pas du tout. Car tous ces vieux clichés, franchement…

    Je lis que rien ne fut jamais prouvé contre Revie. Or, mieux que cela : il fut bel et bien prouvé que les accusations portées contre Revie et Leeds étaient des fakes, des coups-montés!

    Et plus intéressant, par conséquent, eût été de s’interroger sur les motifs de ces campagnes médiatiques à répétition, et sur qui les porta, et sur qui les porte encore aujourd’hui. Le sujet, capital de l’Histoire du football britannique, réclame assurément un minimum syndical de factuel et d’esprit critique. Les anecdotes et le discours vaguement rock’n roll, c’est bien gentil, mais…

    Venons-en au factuel. « Damned United », d’influence ici palpable, est une fiction. Eventuellement à recommander comme tel, mais absolument dépourvu de la moindre valeur factuelle. Les commentaires de ses protagonistes, tous bords confondus, furent d’ailleurs sans appel : une daube absolue sur le plan des faits.

    « Dirty Leeds »? Allons allons… Les observateurs continentaux parlaient de « Grand Leeds »… Des Allison, Nicholson ou Shankly causaient bien volontiers, spontanément, de « Super Leeds »… Amusant, isn’t it?

    Par contre, parmi les sphères d’un United gagné déjà aux bling-bling et industrie économique du football, ou celles des instances et de la presse-caniveau (voire nazillonne), certes : l’on véhicula par là l’idée d’un « Dirty Leeds » ; faites votre choix (le mien est fait…d’autant que les matchs se passent de commentaires!)

    Cette vidéo de Bremner, par exemple, est symptomatique d’une méthode lamentable mais efficace, éprouvée par les initiateurs puis colporteurs de la légende noire du « Dirty Leeds », et qui voudrait faire passer des faits isolés pour vérité et loi…sinon qu’à ce petit jeu-là, il serait non moins facile de faire passer un Best, idole binaire taillée sur mesure pour des esprits binaires, pour la dernière des catins. Ou ledit Bremner moins pour salopard que pour proie (http://www.youtube.com/watch?v=9t_5sZ4-LRA)!

    Le fait est que ce Leeds a dérangé beaucoup de monde, oui. Monde des coulisses et de l’argent, monde de l’establishment et des institutions. Que ses innombrables accessits, plutôt que d’avoir été des optimums, furent surtout concédés contre les lois du jeu (exemples les plus illustres, mais du tout exhaustifs : l’épilogue du championnat 72, ou ces finales européennes de 73 et 75 ; autant de scandales dont Leeds fut, comme si souvent, le dindon).

    3 années de suite, malgré l’acharnement « insensé » des instances : Leeds s’est maintenu au 1er rang du ranking européen. Et avec la manière s’il vous plaît (football total souple et inventif). Et à une époque de surcroît où, effectivement : le foot aux Îles était extrêmement rugueux!

    10 ans durant : Leeds s’est maintenu au top d’une élite anglaise d’une densité jamais plus égalée. Outre sa suprématie tactique, son esprit de corps ou son hyper-professionnalisation (à apprécier à l’aune d’un football anglais à peine sorti de ses longs archaïsmes…) : cette équipe développa, pour qui se donnera la peine élémentaire d’en voir des matchs, un style qui se passe de commentaires. A tous égards et tous niveaux, n’en déplaise à la doxia : Revie était et reste probablement inégalable. Car Revie, envier qui que ce soit, ou une postérité derrière laquelle, contrairement à Clough précisément, il ne courut jamais? Allons allons…

    Recourir au chéquier, nous dit l’article? Les caisses étaient vides à l’arrivée de Revie ; club alors au bord de la banqueroute…

    Plus rien après Leeds? Vainqueur de C2 africaine, champion d’Egypte…

    L’échec à la tête des « Three Lions »? Keegan, parmi d’autres, fut assez explicite : ce sont les joueurs qui faillirent! Et puis bien sûr l’erreur de casting ; Revie en guerre depuis 10 ans avec les pontes, et les méthodes et réflexes, du très conservateur, victorien et élitiste football de Sa Majesté…

    Une et une seule vérité, parmi ce long et contagieux maelstrom de mensonges, de ragots, de perfidie : les matchs!

  9. Kevin Quigagne dit :

    @ Leworthy.

    Ton commentaire ne manque pas d’intérêt, merci. Je trouve toutefois ta critique globalement très dure, mais surtout : elle est souvent factuellement incorrecte.

    Tu t’emballes par endroits, tu pars parfois dans des tangentes exaltées pour finalement arriver à la même conclusion que khwezi, tu ne prends pas le contexte historique en compte, tu ne sembles pas avoir bien capté la teneur et la direction générale de ce beau texte et tu fais de gros raccourcis et des affirmations assez étonnantes (« Dirty Leeds » et « Super Leeds » sont deux choses différentes, avec 9 ans d’écart entre les deux. Tu écris aussi : « 3 années de suite, malgré l’acharnement “insensé” des instances : Leeds s’est maintenu au 1er rang du ranking européen ». Au premier rang européen pendant 3 ans, t’es sûr ? Je vois pas là, précise please, à quelle periode sous Don Revie ou un autre Leeds United a-t-il été top dog en Europe pendant trois ans ? Et quel est ce mystérieux « acharnement des instances sur Leeds » que tu évoques ?).

    Et tu commets pas mal d’erreurs. Par exemple, tu écris :

    « Recourir au chéquier, nous dit l’article ? Les caisses étaient vides à l’arrivée de Revie ; club alors au bord de la banqueroute… ».

    Tu as tort bien sûr et Khwezi a absolument raison quand il écrit que Leeds sortit le chéquier pour Bobby Collins, international écossais qui venait de faire la CdM 1958 et joueur d’Everton, alors dans le Top 5 de D1. Il le fallait bien, le mec n’allait pas signer dans un club de D2 sans aucun pedigree et qui venait de finir 19è pour des prunes hein, sans parler d’Everton qui ne l’aurait jamais vendu pour des clopeanuts.

    Maintenant, les faits sur cette question Bobby Collins puisque tu l’abordes : Leeds United paya 30 000 £ pour Collins – Everton, bonne écurie de D1, n’avait déboursé que 23 000 £ quatre ans auparavant. 30 000 £ était une somme énorme à l’époque pour un club de D2, pas loin des montants records payés pour les meilleurs joueurs entre clubs de D1 anglais, autour de 50 ou 60 000 £.

    Ce même été 1962, Leeds acheta aussi un ex joueur légendaire de Leeds de 1948 à 1957 : le Gallois John Charles, de retour au bercail à 31 ans après cinq superbes saisons à la Juventus (93 buts/150 matchs). Leeds déboursa 53 000 £ pour l’acquérir ! Pas mal pour un club « au bord de la banqueroute », non ? Le propriétaire de Leeds était par ailleurs un millionnaire, l’homme d’affaires Harry Reynolds, qui sut sortir le chéquier quand ce fut nécessaire.

    Comment expliques-tu alors, avec les caisses vides et la banqueroute qui guettait selon toi, que Leeds ai-pu payer autant pour Bobby Collins et John Charles ?

    Leeds avait peut-être des difficultés très passagères (car la descente en D2 avait divisé de moitié les affluences, sur lesquelles les clubs comptaient beaucoup) mais Leeds avait surtout des reserves et un riche proprio. C’est ce qui leur permit d’acheter J. Charles et Bobby Collins, Celtic legend (« Le meilleur joueur que j’ai jamais recruté. Leeds ne pourra jamais assez le remercier pour avoir autant transformé ce club » dit Revie) et probablement de lui offrir le même salaire qu’à Everton, autour de 250 £/mois. Bien sûr, Revie ne fit pas qu’acheter des joueurs, il prit surtout des très jeunes et les développa, comme Billy Bremner, Albert Johanneson ou Norman Hunter. Mais il sortit aussi le chéquier, c’est un fait.

    C’est donc un non-sens historique d’écrire que les caisses étaient vides à l’arrivée de Revie et que le club était près de la faillite : les clubs un peu radins, somnolents ou peu ambitieux (style Liverpool quand Shankly est arrivé) renaclaient à dépenser et les directoires aimaient bien se faire passer pour désargenté et voir ensuite ce que leur réclamerait le nouveau manager.

    C’est une époque – années 50-60 – où les clubs étaient au contraire assez thunés, tout simplement car ils avaient bénéficié pendant des décennies du plafond salarial extrêmement bas et avaient relativement peu investi dans les stades, tout en bénéficiant de foules records, de 1920 aux années 1960. On compta même 41,3 millions de spectateurs en Football League saison 1948-49, c’est presque deux fois plus qu’aujourd’hui en PL et FL ! (certes, évidemment, les billets étaient proportionnellement moins chers qu’aujourd’hui mais les clubs faisaient de l’argent. Après, à partir des années 70, cette dynamique changea, entre autres car les salaires augmentèrent assez nettement, ainsi que les montants de transferts, qui explosèrent. Tout ça mit les clubs dans une situation financière difficile, provoqua de nombreuses tensions avec les instances – au niveau de la répartition financière notamment –, et, in fine, posa les premiers jalons de la création de la Premier League, voir : http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2012/02/13/fevrier-1992-naissance-de-la-premier-league-13/).

    Les clubs avaient de l’argent à cette époque, qu’ils utilisaient surtout en transfert. Juste un chiffre édifiant : en à peine 20 ans, de 1959 à 1979, le montant du transfert record du football britannique – entre clubs britanniques – fut multiplié par 40 ! Ergo, les clubs n’étaient pas à plaindre, les joueurs si mais les clubs non. C’est d’ailleurs ce qui provoqua la menace des grêves des joueurs début 1961 (au sujet du plafond salarial) : les clubs étaient relativement fortunés mais gardaient l’argent pour eux, en circuit fermé. Car effectivement, les clubs dépensaient, mais surtout en transferts.

    Si tu connais ton histoire du football anglais (puisque tu nous fais la leçon en écrivant : « Le sujet, capital de l’Histoire du football britannique, réclame assurément un minimum syndical de factuel et d’esprit critique. Les anecdotes et le discours vaguement rock’n roll, c’est bien gentil, mais… »), tu sauras que rares sont les clubs qui se sont sortis d’une situation difficile sans dépenser pas mal d’argent, au moins au départ.

    Toutefois, je n’ai pas écrit l’article donc je vais laisser l’auteur (khwezi) te répondre par le détail s’il le souhaite.

    Car ton message riche en protéines mériterait une réponse argumentée point par point mais je n’ai pas absolument pas le temps actuellement de rédiger un tel pavé en reprenant tes points seriatim, professionnellement parlant et niveau TK because on est en pleine rédaction du bilan club par club Premier League 2013-14 et c’est très chronophage : cette review devrait faire 150 000 signes au final. C’est évidemment énormément de travail, qu’on essaie de caser tant bien que mal le week-end, le soir ou pendant les vacances ou congés (j’ai rédigé le gros du mien pendant les vacances de Pâques par exemple – on a 5 clubs chacun à traiter). Et ces derniers jours, on a sorti « Les Trophées Teenage Kicks », pas mal de temps passé aussi là-dessus. Pour ma part, je vais me contenter des quelques éléments contenus dans mon post.

    Alors, je te propose une chose pour la saison prochaine l’ami Leworthy : tu sais que ce blog est participatif (l’auteur est d’ailleurs un lecteur, tout comme toi) mets-nous ton message en article, en réponse à celui de khwezi (notre adresse email est en haut à droite), ne change pas le fond, juste la forme quoi, que ça ait l’air d’un article. Ton message fait 4 000 signes, donc ça suffit amplement, il faut simplement l’organiser un peu. On le publiera en octobre mettons, avec le pseudo de ton choix, comme ça on aura ainsi plus le temps pour débattre là-dessus car actuellement, on est vraiment trop pris par notre méga bilan de fin de saison (et immédiatement après, juste avant le début de la CdM, TK prendra ses quartiers d’été pour approx. trois mois).

    Depuis la disparition de Brian Clough, nous sommes inondés en Angleterre de livres/témoignages/documentaires/émissions sur sur le Dirty Leeds, sur Don Revie, sur cette rivalité Revie-Clough et l’époque en général. Avec évidemment, le film The Damned United en point d’orgue incontournable.

    Je ne crois pas que khwezi s’imagine un instant que The Damned United est parole d’évangile, il n’en fait même pas allusion dans son texte il me semble, il recommande simplement le film dans son commentaire, car c’est une bonne base de départ pour ceux qui veulent approfondir le sujet. Quand tu écris « Damnned United est dépourvu de la moindre valeur factuelle », c’est évidemment outrancièrement exagéré et faux. Il y a du factuel et du non factuel dans le combo livre & film (ce dont j’ai déjà parlé ici, si tu nous lis régulièrement). Le livre & film se situent dans une zone grise, celle de « l’oeuvre de fiction basée sur des évènements réels ». Un artifice littéraire souvent distrayant mais aussi source de confusion et donc polémiques, c’est fait pour.

    Tout ça a fait l’objet de nombreux débats et controverses en Angleterre, et même d’un procès (celui de Johnny Giles contre David Peace, l’auteur du bouquin). Alors, Où est la part de fiction ? Où est la vérité ? On ne le sait pas toujours. Mais il y a bien du factuel, c’est incontestable.

    Démêler le vrai du faux sur nombres de zones dans ce dossier est aujourd’hui très difficile, voire impossible. Primo car pas mal de protagonistes centraux de l’époque sont soit disparus (eg Billy Bremner) ou n’ont pas ou plus envie de parler des faits. Deuxio, car on ne documentait absolument pas la vie de club aussi minutieusement et obsessionnellement qu’aujourd’hui, ou alors on se focalisait sur ce qui ne prêtait pas à polémique. Le club était tout puissant, la Football League également (qui rassemblait D1 à D4), tout ça était dirigé très autocratiquement, les autobios étaient souvent très mielleuses ou non-committal et on ne tolérait guère les voix dissonantes.

    Jusqu’aux années 70-80, on continua en fait largement dans la grande tradition (débutée dans les années 1860) de l’histoire oralement transmise pour ce qui était de la vie de club. Les magazines/fanzines/etc. et « historiens de club » ne sont véritablement apparus qu’il y a 25 ans. La presse locale était bien sûr présente mais largement acquise au club du cru. Les 2 ou 3 reporters/journalistes qui suivaient le club prenaient leurs infos d’un dirigeant de club et basta ; les tabloïds, eux, versaient dans le sensationnel et les broadsheets ne publiaient pas les suppléments très fournis de ces deux dernières décennies. Les joueurs ne s’exprimaient pas ou peu, ou alors à leurs risques et périls (aucun agent/conseiller non plus pour s’exprimer à leur place) et comme les managers et clubs avaient un pouvoir énorme sur eux, ils s’écrasaient en règle générale. Le rapport de force était largement à l’avantage du club, à tous les niveaux.

    Chacun raconte l’histoire du football de club comme ça l’arrange, et quand il s’agit de la vie intérieure d’un club en temps de crise (les 44 jours de Clough à Leeds mettons puisque tu parles du Damned United), il s’agit d’être très prudent, surtout si les faits ont 50 ans et que peu de monde était autorisé à pénétrer dans l’inner sanctum du club.

    Il y a aussi des intérêts personnels en jeu (que tu ignorais peut-être) qui ont pu influencer le jugement de certains et par-là même dénaturer un certain nombre de faits, des deux côtés du débat (pro-Revie/anti-Revie).

    Par exemple, après le départ de Don Revie de Leeds, le poste de manager devait aller à Johnny Giles, c’est ce qu’on pressentait et selon Giles, on lui avait plus ou moins laissé entendre qu’il succèderait à Don Revie. Puis le board a changé d’avis et a nommé Brian Clough. Il s’est dit que Giles garda une solide dent contre Clough. Alors évidemment, on peut comprendre aujourd’hui que la version des faits donnée par Giles n’est peut-être pas la plus neutre et qu’il aura toujours tendance à présenter favorablement les choses en faveur de Don Revie, pour qui il joua 13 ans (parmi les joueurs de l’ère Don Revie à Leeds, J. Giles est celui qui s’exprime le plus dans les médias anglais, surtout presse, les autres, on les entend pas trop – certains sont décédés évidemment, notamment Bremner).

    Idem, mais dans le sens contraire, pour un joueur emblématique qui n’a jamais quitté Brian Clough : John McGovern. Clough a pratiquement élevé John McGovern, il l’a kidnappé à 15 ans d’un collège d’Hartlepool ! (physiquement je veux dire, il est allé voir le Directeur du collège, l’a persuadé etc.). Alors forcément, McGovern lui a toujours voué un culte absolu. McGovern, qui a fait toute sa carrière dans des équipes dirigées par Clough (sauf les 2 dernières années), et qui était même de la pige express à Leeds, a beaucoup écrit et causé sur Clough, sur sa relation avec lui, sur Don Revie, etc. et il est toujours souvent dans les médias anglais à raconter ses anecdotes sur Clough et cette époque. Depuis plus de deux décennies, McGovern vit de ça et connaît le sujet comme personne. Peut-on pour autant le croire à 100 % sur les aspects les plus controversés/sombres de la vie de Clough ou sur Don Revie ? Pas sûr, tant il a idôlatré Clough.

    Depuis dix ans, tout le monde y va de son avis sur ce Dirty Leeds. Evidemment, les anciens du Dirty Leeds (Johnny Giles en tête) rejettent la version des faits généralement acceptée, celle d’un Leeds physique, plus physique que les autres j’entends. J’écoutais une ITW de Giles y’a quelques années sur Sky où il disait ça en substance : « Certes, on jouait musclé mais les autres n’étaient pas des anges. » Et il a raison, les exemples ne manquent pas (on pense à Dave Mackay à Tottenham, un dur dont j’avais fait le portrait ici :
    http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2014/01/23/tottenham-hotspur-le-hall-of-fame-12/ ; on pense aussi évidemment à Chelsea, et ce très violent Leeds-Chelsea d’anthologie en finale FA Cup de 1970 ; Chelsea et son notoire Ron “Chopper” Harris, Ron Le Découpeur. Tandis que Leeds avait aussi son boucher, Norman “Bites yer legs” Hunter, Norman le tacleur fou). C’est certain, Leeds n’était pas des démons entourés d’anges.

    Toutefois, un élément essentiel qu’il faut bien comprendre, mais qui semble t’échapper (c’est pour cela que j’écris plus haut qu’il faut absolument, absolument contextualiser ce débat) c’est que Leeds n’était peut-être pas la plus vicieuse des équipes de D1 mais c’était, de loin, la plus dirty parmi les prétendants réguliers au titre. Don Revie y est bien sûr pour quelque chose dans cette stratégie, il avait érigé l’intimidation (physique) de l’adversaire en art occulte, c’est largement documenté.

    Quand on comparaît le Leeds de Don Revie, ce Leeds qui traînait une réputation d’équipe « négative », c’était pas à Bolton Wanderers ou Stoke City, mais à Liverpool et Man United (qui pratiquait un football plus européen, fluide, un football qui faisait rêver, un football d’artistes – cf la « Holy Trinity » – etc.) ou avec Man City (Bell-Lee-Summerbee). On comparait Leeds à ces clubs plus ou moins glamours, ces clubs qui avaient une forte aura médiatique et sportive dans des villes sexy ou perçues comme telles (Manchester, c’était George Best ou Malcolm Allison, l’aura de George Best par ex. rejaillissant sur l’équipe et la ville ; Liverpool, c’était les Beatles, les Swinging Sixties ; Chelsea, le Londres branché de King’s Road, ce qu’on a appelé le « Swinging London »).

    On comparaît le bourru Revie au charismatique Shankly ou au flamboyant Malcolm Allison. On comparaît Liverpool ou Londres à la tristounette Leeds. Pour le grand public, la distinction était toute faite, injustement manichéenne : parmi les Grands, il y a les clubs « classieux » et il y a Leeds. Le beau et le pouilleux, le bien et le mal.

    C’est ce contraste qui donna le surnom « Dirty Leeds » (fin 1963, après un match mouvementé contre Sunderland), un surnom qui sonnait bien dans le contexte de l’époque et qui resta. Guère aidé par le fait que la FA cette saison-là dut rappeler Leeds à l’ordre pour le nombre de points disciplinaires accumulés par l’équipe, le plus élevé de D1. Guère aidé par les fortes rumeurs sur les magouilles que l’on prête à Don Revie, des simples actes de gamesmanship sur le terrain (= déstabilisation de l’adversaire et comportement antisportif) aux pratiques plus répréhensibles.

    Là-dessus, certes, rien ne fut prouvé car c’est parole contre parole mais – pour ne citer que cet exemple – j’ai plutôt tendance à croire la parole de Bob Stokoe, homme réputé droit et intègre, que de Don Revie. Stokoe avertit son président d’ailleurs et la FA, qui ne fit rien évidemment, eux ce genre d’affaires, ils essayent surtout de les enterrer. Pour rappel, Stokoe, alors manager de Bury [D2], a toujours affirmé que Revie lui avait offert 500 £ pour que son équipe « lève le pied ».

    Et tu as encore factuellement tort quand tu écris :

    « Il fut bel et bien prouvé que les accusations portées contre Revie et Leeds étaient des fakes, des coups-montés ! »

    Non, aucun tribunal ne donna raison à Don Revie. Ce dernier initia effectivement une procédure en diffamation contre un journal (le Daily Mirror) mais ça n’aboutit pas (l’affaire judiciaire que tu as peut-être en tête est celle de Billy Bremner v The Sunday People, où le teigneux et talentueux Ecossais gagna son procès – http://en.wikipedia.org/wiki/Billy_Bremner#Wins_libel_action). Ce qui se passa pour Revie, c’est que la police et la FA « enquêtèrent » mais ne purent rien prouver (normal, comment prouver un truc pareil ? Possible mais très difficile, sans témoins, sans enregistrement secret, etc.).

    Connaissant l’énorme influence de la FA à l’époque, ça ne m’étonne absolument pas. Un coup de fil des instances à la police aurait suffi à décourager une enquête poussée. La police à l’époque n’était guère d’une probité à toute épreuve hein, les exemples ne manquent pas. Et de quelle police parle-t-on ? Celle de Leeds, tu parles, toute la ville était largement acquise aux Whites et à Don Revie, on les voit très mal le pourrir, Don Revie les connaissait très certainement personnellement (invits aux matchs, etc.).

    Bien sûr que ce surnom de Dirty Leeds est exagéré dans sa force et sa longévité mais c’est historiquement explicable : une presse foot qui décolle au milieu des Sixties, se fait plus racoleuse, des magazines ternes qui soudain se colorisent, Match Of The Day qui apparaît (50 ans cet été), les Swinging Sixties, les joueurs qui commencent à gagner de l’argent (fin du plafond salarial). C’est le début de l’ère des surnoms politiquement incorrects, de la hype, du buzz, des gimmicks journalistiques, de la polarisation, le tout saupoudré de hooliganisme dès la fin des Sixties, puis des débuts du tribalisme entre clubs.

    L’an dernier, j’ai interviewé Cecil Irwin, un joueur de Sunderland qui a affronté 15 fois le Leeds de Don Revie et lui demandé ce qu’il en pensait de ce surnom de « Dirty Leeds », justifié ou non ? L’ITW est ici :

    http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2013/04/22/sunderland-a-la-recherche-de-la-clameur-perdue-44/

    Ma question :

    Cecil, tu as joué quinze fois contre le Dirty Leeds de Don Revie, avec les Bremner, les Johnny Giles, les Norman Hunter, Jackie Charlton et j’en passe. De sacrés joueurs mais pas des poètes. Giles minimise aujourd’hui en disant que les autres [équipes] n’étaient pas des anges non plus. Ton avis ?

    La réponse de C. Irwin :

    Peut-être, mais Leeds, c’était de loin les pires ! Ils te pourrissaient, pas verbalement, hormis quelques insultes. Non, eux, ils cassaient, c’était toujours risqué de les affronter. Leur devise semblait être : « Si tu rates le ballon, ne rate surtout pas le joueur ». Les arbitres étaient très coulants à l’époque, les matchs n’étaient pas retransmis, etc. et Leeds en profitait.

  10. khwezi dit :

    Cher Leworthy,

    Je ne comprend pas ta réaction. Au fond, cet article est un hommage à Revie. Il n’est pas blanc, il n’est pas noir. Revie fut un précurseur du véritable football dans cette île de Kick and Rush, et on tend à l’oublier. C’était la raison première de cet article.

    Maintenant, tu le notes, c’est un article (de moins de 3000 signes, si je me rappelle bien), pas une biographie de Revie. Je n’ai pas cette ambition, et j’adopte déliberement un ton qui peut paraitre outrancier et/ou peremptoire. On aime ou pas, c’est un parti pris;

    Sur le factuel, je ne comprend d’ailleurs pas que tu parles de factuel. MV t’as déjà répondu sur tes allegations de « club fauché », pour ma part je te répond que je n’ai rien d’un conspirationniste contre le pauvre Leeds United. Sinon je laisserai ce club continuer à s’enterrer en D2 sans tenter de réhabiliter un peu de son passé… glorieux ?

    C’est là toute la question qui divise les passions. Il existe un nombre incroyables de sites et de blog des supp de Leeds (dont tu dois faire partie) pour réhabiliter l’image de Revie.

    Pour ma part je me garde de prendre position.

    Mais il existe aussi une belle unanimité que les images et les faits valident (Leeds, l’équipe la plus sanctionnée des 60’s et surtout la première à provoquer un incident conduisant à la suspension d’un joueur pour conduite deshonorante) alors que la FA ne detestait certainement pas Leeds ou Revie (c’est plutôt Clough et sa grande gueule ou Malcolm Allison qui en prenaient plein la gueule de la part des pontes). Il est rigolo de noter que tu ne relève pas les mots du joueur d’Arsenal en début de vidéo « You knew you were gonna get kicked. I mean not just tackled, but litterally kicked ». Et puis il y a Syd Owen…

    Bref. Continues de nourrir ta passion, et écrit un article de contradiction, c’est effectivement meilleur pour la pluralité, dut il contredire tout ce que j’ai écrit ! 🙂

  11. Leworthy dit :

    Merci de la réponse, argumentée et par conséquent respectable.

    Et effectivement impossible de cerner le phénomène sans contextualiser. Or, désolé : le papier pêche précisément par là. Tout en entretenant, cultivant (désolé, mais c’est patent), l’idée d’un club singulièrement plus sale que ses adversaires…mais à juger des matchs : plus sale en quoi? Car contextualisons en effet : intimidation et brutalité étaient part intégrante du foot anglais des 60’s et 70’s ; Leeds paya d’ailleurs régulièrement sa part, Cf. moult agressions (et blessures subséquentes) subies par un Eddie Gray (cas le plus emblématique)…

    Tous ces témoignages, chiffres et acteurs que tu évoques : je les connais, merci (dont l’interview d’Irwin, dont je te remercie). Comme je connais également l’opinion d’un Nicholson ou d’un Allison sur ce… »Super » Leeds. Ou celle d’un Frank MacLintock (Arsenal, je ne te l’apprendrai pas) ; les archives laudatives ne manquent pas. Quand bien même le discours mainstream n’entend(it) guère les mettre en valeur ; plus commode et aguicheur de procéder par manichéismes.

    Giles n’a jamais « minimisé », ni dénié quoi que ce soit. Bien au contraire : il a… »contextualisé »!

    Fakes? Coups montés? Cf. les rétractations de Sprake, pardi! Et cependant, quand bien même vox populi et faiseurs d’opinion n’eurent et ne gardent rien de tangible à se mettre sous la dent : l’obsession demeure (je la lis dans ta réponse) qu’il dut y avoir du vice en Revie, comme une éternelle présomption de culpabilité!

    Revie et Leeds, bénéficier de l’appui ou de la complaisance de la FA? Il n’y bénéficia jamais guère que d’un seul soutien…qui lui serait d’ailleurs bien vite compté!

    Quant à ses rapports avec la FL, pas besoin de te faire un dessin : ses rapports avec Hardaker sont plus que disponibles et détaillés.

    Stokoe? Le timing de ses accusations est très amusant!

    « Dirty Leeds », phénomène « exagéré »? A rapporter, notamment, aux « Swinging Sixties »? Je n’en dis ni n’en dirai jamais le contraire ; sommes bien d’accord sur ce point. Et je ne vois par conséquent du tout en quoi resterait pertinent de deviser encore de « Dirty Leeds », expression découlant moins de la vérité du terrain (et de ses coulisses) que de la bouillonnante et excessive industrie médiatique, alors, du football anglais!

    Comme j’ose espérer, tout de même, que puisse être entrepris d’en faire la part des choses un demi-siècle plus tard. Que le consommateur de football fût grugé par ces années d’emballement bling-bling (Best le 5ème Beatles, blablabla) : c’est une chose…mais notre époque jouit de recul pour juger ces événements…et devrait s’en servir, je pense.

    Les caisses du Leeds? Désolé, mais le papier laisse à penser que ce fut d’abord une affaire de chéquier…or il n’y eut rien de plus faux! De tête Charles fut promptement revendu avec plus-value. La moindre livre était comptée, et Revie dut pousser ses dirigeants dans les cordes pour obtenir de la marge financière. 7 à 8 joueurs majeurs, titulaires en puissance, furent attirés pour peanuts ; Revie avait l’oeil…et même l’art de rebooster des joueurs le vague à l’âme (Giles).

    1er rang européen 3 ans durant? En appliquant, à l’époque, les méthodes de calcul du ranking européen des clubs (or de remarquables passionnés l’ont fait – Bert Kassies par exemple), oui : Leeds fut 3 années durant le meilleur club comptable d’Europe. Sorry l’ami, mais je connais mes classiques.

    Et probable que j’omette de te répondre sur l’un ou l’autre points, sujet bien trop riche à dire vrai, je m’en excuse d’avance! Mais un dernier point tout de même, pour moi l’essentiel : la question-jeu!

    Car plutôt que de remuer, encore et encore et en suivant le sens du courant, un passé dépourvu de preuves tangibles (et qui par conséquent, navré d’insister, tient surtout du ragot)…mais la question du jeu, bon sang!

    Contrairement à tous ces clubs alors loués (United tout particulièrement), le Leeds de Revie garde, lui, une modernité intacte ; leur football n’a en rien vieilli.

    On aura beau diaboliser Revie (et ne va surtout pas croire que je sois supporter de Leeds…), tant et plus et toujours sans guère de base factuelle : son style reste d’une exceptionnelle actualité… Et pour cause : Revie avait tout bonnement des années d’avance sur les autres.

    Mais ce n’est pas assez vendeur, I presume?

  12. Leworthy dit :

    Voilà que je découvre la réponse de l’auteur, en actualisant la page.

    Contrairement à ce que pense Kevin, j’ai bien compris que tu étais dans l’exercice de style, aucun souci avec ça. Parti-pris stylistique absolument respectable…mais orienté!

    Toutes ces vieilles histoires dont le bien-fondé ne fut, ça mérite tout de même d’être rappelé, jamais d’un pouce établi, auraient bien mérité, il me semble, d’être contre-balancées par l’épisode Sprake…lequel abondera en ce sens, certes…avant de dire avoir été payé par la presse-poubelle pour ce-faire!

    Mais tu y as préféré la voie d’un doute permanent…et systématiquement nocif à la perception de Revie, soit. « La classe selon Don », par exemple : allons allons…

    Revie était révolutionnaire sur la question du jeu, mais conservateur dans la vie. Et paternaliste (les médias-poubelle ne manqueront évidemment pas de surfer sur la grande « famille » de Leeds, en y prêtant quelque caractère de « familia » mafieuse)… L’homme-Revie, on l’oublie, fut par ailleurs loué par les plus illustres de ses pairs (à l’exception notable d’un Clough, bien sûr…mais d’un Clough consummé déjà par le besoin de reconnaissance…et le dédain premier de Revie!).

    Si l’on n’a jamais pu établir, de près ou de loin, que Revie fut généreux avec les arbitres ou joueurs adverses : sa générosité, à l’adresse de ses joueurs, n’a par contre absolument rien de légendaire, elle!

    Et cependant : c’est le portrait d’un homme avide d’argent, que presse-poubelle puis doxia développeront, aggravé bien sûr par son départ des Three Lions… Mais savez-vous combien Clough perçut, à son départ de Leeds, et qu’il en fut…félicité par ces mêmes tabloïds!…

    Bref : cet exercice de style, presque exclusivement à charge, me dérange…mais au moins as-tu fait l’économie de choses bien pires et absurdes, lesquelles ont fait leur chemin aussi!

    Exemples concrets :

    Je ne mets pas par hasard en garde contre le caractère fictionnel de « Damned United » (et sorry de m’appuyer sur les réserves conjointes des clans Clough comme Revie à son encontre, Kevin!)…lequel est tenu, par beaucoup, pour un document réaliste!

    La question des supporters, ensuite… Il est devenu coutumier de tenir les noyaux durs de ce Grand Leeds pour les pires du Royaume à l’époque…à ceci près que ce n’est pas tout-à-fait ce que, par exemple, en déclaraient les noyaux durs des Spurs par exemple : déplacement « easy » (« The Glory Game », 1972)…a contrario, toujours à les en croire, de ceux effectués à United ou Liverpool!

    Autre légende urbaine : associer racisme aux supps de Leeds…comme si c’y fut une exclusivité…et en omettant que Leeds fut des premiers clubs à voir évoluer, sans le moindre problème en tribunes, des joueurs de couleur!!

    Retour aux finances : le Leeds de Revie n’a guère explosé les records en matière de transferts. Revie multiplia certes les sources de financement…sans pour autant que le club plaça l’argent au cœur de son fonctionnement, de son système…or l’on ne pourrait en dire autant d’un United (premières loges : United, 1963)! De manière générale, de toute façon : les clubs anglais ne pesaient financièrement pas bien lourd, vis-à-vis de leurs pairs d’Espagne, Italie…

    United… Si je voulais d’ailleurs céder à la tentation, à la facilité, du manichéisme : je serais alors tenté d’établir un lien entre ce Leeds surpuissant (sur pelouse!), et ce United surfant sur la sympathie post-58, et engagé déjà dans une exclusive logique d’argent et de médiacratie… Sans compter que le Leeds de Revie et ce United chéri avaient très tôt nourri d’inimitiés… Chose d’acquise assurément, jeu dur ou non : Leeds n’avait pas les faveurs des instances. Quand United en avait l’oreille…

    Des avanies subies par Leeds en Coupes d’Europe : je les mettrais par contre plus volontiers sur le compte du pas de bol. Car tomber sur des Milan ou Bayern, en pleines années de Présidence du très orienté Artemio Franchi… Difficile de faire pire comme timing, pour un club qui n’avait rien de rien de club institutionnel.

    Leeds épinglé, car seul club du top à jouer dur? Absolument pas d’accord avec toi, Kevin! Chelsea fut, par exemple, une place-forte du foot anglais 10 ans durant, concomitamment de Leeds…et leur dureté n’avait rien de rien à envier à celle des hommes de Revie!…mais Chelsea gardera plutôt l’image d’un club un peu fou, exubérant, bah : c’était le club d’Hardaker, n’est-il pas?

    Proposer un papier? Je le ferais par exemple bien volontiers, spontanément, pour étayer et asseoir les attaques répétées sur le squad de Revie, sur son œuvre…mais puisqu’il n’y a rien de tangible en la matière…!

    Sorry d’être exigeant, peut-être, qui plus est le sujet est extrêmement casse-gueule…mais « Teenage Kicks » ayant gagné d’être porte d’entrée francophone de référence, sur l’Histoire du foot anglais… Qui aime bien…!

  13. Kevin Quigagne dit :

    @ Leworthy.

    Discussion potentiellement intéressante cher Leworthy mais aussi du genre très frustrante, car si tu commences à transformer totalement mes propos comme ça t’arrange, on va avoir du mal à débattre sereinement. Qui aime bien etc. comme tu dis en conclusion, mais qui aime bien essaie aussi de pas déformer les propos des biens aimés 🙂

    Je vais juste reprendre quelques points dans tes deux derniers messages d’hier, pas tous évidemment car je n’aurais jamais le temps de les traiter seriatim, et ça part un peu dans tous les sens (Qui diable a parlé de racisme à Leeds dans l’article ou les commentaires ? Personne, alors pourquoi l’évoquer et écrire comme tu le fais, tel un supp éternelle victime du Grand Complot Contre Son Club : « Autre légende urbaine : associer le racisme aux supps de Leeds… comme si ce fut une exclusivité… et en omettant que Leeds etc. » ? Enfin bon, puisque tu en parles, je t’annonce que je sortirai cet automne un gros gros dossier sur le football noir britannique et, fatalement, le racisme/le National Front/etc. – dossier déjà bien avancé, j’y travaille dessus depuis des années, le plus volumineux jamais sorti sur le sujet, + de 200 000 signes. Je reprendrai l’histoire du football britannique noir depuis le début. Tu auras alors l’occasion d’en parler.
    C’est une question complexe qui s’accommode mal de raccourcis péremptoires. En écrivant « Leeds fut l’un des premiers clubs à voir évoluer, sans le moindre problème en tribunes, des joueurs de couleur !! » tu commets une nouvelle erreur. Leeds United ne fut pas l’un des premiers (il y en eut une dizaine avant) et ton « sans le moindre problème en tribunes » est discutable. Leeds était comme partout ailleurs malheureusement, atteint par cette saloperie de racisme, c’est malheureusement l’une des faces sombres des Sixties, on en reparlera à l’automne.
    Il n’y eut que deux Noirs à Leeds en fait à cette époque – années 50-60 -, deux Sud-Africains (ce qui est déjà pas mal, beaucoup de clubs n’avaient pas de joueurs noirs à l’époque, on verra pourquoi cet automne). Le premier fut Gerry Francis : le premier Sud-Africain noir à évoluer en D1 anglaise, et deuxième footballeur sudaf noir à évoluer à l’étranger, après Steve Mokone. Ça se passa bien pour lui, mais normal, on était pas encore dans les Sixties, une ère politique et sociale totalement différente, société anglaise en pleine mutation où les questions d’immigration devinrent soudain omniprésentes et vives, voir mon deuxième commentaire sous ce texte : http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2014/04/17/36-robin-friday-avant-le-film-le-livre/. Et le deuxième Noir fut bien sûr Albert Johanneson, dont je parle largement dans le lien susdonné. Pour lui, par contre, ça se passa mal, ses rapports avec Don Revie furent tendus. Je te conseille chaudement de lire « The Black Flash », bouquin sorti en 2012, sur la vie et carrière d’Albert Johanneson, l’Angleterre et le Leeds ville & club de l’époque, fascinant. Et on ne peut guère soupçonner l’auteur, Paul Harrison, de faire dans l’anti Leeds : c’est un supp inconditionnel des Whites (au passage, si tu me soupçonnais moi aussi de faire de « l’anti Leeds », je t’informe que j’ai vécu et travaillé à Leeds il y a presque 20 ans, je suis allé plusieurs fois à Elland Road, je suis un Yorkshireman d’adoption, dix ans de vie dans le Yorkshire – principalement Sheffield –, je n’ai absolument rien contre Leeds).

    On pourra refaire le match cet automne si tu veux, voir plus bas mon invitation. Comme je te l’ai expliqué notre temps TK est hyper compté actuellement, à cause de notre bilan de fin de saison. Par exemple, je me suis levé à 6h30 ce matin, après une grosse semaine de boulot, pour avancer les 5 fiches clubs dont j’ai la charge pour notre bilan PL de fin de saison, car à 12h max (il est presque 11h ici en Angleterre), je dois aller vaquer à mes occupations, professionnelles/familiales/loisirs, il fait super beau aujourd’hui dans le nord de l’Angleterre (!) et serai pris tout le week-end (et la première partie des fiches doit être envoyée à notre webmaster ce week-end pour publication lundi).

    Juste quelques points car dans le genre « interprétation libre de mes réponses » tu pousses un peu l’ami Leworthy… :

    NON, je n’ai jamais écrit que Leeds était « le seul club du top à jouer dur ».

    J’ai écrit que Leeds n’était peut-être pas la plus vicieuse des équipes de D1 mais c’était la plus dirty parmi les prétendants réguliers au titre sous l’ère Revie. C’est un fait hein, à moins que les dizaines de bouquins que j’ai lus sur l’histoire du foot anglais depuis plus de trois décennies mentent tous éhontément (un fait notamment corroborré par un joueur que j’ai interviewé – je t’ai mis le lien – et qui les a affrontés 15 fois dans sa carrière. Tu vois preuve plus tangible que ça ? Le gars n’a pas joué 1 ou 2 fois contre eux, non, 15 fois. Il dit, verbatim : « Leeds, c’était de loin les pires ! Ils te pourrissaient, pas verbalement, hormis quelques insultes. Non, eux, ils cassaient, c’était toujours risqué de les affronter. Leur devise semblait être : « Si tu rates le ballon, ne rate surtout pas le joueur. » Les arbitres étaient très coulants à l’époque, les matchs n’étaient pas retransmis, etc. et Leeds en profitait. »).
    J’ai aussi expliqué que le surnom était resté par contraste aux autres équipes du haut de classement dans les Sixties qui pratiquaient un jeu plus soyeux (notamment Man United et Liverpool). Chelsea était bien en retrait de ce trio de tête pendant l’ère Don Revie (jamais champion, souvent 5è et au-delà – 17è en 1974, 12è en 1973, 9è en 1967, 7è en 1972 par ex).

    NON, je n’ai jamais écrit que a) « Leeds avait explosé les records en matière de transferts » et ni sous-entendu que b) Leeds avait « placé l’argent au cœur de son fonctionnement, de son système. »

    a)J’ai écrit et démontré, chiffres à l’appui, qu’en 1962 et alors qu’ils étaient en D2 (venaient de finir 19è), ils avaient recruté Bobby Collins pour 30 000 £ et que l’on était pas loin des chiffres records de transferts entre clubs anglais de D1. J’ai aussi ajouté que le même été, ils recrutèrent John Charles, pour 53 000 £. C’est énorme. On frise les 100 000 £ en un seul été pour un club de D2, même la plupart des clubs de D1 ne dépensaient pas autant. Après, libre à toi malgré ces faits incontestables d’écrire que « Leeds était au bord de la banqueroute » mais c’est une contre-vérité totale (et comme je l’ai écrit dans mon message précédent, leur proprio, Harry Reynolds, était un milliardaire qui sut sortir le chéquier quand il le fallut, eg le recrutement de John Charles).

    b) J’ai écrit que Revie avait bien sûr aussi mené une politique de jeunes, normal : il voulait des jeunes pour les façonner, pour qu’ils lui soient à jamais fidèles, ils voulaient créer un bloc soudé comme nul autre, créer une « fortress mentality ». Et de fait, son équipe ne bougea quasiment pas pendant dix ans et lui voua une reconnaissance éternelle. C’est aussi pour cela que je te disais qu’il faut faire la part des choses dans ce que raconte Johnny Giles par exemple (tout comme je te disais qu’il fallait aussi faire la part des choses ds ce que raconte John McGovern sur Clough – qu’il idolâtrait, évidemment – et sur Revie. Et j’ai cité trois joueurs clés (Bremner, Hunter, Johanneson) parmi ces jeunes tous recrutés grosso en même temps à quelques mois près.
    NON, Chelsea n’était pas le club d’Hardaker…

    Pas plus que Leeds fut victime « d’un acharnement insensé des instances » comme tu l’écris (j’ai vraiment l’impression que tu lis trop les sites/blogs/livres consacrés à Leeds…). Tu penses vraiment que si ça avait été le cas, la FA aurait nommé Don Revie sélectionneur anglais l’été 1974 juste après Leeds ? (un privilège que l’on refusa toujours à son grand rival, Brian Clough).
    Certes, il est indéniable que Revie et Hardaker ne s’aimaient pas mais guère étonnant : Revie était bourru – même ses propres joueurs le décrivaient comme peu enclin à se faire des amis dans le milieu – et Hardaker n’aimait personne de toute manière (xénophobe notoire, voir lien ci-dessous) et ne trouvait son bonheur que dans le conflit avec un tas de clubs (pas pour rien qu’il était surnommé « The Dictator », entre autres. Si tu lis régulièrement TK, tu sauras que j’ai déjà écrit sur Hardaker, ici par exemple (http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2012/02/13/fevrier-1992-naissance-de-la-premier-league-13/, au début).

    Par ailleurs, si Chelsea avait été « le club de Hardaker » comme tu t’interroges rhétoriquement, crois-tu qu’il aurait fait déplacer le siège de la Football League de Preston à… Lytham St Annes, une petite ville près de Blackpool ? Non, il l’aurait mis à Londres, ou essayé en tout cas. Crois-tu aussi, si « Chelsea était le club d’Hardaker », qu’il aurait interdit à Chelsea de participer à la première Coupe d’Europe des Clubs champions alors que Chelsea le désirait ardemment ? (pour des raisons financières, sportives et historiques : Chelsea venait de remporter son premier titre national et voulait absolument être le premier club anglais à participer à la C1).

    Ta théorie du complot est fatigante à vrai dire, je sais pas où tu es allé chercher ça…

    Enfin, bon, je vais pas me re-répéter. J’ai déjà répondu à nombre de tes points.

    Tu écris en conclusion que « le sujet est extrêmement casse-gueule ». Oui, comme beaucoup d’autres dans le football anglais. Cela aurait donc dû t’inciter à plus de prudence, de mesure et de discernement dans ton premier message où tu démolis le texte de khwezi, alors que certains faits sont incontestables, irréfragables dirait un sociologue, je les ai longuement développés.

    Le mieux, comme je te l’ai invité à le faire dans mon message précédent, est de nous transformer ton premier post, celui du mercredi 14 mai, en article. Reprends simplement et exactement – pas une version enrichie de nos commentaires et rectifications hein :- ) – ce que tu as écris dans ton premier message en mettant tout ça en forme. On le publiera à l’automne et on aura alors tout loisir d’en reparler.

    Finissons positivement : merci buckets pour tes compliments (“Teenage Kicks” ayant gagné d’être porte d’entrée francophone de référence, sur l’Histoire du foot anglais… Qui aime bien…!), tu nous flattes beaucoup.

    J’ignore si nous sommes une « référence » mais pour ma part, j’essaie toujours de présenter les choses de manière documentée et objective, et Dieu sait que l’objectivité nécessite temps et effort ! (car, évidemment, il faut savoir trier et prendre moults points de vue en compte en faisant la part des choses, tout est devenu si polarisé dans le football – et sa façon de le raconter – ces 15 dernières années. J’ai plus de mal à être objectif sur NUFC par contre… Je finis justement de rédiger leur fiche pour le bilan PL 2013-14 club par club. Elle fait environ 3 500 mots, putain que y’en a à raconter sur eux cette année…).

  14. Leworthy dit :

    Tu vois ou lis ce que tu veux bien, Kevin, et c’est bien dommage.

    Concernant mes commentaires précédents : l’un était pour toi, l’autre pour l’auteur. Par conséquent guère étonnant que tu aies l’impression que je parte dans tous les sens. Dont sur la question, par exemple, du racisme (relis attentivement).

    Et merci de tes réactions abondantes, fouillées…et qui cependant ne m’apprennent rien (déjà passé par ces lectures…parmi d’autres). Nos conclusions divergent par contre, ça c’est certain…et pour cause, si je puis me le permettre : tu ne considères décidément que ce qui t’arrange (exemple concret : j’attends toujours ta réaction sur Sprake). Ou qui jadis arrangea la doxia.

    Mais libre à toi d’en rester à des points de vue et conclusions mainstream, dominants…et qui, à ce jour, restent non moins incapables de donner un aperçu objectivement et globalement cohérent, que ne le furent jadis les contempteurs de Revie à le confondre.

    Exemple concret? Cette vieille théorie que tu relayais, d’un Leeds épinglé pour son jeu dur, car (prétendu) seul club du top à jouer de la sorte… Mais c’est bullshit bien sûr, Cf. Chelsea (j’attends toujours ta réaction, tiens)…

    Alors, évidemment : je ne m’étonne pas que tu causes de « théorie du complot ». Mais j’ai déjà vu mieux comme arguments (peu importe). Permets-moi en tout cas d’insister, car il semblerait bien que j’aie des choses à t’apprendre : Chelsea était bel et bien le club de Hardaker. United n’était déjà plus tout-à-fait un club comme les autres (et avant que tu ne déformes à nouveau mes propos : j’ai bien précisé ne pas, pour autant, vouloir céder à des conclusions trop hâtives). Leeds fut bel et bien, statistiquement, le meilleur club d’Europe 3 ans durant. Oui, certaine opinion (la source des piqûres de rappel « Dirty Leeds » a toujours procédé de la même galaxie médiatique) ne manqua pas de stigmatiser leur prétendue singularité sur la question du racisme (bullshit bien sûr). Ou du hooliganisme (idem). (and so on… – car dieu, notamment, que tu me sembles subliminiser la puissance financière des clubs britanniques, alors)

    Qualifier de « théorie du complot » tout qui sort des sentiers battus de la pensée unique (ou la met à mal) est commode, Kevin. Vieille méthode dialectique, extrêmement efficace et à laquelle est recouru en ultime recours, quand commencent à manquer les arguments…et pourquoi pas après tout! Mais se satisfaire, comme tu fais, de cette même pensée dominante (car c’est elle que je relis, dans tes propos) pour comprendre le phénomène « Dirty Leeds »…alors que ladite pensée reste à ce jour bancale dans ses enchaînements « logiques » sur la question, et procède d’une base factuelle abondamment viciée dans l’oeuf dès les 60’s… Soit ; je comprends que tu préfères ne pas relever certains points de cette Histoire, ne pas y réagir : ils sont en effet encombrants pour cette pensée que tu reprends, reproduis.

    Pour que tu t’autorises à parler de « rectifications » (ah bon), je crois en effet que vous vous tenez pour « référence » oui ; foin de fausse modestie, l’ami. J’observe que tu auras au moins daigné concéder que l’expression « Dirty Leeds » était « exagérée » ; déjà ça de pris (car nulle part sur ce site n’avais-je jamais lu, de ta plume, le moindre élément tendant à, hum, rectifier d’un peu cette vieille fable sensationnaliste).

    Merci encore pour l’invitation réitérée, mais mes activités propres, dans le football, sont déjà assez copieuses à dire vrai.

  15. Leworthy dit :

    J’oubliais.

    Je ne vois ni en quoi ni comment l’isolationnisme, pour ne pas dire l’européophobie, de Hardaker, évidemment avérée (et qui explique son opposition viscérale à la participation de Chelsea…ou d’ailleurs de tout autre club anglais), pourrait venir t’appuyer dans l’idée (erronée, ne t’en déplaise) que Hardaker et Chelsea n’étaient intimement liés.

    Clough-Revie, la succession de Ramsey… La Clougholâtrie habituelle se lit entre tes lignes… Or le constat est simple : qui plus que Revie pouvait alors arguer des meilleurs résultats comptables, en Albion, pour prétendre objectivement à la succession de Clough? Le bilan, alors, de Clough ne parlait pas même pour lui en seconde position… Car eh oui, Kevin : contextualisons. Mais jouer de l’opposition Clough-Revie, jusque dans des raccourcis moraux à oeillères (car Clough…), est si facile. Et devenu si convenu. Or un examen sérieux du cas Clough me paraît s’imposer, parmi d’autres et comme un préalable, pour comprendre un jour le cas « Dirty Leeds ».

    Un demi-siècle d’acharnement et de campagnes médiatiques contre Revie, mouton noir du football britannique…et toujours rien d’établi, de prouvé (bien au contraire, ne t’en déplaise!)… Sur des sujets combien plus sensibles, et bénéficiant d’examens moins aveugles, moins orientés : l’historiographie du football a obtenu de tout autres résultats, et en bien moins de temps… De quoi mettre la puce à l’oreille, il me semble : ce n’est probablement pas en se satisfaisant du discours dominant, de ses obsessions et « logiques », que l’on parviendra un jour à comprendre ces événements…

    Je tiens enfin à dire n’avoir nullement souhaité « démolir » l’auteur (même si dois bien convenir que la forme prête à le penser ; regrets sincères, d’ailleurs).

    Mais sur le fond, et au-delà de ce papier puisqu’en y associant aussi tes points de vue, Kevin : la déception est certaine, oui. Dans le chef de l’auteur comme dans le tien, le sujet mérite assurément et au bas mot autant de nuances que, chez moi précisément, tu n’en réclames!

    En tout cas bon vent sincère à Teenage-Kicks.

  16. Leworthy dit :

    Erratum

    « (…) prétendre à la succession de RAMSEY », évidemment.

  17. Kevin Quigagne dit :

    Je ne suis pas inactif/chômeur/rentier/étudiant/retraité et n’ai vraiment plus le temps de te répondre en détail actuellement Leworthy, comme je te l’ai expliqué deux fois (boulot, famille et bilan TK, très chronophage vu qu’il fera 150 000 signes).

    Je t’ai mis 5 000 mots et ça n’a servi à rien, au contraire, tu déformes de plus en plus mes propos (la prochaine fois, fais comme moi : utilise les « » quand tu cites quelqu’un, ça évite les interprétations douteuses) et tu sors mes propos du contexte (eg j’ai longuement expliqué au sujet de l’exagération sur le surnom Dirty Leeds, les médias ds les Sixties, etc. je ne concède rien, relis ce que j’écris) et tu me prêtes un tas d’opinions que je n’ai jamais exprimées et qui sont franchement totalement loufoques.

    Par ailleurs, tu me reproches des trucs quand même hallucinants, de ne pas avoir parlé de telle ou telle chose (tu écris : « car nulle part sur ce site n’avais-je jamais lu, de ta plume, le moindre élément tendant à, hum, rectifier d’un peu cette vieille fable sensationnaliste »). Normal, j’ai rien ou quasiment rien écrit sur Don Revie ! Je n’ai pas le temps d’écrire sur tout malheureusement, ce n’est pas du tout mon métier hein. J’en fais déjà assez non, tu trouves pas ? (question rhétorique, ne te sens pas obligé de répondre).

    Mes 2 posts-réponses font 5 000 mots, soit 2 fois 1/2 l’article et tu te plains encore que j’ai pas répondu sur ceci ou cela sans, évidemment, t’arrêter sur ce que j’ai expliqué, avec force détails et chiffres à l’appui, avec même le témoignage d’un joueur qui a joué 15 fois contre le Leeds de Revie. Je crois que je pourrais en mettre 20 000 autres et t’envoyer 20 témoignages de l’époque que ça ne changerait rien.

    Mais ça, ce n’est pas bien grave. Le plus désolant est que le superbe article de khwezi est un hommage à Revie mais cela t’a complétement échappé.

    Je note simplement que par deux fois je t’ai invité à nous écrire un article à partir de ton premier post (5 000 signes suffiront) pour la saison prochaine, à ta convenance (dans 6, 9 ou 10 mois si tu veux) et tu refuses.
    Ce serait pourtant le meilleur moyen de faire entendre ton point de vue sur ce sujet qui te tient visiblement très à coeur. Et comme je te l’ai expliqué, à l’automne, on aura plus de temps qu’actuellement pour en débattre.

    Tu me réponds que tes activités dans le football sont déjà assez copieuses comme ça. Mais je ne t’ai pas demandé de nous faire un pavé hein, simplement de reprendre ton premier post et de l’organiser en article, ça prendrait quoi, 2 heures max. 4 ou 5 000 signes, c’est tout, deux pages A4 max, et t’as presque un an pour ça si tu veux. Je trouve ton refus curieux. Surtout que tu écris dans ton deuxième post :

    « Proposer un papier ? Je le ferais par exemple bien volontiers, spontanément, pour étayer et asseoir les attaques répétées sur le squad de Revie, sur son œuvre…mais puisqu’il n’y a rien de tangible en la matière…!
    Sorry d’être exigeant, peut-être, qui plus est le sujet est extrêmement casse-gueule… »

    Tu as donc changé d’avis après ce deuxième post puisque, soudain, tu ne souhaites plus écrire ce papier que tu semblais OK pour faire le 16 mai même si tu prépares déjà le terrain que tu sens de plus en plus glissant pour toi à mesure de notre conversation (contrairement à ton premier post du 14 mai tout en assurance) en parlant de « rien de tangible en la matière » et de « sujet extrêmement casse-gueule ».

    Enfin, comme tu le sais, nous sommes un blog participatif et donc mon invitation reste ouverte.

  18. Leworthy dit :

    Kevin,

    Tu crois sincèrement être le seul à écrire sur le football, à s’y investir ou à en interviewer d’acteurs du passé?

    Je suis par ailleurs moi-même loin d’être chômeur ou rentier, merci. Bien au contraire, les affaires du football constituent aujourd’hui part conséquente de mon métier.

    Et je ne déforme en rien tes propos. Concernant racisme ou hooliganisme singuliers (!) prêtés à Leeds, relis attentivement : c’était pour compléter le catalogue des charges portées par la doxia contre (le Leeds de) Revie. Et en précisant d’ailleurs bien que Khwezi nous l’avait épargné.

    Médias dans les 60’s, loin de te « déformer » : je t’ai appuyé. Même si je pense cette piste insuffisante pour clarifier le cas présent (pour information ou rappel, et assurément pour piste de réflexion : le phénomène de diabolisation des « chavs » est antérieur au Thatchérisme stricto sensu…).

    Je ne te reproche nullement de ne jamais avoir rectifié, fût-ce d’un peu, quoi que ce fût concernant la légende noire du « Dirty Leeds » (phénomène que, par le passé, tu as déjà évoqué par la tangente). Je salue simplement que tu l’aies ici au moins fait.

    Bref, je ne te prête décidément rien de particulier ; tu te le prêtes bien plutôt par toi-même… Mais je t’épargne de croire que ce soit par stratégie dialectique.

    Tes deux posts font 5.000 mots, bravo…et tu te refuses toujours cependant à réagir, par exemple, sur l’encombrant cas posé par Sprake… Pour ma part, bien au contraire : je t’ai répondu sur tout, n’ai point de tabou sur la question « Dirty Leeds »…ni pour habitude de me dérober devant un sujet ou une question.

    A ce propos, je ne change par ailleurs du tout d’avis concernant ta proposition. Mon premier élément de réponse était ironique. Le second : purement pragmatique (activités « chronophages », comme tu dis).

    Sujet « glissant pour (moi) »? Oh, si ça peut te faire plaisir!

    Sache cependant que, sur d’autres sujets majeurs du football, et après avoir longtemps été taxé de « complotiste » (…) : j’ai observé avec certain amusement que, bon demi-siècle après les faits, et 10 ans après que je les eusse de mon côté, et sans grand mérite (tout était là depuis 40 ans…), sorti des catacombes de l’Histoire, des auteurs de premier plan ont enfin pris le parti de les ressortir à leur tour des catacombes de l’Histoire, de rendre justice à ces faits et analyses occultés, diabolisés…et longtemps taxés de « complotisme ».

    Je me permets de t’exposer ceci pour une raison simple, mais constructive : ne crois-tu pas qu’il serait enfin temps, tout doucement, de changer de paradigme dans l’abord du cas Revie?

    Mais tu en fais ce que tu veux bien sûr ; voilà simplement pour ma part de suggestion.

  19. Kevin Quigagne dit :

    Je t’ai vraiment tout expliqué dans mes posts du 15, 17 et 18 mai. Je t’ai notamment invité à nous rédiger un article pour exposer ton point de vue – ce que tu refuses obstinément. Je ne peux vraiment pas faire plus.

    Bon, là t’es parti dans ton truc et ça continue à mitrailler dans tous les sens (que diable viennent faire les « Chavs » et Thatcher là-dedans… Bon sang que tu aimes compliquer les débats inutilement Leworthy).

    Je n’ai vraiment plus rien à ajouter, good night.

  20. Leworthy dit :

    « Tout expliqué »? Tu as certes déballé plus haut le flot habituel de vieilles théories…mais de théories boiteuses (dont acte : tu es d’évidence incapable de les défendre – à ta décharge, il est vrai : elles sont indéfendables…). Et pour le reste : tu es et restes désespérément fuyant (des milliers de caractères…et toujours pas la moindre réaction sur le cas Sprake ; j’en fais mon deuil).

    Tu dis plus haut, à de multiples reprises, être « objectif » (oula…)…sans toutefois mesurer combien, par ton travail certes estimable de traduction (laquelle est surtout… »reproduction »), tu ne reproduis sur ce sujet que des faits et théories qui, dès leur genèse, furent notoirement biaisés, orientés et partiaux… Autant te dire dès lors que, ton « objectivité »…

    T’es-tu seulement jamais demandé d’où venaient (et reviennent régulièrement) les attaques médiatiques portées contre Leeds et Revie? De quel bord émanent-elles? De toute évidence, non : tu ne t’es jamais posé cette question, pourtant élémentaire… Et il n’est dès lors du tout étonnant que « chavs » ou « proto-Thatchérisme » te paraissent soudain incongrus dans la discussion…

    Loin d’ailleurs de vouloir « compliquer les débats inutilement », nuance : je souhaite plutôt rendre justice à la complexité du sujet. Car le sujet est extrêmement complexe. Bien loin de la fable manichéenne qui en a été construite. Et tout autant des théories commodes qui en furent construites. Un demi-siècle après les faits, je m’en répète : il est peut-être temps de l’aborder de manière adulte, globale…et enfin pleinement contextuelle.

    Mon point de vue sur la question? Il est en filigrane de mes commentaires plus haut, pour qui sait lire entre les lignes, reste en mesure de mobiliser son esprit critique et de sortir des clous (qui plus est : des clous d’une doxia boiteuse depuis un demi-siècle…), et aura la curiosité d’approfondir la question de lui-même. Les positionnements et discours « science infuse » : non merci.

    Pour en finir de mon côté, enfin.

    J’interviewais ce lundi encore un ancien arbitre international, actif surtout durant les 70’s. A son actif : Coupes d’Europe (il a arbitré tous les grands de l’époque…dont en finale), du Monde… Longtemps meilleur arbitre en son pays, mais qui paya de sa carrière, assez notoirement, de n’avoir voulu céder à certaines pressions (émanant des plus hautes-sphères du football mondial – comme quoi, les « théories du complot »…)…

    Je ne le rencontrais a priori pas pour traiter de Leeds, mais tant qu’à faire : je lui en posai la question.

    Alors sur le jeu, je cite : « On n’avait plus vu ça depuis le Grand Real (des Puskas, Di Stefano, Gento…) ».

    Sur le comportement : « Rien de rien à redire. Ils n’étaient ni plus ni moins difficiles à arbitrer que les autres clubs britanniques. (…) Les clubs britanniques étaient de loin les plus durs à arbitrer. En raison de leur engagement, c’était toujours susceptible de partir en vrille. »

    Plus intéressant et à l’en croire : dès 1967, année marquée de leur première finale continentale, les joueurs de Revie se singularisaient déjà par un jeu de mouvements élaboré et créatif. Certainement pas aussi abouti que le serait quelque 5 ans plus tard. Mais en tout cas TRES loin des canons brutaux et binaires résolument (et durablement, et aveuglément…) prêtés à cette formation!

    Tu croyais me « rectifier » plus haut, sur la question « Dirty- » ou « Super Leeds »… Mais il y a une chose toute simple que, depuis tes dogmatismes obtus, tes lectures de « référence », tu sembles incapable de comprendre…

    Très vite Leeds fut singulièrement (!) attaqué, ciblé, par la plus sordide des presses-tabloïd (question que tu ne t’es d’évidence jamais posée : qui en était le patron?). Et en commençant donc par le jeu (certes pas dépourvu de sa part de dureté voire de vice…mais sans du tout que Leeds en eût l’exclusivité, bref : un jugement pour le moins partial, biaisé)…

    Que le jeu évolue pleinement, se débarrasse de ses scories, et accouche de ce style « jamais vu (…) depuis le Grand Real »…et c’est alors aux coulisses de Leeds que la presse-tabloïd (grand gage d’objectivité s’il en est…) s’attaquerait… Pas la moindre preuve en près de 50 ans (bien au contraire des éléments attestant d’un coup-monté contre Leeds!), plus rien à redire sur le jeu (bien au contraire : il forgeait désormais l’admiration de l’Europe entière!), et cependant : un acharnement intact, et savamment entretenu…

    En un mot comme en cent, et bien au-delà des datations par douteux papier-carbone que tu reproduisais dans une première réaction : ce Leeds fut médiatiquement condamné à être « Dirty ». Non tant qu’il le fut ou qu’il l’était. Mais bien plutôt surtout, de toute évidence : parce qu’il devait l’être. Et que, pour certains acteurs de la médiasphère : il gagne encore à le rester.

    Exemples concrets?

    Il y a quelques années, la presse-tabloïd hurlait encore au « Dirty Leeds », 40 ans après Revie, au terme d’un match marqué d’une expulsion…et d’une saison qui avait pourtant vu Leeds afficher le meilleur comportement observé parmi toutes les formations en lice…

    Même époque, cette même presse-tabloïd menaçait explicitement le du tout institutionnel (mais par contre très encombrant…car menace pour l’establishment du foot anglais et européen!) Chelski… Peu ou prou, le discours était le suivant : « Poursuivez ainsi, et vous subirez le sort du « Dirty Leeds »… »…

    Mais bon : puisque tu estimes avoir tout compris sur le sujet… Inutile d’insister, n’est-il pas?

  21. Didier Feco dit :

    Hey l’ami,

    Je veux pas dire, mais quand tu dis « Mais bon : puisque tu estimes avoir tout compris sur le sujet… Inutile d’insister, n’est-il pas? », tu n’as pas l’impression de te moquer du monde ?

    Cela fait une dizaine de jour que l’on te propose de préparer un article pour l’an prochain, en donnant ta version de l’histoire et bizarrement tu évites à chaque fois.
    Parce qu’au final, Kevin ne détient pas la vérité absolue, Khwezi non plus (le pauvre il supporte Liverpool), mais au moins ils se risquent fréquemment (pour Kevin) et nouvellement pour notre ami Reds à donner leur avis. Si tu connais si bien cette période, je te propose de faire comme eux, je lirai avec intérêt.

  22. Leworthy dit :

    …et je ne prétends pas davantage la détenir!

    Que j’aie moins d’oeillères, par contre : je m’en prévaudrais bien volontiers, oui.

    Confession d’ailleurs spontanée, lire plus haut : je serais incapable d’accabler ce « Dirty Leeds » (et pour cause : concrètement pas grand-chose qui tienne la route à leur encontre). Quant à les défendre : j’ai d’autres sujets de prédilection.

    Je m’en répète, enfin : qui te (vous) dit que je ne me « risque pas fréquemment » à publier sur le football? En l’espèce, d’ailleurs : je l’ai fait des années durant, publiquement…et travaille pour l’heure à la publication d’ouvrages-papier (loin d’ailleurs du confortable anonymat du web : ce sera publié avec nom et prénom).

    M’enfin… S’il faut avoir publié ici pour paraître respectable en matière de foot anglais… Curieux point de vue. Et bien dommage.

    Quant à « (se) moquer du monde »? C’est à certaines médiasphère et « historiographie », alors, qu’il faudrait bien plutôt demander de comptes, sais-tu… Moi, ici : je ne me moque assurément de personne, non.

    Cordialement!

  23. DietervonBraun dit :

    Tout de même pas fort inspirés les TK sur le coup, même si l’auteur n’y peut pas grand-chose à mon avis. Pas mal d’erreurs factuelles et encore plus de clichés, Leworthy n’a pas vraiment tort mais je vous sens surtout pigeonnés par votre ton habituel, le goût du trash et des anecdotes et peut-être un peu de suffisance Kevin. Mais là pas de bol, avec Revie c’est du sérieux. Du très sérieux même.

    @l’auteur : Revie n’a jamais été sir, il a été fait officier de l’empire et les officiers de l’empire ne sont pas sir. De toute façon même s’il l’avait été, le papier est déjà mal parti en jouant de la très improbable fierté que Revie en aurait retirée.

    Revie n’a jamais renié ses origines et s’en foutait pas mal d‘être sir ou des institutions, on l‘a vu en 1977 ou à chaque fois qu‘il remuait le panier de crabes de la FA et de la FL. Rien à voir avec tous les moutons ou idiots utiles boostés par l’establishment du foot et de la société brit’, Revie avait des idées bien arrêtées et rendait coup pour coup leur mépris aux « élites » placées à la tête du football anglais. Avec l’aspect cérébral, l’esprit de corps et le zéro concession, le coup pour coup est la marque de fabrique de Revie, d’ailleurs aisément relevable sur pelouse. Et c’est évidemment une faille que ses adversaires – tabloïds compris – exploitèrent et exploitent encore pour discréditer Revie et son oeuvre.

    Alors le vieux serpent de mer Revie/Clough pour savoir qui dirigerait l’Angleterre, Kevin… S’il y en a bien eu un justement pour minauder avec les élites et avoir leurs faveurs dans certaines limites…ben c’était ce pseudo-rebelle de Clough, lol!

    Clough utile au New Labour naissant, Clough utile aux institutions du foot anglais (ne pas discuter les décisions des arbitres etc), Clough parfait pour conforter le stéréotype du prolo vulgaire braillard et alcolo, pas étonnant que contrairement à Revie les tabloïds – et la FA dans certaines limites – l‘avaient à la bonne… Seulement voilà, Clough n’avait rien d’un crack en 1974, n’était pas grand-chose sans Taylor et était surtout bien trop narcissique et borderline pour représenter l’Angleterre à travers le monde, bref Clough a joué et minaudé comme à son habitude, mais s’est au final fait recaler par des élites qui gardaient des miles d’avance en matière de double-langage. Vu l’opportunisme du personnage, pourtant attachant, je ne suis pas vraiment certain de vouloir le pleurer.

    Mais ça comme le dit Leworty, ça réclame évidemment de sortir des images d’Epinal.

    Car l’argent… Sacrée légende urbaine, cette histoire de mécène pour expliquer les premiers succès de Revie!

    Le foot a toujours compté des millionnaires parmi ses clubs. Mais des proprios-mécènes y en pas eu tant que ça. Du temps de Revie on en verrait à Rotterdam, en Italie etc… Sauf qu’à Leeds Reynolds n’avait rien d’un mécène lui!

    @Kevin : Revie n’eut pas un mot à dire dans le bref retour de Charles, pas un mot à dire non plus concernant son départ. Charles, c’était un gros pari en vue de ramener la foule et d’augmenter le prix des tickets, en l’état les assistances ne rendaient plus le club structurellement viable, fallait frapper fort et c‘est-ce que Reynolds a fait en créant le buzz. Puis Revie a fait le reste…

    3 mois après son retour au club, Charles est revendu à la Roma avec 30% de bénef, rien à voir avec un club sous injection, opération commerciale à court-terme avec Revie et le pauvre John Charles pour pigeons.

    Le pire c’est que Revie était un des managers les plus économes de son temps! Joueurs majeurs achetés : Giles Clarke Jones… A compter sur les doigts d’une main.

    Cooper Madeley Bremner Hunter Gray Lorimer ou Sprake furent acquis sans sortir un penny, excusez du peu. Et que dire à la revente, c’est plutôt Reynolds qui s’est fait de la thune grâce à Revie.

    Sur les prétendus vices du Leeds, jeu coulisses ou tribunes, Leworthy a déjà mis le doigt sur les discordances du discours mainstream, mais je crois quand même que ça vaut le coup de préciser qui attaquait Revie. Le Daily Mirror appartenait aux Harmsworth, groupe de presse successivement affiché pro-nazi, impérialiste, anti-syndicaliste et anti-communiste mais positionné presse de gauche (tartufferie bien sûr). Comme Hardaker et Stanley Rous, les Harmsworth n’appartenaient pas à la vieille aristocratie brit, leur adoubement était récent et ils avaient tendance à en faire des tonnes pour montrer allégeance en allant dans le sens dominant et hyper-réac des vieilles élites, qui d‘ailleurs avaient eu elles aussi leurs inavouables…« sympathies » lol.

    Manque de pot d’ailleurs pour Leeds et Revie, ses dirigeants étaient juifs, no more comment vu parmi bcp d’autres la puissance et la pensée d’un Hardaker.

    Idem concernant les joueurs noirs, Johanesson surtout. Joueur non seulement noir Kevin, mais surtout sud-africain. Et pile-poil du temps où le plénipotentiaire Rous, resté influent à la FA et bon indicateur car serviteur de la pensée des élites brit, soutenait l’apartheid et provoquait boycott des nations africaines en world cup… Avec son ailier noir sudaf, le Leeds de Revie avait encore tout pour plaire ah ah, et dire que certains ont osé accuser ce club de racisme lol…

    Mauvaise foi ou que le détail t’ait échappé, ça je n’en sais rien. Mais tout mélanger comme tu fais sur ce point soulevé par Leworty, c’est se refuser encore la moindre chance de piger les événements. Je me pose aussi la question quand tu causes du « Super Leeds », Leworty faisant clairement allusion à l’incroyable qualité de jeu atteinte fin des années 60 par les boys de Revie, mais que toi tu essaies de discréditer en détournant l’affaire vers le sens fugacement popularisé en UK par l’entertainer Paul Trevillion… Sauf qu’en 1972 et dans l’esprit de Trevillion ce n’était rien d’autre qu’une opération marketing surfant sur l’admiration existante sur le continent et sur des ficelles commerciales entrevues à United. Puis le retour de bâton de la presse-poubelle serait évidemment archi-violent, hors de question pour la pensée dominante que ce club envahissant devienne populaire, le climax ayant évidemment été le coup monté de l‘affaire Sprake, voire grosso modo dans le même timing l‘histoire abracadabrante de l’ennemi intime Stokoe, mais évidemment invérifiable douzaine d’années après les « faits » lol.

    Toutes ces balivernes tiennent plus primitivement aussi du sensationnel et du mass-média, bon exemple avec la théorie du hooliganisme lol, tous ces gaillards qui prêtèrent à Leeds d’avoir quasiment inventé le hooliganisme (ou le racisme, le fixing, le jeu moche…)… En 1909 à Glasgow, pas grand monde ne s’était pourtant excité que 6.000 supporters tapent une émeute monstre dans le cadre d’un old firm, mais déjà toute autre histoire en 1961 après les événements d’un Sunderland-Tottenham, le sujet devenait bankable et donc amplifié, la société était malade (teddy boys etc) et Leeds qui s’imposait au top du foot anglais allait faire un bouc émissaire parfait, en plus ça arrangeait pas mal de monde, point les jaloux ou les aigris qui manquaient.

    Et puis y a la grande histoire, avec un grand H… Mais faut savoir exercer son sens critique là aussi et laisser de côté une histoire d’Angleterre à la Stéphane Bern, car à son top la société brit éprouvée par Revie restait épouvantablement conservatrice et pénétrée d‘un profond racisme voire suprématisme de classes.

    Exemple avec Alf Ramsey, franc-mac mais qui se sentait obligé de masquer son accent cockney, ou plus tard les gueux Robson et Graham Taylor, cibles régulières des railleries des sirs et des lords de la fédé durant leur bail à la tête de l‘Angleterre, comme ça que ça se passait et se passerait longtemps encore au top du foot anglais. Mais Revie n’en avait rien à fiche lui, son accent d’ailleurs il l’a toujours gardé, pas comme le putassier Clough lol.

    Surtout difficile d’imaginer enfance plus misérable que celle de Revie, et pourtant c’est lui qui va bouleverser les codes du jeu, le joueur puis le manager. Comme disait le black cat Fleming après le passage de Revie à Sunderland : « Revie did a lot of things foreign to us », Revie avait des miles d’avance sur le foot brit! Sauf que Revie était un gueux, ses innovations et réussites étaient plus encore inacceptables voire dangereuses pour les vieilles certitudes rétrogrades des élites… Son compte était bon.

    J’en passe et des meilleures, la légende noire de ce club n‘est de toute façon pas près de disparaître, suiveurs et médias ont besoin de ce genre de contes qui en plus permettent de se donner un ersatz de culture-foot à peu de frais… L’opposition avec l’icône Clough a emballé l’affaire, pas touche le beau parleur lol.

    @Leworty : ok sur tout, juste un détail : Hardaker lié à Chelsea, de ça je ne sais rien. Je crois par contre savoir que Stanley Rous l’était.

    Question : c’est qui, l’arbitre?

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