Archive for octobre, 2012

Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 % (avec pointes à 183 %), des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. On a cuisiné pour vous les principaux caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Voir introduction pour lire le reste moins bête.

On conclut ce coup de filet historique avec les deux plus gros bonnets : Cardiff, 2è et Leicester, le top dog, actuel leader au classement après 12 journées (sur 46, because 24 clubs).

[un clic sur les photos peut s’avérer plus judicieux qu’un placement Madoff]

Cardiff City, 2è, 25 points (+ 7)

[Suite de la partie précédente]

Tu t’ la pètes après 12 journées ? Grave : 8 victoires, 1 nul, 3 défaites. Excellent bilan, surtout après les incertitudes et le nettoyage d’intersaison du sol au plafond, l’effectif ayant beaucoup bougé.

Mais que la victoire mardi soir contre Watfordinese fut dure ! (les Hornettos de Gianfranco Zola réduits à 9 dans les 20 dernières minutes, but victorieux de Gunnarsson à la 91è, c’est passé ric rac).

Justement, ça rime à quoi ta soudaine métamorphose identitaire ? Ben, c’est à cause de nos nouveaux propriétaires, de Malaisie (depuis 2010 et le départ de Peter Ridsdale). D’abord, nos Bleus sont devenus des Rouges cet été. Si le rouge symbolise plutôt une bonne biture dans la culture anglo-gazzaïenne, dans celle des pays d’Asie du Sud-Est et en Chine (marchés cibles du club), il est associé à la chance et au succès, tout comme le dragon (également évocateur de puissance).

Ensuite, notre écusson a totalement changé, le petit piaf bleu ayant (presque) été dégagé par un gros dragon bien scary (symbole du Pays de Galles). La devise « Fire & Passion » a remplacé la mention Bluebirds, trop timorée.

Et ce violent rebranding n’est peut-être pas fini : il se dit qu’on pourrait être rebaptisé « The Red Dragons ». Les propriétaires malaisiens démentent, pour eux, pas de malaise (que des Malais). Mais après tout, tant qu’on y est… Prochaines innovations : les annonces en malaisien au stade et les brochettes Satay pour remplacer la traditionnelle meat pie de mi-temps ?

La tradition et l’heritage du club se prennent une sacrée claque dans leur faciès identitaire mais nos proprios ont fait passer la pilule en promettant le remboursement de l’énorme dette du club (autour de 45M) et 100M d’investissements, dans l’achat de joueurs, la construction d’un nouveau centre d’entraînement et l’agrandissement du stade à 35 000 places d’ici deux ans.

Attendez cependant avant de verser une lacrymale pour les créanciers : le gros de la dette est dû à Sam Hammam… (voir partie précédente).

Seule la Premier League compte désormais pour nous et ce changement de cap est destiné, je cite, « à rendre le club plus attractif sur le marché international et mettre en avant la fusion symbolique entre les cultures galloise et asiatique ».

C’est vrai qu’en parcourant le Pays de Galles, on se sent de suite à Kuala Lumpur ou Bangkok. Sauf à Portmeirion (North Wales, ci-dessus), le village du Prisoner, où l’on est en Toscane. Mais le reste du pays, on se croirait en Asie, c’est clair. Craig Bellamy-Confucius, désormais Grand Sage, rechercherait activement un tatoueur de Bouddhas gallois (le même que son homologue Tibétain mais avec un parapluie en titane).

T’as du caïd ? Je veux oui :

–  Craig Bellamy (seul Gallois de l’effectif), 33 ans, on ne présente plus « The nutter [cinglé] with a putter ». Blessé à la cheville contre Watfordinese mardi soir (12è journée), il sera indisponible quelque temps

–  Peter Wittingham, 28 ans, ex Aston Villa, milieu offensif élu Meilleur Joueur de Football League 2011-12 par les lecteurs de Four Four Two (49 buts/142 matchs ces quatre dernières saisons avec Cardiff). Une vraie pile Duracell : il n’a pas raté une minute de jeu en D2 l’an dernier, 4 320 pour être précis (48 matchs, avec les play-offs. 55 matchs en tout). Et cette année non plus.  Et la saison d’avant, il n’avait manqué qu’un match. Une santé d’acier le Peter.

–  l’attaquant international islandais Heiðar Helguson, 35 ans, ex Fulham, Watford et QPR

– Tommy Smith, 32 ans, milieu offensif/ailier/attaquant, ex Sunderland, Derby et QPR

le prometteur Turco-Suisse Kerim Frei, 18 ans, prêté aujourd’hui même par Fulham jusqu’au début décembre (8 matchs de D2 – pour pallier les indisponibilités de Craig Bellamy et Tommy Smith).

–  Nicky Maynard (ci-dessous), attaquant de 25 ans et auteur de ce chef d’oeuvre en décembre 2009, alors avec Bristol City (élu But de la saison en Football League)

Ton meilleur caïd étranger ever ? L’arrière-central néerlandais Glenn Loovens (2005-08), 113 matchs pour les Bluebirds. Formait une solide charnière avec Roger Johnson.

Et ta plus grosse pipe étrangère ? L’attaquant américain Eddie Johnson, (2008-09). C’est accompagné d’une réputation flatteuse qu’il débarqua à Fulham des USA (puis 0 but en 19 apparitions). Expédié ensuite chez nous en prêt. Avec 2 buts en 33 matchs (+ un but csc), il ne tarda pas à entrer dans notre Hall of Shame.

T’as un blase comique à nous r’ filer qu’on pouffe ? Ouais, du vrai bon peace and love : Philip Kiss, milieu slovaque.

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? 2/1, pas hyper bandant (50 % d’Anglais).

Un Frenchie dans l’ tas ? Oui, l’ex Messin Rudy Gestede depuis l’été 2011, attaquant très athlétique de 24 ans. Le plus souvent remplaçant, seulement 3 brèves apparitions cette saison (68 minutes de jeu).

T’es blindé ? Grave. Depuis 2010, notre big boss est le Malaisien Vincent Tan (fortune : 1 milliard €), flanqué de son associé Chan Tien Ghee, TG pour les intimes.

Tu payes bien ? On se plaint pas. Masse salariale de 14M en 2010-11. Ça a sûrement augmenté depuis, Bellamy n’a pas dû revenir au bercail pour des clopeanuts.

Leicester City, 1è, 25 points (+ 9)

C’est quoi ton surnom ? Les Foxes (clique sur l’avorton de gauche).

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Nottingham Forest, Derby County et Coventry (et pour nos hools : Birmingham City et les autres firms des West Midlands).

Y’a des hools chez toi ? Ouais, ils seraient toujours une centaine, surtout des vétérans de la firm Baby Squad (BS), même s’ils font beaucoup moins parler d’eux qu’avant. La Baby Squad est née en 1980 après un baptême du feu à Leeds contre la notoire Service Crew. Elle compta jusqu’à 500 « membres actifs » au plus fort des Eighties. Comme dans beaucoup d’autres clubs, ça avait commencé bien avant, fin des Sixties avec les notoires Long Stop Boys, puis les Market Traders et la seule survivante, la BS.

Une sous-branche, la Young Baby Squad vit le jour dans les Nineties. Ça se frite avec tout le monde bien sûr mais ça tape principalement sur les autres clubs des East Midlands (Derby, Nottingham) et West Midlands (région de Birmingham, donc principalement B’ham City, Villa, Wolves et WBA).

Danny Dyer (cf The Football Factory), a présenté un docu sur ces firms des Midlands. Si on risque parfois l’overdose (rien ne ressemble plus à une baston inter-hooligans qu’une autre), certaines parties sont intéressantes, surtout celles traitant de la multiracialité de la région (Leicester et Birmingham [1]) et ses firms « multi-ethniques », telles les notoires Zulu Warriors de Birmingham City. La mixité ne les rend pas moins détestables pour autant.

C’est qui ton leader ? Nigel Pearson, depuis novembre 2011.

Ça se bouscule pour t’ chouffer ? Correct, sans plus, 21 678. Vu les résultats actuellement, ça devrait bien monter : 26 000 contre Brighton mardi soir.

T’as qui comme people chouffeurs ?

–  le groupe Kasabian, des inconditionnels des Foxes

–  Lembit Opik, célèbre ex politicien anglais d’origine estonienne et personnalité média (avoue humblement ne jamais se rendre au stade)

– le chanteur Engelbert Humperdinck, 76 ans, célèbre crooner des Sixties… et représentant britannique au dernier Eurovision ! Ne pouffons pas trop : ce sosie de Mike Brandt (jeune), avec dix fois moins de talent, a vendu 150 millions de disques

–  l’ex champion de snooker Willie Thorne

–  l’ex rugbyman Martin Johnson et Gary Lineker bien sûr

Tu crèches où ? Au King Power Stadium, 32 300 places, depuis 2002.

Ça change de blase au gré des sponsors, avant c’étaient les chips Walkers, souvent vendues par Gary Lineker, Leicester’s most famous son (avec David Attenborough). Séquence Nostalgie : son clip avec Gazza.

Ton billet le moins / plus cher ? 15 / 40 £

Et tes abonnements ? De 350 à 650 £

Tu t’ la pètes après 12 journées ? Drôlement ouais. On faisait pas les fiers sur les 5 premiers matchs (3 défaites) mais nos Foxes se sont depuis installés in the box : 6 victoires sur les 7 dernières rencontres ! Un peu à l’arrache mardi soir contre Brighton – mérité cependant – mais c’est passé, 1-0 (Kasper Schmeichel nous arrête un péno des Mouettes).

T’as du caïd ? Quelques uns  :

–  le gardien Kasper Schmeichel, 25 ans, fils de. La rumeur l’envoie un peu partout en ce moment (pour le mercato d’hiver). Commet plus de howlers (cagades) que son pater mais excellent cette année

–  le milieu international gallois Andy King, 24 ans, 3 buts cette saison (46 en 208 matchs Foxes). Excellent contre Brighton mardi soir, « King reigns supreme » titrait le Guardian du lendemain

–  les ailiers Lloyd Dyer et Ben Marshall (ce dernier parfois attaquant)

–  David Nugent, ex Portsmouth (et international anglais siouplé ! 1 cape, 2007). 5 buts en 12 matchs, gnaqueux. Sort de gros matchs actuellement

–  l’attaquant Jamie Vardy, transfuge de D5, 3 buts en 12 matchs. Ce puissant ex non-leaguer qui claquait un pion par match avec Fleetwood Town impressionne. Pas étonnant que Leicester ait payé plus d’1M £ + extras pour s’attacher ses services à l’intersaison (record de non-league)

–  le latéral gauche Paul Konchesky, ex Charlton, West Ham, Fulham et brièvement Liverpool. Auteur d’une grosse saison, pour l’instant.

Les Reds où il floppa d’ailleurs. Mais on se rappelle surtout de la mère et de la tribu Konchesky sur Merseyside, la moman traitant les supps Reds « d’ordures de Scousers » et Roy Hodgson de « belle merde ». Le reste des Bidochesky se joignit alors à ce classieux débat Facebook où les commentaires chavtastic fusèrent. Worst of : « Les Scousers sont crasseux »… « C’est que des pauvres cons ignorants qui parlent bizarrement »… « Tous des paysans ces Scousers ». Avant que la polémique n’incite Facebook à supprimer la page.

Ton meilleur caïd étranger ever ? Le latéral droit suédois Pontus Kåmark (1995-99, 77 apparitions). C’était l’ère glorieuse des Foxes, avec Martin O’Neill à la baguette (1995-2000). Pontus, armé d’un solide bagage international (il finit à 57 capes suédoises), fit un malheur. On peut dire sans exagérer qu’il en malmöna plus d’un.

Et ta plus grosse pipe étrangère ? L’ailier guinéen Momo Sylla (2005-07, 38 apparitions, 0 but). Cet ancien des championnats français alla ensuite s’enterrer à Kilmarnock où il raccrocha rapidement les crampons, au bout d’une dizaine de matchs.

T’as un blase comique à nous r’ filer qu’on pouffe ? Pas vraiment, mais (Anthony) Knockaert prononcé à l’anglaise donne knock out (KO). Ça fait marrer les supporters et s’esbaudir les faiseurs de rimes à la noix (to knock goals in : affoler les compteurs ; a knock-on : prolongement). Ces derniers ont déjà consacré plusieurs chants douteux à leur Guingampais préféré.

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Save the Queen ? Vigoureuse, deux tiers d’Anglais.

Un Frenchie dans l’tas ? Ouais, et déjà une vedette : le milieu offensif-ailier Anthony Knockaert (ci-contre, avec Nigel Pearson), surnommé Knocky.

L’ex pensionnaire du Roudourou et Espoir français arrivé à l’intersaison a planté 2 buts en 12 matchs (759 minutes de jeu), et quels pions ! Un brace (doublé) d’anthologie contre Huddersfield le 2 octobre, clip.

Déjà fort apprécié pour sa percussion, son tempérament combatif, son rendement et son talent pur. Enfin bon, en Football League bien souvent, tu fais un rateau ou une roulette et on te prend pour Messi hein.

A récolté une moyenne supporters de 7 / 10 sur le match de mardi. Le consensus étant que ce joueur est fort techniquement, bon passeur mais croque un peu trop et perfectible dans la conservation du ballon (le terme wasteful – et assimilés – revient souvent dans la colonne débit).

T’es blindé ? Bof. A l’échelle du foot anglais, même de D2, je serais plutôt lower middle class, segment C1 dirait un sociologue anglais. Le Thaïlandais Vichai Raksriaksorn, notre big boss depuis l’été 2010, ne pèse que 130M £, vraiment pas de quoi faire des folies.

Tu payes bien ? Ouais, 17M de masse salariale en 2010-2011.

Ainsi s’achève notre périple dans cette passionnante D2 anglaise, agrémenté de quelques détours. Quittons-nous avec le classement D2 au terme de la 12è journée disputée il y a 48 heures.

Kevin Quigagne.

TK sur Facebook et sur Twitter.

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[1] Leicester et Birmingham comptent (proportionnellement) les plus fortes communautés ethniques du pays, avec Bradford et Greater London – surtout Asians, particulièrement Indiens à Leicester (voir détails) et Pakistanais à Birmingham, détails.

Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 % (avec pointes à 183 %), des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. On a cuisiné pour vous les principaux caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Voir introduction pour lire le reste moins bête.

On conclut ce coup de filet historique avec les plus gros bonnets : Cardiff et Leicester.

Vu que la dose Cardiff-Leicester était trop toxique pour vous l’injecter d’une traite (z’ont du hool ces caïds), première piquouze aujourd’hui et on repassera demain pour un gros shoot final. Tenez-vous prêts les accros.

Cardiff City, 2è, 25 points (+ 7)

C’est quoi ton surnom ? Les Bluebirds. Enfin, pour l’instant.

M’embrouille pas stp : pourquoi Bluebirds alors que t’es un gros dragon rougeaud ? No comment. Je parlerai de tous ces changements bizarres dans la deuxième partie.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Swansea City, Bristol City, Leeds United et Millwall.

Y’a des hools chez toi ? Encore beaucoup trop ouais. Fin 2011 (derniers chiffres disponibles), on se classait premier au classement hool des Interdictions Administratives de Stade (143).

Notre firm The Soul Crew est l’un des pires ramassis de hooligans de Grande-Bretagne depuis le début des Eighties mais nos hools avaient commencé à semer la terreur bien avant, dès la fin des Sixties.

Légendaires batailles à cette époque contre leurs homologues d’Aston Villa et Millwall, tous trois alors en D2. Enfin, Millwall, peu importe leur division, D3, D2, D1 (brièvement parmi l’élite en 1988-90, avec Tony Cascarino et Teddy Sheringham), eux ne discriminaient pas entre championnat, vraie coupe, coupe en carton, coupe pissotière (Football League Trophy, aka la coupe Piss pot), match amical, etc. ils chargeaient. Une plus petite firm émergea aussi, les Valley Commandos (certains d’entre eux aimaient porter une tenue Orange Mécanique).

La Soul Crew ne s’attaquait pas qu’aux gros. En novembre 1986, un bon millier de ces hoolifans qui aimaient brailler « We are animals » pour signaler leur arrivée en terre hostile ou assoupie, saccagèrent le centre-ville historique de Shrewsbury lors d’un match de FA Cup de triste mémoire : un supp local poignardé, sept policiers blessés, commerces endommagés, voitures vandalisées et renversées, etc. Le Président de la Chambre de Commerce locale compara leur raid sauvage au blitz de 1940-41.

La violence atteignit un tel point que les Doc Martens et autres pompes avec bouts en acier furent interdites ou confisquées aux tourniquets de stade (mesure qui toucha beaucoup d’autres clubs).

Cardiff, Millwall, Leeds, Birmingham City, Wolves… Cette D2 version 2012-13 est un vrai petit paradis hool.

Puis ça se poursuivit contre Chelsea fin Seventies/début Eighties, des vrais pouilleux ces Blues, ils étaient en D2 comme nous. La « Bataille de Cardiff » en mars 1984 est encore dans toutes les mémoires : une boucherie qui eut pour théâtre le centre-ville, stade et extérieurs, la gare, etc. (7 000 supps Blues avaient fait le déplacement ce jour-là, dont au moins 1 000 hooligans).

Avec les hools de Leeds, ça s’ frite depuis une dizaine d’années. En fait, avec Cardiff, Millwall, Leeds, Birmingham et Wolves, cette D2 version 2012-13 est un vrai petit paradis hool.

En 2005, les vétérans de la Soul Crew, soucieux de préserver la tradition et transmettre leur savoir-faire, ont formé la relève : la C-Squad. Le C vient à la fois de Category C (terme policier pour les hools les plus dangereux) et de l’ancienne « branche » djeun’s de la SC, la Creche Squad. La BBC a réalisé ce docu sur  la Soul Crew.

Toutes les occasions de se mettre dessus étant bonnes, ça se frite vraiment n’importe où et quand (voir ici). Si ces clubs évoluent à des niveaux différents, Dame Coupe se charge de jouer les entremetteuses, comme dans ce clip tourné par la police sur New King’s Road en février 2010 (16è FA Cup entre Chelsea et Cardiff).

La montée de la fascisante English Defence League alimente également cette violence (une ascension qui rappelle celle du National Front de Martin Webster dans les Seventies, 5’20 à 8’00 dans ce film culte sur Millwall, Webster est à 6’50). Notamment à Cardiff, Millwall et Luton (« berceau » de L’EDL), clubs qui comptent en leur sein une frange hool très nationaliste. Les liens entre l’EDL et certaines factions dures de clubs « à problèmes » semblent désormais clairement établis (cf Casuals United, cet article et celui-ci).

Cardiff City a longtemps souffert de la passivité, voire complicité, de ses anciens propriétaires. De « l’excentrique » Sam Hammam (de fin 2000 à octobre 2006) qui portait fièrement les badges des deux firms principales (!) et employait l’un des leaders de la Soul Crew comme garde du corps (Neil MacNamara), au très controversé Peter Ridsdale [1] qui préféra ignorer le problème hool du club.

La palme britannique de l’irresponsabilité revient d’ailleurs à cet illuminé de Hammam. Voici ce que le Libanais le plus déjanté du foot déclarait en substance environ un an après son arrivée [2] :

« […] Nombre de hooligans sont des gens charmants, sincères qui ont un bon fond et adorent leur club. Beaucoup de gens en G-B grandissent avec la haine de la police, de la justice et des institutions. […] En réalité, il suffit de leur tendre la main, leur parler et là, vous découvrez combien ils savent être positifs et disciplinés. »

McNamara, l'un des leaders Soul Crew, avec Sam Hammam

Sam Hammam (à droite), avec son garde du corps, Neil MacNamara, l'un des leaders de la Soul Crew

C’est qui ton leader ? L’Ecossais Malky Mackay, depuis juin 2011.

Ça se bouscule pour t’ chouffer ? On fait d’honnêtes chambrées oui, 21 425 cette saison (la moyenne de D2 est actuellement de 17 050 – 2011-12 : 17 739).

T’as qui comme people chouffeurs ? Voir liste (hautement improbable !). Parmi les plus connus :

–  David Sullivan, ex roi du porno anglais et actuel co-propriétaire de West Ham

–  Ken Follett, l’auteur gallois aux 100 millions de pavés vendus, ex groupie de Tony Blair et généreux donateur du Labour. Sa femme, Barbara, est peut-être désormais encore plus célèbre que Ken, niveau G-B s’entend. Ministre sous Tony et députée New Labour, elle acquit sa notoriété au cours du retentissant scandale des notes de frais des parlementaires qui éclata en 2009 : malgré la considérable fortune des Follett, elle fut l’une des plus gourmandes au grattage [3].

Tu crèches où ? Au Cardiff City Stadium, depuis 2009 (26 828 places).

Tu créchais pas sur une poubelle avant ? Effectivement. Le mythique Ninian Park (de 1910 à 2009), surnommé « la fosse aux ours », était un centenaire tout déglingué construit sur une décharge géante. Ça ne nous avait pas empêché d’y battre le Real Madrid 1-0 en mars 1971, voir clip vintage (1/4 de finale de Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, après avoir étrillé Nantes 7-2 en 1/8).

Le 10 septembre 1985, c’est aussi à Ninian Park que tomba un autre géant, au coup de sifflet final d’un crucial Wales-Scotland : Jock Stein.

L’ensemble a été rasé pour faire place à un lotissement au nom original : Ninian Park.

Ton billet (Adulte) le moins / plus cher ? L’an dernier, ça allait de 16 à 30 £ mais c’est fini ça, nos tarifs sont désormais flexibles et changent sans cesse.

Notre politique originale de dynamic pricing basée sur la demande est expliquée ici. Les facteurs pris en compte (hormis les paramètres classiques de cátégorie de match et emplacement) : jour, heure du match et position au classement. Derby County a adopté le même système. Un truc américain (Digonex), l’avenir apparemment. Enfin, l’avenir, c’est vite dit, on voit difficilement les mal classés en être fan.

Ton abonnement le moins / plus cher ? Idem, ça fluctue, pour que les abonnés ne se retrouvent pas à payer plus que les infidèles. Le système sera évalué en fin de saison et reconduit ou éconduit pour 2013-14.

A suivre.

Kevin Quigagne.

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[1] Peter ‘We lived the dream » Ridsdale est l’ex fossoyeur de Leeds United. A Cardiff City, il était probablement plus préoccupé par la cuisine de comptes (ici par exemple) que le problème hool du club. Il vient d’ailleurs de tomber, le flacon d’épices tippex à la main. A la bonne heure.

[2] Extrait tiré de l’indispensable A-Z of Britain’s Football Hooligan Gangs, précédemment cité dans cette série. Enfin, indispensable si vous êtes un hool. Pour les autres, il servira surtout de bouquin de référence.

[3] Barbara Follett fut l’une des 100 députés Labour forcés de raccrocher et donc ne pas se représenter aux General Elections de 2010. Une bonne soixantaine d’autres – Tories et Lib Dems – firent de même. Sans compter ceux qui finirent au zonzon.

Si B. Follett gratta fort, la palme du ridicule fut décernée au pilote-avocat-banquier-député Conservateur Sir Peter Viggers pour une note de frais* de 1 645 £ en remboursement… d’un abri canards hyper chicos ! (ici – où il apparaît aussi qu’il avait gratté 30 000 £ en trois ans pour « Frais de jardinage »). Il y en eut des centaines d’autres – le Daily Telegraph, déclencheur indirect de l’affaire, publia un énorme supplément – mais la canardière fit vraiment pouffer ; suivi de près par l’abonnement à une chaîne porno contracté par le mari de la ministre de l’intérieur Labour de Gordon Brown, Jacqui Smith – qui gratta illégalement plus de 120 000 £ (pas qu’en films X).

[* Les notes de frais en question, alors limités annuellement à 24 000 £/an, ne devaient théoriquement servir qu’au remboursement des frais de loyer/hôtel/crédit immobilier sur Londres, uniquement pour un logement utilisé pour une fonction parlementaire et seulement pour ceux/celles vivant hors Greater London. Les abus se comptèrent par milliers, les députés profitant de l’absence total de contrôle et audit.
Plus de 300 députés furent impliqués – voir liste non exhaustive, certains furent alpagués plus tard – dans ce qui se révéla être une pratique courante depuis fort longtemps (les investigations ne remontèrent qu’environ huit ans en arrière). Certaines estimations parlent de 50 à 100 millions de £ détournés par les députés rien que pour la décennie 2000.

Le système a depuis été refondu et rendu transparent. Malgré tout, la gruge continue, à une bien moindre échelle évidemment. Suivez les toutes dernières combines des députés britanniques pour entuber le contribuable sur les fils MPs’ expenses du Guardian et du Daily Telegraph. Tout comme les charbonneurs des cités, nos représentants ont de la ressource. Coming to a Parliament near you soon).

Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 % (avec pointes à 183 %), des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. La trève internationale vient de s’achever mais on continue à cuisiner les principaux caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Voir intro ici pour lire le reste moins bête.

Troisième partie de notre dossier sur les cadors de ce passionnant Championship :  Brighton et Wolves.

Avec, en gros bonus, un topo sur les hooligans ou hoolifans du cru. L’agression sur Chris Kirkland vendredi soir pendant le Sheffield Weds-Leeds United ayant partiellement relancé le débat outre-Manche sur the English disease, le hooliganisme, et l’efficacité des fameux FBO, les Football Banning Orders [1]. La violence liée au football a cela en commun avec les pulsions primaires du hool lambda que même enfouie, marginalisée ou refoulée, elle reste souvent à fleur de surface.

Brighton & Hove Albion, 8è, 18 points (+ 8)

C’est quoi ton surnom ? The Seagulls, The Albion.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Portsmouth, Southampton et surtout Crystal Palace (peut-être la rivalité la plus improbable et bizarre du foot anglais, fréquents incidents [2]).

Y’a des hools chez toi ? Il nous reste quelques solides vestiges, oui. Dans les Seventies et Eighties, on avait les Bosun Boys, du nom du pub où ces décervelés se réunissaient. Ça se fritait surtout avec les Londoniens, qui adoraient passer le week-end ici, surtout West Ham et Chelsea, mais tous en fait aimaient venir sur Brighton pour se dégourdir les poings.

Brighton sert de terre d’accueil pour agités depuis les Sixties. Des dizaines d’incidents en tout genre eurent lieu entre firms pendant les Seventies et les sombres Eighties : du classique saccage de boutiques/pubs aux bateaux incendiés, en passant par les attaques au couteau ou les batailles dérangées sur le front de mer. Fin des Eighties, une deuxième firm se monta, la West Street.

Aujourd’hui, plus de firm à proprement parlé, juste une poignée d’individus dangereux sans véritable leader. Il existerait une obscure firm (les Brighton Headhunters), peut-être plus ou moins liée à la fascisante English Defence League. Toutefois, selon les hooliologists (hooliologues) il ne s’agirait que d’un groupuscule très underground qui relèverait davantage du funeste folklore footballistique qu’autre chose (si tant que se faire agresser par une firm ni nomenclaturée et ni reconnue officiellement soit folklorique).

S’il n’existe pas véritablement de « problème hool » à Brighton, une poignée de dégénérés sévit toujours, en marge, via les fights (cf cette récente bagarre organisée qui a mal tourné – à la limite tant qu’ils s’étripent entre eux, ils ne font rien de mal, bien au contraire, qu’ils continuent).

Les pires violences de ces dernières années se déroulèrent en octobre 2004 dans le centre-ville de Brighton contre des supps de Leeds qui buvaient dans des pubs. Dix hools de Brighton écopèrent alors collectivement de plus de vingt ans de prison (individuellement, de quinze mois à trois ans, clip news). Il s’avèra que ces décérébrés n’étaient même pas supporter du club : ils voulaient simplement casser du visiteur.

En 2011, B & H Albion ne comptait que dix Interdits de stade (Cardiff City, 1er du classement IdS : 143 ; Leeds, 2è et Chelsea 3è).

C’est qui ton leader ? L’Uruguayen Gus Poyet, depuis novembre 2009.

Ça s’ bouscule pour t’ chouffer ? On se marche dessus : 25 643 de moyenne cette saison, plus forte affluence de D2.

T’as qui comme people chouffeurs ? Darren Tulett évidemment ; le musicos Norman Cook, aka Fatboy Slim, notre plus fidèle celebrity fan, il parle toujours de nous dans les médias ; Des Lynam, le plus connu des commentateurs foot anglais (avec John Motson), au micro depuis les Sixties (avec des pauses) ; Jamie Theakston, présentateur TV ; Jon Snow, journaliste TV très connu.

Oh, et Michael Fish (à gauche), présentateur météo réputé outre-Manche. Enfin, surtout réputé pour ses prévisions foireuses… Ce clip est devenu mythique en Angleterre. Un pronostic d’anthologie où, en octobre 1987, notre Fish, très sûr de lui, enjoignit calmement aux téléspectateurs de ne surtout pas s’inquiéter pour les vents prévus le lendemain (appels affolés au standard), qu’ils ne toucheraient principalement que l’Espagne et la France. Tout juste verrait-on quelques branches s’agiter dans le sud du pays.

Douze heures plus tard en Angleterre : la pire tempête depuis 1703 ! Aka The Great Storm of 1987 : des bourrasques mesurées à 216 km/h, 18 morts, 7 milliards £ de dégâts (chiffre actualisé) et plusieurs compagnies d’assurances qui firent faillite. Une bourde si légendaire qu’elle figura en bonne place dans la cérémonie d’ouverture des J.O de Londres cet été. Bref, si vous comptez visiter l’Angleterre, ne prenez pas vos infos météo chez Fish (il officie toujours).

Tu crèches où ? Au Falmer Stadium, communément appelé l’Amex (American Express), un superbe écrin niché dans les collines du West Sussex. Capacité : 27 350 places, portée à 31 000 bientôt, on aménage les virages.

Inauguré l’été 2011, l’Amex a coûté bonbon : 93M. On a juste eu un petit hic deux semaines avant l’ouverture : on s’est aperçu que notre mouette s’oubliait sur nos sièges, une blague d’un installateur apparemment (était-il de Crystal Palace ?). La honte internationale, on a vite revu notre design.

Tu crèchais pas dans une taule pourrie avant ? Ouais, on était miséreux et on squattait le Withdean, un stade d’athlétisme régulièrement donné parmi les pires stades anglais. Ça chouffait pas des masses, on attirait péniblement 7 000 spectateurs.

Et avant ça, de 1997 à 1999, on squattait chez les Gills de Gillingham (seul club pro du Kent), à 110 kms de Brighton, vu que notre propriétaire avait vendu notre stade. La misère grave, on finit avant-dernier de D4 en 1998, devant une poignée d’irréductibles. Après 14 ans de nomadisme, je te raconte pas notre joie d’élire domicile à l’Amex.

Ton billet le moins / plus cher ? 28 / 39 £

Et tes abonnements ? De 425 à 625 £

Tu t’ la pètes après 11 journées ? Non. On est ambitieux, c’est sûr, mais on sait d’où on vient alors on ne s’emballe pas : le club faillit descendre en D5 en 1998 (les Mouettes connurent brièvement l’élite de 1979 à 1983). Et après un excellent début de saison (5 victoires sur 7 matchs), on n’a engrangé que 2 points sur les 4 dernières rencontres, alors pas de quoi pavoiser. Défaite 1-0 chez nous contre Middlesbrough samedi.

T’as du caïd ? Assez pour faire une mini rubrique people sympa :

– l’international écossais Craig Mackail-Smith (ci-dessous), 28 ans, transferé de Peterborough à l’intersaison pour 3M. A inscrit 6 buts en 8 matchs et déjà auteur de chefs-d’oeuvre cette saison, dont un retourné acrobatique contre Burnley, à 58 sec. dans ce clip (son premier but n’est pas mal non plus). Compte 153 buts en 375 matchs pro, surtout D5 à D3.

– Vicente, 31 ans, ex Valencia FC Legend, 38 capes espagnoles

– David López, 30 ans, ex Osasuna et Athletic Bilbao

– Wayne Bridge, 32 ans, 36 capes anglaises, prêté par Man City

– Tomasz Kuszczak, ex portier de Man United

On a quelques Bad Boys aussi : George Barker, Anton Rodgers, 19 ans (fils de, Brendan) et Lewis Dunk, 20 ans. Un Dunk qui a bien fini dans le panier, mais à salades (en janvier dernier). Ce groupe de djeun’s est actuellement dans de sales draps. Le procès se tiendra en janvier 2013 (s’il a lieu). Dunk, 31 matchs l’an passé et qui intéressait Arsenal avant que l’affaire n’éclate, n’a pas été aligné cette saison (Rodgers et Barker sont à l’Academy).

Un Frenchie dans l’tas ? Un seul : l’ex Niortais et Gueugnonnais Romain Vincelot, 27 ans, défenseur polyvalent (aussi milieu), Mouette depuis juillet 2011. Onze matchs la saison passée mais aucun cette année, devrait être prêté ou vendu au mercato d’hiver, sauf rebondissement. N’entre plus dans les plans du Gus. D’ailleurs, il n’entre même plus sur la photo d’équipe, prise sans lui en août.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Oui, et un beau : l’Irlandais Gary Dicker. Gary l’Queutard quoi. Aussi Kazenga LuaLua, petit frère de l’ex Newcastle Legend Lomana. Pas hilarant mais sympa.

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? 2/7, gros risque d’hypogonadisme, à peine un tiers d’Anglais. C’est plutôt la Marcha Real qui ferait bander : Brighton compte cinq Espagnols.

T’es blindé ? Ça fluctue selon le mojo du propriétaire. Car on a un proprio-actionnaire majoritaire très atypique, à la barre depuis mai 2009 : Tony Bloom (à gauche), 42 ans dit « The Lizard », ex parieur et aujourd’hui joueur de poker professionnel.

Et Tony n’est pas un vulgaire Brolin des tapis verts, il ne mange pas les chips lui, il les encaisse : 8M £ depuis 1996 ! Ce flambeur a également déclaré que sa licence de mathématiques lui avait beaucoup servi pour réussir dans l’univers du pari et de l’aléatoire. Qu’attend donc l’éducation nationale pour promouvoir la mal-aimée en transformant les salles de cours en bookmakers et casinos ? Un peu d’imagination et d’audace, voyons.

Bloom, lifelong fan des Seagulls, a depuis profité de la bulle immobilière des Noughties pour faire fructifier ses gains. Les affaires ayant été fort juteuses, notre Lézard a bien dopé la Mouette : il a injecté 80M £ de sa poche dans la bête (prêts à taux zéro). Le revers de la médaille : les tarifs billet et abonnement, parmi les trois plus chers de D2 (avec Leeds et Ipswich). Oh, et la traditionnelle meat pie de mi-temps est aussi la plus chère du pays (avec Fulham) : 4 £. Ouch. A Accrington Stanley (D4), la pie ne coûte que 1,50 £.

Tu payes bien ? On ne sait pas trop, vu qu’on était en D3 en 2010-11 (chiffres 2011-12 non encore communiqués), la masse salariale doit dépasser les 12M.

Wolverhampton Wanderers, 5è, 19 points (+ 4)

C’est quoi ton surnom ? Les Wolves.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? West Bromwich Albion, Birmingham City et Aston Villa.

Y’a des hools chez toi ? Il nous reste une bonne phalange d’abrutis ouais mais sur les quatre principales firms de la période Sixties-Nineties (Temple Street Mafia, Bridge Boys, la notoire Subway Army et Yam Yam Army) seule la YYA semble avoir survécu. L’acteur Danny Dyer (Tommy dans The Football Factory) a rencontré leur ex leader Gilroy Shaw, aka Gilly, dans ce docu sur les firms des Midlands.

Shaw, comme beaucoup de ces anciens chefs de gang, s’est réinventé expert hool et a acquis une certaine notoriété médiatique dans ce qui est devenu une industrie en Angleterre. Il a notamment servi de hooliologue pour la TV et écrit ou collaboré (à) plusieurs livres, dont Running with a pack of Wolves et l’incontournable The A-Z of Britain’s Football Hooligan Gangs. Cette mini encyclopédie du hool de 1 100 pages est l’oeuvre d’un tandem improbable, l’activiste anti-fasciste Nick Lowles et l’ancien hool Toffee Andy Nicholls, LA star de la hooli-lit avec Cass Pennant, l’ex leader très médiatique de la notoire Inter City Firm de West Ham.

Les jeunes Yam Yam ont tristement repris la relève (à 2’40 dans le docu), la « concurrence » et les occasions de se friter ne manquant pas dans le coin : on compte une quinzaine de clubs professionnels dans un rayon de 50 kms (ce dont nous reparlerons dans le dernier volet avec l’actuel leader de la D2 en guest star, Leicester City). Et dans les Midlands, Wolves en impose, ici.

Et comme nous dit la voix off, si ces crétins ont besoin de conseils légaux, ils peuvent demander à Gilly : ce dernier étudie désormais la criminologie…

C’est qui ton leader ? Le Norvégien Ståle Solbakken, depuis mai 2012.

Ça s’ bouscule pour t’ chouffer ? Pas mal ouais, 21 889.

T’as qui comme people chouffeurs ? Voir liste.

Tu crèches où ? A Molineux, 31 500 places. Seul stade anglais avec un nom frenchie. Antre mythique (inaugurée en 1889) en phase d’agrandissement depuis deux ans.

Ton billet le moins / plus cher ? 24 / 30 £

Et tes abonnements ? De 389 à 540 £

Tu t’ la pètes après 11 journées ? Un peu plus depuis quelques semaines, car après un départ poussif, les sept derniers matchs ont produit 5 victoires et 2 défaites, dont une samedi contre Huddersfield, 2-1.

T’as du caïd ? Pas qu’un peu, vise-moi ça :

–  Jamie O’Hara, 26 ans, ex Tottenham (actuellement blessé, aucun match cette saison)

–  l’uber-Wag de Jamie, Danielle Lloyd

–  Roger Johnson, 29 ans, acheté 7M à Birmingham en 2011

–  Sylvan Ebanks-Blake, 26 ans, attaquant trop bon pour la D2 mais pas assez pour la PL, 5 buts en 11 matchs

–  la Wag de Roger, le mannequin Melissa Johnson (ci-dessous)

–  l’attaquant Kevin Doyle, international irlandais (52 capes, 12 buts) acheté 6,5M à reading en 2009

–  le teigneux et talentueux Stephen Hunt, international irlandais (39 capes)

–  le bulldozer et capitaine Karl Henry, milieu récupérateur de 29 ans

–  Jermaine Pennant, 29 ans, récent prêté de Stoke City. Ses caisses (ci-dessous) sont plus chromées que ses centres en ce moment

–  Jody Craddock, 37 ans, le seul joueur à ne jamais s’emmêler les pinceaux (voir plus bas)

Ton meilleur caïd étranger ever ? Nenad Milijas (2009-2012), milieu international serbe loué pour son pied gauche classieux et son talent pur. Considéré comme l’étranger le plus technique à avoir porté le maillot orange.

[ndlr : Milijas peut paraître un choix étrange vu qu’il fut très irrégulier – et pas toujours titulaire – mais c’est la sélection des supporters & journalistes Four Four Two. Peu d’ex bons joueurs Wolves non-britanniques ou irlandais ont laissé leur marque. Citons tout de même le mythique Nigérian Ade Akinbiyi, 16 buts en 37 matchs. Et l’Australien Kevin Muscat, 1997-2002, il a aussi laissé de belles marques, mais littéralement lui]

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Tomas Frankowski (2006-07). C’est Glenn Hoddle qui fit venir d’Elche cet international et ex Strasbourgeois polonais pour 1,4M en déclarant : « Tomas est la pièce manquante de notre puzzle ».

Ça devait être un puzzle lowcost car 17 matchs et 0 but plus tard, les supps le surnommait « The Pole without a goal ». Il fut refourgué au Chicago Fire, où il ne mit pas plus le feu : 2 pions en 17 matchs.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Hormis Ronald Zubar, oui : Jody Craddock, défenseur central. A 37 ans, l’ex Sunderland Legend effectue sa dixième saison au club. Elu Wolves’ player of the year 2009-2010.

Pas dégueu avec un pinceau, Craddock est artiste à ses heures perdues (et sacrément talentueux !).

peindre les

La spécialité de Craddock : les joueurs mimant le hamster en rut

Et la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? Molle, 1/3. Effectif très exotique : entre autres, de l’Icelandais, du Togolais, du Malien, du Nigérian et beaucoup d’Irlandais.

Un Frenchie dans l’tas ? Trois même :

–  Steven Mouyokolo, défenseur central de 25 ans. N’a disputé qu’une poignée de matchs (blessures, les croisés), prêté à Sochaux. Toujours convalescent, on devrait le revoir d’ici quelques semaines (au moins en réserve)

–  Ronald Zubar, au club depuis trois ans. Se distingue par une alternance de matchs références et de boulettes références

–  Bakary Sako, l’ex Stéphanois fait grosse impression, des prestations de cador et 3 pions en 8 matchs, et quels buts ! (clips malheureusement introuvables sur le Net). Sa surpuissante frappe du gauche a déjà fait de lui un cult hero à Molineux

T’es blindé ? Plutôt ouais, on a même fait 9M de bénéfices sur la dernière année financière (une rareté dans le foot anglais). Mais on est prudent, on déteste les dettes.

Le club appartient au Scouser Steve Morgan (60 ans), sorte de mini Bouygues anglais. Morgan a bâti sa fortune – estimée à 400M £ – dans la construction et a même mis des billes dans Liverpool par le passé, ère David Moores. Il a injecté 30M dans le club depuis son rachat à Sir Jack Hayward en août 2007 pour… 10 £ ! (voir  bas d’article).

Tu payes bien ? Ça eut payé, quand on était en PL l’an dernier, 38M de masse salariale (pour 61M de chiffre d’affaires). Les cadors, tels Stephen Hunt, sont à 150 000 £/mois minimum. Pas mal de gros salaires ont giclé cependant, dont Steven Fletcher et Matt Jarvis.

Kevin Quigagne.

A suivre.

Prochaine journée de D2 : demain soir mardi, la 12è.

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[1] Interdictions de stade. L’agresseur de Chris Kirkland était, semble-t-il, sous le coup d’une IdS.

[2] De fait, nombre de supporters des deux clubs ne savent pas trop (ou ne comprennent pas) pourquoi ils se détestent tant les raisons sont obscures. Tout cela remonte à décembre 1976 quand les deux clubs jouaient les caïds en D3. Il était une fois un pénalty raté de Brighton lors d’un second replay de FA Cup qui déclencha…

Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 % (avec pointes à 183 %), des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. Profitons de la trève internationale pour cuisiner les principaux caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Voir intro ici pour lire le reste moins bête.

Deuxième partie aujourd’hui (2/4), les clubs classés 7è et 6è, les ventre-mouistes de notre affaire, les semi-grossistes quoi : Leeds United et Huddersfield Town, ces deux grands voisins du West Yorkshire.

De nouveaux développements ayant fait advancer ce lourd dossier, nos limiers ont pu remonter la piste des vrais leaders. Il a donc fallu ajouter un volet (le # 4), un faisceau d’enseignements et preuves accablantes justifiant un prolongement de garde à vue jusqu’en milieu de semaine prochaine. Le cheminement tortueux de cette longue enquête aux multiples ramifications explique également les quelques méandres et détours. La faute à Ken Bates tout ça, un récidiviste au casier chargé. Cette deuxième partie s’oriente donc davantage vers Leeds que Huddersfield.

[Cliquer sur les photos peut s’avérer utile]

Leeds United, 7è, 18 points (+ 2)

C’est quoi ton surnom ? Les Whites (et les Peacocks – paons – beaucoup plus rare).

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Man United et Sheffield United (D3).

Et Millwall bien sûr (D2), mais ils habitent loin eux, c’est pas une embrouille territoriale (voir clips). Comme on dit par chez moi « Loin des yeux, loin des coups » mais on tâche quand même de se friter le plus souvent possible avec les Lions londoniens, plus par tradition qu’autre chose. Ça devient plus difficile, les temps changent.

C’est pas qu’on ne pouvait pas les voir viscéralement parlant mais comme tout le monde on s’est mis à les détester dans les Seventies ou plutôt vice-versa, ben, on a suivi le mouvement. Et quand notre tour est arrivé de s’occuper d’eux, après avoir fait la queue, on a fait le sale boulot. Normal, c’était notre tour. Comme dans une tournante de cave quoi. Maintenant, on a plus d’interdits de stade qu’eux (106 v 65), c’est trop d’ la balle.

Ton leader ? Neil Warnock, depuis février 2012 (viré de QPR). La plus grande gueule du Yorkshire est un expert ès remontée : 7 à son actif, avec 6 clubs différents.

7 promotions est d’ailleurs le (co)record du foot pro anglais. Trois autres managers en comptent autant, tous avec 3 clubs : l’ex sélectionneur anglais Graham Taylor, Dave Bassett et Graham Turner. Seul ce dernier est toujours en activité, donc susceptible de dépasser Warnock, même si faire monter le promu Shrewsbury en D2 sera mission quasi impossible.

Pour effacer Warnock des tablettes, Turner devra donc quitter les Shrews, un club surtout célèbre pour son ancien stade : le Gay Meadow, régulièrement élu dans les blases de stade les plus étranges/marrants. L’ancien nom du Comté (toujours largement utilisé commercialement) n’est pas en reste : Salop – rebaptisé Shropshire en 1980. Fermons cette parenthèse Gay & Salop.

Ca s’ bouscule pour t’ chouffer ? Plus trop non : 22 953 cette saison. Affluence similaire à l’an passé et décevante pour une ville de 800 000 habitants qui ne compte qu’un seul club professionnel (one-club city), donc aucune « concurrence » directe. D’où les tarifs billetterie pratiqués, les plus élevés de D2.

Saison 2009-10 (D3) on avait fait 24 775 et 27 299 l’exercice suivant, en D2. Mais seulement 22 569 pour le derby contre Barnsley le 6 octobre. Deux raisons expliquent cette désaffection :

a) les tarifs billetterie, stratosphériques pour la D2 dans le climat économique actuel : l’abonnement le meilleur marché est à 522 £ ! Et les tarifs Jeunes à l’avenant, prohibitifs.

b) plusieurs milliers de supps boycottent Elland Road tant que Ken Bates – propriétaire-président aux penchants dictatoriaux – sera aux commandes.

Les relations supps-Bates sont exécrables depuis quelques saisons, voir article et comments, ici également.

Les rapports avec les journalistes sont aussi très tendus – ceux de la BBC et surtout du Guardian furent interdits d’Elland Road (4 ans pour le Guardian) pour avoir simplement voulu établir à qui appartenait Leeds United [1].

De fait, tout le monde s’y est mis pour pousser Pépé Ken dans les orties, même les Kaiser Chiefs. Qu’on se rassure : le barbon devrait bientôt retourner à son bétail (il fait dans l’élevage, entre autres hobbies).

T’as qui comme people chouffeurs ? Un tas. Y’a plus de people qui nous chouffent que de name-dropping dans une interview de Jacques Séguéla, c’est pour dire. Mate-moi cette liste si tu m’crois pas.

Outre les Kaiser Chiefs, ci-dessous (le nom du club sud-africain où débuta le Chief, Lucas Radebe, voir plus bas), parmi les méga-célèbrités inconnues en France, figure le présentateur-journaliste Jeremy Paxman, 62 ans.

Une méga-star TV ce Paxman. Son style pitbull avec la caillera politicarde est légendaire et il devint internationalement célèbre (dans le monde anglophone) en mai 1997 en posant la même question au leader des Conservateurs… 12 fois de suite ! Voir ce clip mythique (dommage que Paxman n’ait jamais interrogé Ken Bates… Pour la petite histoire, Howard esquiva la question de « Paxo », douze dérobades d’affilée donc, record à battre).

Depuis, les médias français s’imaginent naïvement que tous les journalistes TV britanniques sont comme Paxman… (il s’en faut, Paxo est un spécimen rarissime). Précisons que Paxo ne courait pas non plus un danger démesuré, Blair et son rouleur-compresseur New Labour venant d’arriver au pouvoir en écrasant tout : 418 sièges de députés NL contre 165 pour les Tories (et Michael Howard était fini politiquement, au plus haut niveau. Cet entretien avec Boris Johnson n’est pas piquée des cockchafers non plus, dans un autre registre, celui du bizarre, surtout après 9’40).

Tu crèches où ? Elland Road, vénérable antre de 38 000 places, et ce depuis la création du club en 1919.

Enfin, Elland Road n’est même plus à nous… Dans le nébuleux tourbillon d’emmerdements et avatars en tout genre qui plombent le club depuis une bonne décennie, notre stade a été vendu à un trust offshore ! Et on a aussi perdu notre centre d’entraînement et Academy (en 2004) : on est désormais locataire et on doit verser 500 000 £ par an au Leeds City Council.

Tu t’ la pètes après 10 journées ? Ouais, pas mal, le feelgood factor est revenu après un été angoissant. On craignait surtout que les pertes successives de joueurs clés (dont Snodgrass cet été et Jonny Howson au mercato d’hiver) nous handicapent mais que nenni. Notre XI type pratique un jeu bien léché en général. Le gros hic c’est que notre défense fait relâche cette saison : 16 buts encaissés.

Enfin, Bates est sur le départ, c’est bien l’essentiel.

T’as du caïd ? Bien sûr :

– l’athlétique et prolifique Argentin Luciano Becchio, 8 buts en 10 matchs, deuxième buteur de D2 derrière Charlie Austin de Burnley, 12 buts (Becchio, c’est 76 buts en 202 matchs pour Leeds depuis 2008)

– l’international écossais Ross McCormack, 26 ans

– le latéral Lee Peltier, 25 ans, notre nouveau capitaine

– le milieu-taulier Michael Brown, ex Tottenham, Fulham, etc. Il ne joue plus des masses (presque 36 ans) mais quand il joue, il est souvent performant : encore monstrueux contre Barnsley lors de la dernière journée

– le gardien irlandais Paddy Kenny, 34 ans, ex Sheffield United et QPR

– le défenseur australien Patrick Kisnorbo, 31 ans (qui revient de blessures sérieuses)

Et on finit avec le cador Number 1 : El Hadji Diouf. Le « type pire qu’un rat d’égout » est excellent depuis son arrivée. C’est l’étiquette que lui avait collé… Neil Warnock en janvier 2011, voir clip et notre compte-rendu de l’incident à l’époque (en bas d’article). Mais comme le Sénégalais était libre et partant pour une pige jusqu’à Noël, et que l’heure est à l’austérité à Leeds, les deux hommes se sont réconciliés. C’est pas Leeds must mais Needs must (when the devil drives) comme dit l’adage anglais : nécessité fait loi.

Ton meilleur caïd étranger ever ? Lucas Radebe (1994-2005). On ne présente plus The Chief. L’arrière-central sudaf affiche 262 matchs Whites et un statut de Dieu vivant à Leeds.

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Tomas Brolin (1995-97). Idem, on ne présente plus le Suédois mais ça fait toujours plaisir de se l’ remettre en bouche.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Aucun. Ken Bates ne tolèrerait jamais ce genre de fantaisie.

C’est quoi la cote érectionnelle de l’effectif sur le God Shave the Queen ? DSKienne, 4/3, 70 % d’Anglais.

Un Frenchie dans l’tas ? Nope. Notre dernier vrai bon spécimen frenchie doit remonter à Olivier Dacourt (2000-2003).

Bon, y’a bien eu Didier Domi aussi mais brièvement (en 2003-04) et en prêt seulement. Lui, il est surtout célèbre en Angleterre pour s’être pété une cote… dans un avion ! Nous, on a rien de spécial contre lui, c’est surtout Newcastle United qui l’a eu mauvaise. 6M € pour recruter une côte cassée, ça leur a fait drôle aux Magpies.

T’es blindé ? Non, fauché. Et là, ami(e) lecteur/trice, il nous faut ouvrir une parenthèse chiffrée, car depuis quelques saisons le chiffre est au cœur de l’énigme Leeds. Ce club, censé afficher des ambitions de montée, est (re)devenu très mal géré. Saison 2010-11, le ratio masse salariale/chiffre d’affaires était de… 35 % (tableau ci-dessous). Du jamais vu en Angleterre où quasiment tous les clubs sont à 60 % minimum, sauf circonstances particulières (le ratio salaires/CA de Leeds est monté à 51 % l’an passé. Ce lien – de l’excellent blog The Scratching Shed – répond partiellement à la question brûlante : mais bon dieu, que fait Leeds United de son argent ?

Cette saison-là, les promus (QPR, Swansea et Norwich) affichaient respectivement des ratios salaires/CA de 183 %, 143 % et 61 %. Des chiffres en adéquation avec la réalité de la D2 : pour espérer monter en PL, le ratio doit dépasser 60 %. Une loi d’airain encore vérifiée la saison dernière, les trois heureux élus (Reading, Southampton et West Ham) étaient tous à plus de 90 %.

Faut dire que Ken Bates (proprio depuis janvier 2005, actionnaire à 75 %), outre son côté « excentrique » mal vissé, est un grand nécessiteux du foot : il n’aurait que 20M en poche (grâce à Abramovitch : Bates empocha 18M de plus-value à la vente de Chelsea en 2003 – qu’il paya 1 £ en 1982). Bates est un fermier (il fait dans l’élevage, entre autres) et a adopté au fil du temps la mentalité rustique et « prudente » des gens de la terre, surtout ceux du Yorkshire. En clair, il est radin comme pas deux. Et il vit à Monaco la moitié de l’année, donc la gestion borderline, ça le connaît.

En 1985, l’éleveur-businessman Ken Bates voulut installer un grillage électrifié autour de la pelouse de Stamford Bridge, histoire d’électro-déculotter quelques hooligans. Ou peut-être voulait-il tout simplement écouler un excédent de clôture électrique agricole.

Toutefois, espoir : l’ex big Boss de Chelsea a presque trouvé un repreneur (des banquiers du Golfe, Gulf Finance House) et devrait donc retrouver son bétail sous peu (fingers crossed). Toute une ville est impatiente de voir se conclure fissa cette saga-vente débutée en juin dernier (ici) et surtout, avec les adieux de Bates. Ken Bates, c’est un peu le Millwall des propriétaires : personne ne l’aime mais il s’en fout.

Rappelez-vous, Bates est celui qui, en 1985 et alors proprio-président de Chelsea, installa un grillage électrifié autour de la pelouse de Stamford Bridge histoire d’électro-déculotter les hooligans (le même matos que pour ses autres bovins).

Hélas, le Greater London Council lui interdit d’activer son grille-hool géant et peu après, Bates le fit démonter.

Quel dommage, comme il aurait été rafraîchissant de voir du hool frire en direct. Cela aurait également eu le mérite linguistique de revitaliser et recycler intelligemment un tas d’expressions-clichés, telles que « Wow, l’ambiance est super électrique aujourd’hui », « X a de l’énergie à revendre » ou « quel jus il a ! » ou encore « Son arrivée a créé un électrochoc ».

Alors qu’il était membre de la FA (!), Bates fit aussi campagne pour transformer Wembley en mini Las Vegas. Et alors que le projet New Wembley stagnait à la fin des Nineties, il déclara au sujet de la Ministre des Sports (K. Hoey) : « Le meilleur moyen de faire avancer Wembley est d’abattre Kate Hoey. »

Toutefois, deux semaines après avoir signé un deal, le dossier de la reprise du club s’est enlisé. Le candidat repreneur GFH, loin d’être ce super blindé du Golfe que la presse nous présentait, serait en fait un indigent, un vrai : GFH n’a dégagé que 236 000 £ de bénéfices en 2011 et il ne leur resterait plus que 4M £ en caisse (avec des dettes colossales).

Ami(e) lecteur/trice, si tu comptes investir, ne mets pas tes billes dans l’action GFH : elle a plongé de 9 £ en 2008 à 10 pence aujourd’hui. Sachant que Bates valorise son club à 50M, ça risque fort de coincer… Mille milliards de hool électro-déculotté, y’avait que Ken Bates pour dégoter les seuls gueux du Golfe Persique.

Tout aussi étrange mais très dans l’esprit de cette série TK sur la D2 : l’un des dirigeants de GFH, David Haigh, a comparé Leeds United à « a young Pamela Anderson, in great shape, with superb assets and a great future ahead of her. »

De Lee Bowyer à Pamela Anderson en à peine dix ans, que l’image de ce club a changé !

Leeds United, avant.

Leeds United, aujourd'hui.

Espérons fort que tout cela ne se transforme pas en minable mirage kachkarien et que Leeds retrouve enfin des investisseurs sérieux après quinze ans de marasme financier et sportif (hormis bien sûr l’ère glorieuse 1997-2002, mais bâtie sur du sable).

Leeds est le sleeping giant numéro 1 du football anglais (avec Nottingham Forest) et il serait désolant que ce grand club ne trouve pas vite un repreneur digne de son standing.

Tu payes bien ? Bah, ce n’est plus l’esprit d’antan débordant de générosité, quand Peter Ridsdale était à la barre [2], mais notre wage bill est tout de même de 17M.

Huddersfield Town, 6è, 17 pts (+ 4)

C’est quoi ton surnom ? Les Terriers.

Crache le morceau : qui sont tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Leeds United, Bradford City et Sheffield Wednesday (à noter que Bradford, englué en D4 depuis des années – après avoir brièvement tâté de la PL – a progressivement perdu la deuxième place de rival au profit de Leeds. Les rivalités entre clubs sont très aspirational, si un rival historique passe trop de temps dans les divisions pouilleuses, on ne fait pas de sentiment : on lui trouve un remplaçant).

Ton leader ? Simon Grayson, depuis février 2012 (limogé de Leeds).

Ça s’ bouscule pour t’ chouffer ? Pas des masses mais ça chouffe ça chouffe : 14 913 (l’an dernier en D3 : 14 146).

T’as qui comme people chouffeurs ? Euh… Personne n’a encore fait son coming out.

Ah si, Zoe Lucker, une actrice de soap de 38 ans native d’Huddersfield et relativement connue (surtout si on passe son temps à chouffer du soap et Footballers’ Wives). Son wiki nous dit même qu’elle est diplômée de la Oscars Academy of Performing arts d’HollywoodHuddersfield.

Faut dire que c’était ça ou Bradford City pour Zoe. Et quand elle chouffa les prestations de Bruno Rodriguez à Bradford, elle se décida vite. Arrivé pour six mois et 500 000 £ (avec option d’achat de 3M), son prêt fut stoppé net au bout de six semaines. Le président de Bradford, Geoff Richmond, avait pourtant décrit Rodriguez aux supporters comme « l’un des trois ou quatre meilleurs attaquants français »

(depuis, la mondialisation étant passée par là, Francis Lalanne a atomisé Richmond à ce petit jeu, cf son commentaire collector sur A. Le Tallec. Pis bon, tout comme la route, l’omniprésent ridicule tue beaucoup moins qu’avant, on est vite blasé et beaucoup d’âneries passent inaperçues. Ce genre d’avancée sociétalo-médiatique aide grandement à sans cesse repousser les limites de l’absurdité).

Tu crèches où ? Au John Smith’s Stadium, une belle demeure de 24 500 places (voir plus bas). On cohabite avec les rugbymen à XIII d’Huddersfield Giants.

Tu t’ la pètes après 10 journées ? Bah, ouais, on roule un peu des mécaniques, normal, pour un promu « Hudds » démarre fort (absence en D2 de 11 ans). On a vendu ce colosse de (Jordan) Rhodes à Blackburn pour 8M £, mais sans incidence pour notre rendement. Enfin, pour l’instant.

T’as du caïd ? Ouais, ouais :

– James Vaughan, avant-centre très rapide de 24 ans, ex Everton et Norwich, excellent cette saison (de sérieuses blessures ont freiné sa progression)

– Keith Southern, milieu de 31 ans, ex Blackpool (353 matchs pour les Seasiders)

– Sean Scannell, 22 ans, ex Espoir Irlandais, prometteur ailier droit/attaquant, révélé à Crystal Palace

– Adam Hammill, 24 ans, ailier virevoltant, prêté par Wolves

– Jermaine Beckford, 28 ans, attaquant, ex Leeds et Everton, prêté par Leicester

Et on a un blase qui en jette à mort : Anthony Gerrard, cousin de.

Ton meilleur caïd étranger ever ? Dean Gorré (1999-2001). Ce milieu surinamien acheté à l’Ajax sous Steve Bruce parvint presque à hisser les Terriers dans les play-offs pour la montée en PL.

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Kwami Hodouto (1999-2000). Une sorte d’Ali Dia du foot pro. Auxerre attendait beaucoup de ce défenseur togolais en le recrutant à l’AS Cannes à l’âge de 22 ans. Tout comme Steve Bruce deux ans après en le faisant venir à Huddersfield, alors en D2.

Deux matchs et autant de prestations calamiteuses plus tard, il disputa son tout dernier (bout de) match professionnel avec Hudds. Son tout dernier match pro tout court d’ailleurs car il raccrocha les crampons dans la foulée. A 25 ans. Une carrière pas trop nerveuse, digne des PTT (Petits Togolais Tranquilles) : 19 matchs pro en 4 ans.

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Aucun, désolé. Enfin si : notre stade. Il fait surtout pouffer les alcolos : le John Smith’s Stadium, du nom de la fameuse bière anglaise. C’est toujours plus sympa que l’ancien nom : le Galpharm (compagnie pharmaceutique). Remarque, les deux font la paire. A consommer avec modération, surtout les médocs.

La cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? Viagraesque, ferait exploser l’érectomètre, quasiment que des Engliches.

Un Frenchie dans l’ tas ? Nope, même pas l’ombre d’un francophone ou exilé des championnats français. Que des Britanniques et Irlandais, on fait ça à l’ancienne ici.

Dean Hoyle et sa femme Janet

Dean Hoyle et sa femme Janet

T’es blindé ? Ben, pas mal ouais. Depuis 2009, notre maître est Dean Hoyle, un jeune propriétaire au destin hors norme.

Hoyle, c’est avant tout une improbable et phénoménale success story. Dans les Nineties, ce quadra faisait les car boot sales du Yorkshire (sorte de vide-greniers) pour y refourguer ses cartes fantaisie au cul de son break déglingué. Les cartes, créées par sa femme, plurent tellement qu’il acheta une boutique à Wakefield en 1997 (près de Leeds). Puis deux. Puis dix. Puis 480. En 2010, il revendit la chaîne, Card Factory. Pour 350M £.

Hoyle pèse aujourd’hui 150M £. Et dire que les « spécialistes » ont passé les Noughties à nous bassiner que la carte n’avait plus d’avenir because l’écologie et Internet. Ils ont encore eu le nez creux nos experts !

Tu payes bien ? Aucune idée pour cette saison mais l’an dernier en D3, on avait la plus grosse (masse salariale), nanananère. Enfin, la troisième plus grosse, derrière Sheffield United et Sheffield Wednesday, autour de 8M.

Kevin Quigagne.

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[1] De manière incroyable, jusqu’en 2010 et le renforcement de la législation Football League sur l’ownership des 72 clubs de FL (voté dans un souci de transparence et également pour lutter contre la fraude en tout genre – surtout en cas de redressement judiciaire -, l’affaire Portsmouth ayant, enfin, poussé la FL à l’action), rien n’obligeait les clubs à divulguer aux instances le nom des actionnaires, qu’ils soient minoritaires ou majoritaires (mais quasiment tous le firent… sauf Leeds United qui, via Ken Bates, cultive la culture du secret – c’est pas pour rien qu’il est résident monégasque).

Si l’on savait que Ken Bates était le président du club, le nom du propriétaire n’était pas officiellement connu (même si on se doutait qu’il s’agissait de Bates).

Au bout d’un an (!) de pression de la Football League et de la Premier League (qui les menaça de leur barrer la montée) pour que Leeds se conforme à la législation, le club révéla enfin que Ken Bates détenait 73 % des actions et que cinq autres actionnaires se partageaient le reste, tous domiciliés dans des paradis fiscaux. Lire ce lien BBC sur la nébuleuse Leeds et les pratiques de Ken Bates, ainsi que le riche fil du Guardian sur le club, qui contient des dizaines d’articles rien que sur l’ownership de Leeds et l’univers étrange de Ken Bates.

[2] Cf la célèbre et incroyable-mais-vraie anecdote sur Seth Johnson, racontée ici en milieu d’article.

Des propriétaires blindés du Golfe et d’Asie, des pokéristes patron de club, un ratio salaires/chiffre d’affaires de 90 %, des montagnes de dettes, des wagons de stars, une majorité de joueurs étrangers, de la caillera et des Wags en pagaille : bienvenue en Npower Championship (D2), le sous-sol copié-collé de la Premier League. Profitons de la trève internationale pour cuisiner les caïds. Interrogatoire bling bling de bas étage.

Le premier constat qui s’impose sur la D2 anglaise : les jeux sont très serrés. Après 10 journées (sur 46), seuls 8 points séparent le 3è, Wolves, du 21è, Birmingham City.

Un tel tassement de niveau peut s’expliquer par la relative homogénéité des budgets de D2 (d’une moyenne de 17M), la fourchette allant de 1 à 3, contre 1 à 6 en Premier League (environ 3M/an de revenu médias en moyenne par club et jusqu’à 12M en billetterie pour les grosses écuries. Les revenus annexes s’élevant au maximum à 8M/an [1]).

Les masses salariales des grosses écuries pouvant grimper jusqu’à 36M, la grande majorité des clubs de D2 sont endettés, certains sérieusement (Bolton, 100M, Cardiff, 45M, Blackburn 37M, etc. Un fair-play financier a dû être adopté, ici). Les nombreux sugar daddies (mécènes) à la tête des 72 clubs de Football League doivent régulièrement renflouer les caisses.

Première partie de ce dossier D2, les clubs 9è et 8è : Blackburn Rovers et Blackpool FC.

[NB : a) voir [2] b) affluences saison en cours c) meilleurs et pires étrangers élus par lecteurs et journalistes de Four Four Two début 2012 d) cote érectionnelle exclut les Britanniques non anglais e) masse salariale : chiffres 2010-11. Cliquer sur les photos réserve parfois des surprises]

Blackburn Rovers, 9è, 16 points (+ 3)

C’est quoi ton surnom ? Rovers.

Tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Burnley, Bolton et Man United.

C’est qui ton leader ? On en a pas, c’est l’anarchie, la loi de la cité (l’ex buteur messin Eric Black assure l’intérim). L’ancien, Steve Kean, vient d’être viré (alors que le club était 3è), les supporters ont fêté ça au Champagne anglais (excellent d’ailleurs). Rarement un manager était resté aussi longtemps en place (presque deux saisons) avec une telle cote d’impopularité d’entrée de jeu.

Mais ce n’est plus le Blackburn de l’ère Jack Walker ou post Walker (géré par son Trust), ce club stable et régulièrement placé dans le Top 10 de la Premier League (hormis un bref passage en D2). Depuis deux ans, Blackburn Rovers est devenu le club le plus dysfonctionnel du football anglais professionnel (avec Port Vale, D4 – Portsmouth étant hors concours).

Presque une centaine de noms (!) ont été cotés par les bookmakers pour remplacer l’Ecossais, dont quelques-uns ronflissimants. Les favoris (cotes Paddy Power) : Tim Sherwood (2/1), Alan Shearer (11/2), Mick McCarthy (6/1), Ian Holloway (10/1) et Roy Keane (14/1).

Sherwood, l’ex darling d’Ewood Park ère glorieuse (1992-1998), semblerait tenir la corde. L’actuel coach adjoint (dans l’acception anglaise du terme, celui qui dirige les entraînements – pas le manager adjoint) de Tottenham depuis 2008 a bien sûr l’amour de son ancien club chevillé au cœur, mais troquer les entraînements glamour avec Bale et consorts pour ce club en crise et le bouc (non moins moribond) de Gaël Givet, ça se monnaie, cher. Très cher même : il se dit que Sherwood exigerait 2M/an + une prime de montée d’1M (il palpe 1M/an aux Spurs). Oh, et Spurs demanderait une compensation de 3M. Ce n’est donc pas gagné et on parle de plus en plus de McCarthy et Holloway depuis hier.

Les plus bling bling des cotés : S-G Eriksson (33/1), Jurgen Klinsmann (40/1), Laurent Blanc, Carlo Ancelotti et Frank Rijkaard (66/1), Maradona (100/1) et même… Pep Gardiola ! (250/1)

Les plus pouilleux : Alex McLeish et Avram Grant (40/1).

Ca s’ bouscule pour t’ chouffer ? Non, affluences en chute libre : 14 142 spectateurs (contre 22 551 l’an dernier, en PL)

Tu crèches où ? Ewood Park, 31 367 places, depuis 1882.

Tu t’ la pètes après 10 journées ? Non, pas de quoi jouer les kakous, 4 victoires seulement.

T’as du caïd ? Beaucoup ouais, mais surtout du sénior. Disons qu’il ne vaudrait mieux pas embarquer les cadors pour un go-fast :

–      Danny Murphy, 35 ans ex pilier de PL (9 capes anglaises)

–      Nuno Gomes, 36 ans et 79 capes portugaises

–      Paul Robinson, gardien de 33 ans, ex Leeds et Tottenham, 41 capes anglaises

–      L’ex éternel espoir David Dunn, 32 ans, 20 capes anglaises U21, 1 cape senior

–      Colin Kazim-Richards, 26 ans, ex Fenerbahce et Galatasaray, 35 capes turques

–      Morten Gamst Pedersen, 31 ans, 73 capes norvégiennes

–      Dickson Etuhu, 30 ans, 17 capes nigérianes

Jordan Rhodes, 48 buts en 2011-2012

Jordan Rhodes, 48 buts en 2011-2012

Mais notre vraie terreur c’est un djeun de 22 ans : Jordan Rhodes (ci-dessus), 48 buts en 55 matchs la saison passée ! Acheté 8M à Huddersfield. Est anglais mais porte la tunique écossaise [3].

Ton meilleur caïd étranger ever ? Brad Friedel (2000-08). Presque six saisons sans rater un match. Et à 41 ans, papy Brad fait toujours de la résistance.

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Corradi Grabbi (2001-04), un blase de bolide teuton, des performances de Fiat 127 bridée. L’attaquant italien, barré par Del Piero à la Juve, fit six clubs transalpins de division inférieure avant de débarquer été 2001 dans le Rovers de Graeme Souness. Pour presque 7M £ !

30 matchs, 2 buts et 4M en salaire plus tard, il était catalogué l’un des pires transferts de la Premier League (5 millions le but, quand même).

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Deux même : David Goodwillie (= bon zizi), prêté à Crystal Palace, et Mauro Formica. Bonne pouffe.

C’est quoi la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? 3/1, mollesse due à l’effectif Tour de Babel, 18 nationalités. Trop cosmopolite pour bander sur l’hymne british tout ça.

Un Frenchie dans l’tas ? Ben, notre Gaël Givet national. Jamais un citoyen français n’avait autant kiffé la Burne Noire, comme dirait Daniel Riolo.

T’es blindé ? En théorie oui, le club appartient au VH Group, voir aussi Venky’s (les volailles). Club dirigé par la famille indienne Rao depuis novembre 2010.

Une tribu qui, de son propre aveu, n’entrave rien au football, ici. En arrivant, la big Boss, Anuradha Desai, déclara vouloir recruter le trio Ronaldinho-Beckham-Maradona. Au final, elle récolta Hérold Goulon. Et ouais, life’s a bitch (and then you die).

Ils se sont tous mis au poulet

C'est poulet gras à toutes les collations désormais

Elle dit aussi vouloir faire de B’burn « l’Arsenal du Nord » (une tarasconnade qui rappelle celle de Mohammed Al-Fayed, voir milieu d’article). On pigea alors vite sa stratégie : se servir du club comme véhiculaire publicitaire pour sa société Venky’s.

Les Rao n’étant que rarement à Blackburn, Steve Kean devait présenter quasi mensuellement son bilan à la patronne… en se rendant au fin fond de l’Inde, deux ou trois vols et cinq heures de route. Et de retour dans le Lancashire, à peine les bagages posés, il se faisait pourrir par les supps en révolte. Il n’a pas volé ses roupies.

C’est désormais Shebby Singh, notre Global Football Adviser et ex footballeur malaisien qui dirige les opérations sur le terrain. En tant qu’ex célèbre commentateur ESPN des matchs Premier League en Asie, Singh est officiellement chargé de « développer la brand Blackburn en Asie du Sud-Est ».

Tu payes bien ? Oui, 50M de masse salariale en PL. Probablement autour de 30M cette saison, dû aux départs et clauses de réduction dans les contrats en cas de descente de PL. Mais nos petits nouveaux ne sont pas à plaindre : Jordan Rhodes émarge à 180 000 £ mensuels.

Blackpool, 8è, 16 points (+ 5)

C’est quoi ton surnom ? J’en ai trois : les Seasiders, Tangerines et Pool.

Tes principaux gangs rivaux des cités voisines ? Les autres petites frappes du Lancashire : Preston, Bolton et Burnley.

C’est qui ton leader ? Ian Holloway, depuis mai 2009.

Ca s’ bouscule pour t’ chouffer ? Ça pousse un peu ouais, 13 739.

Tu crèches où ? Bloomfield Road, depuis 1900 (17 338 places). Stade sacrément retapé ces dernières saisons. Pendant longtemps, faute de moyens, il n’avait que deux tribunes ! (et une petite temporaire).

Tu t’ la pètes après 10 journées ? Ça va oui, on est satisfait, même si on n’a engrangé que 3 points lors des 4 dernières journées. Joli football tout en mouvement (4-3-3) et très offensif (19 buts marqués) mais ce style flibustier nous a fait retomber dans nos travers défensifs : déjà 14 buts encaissés.

T’as du caïd ? Ouais, et du lourd :

–  Kevin Phillips, 39 ans, ex Sunderland Legend et grand Seigneur du football britannique (seul Anglais Soulier d’Or européen, en 2000). A claqué 272 buts en 610 matchs durant une glorieuse carrière commencée en non-league il y a vingt ans. Et il est toujours en forme, 9 apparitions cette saison ! (476 minutes de jeu, 1 but).

–  l’attaquant U21 anglais Tom Ince (fils de, ci-dessous), 20 ans, début de saison tonitruant, 6 buts en 6 matchs (Fergie le kifferait, ici)

–  l’ex grand ami de Paul Le Guen et Glasgow Rangers Legend Barry Ferguson, 34 ans et 45 capes écossaises

–  l’excellent ailier et néo international écossais Matt Phillips, 21 ans

Ton meilleur caïd étranger ever ? Le milieu international féringien Claus Bech Jørgensen (2006-09 – pour les plus incultes d’entre vous, un Féringien est un natif de l’île danoise où y’a que des moutons. Ne pas confondre avec un Mérovingien, habitant de Mer dans le Loir-et-Cher comme chacun sait).

Et ta plus grosse pipe étrangère ? Le gardien ghanéen Richard Kingson (2010-11). La faute à sa femme ?

T’as un blase comique à nous r’filer qu’on pouffe ? Ouais, l’ex Strasbourgeois Nouha Dicko, 20 ans. Bienvenue au club des queutards du foot Nouha, t’es en bonne compagnie : Julian Dicks, Gary Dicker, Paul Dickov – prononcez Dick off -, George Dick, etc.

C’est quoi la cote érectionnelle de ton effectif sur le God Shave the Queen ? 2/1. Avec seulement 50 % d’Anglais dans l’effectif, risque de débandaison à tout moment, mise risquée donc.

Un Frenchie dans l’tas ? Je veux, trois même :

–  le Guadeloupéen Ludovic Sylvestre

–  le Normand-Congolais Elliott Grandin, revenu de Nice où il a pigé l’an passé

–  le Savoyard-Malien Nouha Dicko, souvent remplaçant, excellent depuis le début de saison, 3 buts en 9 matchs. Joli retourné acrobatique victorieux contre Hull, à 50 secondes dans ce clip

T’es blindé ? Oui, même si nos propriétaires adorent jouer les Abbé Pierre. Le club appartient à la famille Oyston, père (Owen, ci-dessous) et fils (Karl). Les Oyston se sapent comme des épouvantails sous acide mais la paire pèse 100M. Le troisième comparse, l’homme d’affaires et financier letton Valeri Belokon (actionnaire minoritaire, 25 %), pèserait le double.

Thunés, mais effroyablement radins aussi. Pervers, ils aiment proposer des contrats… à 90 £ /semaine ! [4] (par exemple à Bojan Djordjic et à ce pauvre Emile Heskey). Il y a six mois, ils avaient cependant cassé leur nourrain pour offrir à Robbie Fowler… 100 £ / semaine (avec certes une prime de 5 000 £ par apparition). La saison précédente, les Oyston s’étaient octroyés, via une société domiciliée au club, un dividende de 11M !

Le refus de verser un vrai salaire à Robbie Fowler en mars dernier a peut-être coûté aux Seasiders la montée en Premier League, battus 2-1 par West Ham en finale des play-offs. Qui sait ce qu’il se serait passé si Fowler avait été recruté pour l’emballage final.

Tu payes bien ? Non. Petite masse salariale de 25M [5] en 2010-11, l’année de notre unique saison PL (pour un CA de 52M). Probablement 10M aujourd’hui. En 2009-10, l’année de la montée en PL, la wage bill n’était que de 6M.

Les agents de joueurs n’aiment pas trop charbonner avec Blackpool non plus, ils ne ramassent que des miettes (voir tableau). Jusqu’en 2008, on refusait même de verser un penny aux agents ! (Blackpool insistait pour que les joueurs les rémunèrent de leur poche).

Au-delà des rapports folkloriques de B’pool avec l’argent, il ne faudrait pas que leur pingrerie légendaire leur coûte (encore ?) la montée [6]. Car malheur aux prétendants qui rateront le coche Premier League en mai prochain : à partir de 2013-2014, les sommes versées par la PL à ses 20 clubs augmenteront d’au moins 45 %. Le dernier du classement touchera ainsi plus que le champion d’Angleterre la saison passée (61M £).

Avec une conséquence évidente : les trois clubs PL relégués en 2014 seront encore plus costauds financièrement et donc mieux armés que les autres pour remonter en PL. Et cela, avant même de toucher les parachute payments qui auront sans doute augmenté d’ici là. Parallèlement, les revenus médias des clubs de D2 baissent depuis 2010.
Ergo, ce n’est absolument pas le moment de s’éterniser en D2 et 2012-13 est la saison où jamais pour monter, surtout pour les clubs au budget scoubidou comme Blackpool qui, inévitablement, verront leur chance de gagner la terre promise s’amenuiser au fil des saisons. Money talks, de plus en plus fort, et le championnat de D2 est fatalement amené à devenir moins ouvert qu’aujourd’hui. Le mercato d’hiver pourrait être chaud bouillant en D2 cette année et Blackpool doit absolument revoir sa stratégie recrutement, sous peine de se faire piétiner dans la ruée vers l’or et voir ses rêves de PL partir en fumée, pour longtemps. Et Ian Holloway avec.

Kevin Quigagne.

A suivre.

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[1] Sont omis ici les deux versements suivants de la Premier League :

a)   parachute payments aux trois clubs relégués de PL, 48M chacun sur 4 ans.

b)  les solidarity payments, environ 2,5M annuellement par club de D2

[2] Rivalités – question 2 – données dans l’ordre décroissant (source : sondage 2012 et 2003).

[3] Eligible car… il a fait toute sa scolarité en Ecosse ! (le pater, aujourd’hui entraîneur des gardiens à Sheffield Wednesday, joua huit saisons chez les Scots)

[4] Comme la législation le lui permet, Blackpool applique religieusement la formule suivante : salaire minimum horaire (6 £) x 15 heures (d’entraînement) par semaine = 90 £. Blackpool a nié avoir offert ce montant hors intersaison dans l’affaire Djordjic. Certes, le Daily Mail n’est pas le plus fiable des quotidiens anglais (euphémisme) mais, à ma connaissance, le club n’a pas démenti pour Heskey et Fowler. Chiffres d’ailleurs confirmés par les broadsheets, dont le Guardian après interview avec God lui-même.

(A noter que cette pratique harpagonnesque des 90 £ / semaine ne s’étend pas à la Premier League qui a adopté un salaire minimum depuis plusieurs saisons, négocié annuellement par le syndicat des joueurs – 95 000 £/an en 2010-11)

[5] Selon le Guardian. D’autres sources parlent de 13 ou 14M de wage bill pour cette saison PL, chiffre possible vu que le plafond salarial n’était que de 10 000 £ / semaine. Ces disparités peuvent s’expliquer par la prise en compte ou non a) des charges patronales – environ 25 % – lors de la publication des comptes par le club b) des primes (surtout si celles de la montée en PL – de 200 à 500 000 £/joueur – furent versées un peu en retard et comptabilisées dans l’exercice financier suivant). Une chose est sûre : c’est pas à B’pool qu’on fait fortune.

[6] D’ailleurs, Ian Holloway en aurait assez de la « prudence » des propriétaires (le tout dernier clash, le mois dernier, a porté sur le refus du club de faire venir DJ Campbell en prêt – trop cher -, celui-là même dont les 13 buts aidèrent bien les Seasiders à monter en PL en 2010)

Ancien international espoirs anglais, Justin Fashanu avait devant lui un avenir radieux dans le football, jusqu’à ce que les blessures gâchent sa carrière. Un destin triste, certes, mais fréquent. Destin qui a par la suite basculé dans le tragique, sur fond de tabloids, d’homophobie et d’agression sexuelle. Ambiance.

Né en 1961 à Londres, Justin Fashanu et son frère John, d’un an son cadet, sont placés très jeunes en famille d’accueil suite à la séparation de leurs parents. Enfant, Justin pratique la boxe et aurait pu envisager une carrière dans ce sport.

Le premier joueur noir à £1M

Mais c’est le football qu’il a choisi. Formé à Norwich, il signe son premier contrat pro fin 1978, pour débuter en championnat au début de l’année suivante, un mois avant son 18e anniversaire.
Considéré comme un futur grand du football anglais, il joue plus de cent matchs avec les Canaries en trois ans, inscrivant une quarantaine de buts, certains splendides (dont celui-ci, désigné Goal of the Season 1979-80 contre Liverpool), et obtient six capes chez les espoirs anglais.
Tout roule, donc, et il est transféré à l’été 1981 à Nottingham Forest pour £1M, devenant ainsi symboliquement le premier joueur noir ayant coûté cette somme.
Mais à Forest, tout ne se passe pas comme prévu.

Brian Clough : « Qu’est-ce que tu fous dans ce bar à pédés ? »

Fashanu semble en manque de confiance à Nottingham, son rendement est famélique (trois buts en plus de trente matchs), en partie à cause du traitement qui lui est réservé par son entraîneur.
La rigueur et la fermeté de Brian Clough sont relativement incompatibles avec le tempérament du jeune attaquant, qui, à 20 ans, semble encore en pleine exploration de sa sexualité.
Les rumeurs font état de visites fréquentes de Fashanu dans des bars et des boîtes gay, Clough n’apprécie pas et lui fait savoir, en lui interdisant l’accès aux entraînements, même avec la réserve.
Clough publiera la conversation suivante dans son autobiographie, en 1995 :

Clough : « Où vas-tu si tu veux acheter une baguette de pain ? »
Fashanu : « Chez le boulanger. »
Clough : « Et où vas-tu si tu veux acheter un gigot d’agneau ? »
Fashanu : « Chez le boucher »
Clough : « Alors qu’est-ce que tu vas foutre tous les soirs dans ce bar à pédés ? »

La situation devient intenable pour Fashanu, qui s’exile au début de la saison suivante à Southampton, en prêt. Neuf matchs et trois buts plus tard, la confiance semble être revenue, et si les Saints ne peuvent l’acheter, faute de liquidités, c’est Notts County, l’éternel rival de Forest, qui flaire la bonne affaire en l’engageant pour £150 000.
Néanmoins, son niveau n’est plus le même qu’à Norwich, malgré un but tous les trois matchs en moyenne, et il est vendu en 1985 à Brighton, pour encore moins cher qu’il n’avait été acheté.

Blessure, coming-out, exil et retour

Fashanu a à peine commencé à jouer qu’il se blesse gravement au genou. Sa blessure le force alors à s’exiler aux Etats-Unis, pour se faire soigner, dans un premier temps, puis découvrir le soccer.
Après près de deux ans de rééducation, il signe en 1988 à Los Angeles, puis l’année suivante à Edmonton et Hamilton. Pendant ce temps, son frère John réussit une saison pleine à Wimbledon, et remporte la même année la FA Cup contre Liverpool (voir Le hold-up du Crazy Gang).
Sur le continent américain, Justin flambe aussi, mais le niveu n’est pas le même qu’en Angleterre, et il tente un come-back, raté.
Deux matchs en 1989 à Manchester City, puis deux matchs à West Ham, cinq à Leyton Orient, et il signe l’année suivante à Southall, pour six matchs comme entraîneur-joueur, avant de retourner pour l’été à Toronto.
Mais le fait marquant de sa carrière ne se situe pas dans ces changements de clubs. À 29 ans, en 1990, il devient le premier joueur de football en activité à faire son coming-out.

Il accorde une interview scandale au Sun, dans laquelle il révèle avoir eu notamment une relation avec un député londonien.
Les réactions sont multiples, et quand bien même Justin lui-même prétend que ses coéquipiers ont bien pris la nouvelle, lâchant cependant quelques vannes à gauche et à droite, dans l’opinion publique, c’est un choc. Beaucoup de footballeurs déclarent qu’un homosexuel n’a pas sa place dans un sport d’équipe, et, évidemment, les supporters adverses s’en donnent à cœur joie.
La réaction la plus troublante est néanmoins celle de son frère. John rejette son aîné, déclarant à la presse qu’il a toujours été un paria, que le football est un sport d’hommes, et qu’il y a une raison pour laquelle aucun footballeur ne s’est jamais déclaré comme homosexuel.
Pendant ce temps, Justin peine à refaire surface sur les terrains, effectue un essai infructueux à Newcastle, avant, enfin, de se poser à Torquay. Il y reste deux ans, joue bien, marque des buts, mais ne peut empêcher la descente du club en quatrième division. Nommé entraîneur-adjoint l’année suivante, il ne parvient pas à décrocher le poste d’entraîneur après les licenciements successifs d’Ivan Golac et Paul Compton, et est devancé par Neil Warnock.
Pendant ce temps-là, une autre affaire fait grand bruit dans les tabloids anglais, toujours friands de la moindre rumeur : on lui prête une relation avec l’actrice Julie Goodyear, qu’il dément, mais celle-ci déclarera dans son autobiographie que la relation était réelle.

Présumé coupable

Miné par toutes ces affaires, peu préparé aux retombées de son coming-out, Fashanu décide à nouveau de partir d’Angleterre, direction, dans un premier temps, l’Ecosse et les Airdrieonians, qu’une fois de plus, il ne sauvera pas de la relégation.
S’ensuivent alors des piges à Trelleborg en Suède, puis à Heart of Midlothian, Atlanta et enfin Miramar, en Nouvelle-Zélande. Quatre saisons peu convaincantes au terme desquelles il prend sa retraite en 1997, pour aller coacher l’équipe des Maryland Mania, à Ellicott City.
C’est là, en mars 1998, que se déroule l’ultime drame : Justin est accusé d’agression sexuelle par un adolescent de 17 ans. Interrogé le 3 avril puis relâché, il s’envole pour l’Angleterre au moment où, une nouvelle fois d’après la rumeur, des policiers débarquent chez lui pour l’arrêter.
Un mois plus tard, Justin Fashanu est retrouvé mort, pendu dans un hangar à Londres, peu après avoir visité un sauna gay.
Dans sa lettre de suicide, il déclare avoir le sentiment « d’avoir été présumé coupable » sans preuve, et « ne plus vouloir embarasser sa famille et ses amis ».
Une enquête est ouverte à Londres et rend ses conclusions en septembre : Justin Fashanu s’est bel et bien suicidé, et la police américaine avait arrêté la procédure, par manque de preuves.

Retombées et héritage

Dix ans après la mort de Justin Fashanu a été créée une association nommée The Justin Campaign, pour lutter contre l’homophobie dans le football, et en mars 2009, les Justin Fashanu All-Stars, une équipe de football montée par cette association et soutenue par la FA a organisé un match de gala, à Brighton.
En février dernier, Amal Fashanu, nièce de Justin et fille de John, a réalisé un documentaire diffusé sur la BBC3, intitulé Britain’s Gay Footballers, dans lequel elle dénonce l’homophobie latente du monde du football, en soulevant la question suivante : « Pourquoi aucun des 5 000 footballeurs anglais n’a t-il déclaré être homosexuel ? ».
Depuis, les clubs de la Premier League ont signé une charte (voir ici), condamnant, entre autres, l’homophobie.
John Fashanu, lui, même s’il a déclaré regretter profondément sa réaction à l’annonce du coming-out de son frère, ne croit toujours pas que Justin était gay, mais qu’il avait seulement « besoin d’attention » (lire l’interview de John Fashanu : My brother Justin wasn’t gay).
Espérons que les actions d’Amal Fashanu et de la Justin Campaign ouvre les yeux à un monde où l’homophobie est bien présente, en témoignent les tollés que soulève la question du mariage gay en France, et que d’autre footballeurs, plus charismatiques qu’Olivier Rouyer, fassent leur coming-out, même si, comme le dit John, « il y a plus de chance de voir un pape noir qu’un footballeur gay ».