Aujourd’hui, avant-dernière partie de ce bilan club par club de Premier League, le plus complet et déraisonnable jamais publié : dix parties, 25 000 mots.

Voir introduction dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.). Par ailleurs, la Premier League a publié le 17 juin son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et celle de tous les matchs ici. Pour le guide complet des matchs d’intersaison des vingt clubs, voir cette liste. Et pour les tenues des clubs de PL, c’est par ici que ça se passe.

Cette neuvième partie devait inclure Wigan Athletic et Wolverhampton Wanderers et clore le bilan. Cependant, il y avait tellement de choses excitantes à écrire sur les Latics et les Wolves que, par souci de digestion et lisibilité, chacun de ces géants du foot anglais aura finalement sa propre partie. Aujourd’hui donc, avant-dernier volet : Wigan Athletic (pour les autres parties, voir Articles récents, à droite). Les Loups vadrouilleurs de Wolverhampton Wanderers fermeront le bal en fin de semaine.

[nb : tous les chiffres sont en £. Ceux de la rubrique financière portent sur la période 2009-2010. Les dettes (nettes) : emprunts bancaires, propriétaires ou autre provenance. Source Companies House et Guardian].

WIGAN ATHLETIC (16è, 42 points. G-A – 21 / 40 buts pour / 61 contre)

Résumé de la saison

Wigan, c’est pas fait pour les manchots

Wigan, c’est pas fait pour les manchots

L’air de rien, c’est la sixième saison des Latics en Premier League (10è, 17, 14, 11, 16, 16). De surcroît, Wigan peut se targuer d’être le seul club de PL à n’avoir jamais été relégué de l’élite ! Handicapé par un public restreint et un effet d’attraction limité, Wigan, à peine 100 000 habitants, fait un peu figure d’anomalie dans le paysage anglais du football d’élite. Il faut dire que cette ville est une place forte du rugby à XIII et que les Latics sont en « concurrence » avec pas moins de six autres clubs de PL qui cohabitent dans un mouchoir de poche (Manchester, Liverpool, Blackburn et Bolton sont tous situés à moins de quarante kilomètres de Wigan).

L’Omanais fait le ménage

L’Omanais fait le ménage

Saison 1994-1995, l’affluence moyenne de Wigan était de 1 841 spectateurs… Il y a neuf ans, elle n’était toujours que de 5 771 ; la plupart des gamins de la ville, honteux, choisissaient de supporter Man United ou Liverpool. Aujourd’hui, non seulement les locaux ne se cachent plus pour supporter leurs Latics mais ils en sont fiers.

Satisfactions

Commençons par le joueur élu Player of the Year du club : Ali Al-Habsi (voir ici). L’Omanais succède ainsi à C. N’Zogbia et T. Bramble. Superbes performances du prêté Boltonien contre Chelsea, Aston Villa, Arsenal et Tottenham. Les autres principales satisfactions sont E. Boyce, T. Cleverley, M. Diamé (par intermittence), J. McCarthy, H. Rodallega, B. Watson et bien sûr C. N’Zogbia. Ce dernier est ardemment convoité par Sunderland (entre autres) mais les 9M de transfert ainsi que les exigences salariales de l’ex Magpie (260 000 £ mensuels) freinent les ardeurs Black Cats.

Déceptions

Mauro Boselli, achat record du club (6,5M, été 2010), prêté à Gênes en janvier. L’agent de l’Argentin ne cesse de répéter que son poulain veut retourner aux Estudiantes après un séjour anglais que le joueur vivrait très mal (voir ici – 8 matchs PL, 0 but).

N’ont guère fait d’étincelles non plus : J. Gomez, R. Stam, les frères Caldwell. Ainsi que l’abonné aux rubriques Flop, l’attaquant italo-argentin Franco Di Santo, qui pointe dans les temps du mythique Ade Akinbiyi : 2 buts en 55 matchs en Premier League (souvent remplaçant évidemment, mais tout de même, shocking). Trente-cinq ans après l’invention du genre « supersub » par le légendaire Red David Fairclough, Di Santo innove avec le « sous-sub ».

Curkovic n'avait pas approuvé l'invention du Supersub

Curkovic n'avait pas approuvé l'invention du Supersub

L’homme invisible : Adrián López

Highlights

Victoires capitales et parfois dramatiques sur des rivaux directs pour le maintien, Birmingham, Blackpool, West Ham, Wolves et Blackburn (4-3 sur ces derniers). La victoire 1-0 à Stoke lors du Survival Sunday (dernière journée) fut « massive ».

A noter aussi la victoire gnaqueuse 1-0 sur Tottenham à l’extérieur. Surtout que les Latics s’étaient pris 9-1 l’an dernier à White Hart Lane. Les joueurs eurent tellement honte qu’ils remboursèrent les billets des six cents courageux qui avaient fait le déplacement !

Lowlights

Les deux premiers matchs, raclées 4-0 et 6-0 à la maison (respectivement contre Blackpool et Chelsea), ainsi que la correction 4-0 infligée par Man United au DW Stadium.

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Le club n'en veut plus
Le club ne veut plus de Zoggy

Pas vraiment un enseignement mais il serait judicieux de mieux démarrer la saison. Se prendre un cinglant 10-0 à domicile sur les deux premières rencontres n’est pas idéal pour le moral. Plus important : il faut garder Charles N’Zogbia. Conserver « Zoggy » (ou Zog) devrait être une priorité mais il ne reste plus au Français qu’un an de contrat et le club veut absolument banquer. C’est en tous cas ce que vient de déclarer Dave Whelan (propriétaire) à Talksport, voir ici. Le club est très endetté et il est de notoriété publique que Whelan (74 ans) a envie de passer la main, mais en affichant une vitrine comptable plus attractive. Ce ne sont pas les courtisans qui manquent pour N’Zogbia (Aston Villa, Liverpool, Newcastle et surtout Sunderland).

Par ailleurs, il faut persévérer avec Victor Moses même si l’attaquant anglo-nigérian, blessé en début de saison, n’a pas toujours brillé quand il est entré en cours de match. Il faudra aussi travailler les centres et les têtes : seulement trois coups de boule victorieux de toute la saison, ça fait léger. Cela dit, le dernier, signé Rodallega lors de la 38è journée, a maintenu les Latics en PL.

Côté renfort, La priorité de Roberto Martinez est d’engager au moins un offensif (afin de combler le retour de Cleverley à Man United et le probable départ de Zoggy). Il faut également un arrière-central et un milieu plus créatif.

Pour les dernières rumeurs de transfert, voir ici.

Ils ont repris le boulot quand ?

Jeudi 7. Six matchs amicaux suivront, tous en Grande-Bretagne, du 23 juillet au 7 août, contre Villarreal. Premier match de PL contre les Canaries de Norwich le 13 août à domicile.

Trucs bizarres / marrants

Les déclarations So Footiennes et sanguines de l’ex Sang et Or Mohamed Diamé sur Wigan et les Anglaises :

« La vérité à propos de Wigan est qu’il n’y a rien à y faire. C’est un endroit merdique. La ville est petite et il n’y a aucune ambiance. Je vais à l’entraînement, je rentre à la maison, c’est tout ce que je fais. Quand il neige, j’ai l’impression qu’il fait moins 15 et j’ai peur de me transformer en glaçon. »

Et après avoir habillé la ville pour l’hiver, Momo s’occupe des p’tites Anglaises :

« C’est un mythe de dire que toutes les filles anglaises sont moches. Mais je ne vais pas vous mentir, il est rare de croiser des filles vraiment belles quand on sort la journée. A Madrid, j’avais l’impression que toutes les femmes étaient superbes »

Le coeur, c'est pas pour Wigan et les Anglaises
Le coeur, c’est ni pour Wigan, ni pour les Anglaises

C’est sûr qu’à Wigan, on se les caille en décembre et comme dirait le manager du club, l’Espagnol Roberto Martínez, l’ibère est dur. Et pis bon, c’est vrai quoi, y’a pas à tortiller, avec Wigan on est loin de la classe et du climat tropical de Lens ou Vallecas (ville du Rayo Vallecano, le dernier club de Diamé).

Autre truc bien marrant dans le contexte local morose, Roberto Martínez qui se déchire le costume en célébrant la victoire contre West Ham. Mais bon, c’est Wigan, pour l’entertainment, on repassera.

Le Manager

Roberto Martínez. Quand le plus Espagnol des Wiganais débarque au club comme milieu de terrain l’été 1995, Wigan vient de finir 14è de D4, se prend régulièrement des tannées contre des clubs de bourgade et évolue devant des chambrées de 1 500 personnes dans un stade à peine digne du football amateur, le notoirement révoltant Springfield Park (voir détails… le tour du propriétaire ne manque pas de piquant !). Voilà ce que Barry Worthington, historien du club, dit de ce stade dans un récent Four Four Two :

« Springfield Park, en 1978, est un cloaque infâme. Les toilettes, c’est un long mur avec un trou, pour trente personnes. Un ruisseau de matières et d’eau dégueulasses coule en permanence. On baigne dans tellement de pisse qu’il faut remonter son pantalon jusqu’aux genoux avant d’uriner. Quant à la « tribune de presse », elle consiste en une cabane exiguë avec une vitre en plexiglas, pas nettoyée depuis cinquante ans et tellement opacifiée par les excréments d’oiseaux que les journalistes se plaignent de ne rien voir du match. Si bien que souvent, les deux ou trois reporters présents se partagent le boulot : l’un reste au micro, et l’autre est à l’extérieur de la cabane et relaie l’action et les incidents au premier avec le moins de différé possible. »

Cependant, Martínez n’arrive pas dans un Wigan en déliquescence, car la méga-métamorphose du club à commencé quelques mois auparavant. En effet, Wigan vient d’être racheté pour 1M de £ par un richissime mécène local, Dave Whelan, dont la société JJB Sports se contentait alors de sponsoriser le club. Y’a pas de petites économies et le design du nouveau maillot est tout trouvé : ce sera le même haut que celui de l’uniforme que portent les employés de sa chaîne de magasins de sport !

Les activités commerciales de Whelan le conduisent souvent en Espagne et il y fait des rencontres intéressantes. Cet été-là, dans ses bagages, non seulement il ramène Martínez, mais aussi Isidro Díaz (joueurs de D3 espagnole) et surtout Jesús Seba, Espoir espagnol deux ans auparavant et attaquant du Real Zaragoza, club qui vient de battre Arsenal en finale de Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes au Parc des Princes, grâce au fameux but de Nayim de 50 mètres, revoir ce lob inoubliable. Une blessure à la cheville a quelque peu freiné l’ascension de Seba (prêté au Villarreal, D2, saison 1994-95) et le Real Zaragoza ne le conserve pas. Mais Seba est un joueur classieux et il arrive en Angleterre auréolé d’une réputation d’international. Le journal de la région de l’Aragon parle de lui en ces termes : « Fenómeno mediático y jugador de otra galaxia » (voir ici). Certes, les journaux régionaux aiment aligner les dithyrambes pour les prodiges du cru mais à l’époque, les vedettes étrangères ne sont pas légion dans le foot anglais, et à fortiori en quatrième division dans un coin reculé comme Wigan. Ces Espagnols impressionnent.

Les Three AmigosLa « Spanish Revolution » fait son effet et l’engouement est instantané. On surnomme le trio « The Three Amigos » (du nom de la comédie américaine avec Steve Martin). Roberto Martínez, Isidro Díaz et Jesús Seba pratiquent un football encore jamais vu localement et le maigre mais grossissant public scande « Jesús is a Wiganer ». La fièvre espagnole s’abat sur la région et les supporters sortent les drapeaux rouge et or, les sombreros et les castagnettes ramenées de Ténérife. Celui qu’on appelle alors « Bob » Martínez restera six saisons au club, jusqu’en 2001 (Seba aura du mal à s’adapter et ne fera que deux saisons et « Izzy » Díaz filera au Portugal en 1998). A son départ, Martínez affiche 227 matchs pour Wigan (23 buts) et s’est épris de ce coin de l’Angleterre ainsi que du pays. Roberto a aussi changé de stature ; il commente le foot espagnol sur Sky, est devenu une figure locale et un digne ambassadeur du club, toujours prêt à faire la tournée des écoles ou des hôpitaux pour enfants malades.

De 2001 à 2007, il profite d’opportunités diverses, principalement en Scottish Premier League et D2 / D3 anglaise, surtout à Swansea City. Février 2007, il évolue à Chester City (D4) quand Swansea le contacte pour remplacer Kenny Jackett, viré et qui du coup se prend une belle veste fourrée : c’est justement Jackett qui avait décidé de ne pas conserver Martinez la saison précédente. A 33 ans, Martínez raccroche les crampons pour manager les Swans (alors en D3), à la grande joie des supporters gallois. En à peine deux saisons et demie, il transforme le club gallois et établit les bases de la success story dont le dernier chapitre est la montée en Premier League il y a deux mois.

L’Espagnol sert aussi de modèle à quelques entraîneurs locaux, dont Ian Holloway (le Bristolien, pendant sa saison sabbatique en 2008-09, lui rend souvent visite et a souvent dit depuis s’être largement inspiré de son style offensif). Pour beaucoup, Martínez est presque devenu le fils adoptif de Dave Whelan. Le 10 juin, il a décliné une offre de Villa pour rester avec son deuxième papa et en a profité pour renégocier son contrat qui court maintenant jusqu’en 2014 (voir ici).

In / Out (au 12 juillet)

In : Ali Al Habsi (Bolton, 4M – prêt converti en achat)

Out : S. Caldwell (libéré puis recruté par Birmingham City, gratuit). J. Holt, D. de Ridder, J. Koumas, D. Lambert, T. Oakes, M. Pollit, A. Serrano, C. Williams (tous libérés)

Retours de prêt : A. Amaya, M. Boselli

A enfilé les Charentaises (arrêt de carrière) : le gardien Mike Pollitt a bien failli mais le vétéran (39 ans) vient de prolonger d’un an.

Décidément, les gardiens quadras se portent bien en Angleterre. L’ex Wimbledon Legend Neil Sullivan, 41 ans, vient de resigner pour une saison à Doncaster Rovers (D2). Mais l’ex international écossais fait figure de jeunot à côté du légendaire Kevin Poole. Ce dernier, qui débuta sa carrière professionnelle en 1981 (!) au grand Aston Villa, a prolongé d’un an à Burton Albion (D4). Poole a 48 ans ! Certes, il ne joue plus des masses (il est surtout entraîneur des gardiens) mais il est dûment licencié comme joueur et pourrait être, comme cette saison, utilisé en Coupe des Clubs de D3 et D4, la Football League Trophy (plus connue sous le nom du sponsor, Johnstone’s Paint Trophy).

Le big boss est…

Dave Whelan (& family), via Whelco Holdings. Whelan, 74 ans, est un ancien joueur professionnel de bon niveau (D1 à D4), mais surtout un homme d’affaires local qui a réussi dans la grande distribution (secteur sportif). En février 1995, Whelan rachète le petit club de Wigan, qui évolue alors en D4 dans l’un des stades les plus déglingués et puants d’Angleterre, sinon d’Europe de l’Ouest (voir détails). Eté 1999, il inaugure le nouveau stade du club qu’il a payé de sa poche (30M), une enceinte de 25 000 places située au bord du canal Leeds-Liverpool. Le DW Stadium est également l’antre des Wigan Warriors, le très successful club de rugby à XIII de la ville (affluence moyenne de 17 200, soit plus que Wigan Athletic, 16 800). En 2005, Wigan monte en Premier League. Depuis 1995, Whelan a injecté plus de 100M dans son bébé et pourrait bientôt rechercher un investisseur « sûr et bien intentionné » (dixit Whelan) pour reprendre le flambeau Latic.

Prix des abonnements et billets (adultes) saison 2011-2012

Abonnements : 295 à 345 £ (Wigan compte environ 11 000 abonnés)

Billets : prix toujours pas annoncés. Ceux de 2010-2011 allaient de 20 à 30 £ (trois catégories de match). En faisant la moyenne du prix des abonnements, des billets les plus et moins chers ainsi que des différentes catégories de matchs, Wigan est le deuxième club le moins cher de PL cette saison (ex-aequo avec Aston Villa et Bolton – Blackburn est preum’s).

Chiffre d’affaires (revenus) / masse salariale et autres stats financières

43M / 39M. Perte avant impôts : 4M. Dette : 73M*

[*dont 52M en prêt à taux 0 % du propriétaire, Dave Whelan]

Kevin Quigagne.

2 commentaires

  1. toni dit :

    et d’ici quelques semaines on aura « La saison 2010-2011 mode Twitter (250/251) »

    Nous on s’en plaint pas, mais les gars, vous savez on vous en voudra si vous prenez 2-3 jours de vacances.

    (Sinon c’était top comme d’hab)

  2. toni dit :

    On vous en voudra PAS bien sûr

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