Archive for novembre, 2013

Au début des années 60, Bill Nicholson devient le deuxième homme à gagner le championnat en tant que joueur et manager, avec Tottenham. Son équipe, inspirante et inspirée, détonne par son système de jeu et la qualité de ses joueurs. Une référence à placer aux côtés d’autres grands techniciens du football.

17 mai 1972, White Hart Lane. Tottenham vient de remporter la Coupe UEFA face à Wolverhampton devant ses 54000 spectateurs (3-2 en score cumulé) et Alan Mullery, capitaine et buteur du soir, de soulever la toute nouvelle coupe, dessinée par Bertoni. Dans les vestiaires, les hommes exultent et les bouchons de champagne vont bientôt sauter. Mais Bill Nicholson surgit, la mine renfrognée. Il demande le calme et dit à ses joueurs : « Je reviens du vestiaire des Wolves. Je leur ai dit qu’ils étaient meilleurs que nous. Vous avez eu beaucoup de chance. La meilleure équipe a perdu ce soir. » Deux ans plus tard, Nicholson démissionnera après quatre défaites consécutives en championnat, et quelques mois après que Tottenham eut perdu contre Feyenoord en finale de la Coupe UEFA [1]. Il avait, selon ses dires, perdu le soutien de ses joueurs, et sentait que le football moderne lui échappait. En réalité, son nouveau groupe de joueurs – Jimmy Neighbour, Philip Holder, Terry Naylor, entre autres – n’était plus à la hauteur.

Mais qui lui en voudrait, après seize ans passés à la tête d’un club ayant connu sous son joug la période la plus glorieuse de son histoire ? Douze trophées, dont deux coupes européennes, et un système inspiré de celui d’Arthur Rowe, manager des Spurs de 1949 à 1955 sous lequel il occupe l’aile du milieu de terrain. Rowe fut lui aussi joueur pour le club, de 1930 à 1939, et les idées tactiques qu’il met en place dans les années 50 révolutionnent le jeu : la possession de balle comme clé de voûte de son schéma, et le « push and run ».

« Le « push and run » était la terminologie utilisée pour un simple, bien que très efficace, système de passe et de mouvement [« pass and move »]. Le joueur qui passait le ballon ne s’arrêtait pas, et continuait de courir pour trouver un espace et recevoir le ballon, soit de la part du joueur à qui il l’avait donné, soit d’un autre partenaire. La technique peut sembler simple, mais elle requiert une rapidité de réflexion, et une capacité à faire une passe dans le mouvement et à la recevoir avec un contrôle parfait. Cela marchait seulement si tous les joueurs offensifs de l’équipe avaient cette capacité. » [2]

Les Spurs remportent le titre de la Division Two en 1949/1950 avec neuf points d’avance sur le deuxième, puis le titre de Division One (actuelle Premier League) douze mois plus tard. Quelques individualités régalent les supporters, telles que Ron Burgess, Eddie Baily, Ted Ditchburn ou Alf Ramsey, parmi d’autres. Mais tandis que la force collective de l’équipe progresse, les joueurs commencent à décliner avec l’âge. En 1955, Rowe démissionne, treize mois après avoir connu une dépression. Avant de partir, il fait signer un certain Danny Blanchflower…

Le 11 octobre 1958, Bill Nicholson joue son premier match en tant que manager, contre Everton. A la mi-temps, les locaux mènent 6-1, puis enfoncent le clou en deuxième période pour l’emporter 10-4. La chance du débutant, sans doute. Car Tottenham lutte toute la saison contre la relégation, et parvient finalement à se sauver. Jeune, ambitieux et tactiquement au point, Nicholson se sert des enseignements de Rowe pour construire son schéma de jeu. Il adapte ainsi son système de « push and run » aux qualités de son effectif, en s’opposant aux inclinations naturelles des joueurs à dribbler excessivement.

« Natif du Yorkshire, […] Nicholson était un perfectionniste. En football, rien n’est jamais tout à fait parfait, mais il voulait s’en approcher le plus possible. Bien qu’il ait réuni un impressionnant collectif de techniciens à White Hart Lane, il exigeait en outre du courage et de l’implication à chacun d’entre eux. » [2]

Lors de la saison 1959/1960, les Spurs ratent le titre pour deux points (l’équivalent d’une victoire), bien qu’ils aient mené le classement durant 28 semaines cumulées. Au début de la saison suivante, le travail de Nicholson porte tous ses fruits et l’équipe démarre la saison en trombe : onze victoires sur les onze premiers matchs, et invaincus jusqu’à la 16ème journée. S’ensuit une campagne glorieuse qui voit l’équipe gagner 31 de leurs 42 matchs de championnat et marquer 115 buts. Le deuxième, Sheffield Wednesday, est relégué à huit points. En fin de saison, les Spurs remportent la FA Cup face à Leicester City (2-0), malgré un effectif ravagé par les blessures. Aucune équipe n’avait encore fait le doublé au 20ème siècle, pas même les Gunners d’Herbert Chapan, les Wolves de Stan Cullis ou les Devils de Matt Busby. Beaucoup pensaient que le jeu moderne ne le permettait pas. Nicholson a prouvé le contraire.

Son système favorise le développement de joueurs qui crèvent alors l’écran. Au milieu de terrain, Dave Mackay, fort et taciturne, met les adversaires au supplice grâce à son agilité technique. Danny Blanchflower, le capitaine vétéran, cérébral et cultivé, en qui Nicholson a remis les clés de l’animation, devient l’architecte du système de l’équipe. En attaque, John White est surnommé The Ghost pour sa capacité à se faire oublier des défenseurs. Cliff Jones mesure 1m72 mais n’hésite pas à  dompter les airs (134 buts en 309 matchs pour Tottenham). Cette année-là, Bobby Smith marque 28 huit buts, son meilleur total sous le maillot des Spurs. La saison de championnat 1960/1961 est une petite partie de plaisir.

Le match décisif se joue le 17 avril, lorsque Sheffield Wednesday, deuxième, vient visiter White Hart Lane. Une victoire (2-1) assure aux Spurs un titre de champion, trois journées avant la fin. En FA Cup, le parcours est néanmoins plus douloureux. Au 6ème tour, l’équipe bute sur Sunderland, alors en Division Two, et doit passer par un replay. En finale, même amputé d’un joueur (blessé) dès la 15ème minute et dès lors incapable de jouer un rôle actif dans le jeu, Leicester City leur pose des problèmes. Et ce jusqu’à la 69ème minute, lorsque Bobby Smith – qui avait brièvement quitté l’hôtel de l’équipe pour des injections d’analgésiques, sans prévenir Nicholson – bat Gordon Banks et ouvre le score. Dix minutes plus tard, Terry Dyson aspire les derniers espoirs de City.

A l’issue de la finale, Nicholson revient brièvement sur son effectif : « Nous avons trouvé la mixture. Avec une ou deux stars, une équipe doit être bonne. Avec quatre ou cinq, elle doit être spéciale. » Mais il reste déçu par le jeu déployé par son équipe. Dave Mackay témoigne : « Nous n’avons pas pensé à la façon dont nous jouions. On savait que c’était pour le doublé donc nous avons préféré la sécurité. J’avais décidé, comme quelques autres, de me reposer et de laisser nos attaquants faire le pressing. Mais Bill n’était pas content. C’était typique de l’homme. Il voulait toujours voir un vrai match de football et n’aimait pas voir son équipe gagner si elle jouait mal. Il voulait qu’on s’amuse. »

Six mois après avoir remporté le doublé, Nicholson dépense 99,999£ pour Jimmy Greaves (AC Milan), refusant d’être le premier à franchir la barrière des six chiffres. Nicholson n’aimait pas l’escalade des indemnités de transferts et des salaires, mais plus important, il ne voulait pas que Greaves soit le premier joueur étiqueté 100,000£. [3] Celui-ci deviendra le recordman de buts marqués au cours des années 60, mais sera incapable d’ajouter une ligne de champion d’Angleterre à son palmarès.

Néanmoins, les Spurs deviennent une équipe de coupe, d’abord en conservant leur FA Cup en 1962, puis en battant l’Atletico Madrid (5-1) en finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe, à Rotterdam, en 1963. Nicholson devient ainsi le premier manager d’un club Britannique à remporter un trophée européen. Ce qui ne l’empêche pas de maintenir une grande exigence sur ses joueurs, comme sur Cliff Jones, à qui il dit : « Le ballon est rond, il roule ; pourquoi n’essaierais-tu pas de faire une passe à l’occasion ? »

Danny Blanchflower annonce sa retraite à la fin de la saison 1963/1964. Un mois plus tard, John White est tué par la foudre sur un terrain de golf, à l’âge de 36 ans. Nicholson perd là deux de ses plus précieux relais sur le terrain, et il lui faut attendre le début des années 70 pour retrouver le succès européen.

Homme d’un seul club, Nicholson reste associé au club jusqu’à sa mort, en 2004. « Il n’y a pas lieu d’être satisfait quand les choses vont mal. Je veux la perfection. »

Matthew Dymore

[1] Les supporters de Tottenham exportèrent le hooliganisme à l’occasion du match à Rotterdam, ce qui réchauffa les velléités de départ de Nicholson.

[2] George Best, in Hard Tackles and Dirty Baths: The inside story of football’s golden era, paru chez Ebury Press en 2006.

[3] Une anecdote qui rappelle celle de Matt Busby avec Tommy Taylor, que nous vous racontions ici même il y a quelques semaines.

(Crédit photos : http://tottenham-summerhillroad.com)

Deuxième et dernière partie de l’article consacré aux aptitudes « mercatesques » de Moyes avec Everton. On l’a vu précédemment, il a réussi à dénicher un bon paquet de sacrés joueurs, souvent pour pas cher. Il ne faudrait toutefois pas occulter un certain nombre de plantages. Je préfère devancer les critiques, tous les joueurs qui seront cités ici, ne sont pas des flops à part entière. On va également trouver des malchanceux, beaucoup de malchanceux, mais aussi des joueurs tout simplement pas fait pour le haut niveau. C’est aussi pour cette raison que j’ai pris la liberté de ne pas faire de classement avec ces joueurs. Allez, let’s go !

  • Rodrigo Juliano, le 25 juillet 2002, prêt avec option d’achat.
Mon Dieu ! Un ovni ! Ah non, c'est juste Rodrigo.

Mon Dieu ! Un ovni ! Ah non, c'est juste Rodrigo...

Nous sommes en 2002, en juillet plus précisément. Le Brésil vient d’être sacré champion du monde et Moyes aborde son premier mercato estival avec Everton. On ne va pas se mentir, le club est fauché, Moyes se retrouve alors obligé de faire dans l’exotisme. Bonjour Li Tie, Li Wei Feng et Rodrigo Juliano. Si Li Tie se révéla une très bonne surprise (31 apparitions, dont 29 titularisations), les deux autres furent moins probants. Li Wei Feng joua deux matchs et Rodrigo Juliano eut droit à 4 apparitions en début de saison avant de se ruiner les ligaments du genou.

Moyes misait beaucoup sur ce meneur de jeu de 26 ans, pourtant les circonstances de son transfert auraient dû mettre la puce à l’oreille du technicien écossais. Retour en juillet, Everton est en stage en Autriche et Moyes accueille Rodrigo Juliano, en provenance de Botafogo, pour un essai. Le joueur dispose d’une bonne réputation au Brésil, puisqu’il facture 19 buts en 59 apparitions, surtout il a été élu plus beau joueur du championnat devant Kaka et Edmundo, un titre de prestige. Notre bon David est alors persuadé qu’il va pouvoir renforcer l’équipe à peu de frais, sauf que le mec est déjà blessé. Il parvient tout de même à se rétablir pour jouer un match amical face à Shrewsbury et satisfait Moyes, qui décide de négocier un prêt avec option d’achat. Le joueur est confiant sur ses capacités, tellement même, qu’il demande que son maillot soit floqué « Rodrigol ».

Arrive le début du championnat et Moyes se rend compte que Rodrigo est encore trop juste physiquement pour prétendre à une place de titulaire. Après une entrée en jeu très convaincante face à Middlesbrough, Moyes déclare aux médias « Je pense qu’il va pouvoir prétendre à une place de titulaire très rapidement ». Pas de bol, la semaine qui suit, Rodrigo se blesse lors d’un match d’entraînement. Le verdict des médecins est clair : ligaments du genou bousillés, saison terminée.

Bon, il devait être un bon camarade, parce que si l’on écoute Moyes « C’est un bon gars. Tout le monde l’adore ici, nous sommes tous très déçus pour lui ».

En mai 2003, Everton annonce que l’option d’achat ne sera pas levée, le joueur repart alors au Brésil. Il ne retrouvera jamais son niveau, changeant de club quasiment tous les ans. Il profite alors de son temps libre pour faire du surf, participant même à des championnats nationaux. Ah et puis, on le surnommait également Rodrigo Beckham, en raison de ses participations répétées à des défilées de haute couture.

Attention, images rares.

  • Espen Baardsen, le 24 décembre 2002, libre de tout contrat.

Baardsen lors de son seul match avec Everton. Il a beaucoup fait rire Robbie Keane

Lui il a un peu un parcours de Citroën ZX. Né en Californie, de parents norvégiens, le petit Espen s’intéresse très vite au soccer et plus particulièrement au poste de gardien de but. Pensionnaire des San Francisco United All Blacks en United Soccer League, il impressionne les observateurs de la sélection américaine (il sera sélectionné en U-18), ainsi que ceux de Tottenham. C’est ainsi que le jeune Espen débarque à Londres, à l’âge de 19 ans, bien décidé à conquérir l’Angleterre, ce qui pour un Norvégien est nécessairement une ambition naturelle (si tu ne comprends pas cette allusion, je te conseille de lire des livres d’histoire). Espen fait ses débuts en 1997 à Anfield et parvient à garder ses cages inviolées. Malgré de bonnes performances, dont un très bon match face à Arsenal, il ne parvient pas à obtenir une totale confiance de George Graham, alors manager des Spurs. En 2000, notre ami fait ses bagages pour Watford, débauché par Vialli contre un chèque de 1,5 M£. Il y restera deux saisons, alternant les périodes en tant que titulaire avec celles sur le banc, dépassé par Alec Chamberlain (36 ans à l’époque).

En décembre 2002, Moyes cherche un gardien pouvant concurrencer Richard Wright et recrute Baardsen. Le mois suivant, le Norvégien fait ses premiers pas avec la liquette des Toffees, face à … Tottenham. Bilan, il en prend 4 et ne réapparaîtra plus jamais sur un terrain de foot. À la fin de la saison, il annonce sa retraite sportive, à l’âge de 26 ans, arguant d’un manque de motivation.

Il faut toutefois noter qu’il n’était pas si mauvais que ça, il arriva même à grappiller 4 sélections en équipe de Norvège, entre 1998 et 2000.

Aujourd\’hui, Baardsen est analyste pour Eclectica. Bref, on est trop con pour comprendre.

  • Francis Jeffers, le retour, le 1er septembre 2003, prêt.
lequel de ces deux joueurs n'a pas planté sa carrière ?

Petite devinette : lequel de ces deux joueurs n'a pas planté sa carrière ?

Né à Liverpool et formé à Everton, Jeffers aurait pu être une légende chez les Toffees et en équipe nationale. Aujourd’hui il est bel et bien une légende, mais plutôt dans la catégorie « Légendaire sortie de route ». Son cas a déjà été évoqué sur ce site, je n’y reviendrai donc pas. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il débute en équipe première en 1997, à tout juste 16 ans. Il explose véritablement lors de la saison suivante, marquant 7 fois en 17 apparitions. En 2001, après 61 matchs et 20 buts avec les Toffees, il signe contre 8 M£ pour Arsenal, ce qui était à l’époque un très gros transfert. Pourtant, si le joueur a du potentiel, il se blesse très rapidement, ce qui n’aurait dû étonner personne, quand on voit que le type n’avait jamais dépassé 28 matchs par saison jusque-là. En deux ans du côté d’Highbury, il ne foulera les pelouses qu’à 40 reprises (pour 9 buts), victime de ses blessures et de la concurrence du duo Wiltord-Henry.

Sa carrière en train de sombrer, Jeffers reçoit un coup de fil inespéré de la part de son ex, Everton, qui par la voix de Moyes lui propose de venir se relancer en prêt. Là encore, ses prestations ne sont guère convaincantes, il marque seulement 2 fois (en coupe contre Fulham) en 22 matchs et finit par s’embrouiller avec Moyes. Réponse du berger à la bergère (coucou Hervé Mathoux), il est renvoyé à Londres. Le plus sympa dans cette histoire, c’est que lors de son premier départ, les supporters d’Everton avaient été très mécontents que l’on laisse partir le plus grand espoir du club depuis une paire d’années, mais quand ils l’ont revu, ils ont compris.

Après ce flop, la vie de Jeffers va ressembler à celle d’un joueur moyen du championnat brésilien, changeant de club quasiment tous les ans : Charlton, Rangers (prêt), Blackburn, Ipswich (prêt), Sheffield Wednesday, Newcastle Jets, Motherwell, Newcastle Jets, Floriana (à Malte), Accrington.

Le plus fort dans tout ça, c’est qu’il a quand même réussi à choper une sélection sous le maillot britannique, c’était face à l’Australie, en 2003, il parvint même à marquer d’ailleurs.

Il en avait du talent pourtant…

  • Eddy Bosnar, le 3 août 2004, libre de tout contrat.
Bosnar et son survêtement. Bon il a jamais pu l'enlever cela dit.

Bosnar et son survêtement. Bon il a jamais pu l'enlever cela dit.

Ah, 2004 ! Moyes commence vraiment à poser sa patte sur le club, mais le pognon est toujours autant absent. Alors, comme précédemment, il tente des paris. Alors, un mois après la démonstration défensive des Grecs à l’Euro, il décide d’agir en conséquence et recrute un défenseur australien, d’origine croate, Eddy Bosnar. Le mec paraît plutôt prometteur, il a 24 ans, est titulaire en Autriche avec Sturm Graz et se permet même de marquer quelques coups francs.

Sauf que ce grand gaillard d’1m93 ne portera jamais le maillot d’Everton (en dehors de la photo officielle), la faute à de multiples blessures. En plus, l’axe défensif était plutôt engorgé, avec la paire Stubbs-Weir et un certain Joseph Yobo en cas de soucis.

Au bout d’un an, Eddy s’ennuie et résilie son contrat pour s’engager avec le Dinamo Zagreb. Après deux années en Croatie (dont une à Rijeka), il se barre en Hollande où il réalise enfin des saisons pleines. Après, ce sera le Japon (JEF Chiba United, Shimizu S-Pulse), la Corée du Sud (Suwon Bluewings) et la Chine (Guangzhou) où il côtoie une autre vieille connaissance d’Everton, un certain Yakubu.

BOUM !

  • Per Kroldrup, le 27 juin 2005, 5 millions de £.
5 millions bordel...

5 millions bordel...

Lui c’est un vrai bon flop. Pourtant, quand il débarque d’Udine en juin 2005, le défenseur international danois dispose d’une solide expérience de la Série A, avec près de 91 matchs (pour 3 buts) sous le maillot du club frioulan. Véritable armoire à glace, 1m94 le garçon, il ne participera qu’à un match de championnat avec Everton, une défaite 4/0 sur le terrain d’Aston Villa. 31 jours après, il signe à la Fiorentina et en deviendra un des piliers défensif. Alors, comment expliquer cet échec ? Le joueur avance plusieurs raisons. Tout d’abord le fait qu’étant arrivé blessé, il n’a pas pu s’intégrer à l’effectif.

Il explique également qu’il n’a jamais réussi à se faire au jeu physique du championnat (en même temps t’as joué qu’un match coco). Il raconte avoir vécu un calvaire face à Aston Villa, parce que l’arbitre ne sifflait que très peu, du coup le jeu accélérait et lui n’arrivait pas à suivre. Toutefois, il précise qu’il aurait bien voulu faire la deuxième partie de saison avec Everton et qu’il se serait certainement adapté. Bien dommage donc, le mot de la fin pour Moyes « Il a montré en Italie qu’il était un très bon défenseur, je continue à croire que c’est ce qu’il est et je lui souhaite bonne chance ». En un mot : classe.

En 2013, neuf mois après la fin de son contrat avec la Fiorentina, il rejoint le promu Pescara avec un contrat de trois mois. Depuis le début de la saison, il évolue au Portugal avec Olhanense.

Même Carla Bruni ne peut retenir ses larmes à l\’évocation du nom de Per Kroldrup.

  • Matteo Ferrari, le 26 août 2005, prêt avec option d’achat.
On voulait mettre une photo d'Aida Yespica, l'ex de Matteo Ferrari. Pis on s'est dit que c'était une mauvaise pour vos écrans.

On voulait mettre une photo d'Aida Yespica, l'ex femme de Matteo Ferrari. Pis on s'est dit que c'était une mauvaise idée pour vos écrans.

2005, une année maudite pour les recrues défensives de Moyes. Après Kroldrup, c’est Matteo Ferrari qui débarque sur les bords de la Mersey et qui va, lui aussi, se planter en beauté. Ferrari c’est pourtant le fruit d’une histoire d’amour à faire pâlir d’envie Hollywood (mais moins l’extrême droite). Un père italien et une mère guinéenne, qui se rencontre en Algérie, là où bosse le père, ingénieur dans le pétrole. Quelques mois plus tard, le petit Matteo naît à Aflou, en Algérie.

Formé à l’Inter, c’est à Parme qu’il prend son envol, disputant 81 matchs en 3 saisons et il parvient même à s’insérer dans l’équipe nationale italienne (11 sélections entre 2002 et 2004). La Roma sent le bon coup et dépense 7,25M£ à l’été 2004 pour le signer. À Rome, Ferrari déjoue et manque de confiance. Au bout d’un an, il décide de quitter le club de la Louve et rejoint Everton en prêt. Après un petit temps d’adaptation, Ferrari commence à impressionner les observateurs et Moyes, malheureusement le sort s’acharne, le voilà blessé. Lorsqu’il reviendra à la compétition, il sera trop tard pour lui. Moyes déclare qu’il sait ce qu’il va faire au mercato et que les performances à venir ne changeront rien pour lui. Finalement, son option d’achat ne sera pas levée et il retournera à la Roma où il sera titulaire pendant deux saisons, avant de filer pour le Genoa, Besiktas et enfin l’Impact de Montreal.

  • Andy Van der Meyde (VDM, oui vie de merde), le 31 août 2005, 2 millions de £.
Tu sens mauvais dans ta bouche José !

Tu sens mauvais dans ta bouche José !

Sans doute l’un des plus gros gâchis du foot néerlandais. Formé à l’Ajax, VDM, est un ailier tout en accélération. Après plusieurs grosses saisons sous le maillot du club d’Amsterdam, il décide de tenter l’aventure en Italie, plus précisément à l’Inter, nous sommes en 2003. Souvent blessé, il offre tout de même quelques frissons aux supporters Nerazzurro, notamment un très beau but face à Arsenal (reprise de volée surpuissante). Toujours qu’avec seulement 32 matchs pour 1 but en deux saisons avec l’Inter, son bilan est trop faible. On l’annonce à l’Ajax, à Monaco ou même à Tottenham, mais finalement c’est à Everton qu’il débarque. Il était pourtant tout proche de s’engager avec Monaco, mais la visite de l’appartement fit apprendre à sa femme qu’ils ne pourraient pas emmener leurs chiens, il fût donc obligé de refuser.

A Everton, il touche clairement le fond. Son seul fait d’arme fut de se faire expulser lors du derby face à Liverpool. Un an après son arrivée, des rumeurs font état d’un alcoolisme assez développé. A cela, il faut ajouter des blessures plus que récurrentes. En vrai, le corps de VDM n’était pas fait pour le foot pro, en quatre saisons avec Everton, il ne participa qu’à 20 matchs de championnat. Pourtant, il était confiant sur ses possibilités, clamant sur le site officiel du club « Je veux rester, je suis déterminé à rester. Le style de jeu me convient parfaitement. J’aime vivre en Angleterre et je veux prouver mes qualités à tout le monde ». Le 7 août 2006, il est admis à l’hôpital dans un état préoccupant, les médecins découvrant qu’il avait quelque peu abusé de l’alcool, mais qu’il avait également ingéré de la drogue (via son verre d’alcool). Le club le fait alors passer en conseil de discipline. Cinq jours plus tard, alors que le club joue un match à Bilbao, sa maison est cambriolée. Les voleurs emportent une Ferrari, une Mini Cooper et le chien de la famille. Si la MiniCooper et le clebs seront retrouvés en bon état, la Ferrari aura fait la connaissance d’un mur.

Comme si cela ne suffisait pas, une de ses filles est atteinte d’une maladie assez grave. Sa femme décide donc de repartir aux Pays-Bas, pour faire soigner sa fille et se rapprocher de sa famille. VDM sombre à nouveau dans l’alcool et se console dans les bras d’autres femmes. Sa femme, sentant le coup venir, décide de le faire suivre par un détective privé. Résultat, divorce et droit de visite réduit avec ses filles. Pris en plein cyclone, il réalise malgré tout une très belle pré saison. Un mois plus tard, en août 2007, il sèche un entraînement. Le club lui inflige une amende de 50 000£ (deux semaines de salaire). Il tente de s’excuser en disant être perturbé par sa vie personnelle, que l’éloignement de sa fille malade lui pèse énormément. Toujours est-il qu’il n’apparaîtra pas en équipe première durant toute la saison.

Son retour aura lieu en décembre 2008, face à Aston Villa. Sauf qu’il se blessera au bout de 5 minutes… Il fit toutefois un beau cadeau aux Toffees, en offrant le but de la victoire à Dan Gosling face à Liverpool en Cup. En juin 2009, son contrat prend fin, mais le joueur reste vivre à Liverpool. Il tombe alors en dépression, boit beaucoup trop et se met à prendre de la drogue. Son agent décide d’intervenir et le fait revenir à Amsterdam, mais c’est le PSV Eindhoven qui lui offre un contrat d’un an. Même sans apparaître une seule fois avec l’équipe pro, VDM reprend pied et obtient même un droit de visite plus élargi pour voir ses filles. Alors, bien sûr ça finit bien, mais je pense que l’on peut officiellement déclarer que la vie est une chienne…

Parce qu\’il était quand même bon.

  • Thomas Gravesen, le retour, le 30 août 2007, prêt avec option d’achat.
Le déménageur danois

Le déménageur danois.

Il y aura eu deux périodes Gravesen à Everton. La première, entre 2000 et 2004 voit l’international danois devenir la coqueluche des Toffees, ainsi qu’un des meilleurs milieux d’Europe. En quatre ans sur les bords de la Mersey, le natif de Vejle va disputer 141 matchs et inscrire 11 buts. Tellement bon que Luxemburgo et Sacchi, respectivement entraîneur et manager du Real Madrid décident de l’engager. L’indemnité est assez faiblarde, 2,5M£, mais motivée par le fait qu’il ne restait plus qu’un an de contrat à Gravesen et que la possibilité de le voir partir pour rien quelque temps après était purement inacceptable pour les dirigeants d’Everton. La seconde sera beaucoup moins glorieuse, entre manque de motivation et désillusion.

Au Real tout change. Tout d’abord son poste, il passe de milieu relayeur à milieu défensif. Ensuite son rapport avec le public, adulé à Goodison, il est raillé au Santiago Bernabeu. En cause, son style de jeu, loin de celui des esthètes madrilènes. En plus, Sacchi et Luxemburgo sont très vite débarqués et Gravesen joue de moins en moins. Six mois après son arrivée, il est tout proche de quitter le club, mais le nouvel entraîneur des Merengue, Juan Ramon Lopez Caro, le titularise à nouveau devant la défense. Après deux saisons à Madrid, le joueur sent qu’il est temps de partir et presse son agent pour lui trouver un autre point de chute. Pendant ce temps-là, il tacle un peu sèchement Robinho à l’entraînement et déclenche une bagarre générale, ce qui fit déclarer à son nouveau coach, Fabio Capello « C’est sa façon d’être, on n’a pas vraiment de problème avec ça. C’est vrai qu’il est un peu particulier.

Il travaille plutôt bien tactiquement, mais son comportement est spécial et je n’aime pas ça. Il veut que tout soit fait comme il le souhaite ». Courtisé par Newcastle, le Danois choisit l’Ecosse et le Celtic. Au début, tout commence bien, il est titulaire et marque même son premier but face aux Rangers. Sauf que petit à petit, Gravesen se relâche et finit par se retrouver remplaçant. Strachan déclare alors « qu’il ne fait rien pour retrouver une place de titulaire ». Au bout d’un an, Gravesen signe en prêt avec Everton, le seul club à l’avoir vraiment compris. Malheureusement, les fans ne retrouvent pas le joueur d’impact qui avait quitté le club seulement trois ans plus tôt. Il traverse la saison comme un fantôme ne disputant qu’une petite dizaine de matchs. Plus du tout motivé, il retourne au Celtic, mais ne tient que 6 mois avant d’annoncer sa retraite.

Comme quoi, à vouloir voler trop près du soleil….

Un crâne luisant qui surgit hors de la nuit !

  • Lars Jacobsen, le 26 août 2008, libre de tout contrat.
Soit il a le hoquet, soit Malouda vient de lui mettre un coup de pied dans les parties.

Soit il a le hoquet, soit Malouda vient de lui mettre un coup de pied dans les parties.

On va être franc, Jacobsen ce n’est pas vraiment un flop, mais plutôt un mauvais concours de circonstances. De l’avis de tous au club, le joueur était bon, mais il avait un physique de fillette.

Il débute en 1996 avec le club de sa ville, l’Odense Boldklub. Six ans et une centaine de matchs plus tard, le latéral droit change de statut en rejoignant Hambourg. Il y restera un an et demi, avant de repartir pour le Danemark, mais avec le FC Copenhague cette fois ou il restera trois saisons et disputera une centaine de matchs. En 2007, il décide de retenter l’aventure en Allemagne et s’engage avec le FC Nuremberg. Nouvel échec, le joueur est souvent blessé et ne participe qu’à 8 matchs de championnat, son contrat est alors résilié à la fin de la saison.

Libre de tout contrat, il intéresse fortement l’OM de Gerets, mais c’est avec Everton que le joueur signe un contrat d’un an renouvelable. Le joueur est tellement chanceux, qu’il arrive à se détruire l’épaule lors d’un match avec sa sélection nationale, deux semaines seulement après avoir signé son contrat. Il ne reviendra qu’en mars 2009 et commencera alors à rentrer dans la rotation au poste d’arrière droit. Le titulaire du poste est alors Tony Hibbert, pas le pire obstacle à surmonter donc, et cela va se remarquer lorsque Jacobsen va le remplacer à la mi-temps de la finale de la Cup, face à Chelsea. Impeccable face à Florent Malouda, le Danois impressionne les observateurs. Les dirigeants d’Everton sont alors chauds pour le prolonger. Le joueur, lui, veut continuer avec les Toffees, son agent déclare alors, le 22 juin : « Les négociations sont en bonne voie, le club veut le prolonger. Toutefois, il n’y aura pas de négociations jusqu’en juillet. ». Le joueur lui-même y croit dur comme fer : « Je trouve très positif le fait qu’après une saison comme celle-ci, j’ai quand même pu prouver aux gens que je pouvais représenter un plus pour l’équipe. Je suis très heureux ici, mais nous devons attendre le retour des vacances pour finaliser tout cela. ». Sauf qu’il n’y aura jamais de signature. Le 29 juin, Blackburn annonce l’arrivée de Jacobsen pour deux ans, c’est ce que l’on appelle un revirement de situation. La vérité c’est que Moyes n’était pas vraiment fan du joueur et qu’il a refusé de prolonger son contrat.

À Blackburn, il subit la concurrence de Michel Salgado et de Pascal Chimbonda (ne riez pas !) et ne dépassera pas les 13 matchs. Une saison après son arrivée, il file à West Ham où il jouera plus, mais dans une ambiance moins bon enfant, notre ami se permettant même de dire que « le club devait s’améliorer et qu’il méritait d’être dans le bas du classement ». West Ham finit par être relégué et Jacobsen trouve refuge, une nouvelle fois, à Copenhague où il retrouve une seconde jeunesse.

  • Philippe Senderos, le 23 janvier 2010, prêt.
A chaque fois il crève les ballons. Il coûte cher n'empêche.

A chaque fois il crève les ballons. Il coûte cher n'empêche.

Senderos, bon Dieu qu’il était mauvais. Pourtant, Senderos était vu comme un des plus défenseurs les plus prometteurs du début du siècle. Très vite repéré par Arsenal alors qu’il évolue au Servette de Genève, Senderos forme une paire très solide avec Campbell. Au pic de sa forme lors de la saison 2005/2006, il est pour beaucoup dans le parcours européen des Gunners, qui verra Arsenal arriver en finale face à Barcelone. Ensuite, sa carrière décline et ce défenseur plutôt rassurant se retrouve à faire des boulettes à quasi tous les matchs. En 2008, il tente de se relancer en étant prêté au Milan AC, Le pari n’est pas gagnant, le joueur se heurtant à la concurrence de Maldini et à celle de Kaladze, il ne sera aligné qu’à 14 reprises.

Arrive alors la saison 2009/2010, avec une Coupe du Monde en ligne de mire. Le joueur veut jouer et trouve une solution avec Everton. De son côté Moyes veut remplacer Lucas Neill (parti pour Galatasaray), Hibbert et Jagielka (tous deux blessés). Encore une fois, le joueur se plante et il ne dépassera pas les trois matchs sous la liquette Toffees. Quand il arrive, il est pourtant très confiant : « Je ne pouvais pas attendre et risquer de rester bloqué à Arsenal. Je suis impatient et je compte bien prendre une place dans l’équipe première ». Il déclare aussi « J’ai parlé avec David Moyes et il espère pouvoir me donner ma chance ». Donc cela voulait dire que même Moyes n’était pas sûr de pouvoir le faire jouer, pourtant il avait déjà tenté de le faire venir lors du mercato estival, mais avait dû renoncer car Senderos était tout proche de signer avec le Celtic.

Depuis l’été 2010, il évolue du côté de Fulham et semble repartir dans le bon sens. Au niveau international, il est toujours considéré comme un patron, affichant un bilan de 50 sélections (pour 5 buts) depuis 2005.

Didier Feco.

Liverpool, tellement plus qu’un club. Une institution, un mythe, une terre de légendes. Ville et football se font qu’un : on y cultive le souvenir autant que l’espoir. Un club qui prend aux tripes et ne lâche plus. Jamais. Présentation de son Hall of Fame version Teenage Kicks.

Pour mieux comprendre la sélection de ce Hall of Fame Teenage Kicks, lire intro.

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Le Hall of fame TK du LFC (suite et fin)

Tommy Smith (1962-1978), principalement arrière central (mais aussi milieu et arrière droit les dernières saisons), 632 matchs/48 buts, 1 cape anglaise. Joueur emblématique du club, Bill Shankly disait de ce dur aux faux airs de Charles Bronson qu’il n’était pas né comme tout un chacun mais avait été extrait d’une carrière de pierres.

Tommy Smith à Jimmy Greaves (Spurs) dans le tunnel d’Anfield : « Tiens, prends ça, c’est le menu de l’hôpital voisin, t’en auras peut-être besoin »

Né à 200 mètres du stade, « Anfield Iron » arriva au club à 15 ans en 1960 et acquit rapidement une réputation de joueur doué techniquement (il joua même avant-centre avec la réserve et l’équipe première jusqu’en 1964) mais surtout de tacleur extrêmement rugueux, jusqu’à devenir l’un des hard men les plus craints du football anglais de l’époque (avec Dave Mackay de Tottenham, Ron « Chopper » Harris de Chelsea et Norman « Bites Yer Legs » Hunter de Leeds). Un jour par exemple, dans le tunnel d’Anfield avant un match contre Tottenham, Smith remit à l’extraordinairement prolifique attaquant Spurs Jimmy Greaves… le menu du Liverpool Infirmary, l’hôpital voisin !

Nommé capitaine en 1970, il finit sa carrière sur tout le front de la défense. Inscrivit le deuxième but Red de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions contre Mönchengladbach en 1977.

Smith, qui aimait faire de l’esprit musclé (du style : « J’ai jamais commencé une bagarre de ma vie mais j’en ai fini quelques-unes »), était un personnage controversé et entretint avec son coéquipier Emlyn Hughes l’une des relations intra-club les plus difficiles qu’ait connu le football britannique, au point un jour de féliciter un adversaire qui venait de faucher Hughes ! (selon les historiens du club, l’affection que Shankly portait à Hughes – Shanks priva Smith du capitanat en 1974 pour le donner à… Hughes – rendait Smith très jaloux).

La controverse à son sujet prend un tour plus sombre dans le livre Out Of His Skin – The John Barnes Phenomenon de Dave Hill (1989) où Smith expose tranquillement ses préjugés racistes [1]. Howard Gayle, le premier Noir à porter le maillot de Liverpool (1977-1983), donne de lui une image plus positive dans le livre après une période initiale difficile : « Au début, je me suis pas mal embrouillé avec lui […] mais une fois qu’il a vu que je ne me laissais pas faire, il est devenu super avec moi. »

Emlyn Hughes (1967-1979), latéral gauche puis milieu jusqu’en 1974, puis defenseur central, 665 matchs/49 buts, 62 capes anglaises, 1 but.

Recruté pour 65 000 £ à Blackpool (D1) en mars 67, « Crazy Horse » était un joueur complet, polyvalent (excellait aussi en arrière gauche) et extrêmement endurant : il lui arrivait d’aligner plus de 60 matchs par saison. Il aimait tellement le football qu’il jouait parfois le dimanche (en cachette) pour le petit club amateur de sa jeunesse, tout en étant international anglais ! Elu Joueur de la saison par la Football Writers’ Association en 1977. Emporté par une tumeur au cerveau en 2004, à 57 ans.

Kevin Keegan (1971-1977), avant-centre, 323 matchs/100 buts, 63 capes anglaises, 21 buts. Recruté à 20 ans pour seulement 35 000 £ à Scunthorpe (D4) où il évoluait sur l’aile droite, celui qui sera surnommé « Mighty Mouse » à Hambourg (la souris dévastatrice) ne tardera pas à devenir une superstar nationale puis planétaire, en remportant notamment le titre national et la Coupe UEFA peu après son arrivée.

Pendant six saisons, il forma avec John Toshack l’un des tandems offensifs les plus marquants du football. Double Ballon d’Or 1978 et 1979. Sa cote fut telle tout au long de sa carrière que même en D2 à Newcastle la trentaine passée (1982-1984), il était le joueur le mieux payé d’Angleterre (14 000 £/mois). Intronisé au English Football Hall of Fame dès sa création en 2002.

Kenny Dalglish (1977-1991), avant-centre/milieu offensif, 515 matchs/172 buts, 102 capes écossaises, 30 buts.

Recruté en 1977 du Celtic pour succéder à Keegan pour la somme record de 440 000 £. Convoité par Liverpool dès l’été 1966 à l’âge de 15 ans (ses parents s’opposèrent à son envol du nid familial glasvégien, « trop jeune »), ce joueur relativement lent mais exceptionnellement doué techniquement forma avec Ian Rush dans les années 80 l’un des duos les plus prolifiques du football (créant sans doute autant de buts qu’il en marqua). Premier joueur à inscrire 100 buts dans les championnats écossais et anglais.

Après la tragédie du Heysel et le départ surprise de Joe Fagan le lendemain du drame, « King Kenny » devint manager-joueur de Liverpool, puis manager à plein temps été 1987 (il disputa 3 matchs, en 1988 et 1990, avant de démissionner en février 1991). Re-managea LFC, de janvier 2011 à mai 2012. Récemment invité à siéger au directoire de LFC en qualité de non-executive director (sorte de super conseiller à temps partiel).

Le palmarès du plus célèbre numéro 7 Red étant trop fourni pour figurer ici, citons simplement ses deux titres de Footballer of the Year en 1979 et 1983 ainsi que son intronisation au English Football Hall of Fame dès sa création en 2002. Parmi les innombrables hommages décernés par les plus grands, celui de l’inénarrable Brian Clough sort du lot, évidemment :

« Kenny n’était pas épais mais il avait un cul énorme qui lui descendait jusque sous les genoux. C’est de là qu’il tirait sa force. »

Alan Hansen (1977-1991), arrière central, 620 matchs/14 buts, 26 capes écossaises. Recruté pour seulement 100 000 £ de Partick Thistle (club de Glasgow), « Jocky » (l’Écossais) est considéré comme le plus grand centre back du club.

Classieux et élégant sur le terrain, il est moins à l’aise devant les caméras (sévit depuis bien trop longtemps dans Match Of The Day, l’émission foot phare de la BBC, où il touche 40 000 £ par apparition. La Beeb a entendu la vox populi – il n’est guère apprécié – et a récemment annoncé son départ, qui fait suite au « rôle réduit » confié à l’ex Red Mark Lawrenson dans la même émission).

Graeme Souness (1978-1984), milieu, 359 matchs/55 buts, 54 capes écossaises, 4 buts. Acheté 350 000 £ à Middlesbrough pour remplacer Ian Callaghan. Archétype du milieu teigneux et ultra fiable, « Souey » fut pendant six saisons (et 15 trophées !) la locomotive de l’entrejeu Red où il incarna à merveille la puissance hégémonique de Liverpool. Son immense prestation lors de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1984 à Rome persuada la Sampdoria Gênes de le recruter. Prit les rênes du LFC d’avril 1991 à janvier 1994 mais avec beaucoup moins de succès. Célèbre pour avoir planté un énorme drapeau du Galatarasay – qu’il manageait – dans le rond central du Fenerbahçe après une victoire sur l’ennemi juré en finale de coupe de Turquie. Sévit aujourd’hui dans les médias, principalement sur Sky Sports.

Ian Rush (1980-1996), avant-centre, 660 matchs/346 buts (record du club), 73 capes galloises, 28 buts. Joueur vedette des Eighties timidement arrivé de Chester en avril 1980 à 18 ans pour 300 000 £ (record pour un moins de 19 ans),  la carrière du Gallois se décline en superlatifs. Buteur diaboliquement prolifique, « Rushie » se doubla d’un inlassable harceleur de défense.

Elu Joueur de la saison en 1984 (durant laquelle il claqua 50 pions) par ses pairs et la Football Writers’ Association ainsi que Soulier d’or européen, ses prouesses (et la faiblesse des salaires anglais) l’envoyèrent à la Juventus en 1987 où, faute de s’adapter, il ne resta qu’un an. De retour au bercail, il fit oublier son escapade italienne en éclipsant (en octobre 1992) le record de buts Reds que détenait Roger Hunt depuis les Sixties.

John Barnes (1987-1997), ailier gauche, 409 matchs/108 buts, 79 capes anglaises, 11 buts.

Joueur extrêmement complet (puissant, rapide, technique), l’Anglo-Jamaïcain de bonne famille recruté au Watford (D1) d’Elton John pour 900 000 £ était considéré comme l’un des meilleurs au monde à son poste à la fin des années 80 (malheureusement, il ne put exprimer son immense talent sur la scène continentale à cause de l’interdiction post Heysel faite aux clubs anglais de disputer toute compétition européenne pendant cinq ans – six pour LFC).

Surnommé « Digger » (d’après Digger Barnes dans Dallas !), ce fin dribbleur au pied gauche magique fut élu Player of the Year dès sa première saison Red (puis Joueur de l’année par la FWA). Fut repositionné au milieu en fin de carrière Red, suite à une blessure. Régala le Kop une dizaine d’années avant de rejoindre Kenny Dalglish (manager) et Ian Rush à Newcastle United été 1997. Le numéro 10 le plus célèbre du club affiche 754 matchs en vingt ans de carrière professionnelle

(crédit photo oldschoolpanini.com)

(crédit photo oldschoolpanini.com)

Robbie Fowler (1993-2001), avant-centre, 369 matchs/183 buts, 26 capes anglaises, 7 buts.

Natif de Toxteth (célèbre quartier multiculturel de Liverpool) et formé au club, « God » a toujours été l’enfant chéri des supporters Reds, autant pour son tempérament passionné que ses prouesses.
Passa professionnel le jour de ses 17 ans, en avril 92, avant de faire ses grands débuts en septembre 93. Auteur notamment du hat-trick le plus rapide de l’histoire de la Premier League en 1994 contre Arsenal : 4 minutes et 33 secondes. Inscrivit un minimum de 30 buts par saison (toutes compétitions de club confondues) de 1994 à 1997.

A partir de 2000, ses relations avec Gérard Houillier et son adjoint Phil Thompson se détériorèrent radicalement et, barré par Michael Owen et Emile Heskey, Fowler fut vendu au rival Leeds United fin novembre 2001 pour presque 12M £. A la surprise générale, l’enfant prodige (et terrible) revint à Anfield fin janvier 2006 pour étoffer l’armada offensive des Reds (Cissé, Morientes, Crouch et Kewell) et inscrivit 12 buts en 39 matchs (20 titularisations) jusqu’en mai 2007. Passe aujourd’hui ses diplômes d’entraîneur tout en gérant son volumineux portefeuille immobilier (une centaine d’appartements et maisons – il a même créé la Robbie Fowler Property Academy début 2013). Entre deux piges comme consultant pour les médias, il entraîne les jeunes de l’Academy du LFC.

Steven Gerrard (1998- ), milieu/attaquant de soutien, 639 matchs/161 buts (dont 100 en PL), 107 capes anglaises, 21 buts.

Formé au club, ce Scouser pur jus fait vibrer Anfield depuis une quinzaine d’années. Lancé dans le grand bain par Gérard Houllier fin 1998, cet ex latéral droit (sa position de départ) est devenue l’âme de l’équipe. Puissant, accrocheur, brillant tacleur, exceptionnel passeur et fin technicien, il forma avec Fernando Torres entre 2007 et 2010 un tandem offensif prolifique. A signé un prolongement de contrat de deux ans en juillet 2013.

Mais aussi…

Alex Raisbeck (1898-1909), arrière central écossais (8 capes), 340 matchs/21 buts. Acheté 350 £ à Hibernian, souvent considéré comme la toute première vedette du club.

Ron Yeats (1961-1971), arrière central écossais (4 capes), 454 matchs/16 buts. Solide capitaine emblématique des Sixties et protégé de Bill Shankly qui le fit venir d’Huddersfield, l’imposant (1,88m) « Rowdy » (le Turbulent – surnom inspiré par Rowdy Yates, joué par Clint Eastwood dans une série western des Sixties) fut souvent décrit comme un roc par Shankly, ce dernier invitant même les journalistes à faire le tour de l’ex ouvrier d’abattoir en le présentant à une presse amusée été 1961 ! Ce dur au doux nom de poète (W. B. Yeats) revint à Liverpool en tant que scout de 1986 à 2006.

Ray Clemence (1967-1981), gardien, 665 matchs, 61 capes anglaises. Ne concéda que 16 buts en championnat saison 1978-79 (sur 42 matchs, un record défensif qui tient toujours). Celui qui fut signé de Scunthorpe (tout comme Keegan) pour la somme dérisoire de 18 000 £ devint l’un des plus grands gardiens du football mondial dans les années 70 où il fut en concurrence nationale permanente avec Peter Shilton.

Michael Owen (1996-2004), avant-centre, 297 matchs/158 buts, 89 capes anglaises, 40 buts. Formé à Liverpool, remplaça progressivement Robbie Fowler sur le front de l’attaque Red. Parmi ses nombreuses recompenses individuelles, celle de Ballon d’Or 2001 est la plus notable. Aujourd’hui consultant dans les médias principaux et propriétaire d’une écurie d’une centaine de chevaux de course dans le Cheshire (sud de Manchester – on devrait d’ailleurs le voir jockey en 2014, pour des oeuvres caritatives).

Particularité

Parmi les nombreuses originalités de ce club hors norme (fondation insolite, le Kop, etc.), l’existence de la Boot Room est peut-être la plus singulière. Au tout début des années 60 lorsque la révolution Shankly se mit en branle, cette petite pièce de 10 m2 adjacente aux vestiaires et qui servait jusqu’alors de remise à chaussures fut transformée en laboratoire d’idées… et en piège pour staff adverse (autour d’un whisky et dans la bonne humeur, on y extrayait volontiers des informations précieuses ; Brian Clough s’en méfiait tellement qu’il n’y mit qu’une seule fois les pieds ! Et pourtant, il aimait picoler).

Pendant plus de trente ans, divers managers et membres du staff Red – Shankly, Bob Paisley, John Bennison, Joe Fagan, Reuben Bennett, Albert Shelley, Geoff Twentyman, Ronnie Moran, Tom Saunders, puis Kenny Dalglish dans les années 80 – s’y réunirent pour discuter de stratégie ou du fameux Liverpool Way, cette ligne directrice ou philosophie du club censée se transmettre d’un manager à l’autre. La Boot Room fut détruite en 1993 pour aménager une grande salle de presse lors de la rénovation d’Anfield et la transformation du stade en all-seater (rapport Taylor post Hillsborough).

Kevin Quigagne.

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[1] Page 91 : « Je n’ai pas de préjugés raciaux mais si un nègre devenait mon voisin, je déménagerais, et la plupart des Blancs ferait de même ».

Reflet de l’époque sans doute où le racisme « débonnaire » était monnaie courante et s’exprimait à haute voix, comme on le verra prochainement dans une série de Teenage Kicks consacrée à l’histoire du football noir au Royaume-Uni.

Liverpool, tellement plus qu’un club. Une institution, un mythe, une terre de légendes. Ville et football ne font qu’un : on y cultive le souvenir autant que l’espoir. Un club qui prend aux tripes et ne lâche plus. Jamais. Présentation de son Hall of Fame version Teenage Kicks.

Dans quelques semaines, le site de football britannique Hat-trick verra le jour. L’une des originalités de Hat-trick sera ses « fiches de club », où le Hall of Fame occupera une place de choix. Par manque de disponibilité, je ne pourrai être de l’aventure mais quand Romain Molina, créateur du site, me demanda en juin dernier si je voulais rédiger quelques fiches, je lui dis OK et choisis immédiatemment Liverpool, mon tout premier club anglais de coeur. Romain me conseilla d’aligner quantativement mon texte sur les autres fiches, 5 000 signes environ. OK, lui répondis-je sans trop réfléchir (« 5 ou 6 000 on a dit ? T’en fais pas, pas de problèmes » ajoutais-je pour le rassurer, le sentant quand même un poil tendu…).

Un mois plus tard, je le priais de m’excuser : j’avais pondu un pavé de presque 25 000 signes, sans m’en rendre compte. Il le comprit parfaitement car j’avais une excuse en béton : LFC a un tel vécu que les calibres standards sont ri-di-cu-le-ment inopérants. Alors en avant-première de la naissance de Hat-trick, le Hall of Fame LFC, à ma sauce.

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Le Hall of fame TK du Liverpool FC

[Nb: Etant donné la pléthore de grands joueurs/entraîneurs Reds, impossible d’inclure pour diverses raisons tous ceux qui auraient légitimement leur place ici. On pense notamment à Chris Lawler, Ian St John, Phil Neal, Jimmy Case, Gerry Byrne, Peter Thompson, Ray Kennedy, Steve Heighway, Bruce Grobbelaar, Terry McDermott, Alan Kennedy, Mark Lawrenson, Joe Fagan, John Toshack, John Aldridge, Jan Molby, Jamie Carragher, Xabi Alonso et Fernando Torres. Pour complément d’infos, consultez le Hall of Fame officiel et cette page ainsi que 100 Players Who Shook The Kop].

Elisha Scott (1912-1934), gardien, 467 matchs, 31 capes nord-irlandaises. Considéré par certains comme le plus grand portier du club (avec Ray Clemence) et comme celui qui généra les tous premiers chants pour un joueur à Anfield (« Lisha, Lisha »). Rejeté par Everton à 18 ans car jugé trop jeune et trop petit (1m75), « Lisha » était un personnage haut en couleurs et maladivement compétitif qui entretint longtemps une féroce rivalité avec Dixie Dean, le fantasque avant-centre d’Everton aux 395 buts Toffees – inscrits avec un seul testicule, il convient de préciser (Everton, où le frère d’Elisha Scott joua d’ailleurs pendant 8 ans). Pour le centenaire de ses débuts Reds le premier janvier 1913, un documentaire d’une heure intitulé « Lisha, The first King of the Kop » fut réalisé.

ça mérite une mention spéciale même ici dans le temple Red

395 pions avec une seule burne: ça mérite une mention spéciale même ici dans le temple Red

Billy Liddell (1938-1961), avant-centre/ailier gauche/inside-forward (inter), 537 matchs/229 buts, 28 capes écossaises. Considéré par les vieux supporters Reds comme le joueur le plus talentueux de l’histoire du club. Et c’est une légende de Manchester United que le peuple Red doit remercier pour Billy : Matt Busby. C’est en effet ce dernier qui repéra en Ecosse, par hasard, ce discret gamin de 16 ans. Busby, alors capitaine du LFC, insista auprès de son manager pour le faire venir.

Puissant, rapide et doté d’une belle frappe, Liddell fit ses débuts professionnels en janvier 1940, sous les bombes de la Luftwaffe (malgré le Liverpool Blitz – plus de 4 000 victimes d’août 1940 à mai 1941 – le club continua de jouer à Anfield), ce qui n’empêcha pas le jeune Billy de marquer lors de son tout premier match à domicile, devant 2 000 spectateurs (capacité réduite à cause des risques de bombardement).

Pendant vingt-trois ans, Liddell fit tellement vibrer Anfield que sa popularité dépassa celle du club, qu’on surnomma « Liddellpool » dans les Fifties, les moins glorieuses de l’histoire du club. Sérieux et appliqué (jamais averti, jamais une goutte d’alcool et faisait dans le caritatif à ses heures perdues), Liddell continua à travailler comme comptable – à mi-temps – dans une entreprise de la ville la majorité de sa carrière !

On continua de jouer au football pendant la Seconde Guerre mondiale, en Wartime League (ici à The Valley, Charlton Athletic, où un soldat surveille les airs)

On continua de jouer au football pendant la Seconde Guerre mondiale, en Wartime League (ici à The Valley, Charlton Athletic, où un soldat surveille les airs)

Roger Hunt (1958-1969), avant-centre, 492 matchs/286 buts (dont 245 en championnat, record du club). 34 capes anglaises, 18 buts (champion du monde 1966). Avec Ian St John, le vif et puissant Hunt fut le principal fer de lance de la révolution Shankly à partir du début des Sixties et, à ce titre, occupe une place de choix dans le coeur des supporters Reds. Sans ses wagons de buts, pas sûr que Liverpool se soit extirpé de la D2 où le club végéta de 1954 à 1962. Saison 1961-62, Hunt signa 41 buts en autant de matchs de championnat !

Deux ans plus tard, en 1964, LFC devenait champion d’Angleterre après une longue période de vaches maigres (Hunt : 31 buts en 41 matchs). Vainqueur de la FA Cup en 1965 – la première du club, buts de Hunt et St. John -, puis de nouveau Champion national en 1966 où Hunt s’illustra de nouveau : 30 buts en 37 matchs de championnat. Intronisé au English Football Hall of Fame en 2006.

Bill Shankly (1958-1974), écossais, le plus grand manager de l’histoire du club, 609 matchs (319 victoires, 152 nuls, 138 défaites). Quand « Shanks » débarqua à Liverpool en décembre 1959 fort d’une dizaine d’années d’expérience, le club touchait le fond. Non seulement LFC végétait en D2 depuis 1954 (pour la première fois de son histoire) mais le moral était à zéro et les installations indignes d’un grand club : le centre d’entraînement de Melwood n’avait qu’un seul robinet, deux préfabriqués et les joueurs devaient se changer et doucher à Anfield via un système de navettes… Et pour ne rien arranger, Everton pétait la santé parmi l’élite (5è et 4è début années 60 et titre en 1963).

Shankly persuada un directoire somnolent de mettre la main à la poche et bâtit une équipe capable de jouer les premiers rôles, notamment en se débarrassant d’une vingtaine de joueurs dès la première saison et en utilisant la réserve et le centre de formation du club, qu’il restructura totalement. Sous sa houlette, LFC décrocha trois titres nationaux, deux FA Cups et une Coupe UEFA (ainsi qu’une finale de Coupe des coupes en 1966 et une élimination de justesse – et controversée – en demi-finale de la Coupe d’Europe des clubs champions contre l’Inter Milan en 1965). Créa la légendaire Boot Room (voir « Particularité » dans le volet suivant).

En juillet 1974, à la surprise générale, Shankly annonça sa retraite immédiate (il se dit fatigué après 40 ans dans le football). A sa disparition d’une crise cardiaque en 1981 (à 68 ans), ses cendres furent dispersées sur la pelouse d’Anfield, devant le Kop. De hautes grilles portant son nom (les Shankly Gates) ainsi qu’une statue sont visibles devant Anfield.

Bob Paisley (1974-1983), 535 matchs (308 victoires, 132 nuls, 96 défaites). Trop souvent injustement oublié ou ignoré hors Merseyside (réduit au rôle de « gestionnaire de l’héritage Shankly » comme l’écrit justement feu le site kick and rush), Paisley est pourtant l’un des managers les plus titrés de l’histoire du football : 6 championnats, 3 C1, 1 C3 et 3 Coupes de la Ligue.

Latéral droit Red de 1939 à 1954, il ne connut que Liverpool FC dans sa carrière professionnelle et son association avec le club s’étend sur plus d’un demi siècle (entraîneur de la réserve, kiné, etc.). Quand Shankly annonça sa retraite en juillet 1974, le directoire se tourna vers lui, alors âgé de 55 ans, l’adjoint taiseux de Shanks-le-charismatique, et le persuada de prendre ce job dont il ne voulait pas (Shankly insista aussi pour qu’il prenne sa relève). Sa première allocution hésitante aux joueurs illustra sa réticence :

« Bon, ben, je ne voulais pas de ce poste mais maintenant que je suis là, va bien falloir s’y mettre. De toute manière, faut bien qu’il y ait un entraîneur. Cela dit, c’est sans doute provisoire »

Ses points forts étaient la tactique, la détection, le recrutement (il fit notamment venir Kenny Dalglish, Alan Hansen, Ian Rush et Graeme Souness) ainsi que le timing dans le recrutement : il savait exactement quand il fallait se séparer d’un joueur et n’avait pas peur de pousser les anciens vers la sortie ou la retraite (ce qui fut reproché à Shankly sur la fin) et ainsi renouveler l’effectif. En outre, Paisley connaissait parfaitement le club et, grâce à sa connaissance intime du jeu, des joueurs et du corps humain (il fut un kiné très réputé), il s’attacha à faire progresser certains (tel l’attaquant Ray Kennedy, qu’il repositionna milieu gauche) plutôt que de chercher à les vendre.

Réservé et taciturne, ce bon Bob ne manquait cependant pas d’humour. Ayant participé à la libération de Rome par les Alliés en juin 1944 en tant que « Desert Rat » (contre l’Afrika Korps de Rommel en Afrique du Nord), quand Liverpool disputa sa première finale de C1 en mai 1977 dans la Ville Eternelle, il s’exclama (en admirant le Colysée de l’autocar des joueurs) : « Ah tiens, la dernière fois que je suis passé par ici, j’étais assis sur la tourelle d’un char ». Disparu en février 1996 (maladie d’Alzheimer), l’ex maçon de Sunderland a été intronisé au English Football Hall of Fame dès sa création en 2002. Tout comme Shankly, des grilles portent son nom devant Anfield.

Ian Callaghan (1960-1978), ailier droit/milieu central, 857 matchs/69 buts, 4 capes anglaises (fit partie du groupe Coupe du monde 1966). Détenteur du record de matchs du LFC ainsi que du nombre d’apparitions en FA Cup (88), « Cally » est le seul joueur à avoir vécu l’intégralité de la formidable épopée Red [1], de 1960 (début de la « Shankly revolution ») aux grands triomphes européens sous Bob Paisley à la fin des années 1970. Il fut aussi le premier Red à être élu Footballer of the Year par la Football Writers’ Association, en 1974.

Eut la lourde tâche de faire oublier le légendaire Billy Liddell et il ne fit pas les choses à moitié : en avril 1960, à 17 ans, pour son premier match il eut droit à une standing ovation du stade, des 22 joueurs et même de l’arbitre ! En 1970, une blessure au genou le força à se repositionner au coeur de l’entrejeu et le club dut faire venir de Scunthorpe un p’tit jeune prometteur pour continuer d’assurer l’animation offensive : Kevin Keegan.

Kevin Quigagne.

A suivre.

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[1] Tommy Smith, arrivé au club à 15 ans en 1960, pourrait éventuellement lui être associé mais « Anfield Iron » ne fit ses débuts qu’en 1962.

Non, pas le Top XI auquel vous pensez. Parce qu’il n’y a pas que des Anfield, Goodison Park, Old Trafford, Parkhead, Villa Park et autre Craven Cottage pour garnir le Panthéon des stades remarquables du football britannique. Il y a aussi l’extraordinaire Kenilworth Road, le perma-inondé Claggan Park, l’excentrique Brisbane Road, le regretté Millmoor, feu le gueux Eastville et tant d’autres, vénérables ou insignifiants, pouilleux ou proprets, vivants ou disparus. Ce Top XI, écrit dans une chambre de bonne élitiste sans prendre l’ombre d’un risque, est donc un éloge aux crasseux, aux sans-grades, aux sans-gradins, aux populaires, aux octogénaires, aux oubliés et aux mal rasés démolis.

La passion des Anglais pour leurs stades n’a sans doute pas d’équivalent au monde. Peut-être la nécessité a-t-elle forgé cet amour, les supporters anglais suivant souvent leur club à l’extérieur par centaines ou milliers, qu’il soit en Premier League ou en League Two (D4), par un beau samedi après-midi d’été ou un mercredi soir de décembre.

Toutefois, si on célèbre volontiers les monuments du genre, on ne s’attarde jamais sur les stades situés dans un environnement particulier, charmant ou ingrat. Une grave lacune que Teenage Kicks tenait à combler. Du spécimen lové dans un écrin de beauté à la verrue urbaine purulente qui périt étouffée par sa propre pestilence, en passant par le dernier des Mohicans (stade de centre-ville), TK vous embarque pour un tour d’horizon des cadres de vie footballistiques.

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# 1. Eastville (Bristol Rovers – 1897-1998)

L’ancien antre des Gasheads de Bristol Rovers (jusqu’en 1986) était coincé entre une énorme usine à gaz (Stapleton Gasworks) et une autoroute surélevée (la M32) qui passait à 30 mètres au-dessus d’une tribune latérale ! Evidemment, l’endroit puait le gaz, d’où le surnom du club, The Gas ou Gasheads (au départ une insulte du rival Bristol City récupérée par Rovers).

Ce stade, avec sa tribune principale caverneuse et une bizarroïde tour de contrôle aux airs d’oeil de cyclope star trekien (le box de presse ? Une chambre de bonne ?), était un couteau suisse malformé et hyperactif. Eastville, qui pouvait accueillir 40 000 spectateurs dans les Sixties, servait à tout : cricket, rounders (sport anglais de type base-ball), courses de lévriers, speedway (moto), concerts, football américain, foires et même vide-greniers géants le dimanche ! On vous laisse imaginer l’état de la pelouse. Pour couronner le tout, Eastville se situait aussi au bord de la rivière Frome, qui inondait régulièrement le stade. Faut dire que ce stade se trouvait sur une zone marécageuse…

En août 1980, un incendie endommagea sérieusement une tribune et les Pirates (leur autre surnom) durent s’exiler à Bath. En 1998, Eastville fut démoli et le terrain racheté 2M £ par une chaîne d’hypers pour être finalement revendu à IKEA. Que nos lecteurs bristolliens (si, si, on en a) aient une pensée pour Eastville la prochaine fois qu’ils iront acheter un Klingkšbὅj ou une Applångsö pliante.

L’hiver dernier, l’un de nos plus braves reporters avait fait le déplacement chez les Gasheads. Voir également cet émouvant hommage à Eastville.

# 2. Springfield Park (Wigan Athletic – 1897-1999)

Stade des Latics de 1901 à 1999. Démoli été 1999, il était temps, il se démolissait tout seul.

Quand Roberto Martinez débarque au club comme milieu de terrain l’été 1995, Wigan vient de finir 14è de D4 et se prend régulièrement des tannées contre des clubs de bourgade et évolue devant des chambrées de 1 500 personnes dans un stade à peine digne du foot amateur, le notoirement révoltant Springfield Park (voir cet article TK, le tour du propriétaire ne manque pas de piquant). Voilà ce que Barry Worthington, historien du club, dit de « Springy Park » dans le Four Four Two # 200 :

« Springfield Park, en 1978, est un cloaque infâme. Les toilettes, c’est un long mur avec un trou, pour trente personnes. Un ruisseau de matières et d’eau dégueulasses coule en permanence. On baigne dans tellement de pisse qu’il faut remonter son pantalon jusqu’aux genoux avant d’uriner. Quant à la « tribune de presse », elle consiste en une cabane exiguë avec une vitre en plexiglas, pas nettoyée depuis cinquante ans et tellement opacifiée par les excréments d’oiseaux que les journalistes se plaignent de ne rien voir du match. Si bien que souvent, les deux ou trois reporters présents se partagent le boulot : l’un reste au micro, et l’autre est à l’extérieur de la cabane et relaie l’action et les incidents au premier avec le moins de différé possible. »

# 3. Saint James’ Park (Newcastle United – inauguré en 1892)

Situé dans l’hypercentre de l’élégante cité Geordie, l’un des tous derniers stades british de centre-ville. SJP jouxte l’agréable Leazes’ Park et quelques bâtiments classés (d’architecture georgienne) presque collés à la petite tribune Est, au premier plan sur la photo (d’où l’impossibilité d’agrandissement, par l’est en tout cas ; la seule possibilité serait de rehausser le Kop des Magpies, la fameuse tribune Gallowgate, à gauche. Mais NUFC la remplirait-elle ?).

Pour certains esprits malfaisants qui, prétend la rumeur, ont tenté par le passé de contaminer ce blog férocement impartial et donner une version calomnieuse de la réalité, Saint James’ ne serait qu’un banal abri pour vulgum pecus désoeuvrés. Une telle position est désolante et croyez-bien, dear readers, que nous ne saurions tolérer ici de telles dérives branquignolesquement partisanes. Qu’on se le dise haut et fort, SJP est un bijou de 52 400 places, redéveloppé au cours des années 1980 et surtout post 1990 sous la tutelle de John Hall et Freddy Shepherd (les anciens propriétaires), qui le firent passer progressivement de 30 000 à 36 000 places avant l’Euro 1996, puis à 52 000 en 2000. Le plus haut toit en cantilever* d’Europe (64 mètres) y fut construit en 1998. On est loin du SJP des débuts, voir ce fascinant clip de 1901.

Il n’en reste pas moins, en toute objectivité, qu’il est fort dommage de voir SJP occupé par un petit club sans grande envergure, dixit Sir Alex Ferguson lors de cette conf’ de presse. Et si Siralex le dit, ça doit être vrai. Voici à quoi ressemblait SJP il n’y a pas si longtemps (1990) :

(*Définition wiki : structure qui s’élance dans le vide en ne reposant que sur un point d’appui)

# 4. Dripping Pan (Lewes FC – inauguré en 1885)

Le petit stade (3 000 places) de Lewes FC (D7) près de Brighton est connu en Angleterre pour les deux raisons suivantes :

a) Son blaze comique : dripping pan = lèchefrite, récipient pour récupérer la graisse/le jus. Evidemment, ce Dripping Pan n’a rien à voir avec du jus gras. Quoique… Certains sites expliquent l’origine incertaine du nom en évoquant une prostituée nommée Pam qui tapinait à cet emplacement et dégoulinait de partout le matin venu. Charming. Selon les historiens du club, il semble cependant plus probable que le nom provienne de la fabrication du sel à cet endroit au moyen-âge. A choisir, on préfère la version de la pute.

b) Sa superbe position géographique, avec en arrière-plan les collines de craie du Sussex. Le Dripping Pan est également construit dans une cuvette et des buttes de gazon ceinturent le terrain.

Le club de Lewes est également célèbre pour ses affiches de match génialement décalées (ici aussi).

Le Kop du Drippin Pan est chichement garni mais qu'il est chaud ! (un fumi ou la fumée des saucisses de la buvette rougie par des spots ?)

Le Kop du Dripping Pan est chichement garni mais qu'il est chaud ! (un fumi ou la fumée des saucisses de la buvette rougie par un spot ?)

# 5. Millmoor (Rotherham United, 1907-2008)

Madmax meets Detroit… De loin les alentours de stade les moins glamours du pays, l’ensemble est ci-dessus immortalisé par English Heritage (!), l’un des deux organismes –  avec le National Trust – en charge du patrimoine anglais. Et Millmoor était effectivement un sacré morceau de patrimoine !

Ceinturant la moitié de l’enceinte, une gigantesque casse auto et métaux. A l’arrière plan, un vaste terrain vague bétonné délimité par une ligne de chemin de fer servant au fret. L’accès au stade se faisait par deux longues rues quasi désertes avec usines désaffectées, entrepôts, pubs abandonnés et maisons barricadées de chaque côté. En cela, Millmoor rappelait l’ancien Den (antre de Millwall de 1910 à 1993), en encore plus lugubre.

Depuis l’été 2012, les Millers de Rotherham United (D3) jouent dans cette enceinte moderne beaucoup moins fun :

Sacré contraste !

# 6. Bank Street (Manchester United – 1893-1910)

Quartier de Clayton, 1900 (le stade est indiqué en rouge, en bas à droite)

En août 1893, Man United (alors appelé Newton Heath) emménagea dans ce stade qui sera porté à 50 000 places avant sa démolition en 1910.

Sur la photo, Bank Street est environné par les usines du Albion Chemical Works qui vomissaient sans discontinuer leurs épaisses fumées, tandis que l’odeur pestilentielle faisait cracher aux joueurs et spectateurs ce qui leur restait de poumon.

Voici un extrait d’un compte-rendu de match de FA Cup contre Portsmouth, paru dans le Guardian en 1901 et qui illustre le fait qu’à l’époque « enfiler le bleu de chauffe » n’était pas qu’une expression imagée :

« Pendant le match, le plus dur pour les joueurs fut de lutter contre les fumées émises par la trentaine de cheminées et l’odeur âcre qui s’en dégageait, sans parler des chaudières industrielles derrière les buts déversant par à-coups d’énormes grappes de vapeur sur le stade. » (rapporté par Simon Inglis dans son livre Football Grounds of Britain).

Le terrain était également folklorique, tellement marécageux que bon nombre de résultats furent contestés après coup, les adversaires invoquant l’état de la « pelouse », décrite par certains comme « une terne étendue de sable mouillé, laissant entr’apercevoir ici ou là quelques touffes de gazon ».

Un club, les Walsall Town Swifts, en découvrant pour la première fois cet ersatz de surface, refusèrent même de jouer. Pour les convaincre, les groundsmen durent étaler une énième couche de sable sur l’espèce de chaux qui recouvrait le terrain. Walsall ira jusqu’à se plaindre à la Football League d’avoir joué sur un toxic waste dump (décharge de produits toxiques). Walsall réussira même à faire annuler le résultat du match, peu en leur faveur il faut dire : 14-0 (le match sera rejoué, et les Martinets des Midlands ne se prendront que 9-0).

# 7. Kenilworth Road (Luton Town – inauguré en 1905)

En symbiose parfaite avec l’habitat local. Difficile en effet de faire plus britannique que l’antre de Luton Town (D5 aujourd’hui mais ancien caïd de D1, de 1982 à 1992) : Kenilworth n’est pas seulement inséré parmi les maisons de briques rouges comme on écrit des stades britons dans les bonnes gazettes, il se tape carrément l’incruste chez l’habitant. Pour illustration, ci-dessous l’extraordinaire entrée Visiteurs de la tribune Oak Stand, encastrée entre deux terraced houses ! (ici également). A la place du salon et canapé, des tourniquets et un tunnel, original.

Et si vous rêvez d’une maison avec stade dans le jardin, achetez autour de Kenilworth. L’arrière du stade :

# 8. Claggan Park (Fort William FC, ouest des Highlands – in. en 1985)

L’antre du club de Fort William FC dans les Highlands écossaises. Le stade se trouve au pied du Shoulder, une imposante colline dominée par Ben Nevis, le point culminant du Royaume-Uni (1 344 mètres). Tout cela est fort pittoresque mais quand on décida de construire un stade de 4 000 places à cet endroit, on négligea visiblement un petit élément d’ordre topo-hydrographique : on est dans les Western Highlands et le stade se trouve en bas de la colline. Ergo, ça flotte pas mal – 3 fois plus que dans le Finistère – et les ruisseaux irriguent en permanence le pauvre Claggan Park qui sature autant que la fille de joie du Dripping Pan.

Résultat : le terrain est constamment inondé et Fort William explose régulièrement le record national de report de matchs (ainsi que de défaites, 30 sur 34 matchs la saison passée en Highland Football League, – 106 de goal average). C’est simple, de novembre à avril, le terrain est impraticable, pour cause de mousson septentrionale. Bon an (3 000 mm de pluie), mal an (4 500 mm), on dispute les 17 matchs à domicile sur 3 ou 4 mois, qui ne se suivent pas forcément… Bah, au lieu de bourriner sur un terrain marécageux et en pente, on se console en allant au pub, ça descend tout autant.

# 9. Bayview Stadium (East Fife, Ecosse – inauguré en 1998)

Stade d’East Fife (D3), à 60 kms au nord d’Edimbourg. Une seule tribune, de 2 000 places. En arrière plan, la charmante centrale de charbon de Methil, malheureusement (pour TK) démantelée en avril 2011. Et derrière la centrale, la bise glaciale de la Mer du Nord où le terrible haar (brouillard écossais du littoral) aime sévir.

Selon un site internet assez obscur dont j’ai oublié le nom, Bayview Stadium aurait été élu « pire stade de Grande-Bretagne » par le passé. Une récompense bien méritée en tout cas. Kick-off, le blog foot britannique de l’Equipe, parlait de ce stade ici.

# 10. Brisbane Road (Leyton Orient – inauguré en 1937)

En 1995, quand un certain Barry Hearn rachète Leyton Orient pour l’excentrique somme de 2,47 £, le club est financièrement exsangue. Quelques années plus tard, l’original Hearn a une idée lumineuse pour renflouer les caisses : il vend les quatre virages à un constructeur. Inutile de préciser que les apparts avec balcon sont très convoités les jours de match ! Et cette saison, y’a du monde aux balcons : Leyton Orient est premier de D3 avec 38 points sur 45 possibles.

# 11. Stadium mk (Milton Keynes Dons – on se fout de sa date d’inauguration)

Stade des faux Dons, imposteurs connus aussi sous le nom de Franchise FC. Ces usurpateurs d’identité évoluent en D3 paraît-il. Mais Dieu qu’il était beau ce stade à l’état de bac à sable géant… L’aurait dû rester comme ça tiens, histoire de distraire les marmots du coin qui n’ont que des vaches en béton (la triste spécialité locale) pour s’amuser. Bien fait pour eux, sales mômes.

Allez, pour la route, un deuxième mini Top 10 :

1. Caledonian Stadium (Inverness Caledonian Thistle, D1 écossaise, nord des Highlands)

« Caley » est surtout connu en Angleterre pour deux choses :

a) son manager depuis janvier 2009, le bien nommé Terry Butcher (enfin, plus pour longtemps, il devrait filer à Hibernian d’ici vendredi)

b) le joli jeu du mot du Sun (qui doit employer une armée de calembouristes) en février 2000 pour une superbe victoire 3-1 de Caley à Parkhead en Coupe d’Ecosse : « Super Caley Go Ballistic Celtic Are Atrocious » (= Caley Cartonne, le Celtic est Nul), directement inspiré bien sûr de la célèbre chanson de Mary Poppins supercalifragilisticexpialidocious. Une défaite qui contribua au limogeage de John Barnes, alors manager.

En fait, point de trait de génie de la part du Sun… Le célèbre torchon avait tout simplement pompé sur le Liverpool Echo qui titra ainsi une belle victoire de Liverpool sur QPR en décembre 1976 où Ian Callaghan (surnommé « Cally ») fut élu Homme du Match : Super Cally Goes Ballistic, QPR Atrocious.

2. Waterside Stadium (Walton Casuals, D8, sud londonien)

Sandwiché bien au chaud entre l’usine à gaz de Sunbury Lock, un terminal pétrolier de BP Amoco et une station d’épuration des eaux. Avec une rivière et quelques arbres au milieu de tout ça quand même, faut bien s’oxygéner un peu de temps en temps.

3. Griffin Park (Brentford FC, D3, ouest londonien)

Rien de notable dans le paysage urbain de ce coin de l’ouest londonien mais Griffin Park compte un pub à chaque coin du pâté de maisons. Et ça vaut bien tous les cadres de vie au monde (cliquez sur la pinte à gauche pour boire un clip rafraîchissant).

4. The Recreation Ground (Aldershot Town, D5, sud de l’Angleterre)

Rien de bien récréatif dans ce stade de 7 000 places dominé par un bâtiment d’une laideur absolue.

5. Gayfield Park, stade du Arbroath FC (D3 écossaise)

La mer, qu’on voit danser le long des golfes clairs, tralalitralala, à imaginer au son de la cornemuse bien sûr. Les jours de grande marée, les centres au troisième poteau atterrissent direct dans la North Sea.

6. Mill Road (Arundel FC, D9, sud de l’Angleterre)

Arundel Castle en arrière-plan, superbe. Côté spectacle, on sait au moins où regarder.

7. Loop Meadow Stadium (Didcot Town FC, D7, près de Birmingham)

Très bucolique, au pied des tours de refroidissement. Cela dit, les spectateurs doivent kiffer car c’est probablement ce que Birmingham a de plus beau à offrir.

8 & 9. Tannadice (Dundee United, D1 écossaise) et Dens Park (Dundee FC, D2)

Rivalité dans un mouchoir de poche : 103 mètres séparent les Arabs (United) des Dees (FC).

10 & 11. Meadow Lane (Notts County, D3) et City Ground (Nottingham Forest, D2)

300 mètres (avec la rivière Trent) séparent les Magpies de Forest.

Kevin Quigagne.

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