Archive for novembre, 2012

Dimanche 2 décembre à 12 h 30, à l’occasion du deuxième tour de FA Cup, l’AFC Wimbledon (D4) affrontera sa nemesis, son usurpateur d’identité, Milton Keynes Dons (D3). Une rencontre que toute l’Angleterre du football attend sabre aux dents depuis dix ans.

La lecture de l’introduction est fortement recommandée (ainsi qu’un clic sur les photos).

Juillet 1999. Premier entraînement d’Egil Olsen à Wimbledon, des plus mouvementés :  le Crazy gang brûle ses vêtements, dégonfle les pneus de sa voiture et remplit ses pompes de mousse à raser. Bienvenue chez les dingues Egil.

Début 2000. Le Milton Keynes Stadium Consortium est créé. Peter Winkelman (ci-contre), ex chief exec chez CBS reconverti dans l’immobilier, est à sa tête (lire son parcours). Ce groupe, soutenu par des géants de la distribution Asda et Ikea (voir lien ci-dessus), joue d’emblée le souteneur en promettant à tout candidat à la délocalisation la livraison d’un stade de 28 000 places.

Winkelman, parfois décrit comme ressemblant « à un reject geeky de Status Quo », déclare en substance : « Milton Keynes est prêt à accueillir tout club en difficulté. »

Avril 2000. Après presque 25 ans au club, Sam Hammam coupe définitivement les ponts avec Wimbledon FC en vendant le reste de ses actions à Charles Koppel (pour 1M £). Ce dernier sera l’homme lige des Scandinaves durant les négociations de la délocalisation avec Milton Keynes et convaincra, par des méthodes douteuses (absence de comptes, notamment), la commission désignée par la FA que Wimbledon FC n’était plus viable et ne pouvait être « sauvé » financièrement et sportivement que par cette transplantation (voir introduction et footnote [1] première partie)

Sam Hammam ira mettre le feu à Cardiff City quelques mois plus tard (qu’il rachètera pour 11,5M £, voir notre dossier sur Cardiff, actuel leader de D2).

1 mai 2000. Wimbledon perd 3-0 contre Bradford City et tombe dans la zone rouge. Plus que deux matchs pour sauver sa peau.

Olsen est viré, à la satisfaction générale. Vinnie Jones (qui a quitté le club en 1998 mais ramène toujours sa fraise) déclare, toujours aussi poétiquement : « Ce que je regrette au sujet de son départ, c’est de n’avoir jamais pu lui foutre mon poing sur la gueule. »

Terry Burton assure l’intérim.

Mai 2000. Wimbledon finit 18è de Premier League et est relégué en D2, après 14 ans de rêve parmi l’élite. Affluence moyenne sur cette dernière saison : 17 156. Preuve s’il en est que le club est bien viable.

Le tourbillon de folie déclenché vingt-trois ans plus tôt s’arrête net.

Les joueurs les plus cotés sont vendus (notamment Carl Cort et Ben Thatcher – le joueur préféré d’Egil Olsen ! -, respectivement 7M et 5M). La D2 n’intéresse pas les propriétaires norvégiens qui souhaitent se débarrasser du club le plus vite possible.

Août 2000. Milton Keynes fait des propositions concrètes à Wimbledon pour une délocalisation (après avoir approché nombre de clubs en difficulté de la région londonnienne, dont QPR, Luton Town, Crystal Palace et même le petit Barnet !).

Printemps 2001. Le mythique stade de Plough Lane est démoli. Il deviendra une résidence (la Reynolds Gate) dont les six bâtiments portent les noms d’illustres Dons :

–  Dave Bassett (le légendaire manager du début des Eighties qui propulsa ce minot de la D4 à la D1, en 4 saisons)

–  Allen Batsford (le manager qui les fit monter en Football League, 1977)

–  Alan Cork et Lawrie Sanchez (légendaires Dons)

–  Stanley Reed (président du club durant l’ère dorée, de 1983 à 2000)

–  Harry Stannard (ex Wimbledon Legend, joueur d’avant et après-guerre et dirigeant, au club de 1935 à 2000 !).

Sous les immeubles, sont enterrées des time capsules bourrés d’objets, photos et articles liés au club (condition imposée au constructeur par la Wimbledon Independent Supporters’ Association). Voir ici le contenu de l’une de ces capsules.

Début mai 2001. Wimbledon termine 8è de D2 (affluence moyenne : 7 901).

On parle de plus en plus d’une fusion entre Wimbledon et… Queens Park Rangers (club de D2 en redressement judiciaire, dettes de 10M). La Football League a donné son feu vert. Wimbledon déménagerait alors à Loftus Road, ouest londonien, antre des Rangers.

Les supporters organisent la rébellion, une fois de plus (les Rangers sont habitués, leurs anciens propriétaires faillirent fusionner leur club à deux reprises par le passé, 1967 – avec Brentford – et 1987, avec Fulham). Le projet sera abandonné deux mois plus tard car entre-temps Milton Keynes est revenu à la charge…

Juillet 2001. Wimbledon accepte l’offre de délocalisation de Milton Keynes.

2 août 2001. Tous les abonnés et membres de Wimbledon FC reçoivent une lettre du club leur annonçant leur intention de se délocaliser à Milton Keynes. Les manifestations et boycotts (boutique du club, etc.) reprennent de plus belle (ci-dessous).

16 août 2001. Milton Keynes et la Football League se rencontrent. La FL refuse catégoriquement le projet de délocalisation. MK fait appel. La Football League, endettée et sentant que cette histoire pourrait s’avérer fort coûteuse (en frais judiciaires), refile la patate chaude à la FA, elle aussi en proie à toutes sortes de problèmes (notamment l’épineux dossier du New Wembley et ses ramifications politiques).

29 janvier 2002. Une commission de la FA confirme la décision de la Football League rendue l’été précédent : rejet du projet de délocalisation. Mais les désaccords au sein  de la FA sont palpables et le débat fait rage.

S’ensuit une guéguerre entre FA et FL. Koppel et Milton Keynes profitent de ces querelles pour s’engouffrer dans la brèche et faire le forcing. La FL demande à la FA de désigner un autre panel pour statuer définitivement.

10 février 2002. Le Dons Trust est créé par les supporters de Wimbledon FC lors d’un rassemblement au théâtre de la ville. Son but : empêcher la délocalisation et donner une voix aux supporters (mouvement né au début des années 90 puis « officialisé » avec la création de Supporters’ Direct par le gouvernement travailliste en janvier 2000 ; le SD aidera beaucoup le Dons Trust).

Aujourd’hui, le Trust possède 77 % du club et gère l’AFC Wimbledon, qui naîtra trois mois plus tard. Le board, 9 personnes, est élu par les membres. Des réunions entre supporters et dirigeants sont organisées régulièrement. La cotisation annuelle est de 25 £ (adultes), 10 £ pour étudiants, retraités et sans emploi. Le Trust compte environ 2 500 membres.

Mai 2002. Wimbledon termine 9è de D2.

28.05.2002. Le panel indépendant de trois hommes commissionné par la Football Association autorise par deux voix contre une la délocalisation de Wimbledon FC à Milton Keynes (voir introduction).

30 mai 2002. Kris Stewart, Marc Jones et Trevor Williams, à la tête du WISA, créent l’AFC Wimbledon, soutenu financièrement par le millier de membres du Dons Trust et de nombreuses personnalités (locales et londoniennes, la WISA et le Trust sont bien réseautés, le coin est affluent – aisé).

Symboliquement, AFC ne signifie pas Association Football Club comme partout ailleurs (sauf AFC Liverpool) mais A Fans’ Club. Le club devient l’un des tous premiers fan-owned clubs du pays.

29 juin 2002. Des essais sont organisés à Wimbledon Common pour monter une équipe. Environ 250 joueurs se présentent aux sélections.

Août 2002. La FA fait démarrer l’AFC Wimbledon en D9. Le club, qui élit domicile au stade de Kingsmeadow à Kingston-upon-Thames (4 850 places, 10 kms de Wimbledon, aujourd’hui Cherry Red Records Stadium) table sur une moyenne de 1 000 supporters dans son budget prévisionnel. Il triplera ce chiffre pour sa première saison de non-league !

De manière incroyable, l’AFC attire plus de monde en D9 que Wimbledon FC en D2 ! L’AFC enregistre 4 262 spectateurs pour son premier match de championnat.

L’AFC Wimbledon (D9) et le Wimbledon FC (D2) disputeront deux saisons en parallèle (2002 à 2004). Lors de la première, l’AFC fera 3 003 spectateurs de moyenne contre 2 786 à Wimbledon FC (à Selhurst Park).

Février 2003-Décembre 2004. L’AFC Wimbledon aligne la plus longue série d’invincibilité du football anglais : 78 matchs.

Mai 2003. Wimbledon FC termine 10è de D2. Un mois plus tard, le club est placé en redressement judiciaire.

Septembre 2003. Wimbledon FC déménage au National Hockey Stadium de Milton Keynes (9 000 places). Seuls environ 200 supporters de Wimbledon se rendront régulièrement à MK. Les matchs à l’extérieur sont un désastre : parfois seulement 15 supps de Wimbledon font le déplacement ! (chiffre totalement inouï en Angleterre où le moindre club de Football League est suivi hors de ses bases par des centaines de supporters, au minimum).

Mai 2004. Wimbledon FC finit 24è et bon dernier de D2, direction la D3. Visiblement l’expérimentation-greffe n’a pas pris car l’affluence moyenne n’est que de 4 750 spectateurs, loin des prévisions de Peter Winkelman.

Juin 2004. Wimbledon FC est rebaptisé Milton Keynes Dons. Le suffixe Dons pose évidemment problème et une campagne « Drop the Dons » est lancée.

Intersaison 2004-05. Immédiatement surnommé le Franchise FC (parfois aussi le McDons), Milton Keynes Dons, officiellement « continuation légale » du Wimbledon FC, s’approprie l’histoire de Wimbledon FC en faisant venir les trophées du club, y compris son plus beau joyau : la FA Cup 1988. Les supporters de l’AFC protestent.

A peine créé, Milton Keynes Dons est considéré comme « illégitime » et devient le club le plus détesté du pays. La puissante Football Supporters’ Federation (FSF, 200 000 membres) interdit sa membership aux supps du club tant que MK Dons « gardera » l’histoire (trophées et autres) de son créateur, le Wimbledon FC.

Le magazine When Saturday Comes, dans un acte symbolique de non reconnaissance de ce nouveau club, refuse tout contact avec les imposteurs Dons qui démarrent leur maudite existence en D3.

Juin 2005. La solidarité entre supporter-owned clubs s’exprime concrètement : l’AFC Wimbledon aide le FC United of Manchester à se créer (aujourd’hui club semi-pro de D7 en pleine phase d’expansion, nouveau stade de 5 000 places, etc.).

L’Angleterre compte à ce jour sept clubs professionnels et une dizaine de semi-pros dirigés (partiellement ou non) par les supporters. Le petit dernier à rejoindre cette heureuse famille est Portsmouth FC, il y a dix jours (deal cependant à finaliser).

Août 2007. MK Dons, descendu en D4, cède à la pression (notamment de la FSF et de WISA) et le 2 août, au terme d’une longue et féroce bataille judiciaire de trois ans entre les diverses parties, les dirigeants « rendent » l’histoire de Wimbledon FC à l’AFC.

Lors d’une cérémonie émouvante, 18 caisses pleines de coupes, trophées, médailles, objets, documents, photos, programmes de match, etc. sont remises à l’AFC Wimbledon par Peter Winkelman (cette vaste collection trône désormais dans des vitrines de la bibliothèque de Morden, arrondissement de Merton-Wimbledon. Lors de l’inauguration, le 14 juin 2011, le Borough Council de Merton présentera ses excuses au club pour n’avoir « pas tout fait pour retenir le club à Wimbledon dans les années 1990. »).

Paul Ince (ex Man United, Inter Milan et Liverpool) est nommé manager. Il restera en poste une saison.

Un autre célèbre ex Red sera recruté par le club trois ans plus tard : Didi Hamann (en tant que joueur-coach – entraîneur au sein du club).

Novembre 2007. MK Dons déménage au Stadium mk, 22 000 places (bientôt 32 000, apparemment).

Mai 2008. L’AFC Wimbledon monte en D6, premier véritable échelon du football semi-pro.

Milton Keynes remonte en D3. Roberto di Matteo est nommé manager.

Mai 2009. L’AFC monte en D5 et passe professionnel.

Milton Keynes finit 3è de D3 mais rate ses play-offs. L’affluence moyenne est passée à 10 000 spectateurs. Paul Ince revient au club comme manager.

Mai 2011. L’AFC Wimbledon atteint la terre promise de la Football League : les Dons battent Luton Town en finale des play-offs à Old Trafford (aux tirs au but) et montent en D4.

Avant de s’élancer pour tirer le dernier pénalty, l’attaquant Danny Kedwell lance à ses coéquipiers : « Les gars, notre heure est arrivée »

Leurs revenus média passent instantanément de 15 000 £/an à plus de 600 000 £ (couverture de Sky et BBC).

Intersaison 2011. L’AFC Wimbledon confirme son intention de revenir jouer à Wimbledon, un site leur tend les bras : le Wimbledon Greyhound Stadium, situé à 300 mètres de feu Plough Lane (stade multi-usages, course de lévriers, stock car, speedway, concerts, etc.). Ce stade est actuellement en vente et intéresse fortement l’AFC. Le projet serait gigantesque : au final, un stade de 22 000 places, pour un coût avoisinant les 100M £ (détails). Décision du Conseil d’arrondissement de Merton dans environ un an (voir « What happens next? » dans le lien ci-dessus).

Septembre 2012. Jimmy Bullard, grand turlupin du foot anglais, signe un contrat pay-as-you-play pour Milton Keynes (Ipswich refuse de continuer à financer ses séjours à l’infirmerie à hauteur de 180 000 £/mois). Bullard rejoint Alan Smith, 32 ans (ex Leeds, Manchester United et Newcastle) et Luke Chadwick, 32 ans, ex Man United (et ex Fergie Fledgling), entre autres clubs. Un mois plus tard, l’inénarrable Bullard raccroche définitivement les crampons, ici.

19 septembre 2012. Terry Brown est limogé. Brown est le manager emblématique des Dons en place depuis plus de cinq saisons et qui les fit progresser de la D7 à la D4 (son fils est gardien à l’AFC). Le bon Terry est remplacé par Neil Ardley (ci-dessous), 40 ans et ex joueur de l’ex Wimbledon FC dans les Nineties (250 matchs au compteur Dons).

Les medias parlent (évidemment) de fairytale. Ardley déclare :

« Hollywood devrait vraiment acheter les droits de l’histoire du Wimbledon FC, il n’y en a pas deux comme ca. Mais il faut penser au present et à l’avenir, je suis prêt à relever le défi. C’est mon premier poste de manager, c’est même ma toute première candidature, et j’ai la rage de vaincre. Mais ce n’est pas une candidature émotionnelle pour moi, c’est purement footballistique, rien d’autre. »

Toutefois, la réalité n’a rien de romantique pour l’ex membre du Crazy Gang : l’AFC Wimbledon se traîne en bas de classement, talonné par le Barnet d’Edgar Davids, lanterne rouge. Un peu plus haut qu’eux : le Chesterfield FC de Luis Boa Morte et l’Accrington Stanley de l’ex international anglais James Beattie. Ah ! le glamour insoupconné de la D4 anglaise…

Entre-temps, l’increvable gardien vétéran et ex international écossais Neil Sullivan (presque 43 ans), ex Don de la grande époque (1988-2000), est arrivé de Doncaster (prêté).

13 novembre 2012. Replay du first round de la FA Cup : Wimbledon sort York City (D4) 4-3 tandis que MK Dons défait Cambridge City (D7) 6-1. Le tirage avait eu lieu dix jours avant et accouché d’un extraordinaire MK Dons-AFC Wimbledon.

Les réactions sont contrastées. Du côté de Milton Keynes, on exulte, ostensiblement.

A Wimbledon, certains évoquent un possible boycott, ici et ici mais WISA décidera finalement de ne pas appeler au boycott (ici). Simon Wheeler, président de WISA, déclare (à chaud) :

« Les dirigeants de Milton Keynes sont probablement très gênés d’avoir à affronter les gens auxquels ils ont volé le club. […] Je n’assisterai pas au match, je me suis juré de ne jamais mettre les pieds là-bas et jamais je ne verserai un centime à ce club. Je regarderai probablement le match à Kingsmeadow [stade de l’AFC] où j’irai à la jardinerie du coin avec ma belle-mère.

[…]

Maintenant, les supporters de l’AFC sont grands, libre à eux de choisir. Mais pour moi, assister à ce match serait comme si quelqu’un vous piquait votre votre maison et dix ans plus tard, vous deviez payez ce type pour pouvoir aller y regarder la télé. »

Malgré cela, les billets mis à la disposition de l’AFC se vendent comme des hotcakes (il n’en restait plus que 200 hier soir, sur les 2 500 mis à la disposition de l’AFC).

Outre Luke Chadwick (ci-dessus, à gauche) et Alan Smith (s’il joue, photo de droite), Milton Keynes pourra compter sur :

– les milieux internationaux irlandais Stephen Gleeson et Darren Potter

– le latéral droit Jon Otsemobor

– leur solide capitaine, le latéral gauche Dean Lewington (fils de Ray, adjoint d’Hodgson à la tête des Three Lions), le seul ex Don de l’effectif (2002-04) avec le gardien David Martin

– les attaquants Dean Bowditch et Angelo Balanta (Colombien prêté par QPR)

– le jeune prêté de Chelsea Patrick Bamford (19 ans, U19 anglais) qui vient à peine d’arriver mais a déjà impressionné contre Colchester il y a deux semaines (5-1)

A noter la présence du Français Mathias Kouo-Doumbé (arrière central). Milton Keynes a une réputation de passing side et ce n’est pas le leader Tranmere Rovers qui contredira : le troisième club de Liverpool s’est fait battre à domicile 1-0 par un MK Dons intenable il y a deux semaines

Côté Dons, signalons :

– Yado Mambo, arrière central prêté par Charlton

– Will Antwi, arrière central, ex international ghanéen (il n’est cependant plus ce qu’il fut)

– Steven Gregory, milieu classieux prêté par Bournemouth

– Rashid Yussuff, milieu au beau pied gauche

– Jack Midson, meilleur buteur du club l’an dernier (20 buts)

– Luke Moore, milieu offensif / avant-centre, pièce maîtresse de l’effectif

– Byron Harrison, attaquant athlétique, 8 buts  en championnat cette saison

Milton Keynes est actuellement 2è de D3 après 19 journées (sur 46) tandis que l’AFC Wimbledon occupe la 22è place de D4 (sur 24 – 3 831 spectateurs de moyenne cette saison, soit la 13è affluence de D4).

Les faux Dons sont largement favoris mais qui sait, si l’esprit Crazy Gang hante les lieux, tout est possible.

(le match sera diffusé sur ITV dimanche à partir de 12 h 05 ainsi sur leur site internet. Coup d’envoi à 12 h 30).

Kevin Quigagne.

(Teenage Kicks, le blog du foot anglais, sur Facebook et Twitter).

Dimanche 2 décembre à 12 h 30, à l’occasion du deuxième tour de FA Cup, l’AFC Wimbledon (D4) affrontera sa nemesis, son usurpateur d’identité, Milton Keynes Dons (D3). Une rencontre que toute l’Angleterre du football attend sabre aux dents depuis dix ans.

La lecture de l’introduction est fortement recommandée.

[Cliquer sur les photos fait tout chose parfois]

Début années 80.

Si les Dons aiment muscler les matchs, ils affectionnent aussi les entraînements à la fois (très) rugueux et décalés.

Dave ‘Harry’ Bassett ordonne par exemple à ses joueurs de courir les bras en l’air puis d’hurler « Power » en sautant (ce rituel bizarre deviendra une célébration de but) et il encourage activement le jeu dur (notamment lors d’un exercice assez violent intitulé mystérieusement « Harry Ball »). Leur style de foot se transforme en un sport de collision, en une sorte de soule contemporaine, et il n’est pas rare que certaines séances de ce Harry Ball se terminent avec du sérieux grabuge (chevilles esquintées, épaules demises, etc. – on comptera même des cotes cassées).

Et inutile de compter sur les petits nouveaux pour zénifier l’ambiance. Le milieu Dennis Wise arrive de Southampton fin mars 1985 (à 18 ans) après s’être brouillé avec le manager des Saints.

Un an plus tard (mars 1986), débarque une autre forte tête : l’attaquant John Fashanu, 23 ans (Fash the Bash – Fash le Cogneur), acheté à Millwall pour 125 000 £.

Se pointe même… Ian Holloway, 22 ans (pour 35 000 £ et une pige express).

Mai 1986. Le miracle se produit, Wimbledon FC finit 3è de D2 et accède à la D1 ! Leur ascension a été fulgurante : les Dons étaient encore amateurs en 1977 et en D4 en 1983 !

A l’intersaison, le club recrute un parfait inconnu, un joueur amateur du coin manoeuvre de chantier la semaine à 60 £ / hebdo et footeux à ses heures perdues : un certain Vincent Peter Jones, 21 ans. Vinnie Jones arrive de Wealdstone (D9) pour seulement 10 000 £.

Mai 1987. Pour leur toute première saison de D1, les Dons finissent à une superbe 6è place. Derrière eux, du beau linge : Nottingham Forest (8è), Manchester United (11è), Chelsea (14è), Newcastle (17è), Manchester City (21è) et Aston Villa, 22è (tous deux relégués). Les Dons ont collectionné les scalps prestigieux, dont une victoire 2-1 à Liverpool le 28 mars.

Anecdote toute Wimbledonnienne à l’occasion de cette première visite des Dons à Anfield… En descendant les marches sacrées du tunnel, alors que les Reds touchent le This is Anfield de la main, l’impayable Vinnie Jones préfère coller une feuille de papier sur le légendaire panneau. Dessus, le hard man a écrit : « On s’en tape ».

Juin 1987. Dave Bassett quitte le club pour Watford (D1), autre minot inconditionnel du kick and rush (sous le légendaire Graham Taylor, avec Elton John aux commandes) qui a récemment gravi tous les echelons de la Football League en hyper accéléré (D4 a D1 en quatre ans, 1978-1982). Le nouveau manager des Dons est Bobby Gould.

13 mai 1988, veille de la finale de FA Cup. Les Dons viennent de finir 7è de D1 et s’apprêtent à vivre l’évènement le plus important de leur histoire centenaire : la finale de FA Cup contre le quasi invincible Liverpool. Comme il sied tant aux Dons, la préparation sera des plus rock and roll.

Le manager veut faire les choses très professionnellement et isole le groupe dans un hotel chic de Wimbledon (le Cannizaro’s) pour une préparation calme et sereine. Mais la cure de repos va vite tourner à la mise aux verres : les joueurs passent la veille du match à se pinter au Fox & Grapes, le pub local qui servit autrefois de vestiaire à Wimbledon FC à sa création en 1889.

Et ce avec la bénédiction forcée de Bobby Gould, qui après avoir vainement tenté de retenir ses ouailles dans l’hôtel, jette l’éponge et donne lui-même de l’argent aux plus fauchés du groupe pour qu’ils aillent rejoindre la bande à Vinnie au comptoir…

Une soirée qui s’achève sur un sérieux incident entre John Fashanu et un reporter de feu le torchon dominical News of the World (le torchonneux lui avait posé des questions sur ses supposées infidélités ; Fash s’était emporté et, de rage, avait fracassé une porte. Son poing morfla mais il disputa tout de même la finale).

14 mai 1988, Wembley, finale de FA Cup. En déjeunant, les Dons voient Alan Hansen (joueur-cadre des Reds) declarer à la télé, goguenard :

« A Wembley aujourd’hui, il n’y a que des supporters de Liverpool ! Le stade est plein de Reds ! »

Les chants des supps Reds chambrent aussi les Dons, sur le thème des Wombles, leur surnom tiré d’un célèbrissime personnage pour enfants, une sorte de taupe bisounours écolo qui vit dans Wimbledon Common… (clip du tube – numéro 1 des Charts dans les Seventies – et ouais, y’avait pas que les Clash qui cartonnaient à l’époque).

Il n’en faut pas plus pour remonter le Crazy Gang comme des coucous enragés.

Deux heures avant la finale, les Dons commencent leur séance d’intimidation : ils cognent sur les murs du vestiaire des Reds en hurlant insultes et menaces.

Rebelote dans le tunnel de Wembley où ils entonnent leur bizarres chants guerriers, ponctués d’un mystérieux cri hyèneux (« Yiiiiiiiiidaho »). Vinnie Jones va même voir Kenny Dalglish et lui lâche : « Toi, je vais t’arracher une oreille et après je cracherai dans le trou. »

Victoire 1-0 des Dons (voir article TK et clips immanquables), une prouesse considérée comme l’une des plus grosses surprises en finale de la compétition.

Malgré la gloire, l’imprévisible Sam Hammam vit ce triomphe comme un aboutissement et met toute l’équipe en vente ! Dave Beasant, un historique du club (depuis 1979), part pour Newcastle.

1988-1992. Sous la houlette de Bobby Gould (jusqu’en 1990) puis Ray Harford (1992), le club finit 12è, 8è, 7è et 13è de D1. Les affluences moyennes tournent autour de 8 000 spectateurs et ce malgré les prix parmi les plus élevés de D1 (entre 7 et 14 £ – quand un billet dans le Kop d’Anfield ne coûte que 4 £ maximum).

Les joueurs clés de cette période (outre les déjà cités) sont John Scales (futur Red), le milieu Robbie Earle et les attaquants Alan Cork et Dean Holdsworth (à partir de 1992 pour ce dernier).

1991. Hammam déclare vouloir fusionner avec Crystal Palace pour créer « le superclub du sud londonien » et annonce la construction d’un grand stade sur Wimbledon. Les supporters protestent et les médias s’en mêlent. Tous sont unanimes pour condamner cet énième projet insensé. Hammam jette finalement l’éponge.

D’aucuns pensent que ce mariage de convenance n’avait qu’un but strictement financier : Hammam possède des terrains (et parkings) tout autour de Plough Lane et un merger aurait considérablement fait monter la cote du club, surtout à l’orée de cette Premier League qui attisent tant les convoitises.

1991-92. Avec la Premier League qui se profile et le début de la course aux armements, le club connaît de graves problèmes financiers. Les rapports entre Sam Hammam et le Conseil d’arrondissement de Merton (Wimbledon) sont difficiles et le Libanais cherche une solution pour se passer d’eux…

Parallèlement, la ville nouvelle de Milton Keynes (alors ambitieuse cité de 150 000 habitants) continue à rechercher désespérément un club professionnel.

MK, c’est aussi un troupeau de vaches en béton disséminées à travers la ville, triste symbole de cette cité quadrillée à l’américaine et alors seule agglomération européenne de taille sans club de football pro. MK a pigé qu’il serait infiniment plus facile de s’approprier un nid bien douillet plutôt que d’essayer de métamorphoser son piteux club de D8 en machine conquérante bâtie pour affronter les exigences de la Football League.

Eté 1991. Wimbledon quitte le mythique Plough Lane, un stade totalement déglingué que Sam Hammam décrète inadaptable aux nouvelles normes all-seater (rapport Taylor consécutif à la tragédie de Hillsborough).

Pas de superclub avec Crystal Palace mais un partage de stade avec les Eagles ; Wimbledon FC évoluera donc à Selhurst Park dès août 91, sans toutefois abandonner l’ambition de se trouver un chez-soi, ce qui engendrera des années de conflit entre Sam Hammam et le Conseil d’arrondissement. Plough Lane continuera à être utilisé par la réserve Don.

1992. Joe Kinnear est nommé manager. Il fera de l’excellent boulot et restera à Wimbledon jusqu’en mai 1999.

1994. Sam Hammam revend Plough Lane à feu Safeway (supermarchés) pour 4M £. Certains observateurs notent le côté louche de la manoeuvre et l’extrême complaisance du Conseil d’arrondissement concernant la mystérieuse altération des statuts du stade. Envolées donc les covenants, restrictions majeures qui stipulaient que le site, si vendu, ne pourrait servir qu’à la pratique du sport ou d’autres loisirs.

1995. Formation du WISA, la Wimbledon Independent Supporters’ Association, un groupe militant qui éclipsera le Wimbledon FC Official Supporters Club, jugé trop mou pour mener à bien les rudes luttes à venir. WISA deviendra très actif par la suite, notamment dans la création du Dons Trust début 2002, groupe d’un millier de supporters-membres qui fondera l’AFC Wimbledon six mois plus tard.

Côté terrain, les Dons alignent les excellentes saisons en D1 : 9è en 1995, 14è en 1996 et 8è en 1997 (auxquels s’ajoutent  deux demi-finales de coupe en 1997, FA Cup et League Cup).

1996-1997. Plusieurs Conseils d’arrondissement du sud de Londres refusent d’accorder un permis de construire au projet de nouveau stade du Wimbledon FC (on refuse également à Sam Hammam l’implantation de divers business, dont une usine).

Hors de lui, le Libanais met le paquet pour délocaliser Wimbledon qui se voit envoyer aux quatre coins du Royaume et au-delà : Manchester, Gatwick (!), Cardiff, l’Ecosse, la côte Sud et surtout Dublin, destination fortement convoitée. Malgré le feu vert de la Premier League (la FA ne tranche pas) et le fort intérêt suscité à Dublin notamment auprès de la population locale et de personnalités (dont Paul McGuinness, manager de U2), sevrées de football de haut niveau, la fédé irlandaise refuse cette énième excentricité Dons (un Niet approuvé, après coup, par l’UEFA et la Fifa).

C’est à cette époque que Sam Hamman vend 80 % de Wimbledon à deux richissimes pigeons norvégiens de passage (alors parmi les plus grosses fortunes d’Europe) attirés par cette Premier League si aguichante (ils viennent d’échouer dans leur tentative de racheter Leeds United). Hammam leur fait superbement l’article et les assure qu’ils n’auront aucun mal à délocaliser. Les deux gogos mordent à l’hameçon et s’imaginent acheter une franchise à l’américaine.

Tout en restant au board, Hammam réalise une incroyable plus-value :  Wimbledon est officiellement vendu pour 30M de £ [1], soit une invraisemblable culbute de x 750 ! (en 16 ans, et peu d’investissements).

Janvier 1999. Wimbledon frappe un grand coup sur le marché des transferts : le Gallois John Hartson est acheté à West Ham pour 7,5M £, record du club.

Mars 1999. Joe Kinnear, manager, est foudroyé par une crise cardiaque (non fatale) juste avant un match contre Sheffield Wednesday à Hillsborough et se retire temporairement du football. Les Dons sont sous le choc et dégringolent de la sixième à la seizième place en deux mois, leur classement en fin de saison. Cela sent le purgatoire de D2 pour eux et Hammam tempête :

« Si l’on doit descendre, on laissera une trainée de sang d’ici à Tombouctou. »

Eté 1999. Hammam se brouille avec les deux zillionnaires Norvégiens et quitte le club. Enfin, plus ou moins, car tout comme Vinnie Jones (qui vient de raccrocher les crampons après une saison à QPR), il n’est jamais bien loin (il possède encore des actions, qu’il vendra neuf mois plus tard).

Juillet 1999. Un nouveau manager arrive et il détonne sérieusement : il s’agit du marxiste-léniniste norvégien Egil Olsen (ci-contre). Le cérébral Egil, réputé man-motivator hors pair (à la Brian Clough), commettra l’erreur fatale de se pointer aux premiers entraînements Dons… en Wellingtons vertes, déclenchant l’hilarité générale. Enfin, pas longtemps, car le Crazy Gang lui brûlera ses deux paires. Il continuera à les porter en arpentant la ligne de touche pendant certains matchs, ce qui ne manquera pas de faire pouffer.

Le mariage entre ce petit club moribond et celui qui a hissé la Norvège dans le Top 10 du classement Fifa dans les Nineties interloque (4è en 1993 et 7è en 1999, deux phases finales de Coupe du monde. Entre 1993 et 1996, la Norvège n’encaissa qu’un seul but en open play ! Olsen tentera d’adopter ce système à Wimbledon, sans grande réussite).

Les experts rassurent, en soulignant la filiation naturelle entre le Wimbledon de Harry Bassett et la philosophie kick and rush d’Olsen depuis les Seventies (basée sur une défense de zone, des contre-attaques éclairs, un targetman géant et des ailiers supersoniques). Les non experts, eux, ne s’embarrassent pas de ces considérations tactiques et se lêchent les babines à l’idée de voir Olsen se faire bizuter par le Crazy Gang.

Car les énergumènes du CG n’ont que faire de l’éblouissante carte de visite de ce maître-tacticien et le premier entraînement est surtout mémorable pour la sauvagerie de l’accueil réservé à l’intello Scandinave : les joueurs lui…

A suivre.

Kevin Quigagne.

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[1] Selon le WISA, l’un des rares à avoir eu accés aux comptes du club au moment du redressement judiciaire en 2003, cette somme de 30M £ souvent avancée dans les médias serait exagérée, sans que l’on connaisse le montant de la vente – comptes opaques.

Dimanche prochain, à l’occasion du deuxième tour de FA Cup, l’AFC Wimbledon (D4) affrontera sa nemesis, son usurpateur d’identité, Milton Keynes Dons (D3). Une rencontre que toute l’Angleterre du football attend sabre aux dents depuis dix ans.

Le 28 mai 2002 compte parmi les grandes dates séminales du football mondial : une commission désignée par la Football Association autorise la délocalisation de Wimbledon FC à 100 kms de ses bases. Ce panel de trois hommes [1] conclut ses quatre jours de délibération par cette glaciale formule restée funestement célèbre :

« Recréer Wimbledon FC sous l’appellation, par exemple, de Wimbledon Town […], n’est pas dans l’intérêt supérieur du football »

Un déracinement sauvage en forme de vol de club qui balafre le football britannique depuis lors.

Le 21 juin 2004, Wimbledon FC, auteur de l’un des plus beaux contes de fée de l’histoire du football durant la longue ère Crazy Gang (1978-2000), disparaît dans l’indifférence (presque) générale et devient officiellement Milton Keynes Dons FC (ici). Milton Keynes, agglomération nouvelle située à 75 kms au nord-ouest de Londres sans club professionnel et surtout sans scrupules, lui a en effet volé son club. Depuis, Milton Keynes est le club le plus détesté du pays. De loin.

Entre-temps, en juillet 2002, sur les cendres de Wimbledon FC, un phénix avait resurgi : l’AFC Wimbledon (AFC = A Fans’ Club).

Dimanche 2 décembre à 12 h 30, pour le compte du second round de la FA Cup (tour préliminaire aux 32è qui verront début janvier l’entrée des D1 et D2), les deux protagonistes de cette extraordinaire fresque croiseront le fer pour la première fois. Exceptionnellement, cette rencontre sera diffusée sur ITV, la chaîne anglaise la plus regardée.

Le plus simple pour appréhender ce long dossier complexe qui ferait passer le barnum UMP pour une partie de 1000 Bornes entre scouts était d’en faire une frise chronologique verticale. En route donc pour une extraordinaire épopée qui défrise sacrément plus que la Cocoe. [2]

[Cliquer sur les photos procure parfois des sensations]

La frise historique qui défrise…

1889. Création de Wimbledon (d’abord Wimbledon Old Centrals) dans un pub local, le Fox & Grapes. Le club dispute ses matchs sur Wimbledon Common, immense poumon vert de 460 hectares.

Ces deux lieux deviendront intimement liés à l’histoire du club et verront notamment la naissance de l’AFC Wimbledon en juillet 2002 (les statuts du nouveau club seront rédigés au pub et les sélections de joueurs faites sur les terrains de foot du Common – common = terrain communal, souvent un parc municipal).

1912. Wimbledon FC déménage pour le stade de Plough Lane et restera amateur jusqu’au milieu des Sixties (ci-dessous en 1919).

Années 1930. Bien qu’amateur, le club attire régulièrement 10 000 spectateurs à Plough Lane (avec des pointes à 18 000 pour feu la FA Amateur Cup).

1940-41. Plough Lane est partiellement détruit par le Blitz. Le stade ne redeviendra opérationnel qu’en 1950. Rafistolé avec les moyens du bord, hormis la reconstruction d’une tribune et la rénovation d’une autre, il demeurera peu ou prou dans son jus jusqu’à son dernier souffle, en 2001.

1963. Wimbledon remporte la FA Amateur Cup à Wembley, grâce à un quadruplé d’anthologie de leur attaquant nord-irlandais Eddie Reynolds : 4 coups de boule. La résidence construite sur les gravats du mythique Plough Lane porte aujourd’hui son nom, ici.

La FA Amateur Cup, dont la finale attira régulièrement 100 000 personnes à Wembley dans les années 50, sera remplacée par le FA Vase en 1974 (disputé par les clubs de D9 et au-delà, tous amateurs ; les clubs de D5 à D8 – professionnels, en D5, ou semi-pros – disputant eux le FA Trophy).

Eté 1964. Wimbledon passe semi-pro en accédant au championnat de Southern League (D5, alors organisée en poules régionales) et se constitue en limited company. Les choses à moitié sérieuses commencent.

Janvier 1975. Wimbledon devient le premier club de non-league à sortir une D1 à l’extérieur en FA Cup (Burnley, 1-0, 32è). Ce fait d’armes est souvent considéré comme le deuxième plus grand exploit de Dame FA Cup [3].

Au tour suivant, à Elland Road, Wimbledon fera match nul (0-0) contre le grand Leeds de Billy Bremner et Johnny Giles (les Dons s’inclineront 1-0 lors du replay à Selhurst Park, l’antre de Crystal Palace, devant 45 000 spectateurs – Plough Lane était inondé).

1975-1976. On parle de George Best (comme entraîneur-joueur) à la tête d’un consortium désireux de reprendre Wimbledon mais c’est finalement l’homme d’affaires Ron Noades (ci-contre) qui rachète le club en 1976 pour le prix d’un break Morris : 2 782 £ (Noades deviendra un personnage très controversé du football anglais [4], voir notamment notre dossier sur Tomas Brolin, que Noades fit venir à Crystal Palace début 1998, ici).

Mai 1977. Wimbledon FC accède en Football League (premier échelon, D4). Graduellement, tous les joueurs passeront alors professionnels au cours de la saison (certains semi-pros ne touchaient que 15 £ / semaine).

1978. La légende du Crazy Gang naît, officieusement tout du moins (le terme sera inventé en mars 1985 par Tony Stenson, journaliste au Daily Mirror).

Bien que la création du plus célèbre et génial groupe de déjantés du foot britannique (mondial ?) soit généralement attribuée à Wally Downes (aujourd’hui dirigeant à West Ham), rendons à César ce qui lui appartient : c’est à l’obscur ailier Steve Parsons que reviendrait l’honneur d’avoir démarré cette expérimentation guignolo-footeuse digne des Charlots en crampons (ci-dessous, le Crazy Gang fête dignement le testimonial de l’attaquant Alan Cork – 1978-1992, 430 matchs, 145 buts).

le Crazy Gang fête le testimonial d'Alan Cork (1978-1993) à sa manière

Un vrai bon taré comme on en fait plus ce Parsons. Lors d’une fête organisée par Dave Beasant (qui deviendra le gardien emblématique des Dons, 1979-1988), on retrouve l’énergumène à cheval sur une fenêtre du grenier tentant de reprendre de la tête des pots de terre qu’il lance en l’air…

Wally Downes, formé au club et lancé dans le grand bain du foot pro en 1979 (à 18 ans), poursuit brillamment l’oeuvre de Parsons. A peine arrivé chez les grands, lors d’une sortie en bateau, il suspend le kiné du club par dessus bord le plus longtemps possible et chronomètre combien de temps il peut tenir la tête sous l’eau.

Peu après, il bizute un nouveau chauffeur de bus (chauve) en claquant sur sa calotte un poisson chaudement sorti d’un emballage fish & chips alors que le véhicule roulait à 90 kms/h (choqué, le chauffeur refusera ensuite de travailler avec les Dons).

Un bus qui en voit des vertes et des pas mûres. Il arrive aux joueurs de montrer leurs fesses aux automobilistes ou de surfer à poil sur le toit du véhicule (un sketch signalé par un citoyen horrifié et dûment rapporté à une radio nationale qui mentionne l’incident dans un bulletin – selon Ron Noades en tous cas). Ah, si seulement les insurgés de Knysna avaient pu s’inspirer du Crazy Gang !

L’esprit et les frasques du Crazy Gang perdureront plus de deux décennies, la hiérarchie du club laissant faire : elle pensait (à juste titre) que ce foutoir tous azimuts soudait le groupe.

Le Norvégien Egil Olsen sera le dernier manager (1999-fin avril 2000) à souffrir aux mains des Vinnie Jones (parti mais toujours dans les parages !), Ben Thatcher, Carl Cort, Gareth Ainsworth et autre John Hartson (cf juillet 1999, dans un prochain épisode).

Janvier 1978. Le jeune manager Dario Gradi (36 ans) est nommé à la tête des Dons, c’est son premier poste. Il deviendra quelques années plus tard un veritable gourou de la formation à Crewe Alexandra (D2 à D4), une sorte de Guy Roux de Football League (28 ans à la tête des Railwaymen de Crewe, voir notre dossier sur Man United – Fergie est un admirateur – milieu d’article).

Ron Noades profite de l’engouement et le savoir-faire de Gradi pour mettre en place un programme structuré de youth development sur lequel le club devra compter pour progresser, les caisses étant vides.

1979. Noades, en conflit avec le Merton Borough Council qu’il considère anti football (conseil d’arrondissement dont dépend Wimbledon), cherche à établir Wimbledon… à Milton Keynes (déjà !). Il rachète le club amateur de MK City pour 1 £ et y place trois dirigeants de Wimbledon FC en espérant en tirer un bénéfice quelconque à moyen terme.

1980. Le Crazy Gang grandit bien : certains joueurs font venir leur petite amie au stade pour copuler directement sur le bureau de Ron Noades !

Les bizutages sont gratinés et fumeux. Une pratique routinière consiste à mettre le feu au sac du petit nouveau en le faisant danser autour, à poil évidemment. Et dans le vestiaire ! Fatalement un jour l’inévitable se produit : le vestiaire prend feu et les pompiers doivent intervenir. Mais au nom de la cohésion et « l’harmonie » de groupe, tout passe.

1980. Noades cherche à vendre Wimbledon FC… à un autre club. QPR se montre interessé (pour l’utiliser comme pépinière) mais n’offre que 15 000 £, insuffisant.

Début 1981. Noades vend finalement Wimbledon à l’homme d’affaires libanais Sam Hammam (déja dirigeant au club), pour 40 000 £ (le chiffre de 100 000 £ circule aussi). Hammam se passionnant pour le tennis, il s’était installé à Wimbledon à son arrivée en Angleterre en 1975 (sa femme étant enceinte, il fuyait un Liban où la guerre civile venait d’éclater). Et si ce coin ne porte pas le foot dans son ADN, en revanche, il sent bon l’oseille, ce qui n’est pas pour lui déplaire.

Noades rachète Crystal Palace (et se débarrasse de Milton Keynes City dans la foulée, mais la perfide graine Milton Keynes est plantée). Plus tard, Noades et Hammam tenteront l’impensable : réaliser une triple fusion entre Wimbledon, Crystal Palace et Charlton ! (la fraternité supporters fera capoter ce projet totalement insensé).

Sam Hammam, grand déjanté du football anglais devant l’éternel (ci-dessus avant un match à Selhurst Park), fait plus qu’épouser la philosophie punk du Crazy Gang. Le proprio-président à la touche qui détonne (il arpente souvent le bord du terrain portant moumoute en poil de chameau et écharpes improbables) encourage activement les joueurs à la zizanie. Mieux, il met fréquemment la main à la pâte. Petit apercu de ses déviances ribéro-aulassiennes :

– il verse lui-même du sel dans les sucriers des équipes visiteuses

– il force les joueurs à manger toute sorte d’horreur après une défaite (dont des testicules d’animaux, crus de préférence – toujours mieux que la bouffe anglaise diront certains)

– il aime provoquer (et insulter) les supporters adverses devant la tribune extérieure

– il met le chauffage à fond dans les vestiaires visiteurs et bidouillent les wc, encourageant parfois ses propres joueurs à laisser leur petit souvenir dans la cuvette (wc dont la chasse d’eau ne fonctionne évidemment pas)

– il concocte des contrats impossiblement excentriques ou tyranniques (en 1987, dans celui du manager Bobby Gould, il insérera par exemple une clause lui permettant de changer l’équipe jusqu’à 45 minutes du coup d’envoi)

– en déplacement, il lui arrive de gribouiller des graffitis obscènes dans les vestiaires

A son arrivée, Hammam limoge Dario Gradi (qui rejoint Noades à Crystal Palace) et nomme Dave ‘Harry’ Bassett (36 ans), qui deviendra le grand artisan de l’extraordinaire ascension du club jusqu’en D1.

Début années 80. Le club continue brillamment son apprentissage de la Football League. Dave Bassett acquiert des joueurs clés pour une bouchée de pain, dont Nigel Winterburn (futur Gunner) en 1983 et Lawrie Sanchez en 1984 (respectivement pour 15 000 et 30 000 £). De quoi donner le vertige au gardien Dave Beasant, acheté lui pour… 100 £ ! (en 1979)

Le style du crazy gang s’inscrit dans la plus pure tradition kick and rush (surtout niveau kick), brutalité sauvage et intimidation en plus. Le club explose les records de cartons et est régulièrement sanctionné par la FA. Certaines saisons, les deux tiers des buts Dons proviennent de coups de pied arrêtés.

Dans Inverting the Pyramid, l’écrivain du football Jonathan Wilson décrit le football pratiqué par Wimbledon à cette époque comme « nihiliste » ; d’autres observateurs parlent d’une « race de non-football inédite ». Toutefois, pendant que les puristes s’étranglent, Wimbledon avance, à pas de géant. Visiblement, la théorie du chaos fonctionne à merveille : en deux saisons les Dons grimpent de la D4 à la D2 ! (atteinte en 1984).

Les entraînements sont à l’avenant, à la fois (très) rugueux et décalés. Dave ‘Harry’ Bassett ordonne par exemple aux joueurs de…

A suivre.

Kevin Quigagne.

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[1] Il s’agissait de Raj Parker, avocat d’affaires ; Steve Stride, alors dirigeant à Aston Villa ; et Alan Turvey, président de la Ryman League – championnats de D7 et D8, le seul qui vota contre la délocalisation.

[2] Quatre documents utiles pour mieux comprendre ce dossier :

clip : The rise and fall of Wimbledon FC

– clip : The birth of AFC Wimbledon

–  cet article Teenage Kicks

–  cet article paru en octobre 2011 sur l’excellent site Moustache FC

[3] Le plus grand giant-killing de l’histoire de la FA Cup étant l’élimination de Newcastle par Hereford (D5) en février 1972 – 16è de finales – et le mythique but de Ronnie Radford, une mine de 35 mètres dans la lucarne gauche des Mags, à voir absolument, clip (ne serait-ce que pour l’état du terrain et la réaction du public).

[4] Ce promoteur immobilier empocha 17M £ en vendant Crystal Palace en 1998 et se spécialisa dans « l’achat-vente » de stades, dans des conditions souvent opaques et très controversées. En 1998, il s’auto-nomma même manager de Brentford – D3 – avant de menacer de vendre le stade des Bees et de déménager le club à 30 kms de là. Un Supporters’ trust dut se constituer pour lui racheter le club.

Matchbox vintage – Angleterre 1 – 3 Pays-Bas (15 juin 1988)

La semaine dernière, la Suède a zlatané* l’Angleterre, le premier quadruplé encaissé par les Anglais dans leur histoire. Et le dernier triplé ? Il remonte à 1988. Récit.

Euro 1988, 2e journée Groupe B, 15 juin 1988 à Düsseldorf
Dans un match couperet pour les deux équipes, les Pays-Bas infligent une cuisante défaite aux Anglais, et van Basten inscrit un hat-trick.

Buts : Robson (53′) – van Basten (44′, 71′, 75′)

Le point sur le classement au coup d’envoi (uefa.com)

Dos au mur suite à leur défaite 1-0 face au rival irlandais, les Three Lions doivent absolument se reprendre face aux Hollandais s’ils veulent éviter une élimination prématurée, avant même le dernier match de poule.

Les Pays-Bas sont dans une situation identique, s’étant inclinés également 1-0 face à l’URSS lors de la première journée.

Le onze anglais

Peter Shilton – Tony Adams, Kenny Sansom, Gary Stevens, Mark Wright – Glenn Hoddle, Bryan Robson, Trevor Steven (Chris Waddle 69′) – John Barnes, Peter Beardsley (Mark Hateley 74′), Gary Lineker

Coach : Sir Bobby Robson

Le onze batave

Hans van Breukelen – Ronald Koeman, Frank Rijkaard, Berry van Aerle, Adri van Tiggelen, Gerald Vanenburg (Wim Kieft 62′) – Ruud Gullit, Erwin Koeman, Arnold Mühren, Jan Wouters – Marco van Basten (Wilbert Suvrijn 87′)

Coach : Rinus Michels

1988, l'époque où l'on pouvait encore faire le fier avec un maillot dégueu.

1988, l'époque où l'on pouvait encore faire le fier avec un maillot dégueu.

Les buts au ralenti

44ème minute : Suite à un duel remporté par Rijkaard face à Lineker, à l’aide peut-être d’une faute, le ballon se retrouve sur l’aile gauche, où Gullit le récupère dans les pieds de Gary Stevens, déborde, et centre de l’extérieur du droit. Le cuir arrive à ras de terre, dans le dos de van Basten, mais l’attaquant parvient à contrôler et se retourner, puis il élimine Tony Adams d’une accélération fulgurante, avant de tromper Shilton, bien aidé par le retour en catastrophe de Stevens. Une ouverture du score qui ne reflète pas forcément le déroulement de cette première période, les occasions les plus franches ayant été obtenues par les Anglais : un poteau de Lineker après avoir éliminé van Breukelen, et un coup-franc de Hoddle sur la barre. 0-1.

53ème minute : Robson obtient le ballon à 25 mètres des buts adverses, dans l’axe, et joue le une-deux avec Lineker à l’entrée de la surface. Sur la remise de l’avant-centre, Robson est plus prompt que ses adversaires, et il s’en va tromper van Breukelen. Michels paye peut-être son choix d’aligner une défense centrale (Koeman – Rijkaard) très joueuse à défaut d’être intraitable. 1-1.

71ème minute : Un coup-franc hollandais mal dégagé par la défense adverse revient dans les pieds de Gullit à l’entrée de la surface, lequel contrôle, puis décale van Basten sur sa gauche. Lancé, l’avant centre s’en va battre Shilton d’une belle frappe croisée du gauche. Un véritable cauchemar pour le gardien anglais, qui fête sa 100e sélection. 1-2.

75ème minute : Et le cauchemar n’est pas fini. 4 minutes plus tard, le corner d’Erwin Koeman est prolongé au premier poteau par Kieft, jusqu’à van Basten qui rôde au deuxième, et qui, d’une volée du droit, clôt le score. Le premier triplé encaissé par l’Angleterre depuis 1959. 1-3.

Les buts en video

Le classement à la fin du match

Si le nul entre l’Irlande et l’URSS n’arrange pas les Hollandais, il élimine définitivement les Anglais, qui rentreront chez eux penauds, et vierges de tout point ; ils seront en effet battus 3-1 par l’URSS lors du dernier match.

Les Hollandais, eux, doivent s’imposer face à l’Irlande lors du dernier match, et ils y parviendront, grâce à un unique but de Kieft à 8 minutes du terme. Ils battront ensuite l’Allemagne de l’Ouest en demi, avant de retrouver l’URSS en finale, et de s’imposer 2-0 pour remporter leur premier et pour l’instant seul titre majeur sur la scène internationale. Monsieur Marco** van Basten, lui, finira meilleur buteur de l’Euro, avec 5 buts inscrits.

* L’emploi du très controversé terme « zlataner » est assumé par l’auteur de cet article, mais n’engage en rien la position de la rédaction de TK, ou des Cahiers du Football.

** Toujours pas de pizza au caviar.

Matchbox vintage – Newcastle United 8 – 0 Sheffield Wednesday (19 septembre 1999)*

Pour le premier match de Robson, Newcastle signe son record pour une victoire à domicile. Deuxième quintuplé de l’histoire de la Premier League pour Shearer.** Sheffield se vengera sur Wimbledon deux semaines plus tard.***

Buts : Hugues (11′), Shearer (30′, 33′ (sp), 42′, 81′, 84′(sp)), Dyer (46′), Speed (78′) ;

Le point sur le classement au coup d’envoi (statto.com)

Après la démission de Keegan en 1997, les managers se sont succédé à la tête de Newcastle, sans parvenir à retrouver le succès de leur prédécesseur. Le club ne doit sa dix-neuvième place qu’à un meilleur goal-average. De plus, leur dernier match à domicile s’est soldé par une défaite, 2-1, contre les voisins de Sunderland. Ca fait tâche.

En Premier League depuis 1992, Sheffield se bat chaque année pour ne pas descendre (septième place comme meilleur résultat). Avec quinze buts encaissés pour trois marqués, la confiance ne règne pas dans le Yorkshire.

Le onze de Newcastle

Coach : Bobby Robson (en place depuis dix-sept jours)

Le onze de Sheffield

Coach : Danny Wilson (premier coach non-anglais du club depuis 1942) (en place depuis un an et deux mois)

Les buts au ralenti

11ème minute : les noirs et blancs se passent le ballon dans l’entrejeu. D’abord à droite, il atterrit dans les pieds de Dyer sur l’aile gauche. Son centre trouve la tête vainqueur d’Aaron Hugues, à peine 20 ans. 1-0.

30ème minute : corner côté droit, Solano et Ketsbaia le jouent à deux. Le premier centre pour Shearer, qui coupe du pied droit au premier poteau. Petit filet gauche. 2-0.

33ème minute : le latéral droit Barton joue le renard dans la surface adverse. Emerson Thome (du Brésil, pas de Savoie) dévie le ballon de la main. Pénalty, que Shearer se charge de transformer en but. 3-0.

42ème minute : dans le rond centrale, Kestbaia transmet à Dyer sur l’aile gauche. Son contrôle n’est pas très professionnel, mais le marquage non plus. Aux abords de la surface, il centre pour Shearer qui devance son défenseur pour marquer son troisième but. 4-0.

46ème minute : Shearer, sur l’aile gauche, qui s’infiltre dans la surface et centre à ras de terre pour Speed. Sa main l’aide à prendre le dessus sur son défenseur, mais pas sur le gardien, qui repousse son tir. Le ballon revient sur Shearer qui centre à nouveau, de la tête. Dyer est en embuscade aux six mètres. D’ailleurs, c’est une action assez confuse. 5-0.

78ème minute : superbe remontée de balle de Newcastle en neuf passes, coup-franc de Solano, dégagement de la défense, corner de Solano, tête aux 10 mètres de Speed. Robson : « We need for Speed. ». 6-0.

81ème minute : Sheffield n’y est plus tellement. Mr. Robinson obtient un coup-franc sur la côté droit, que Solano se charge de frapper. Pressman et Walker se gênent, le ballon atterrit dans les pieds de Shearer. Cadeau, 7-0.

84ème minute : Le pas mauvais Sibon vient de remplacer Donnelly. Après dix secondes de jeu, il fait faute sur Robinson dans la surface. Shearer salue la foule pour la cinquième fois. 8-0.

Et Sheffield dans tout ça ?

Pas grand-chose à se mettre sous la dent, même s’ils n’ont pas été ridicules offensivement. Mais Andy Booth, blessé, est sorti très tôt du match, et Gilles de Bilde n’a pas compensé.

Bilan carbone désastreux pour Sheffield

Bilan carbone désastreux pour Sheffield

This is the end

* Il faut remonter à 1904 pour revoir une telle somme de buts entre ces deux équipes (le 17 décembre, 6-2 en faveur de Newcastle qui jouait à domicile).

* Shearer a été devancé par Andy Cole, le 4 mars 1995, et sera imité par Jermaine Defoe, le 22 novembre 2009, puis par Dimitar Berbatov, le 27 novembre 2010.

* 5-1 à domicile, leur seule victoire sur leurs dix-sept premiers matchs.