Archive for décembre, 2011

6.

Bring on Spurs! L’opprobre relatif d’une tardive tête égalisatrice de Ronald Zubar ne ternit pas la trépidante prestation des Canaries chez les Wolves, mardi, en ouverture de la 17ème journée de Premier League. Norwich boucle ainsi deux matches consécutifs à l’extérieur sans dommage, un nul à chaque fois. Avec un petit supplément de rigueur défensive, la victoire était envisageable mais la clean sheet n’est pas le fort de l’équipe cette année. Ces résultats assoient confortablement le club dans la première moitié du classement du championnat, ce qui, au risque d’être redondant, relève du miracle. Grant Holt (en League One il y a deux saisons) enfile les buts ; les Irlandais Wes Hoolahan, Marc Tierney et Anthony Pilkington (également issus de League One) sont, dit-on, suivis de près par Trapattoni en vue de l’Euro 2012; l’entraineur Paul Lambert loue chaque semaine les vertus de ses joueurs qui le lui rendent bien ; le club, aux finances équilibrées, se lance dans une ambitieuse politique de formation.

Place donc à Tottenham, plat de résistance pour Norwich de l’orgie païenne à laquelle se livre l’élite du football anglais à cette période de l’année. Les tribunes seront pleines, pré-réservées par les 25,000 abonnés de Carrow Road… dont la capacité est de 27,000 spectateurs (dont 10 pour cent de supporters adverses). L’hypothétique reliquat sera partagé entre les 5,000 super members, non abonnés mais prioritaires à l’achat, moyennant £20 par an. La liesse des gradins ne sera pas feinte. Tout juste flotte-t-il dans l’air l’angoisse sourde d’un départ anticipé de Paul Lambert, dont l’avenir, radieux de l’avis de tous, ne s’écrit probablement pas à Norwich. Il est question d’Aston Villa ou de Liverpool, ou de tout autre club plus prestigieux que Norwich dont l’entraineur ne satisfait pas ses employeurs. Garder Paul Lambert le plus longtemps possible, telle est la prière secrète de tout Canary à l’approche de la nouvelle année.

Rien ne semble pouvoir contester à Carrow Road le statut de best show in town en cette période de fêtes. Surtout pas Sleeping Beauty, pantomime* laide (pléonasme) que propose actuellement le Royal Theatre de Norwich et dont les affiches défigurent la totalité des bus locaux. Il est difficile, en déambulant dans la ville, d’identifier d’autres sources d’enchantement collectif que les Canaries. Lorsqu’elles n’annoncent pas en caractères gras la dernière déclaration un peu fade de Paul Lambert, les gazettes du coin se réjouissent de l’ouverture d’un centre commercial créant pour l’occasion 300 nouveaux emplois – bienvenus dans une municipalité dont le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale et où près d’un enfant sur deux vit dans une famille pauvre. La frénésie d’achat qui règne en centre-ville et les efforts décoratifs des habitants sont d’aussi mauvais goût et déprimants à Norwich qu’ailleurs. L’animation nocturne de la rue Prince of Wales est la même que dans chaque centre urbain d’Angleterre. Comme ailleurs, seules des beer jackets protègent la nuit les midinettes trop fardées du froid de l’hiver, lesquelles ne manqueront pas, au petit matin, telles de petits poucets modernes, de déposer sur leur chemin de retour d’élégantes pavement pizzas. Peut-être juste un peu plus vertes et jaunes qu’ailleurs.

* Le lecteur souhaitant connaitre plus avant la curieuse tradition britannique du panto – dont l’un des ressorts majeurs est que des hommes s’y griment en femmes – est invité à visionner le formidable et grinçant épisode d’Extras qui en dévoile l’insondable tristesse.

Précédemment:
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5

Matchbox vintage – Wimbledon 1-0 Liverpool (Finale de la FA Cup – 14 mai 1988)

Face à des Reds tout juste sacrés champions d’Angleterre, les Dons réalisèrent l’un des plus grands exploits du football anglais et remportèrent la Cup, avant leur longue descente aux enfers.

But : Sanchez (37′)

Tableau de la FA Cup 1988

Tableau de la FA Cup 1988

Montés en D1 la saison précédente, les joueurs de Wimbledon n’a pas la réputation d’une équipe plaisante. Adepte du kick n’rush, dépositaire d’un jeu pas toujours très chatoyant (voire carrément pas du tout), c’est en petit poucet que le Crazy Gang arrive à Wembley, défier le tout juste champion anglais.

Archi-favoris, les Reds visent légitimement le doublé et s’appuient sur leur titre en FA Cup deux ans auparavant face au rival Everton. La victoire annoncée de Liverpool doit s’inscrire dans la logique du football léché pratiqué par cette équipe, et sera, à n’en pas douter, le triomphe du football sur l’amateurisme.

Wimbledon

Beasant (c) – Goodyear, Young, Thorn, Phelan – Wise, Jones, Sanchez, Cork (Cunningham 56′) – Gibson (Scales 63′), Fashanu
Coach : Bobby Gould

Liverpool

Grobbelaar – Nicol, Gillespie, Hansen (c), Ablett – Houghton, Spackman (Mølby 74′), McMahon, Barnes – Beardsley, Aldridge (Johnston 64′)
Coach : Kenny Dalglish

La première mi-temps

Domination territoriale de Liverpool, qui se procure plusieurs très belles occasions, notamment par Aldridge et Beardsley, mais encaisse un but peu après la demi-heure de jeu par Lawrie Sanchez. Beardsley égalise ensuite, mais le but est refusé par l’arbitre, qui avait sifflé pour accorder un coup-franc aux Scousers.

Le but

Coup-franc très excentré sur l’aile gauche, Dennis Wise le tire, comme tous les coups de pieds arrêtés des Dons. Son centre dans les 6 mètres est prolongé dans le petit filet par la tête de Lawrie Sanchez qui s’élève au milieu de quatre Reds pour tromper Grobbelaar. « What a typical Wimbedon goal! » dira le commentateur. 1-0 (36′).

"Super, les gars, merci pour le short."

"Super, les gars, merci pour le short."

La deuxième mi-temps

Tendance plus appuyée pour cette deuxième période, avec une domination très nette de Liverpool, mais Beardsley, Aldridge, Houghton, Hansen et Barnes butent tour à tour sur un très bon Dave Beasant.

Le tournant du match

À l’heure de jeu, M. Brian Hill, l’arbitre du match, siffle un penalty pour les Reds, pour une faute de Goodyear sur Aldridge. La faute est inexistante au ralenti, Goodyear touche bien le ballon, m’enfin. Aldridge s’élance pour se faire justice, mais son tir est repoussé par un superbe plongeon de Beasant sur sa gauche, au ras du poteau. Beasant devient ainsi le premier gardien de but à arrêter un penalty lors d’une finale de FA Cup à Wembley.

Spectateurs

Un bon paquet, plus de 98 000.

Pour en savoir plus sur les aventures du Crazy Gang, visitez environ une page sur trois du fil anglais des Cahiers, ou demandez à Kevin Quigagne directement dans les commentaires de cet article. Bien sûr, si vous faites ça, vous prenez le risque que la page devienne trop longue à charger une fois qu’il vous aura répondu.

Impossible de caser toutes les frasques de Mario en une des Cahiers. C’est donc Teenage Kicks qui se charge d’accueillir l’histrion italien pour les prolongations.

(Pour la première partie des frasques balotelliennes : cliquez ici).

Pour certains, Mario aurait pu être le fruit d’un croisement entre Eric Cantona et Joey Barton. D’autres le voient plutôt comme le love child d’un Paul Gascoigne normal et d’un Gazza sobre. Quoi qu’il en soit, Mario fait beaucoup parler de lui, en bien pour changer. Depuis trois mois, surfant sur l’insolent succès des Citizens, l’énigmatique Transalpin réconcilie le pays avec Manchester City.

Opération séduction réussie

Quand Mario ne fait pas les gros titres des journaux, il déglingue gentiment les caméras de Man City TV, tourne des publicités ou apparaît en une du Financial Times au lendemain du derby mancunien. Tout le monde veut a piece of Mario. Assurément, au baromètre de la santé médiatique, l’Italien n’est pas près de perdre son Triple A (adulé, ahurissant, allumé).
Il faut dire que depuis septembre dernier Mario s’est refait une image, aux antipodes du statut de semi-paria bouffonesque (« Badotelli ») qu’il traîna comme un boulet toute la saison dernière. Mario n’aimait pas Manchester (« trop froid et humide ») et la grande cité nordiste le lui rendait bien. Ses caprices de diva agaçaient tout le monde. A commencer par Roberto Mancini, qui déclarait en mars dernier, au plus bas de la cote Balotelli : « Tous les jours, je me bats contre Mario et parfois j’aurais envie de lui filer un pain. » Ce à quoi l’intéressé répondit : « Bah, il pourrait pas, je fais du kick-boxing. » Liam Gallagher, en connaisseur, se fit un malin plaisir d’adouber le phénomène : « Mario est malin, j’aime bien la façon dont il joue le taré. »

Mario, la farce tranquille

5 avril 2011

Le Sun rapporte l’incident suivant. Balotelli et ses amis se trouvent dans un gentleman’s club de Liverpool, le Rude Lap Dancing Bar. Tout un programme, en général étudié autour d’une barre chromée. Le genre d’établissement qui remplace peu à peu les quincailleries dans les villes anglaises.
Des membres du groupe ont les mains un peu trop baladeuses. Après moultes palabres houleuses, la sanction tombe : carton rouge, le groupe de Balo est viré. On refait le match à l’extérieur, où un attroupement de curieux se forme. Mario est particulièrement en forme et se chauffe avec les videurs. Il monte dans sa Maserati, effectue une marche arrière bien nerveuse et pile devant le club. Un videur cogne alors plusieurs fois sur la carrosserie avec une torche de type Maglite, avant que Balotelli ne décampe. Un témoin raconte :
« J’en croyais pas mes yeux, Balotelli tenait tête à cinq videurs, il était comme fou. »

Fin avril 2011

Les tabloïds rapportent qu’en neuf mois sur Manchester, Balotelli a accumulé plus de 10 000 £ d’amendes et a récupéré sa voiture à la fourrière vingt-sept fois ! Les liaison officers chargés de protéger Mario du cruel monde extérieur s’arrachent les cheveux devant tant de je-m’en-foutisme. L’un deux déclare au Daily Mail :
« Mario se fiche royalement de tout… Il prend sa voiture pour aller au resto du coin et la laisse à peine garée en double file ou sur une ligne jaune. L’autre jour, sa Maserati Gran Turismo avait des ratés, il n’arrivait pas à la redémarrer, alors il l’a abandonnée au beau milieu de la rue ! On a dû aller la chercher. Un employé du club lui nettoie la voiture et à chaque fois qu’il vide sa boite à gants, elle est pleine de tickets d’amendes. On lui en a parlé mais il s’en contrefout. »

14 mai 2011

Interview d’après finale de FA Cup contre Stoke (1-0), où il a brillé. Un reporter lui demande s’il pense avoir effectué sa meilleure prestation de la saison (voir clip). Réponse désarmante du héros du jour :

Toute ma saison a été nulle à chier. J’ai droit de dire ça, hein ?

Mi juillet 2011

Mario est un grand farceur et ses souffre-douleurs de coéquipiers décident de se venger en frappant un grand coup. Juste avant de partir en tournée américaine, ils placent un sac de harengs derrière le siège passager de sa Maserati à 150 000 £. Deux semaines plus tard, de retour en Angleterre, Mario vomit presque en ouvrant la voiture ! La sellerie a absorbé les effluves de poisson pourri et les mouches ont envahi l’habitacle. Mario ne voit qu’une solution, un peu radicale mais très balotellienne : se débarrasser de la voiture.

25 juillet 2011

Lors d’un match amical contre LA Galaxy, seul devant le but avec Dzeko à ses côtés, il tente de marquer d’une roulette-talonnade assez spéciale. Et surtout complètement ratée. Enième engueulade avec Mancini, qui le sort illico. On se dit alors qu’on est reparti pour une saison décevante du wonderboy du foot européen.

14 septembre 2011

Au sortir d’un été calme, Mario fait de nouveau parler de lui. Après le Man City-Naples du mercredi, il repart dans l’avion napolitain pour être entendu par la justice italienne le lendemain, dans le cadre d’une enquête sur des liens possibles que Mario aurait eu avec la Camorra. On lui reproche quelques mauvaises fréquentations, rien de bien grave cependant. En juin 2010, il aurait fait un tour du quartier de la Scampia (contrôlé par la Camorra) accompagné de deux mafieux, dont le parrain Marco Lorio.

23 octobre 2011

Après le derby mancunien, Balotelli aurait été vu cruising au volant de sa Bentley dans les rues du centre-ville de Manchester, musique à fond, toit décapoté, s’arrêtant plusieurs fois pour faire un high five à des supporters Citizens.

24 octobre 2011

Interviewé par City TV, Mario explique que l’incendie partiel de sa maison samedi matin était « bad and scary » mais absolument pas de sa faute (son frère et un ami seraient les coupables). Voir l’impayable clip.
Ce même jour, à la surprise générale, Mario est choisi comme porte-parole officiel de la campagne locale pour la prévention des accidents pendant la Guy Fawkes Night ! Cette fête du feu et de la poudre est une tradition anglaise explosive célébrée le 5 novembre (feux de joie géants, bûchers, pétards et feux d’artifice – un jour red alert pour les pompiers et la police). Le message de Mario-le-Sage :
« Il est primordial que les enfants fassent très attention avec les pétards, qui peuvent être dangereux si l’on ne les manipule pas correctement. Il faut suivre à la lettre le Firework code »
Et visiblement, à lire le bilan du Greater Manchester Fire and Rescue Service, ça marche !

26 octobre 2011

Les tabloïds et Twitter rapportent que la maman adoptive de Mario (Silvia Balotelli), telle une Red Adair des intérieurs chaotiques, a débarqué à Manchester pour mettre de l’ordre dans la vie de célibataire du fiston.
Après un mini Grenelle du Rangement en étroite collaboration avec la femme de ménage de l’incorrigible, la Mamma envoie le bordélique Mario dans un grand magasin avec en poche une liste bien précise d’articles électroménagers à ramener, coûte que coûte (fer et table à repasser, balai-brosse, aspirateur, etc.).

Cinq heures plus tard, Mario est de retour, suivi d’un camion de livraison. A la bonne heure, se dit maman Balotelli, on va enfin pouvoir nettoyer le souk du sol au plafond. Sauf que le livreur sort du bahut… un trampoline, un circuit de voitures, une table de ping-pong, deux scooters Vespa mais absolument aucun produit de nettoyage !

5 novembre 2011

Tous les ans, pour la traditionnelle Guy Fawkes Night, l’association Edenbridge Bonfire (Kent) fait brûler une effigie de dix mètres d’une célébrité qui a marqué l’année. Par le passé, Cherie Blair, Katie Price et d’autres people ont eu le droit à leur bûcher. En 2010, c’est Wayne Rooney qui partit en flammes. Logique, il fut poursuivi une bonne partie de la saison par des chaudasses qui avaient le feu aux fesses (dont Jenny Thompson et Helen Wood, ici).
Cette année, c’est le tour de Mario Balotelli, après ses exploits pyrotechniques du 22 octobre. Jon Mitchell, membre de l’association :
« A vrai dire, on ne savait pas qui choisir cette année car aucune célébrité n’avait vraiment fait un truc assez stupide pour mériter une effigie. On a pensé à des politiciens et aux autres prétendants habituels – mais Super Mario est arrivé et, à l’unanimité, les membres du comité ont voté pour lui. Et puis c’est bien de respecter un certain équilibre, alors après un joueur de Man United, brûler un Citizen semblait juste. Bon, on s’est probablement mis à dos toute la ville maintenant… »

21 novembre 2011

Man City est à Naples pour le match de Ligue des Champions du lendemain. Les consignes sont claires : ne pas sortir en ville. Certes, ce n’est pas une obligation, Mancini préférant faire confiance à ses joueurs.
Que croyez-vous que Mario fait à 21 heures ? Il rejoint sa copine italienne dans une pizzeria. Sa dulcinée, c’est Raffaela Fico, belle carte de visite : ex de Cristiano Ronaldo et ex bunga bunga ragazza de Silvio. Oh, et la demoiselle a aussi essayé de vendre sa virginité aux enchères pour un million d’euros. Le Vatican était intervenu (pas pour surenchérir hein, mais pour mettre le holà).

Le lendemain, Mancini fait allusion à une mystérieuse « fièvre » que Mario aurait attrapée. Cela n’empêche pas l’enfant terrible de marquer au San Paolo… mais aussi de vomir sur le terrain à la mi-temps. Malgré tout, le club lui accorde la permission de rester à Naples. Mario déclare aux médias locaux : « Pendant deux jours, j’ai été malade. » Cela est contredit par des insiders qui avancent plutôt la thèse d’un léger rhume qui aurait été largement exagéré lors de la conférence de presse, et ce, afin d’éviter un psychodrame balotellien.

27 novembre 2011

La police reçoit un coup de fil : des cambrioleurs se sont introduits chez Mario Balotelli à Mottram Saint-Andrew, coin chicos du Cheshire (sud de Manchester).
Ce sont les voisins qui ont appelé, ayant remarqué « deux hommes qui chargeaient des biens électroménagers dans un 4×4 en courant dans tous les sens ». A coup sûr, se disent les flics, il s’agit de pillards qui se servent dans la villa inoccupée (depuis les dégâts occasionnés par le fameux incendie du 22 octobre). Quand les cops déboulent, en fait de monte-en-l’air, ils trouvent… Balotelli himself et un ami, qui venaient rechercher des affaires.

6 décembre 2011

Pauvre Mario… Il prend livraison de sa nouvelle Maserati lundi 5 décembre et se la fait confisquer par la police le lendemain ! Intercepté par la patrouille pour excès de vitesse, les flics croient aussi détecter des irrégularités dans l’immatriculation. Mais le new Mario est un homme organisé et il finit par produire tous les papiers en règle du bolide. Les motards voulaient probablement passer du bon temps en compagnie de l’Italien. Décidément, Mario n’a pas de chance avec ses jouets de luxe. Déjà, en juillet dernier, il s’était fait immobiliser sa toute nouvelle Harley-Davidson par le club. Trop risqué avait jugé la direction de City.

Kevin Quigagne.