Archive for novembre, 2011

5.

Depuis leur convaincant match nul à Anfield, les Canaries souffrent. Erreurs défensives, calendrier périlleux et Van Persie sont leurs tourments récents. Pas de quoi assombrir l’humeur des supporters cependant, que le maintien en Premier League comblerait et qui parviennent à rentrer guillerets d’une défaite à domicile face à Arsenal. Pas de quoi non plus pousser le coach, Paul Lambert, à reconsidérer sa philosophie de jeu généreusement offensive, bien que fermement pragmatique. Le NCFC quitte rarement une pelouse sans avoir marqué au moins une fois.

A Norwich, cette saison, l’objectif du maintien n’implique pas de tâcheronner défensivement à dix dans une moitié de terrain pendant 90 minutes en couvant le mince espoir d’une faille soudaine de l’adversaire. Honorons ici Paul Lambert, architecte serein d’un séduisant projet, couronné de deux montées en division supérieure en deux ans, un truc pas vu dans le foot anglais depuis dix ans. Au point que les plus audacieux des commentateurs comparent l’itinéraire de l’Ecossais Paul Lambert à celui de son prestigieux compatriote Ferguson avec Aberdeen.

La saison 2009-2010 de League One, la troisième division anglaise, commence de la pire des manières pour des Canaries mal à l’aise dans leurs habits de big fish in a small pond et ensuqués dans la torpeur des défaites récurrentes. Lors de la première journée, Colchester United, autre club d’East Anglia, juste supplanté par Ipswich dans la subtile hiérarchie des haines supportériales norwichiennes, inflige au NCFC sa pire défaite à Carrow Rd, 7-1. L’humiliation vaut à l’entraineur et ex-gardien de but adulé du club, Bryan Gunn, d’être promptement viré. Le successeur de Bryan Gunn est son bourreau du soir, son homologue de Colchester, Paul Lambert, 40 ans*.

Lorsqu’il signe à Norwich , Paul Lambert n’a que quelques années de pratique d’entraineur derrière lui. A Colchester, donc ; chez les Wycombe Wanderers (League Two) auparavant et à Livingston (Premier League écossaise) un peu plus tôt, comme entraineur puis joueur, à la suite d’une avalanche de blessures dans l’effectif. Le court séjour de Lambert chez le chroniquement instable Livingston échoue misérablement: deux victoires en six mois et un licenciement à la clé. Ses expériences subséquentes sont nettement plus encourageantes: une qualification en play-offs de League Two et une demi-finale de Carling Cup avec les Wycombe Wanderers (la première en 30 ans pour un club de ce niveau), une ascension relative des bas fonds vers le ventre mou de la League One à Colchester.

Paul Lambert s’est plutôt bien débrouillé aussi dans sa carrière antérieure de joueur, débutée et terminée en Ecosse, et ponctuée de 40 sélections en équipe nationale, d’un glorieux titre en Ligue des Champions avec le Borussia Dortmund en 1997 (face à la Juve de Zidane et Deschamps) et de multiples titres et Old Firms victorieux comme capitaine du Celtic Glasgow**.

Analyser la tambouille d’une réussite sportive est un exercice un peu téméraire. Celle de Paul Lambert depuis qu’il entraine les Canaries contient les ingrédients suivants: un attachement indéfectible au labeur quotidien ; un rejet épidermique de l’autosatisfaction d’inspiration très working class*** ; une politique de recrutement finaude, construite sur la durée, et, accessoirement, exclusivement British ; un sens des responsabilités qui le pousse à prendre des décisions pas forcément populaires, notamment lorsqu’il s’agit de mettre sur le banc Grant Holt, le buteur attitré du club. Les joueurs, de leur côté, soulignent que Lambert les inspire et les motive comme personne. Ce qui ne dit finalement pas grand-chose sur la manière dont Paul Lambert s’y prend concrètement et laisse l’observateur frustré.

On en apprendra encore moins en lisant les interviews de l’entraineur, lequel entretient auprès des journalistes une image taciturne et aligne des réponses triviales, sinon creuses. Ainsi, à propos des entraineurs qu’il a admirés: « lorsque vous jouez pour des entraineurs comme Martin O’Neill ou Ottmar Hitzfeld, vous récoltez tout un tas d’astuces au passage mais il y a une chose qui est gravée pour toujours dans ma tête, c’est ce que Martin m’a dit lorsque j’ai eu le job à Wycombe. Il m’a appelé et m’a dit ‘deux conseils, Paul: gagne; gagne et fais en sorte que les joueurs courent pour toi’. C’est ce que j’essaie de faire, gérer les gens de la bonne façon et faire en sorte qu’ils courent pour moi ». A défaut de comprendre tout ce que ceci peut bien vouloir dire, on se convainc finalement que dans la langue vernaculaire du football les mots sont peut-être dispensables.

* Colchester n’a que moyennement apprécié ce départ précipité et inélégant

** Ombre au tableau d’une prolifique carrière de joueur, Paul Lambert n’est jamais parvenu à battre les Girondins de Bordeaux. Tout juste a-t-il arraché un vaillant match nul à Lescure, sous le regard ravi de l’auteur de ces lignes qui ne soupçonnait pas alors la coïncidence lelouchienne qui le rapprocherait onze ans plus tard de Paul Lambert.

*** Paul Lambert fait l’aveu tourmenté suivant au Guardian, en début de saison: « You’ve got to be frightened to lose. That’s what drives me on, being frightened to fail. The past is in the past. I never think I’m safe. »

Précédemment :
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4

Si le football anglais a dominé la scène européenne des Seventies aux Nineties, on ne peut pas en dire autant de ses maillots.

Le consensus est unanime : le pire maillot de football jamais créé est le Rodeo Fringe. Instantanément reconnaissable grâce à ses lanières en cuir, il fut porté par les éphémères Colorado Caribous en 1978. In-dé-trô-na-ble.

Mais ne nous gaussons pas trop. Des horreurs, il en eut aussi des wagons dans le football anglais, surtout au cours des Nineties, la décennie de tous les massacres. Partons pour une longue plongée dans le Hall of Shame du maillot anglais. Aujourd’hui, première partie : présentation de la Dirty Dozen, les Douze qui salopèrent le plus la tunique sacrée.

 

Radioscopie de l’horreur

1. Hull City 1992-déc. 93 (D3), maillot domicile

Réunion d’avant-saison entre les dirigeants de Hull et le designer, l’écossais Matchwinner.

Designer : « C’est comment déjà votre surnom ? »

Président du club : « Les Tigers »

Designer : « OK, merci, c’est tout ce je voulais savoir »

On n’ose imaginer ce que Matchwinner aurait produit pour Sheffield Wednesday (les Chouettes) ou Lorient. Un maillot en plumes ou en écailles ?

La mother and father de tous les maillots hideux, pondue par un designer en manque cruel d’inspiration et qui en profita pour faire exploser les limites du mauvais goût. On se croirait parti pour un safari en tenue camouflage.

Verdict TK : saisissant de laideur.

 

2. Scunthorpe United 1994-95 (D4), maillot extérieur

Encore un classique des années 90. Le coin Scunthorpe-Grimsby-Skegness peut s’enorgueillir d’un riche passé industriel mais aussi d’être une station balnéaire très fréquentée de la côte Est, un mini Blackpool hardcore en quelque sorte. Donc, barpapapa, fish ‘n’ chips à gogo, montagnes russes et manèges. Le sponsor, Pleasure Island, est le Shangri-La local, un gigantesque parc d’attraction.

On ignore où voulut en venir le designer (l’obscur Alan Ward Sports) avec cette stupéfiante création, mais on peut supputer qu’il tenta de recréer les couleurs chatoyantes et le flonflon de la fête foraine. Ça ou alors il consommait des champignons hallucinogènes par paniers.

Un nouvel écusson fut aussi introduit cette saison-là, suite à une compétition organisée dans les écoles de la ville. Le vainqueur : un emblème symbolisant les liens étroits entre Scunthorpe et l’industrie de l’acier. Un design à l’allure toute nord-coréenne. Si les amateurs d’art réaliste russe furent ravis, les supporters des Iron protestèrent, en vain. La triple combinaison Pleasure Island, couleurs Lounge d’aéroport soviétique et poing-barre de fer accouchèrent d’un résultat scotchant.

Verdict TK : médaille d’argent amplement méritée, pour l’ensemble de l’œuvre.

 

3. Coventry City 1981-83 (D1), maillot domicile

Jusqu’en 2006, Coventry était le Sochaux anglais, Peugeot y avait une usine. Afin de contourner les strictes régulations TV sur la taille du sponsor, le designer Talbot Sports opta pour un peu discret « T » à la gloire de la sous-marque (également sur le short…). Pas de chance pour les Sky Blues, la BBC et ITV ne tombèrent pas dans le panneau et décidèrent de ne plus diffuser Coventry (qui dut créer un design différent pour les matchs télévisés). Le légendaire Jimmy Hill (alors président du club) y tenait tellement à son Talbot qu’il essaya même de rebaptiser le club Coventry Talbot ! (fort heureusement, la FA le lui interdit).

Verdict TK : on imagine bien Pedretti le porter au volant de la 205.

 

4. Coventry City 1978-81 (D1), maillot extérieur

Toujours nos amis des Midlands, à l’imagination décidément fertile. Les pauvres, entre le maillot domicile (voir 3) et l’extérieur, c’est la totale. Un coup d’Admiral, qui eut la détestable idée de remplacer le traditionnel bleu clair du club par un immonde marron chocolat (qui a l’air de ravir Ian Wallace – photo). Les supporters adverses se régalèrent (chants douteux). Maillot devenu culte à Coventry depuis.

En 2008, pour marquer le 125è anniversaire de la création du club, l’équipe le porta lors de la dernière journée (défaite – relégation en D3 évitée d’un point). Le gros millier de ces maillots collectors mis en vente pour l’occasion partit comme des hot cakes.

Verdict TK : vive le chocolat.

 

5. Hull City jan. 1994-95 (D3), maillot domicile

Suite à une bataille judiciaire entre Hull et Matchwinner en 1993, le club changea de designer. Ouf, se dirent les supporters… Sauf que le nouveau concepteur (Pelada) conserva le même thème Safari. Apparemment, se justifia-t-il, la version 1992 avait été un succès commercial. Oh dear.

Un zoologue avisé notera cependant quelques différences. Le tigre a disparu, pour laisser place à un croisement hybride entre espèces en voie d’extinction. On devine du léopard, de la panthère, du tigre bengalais, saupoudré de puma argenté. Le designer avait-il bossé à Thoiry l’année précédente ? Pas impossible. Il se dit du côté de Hull que l’ex Tiger Bernard Mendy s’en servait comme descente de lit. Porté pendant une saison et demie, avant qu’on pige à Hull qu’il fallait vraiment arrêter de regarder Daktari en boucle.

Verdict TK : on aurait adoré voir Bernard Mendy le porter, mais on a eu Dean Windass et c’est pas mal non plus…

 

 

6. Norwich City 1992-94 (PL), maillot domicile

Ce chef d’œuvre, signé Ribero, est l’une des vedettes incontestées du Hall of Shame du maillot anglais.

Pour la saison inaugurale de Premier League, Norwich City fit très fort (il finira troisième) et les grands d’Europe se pressèrent à Carrow Road la saison suivante. Le Bayern Munich et l’Inter Milan, probablement hallucinés de jouer contre une équipe de paintball, se firent presque plumer dans le Norfolk. Un maillot saveur guano qui n’empêcha pas les Canaries de terrasser le Bayern à l’Olympiastadion (1-2), grâce à ce but très teuton de Jeremy Goss.

Le début des Nineties, c’est l’âge d’or de la diabolique mode paint fleck (petites touches de peinture). Les supporters des Canaries lui donnèrent le surnom moins artistique de « maillot caca d’oiseau ». Pour expliquer le procédé de fabrication, certains bardes locaux évoquèrent « un nuage de fous de Bassan qui auraient déféqué en masse sur des rouleaux de tissu ». Voir photo de Lee Sharpe bataillant parmi une volée de Canaries (Norwich-Man United de 1993). 

Verdict TK : au moins, Nantes n’a jamais connu pareille humiliation.

 

7. Wolves 1992-93 (D2), tenue domicile

L’un des maillots les plus abominables jamais produits. Le designer, le très éphémère (et ultra Wolves-centrique) Molineux, a carrément transposé les traces de pneus du circuit d’essai au tissu. Original, mais dangereux. A s’en décoller la rétine si on regarde de trop près. Le short est également couvert de traces de gomme noire et le pauvre loup de l’écusson se retrouve écrasé par un vilain dérapage incontrôlé.

Il n’y a guère que l’élégant col qui empêche cette monstruosité de figurer dans le Top Five. Même dans l’ère déjantée du design de l’époque, cet épouvantail indisposa et fut dûment rejeté par les supporters. On le retira au bout d’une saison et on entendit plus jamais parler de ce mystérieux designer Molineux (la tea-lady du club ?).

Verdict TK : annus horribilis pour Goodyear et les Wolves.

 

8. Huddersfield Town 1991-92 (D3), maillot extérieur

On croirait ce maillot issu d’une expérimentation malheureuse menée dans un laboratoire British Energy et dirigée par un allumé du spirographe. Sorte de croisement entre les délires d’un savant fou et une toile de tipi d’un mauvais western. Très caractéristique de son époque, le début des années 90, où on était persuadé de faire jazzy en surchargeant et massacrant le design (un style « graphique électrocardiogramme » qui fit bon nombre d’émules, sadly).

Ici, on a clairement essayé d’injecter du dynamisme avec des effets électrisants. Loin de galvaniser les foules, ces electric hoops ringardisent encore plus l’ensemble. Le col, très Last Chance Saloon, donne à penser que John Wayne va débarquer dans le vestiaire tous colts dégainés et canons fumants. Le sponsor-designer Gola ajoute à l’effet désespérado. Pourtant, cette atrocité se vendit comme des petits pains et devint tellement culte que le club remit en vente le Gola en début de saison 2010-2011.

Verdict TK : loin de donner la gola.

 

9. Arsenal 1991-93 (D1-PL), maillot extérieur

Un jaune banane pourrie, un bleu-noir délavé, des motifs triangulaires, des zigzags et lignes tous azimuts, une surcharge d’éléments, des effets de surimpression planants… aucun doute, nous sommes bien au début des Nineties. Le matériel (polyester) et les techniques d’impression se sont améliorés et les designers se la pètent.

Connu sous le nom de bruised banana shirt (maillot banane écrasée), cette abjection est un pur produit de l’époque, où toutes sortes d’expérimentations funestes furent tentées. On sortait des années 80 thatchériennes, tourmentées et matérialistes. Beaucoup de verrous inhibiteurs avaient sauté dans la société anglaise et on baignait en plein dans l’ère pré-bling bling (mantra de l’époque : « Greed is good – if you’ve got it, flaunt it » – « La cupidité, c’est bien. Si tu as de l’argent, montre-le »). Adidas travaillait pour Arsenal depuis 1986, mais en 1994, fatalement, les Gunners dirent basta et s’attachèrent les services de Nike.

Verdict TK : aurait largement pu faire sombrer Tony Adams dans l’alcoolisme (fort lucidement, il n’attendit pas Adidas pour ça).

 

10. Tottenham Hotspur mars 1992-94 (D1-PL), maillot third

Encore une victime de cette satanée évolution des techniques d’impression à la fin des Eighties. Si ce spécimen sort du lot, c’est évidemment pour la sinistre trouvaille d’Umbro : imprimer le nom du club en gros sur le maillot en lui donnant un effet décoiffant (style pare-soleil Gordini). Des fois que les mercenaires de passage ne se rappellent plus pour qui ils avaient signé… Ce maillot fut introduit pour la première fois à l’occasion d’un match de coupe d’Europe contre Feyenoord et fut même parfois préféré au change shirt (jaune).

1990-1992, c’est l’époque de la renaissance de l’élite anglaise (Premier League), des débuts de Sky et sa conquête planétaire. La rumeur courut que si le nouveau propriétaire du club, l’ambitieux mais peu subtil Alan Sugar, avait commissionné un tel maillot, c’est qu’il visait un marché et des contrées incapables de situer l’Angleterre (et encore moins Tottenham) sur une carte du football mondial. Une expérience désastreuse que Tony Sealy, historien du club, décrivit comme « parfaitement vulgaire ».

Verdict TK : un grand classique de la crise identitaire.

 

11. Stoke City 1996-97 (D2), maillot extérieur

Le sponsor (Broxap) jetant l’éponge précipitamment fin 1996, Asics prit la double casquette designer-partenaire dans l’urgence. Le responsable design confondit-il vitesse et précipitation ? Pourquoi, après la malheureuse expérience Spurs quatre ans plus tôt, persista-t-on sur la même voie ? Peut-on être fier de jouer pour les Potters ?

Des questions qui devraient assurément figurer au bac philosophie mais qui resteront à jamais sans réponse. Et cela vaut mieux ainsi. Design surréaliste, dans la même veine que le précédent (le # 10). Cependant, il arriva bien des années plus tard, donc ne peut bénéficier d’aucune circonstance atténuante. Clairement conçu par un stagiaire ivre, qui bidouillait avec un logiciel pouilleux en essayant laborieusement de reproduire un effet graffiti vu sur MTV.

Verdict TK : risible.

 

12. Brighton 1990-93 (D2 & D3), maillots extérieur

Les Seagulls durent porter ces infamies rosées pendant trois saisons (signées Spall et Ribero respectivement), l’une toute en ondulations psychédéliques, l’autre faisant penser à un massacre au couteau de boucher. Calvaire supplémentaire : ils endurèrent le nom de Nobo comme sponsor de 1986 à 1991. On comprend mieux leur détresse quand on sait que le très usité knob (prononcez nob) veut dire à la fois « connard » et « bite ». Sans parler des chants des supporters adverses, dont le célèbre « Does your boyfriend know you’re here ? » (Brighton est la ville la plus gay d’Angleterre). Le short est pire ; il est vendu sur les sites vintage avec la mention « Very rare crazy design shorts ». Un maillot vite surnommé chewit (mâche-le) pour son côté papier de bonbon acidulé.

Guère étonnant donc qu’en 1992 les Mouettes, déprimées, entamèrent une longue descente aux enfers, passant des sommets de la D2 en 1991 à l’avant dernière place de D4 en 1996. Avec entre temps, une énorme crise financière et une vente de leur stade qui les força à s’exiler deux ans à Gillingham, à 120 kilomètres de Brighton. Miraculeusement, ils ne descendirent pas en non-League (car à l’époque un seul club de D4 était relégué). Et tout ça (peut-être) à cause d’un maillot…

Verdict TK : Allo maman Nobo.

Kevin Quigagne.

Troisième et dernière partie de l’historique du maillot anglais commencé vendredi dernier en page d’accueil des Cahiers.

Le consensus est unanime : le pire maillot de football jamais créé est le Rodeo Fringe. Instantanément identifiable à ses immondes lanières en cuir, il fut porté par les éphémères Colorado Caribous en 1978 (club de NASL formé et déformé cette même saison). In-dé-trô-na-ble.

Néanmoins, ne nous gaussons pas trop. Des horreurs, le football anglais en produisit aussi des wagons, surtout dans les années 90, la décennie de tous les massacres. Au cours de cette longue série qui promet d’être fertile, nous présenterons et analyserons des dizaines de spécimens tous plus affligeants les uns que les autres. Mais avant de plonger dans le Hall of Shame du maillot anglais, un peu de culture. Dernier volet de l’historique du maillot anglais : de la fin des Seventies à aujourd’hui (pour le reste, voir parties 1 et 2).

 

Emballement dès la fin des Seventies

La fin des années 70 voit une évolution des styles, en partie grâce à Admiral qui concurrence désormais le duopole Umbro-Bukta. Les designers s’enhardissent et de nombreux clubs sortent des maillots qui rompent timidement avec la tradition (et frilosité) des deux décennies précédentes. Il s’agit aussi pour ces clubs de se démarquer du reste.

Outre l’écusson du club sur le maillot qui se généralise, les manches sont plus profilées et comportent parfois de fines rayures (Man United). Le design devient plus audacieux ; des bandes apparaissent sur la poitrine et des rayures sont modifiées ou imprimées sur un côté seulement. C’est également au sortir des Seventies que les premières créations loufoques font leur apparition (que nous étudierons en détail dans notre prochaine série « Les pires maillots du football anglais »).

Mais la grande nouveauté de la décennie est que, dix ans après l’Europe continentale, le sponsoring apparaît enfin sur les maillots anglais. Il était temps, les clubs avaient un grand besoin d’argent frais. Même Liverpool, Champion d’Angleterre et d’Europe en 1977, dégage des bénéfices dérisoires cette saison-là : 71 000 £…

Le club qui ouvre le bal des sponsors est… Kettering Town ! Le 24 janvier 1976, les « Kettles » (bouilloires) de D7 deviennent le tout premier club britannique à oser s’afficher avec une marque sur la tunique, défiant l’interdiction de sponsoring décrétée par la FA en 1972.

Même si le partenaire des Bouilloires n’est qu’une petite entreprise locale (Kettering Tyres), la FA se fâche et menace le club amateur d’une forte amende. Kettering Town rentre dans le rang, non sans avoir tenté au préalable de feinter la réglementation, peu subtilement ! (avec un Kettering T_____ censé faire penser à Town…).

En juin 1977, la FA autorise finalement le sponsoring maillot mais la Football League refuse d’entériner cette décision.

 

Liverpool, pionnier du sponsoring en 1979

Début saison 1977-78, Hibernian devient le premier club britannique à porter un maillot sponsorisé. Le 3 août 1978 c’est Derby County qui lui emboite le pas en Angleterre avec Saab… mais seulement le temps d’une photo de pré-saison. Le partenariat est restreint aux matchs amicaux (deal conclu pour la belle somme de 300 000 £, comprenant une flotte de rutilantes suédoises pour les joueurs).

En 1979, les deux instances accouchent finalement d’un accord (lesté de sévères restrictions de taille, les lettres ne devant pas dépasser cinq centimètres de haut).

Saison 1979-80, Liverpool devient le premier club anglais à jouer légalement sponsorisé, grâce à Hitachi, qui débourse environ 200 000 £ par saison (Standard Chartered verse actuellement 20 millions par an à LFC). Le maillot rouge et blanc avec écusson jaune est devenu collector et la marque japonaise accompagnera les Reds de Kenny Dalglish, Graeme Souness et Ian Rush jusqu’en 1982. En 1983, les télévisions anglaises autorisent les maillots sponsorisés à l’écran.

Dans la foulée, le reste des troupes de l’élite suivra, souvent sponsorisé par des géants nippons de l’électronique (Nottingham Forest, Panasonic 1980 ; Arsenal, JVC 1981 ; Ipswich, Pioneer 1981 ; Man United, Sharp 1982). Mais parfois aussi par d’obscures entreprises, inconnues hors des limites de la ville (citons Norwich et son hyper local Withey Windows en 1983). Le fait est que tout le monde n’est pas égal devant le sponsoring, et nombre de clubs n’attireront que du menu fretin commercial pendant longtemps.

Le président de feu Scarborough FC : « Notre sponsor, Black Death Vodka, jouit d’une excellente réputation. La Football League a peut-être réagi avec excès en interdisant ce partenariat. »

L’avènement du sponsoring va donner lieu à des situations comiques ou ubuesques au fil des années, les clubs manquant parfois de « discernement » dans leur chasse effrénée au sponsor. De 1984 à 1986, un West Bromwich Albion sans partenaire affiche un gros No Smoking sur son maillot. En 1990, feu Scarborough FC se fait parrainer par… Black Death Vodka ! (sous-titré : « drink in peace »). Un deal vite annulé par les instances – plaintes de parents affolés -, au grand dam du club : « Cette marque jouit d’une excellente réputation. La Football League a peut-être eu une réaction excessive », s’étonnera Geoffrey Richard, président des Seadogs.

Toujours dans le registre du choix douteux, en 1994, Clydebank (D2 écossaise) se fait sponsoriser par le groupe pop Wet Wet Wet ! En 2001, Fulham débarque en Premier League arborant fièrement sur sa tunique Pizza Hut, et ses formules all you can eat à 5 £. Et en 2009, comble de l’ironie amère, c’est Jobsite (recrutement) qui sponsorise… Portsmouth, justement la saison où Pompey sera placé en redressement judiciaire (dettes phénoménales) et devra licencier à tour de bras.

Les sponsors dans la place, le maillot acquiert un nouveau statut. De bout de tissu sans grande valeur qui ne servait guère qu’à différencier une équipe de l’autre une décennie auparavant, il va devenir autant véhicule publicitaire qu’objet de culte.

L’invention du replica shirt par Admiral en 1973 et la présence des sponsors sur le maillot (même la Football League est désormais sponsorisée, par une marque de photocopieurs) signifient aussi que ces partenaires de poids ont désormais voix au chapitre dans les discussions sur le choix du design, même si le club a toujours le dernier mot.

 

La révolution des Eighties

Au cours des Eighties, le football anglais prend un virage à 180 degrés. De pestiféré et quasi invisible sur les écrans nationaux, le beautiful game va progressivement devenir omniprésent, surtout en fin de décennie. Cette percée dévastatrice bouleversera la dynamique financière de ce sport, ainsi que les rapports entre les acteurs du football (clubs, designers, médias, sponsors et supporters).

A point nommé, un nouveau matériau émerge : le polyester. Non seulement il est peu coûteux mais il permet une meilleure impression et un flocage parfait. Il favorise aussi l’éclosion de nouvelles idées et designs. Revers du progrès, il va aussi rendre plus facile le genre d’effets spéciaux, dégradés surréels et autres motifs géométriques foireux qui rendront tant de maillots des années 90 si comiques (voir les spécimens ci-dessous, pris au hasard parmi des dizaines).

En ce sens, le côté brash (clinquant, criard) de la société anglaise des Eighties, symbolisée par le yuppie de la City et l’argent décomplexé, va progressivement déteindre sur le maillot.

Côté mode, le col en V (plus élaboré) fait un grand retour en force. Grâce à la foultitude de styles et combinaisons différentes, les clubs, qui avaient commencé à se démarquer les uns des autres dix ans auparavant, portent tous désormais une tenue relativement individuelle.

Autre originalité des Eighties : le maillot Fourth ! Il fait une brève apparition à la fin de la décennie dans une poignée de clubs, notamment à Leicester City (1987-88) et Crystal Palace (1989-90 – avec un étrange design « abeille » pour les Aigles palaciens). Toutefois, le Fourth ne fera jamais recette et sera vite remisé au grenier. Son spectre hantera néanmoins le football britannique encore longtemps, avec notamment le Pays de Galles qui osera l’expérience du quatrième (en 1998), imité vers 2009 par d’obscurs clubs de Football League tels Carlisle ou Rochdale, en retard de vingt ans.

Tous ces développements et cette effervescence attirent une pléthore de petits nouveaux sur ce marché jusqu’ici trusté par le Big Three composé de Umbro, Admiral et Bukta (même si ce dernier est décroché). Parmi les principaux arrivants : Adidas, Le Coq Sportif, Hummel, Matchwinner, Ribero et Scoreline. Citons aussi Asics, Ellgren, Henson, Hi-Tec, Hobott, Gola, Osca, Patrick, Skill ou Spall dans la liste des ventre-mouistes.

Dans un univers aussi concurrentiel, il s’agit surtout de se démarquer. Autant dire que ce bouillonnement commercial et créatif va accoucher de beaucoup de surprises et pas mal d’horreurs !

 

Les Nineties, l’âge d’or du maillot pourri

Au début des Nineties (1992), la Premier League débarque avec fracas, annonciatrice de la renaissance du football anglais amorcée triomphalement au Mondial 1990. L’élite du football anglais s’est enfin affranchie de la poussiéreuse et rétrograde Football League. L’argent coule soudain à flot et les designers surfent sur le zeitgeist du moment, exhibitionniste et parfois pontifiant, surtout dans le domaine « artistique ».

Ces créateurs comptent bien hurler à la face du monde qu’ils existent. En cherchant coûte que coûte à rompre avec l’amateurisme et le « classicisme » des décennies précédentes, on va inexorablement sombrer dans le très flashy. Ce sont ces quelques années du début des Nineties qui vont concentrer les pires abominations jamais créées.

Le monde du design voulait-il effacer, dans une sorte de déni esthétique doublé d’une purification vestimentaire, l’épouvantable décennie qu’il venait de subir ?

Toujours est-il que tous les grands designers de l’époque réfléchissent à de nouvelles voies, radicales et « avant-gardistes ». Et eurêka, la lumière jaillit : on va associer le design aux modes naissantes, principalement celles du leisurewear et du streetwear. Le but étant de créer des maillots portables en toute circonstance, à la ville comme en vacances, pour, in fine, créer un marché gigantesque. Si l’idée est astucieuse, la réalisation sera laborieuse et farfelue (les principales victimes seront les maillots à bandes ou rayures, style plus vulnérable à la torture et aux déclinaisons à l’infini en polos…).

L’un des obstacles que rencontrent les designers est l’obligation de travailler étroitement avec les tout-puissants propriétaires ou présidents de clubs (ou même les sponsors, qui veulent parfois imposer les couleurs de leur marque). Les présidents se voient proposer une dizaine de designs, et le directoire choisit. Vu l’âge moyen parfois canonique de ces derniers, les bizarreries et monstruosités sont légion. Les gardiens en particulier paieront un lourd tribut à cette vogue de la tenue tape-à-l’œil et bigarrée.

Toutefois, rejeter la faute sur de seuls boards vieux-jeu serait simpliste et caricatural. Certains designers succombent corps et âme aux modes de l’époque, en particulier celles des formes géométriques alambiquées, des abstractions post-modernes ou éclaboussures artistiques prétentieuses.

Après la tempête, le calme

Les supporters ont beau désapprouver (et les médias foot aussi, dont When Saturday comes, qui s’émeut longuement en 1991 d’une « détérioration graduelle du design maillot »), les fans sont devenus clientèle captive et même les pires maillots s’arrachent. A leurs détracteurs, les fabricants rétorquent : « Personne ne s’est jamais plaint et nos maillots se vendent très bien. » Imparable.

En 1993, la Premier League autorise le nom du joueur sur le maillot. Le double flocage numéro-nom, en associant les supporters à l’équipe dans une fusion sérigraphique, fait flamber les ventes.

Parallèlement, post Mondial italien, le maillot Third se fait de plus en plus présent, grâce à un marketing tous azimuts. Pour les uns, il est devenu un prétexte pour faire vendre ; pour les autres, un moyen pour le club d’expérimenter ou remettre au goût du jour les designs d’antan. La frénésie de l’Euro 1996 en Angleterre (« Football’s coming home ») achève de consacrer le replica shirt. Ce dernier change d’ailleurs avec une régularité inquiétante (souvent annuellement) et parfois de façon déconcertante.

On remarque aussi une augmentation des tailles durant les Nineties. Finis les maillots serrés des décennies précédentes, le large s’impose (retour aux sources), reflétant à la fois les modes baggy de la rue et l’évolution morphologique du supporter moyen (permettant aussi aux plus enrobés de ne pas nourrir trop de complexes vis-à-vis de leur idoles souvent taillées comme des dieux grecs).

 

Les années 2000, l’ère du classique

L’étourdissant tourbillon des 90s passé, les Noughties verront un retour vers plus de sobriété et minimalisme, surtout au début de la décennie. Les professionnels du design reprennent la main (ainsi que leurs esprits) après le traumatisme des années précédentes. Les études de marché font ressortir que les supporters souhaitent un retour au traditionnel, des maillots simples au design classieux et épuré.

De nouveaux designers investissent le marché anglais, parmi lesquels Diadora, Kappa, Nike, Puma et Reebok. Certains viennent du rugby et tentent d’apporter des touches originales.

Au milieu des années 2000, la Premier League se fait globale. Des propriétaires étrangers débarquent en nombre, le « produit » Premier League s’internationalise considérablement et déferle aux quatre coins de la planète, tel un rouleau-compresseur on steroids. Les fabricants doivent composer avec cette nouvelle dimension. Inutile de prendre des risques, on la jouera sobre, tout en touches discrètes. Les quelques tentatives de dévier du classique (avec notamment une réinjection de formes géométriques) seront accueillies froidement.

En revanche, dans les divisions inférieures, on s’éclate bien. L’apparition de concepteurs relativement audacieux (citons Errea ou Vandanel) donne lieu à une féroce bataille créatrice, avec des designs asymétriques et davantage d’originalité que chez les cadors du genre. Des cracks conventionnels mais qui savent tirer du sponsoring maillot des sommes excentriques ; DHL versera par exemple à Manchester United 40 M de £ de 2011 à 2015… juste pour figurer sur la tenue d’entraînement des Red Devils !

Si les maillots sont redevenus simples et sans fioritures, le reste de la tenue en a profité pour s’émanciper. Les designs chaussettes sont plus élaborés que par le passé, avec écusson de club, inscriptions verticales ou rayures de toutes sortes. La fin des années 2000, c’est aussi le retrait du fabricant Bukta du marché (pionnier mondial du sportswear, voir première partie), ainsi que l’émergence d’un Big Four : Adidas, Puma et Nike/Umbro. Ces grosses cylindrées détiennent presque la moitié du marché en termes de chiffre d’affaires. 

Les Noughties, c’est aussi l’apparition du florissant business « nostalgie ». Toute une gamme de maillots heritage et rétros devient disponible sur internet ou dans les boutiques des clubs. Ces mêmes clubs qui cultivent parfois un goût pervers pour les atrocités du passé, redevenues soudain cultes ! La boucle est bouclée : les horreurs kitsch d’antan s’arrachent dans les rayons et la mode du vintage fait rage. Et des monstruosités, ce n’est pas ce qui manquera dans notre prochaine série « Les pires maillots du football anglais ». Attendez-vous à souffrir…

Kevin Quigagne.

[Kevin recommande le site www.historicalkits.co.uk, ainsi que True Colours 1 & 2, les deux excellents livres généreusement illustrés de John Devlin].

Aujourd’hui, suite de l’historique du maillot anglais commencé vendredi en page d’accueil des Cahiers.

Le consensus est unanime : le pire maillot de football jamais créé est le Rodeo Fringe. Instantanément identifiable à ses immondes lanières en cuir, il fut porté par les éphémères Colorado Caribous en 1978 (club de NASL formé et déformé cette même saison). In-dé-trô-na-ble.

Néanmoins, ne nous gaussons pas trop. Des horreurs, le football anglais en produisit aussi des wagons, surtout dans les années 90, la décennie de tous les massacres. Au cours de cette longue série qui promet d’être fertile, nous présenterons et analyserons des dizaines de spécimens tous plus affligeants les uns que les autres. Mais avant de plonger dans le Hall of Shame du maillot anglais, un peu de culture. Aujourd’hui, deuxième partie de l’historique du maillot anglais : des années 30 au milieu des Seventies (pour le premier volet, c’est ici).

 

Les Thirties, numérotation et tactique

Le 29 avril 1933, lors de la finale de FA Cup entre Everton et Manchester City, les numéros réapparaissent pour la première fois depuis 1928. Les Toffees sont numérotés de 1 (gardien) à 11 (ailier gauche), les Citizens de 12 (latéral gauche) à 22 (gardien).

L’idée fait son chemin mais, intraitable, le comité exécutif de la Football League rejettera catégoriquement la numérotation pendant six ans, principalement pour des raisons économiques (plusieurs clubs se plaignant du surcoût qu’entraînerait cet ajout). L’esthétisme est également motif d’inquiétude, certains dirigeants pensant que le numéro dénaturerait la pureté du maillot…

Toutefois, les considérations tactiques devenant en vogue (le fameux WM du grand Herbert Chapman) et la télévision commençant timidement à retransmettre du football (1937), les numéros seront finalement autorisés le 5 juin 1939. On garde alors le strict système de numérotation 1 à 11 expérimenté en 1928, selon le poste (ici).

Cette rigidité donnera parfois lieu à une confusion dans le football anglais lors de certains matchs internationaux… et servira un peu de prétexte à la célèbre déroute anglaise de novembre 1953 (3-6) à Wembley contre le Onze d’or hongrois (l’une des plus improbables excuses jamais trouvées ?). Les Anglais pensent alors machinalement que le 11 est forcément un ailier gauche et le 9 un avant-centre. Quand on demande à l’arrière central Harry Johnson de marquer le numéro 9 (Hidegkuti), que Johnson prend naturellement pour un attaquant pur et dur, ce bon Harry y perd ses repères et automatismes. Et pour cause, le Magyar opère au milieu ou en neuf et demi…

Dans les années 30, plusieurs autres innovations mineures se font jour. Le fameux col rond ras-du-cou avec lacet tend à disparaître, pour laisser place à un col avec une petite fermeture éclair.

En 1933, le manager d’Arsenal Herbert Chapman (encore lui) crée un nouveau style de tenue. Outre l’introduction du blanc et rouge sur la tunique des Gunners, il fait contraster les manches avec le reste, rend la chaussette attrayante (bandes fines) et élargit le col. Si ce design n’est pas révolutionnaire en soi, l’effet marquant de l’ensemble (classieux) frappe les esprits et constitue un jalon notable dans l’évolution dans la tenue (voir photos des maillots domicile Arsenal depuis 1895 – ci-dessous le maillot avec écusson « art déco » porté lors des finales FA Cup 1932 et 1936).

 

Le 3 septembre 1939, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne et tous les championnats anglais sont suspendus. Pas de chance pour Blackpool, les Seasiders sont premiers de la D1… Il y aura bien du football pendant la guerre (une forme de résistance morale encouragée par le gouvernement Churchill et les instances) mais les divisions seront chamboulées et le ballon rond tournera au ralenti. La Football League reprendra ses droits en août 1946 (voir le wiki Wartime League).

 

De l’après-guerre à 1953

Au sortir de la guerre, la seule touche d’exotisme sur le maillot est le numéro, rendu obligatoire par la Football League en 1939. Certes, plusieurs clubs affichent l’écusson du club depuis longtemps (de manière intermittente) mais jusqu’au milieu des années cinquante, les maillots feront dans le conservatisme forcené, ni de glorification du badge, ni de logo designer et encore moins de sponsor.

Au moment où la Football League reprend (août 1946) après sept ans d’absence, la société anglaise tourne au rationnement draconien, y compris pour le tissu. Les clubs sont alors obligés d’obtenir des coupons pour acheter de nouveaux maillots et certaines équipes doivent parfois évoluer dans des couleurs qui leur sont totalement étrangères.

Jusqu’à la fin des années 50, on enregistrera des affluences records dans le football anglais : 41 millions de spectateurs pour les quatre divisions de la Football League saison 1948-49 ! (elles déclineront ensuite, pour toucher le fond en 1985-86, le nadir du football anglais, 16 millions ; pour comparaison, malgré des prix billets multipliés par onze depuis 25 ans, elles étaient de presque 30 millions saison 2010-2011 – Premier League et Football League confondues).

Tout comme soixante ans auparavant, l’absence d’éclairage et l’éloignement des spectateurs de l’action incitent encore plus les fabricants à faire ressortir exagérément les couleurs et les rayures ou bandes (très larges), d’où des tenues simples et aux couleurs vives. Le matériau utilisé (coton) rend également l’impression difficile. Des évolutions technologiques et sociétales majeures vont venir bouleverser la donne. Le pays s’ouvre au monde extérieur (première participation à la Coupe du Monde en 1950) et ce sont les Hongrois qui vont aider l’Angleterre du football à franchir un cap.

 

Evolutions majeures à partir de 1953

Le matériel d’abord. Pour la première fois, en 1953 (lors de la mythique finale de FA Cup Blackpool-Bolton), une équipe (Bolton) porte un maillot fabriqué avec un tissu artificiel. Le maillot est brillant et tranche avec le coton utilisé jusqu’alors. Plusieurs clubs l’adoptent aussitôt.

Le style va aussi subir un sacré lifting. Quand les Magyars Magiques débarquent à Wembley en novembre 1953, ils portent une tenue profilée : maillots serrés, légers et short court. Au contraire des anglais dont les tenues sont larges, lourdes et mal coupées (sans parler de leurs shorts parachutes !). Le score est sans appel, niveau esthétique comme sur le terrain, ces Hongrois ont la classe.

Umbro, devenu le designer majeur de l’époque, en prend de la graine. En novembre 1954, influence européenne aidant, l’équipementier mancunien sort le premier maillot de type « continental » lors d’un England-Wales, avec col en V et manches courtes (ainsi qu’un short court et serré), voir ici. En 1955, sous l’impulsion du visionnaire Matt Busby, Manchester United adopte le même style (logique, Umbro compte désormais Man United dans son écurie, voir ici). Le maillot est plus léger et moderne, le short considérablement raccourci et exit les grosses chaussettes en laine.

Autre innovation (ou réinvention) de ce début des années 50 : l’écusson du club réapparaît en force sur le maillot (notamment en 1955 à Liverpool, alors en D2). Ce crest figurait déjà sur les maillots de quelques clubs au tout début du professionnalisme et plus tard au fil des décennies (citons Leeds, Preston et Tottenham). Toutefois, la renaissance du blason est froidement accueillie. Wolves et Manchester United par exemple, clubs dominants de l’époque fin années 50, ne copieront les Reds qu’en 1970 et 1972 respectivement (Chelsea en 1960, Arsenal 1967, Everton 1972).

Si une tendance moderne se dessine donc, elle sera toutefois longue à prendre son envol, les fabricants restant campés sur leurs traditions pendant une vingtaine d’années. Il est toujours bien sûr alors impossible d’acheter le maillot de son équipe favorite (il faudra attendre 1973 pour cela). Seuls quelques obscurs mordus s’intéressent à ce chiffon, jusqu’à se concocter eux-mêmes la tenue du club ! Il faut dire que la technologie est encore loin de permettre la fabrication de masse du maillot (ainsi que l’impression de qualité), et ce sont ces innovations qui mettront à mal les conservatismes à la fin des Eighties.

L’éclairage, qui apparaît en 1953, aura aussi une influence immédiate sur le design des maillots, qui se feront plus discrets – temporairement (jusqu’au déferlement criard du début des Nineties).

 

Les Swinging Sixties

Au début des années 60 un frémissement d’intérêt pour le maillot se fait sentir. Ce début d’engouement reflète l’appétit grandissant de la société et des médias pour le football.

Oubliés les sacrifices et rationnements de l’après-guerre, place à la société de consommation et à la musique pop. Le salaire minimum est aboli pour les footballeurs (en 1961, voir article TK). Les magazines foot se multiplient avec, élément important, une profusion de photos en couleur et une forte ouverture vers l’international (plus avancé dans le domaine du maillot).

Les grands joueurs de l’époque deviennent des vedettes et squattent les revues people (citons Johnny Haynes, George Best, Bobby Moore). Match of the Day, l’émission fétiche de la BBC, naît en 1964. Le football devient visible, glamour et colorisé (télévision, 1969). La starisation s’installe, bien aidée en cela par le triomphe anglais à la Coupe du monde 1966.

La modernisation de la tenue, amorcée par Umbro en 1954, continue de plus belle. Les designs simples et épurés sont privilégiés par les clubs. Le short est assorti au maillot et on note un retour du style crew neck, ras-le-cou et rond (et sans lacet cette fois !). C’est Liverpool et Coventry qui sont à l’origine de ce renouveau design au début de la décennie.

Les années 70, tiraillements entre tradition et modernisme

Au début des Seventies, certains designers s’intéressent de près au matériel, et les évolutions dans ce domaine permettent d’améliorer la qualité d’impression et de détail sur les maillots.

Saison 1973-1974, le vénérable designer anglais Admiral révolutionne le secteur avec un joli doublé : apparition de son logo sur le maillot (et short) de Leeds et surtout fabrication de masse des maillots (replica shirts). Dans la foulée, Admiral conclut un marché avec la FA pour 15 000 £ l’an. L’emblème du designer trône désormais fièrement sur le maillot anglais (arrangement facilité par le passage du manager Don Revie de Leeds à l’équipe d’Angleterre).

Cependant, le grand public adulte, attaché à la tradition, n’est pas mûr pour ce merchandising forcené et coûteux. Il fait de la résistance et seuls les enfants consomment du maillot (les supporters préférant en général les écharpes et objets – fanions, porte-clés, etc.). De fait, il faudra attendre une bonne quinzaine d’années avant de voir le maillot se porter en masse (le Mondial 1990 et la création de la Premier League en 1992 servant de catalyseurs).

C’est aussi à partir du début des années 70 que nombre de clubs introduisent le Third, pratique qui se généralisera à toute la Football League sur les quinze années suivantes et se développera en flèche après le Mondial italien de 1990 (il faut cependant relever que l’utilisation – exceptionnelle, dictée par les circonstances – d’un troisième maillot remonte aux années 50). La fin des Seventies sera annonciatrice d’une mini révolution.

A suivre…

Kevin Quigagne.

Aujourd’hui, Alex Ferguson fête ses vingt-cinq ans à la tête de Manchester United – toute personne s’intéressant un tant soit peu à la chose footballistique n’aura pas pu y échapper. Un règne démesuré qui a logiquement accouché de moult flops. Petite sélection.

Bellion, David

Auteur d’un but en vingt matches de Premier League avec Sunderland, Bellion tape mystérieusement dans l’œil de Ferguson. Mais après tout, le « nouveau Thierry Henry », surnom dont on l’affuble, n’a que vingt-et-un ans, et d’aucuns voient en lui le futur de l’équipe de France.

Las! Bellion n’est presque jamais titulaire, et l’arrivée de Louis Saha en janvier 2004 lui complique la tâche. Bis repetita l’année suivante: une fois titulaire en dix matches de championnat, son influence demeure très limitée. Sa méthode d’entrainement est peut-être à revoir.

Arrivée : juillet 2003 (3M€)
Départ : mai 2006 (0,5M€)
En prêt à West Ham d’août 2005 à janvier 2006 et à Nice de janvier 2006 à mai 2006

Cruyff, Jordi

Après deux ans passés à Barcelone, Cruyff atterrit à United. Ferguson l’estime alors de la trempe des Paolo Maldini, plutôt que celle des Thibault Giresse. Par (mal)chance, il ne verra pas beaucoup jouer la progéniture du grand Johan à Manchester.

Blessé à répétitions, le Néerlandais n’apparait que 55 fois en quatre ans, pour 8 buts, tandis que son expérience européenne se limite aux phases de groupe de la Ligue des champions. Ultime infortune: il est prêté au Celta Vigo l’année du triplé. Il part à Alavés en 2000 dans une indifférence quasi générale.

Arrivée : juillet 1996 (2,5M€)
Départ : juillet 2000 (gratuit)
En prêt au Celta Vigo de janvier 1999 à juillet 1999

Djemba Djemba, Eric

À vingt-deux ans, Djemba-Djemba arrive en Angleterre pour remplacer Roy Keane, armé de son bagage national (un titulaire en puissance à Nantes) et international (une finale de Coupe des confédérations avec le Cameroun). Bien que souvent titulaire lors de sa première saison, la marche est bien trop haute, et il est rapidement vendu à Aston Villa à l’hiver 2005.

Dans une interview, Ferguson n’impute cependant pas cet échec aux seules performances sportives de Djemba-Djemba et remet en cause ses règles de vie: très dépensier (il aurait possédé dix 4×4 et une trentaine de comptes en banque, selon son agent), il devait, en 2008, 600.000€ au fisc anglais, selon plusieurs sources.

Arrivée : juillet 2003 (4,5M€)
Départ : janvier 2005 (2,5€)

Dong, Fangzhuo

Tel Ghostface Killer hantant les nuits de Sidney Prescott, ceux qui ont vu jouer Dong s’en souviennent. Le Chinois fait ses gammes au Royal Antwerp (spin-off belge de MU), puis revient en Angleterre pour montrer ses qualités, du moins ses capacités. Mais force est de constater que Dong n’a pas le niveau. Point positif: il est titulaire en Premier League pour la première fois contre Chelsea, en mai 2007. Point négatif: point d’enjeu, MU était déjà champion. L’aide apportée par Cristiano Ronaldo, si elle est sincère, n’en est que plus remarquable.

Arrivée: janvier 2004 (730.000€)
Départ: août 2008 (gratuit)
En prêt au Royal Antwerp FC de janvier 2005 à janvier 2007.

Forlan, Diego

Forlan n’est pas à proprement parler un flop lorsqu’il quitte MU en 2004 (encore que, par certains aspects…); c’est plutôt rétrospectivement et à la lumière de sa carrière postérieure, que l’on peut considérer que sa période anglaise n’est pas sa meilleure, pour le dire pudiquement.

17 buts en 108 matches joués, le ratio n’est pas très bon en comparaison de celui de van Nistelrooy, mais il a laissé à Manchester une empreinte bien plus profonde que les quatre précédents flops réunis. Reste Youtube, qui n’oublie pas grand-chose.

Arrivée : janvier 2002 (11M€)
Départ : août 2004 (3,2M€)

Kléberson

À l’été 2003, Ferguson effectue sans doute l’un des plus beaux mercati de sa carrière: départs de Veron et Beckham, arrivées de Bellion, Djemba-Djemba, Kléberson, Howard et Ronaldo (ouf!). Kléberson, le troisième associé cuvée 2003 de notre classement, est le premier Brésilien à signer à MU, Ferguson souhaitant surfer sur la vague de la Coupe du monde 2002.

Pourquoi pas. Mais Kléberson déçoit et joue relativement peu (un peu plus de vingt matches en deux ans). Le second Brésilien, Anderson, sera autrement plus convaincant, les supporters ne s’y trompant pas.

Arrivée: juillet 2003 (8,6M€)
Départ: juillet 2005 (2,6M€)

Miller, Liam

La relève technique au milieu de terrain se fait toujours attendre. Malgré l’audace apparente des transferts de Klerberson et Djemba-Djemba, Ferguson reculait pour mieux sauter. En 2004, il choisit de nouveau une jeune pousse, Liam Miller, alors connu des Lyonnais pour son but l’année précédente. Considéré comme un cadre au Celtic par Martin O’Neill, Miller s’embourbe à Manchester.

Il dispute le premier match de la saison 2004/05, à Chelsea, puis ses apparitions diminuent à mesure que le public prend conscience de sa fragilité et de ses limites. Neuf matches de championnat en tout et pour tout, avant d’être prêté à Leeds (Championship). Si on était cynique, on ajouterait que Miller, au moins, n’a rien coûté.

Arrivée: juillet 2004 (gratuit)
Départ: août 2006 (gratuit)
En prêt à Leeds de novembre 2005 à mai 2006

Milne, Ralph

Lors du dîner de la League Managers’ Association, en novembre 2009, on demande à Ferguson sa plus grosse erreur de recrutement. « Ralph Milne. Je ne l’ai payé que 170.000£, mais on me le reproche encore. » [« I only paid £170,000 but I still get condemned for it. »]

Le ratio de 3 buts pour 23 apparitions, pour un ailier gauche qui avait tant brillé à Dundee United, s’avère être assez maigre. Ses problèmes d’alcool et de discipline reviennent régulièrement dans le débat pour justifier ses  échecs, y compris par son entraîneur en Ecosse, Jim McLean. N’est pas George Best qui veut.

Arrivée: novembre 1988 (170.000£)
Départ: juin 1991 (gratuit)

Poborský, Karel

Ferguson veut profiter de l’éclat de la République tchèque à l’Euro 1996 et recrute Poborský, présent dans l’équipe-type du tournoi. Mais la forme du printemps n’est pas celle de l’automne, et les supporters peinent à reconnaitre le coéquipier de Nedvěd et Berger. Surtout, la montée en puissance de David Beckham handicape son intégration.

Pas un flop retentissant, donc (3 buts en plus de 20 matches), mais un échec assez cuisant. L’on trouve tout de même des motifs de satisfaction: si Cantona marque ce but légendaire, c’est aussi grâce à Poborský (si, si, regardez, la crinière blonde qui fait l’appel à droite). Respect.

Arrivée: juillet 1996 (4M€)
Départ: juillet 1998 (2,8M€)

Prunier, William

Il n’a fallu que deux apparitions pour que les Anglais connaissent le nom français de l’arbre qui donne de petits fruits de forme ronde ou allongée à la chair sucrée. À vingt-huit ans, Prunier a acquis une solide expérience en France, et côtoyé bon nombre d’internationaux, dont Éric Cantona. En décembre 1995, libéré de son contrat avec Bordeaux, il est appelé pour un essai par Ferguson, qui souhaite juger sa valeur au sein de la réserve mancunienne. Mais à la suite d’une pénurie de défenseurs centraux, il se voit très vite titulariser en Premier League.

Si son premier match est anecdotique, le second (le jour de l’an) s’avère beaucoup plus délicat. Quatre buts encaissés à Tottenham, dont l’un contre son camp. En mars 1996, au lieu d’un contrat, Ferguson lui aurait proposé de prolonger son essai. Ce que Prunier refusa, gelant ses statistiques anglaises (deux matches, un but) pour l’éternité.

Arrivée : décembre 1995 (à l’essai)
Départ : mars 1996

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Massimo Taibi et Juan Sebastian Veron feront l’objet d’un autre classement, sans quoi ils n’auraient sans doute pas dépareillé dans celui-ci. En outre, il nous a été difficile de départager la course à la meilleure cascade des gardiens de but de l’ère post-Smeichel [à savoir, hormis Taibi, Bosnich, van der Gouw, Culkin, Rachubka, Barthez, Goram, Carroll, Ricardo et Howard]; aussi, leur relative homogénéité les avantage puisqu’ils ne figurent pas dans ce Top
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Enfin, la rubrique culte Said and Done de l’Observer, le meilleur de la presse anglaise sur les bizarreries du foot british et international, est arrivée en France. Une exclusivité Teenage Kicks, of course.

Aujourd’hui : deuxième partie d’octobre.

23 octobre 2011

L’homme de la semaine

Julio Grondona, sorti grand vainqueur de la première semaine du rebranding de la Fifa (« transparence totale et tolérance zéro » grâce à la « Fifa Good Governance Road Map »). Grondona, adjoint de Sepp et responsable du secteur finance à la Fifa, décroche ainsi un neuvième mandat de quatre ans à la fédération argentine. Il l’a emporté malgré une vidéo secrètement filmée qui le montre discutant « d’argent noir » ainsi que de « tuer » des journalistes l’ayant accusé d’avoir blanchi 30 M de $. L’avocat de Grondona :

« Cette vidéo est une tentative absurde de diffamer mon client. Les propos tenus ont été sortis de leur contexte. »

Ressortent aussi du lot depuis le lancement de la nouvelle campagne transparence au sein de la Fifa :

– Manilal Fernando, qui faisait ses grands débuts dans le nouveau comité exécutif, deux mois après que les medias sri-lankais ont fait état d’une utilisation suspecte d’un fond de développement de 4,4M de £ par la fédération dont il était président (voir précédent S & D). Il nie toute malversation.

– Ricardo Teixeira, membre brésilien du comité exécutif de la Fifa, doit faire face à de continuelles enquêtes de la police ; tandis que le ministre des sports du Brésil, Orlando Silva, qualifie de « mensonges grotesques » les accusations de détournement d’argent pompé sur un fond de solidarité contre la pauvreté infantile.

Racisme : du progrès

Pologne. La justice déclare qu’une banderole « Jihad » de 90 mètres déployée le mois dernier par des supporters du Legia Warsaw lors du Legia – Hapoel Tel Aviv relevait de la « stupidité, pas du fascisme. C’était outrancier mais pas criminel. »

Les supporters affirment eux que la banderole se contentait de montrer leur « soutien inconditionnel pour le Legia ».

Italie. 2001 – La Lazio déclare que les supporters qui ont déployé une banderole « Auschwitz est votre patrie, les fours sont vos maisons » sont une minorité. Le club dit vouloir « s’occuper d’eux » afin de restaurer son image.

2011. Les supporters de la Lazio fans couvrent d’éloges le buteur allemand Miroslav Klose au moyen d’une banderole avec un thème Nazi. Klose : « Le football et la politique ne doivent pas se mélanger. »

Autres nouvelles

Le mot de la semaine : solidarité.

La Premier League menace de ne plus versé d’argent « de solidarité » aux 72 clubs de Football League à moins que ces derniers acceptent une nouvelle régulation facilitant l’acquisition de jeunes joueurs par les clubs de Premier League (projet nommé Elite Player Performance Plan et adopté par la Football League le 20 octobre dernier, ndlr TK – explications du TK ici, point 4 du 15 février).

L’année dernière, Richard Scudamore, chief exec de la PL, sur le principe de « solidarité » de la Premier League :

« Nous prenons nos responsabilités à tous les niveaux du sport très au sérieux… Aucune autre structure de League ne peut s’enorgueillir d’une telle redistribution des revenus. »

– 3M £ : paiement annuel de solidarité distribué aux centres de formation de la Football League – à se partager à 72.

– 56M : fond de solidarité à se partager entre les 72 clubs de Football League.

– 952M : sommes TV distribuées aux 20 clubs de Premier League, qui ont dépensé 1,4 milliards de £ en salaires la saison dernière.

Nouvelles de propriétaires

Une bonne semaine pour : Gigi Becali (Steaua). Acquitté de charges d’enlèvement et « d’harcèlement physique » sur trois hommes qui avaient volé sa voiture en 2009. Quatre des gardes du corps de Gigi ont été mis hors de cause. Un cinquième a été condamné à une peine avec sursis pour avoir tiré sur un voleur, dans le pied, avec une balle en caoutchouc, « d’une manière non mortelle ».

Une mauvaise semaine pour : Bulat Chagaev (Neufchâtel Xamax). Ce dernier doit faire face à une grève de ses joueurs pour non-paiement des salaires et répondre d’accusations de menaces sur les joueurs. Khaidar Alkhanov, ministre des sports de la Tchétchénie, déclare que les gens devraient cesser de toujours penser que Chagaev est si sinistre:

« Chagaev, il parle beaucoup, mais c’est tout. Ce n’est pas un tueur. C’est juste un petit voyou ! Il n’est rien du tout. »

Interview de la semaine

Mario Balotelli. Deux : nombre de jours entre l’incendie de sa maison causé par des pétards et cette interview dans la presse où il dit notamment :

« J’ai changé de vie, je ne vis plus en ville, mais à la campagne, c’est plus tranquille. J’essaie de rester davantage à la maison, avec ma famille, mon frère ou ma copine. Je mûris, je me sens bien maintenant, je suis heureux, tout s’améliore pour moi. »

Nouvelles politiques

Pologne. Jan Tomaszewski, gardien à la retraite devenu politicien, déclare n’avoir « aucun regret » au sujet de ses propos sur le défenseur français Damien Perquis, qui a acquis la nationalité polonaise grâce à la règle du grand-parent. Tomaszewski l’avait appelé « déchet français dégoûtant » et avait résumé l’affaire en une « insulte aux vrais Polonais ».

Tomaszewski : « Perquis porte plainte ? Je ne crains pas les tribunaux. »

Amende de la semaine

Vladimir Weiss, sélectionneur de la Slovaquie, déclare que l’amende de 8 000 £ qui lui a été infligée pour avoir insulté un journaliste (« bâtard fini ») est « décevante » :

« Les médias disent que la non qualification pour l’Euro 2012 est un désastre mais ils ont tort. Pas question que je parte. J’accepte les critiques provenant de gens de qualité, même de journalistes intelligents. Mais je ne les accepte pas des autres. »

Love news

Paraguay. Larissa Riquelme déclare se sentir « timide » sur sa liaison avec Jonathan Fabbro, milieu du Cerro Porteño, après que ce dernier a déclaré à la presse locale :

« Larissa est moins importante pour moi que ma blessure à l’orteil droit. »

Les médias rapportent que Fabbro est en plein « divorce complexe ».

Larissa Riquelme : « Je n’aime pas parler de ma vie privée, je suis timide. »

Mannequin de la semaine

Irfan Bachdim, attaquant de l’Indonésie, considère comme « injustes » les critiques portant sur sa non présentation à un match international U23 parce qu’il posait pour une séance de mannequinat. Rahmad Darmawan, sélectionneur :

« Il nous a envoyés un texto pour nous avertir qu’il faisait une séance photo et qu’il nous rejoindrait plus tard. Je lui ai dit « Merci mais pas la peine de nous rejoindre.«  »

Bob Hippy, dirigeant haut placé de la fédération, déclare qu’Irfan sera interdit de sélection et ajoute : « Nous félicitons Bachdim pour sa nouvelle profession. »

30 octobre 2011

La famille Fifa : homme de la semaine

Patrick John, président de la fédération de la Dominique – nouvellement mis en cause dans le cadre de l’enquête de la Fifa sur des pots-de-vin – déclare que cette affaire relève de la sombre « conspiration ».

Précédent dans l’expérience de John en matière de conspiration : 1985, emprisonné pour avoir comploté avec des leaders du Ku Klux Klan afin de destituer le premier ministre de la Dominique.

Des membres du KKK, qui voulaient exploiter des casinos et des maisons de passe sur l’île, ont été arrêtés par le FBI qui a aussi saisi des armes, de la dynamite et un drapeau Nazi.

John obtint un pardon en 1990, devint président de la fédération en 1992, perdit la présidence en 2006 (accusé de unaccountability) et réinstallé en 2008 après l’intervention de son « proche allié » Jack Warner. Il a remporté un nouveau mandat de quatre ans en juin dernier.

Egalement la semaine dernière à la Fifa :

– La Fifa explique pourquoi la société suisse Infront – dirigée par le neveu de Sepp, Philippe – a remporté un lucratif deal pour vendre les droits TV en Asie : « Infront a proposé le meilleur package pour ce projet si important et complexe. »

– Oliver Camps, impliqué dans la même enquête portant sur des pots-de-vin, démissionne de son poste de Président de la fédération FA, nie toute malversation et rend hommage à Jack Warner :

« Je vois un vrai leader en lui, un champion, un Carribéen prêt à tout pour défendre la région, avec dignité et fierté. »

– Worawi Makudi, membre du comité exécutif new-look post corruption, nie toute malversation après que la Fifa interrompt ses versements à la fédération thaïlandaise pendant la durée de l’enquête sur les accusations de corruption (voir précédent Said & Done).

News vide moral

La semaine dernière. Extrait du Daily Mail sur le racisme dans le football après les accusations portées contre John Terry par Anton Ferdinand [lors du QPR-Chelsea du 23.10.2011], que Terry dément:

« Le football n’est certes pas parfait mais il a considérablement évolué depuis les années 70. Les victimes supposées devraient accepter la situation sans faire tant d’histoires car il existe de pires motifs de récrimination. »

L’année dernière. Le Daily Mail sur l’affaire J. Terry-W. Bridge:

« Même dans ce monde magouilleur et vénal du football, les actions de Terry sont impardonnables. Il faut souligner l’hypocrisie de la fédération dans cette affaire, qui n’a pas bien géré cette trahison de Terry alors que cette même FA tient un discours moralisateur sur l’intégrité. Cela illustre le sombre vide moral existant au cœur même du football. »

Ça bouge

Top trois des promesses de dirigeant avant les limogeages de la semaine dernière :

1) 3 octobre, Sven déclare que les propriétaires de Leicester sont sereins :

« Ils ne paniquent pas en cas de défaite. Quand toutes ces rumeurs ont circulé sur mon limogeage, ils m’ont rassuré. Ils m’ont dit « Continue ton travail, fais-nous monter en Premier League. » »

2) 6 octobre, Shaun Hearn, président de Dorchester, sur le manager Ashley Vickers :

« Nous ne devons pas paniquer… Nous ne voulons pas prendre de décisions hâtives, certainement pas. Il faut que nous soyons tous soudés. »

3) 10 octobre, Raj Singh, président de Darlington, sur le manager Mark Cooper :

« Changer de manager maintenant n’est pas la solution. Nous essayons d’acquérir de la stabilité ici et nous avons fait des progrès dans ce domaine. Je soutiens totalement le manager. »

Nouvelles d’Harry

29 septembre. Harry Redknapp sur Carlos Tévez :

« Son comportement est tout bonnement incroyable [refus de jouer lors du Bayern-Man City du 27.09, ndlr TK]. Ce qu’il a fait n’est pas correct ni envers Man City, ni pour le football. Je n’arrive pas à y croire, ça ne devrait pas arriver, c’est au-delà de l’imaginable. »

22 octobre :

« Moi, Tévez, je le recruterais demain. On peut dire ce qu’on veut mais c’est un joueur de classe mondiale. C’est facile pour les gens de refuser de lui pardonner mais, pour être honnête, moi tout ce qui m’intéresse c’est ce qu’il fait sur un terrain. »

Dernières nouvelles sur la Respect Campaign

Moldavie. Iulian Bursuc, joueur du Sfintul Gheorge, déclare n’avoir « aucun regret »  d’avoir frappé un arbitre et annoncé dans la foulée sa retraite sportive. Bursuc, à la presse locale :

« C’est bien dommage que des jeunes aient vu ça, mais j’ai toujours eu des problèmes avec cet arbitre, donc il fallait que je le fasse. Maintenant, il faut passer à autre chose. Je vais devenir entraîneur. »

Chili. Luis Rogel, gardien de Cobresal, se déclare « triste » après que des cameras TV ont filmé son « grave torrent d’injures » envers l’arbitre, Julio Bascuñán, qui venait de l’expulser. « J’ai perdu la tête », a confié Rogel, qui a dit à Bascuñán qu’il entretenait une liaison avec sa femme. « J’ai ressenti une terrible injustice en prenant ce carton rouge, et ma tête n’a pas suivi. Je suis désolé pour la famille Bascuñán. »

République tchèque. Karel Dusek, dirigeant au Jestrabi Lhota, déclare que son club a joué intégralement le match contre Tynec nad Labem malgré un arbitre saoul qui a expulsé trois joueurs « au hasard » et parce qu’il « n’y a pas de règles sur les arbitres ivres ». Dusek a ajouté que le club avait eu peur d’une sanction en cas de refus de jouer de ses joueurs. « L’arbitre est tombé si souvent que son maillot était couvert de craie. Que pouvions-nous faire ? »

Un manager à surveiller

Eddie Howe, manager de Burnley, réfutant tout lien avec Portsmouth :

« Bah, je prends tout ça avec philosophie, ça me fait rigoler. Je suis 100% engagé avec Burnley, je suis heureux d’être ici et fier qu’on fasse appel à moi. »

11 Janvier :

« Je ne vais pas vous mentir, j’ai failli quitter Bournemouth. C’était une décision difficile [de refuser l’offre de Crystal Palace], mais on y a réfléchi longtemps car cela me serait très difficile de quitter ces joueurs et ces fantastiques supporters. Ça s’est éternisé mais on ne peut pas prendre de telles décisions à la légère quand cela touche l’avenir de votre staff et vos joueurs. Je suis ravi de rester, y’a une bonne ambiance dans la ville, c’est une joie d’être ici. »

14 janvier : Howe signe à Burnley.

Plus : poêle à frire « non criminelle »

Argentine. La justice de Rosario fait savoir que la plainte du mannequin Macarena Lemos contre la mère de Lionel Messi, qui l’aurait menacée avec une poêle à frire, n’est « pas criminelle ». Lemos rapporte que l’incident s’est déroulé dans un supermarché :

« Elle me suivait donc je lui ai demandé pourquoi. Pourquoi par exemple elle se trouvait au rayon Electronique avec une poêle à frire ? Elle m’a répondu que j’avais parlé de son fils dans un magazine, ce qui est faux. »

L’avocat de Messi : « Tout cela est ridicule. »

Dans la même série :

Said & Done oct. 2011 (1/2)
Said & Done sept. 2011 (2/2)
Said & Done sept. 2011 (1/2)
Said & Done août 2011 (2/2)
Said & Done août 2011 (1/2)