Le défilé en bus à impériale dans les rues de Manchester s’est bien passé. La pluie n’a pas gâché la fête et Tomasz Kuszczak n’a pas fait tomber le trophée. Au moins une parade qu’il aura réussie. Trois jours après cette balade triomphale, revenons sur les moments clés de cette palpitante course au dix-neuvième titre.

 

Un peu d’histoire utile pour démarrer. Le premier titre mancunien de champion d’Angleterre date de 1908 et certaines similitudes avec le petit dernier sont frappantes. A commencer par l’écart de points avec le deuxième, neuf (1908 : Man United, 52 points. Aston Villa, 2è, 43. 2011 : Man U, 80 points, Chelsea, 2è, 71). Le troisième au classement est identique (Man City) et le nombre de buts marqués est du même ordre, 81 en 1908, 78 en 2011 (pour 38 matchs dans les deux cas).

Billy le Rebelle

Billy le Rebelle

Les vedettes de l’époque rappellent aussi certains footballeurs-pipoles d’aujourd’hui. Les années 1900, c’est l’ère du fameux Billy Meredith, le Rooney de l’époque, surnommé « Merrylegs » (le roi du dribble), viré par Man City en 1906 après une longue suspension consécutive à un retentissant scandale de pots-de-vin. Meredith-le-rebelle signa pour United alors même qu’il purgeait sa suspension. Il s’éleva vigoureusement aussi contre la décision de la FA (en 1901) de plafonner les salaires à 4 £ par semaine (certains gagnaient le triple) ainsi que d’interdire les diverses primes (généreuses). En décembre 1907, Meredith, aidé par plusieurs autres joueurs de United, créa la Professional Footballers’ Association (équivalent de l’UNFP), avec pour objectif principal de laisser s’exprimer librement « la loi du marché ». Cent trois ans plus tard, Wayne Rooney menaçait de quitter United (pour City) pour des raisons assez proches…

 

 

Le dix-neuvième titre de United : historique et à domicile

Sir Alex Ferguson a remporté douze titres avec Man United. Si la classe de 1992-94 (deux titres de champion remportés haut la main, citons Schmeichel, Bruce, Ince, Cantona, Sharpe, Giggs et Hughes) est parfois considérée comme la plus brillante (avec 1998-99, la saison du triplé), celle de 2010-2011 est souvent perçue comme le vilain petit canard de la portée. Les reproches sont connus. L’équipe manquerait d’inventivité, de créativité et de panache, voire d’un brin de folie, comparée à la formation du début de l’ère Premier League ou celle des années Ronaldo et Tévez. De plus, la « gnaque » lui ferait défaut (déficit d’aboyeurs type Keane ou Ince). Ne faisons pas la fine bouche, ce dernier titre s’est forgé avec d’autres atouts, tout aussi respectables ; tels l’expérience (Giggs, Scholes, Van der Sar), la solidité et la grinta (Vidic, Ferdinand), l’opportunisme (Berbatov) et la jeunesse (Hernandez, Smalling). Et une bonne dose de classe aussi (Rooney, Nani et re-Hernandez).

La Classe 1993-94

La Classe 1993-94

Les apparences sont trompeuses. Le dix-neuvième titre a un côté Canada Dry : il a le goût de la facilité, mais fut en réalité acquis dans la douleur. Certes, sur le papier, le deuxième relégué à neuf longueurs, c’est confortable. En revanche, sur le terrain, ce fut souvent la croix et la bannière pour arracher le moindre point. Rien d’anormal à cela. Hormis quelques clubs freak, européens ou promus, les budgets de Premier League se situent tous dans une fourchette allant de 55M à 90M de £ et le nivellement des valeurs est manifeste. L’ère des champions qui amassaient régulièrement 90 points (voire plus) ou finissaient avec vingt unités d’avance sur le troisième est probablement révolue (les exemples récents abondent, citons 2000, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009). Les « Petits » sont devenus maousse costauds et les ventre-mouistes se sont forgés de beaux abdos. Prendre des points à ces ex sans-grades s’est diablement compliqué ces dernières saisons.

Ce titre a surtout été conquis à la maison : 18 victoires, 1 nul – 55 points, record d’Angleterre égalé (Chelsea, 2005-2006). A l’extérieur, Man United a signé la pire performance d’un club champion depuis 1992. Seulement 5 victoires et 25 points de pris sur 57 (soit seulement six de plus que Blackpool en déplacement !).

A l’instar du Liverpool des années 80, Man United semble nimbé d’une aura d’invincibilité. Toutefois, Fergie est conscient du fait qu’il faudra se renforcer (outre le poste de gardien), surtout au milieu de terrain (on parle de Luka Modrić, Wesley Sneijder et Ashley Young). Sans cesse se réinventer, Fergie en a l’habitude.

Le sorcier écossais sait aussi que Liverpool abordera la saison prochaine le couteau entre les dents, propulsé par un collectif qui a fini la saison sur les chapeaux de roues, soutenu par un board ambitieux et galvanisé par un Dalglish remonté comme une pendule. Ce dernier vise un objectif en priorité : reprendre la main dans la « Bataille du Nord-Ouest ». Cette rivalité qui remonte à plus de cent dix ans est de nouveau d’actualité (premier titre des Reds, 1901). Sans parler du danger présenté par les « noisy neighbours », les zillionnaires de City. Une chose est certaine. Si Ferguson a longtemps été habité par cette obsession du dix-neuvième titre, qu’il a finalement assouvie, il n’a nullement l’intention de s’arrêter là.

 

Temps forts et moments clés de la course au dix-neuvième titre

Une course à quatre chevaux et un passionnant chassé-croisé entre Man United, Chelsea, Man City et Arsenal.

11 sept. 2010 : Everton 3 – Man U 3

Everton accroche Man United à Goodison Park, 3-3 (deux buts Toffees dans les arrêts de jeu). Rooney, empêtré dans ses histoires de sexe tarifé, est laissé au repos (Fergie craint les réactions du public evertonien, pas tendre avec son ex chouchou). Ce nul marque le début des problèmes que United connaîtra toute la saison pour s’imposer à l’extérieur.

 

 

19 sept. 2010 : Man U 3 – Liverpool 2

Triplé de Berbatov. Chelsea, champion en titre, caracole en tête et tous les observateurs clament haut et fort (et un peu vite) que les Blues sont imbattables et qu’ils vont fatalement conserver leur titre haut la main.

Première quinzaine d’octobre : la saga Rooney destabilise le collectif

La crise Wayne Rooney fait rage tandis que l’équipe n’avance plus. Le nul obtenu à Sunderland (0-0) le 2 octobre tient du mini miracle. Sans Rooney (officiellement « unfit »), mais avec Macheda et Owen devant (remplacés respectivement par Berbatov à la 46è et Hernandez à la 64è), Manchester livre une bien piètre prestation et peut remercier sa charnière centrale Ferdinand-Vidic, de nouveau associée (ainsi que van der Sar). La trêve internationale arrive à temps.

16 oct. 2010 : Man U 2 – West Brom 2

Une rare bourde de van der Sar permet aux Baggies d’empocher un point inespéré. Man United mène 2-0 après vingt-cinq minutes mais, malgré une bonne quinzaine de tentatives sur le but, fait chou blanc. Ce nul sera le seul faux pas mancunien à domicile de la saison. Rooney, laissé sur le banc pour des raisons extrasportives (il a contredit Fergie, voir ici), ne rentre qu’à la 71è et a peu d’impact. Au terme de cette huitième journée, Chelsea est toujours 1er (19 points) et compte cinq points d’avance sur United.

19 oct. 2010 : Rooney déclare vouloir partir

La saga Rooney se radicalise. Alex Ferguson déclare en conférence de presse que le Roo a refusé catégoriquement de signer la proposition de contrat, et a quitté le club. Fergie révèle à MUTV ce que le chief exec de Man U, David Gill, lui avait appris mi août :

« Le 14 août, j’étais dans mon bureau quand David me téléphone et me dit que Wayne, via son agent, lui a déclaré qu’il ne souhaitait pas signer un nouveau contrat. J’étais scié. Quelques mois auparavant, il n’avait cessé de répéter qu’il était dans le plus grand club au monde. »

Rooney ne sera pas du match de Ligue des Champions contre Bursaspor, officiellement pour une blessure à la cheville. Rooney avait été acheté à Everton en août 2004, pour la somme record de 27 M de £ (pour un moins de 20 ans). A l’annonce du possible départ de Rooney, Everton se frotte les mains : en cas de vente, le club de Merseyside toucherait 25 % de la tranche située au-dessus de 27M. Certes, ce n’est pas le jackpot mais vu la périlleuse situation financière dans laquelle se trouvent les Toffees, ça mettrait du caramel dans les épinards (recette anglaise du terroir).

20 oct. 2010 : les médias annoncent que le départ de Rooney est quasi inévitable

Rooney publie un communiqué où il confirme les propos de son boss.

« J’ai rencontré David Gill la semaine dernière et il ne m’a pas donné les assurances que je recherche quant à l’avenir du club. »

Il ajoute qu’il se pose des questions sur la « continued ability of the club to attract the top players in the world. » (voir ici et aussi ici).

C’est donc la qualité du personnel qui inquiète tant le Roo…

21 oct. 2010 : les médias annoncent que le départ de Rooney est inévitable

Cette fois, c’est certain, il va partir. Les bookmakers le donnent partant.

22 oct. 2010 : Rooney signe un nouveau contrat

La saga Rooney s’achève enfin, brutalement. Après plus de deux mois de tractations interminables et déclarations amusantes, le Roo signe un nouveau contrat de cinq ans pour des zillions de £. Tout le monde est réconcilié. Sauf que sur le terrain, l’équipe n’est pas dans le coup (3è – Chelsea 1er et Man City 2è).

24 oct. 2010 : Stoke 1 – Man U 2

Un doublé d’Hernandez (dont une sublime et acrobatique tête renversée) scelle la victoire en terrain hostile, chez les lanceurs de missiles touche-deuxième poteau. Le premier succès à l’extérieur de Man U cette saison, obtenu quelque peu fortuitement. Gary Neville peut s’estimer verni sur ce match, son 600è sous la tunique rouge. Par deux fois il bourrine le virevoltant Matthew Etherington et aurait pu (et dû) écoper d’un deuxième jaune à la 34è (Brown le remplacera à la mi-temps). Cela dit, c’est des Potters dont on parle, et si on commence à s’apitoyer sur leur sort… Pas de sentimentalisme, même avec des artisans-potiers.

6 novembre 2011 : Man U 2 – Wolves 1

United est dans les cordes, 1-1 dans les arrêts de jeu, quand surgit Ji-Sung Park qui, d’un joli tir, arrache les trois points de la victoire. Un modus operandi qui se répétera plus d’une fois. Man United revient à deux points de Chelsea, qui s’essouffle (défaite surprise 2-0 à Anfied).

9 novembre 2011 : le derby mancunien s’annonce chaud

La tension monte sur Manchester avant le 166è derby mancunien (voir détails). Cette année, ce match que les journaux appellent « The battle of Manchester » revêt une signification particulière. D’une part, la suprématie United est menacée, pour la première fois depuis 1991 (la dernière fois que City a fini devant United au classement), les deux équipes étant au coude à coude au classement. D’autre part, le centre de gravité financier s’est déplacé vers Eastlands. Alex Ferguson est d’humeur provocatrice en conférence de presse et se moque de ce qu’il appelle « l’habitude qu’a City de crier sur tous les toits ».

10 novembre 2010 : Man City 0 – Man U 0

Le derby tant attendu accouche d’une souris boiteuse et du premier nul dans un derby mancunien depuis 1993. Les rares attaques de City se sont cassées les dents sur ce bloc de granit serbe qu’est Nemanja Vidic. Chelsea gagne 1-0 sur un Fulham au plus mal et est toujours 1er avec quatre points d’avance sur United. Arsenal défait Wolves 2-0 et occupe la troisième place, à un point de United.

 

 

13 novembre 2011 : Aston Villa 2 – Man U 2

Man U est mené 2-0 à dix minutes de la fin… Que croyez-vous qu’il advint ? Deux buts dans les dernières minutes (signés Macheda et Vidic) sauvent la mise. United conserve de justesse son invincibilité en championnat et déclenche la phase rouleau-compresseur. Jusqu’au 1er février, les Red Devils engrangeront trente points sur trente-six possibles ! Chelsea accuse sérieusement le coup : défaite 3-0 à domicile contre Sunderland. Arsenal, vainqueur d’Everton, se replace dans la course (2è, à deux points des Blues). United est troisième, à trois points du premier.

27 novembre 2011 : Man U 7 – Blackburn 1

Un quintuplé de Berbatov permet à Man United de prendre la tête du classement. Une raclée qui sonne comme un message fort envoyé aux poursuivants. Un United bien aidé par un Pascal Chimbonda particulièrement largué (voir ici). Beaucoup de moments « Ooops » pour ce pauvre Pascal qui signe ce jour-là son bon de sortie au Mercato d’hiver (Ooops filera en D2 en janvier, chez les Hoops de QPR, sans plus de réussite là-bas, trois matchs en quatre mois et empaqueté hier dans la charrette des rejects). Chelsea continue sa lente implosion (4 points sur les cinq derniers matchs) sur fond de crise interne (1-1 contre Newcastle).

13 décembre 2010 : Man U 1- Arsenal 0

Tête de Park à la 41è et c’est cinq points d’avance au classement pour les Red Devils. Chelsea (encore un nul, contre Spurs) continue son chemin de croix (désormais 4è, à six points de United).

28 décembre 2010 : Birmingham 1 – Man U 1

Cette fois-ci, c’est Lee Bowyer qui administre une « dose of their own medecine » à Man U. Le saccageur de McDo marque à la 90è, un but à l’image de son auteur, très controversé (mais qui l’eut croate, la controverse n’est pas le fait de Bowyer, mais de Nikola Zigic, possible main-passe de ce dernier). Arsenal bat Chelsea 3-1 et se replace 2è, à deux points de United. Chelsea est 5è, à sept unités. Man United est 1er ex-aequo avec Man City (mais deux matchs en moins sur les Citizens).

1er janvier 2011 : West Brom 1 – Man U 2

Un Gary Neville verni

Un Gary Neville verni

La délivrance. Rooney marque enfin son premier but en open play de Premier League depuis… neuf mois ! Cependant, United l’a encore échappé belle, victoire très chanceuse des Red Devils. Gary Neville fauche Dorrans dans la surface (non sifflé) et Peter Odemwingie rate un pénalty en toute fin de match. Un Neville bien heureux de ne pas s’être fait expulser (remplacé par Fabio à la 70è). But victorieux d’Hernandez en toute fin de match. C’est le dernier match de Neville qui, sagement, décidera de raccrocher les crampons fin janvier. Sir Alex est lucide : « Gary a eu de la chance de ne pas se faire expulser, il y avait pénalty. J’ai d’abord cru qu’il avait touché le ballon mais au ralenti, il est clair que Gary a été chanceux sur ce coup-là. »

Man City repasse 2è (mais compte deux matchs en plus, hiver neigeux, matchs annulés, le classement s’en trouve quelque peu faussé).

4 janvier 2011 : Man U 2 – Stoke 1

Un joli geste d’Hernandez sur un beau service de Nani, doublé d’un superbe tir de ce dernier, permettent aux Mancuniens de venir à bout de Potiers peu en verve mais sacrément coriaces. Chelsea trébuche encore, à Wolves (spécialiste du plombage de Gros). Les Blues sont désormais 5è, à neuf points de United. Man City, toujours 2è.

25 janvier 2011 : Blackpool 2 – Man U 3

L’un des tournants de la saison. Cette fois, c’est sûr, Man United va perdre son premier match de la saison, se dit-on en regardant les Seasiders écraser de leur domination les Mancuniens. Les hommes d’Holloway mènent 2-0 à vingt minutes de la fin. De surcroît, ils auraient dû bénéficier d’un pénalty (faute flagrante de Rafael sur Varney). Sauf que dans le script, il n’était pas prévu que Giggs, entré en jeu en seconde mi-temps, sème la zizanie… Ni que Fergie, à la 66è, sorte Rooney au lieu de Berbatov (d’habitude, il ne sort le Roo que si United a le match plié). Coaching plus que payant de l’Ecossais. Giggs sonne la charge et Berbatov se réveille (deux buts), tandis qu’Hernandez achève Blackpool en toute fin de match. United toujours invaincu en championnat et premier, avec cinq points d’avance sur le deuxième, Arsenal, et dix sur Chelsea (4è).

5 février 2011 : Wolves 2 – Man United 1

La première défaite, contre Wolves
Première défaite, à Wolves

Cette fois, ça y est. La 26è journée a été fatale aux Mancuniens qui ont mis un genou à terre, pour la première fois de la saison en PL. Face à des Loups enragés (10/10 dans la presse pour plusieurs joueurs), Man U s’incline logiquement, sans gloire. Cette journée restera gravée à jamais dans les annales du football britannique et européen, probablement la plus folle journée de championnat de l’histoire du foot anglais (voir détails). Man United entame sa période de Blues, qui durera jusqu’à la 37è journée et le match contre Blackburn (titre décerné), quatre défaites sur douze matchs. Chelsea, avec Torres dans ses rangs, est à sept points. Arsenal, tenu en échec 4-4 à Newcastle dans un match de ouf ne profite pas du faux pas de Man U.

12 février 2011 : Man United 2 – Man City 1

Man City aurait mérité le nul dans le derby mancunien mais un sublime ciseau retourné de Rooney met tout le monde d’accord : c’est le but de l’année. Au moins.

26 février 2011 : Wigan 0 – Man United 4

Pour la première fois de la saison en championnat, Fergie titularise Hernandez et Rooney ensemble. L’alchimie entre le Petit Pois et le Patator est parfaite et instantanée. Le duo se partage trois des quatre buts, et sera titularisé huit fois lors des douze dernières rencontres. Man U, 1er, 60 points, Arsenal, 2è, 56. Man City, 3è , 49. Chelsea, 5è … 45 points (un match en moins).

1 mars 2011 : Chelsea 2 – Man U 1

Pour la première fois en 165 matchs, Ferguson aligne le même XI que la fois précédente… Man United est donné favori (Chelsea est à quinze points de United !) mais se fait piéger en seconde mi-temps au terme d’un superbe match. Ferguson critique vivement l’arbitre, Martin Atkinson, et écope d’une suspension de cinq matchs. Chelsea débute enfin son « rétablissement ».

6 mars 2011 : Liverpool 3 – Man U 1

Liverpool atomise Man United, hat-trick de Dirk Kuyt, métamorphosé en goal machine sous Dalglish (le premier coup du chapeau d’un Red contre United depuis le triplé de Peter Beardsley en 1990). United est toujours 1er mais ne possède plus que trois points d’avance sur Arsenal, tenu en échec 0-0 par Sunderland à domicile (les Gunners comptent un match en moins). Chelsea, vainqueur de Blackpool, revient à neuf points et occupe la quatrième place. The chase is on.

Les carottes sont Kuyt
3-0 après 65 minutes, les carottes sont Kuyt

19 mars 2011 : Man U 1 – Bolton 0

Petite victoire de Man United, au forceps (but capital de Berbatov à la 88è). Valait mieux, Chelsea, en terrassant Man City 2-0, enregistre sa troisième victoire d’affilée (et pointe désormais à neuf points). Cette défaite de Man City met officieusement fin à leur ambition de décrocher le titre. Arsenal, 2è, à cinq points (un match en moins) n’a pu faire mieux que 2-2 contre WBA ; un nul arraché par les Gunners sur les vingt dernières minutes (merci Almunia et Squillaci… Szczesny et Fabianski étant blessés, le vétéran Lehmann est appelé à la rescousse).

2 avril 2011 : West Ham 2 – Man U 4

Il va faire signer le ballon et le garder

Il va faire signer le ballon et le garder

Man United est mené 2-0 après une demi-heure (2 pénalties)… Vidic peut s’estimer heureux d’être toujours sur le terrain après deux grosses fautes sur Demba Ba en première période. A la mi-temps, les joueurs se prennent la « Mother of all bollockings » (soufflante des familles). A la reprise, les Mancuniens, qui ont toujours les oreilles qui sifflent, plantent quatre fois (Giggs repositionné latéral gauche, hat-trick express de Rooney, en 14 minutes). Une fois le titre acquis, Ferguson déclarera que ce match constitua le tournant de la saison. Arsenal, fébrile et maladroit, ne sait pas en profiter et fait 0-0 contre Blackburn Rovers à domicile. Les Gunners semblent alors définitivement écartés de la course au titre, plus dans le feeling qu’arithmétiquement. Reste Chelsea, qui se fait accrocher 1-1 par un Stoke en grande forme. Des Blues désormais à onze points (un match en retard) mais le Man United – Chelsea qui se profile permet encore aux Londoniens de garder une lueur d’espoir.

 

19 avril 2011 : Newcastle 0 – Man United 0

Un Man United peu inspiré rate le coche devant des Magpies bien organisés. Chelsea, beau vainqueur 3-1 de WBA, revient à huit points (avec Arsenal en embuscade, 2è à sept points, un match en moins). Plus que six journées. Dont un Arsenal – Man United le 1er mai…

23 avril 2011 : Man United 1 – Everton 0

34è journée. Encore une victoire à l’arraché, acquise dans les dernières minutes (forte domination mancunienne cependant, 21 tentatives sur le but, 13 corners, contre 5 pour Everton, avec 1 seul coup pied de coin). Un succès acquis un peu grâce à Antonio Valencia, qui décide, à la 84è, de presser Sylvain Distin, lequel fait une grossière erreur, l’attaque de United se met en branle, Valencia centre au second poteau pour Hernandez qui plante une tête rageuse (après avoir touché les montants trois minutes auparavant). Everton aurait pu bénéficier de deux pénalties ; le premier à la 36è sur une faute d’Evans sur Beckford ; le second, plus net, à la 56è sur une grossière faute de Ferdinand sur Anichebe. Arsenal, battu 2-1 par Bolton, est définitivement out pour le titre. Sur les sept derniers matchs des Gunners, c’est leur sixième sans victoire. Chelsea bat West Ham, et semble être le seul à pouvoir aller chercher United (les Blues sont 2è, à six points). Plus que deux canassons en course ? Pas sûr. Le calendrier a bien fait les choses, un Arsenal – Man United est programmé le week-end suivant…

1 mai 2011 : Arsenal 1 – Man United 0

Les Gunners, grâce à Ramsey, sortent vainqueur de ce duel face à un United en dedans, où même Vidic a été à la peine. Ferguson pique encore sa crise contre les officiels, il s’en prend cette fois à l’arbitre, Chris Foy, pour une histoire de pénalty non sifflé. Chelsea, vainqueur 2-1 de Tottenham, double Arsenal au classement et revient à trois points de United, une semaine avant le « title decider ». Plus que trois journées. Manchester United 73 points, Chelsea 70, Arsenal 67.

8 mai 2011 : Man U 2 – Chelsea 1

El Climatico. Chelsea a réussi le comeback de l’année sur les deux derniers mois et ne pointe plus qu’à trois points de United (ils étaient à quinze longueurs début mars). Les Blues restent sur une formidable série depuis que ces deux clubs se sont affrontés au Bridge neuf semaines auparavant (le stade, pas aux cartes). Mais les hostilités, déclenchées tambour battant, terrassent un Chelsea pris à la gorge. But d’Hernandez après 36 secondes et deuxième but (de Vidic) à la 23è. Une victoire acquise de main de maître (score flatteur pour Chelsea) qui relègue les Blues à six points, et scelle pratiquement le dix-neuvième titre pour les Red Devils. Un match nul contre Blackburn suffira.

Fu..... Fichtre, cette F.A alors

Fu..... Fichtre, cette F.A alors

Une fois n’est pas coutume, cinq jours plus tard, Ferguson écopera d’un avertissement de la FA (improper conduct) pour avoir… fait l’éloge de l’arbitre avant la rencontre (idem pour Ancelotti). Fergie avait déclaré que Howard Webb était « le meilleur officiel possible pour arbitre cette rencontre » (infraction à la règle E3 de la Premier League, qui proscrit les commentaires sur les arbitres avant les matchs – la PL avait écrit à tous les managers en octobre 2010 pour leur rappeler l’existence de ce point de règlement). Même Arsène Wenger vole au secours de Fergie dans cette affaire !

14 mai 2011 : Blackburn 1 – Man U 1

Match poussif de United, un peu à l’image de ce dernier tiers de saison où United n’a engrangé que 22 points sur 36 possibles. Mené 1-0 juste avant le dernier quart d’heure, Giggs lance Hernandez en profondeur, le Mexicain s’infiltre dans la surface, Paul Robinson (gardien de Rovers) touche le pied du Petit Pois léger, qui s’écroule. L’arbitre siffle et court consulter son juge de touche. Il revient et indique le point de pénalty (décision controversée). C’est un Rooney rageur qui se charge de le transformer. Les pancartes et banderoles « Knocked off your perch » (à l’adresse de Liverpool, évidemment) fleurissent aussitôt dans la tribune Extérieur d’Ewood Park.

Le dernier match, le 22 mai, lors du fameux « Survival Sunday » (cinq clubs à la lutte pour le maintien), ne comptera que pour du beurre (victoire 4-2 sur le malheureux Blackpool). Man United tient enfin son dix-neuvième titre. Fergie, une fois n’est pas coutume, se pointe même en conférence de presse fêter le titre. Pas le plus beau mais certainement l’un des plus « historiques ». Et comme on dit à la télé, ils comptent tous.

 

Manchester United en chiffres cette année (Premier League seulement).

Buts pour / contre : 78 / 37

Buteurs : Berbatov 21*. Hernandez 13. Rooney 11. Nani 9. Vidic & Park 5

[certains sites donnent Berbatov à 20 buts, suite à la décision début mai du « Dubious Goals Panel », presque cinq mois plus tard, de retirer une réalisation du Bulgare inscrite lors du Man United-Sunderland du 26 décembre 2010 – convertie par le DGP en but contre son camp d’Anton Ferdinand. Dans le même temps, Carlos Tévez s’est aussi vu retirer un but inscrit le même jour contre Newcastle. Le TK se demande donc si le DGP ne se réunit qu’une fois par an, début mai, pour examiner les buts inscrits lors du Boxing Day. Le TK étant de nature généreuse, et tenant compte du casier du multi-récidiviste Anton Ferdinand (qui, la saison précédente, avait déjà inscrit un but c.s.c face à United – et à la 93è – faisant ainsi perdre deux points précieux aux Black Cats), a donc décidé d’accorder ce but à Berbatov]

Passes décisives : Nani 18. Rooney 11. Giggs 8. Berbatov, Fletcher & Scholes 4

Fautes : Evra & Vidic 38 (50è au classement PL). Berbatov, Nani & Scholes 33. Rooney 24. Hernandez 22

Cartons jaunes (61) : Scholes 9. Vidic 8. Hernandez, Giggs & Rooney 5. Rafael 4

Cartons rouges (3) : Evans, Rafael & Vidic 1

Apparitions : Vidic & Evra 35. Nani & Van der Sar 33. Berbatov 32. Carrick & Rooney 28

Classement au fair-play : 3è (derrière Chelsea, 1er, et Tottenham, 2è)

But encaissés à domicile en premier mi-temps : 1 (contre Blackpool, dernière journée)

59 : c’est le cinquante-neuvième trophée de Man United (qui dépasse ainsi Liverpool, 58)

55 : points engrangés à domicile (sur 57 possibles), record d’Angleterre égalé (Chelsea, 2005-2006)

29 : nombre de joueurs utilisés cette année

27 : nombre de trophées d’Alex Ferguson avec United

25 : nombre de matchs avant la première défaite, contre Wolves, le 5 février

25 : points obtenus à l’extérieur, plus faible total pour un champion depuis 1992 (Leeds)

24 : nombre de buts concédés sans Rio Ferdinand (19 matchs)

13 : nombre de buts concédés avec Rio Ferdinand sur le terrain (19 matchs)

12 : c’est le douzième titre de champion d’Angleterre de Fergie avec United

11 : points gagnés dans les dix dernières minutes (WBA est 1er ex-aequo)

8 : nombre de matchs où United a mené dans les cinq premières minutes (Arsenal, Man City, West Brom, 4)

5 : nombre de victoires à l’extérieur (le plus faible total pour un champion depuis 1976-77, Liverpool)

4 : nombre de défaites (le plus faible total du club est 3, 1999 et 2000)

1 : nombre de fois où Alex Ferguson a aligné une équipe inchangée par rapport au match précédent

Kevin Quigagne.

4 commentaires

  1. Troglodyt dit :

    […]Tomasz Kuszczak n’a pas fait tomber le trophée[…]

    Mais Evra a feint une « Sergio Ramos », non?
    Au moins une feinte qu’il aura réussie.

    (Merci pour votre boulot à tous)

  2. AZERTY dit :

    Très bel articl bravo !

    Ptit truc a mentionner : ManU est le nom utilisé par les rivaux de MU dans les chanssons insultantes sur le drame de Munich 1958 donc veuillez remplacé SVP ManU par MU ou MANCHESTER UNITED ou Man Utd comme vous voulez mais pas ManU

  3. Kevin Quigagne dit :

    Merci Troglo et Azerty.

    Effectivement, Evra a feinté, par jeu, c’est un grand farceur. Franck Ribéry, Jimmy Bullard et le Crazy Gang de Wimbledon, c’est des Mormons à côté de notre Patrice (pardon aux Mormons fidèles des TK). Il ne sait pas s’arrêter, voir clip :

    http://www.youtube.com/watch?v=jOUHg8NGbCk

    On peut annoncer officiellement aujourd’hui que Knysna n’était qu’une blague de potache qui a mal tourné (info exclusive dégotée par les reporters TK). Un grand malentendu.
    Le hic c’est que Raymond n’a pas un sens de l’humour très développé et il a pris tout ça bien trop au sérieux. Et fatalement, ça a dégénéré (Patrice a pris de travers le fait que ça fasse pas marrer Raymond – il aurait dit « Quoi Raydo, tu la trouves pas rigolote ma blague ? Chuis pas marrant, c’est ça, hein ? Dis-le tout de suite que je suis pas intéressant, hein, tu préfères X, hein ? », il s’est emporté, là-dessus Hugo a flippé, faisait chaud et toussa, et il a menacé de saccager l’intérieur et bon, on connaît la suite).

    Azerty, je savais pas pour Man U (n’étant pas un spécialiste de ce club), merci de le signaler. J’ai modifié tout ça.

  4. Bernard Morlino dit :

    Très bon article, bravo. Allez United !

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