Quatrième et dernière partie des évènements et futilités du mois dans le football anglais.  Encore un mois riche en émotions, surprises et cocasseries. Aujourd’hui, du 22 au 28 février. (voir première partie ici, deuxième ici et troisième ici).

Au sommaire :

  • Plymouth Argyle, rien ne va plus pour le club de Larrieu et Zubar
  • La « Football Creditor Rule » : où comment entuber joyeusement tout son monde
  • L’ex école primaire de Steven Gerrard n’aime pas le foot
  • Barry Hearn (Leyton Orient) fait de la résistance
  • Alan Sugar v Karren Brady. Comme dans « The Apprentice », mais en bien plus vicelard
  • Ashley Cole of Duty: pas de quartier avec ces morveux d’étudiants
  • Port Vale on the road, bien plus marrant que le bus de Knysna
  • Robbie Williams appelé à la rescousse
  • Farewell Deano…
  • 28è journée de Premier League. TOP XI & FLOP XI, et début du fameux « run-in »
  • Alex Ferguson, Rooney et les médias
  • Bref tour d’horizon de la D2, QPR, Adel Taarabt, Leeds, etc.
  • Douzième anniversaire du dernier XI 100 % anglais vu en PL
  • 50è finale de la Coupe de Ligue. Les raisons de l’existence de la mal aimée
  • Sunderland, à la croisée des chemins pavés de dettes
  • Peterborough United (D3) innove avec un abonnement à 15 000 £
  • La Football Association, presque 150 ans et plus aucune dent

… et bien plus encore.

 

MARDI 22 FÉVRIER

Blackpool 3 – Tottenham 1 (match en retard de la 18è journée). Des Seasiders d’une efficacité redoutable : 6 tentatives sur le but, 4 cadrées, 1 corner, 3 buts ! Spurs : 15 tentatives, 6 cadrées, 7 corners, 1 but. Defoe, moribond, toujours aucun but en PL cette saison. Belles prestations du latéral gauche Baptiste (homme du match), ainsi que de DJ Campbell, Ludovic Sylvestre et Cathcart. Et un costaud p’tit nouveau qui a l’air intéressant : Serguei Kornilenko, prêté par le Zenit St Petersburg, qu’Holloway a décrit de la sorte : « Serguei is an enormous unit »

Brett Ormerod, grâce à son but de la 34è, devient le premier Tangerine à marquer pour le club dans les quatre divisions de League football, D1 à D4.

Ormerod était de l’aventure Blackpool dès 1997 (D3, puis D4 en 2000), avant de partir en 2001 et revenir en 2009 (D2). Holloway s’enflamme :

« Je suis aux anges pour lui, et j’en profite pour remercier Monsieur et Madame Ormerod de nous avoir donné Brett, pour ce qu’il a fait aujourd’hui et en mai dernier [il planta le but victorieux en finale des play-offs contre Cardiff à Wembley] »

 

 

Copenhague 0 – Chelsea 2. Belle victoire des Blues face à des Danois qui n’avait pas joué depuis le 7 décembre. Un « brace » (doublé) d’Anelka, homme du match. Dix buts sur ses onze derniers matchs de Ligue des Champions et septième réalisation cette saison, ex-aequo avec Eto’o. Torres en nets progrès (Drogba faisait banquette). Chelsea peine beaucoup plus en PL (5è). Qu’il semble loin le temps où Mancini déclarait, avant la réception de Chelsea le 25 septembre :

« Chelsea finira champion. Je pense sincèrement qu’ils gagneront facilement le titre. »

La saison galère des Blues en treize photos.

La Malvern Primary School de Liverpool (l’école primaire de Steven Gerrard) interdit les ballons de football en cuir ou plastique, « trop dangereux » a déclaré la directrice. Seuls les ballons en mousse seront désormais autorisés à la récré. La culture procédurière (litigation culture) ainsi que l’obsession Health & Safety qui frappent l’Angleterre depuis le milieu des années 90 sont à l’origine de cette décision. Cette école est située à Huyton, ville de la banlieue est de Liverpool, pépinière de talents réputée. Outre Gerrard, cette ville de 33 000 habitants a sorti Joey Barton, Leon Osman, Tony Hibbert, David Nugent, Lee Trundle, Craig Hignett et Peter « I ♥ Laslandes » Reid, ex Toffee et international anglais dans les années 80 (et aujourd’hui malheureux manager de… Plymouth Argyle).

Le quotidien The Independent publie un dossier sur l’Obsessive Compulsive Disorder après une récente tragédie en Angleterre liée à cette condition médicale. L’article rappelle que David Beckham est l’un des 750 000 Britanniques touchés par la condition. Becks serait obsédé par l’alignement Feng Shui des canettes dans son frigo, symétriquement disposées et en nombre impair.

 

MERCREDI 23 FÉVRIER

Plymouth Argyle (D3), club de Romain Larrieu et Stéphane Zubar (frère cadet de), se voit retirer dix points par la Football League. Les Pilgrims (pélerins) qui fêtent leur cent-vingt-cinq ans cette année, se retrouvent dernier, avec 23 points. C’est encore plus la dèche qu’à bord du Mayflower de leurs pionniers d’ancêtres. Les salaires des joueurs (et des soixante autres employés du club) n’ont pas été versés en janvier. Le redressement judiciaire est imminent [il sera prononcé officiellement le 4 mars, voir ici]. Une soixantaine de clubs professionnels anglais (sur cent vingt) ont été placés en redressement judiciaire depuis vingt ans, certains deux fois (et des dizaines d’autres y ont échappé d’extrême justesse, comme Cardiff City l’an dernier).

Les dettes de Plymouth s’élèvent à 13M de £ (minimum). Un quart de cette somme est constituée de « unsecured debts » (dettes non sécurisées), ce qui signifie que les créanciers (dont HMRC, le fisc anglais, appelé aussi Inland Revenue) ne reverront qu’une fraction de cette somme. Les « secured debts » forment le reste des créances. Elles ont une caractéristique bien distincte : elles sont toutes liées au monde du football (clubs, joueurs, agents) et sont les seules dettes que le club est légalement obligé de rembourser. Cette anomalie est le fait de la très controversée Football Creditor rule, introduite en septembre 2003, et dont la légalité est depuis vivement contestée par HMRC (voir article). Ce règlement stipule donc qu’un club placé en redressement judiciaire n’est tenu à rembourser uniquement que la part de ses dettes liées au football, les « secured debts ». Le reste (unsecured) est souvent passé aux pertes et profits ou faiblement remboursé.

Le fisc, ainsi que les sociétés de recouvrement de dettes, considèrent que ce règlement est en porte-à-faux avec la législation anglaise sur l’insolvabilité qui place sur un pied d’égalité tous les créanciers (comme le résume ce texte avec photo). Une fois de plus, HMRC peste contre Plymouth, en vain. Le fisc et les dizaines ou centaines de créanciers se retrouveront de nouveau le bec dans l’eau. Voir cet article du Lawyer.

Le fisc est très remonté en ce moment contre le monde du football, qui lui devrait au moins 100M de £ (tours de passe-passe fiscal d’une soixantaine de joueurs vedettes, comme nous l’expliquions ici, entrée du 19 janvier). Portsmouth FC par exemple, placé en redressement en février 2010, ne paya que 4,8M de £ aux impôts sur une dette fiscale de 24M. HMRC a récemment présenté ses récriminations devant la High Court.

Le nom du nouveau « conseiller spécial » de Plymouth ne nous est pas inconnu : Peter Ridsdale. Nul besoin de présenter l’ex président et piètre gestionnaire de Leeds United de 1997 à 2003 (dont les poissons rouges de bureau coûtaient presque aussi chers que ses joueurs). Jusqu’en mai dernier, Ridsdale était président de Cardiff City (30M de £ de dettes – il avait cependant hérité du bazar indicible laissé par Sam Hamman), où il connut une foultitude de problèmes avec les instances et les multiples créanciers du club (dont le fisc). En 2007, Ridsdale sortit un livre très controversé sur les coulisses de Leeds United dans les années boom-bust : United We Fall: Boardroom Truths About the Beautiful Game.

Marseille 0 – Manchester United 0 en Ligue des Champions. Le Daily Mail sort un dossier Marseille. La dernière et seule fois que MU joua à Marseille, en 1999 lors d’un match de poule, MU s’était pris 1-0 (joli but de Gallas). Paul Scholes et Ryan Giggs sont les seuls survivants de ce match.

Arsenal bat Stoke 1 – 0 (match en retard de la 18è journée), sur fond de « 1-0 to the football team » des supps Gunners. Fabregas et Walcott se blessent. Voir détails.

David Gold, co-propriétaire de West Ham depuis janvier 2010, transporté d’urgence à l’hôpital. Selon sa fille, Jacqueline Gold, une célébrité en Angleterre, Gold Snr souffre d’une cholangite et septicémie. Dans les années 90, Jacqueline-la-coquine transforma la chaîne Ann Summers que son daron lui avait refilé sous le manteau (il fit fortune dans la pornographie). Une chaîne de cent quarante boutiques soft porn et lingerie olé olé (avec home parties, style réunions Tupperware, en moins hermétique) qui a largement contribué au décoinçage à grande échelle des Anglais au cours des deux dernières décennies.

 

JEUDI 25 FÉVRIER

Rotten déclare son amour fou pour Arsenal à la radio anglaise, à voir.

Cheik Tioté signe un nouveau contrat Magpie jusqu’en juin 2017. Son salaire mensuel fait un gros bond à 175 000 £, voir article.

Barry Hearn, le propriétaire-président de Leyton Orient, club menacé par la venue de West Ham sur ses terres, veut que la Premier League et West Ham l’aident à construire un nouveau stade de 15 000 places (coût : 35M de £). En contrepartie, il promet de ne poursuivre personne en justice (voir ici, entrée du 16 février). La vente du stade d’Orient financera une partie des travaux. Sinon, Hearn a prévenu : il poursuivra tout le monde. Ses avocats ont déjà envoyé des « warning letters » aux vilains suivants : l’Olympic Park Legacy Company, le maire d’arrondissement, West Ham, la Premier League et la Football League. Hearn, qui ne décolère pas depuis plusieurs mois, déclare aujourd‘hui dans le Guardian :

 « C’est lamentable, toutes les municipalités sont fauchées en ce moment, et le conseil d’arrondissement de Newham prête 40M de £ à West Ham alors que dans le même temps, il réduit son programme de livraison de plats à domicile pour les personnes âgées ! Personne ne nous écoute, la Premier League bafoue son propre règlement et tout le monde semble ignorer le fait que nous sommes menacés de disparition. Nous sommes au cœur de la communauté de Leyton depuis 130 ans, et nous avons reçu un tas de récompenses pour nos programmes d’aides à la communauté. La manière dont on ne fait aucun cas de nous est révoltante, on mérite bien mieux. Mais nous nous battrons jusqu’au bout, faites-moi confiance. »

Il faut dire que les clubs londoniens sont les uns sur les autres, et la relocalisation est une question sensible. Cliquez ici pour voir la carte du foot du Grand Londres.

Le gouvernement et le maire de Londres devraient ratifier la décision du OPLC en faveur de West Ham la semaine prochaine [chose faite le 3 mars, ndlr].

Alan & Karren dans The Apprentice

Karren & Alan dans The Apprentice

West Ham, d’habitude très prolixe (avec Karren Brady comme chef de criée, dans son Sun) ne s’est pas encore officiellement exprimé sur le sujet. Une Karren Brady (auto-proclamée « First Lady of football ») particulièrement médiatisée depuis un an, pour sa collaboration remarquée dans une émission phare de la TV anglaise, The Apprentice (Meet the Board) dont la vedette n’est autre qu’Alan Sugar (ou, devrais-je dire, « Lord Sugar of Clapton in the Borough of Hackney »). Sugar, souvent décrit comme un « curmudgeon » (vieux grincheux qui rit quand il se brûle), intervient dans cette saga en tant qu’ex propriétaire-président (très controversé) des Spurs de 1991 à 2001. Depuis plusieurs semaines, le nouveau Lord arrose les médias de déclarations vachardes contre West Ham, club qu’il accuse de toutes les entourloupes et coups fourrés imaginables dans cette affaire du stade olympique. Après s’être fait casser tant de sucre sur le dos, on verra si Karren resignera pour une nouvelle série de The Apprentice avec le new Lord (mais sûrement que oui).

 

SAMEDI 26 FÉVRIER

Deux nouvelles excessivement bizarroïdes pour commencer le week-end.

Ashley Cole. On apprend que, le 20 février dernier, le latéral gauche a accidentellement blessé un étudiant au centre d’entraînement du club (Cobham, sud de Londres) avec une carabine à air comprimé. Ce jeune de 21 ans, Tom Cowan, faisait un stage chez les Blues dans le cadre de ses études à l’université de Loughborough, spécialisée en sport (voir article). Selon un insider, Cole « déconnait » avec l’engin qu’il avait pointé sur l’étudiant « par jeu », quand le coup est parti et a touché Cowan, quasiment à bout portant. Un coup qui part accidentellement pour Ashley Cole, rien d’étonnant. Le malheureux étudiant a été soigné sur place (blessures au flanc, heureusement superficielles, car l’arme peut être mortelle). Cette mystérieuse source ajoute :

« Cela paraît dingue qu’un footballeur de PL puisse apporter une carabine dans les vestiaires du centre d’entraînement et déconner avec sans aucune précaution. »

Ça ou Cole voulait vraiment zigouiller John Terry. Cole a déclaré « ignorer que l’arme était chargée », ce qui le fait passer pour encore plus demeuré que nécessaire (la .22 long rifle à plombs est l’arme la plus puissante autorisée sans permis en Grande-Bretagne). En loi britannique, cet incident peut être considéré comme « actual bodily harm » (coups et blessures), un délit passible de cinq ans de prison et une amende illimitée.

Il s’en passe décidemment de drôles dans ce centre d’entraînement. On se souvient de l’affaire Terry en décembre 2009, qui avait précédé le Terrygate, où il faisait payer de riches curieux 10 000 £ la visite du centre d’entraînement. Pour sa défense, Terry jura alors que l’argent avait été versé à des œuvres caritatives. Carlo Ancelotti avait déclaré « n’avoir rien remarqué » (plusieurs de ces tours avaient été conduits en sa présence). Ancelotti refuse de punir Cole, tout en niant que les joueurs ont pris le pouvoir au Bridge. L’Italien déclare :

« Ashley s’est excusé, par conséquent, c’est difficile de le punir. »

Voir article. Devant le tollé provoqué, le club a finalement infligé à Cole l’amende maximale autorisée, deux semaines de salaire (soit 250 000 £). La police du Surrey a contacté le club pour en savoir plus, mais a déjà laissé entendre qu’aucune poursuite ne sera engagée s’il ne peut être prouvé que le tir était intentionnel. On peut d’ores et déjà suggérer un nouveau club pour Cole, s’il se fait virer : Aldershot, surnommé « The Shots ». En parlant d’Aldershot…

Scandale bus-ubuesque à Port Vale, mieux que Knysna. La scène se déroule dans l’autocar de Port Vale quelque part sur l’autoroute M6 (PV est un club de D4 de la banlieue de Stoke, 6è actuellement). Les Valiants se rendent justement à Aldershot (sud-ouest de Londres). 

Pause bienvenue, mais mal barrée

Pause bienvenue mais mal barrée quand même

Peu après le départ, le nouveau (mais déjà extrêmement controversé) manager Jim Gannon s’accroche sévère avec son adjoint, Geoff Horsfield, l’ex buteur de Birmingham City, les insultes fusent (ce dernier vient d’apprendre que le manager s’est plaint par écrit sur lui auprès du président du club, ce que nie Gannon… jusqu’au moment où Horsfield lui présente une photocopie de la lettre !). Gannon ordonne alors au chauffeur de s’arrêter à la prochaine aire d’autoroute pour le laisser descendre. Là, il contacte le président du club et son avocat, qui vient de suite le chercher.

Deux heures plus tard, alors que le bus s’approche de la destination finale, Horsfield reçoit un coup de fil du président lui demandant de rappliquer d’urgence sur Stoke, à 250 kms de là. Il est donc déposé dans une autre station-service… Le gardien du club, Stuart Tomlinson, tweete :

« Wow, il se passe des trucs incroyables dans notre bus qui file sur Aldershot, nos deux entraîneurs ont quitté le bus en cours de route. »

Port Vale, sans ses deux managers, a quand même gagné 2-1 chez les Shots (avec les joueurs qui improvisèrent une célébration de but ridiculisant l’incident, à la manière de Jimmy Bullard tançant ses coéquipiers, voir ici).

Port Vale était deuxième à Noël mais les choses se sont gâtées depuis l’arrivée de Gannon en janvier, qui, selon certaines rumeurs, ferait tout pour se débarrasser de son numéro 2, Horsfield (apprécié des supporters), afin de faire venir son propre adjoint. Selon d’autres rumeurs, Horsfield passerait son temps à monter les supporters contre Gannon histoire de lui piquer sa place… Le tout sur fond de révolte du vestiaire et graves problèmes financiers (3M de £ de dettes). La dispute n’est pas prête de se régler, comme nous l’explique cet article du Daily Telegraph (l’adjoint a été mis en « gardening leave » – congé forcé – le temps que le club mène l’enquête).

C'était soit ça, soit Stoke City

C'était soit ça, soit Stoke City

Face à la situation critique du club (3M de dettes), les supporters de Port Vale ont lancé une campagne « Black and Gold Until Its Sold » (couleurs traditionnelles du club – campagne similaire à celle anti-Glazer des supporters de Man U). Ce club qui n’a jamais connu l’élite (juste deux périodes en D2) a un actionnaire célèbre : Robbie Williams (voir sa « performance » dans un jubilé mémorable du club… voir ici). L’ex star de Take That vit désormais en Californie et avait monté le L.A Vale FC (dissous aujourd’hui suite à une escroquerie – non, Rocancourt n’y est pour rien). Les supporters Valiants l’implorent de les aider à sauver le club, menacé de redressement judiciaire.

Alan Baker, le directeur de la campagne, profite de la fréquente présence de Robbie en Angleterre cette année (il répète pour une grosse tournée européenne de Take That à partir de mai) pour lancer un cri du cœur digne d’une vraie groupie :

« Robbie, nous te demandons solennellement de nous aider à faire changer le club de direction. Tout le monde nous connaît comme le club de Robbie Williams. Nous te sommes infiniment reconnaissants pour ton aide précieuse il y a huit ans mais maintenant, nous avons plus que jamais besoin de toi. S’il te plaît, soutiens l’offre de Monsieur Chaudry ainsi que notre mouvement. Nous faisons tout pour faire changer les choses, protestations, manifestions, etc. mais rien ne bouge, viens-nous en aide. »

Chaudry, homme d’affaires de Newcastle, serait intéressé pour reprendre le club pour 2M de £. Ce club, relégué de D3 la saison dernière, fut placé en redressement judiciaire il y a dix ans et ne s’en est jamais vraiment remis depuis.

Port Vale, fut l’un des premiers clubs anglais repris collectivement par les supporters (Valiant 2001), ce qu’on appelle traditionnellement un « supporter-owned club ». Huit cent supporters rachetèrent des actions du club. Robbie Williams acquit alors une action de 24,9 %, d’une valeur de 250 000 £, et le club profita d’une grosse injection de cash pour se relancer, temporairement (un Williams qui n’a pas été vu du côté de Vale Park depuis deux ans, sa famille assiste cependant à tous les matchs). Port Vale est aussi connu pour sa folie des grandeurs à la fin des années 40 (alors en D3), où son projet de stade (l’actuel Vale Park) fut surnommé « le Wembley du Nord » car les plans initiaux devaient le mettre à 70 000 places. Il ouvrit en 1950 avec une capacité de 50 000 (19 000 aujourd’hui)

Leon "Neon Light" Knight, un phénomène

Leon "Neon Light" Knight, un phénomène

Cet incident du bus rappelle un extraordinaire et comique épisode début 2006 entre Mark McGhee, entraîneur « spontané » et no-nonsense de Brighton et Leon Knight, enfant terrible du foot anglais (surnommé Neon Light, il aime sortir…). Le 2 janvier 2006, Brighton se rend à Southampton. Une grosse altercation éclate dans le bus entre McGhee et Knight, petite boule de nerfs bling bling d’1m62. L’Ecossais fait alors arrêter l’autocar, empoigne le cousin de Zat (Bolton) et l’éjecte du bus, en pleine New Forest et par un froid de canard ! Quatre jours plus tard, Knight sera transféré à Swansea, d’où il se fera virer neuf mois après, ayant accumulé une collection impressionnante d’amendes (ce joueur très prometteur se retrouve aujourd’hui en Irlande du Nord… Il fut Espoir anglais, formé à Senrab et Chelsea – Gianfranco Zola le prit sous son aile). Lire « The curious world of Leon Knight ».

 

WEEK-END DU 26 & 27 FÉVRIER

On apprend la mort de Dean Richards, 36 ans, des suites d’une longue maladie (tumeur au cerveau). Cet ex arrière central avait successivement porté les couleurs de Bradford City, Wolves, Southampton et Tottenham.

En octobre 1991, à seulement 17 ans, Richards fait ses débuts pour Bradford City (D3). Il est élégant, vif, athlétique et excellent dans les airs… et très discret. Trop timide d’ailleurs pour l’entraîneur des Bantams, Frank Stapleton (le célèbre Irlandais de Man United), qui, un jour, avant de démarrer l’entraînement, lui fait hurler le nom de tous ses coéquipiers !

En 1995, Graham Taylor, alors manager de Wolverhampton (D2), recrute Richards. Il dispute 145 matchs avec les Wolves et devient un « cult hero ». Il se distingue même dans les buts ! (voir clip, à 4’10 – ne pas trop faire attention à sa boulette, 3’47…).

En 1999, Richards part aux Saints de Southampton (PL, managé par Glenn Hoddle). Puis, en 2001, Hoddle le fait venir aux Spurs, pour 8,1M de £, record de l’époque pour un joueur anglais non capé (juste quatre capes Espoirs –  Richards eut le malheur d’atteindre son pic à un moment où l’Angleterre regorgeait de bons joueurs à son poste). Il ne tarde pas à briller, et marque d’une tête… pour son premier match à White Hart Lane le 29 septembre contre Man United. Ce fameux match où Spurs menait 3-0 à la mi-temps au son des « Olé »… avant de se prendre cinq buts après la pause et perdre 5-3 ! (voir « Les grands comebacks du football anglais » ici, entrée du 5 & 6 février). Malheureusement, sa période Spurs fut plombée par de nombreuses blessures.

En mars 2005, Richards doit raccrocher les crampons (pour cause de vertiges et migraines persistantes). Depuis août 2007, il entraînait les jeunes à Bradford City (D4). Un hommage lui sera rendu lors du Wolves – Tottenham du 6 mars, deux des quatre clubs dont il porta les couleurs. Farewell, Deano…

28è journée de Premier League. Résultats, résumés de match et statistiques ici.

TOP XI TK :

——————–Van der Sar——————

K Walker—-Jagielka——–Vidic——-Enrique

Coleman—–O’Hara—-Hitzlsperger—-Osman

————Chicharito———Sturridge ———–

Remplaçants : Howard, Smalling, Arteta, Murphy, Downing, Ebanks-Blake, Beckford

Ont aussi brillé : P Neville, Edwards, Tomkins, Ba, Parker, Duff, Hammill, A Young, Nani

 

FLOP XI TK :

———————–Reina——————–

Salgado—–Cathcart——Bramble—-D Wilson

Emerton—–J Jones——Andrews—-Pedersen

————Santa Cruz——–DJ Campbell——–

Remplaçants : Harper, R Taylor, Grella, Muntari, Richardson, Rodallega, Bent

Ont aussi vrillé : Joe Cole (a joué une mi-temps), et quasiment tout le reste des XI de Blackburn et Blackpool (ajoutons-y le XI de Liverpool, mis à part Kuyt et Suarez), proper shocking.

La stat du week-end : Chicharito a marqué 9 buts en… 13 tirs / têtes cette saison ! [10 depuis hier]. Il ne serait pas étonnant que Sir Alex écarte (temporairement) un Rooney en surchauffe nerveuse, pour titulariser le Petit Pois, histoire aussi de piquer au vif le Roo…

9 buts sur 13 tentatives. Owen, 5 brancards sur 9 tirs.

Hernandez : 9 buts sur 13 tentatives. Owen, 4 brancards sur 7 tirs.

Un mot sur l’horrible coup de coude de Rooney sur McCarthy : il est grand temps que Roo prenne des cours d’anger management. Son vilain coup sur McFazdean de Crawley (voir ici, entrée samedi 19 & dimanche 20 février) était passé quasiment inaperçu mais en disait long sur cette incapacité à se contrôler qui a toujours plus ou moins terni son jeu (il semblait pourtant avoir maîtrisé ses démons la saison dernière). Alex Ferguson est bien sûr convaincu qu’il s’agit d’une witch-hunt contre son angélique Roo… Il déclare, à chaud :

« Je viens de visionner ça et y’a rien, absolument rien, juste un télescopage de deux joueurs, c’est ce qu’a vu aussi l’arbitre. Mais juste parce qu’il s’agit de Wayne Rooney, les médias vont probablement déclencher une campagne pour le faire pendre ou électrocuter avant mardi. »

Ferguson, qui a souvent accusé la presse nationale de « détester Man United » entretient des relations tendues avec nombre de médias ces dernières années. Il avait notamment lancé de violentes attaques contre cette même presse en décembre 2005 quand United avait fini dernier de sa poule de qualification en Ligue des Champions et pointait à douze longeurs du leader Chelsea (voir ici). Ce nouvel épisode fait penser à la fameuse remarque au vitriol contre la presse de l’Ecossais Tommy Docherty, ex manager des Red Devils (1972-77) :

« J’ai toujours dit que la presse avait sa place dans notre société, mais personne ne l’a encore creusée. »

Comme nous l’avons souvent évoqué dans le forum anglais des Cahiers (voir ici et aussi ici), Fergie refuse de parler à la BBC depuis 2004 et un documentaire de Panorama intitulé « Father and son », sur sa vie et la carrière d’agent sportif de son fiston Jason. Le docu égratignait surtout ce dernier et son agence Elite (notamment lors du transfert de Massimo Taibi et Jaap Stam). Fergie exigea des excuses, elles ne vinrent jamais ; depuis, il refuse de parler à la Beeb et envoie son adjoint à sa place (il s’adresse aux autres chaînes mais les a aussi souvent malmenées). Et ce, malgré l’obligation contractuelle figurant au contrat entre la Premier League et les médias (la BBC paie la Premier League plc 63M / an pour les droits de diffusion de la PL dans son émission phare, Match of the Day). La PL a régulièrement tenté (timidement) de régler la situation, notamment via la League Managers Association, mais se contente de lui coller des amendes (70 000 £ à ce jour).

Il ne reste plus que dix journées de PL et l’on rentre maintenant de plain-pied dans de ce que l’on appelle traditionnellement le « run-in » (sprint final, dernière ligne droite). Le « run-in » est un terme très utilisé dans la presse spécialisée et parmi les supporters. Cette période de fin de saison, dont l’importance cruciale est soulignée à l’envi, n’est pas précisément définie dans le temps mais correspond approximativement aux dix derniers matchs du championnat. Le run-in est aussi appelé parfois le « business end » de la saison, là où tout se joue et se décide.

Le run-in comporte plusieurs subdivisions. Outre celle de la course au titre et aux places européennes, la plus dramatique est la « relegation dogfight / scrap » (bataille pour le maintien). Pour toutes ces équipes, qu’elles jouent le titre, l’Europe ou le maintien, c’est « squeaky bum time », littéralement « la période des derrières serrés », là où il faut serrer les fesses (c’est Alex Ferguson qui inventa l’expression en 2005).

34è journée de D2 (sur 46), et un peu aussi sur la 33è journée disputée mardi soir (le 22). Résultats, résumés de match et statistiques : cliquez ici.

Taarabt, une saison de ouf

Taarabt, une saison de ouf

QPR (1er) bat Middlesbrough 3-0 à l’extérieur. 67 points pour les R’s et six points d’avance sur le premier des play-offs, Cardiff (3è). Malgré les absences de leurs buteurs Mackie et Agyemang, les Rangers dominent toujours ce championnat très disputé. Dixième but de Heidar Helguson, l’international islandais du nouveau club de Pascal Chimbonda (que Neil Warnock, manager, appelait « Chinbomba » au début – le Yorkshireman a toujours eu du mal avec les noms qui sortent des Smith ou Johnson).

A saluer l’extraordinaire saison de l’ex Spur Adel Taarabt (qui intéressait Newcastle et Man United pendant le mercato d’hiver, Chelsea s’est ajouté à la liste des prétendants). Les stats du Marocain sont impressionnantes :

  • Taarabt a joué TOUS les matchs de championnat (ils ne sont qu’une quinzaine d’autres en D2 à avoir réalisé cet exploit, dont la moitié de gardiens)
  • il est cinquième ex-aequo du classement des buteurs, avec 15 réalisations
  • il est en tête du classement des tentatives sur le but (128, dont 73 cadrées)
  • il est en tête du classement des passes décisives (13)
  • il n’a commis que 21 fautes (contre 68 à Becchio et 76 à Holt, le buteur de Norwich)

Swansea (désormais 2è) vainqueur de Leeds (6è) 3-0. C’est bien deux clubs gallois qu’on pourrait avoir en PL la saison prochaine ! A noter la forme exceptionnelle de Scott Sinclair, encore deux buts pour le reject de Chelsea,  désormais deuxième meilleur buteur de D2, avec 16 pions.

Un Leeds qui peine, comme lors du superbe derby du Yorkshire il y a quatre jours, Leeds-Barnsley, 3-3 (Becchio, 15è but, et Gradel, x 2, énorme saison pour l’Ivoirien, qui affole les compteurs). Bradley Johnson expulsé à la 52è après deux fautes sur le même joueur (Jacob Mellis) en l’espace de huit minutes et sous les yeux de l’arbitre ! (Mark Clattenburg). Leeds qui se prend encore un but dans les dix dernières minutes (à la 83è), des Whites qui ont décidemment beaucoup de mal à tenir un score. C’était la huitième fois en championnat cette saison à domicile (sur dix-sept) que Leeds perdait l’avantage après avoir mené. Ils visent la montée automatique vu que les play-offs ne leur réussissent guère… Jugez plutôt :

  • 1987, Leeds, entraîné par Billy Bremner, éliminé par Charlton en demi des PO
  • 2006, sorti par Watford en finale (et relégué en D3 la saison suivante)
  • 2008, le Leeds de McAllister, battu en finale des PO de D3 par Doncaster
  • 2009, Leeds défait par Millwall en demi des PO de D3

Cardiff (3è) bat Hull 2-0 à l’extérieur, après avoir battu Leicester 2-0 mardi, pour le 300è match de Dave Jones à la tête des Bluebirds. Buts de Chopra et du Gunner prêté Emmanuel-Thomas. Chopra avait déjà marqué mardi, en compagnie de Ramsey, là où le Gunner commença sa carrière. Il signe ainsi son premier but depuis treize mois et sa longue convalescence, jambe cassée par le Potter Shawcross [le 1er mars, Ramsey est retourné à Arsenal].

Norwich (4è), vainqueur de Barnsley à l’extérieur, 2-0.

Nottingham Forest (5è) ne peut faire que match nul 0-0 contre Millwall.

En bas de classement, 23è, Sheffield United s’enfonce, battu 1-0 à domicile par Derby. Treize matchs d’affilée sans victoire pour les Blades et Micky Adams, le manager qui avait succédé à Gary Speed il y a deux mois. Le « Steel City Derby » entre Sheff Wednesday et Sheff United se jouera probablement en D3 l’an prochain…

La lanterne rouge est le Preston North End de Phil Brown, battu 2-1 à domicile par Burnley, dans le derby du Lancashire. L’ex manager de Hull est lui aussi toujours à la recherche de son premier succès après dix matchs à la tête de PNE. Preston avait tenu en échec Nottingham Forest mardi, 2-2, gratifiant les 28 000 spectateurs d’une fin de match spectaculaire. Premier but du Red Konchesky (prêté par Liverpool), à la 54è. Puis but de Cohen à la 92è, suivi d’une égalisation de Billy Jones (PNE) à la 96è … Exubérantes scènes de liesse sur le banc PNE, trop d’ailleurs (début de baston entre les deux bancs). Forest signait là son 36è match consécutif sans défaite à domicile.

 

DIMANCHE 27 FÉVRIER

Douzième anniversaire du dernier XI 100 % anglais vu en PL (y compris les remplaçants). Le 27 février 1999, John Gregory, manager d’Aston Villa, alignait un XI qui sentait bon la rose (l’un des symboles de l’Angleterre) :

————————Oakes————

Wright—–Southgate—-Watson—-Scimeca

Merson—–Grayson—–Taylor——Hendrie

————-Dublin————-Joachim———–

Les trois remplaçants : Barry, Draper, Collymore (seulement trois remplaçants nommés étaient permis jusqu’en 1999-2000, puis cinq par la suite et sept à partir de 2009-2010).

Villa, 4è, perdit 4-1 contre Coventry, 18è. Gregory, un manager prometteur qu’on prédisait futur sélectionneur national devint par la suite un paria du foot anglais (trop de casseroles), dut s’exiler en Israël en 2009 avec un salaire quinze fois inférieur à celui de Villa. Depuis ce 27 février 1999, 4 562 matchs ont été disputés en PL sans revoir un XI 100 % anglais. Enfin, pas tout à fait… On ressentit un frisson patriotique quand Steve McLaren aligna un XI de départ bien engliche en 2006. Mais l’un de ces joueurs, James Morrison, fut appelé en sélection écossaise deux ans plus tard. Boro jouait un match de coupe UEFA contre Séville la semaine suivante, et avait aligné une équipe essentiellement composée de jeunes du club (sans leurs étrangers vedettes, Yakubu, Mendieta, Hasselbaink, Boateng, Schwarzer, etc.).

Une équipe qui banderait aisément en entendant le God Save the Queen

Une équipe qui banderait aisément en entendant le God Save the Queen

Cette saison, Newcastle est l’équipe la plus anglaise : 16 des 27 joueurs « senior » de l’effectif sont anglais (59 %). Les autres clubs (nombre d’Anglais utilisés pendant cet exercice) : Aston Villa et Newcastle 16, Sunderland, Blackpool et West Ham 13, Birmingham 12, Wolves 11, Bolton 10, Everton, Liverpool, Manchester United et Tottenham 9, Fulham, Manchester City et Stoke 8, West Brom 7, Blackburn et Wigan 6, Chelsea 5, Arsenal 4.

Dans l’histoire du football anglais, 1999 s’impose comme une sorte de jalon-charnière. En décembre de cette année-là, Chelsea fut le premier club de PL à aligner un XI 100 % non-britannique contre Southampton. Par contre, eux, gagnèrent 2-1 chez les Saints (De Goey, Petrescu, Thome, Leboeuf, Babayaro, Ferrer, Deschamps, Poyet, Di Matteo, Ambrosetti, Flo).

Arsenal 1 – Birmingham 2, superbe finale de Coupe de la Ligue. Van Persie se blesse en inscrivant une belle reprise de volée. Ce match marque le cinquantième anniversaire de la League Cup. Cette Coupe de la Ligue, officiellement appelée la Football League Cup (du temps où la FL regroupait les quatre divisions de la D1 à la D4, 92 clubs), fut créée presque par accident.

A la fin des années 50, la Football League cherchait un moyen de remédier à la baisse des affluences, qui avaient commencé à sérieusement décliner après dix ans de boom post guerre. La FL proposa de réduire à vingt le nombre de clubs par division, et de combler le déficit avec une nouvelle coupe, jouée en semaine et en nocturne, profitant des nouveaux éclairages que de nombreux clubs venaient d’installer. Les présidents de club rejetèrent la proposition de réduction du nombre d’équipes mais gardèrent la coupe. On l’appela tout naturellement League Cup. Son succès mit du temps à se dessiner et elle connut des débuts difficiles (seuls 46 clubs sur 92 participèrent à la première édition, en 1960-1961, et nombre de gros de l’époque – Arsenal, Wolves, Spurs, Sheffield Wednesday – ne la disputèrent pas jusqu’en 1965, seuls quelques clubs de D1 jouèrent le jeu).

Il fallut attendre la saison 1965-1965 pour que les gros clubs la prennent au sérieux (à la faveur d’une promesse de finale à Wembley assortie d’une place en Coupe des Villes de Foire… mais seulement pour les clubs de D1). La League Cup connut son apogée dans les années 70 et 80 (les finales se disputaient souvent entre gros, Nottingham Forest, Liverpool, Everton, etc.) avant d’être victime d’un engorgement du calendrier et d’une redistribution des priorités dans les années 90. Depuis, sa cote a fluctué, au même rythme que le nom de ses sponsors (depuis 1982), la Milk Cup, la Littlewoods Cup, Rumbelows Cup, Coca-Cola Cup, Worthington Cup et enfin Carling Cup à partir de 2003. La France est le seul autre pays européen qui offre une place en UEFA au vainqueur de sa seconde coupe nationale.

Voir le diaporama sur les grandes finales de Coupe de la Ligue. Parmi les plus belles finales de ces vingt-cinq dernières années, celle de 1988 (Luton Town 3 – Arsenal 2, deux buts de l’ex Caennais Brian Stein pour les Hatters) et 1989, entre Nottingham Forest et Luton Town, 3-2 pour les Villans. Et ouais, je ne raconte pas d’histoire, y’a à peine vingt ans, Luton était en D1 et faisait trembler les grands. Ces mêmes Hatters, club fondé en 1885, végètent désormais en D5 et pourraient bien se faire doubler pour la symbolique montée en Football League par l’AFC Wimbledon, formidable club créé en 2002 seulement, et qui démarra son humble existence en D9 !

   Mini crise à Sunderland AFC. Quatrième défaite de suite ce week-end pour des Black Cats qui vivent mal l’après Darren Bent. Un exécrable mois de février pour le club, aucun point inscrit depuis le 22 janvier… Certains joueurs sont aux abonnés absents (Titus Bramble et Jordan Henderson en particulier).

Il n’y a pas que sur le terrain que les choses vont mal. La blague fait le tour des directoires de clubs de foot anglais : comment devient-on millionnaire ? Soyez déjà milliardaire, et ensuite achetez un club de foot. Ce calembour de moyen aloi pourrait s’appliquer à SAFC qui tire salement la langue, dans tous les domaines.

Sunderland est un club à la croisée des chemins. Les interrogations fusent et, depuis fin janvier, on entend Niall Quinn et Steve Bruce se répandre dans les médias sur un soi-disant « manque de soutien des supps Black Cats ». Etrange. La fin janvier correspond justement au début de la grosse baisse de forme des Black Cats. Les dirigeants essaieraient-ils de masquer maladroitement la mauvaise passe actuelle ? (et faire oublier l’étrange vente express de Darren Bent). La question de fond reste cependant la suivante : comment aborder l’avenir pour un club ambitieux comme Sunderland, suffisamment gros pour viser le top Ten régulièrement, mais forcément limité à une vie d’honnête ventre-mouiste ?  

Tout cet étalage public d’état d’âme coïncide avec la publication par le club des comptes pour la saison 2009-2010. Et, damn, une nouvelle fois, c’est pas folichon : 66M de revenus, pour 96M de dépenses (dont 4,4M rien qu’en frais d’agent !). Ellis Short, le propriétaire, zilliardaire américain d’origine irlandaise (résident Londonien depuis 1995), devra encore mettre la main à la poche pour combler le déficit. On dit Short à court de fun. Il se lasserait un peu de renflouer les caisses tous les ans en faisant du surplace (syndrome Randy Lerner TM). Lors de la dernière journée de la saison 2008-2009, voyant la fête dans les rues de Sunderland (maintien de justesse des Black Cats combinée à la descente en D2 de Newcastle), Short s’enthousiasma, et lâcha à Niall Quinn :

« This Sunderland is one crazy, son-of-a-bitch club. »

L’adrénaline est retombée, le chiffre d’affaires du club stagne, les résultats sont moyens, et la son of a bitch, c’est plutôt les performances actuelles et cette PL qui, tel un gouffre sans fond, engloutit des sommes vertigineuses.

Entre septembre et décembre 2008, Ellis Short rachète la totalité des actions du club au consortium irlandais Drumaville pour une somme modique (25M de £). L’Américain n’est ni un amoureux du football, ni candidat à un « ego trip ». C’est un financier discret qui, même s’il compte bien faire fructifier son investissement, cherche surtout à s’encanailler un peu en dehors de son monde feutré et coincé des hedge funds et private equity.

Cependant, la réalité économique frappe dur depuis deux ans, les affluences et la billetterie sont en baisse par rapport aux deux saisons précédentes, bien inférieures aux projections de 44 000 spectateurs / match (39 000 de moyenne cette saison). Niall Quinn, le président (une Sunderland Legend), a récemment multiplié les sorties kamikazes dans la presse critiquant vivement les « supporters qui regardent les matchs dans les pubs au lieu de se rendre au Stadium of Light. ». Il y a exactement dix saisons, sous Peter Reid, le club finissait 7è de PL, et attirait 47 000 de moyenne (soit la troisième de PL à l’époque, derrière Man United et Newcastle). En attendant, Steve Bruce vient de signer un nouveau contrat qui le maintient en place jusqu’en 2014.

 

LUNDI 28 FÉVRIER

Peterborough United, fantasque club s’il en est (4è de D3 et surnommé Posh, qui signifie aussi « chic » en anglais), annonce le prix annuel de son nouvel abonnement « Chairman’s Choice »… 15 000 £ par an ! Dix seront mis en vente le 7 mars (le prix de l’abonnement à vie de Posh est à 12 000 £, l’ordinaire en « populaires » à partir de 275 £ – 400 pour la place assise). Posh fait un chiffre d’affaires de 9M de £ et affiche une affluence moyenne de 6 370 spectateurs cette saison (8 913 l’an dernier, en D2).

Barry Fry, azimuté depuis les Sixties

Barry Fry, répertorié azimuté depuis les Sixties

Probablement encore un coup de Barry Fry, 65 ans, Director of football à Posh et l’un des personnages les plus frappadingues du football anglais depuis presque quarante ans. Pour ces 18 000 €, on aura droit au traitement VIP : un fauteuil en cuir dans la loge des dirigeants et amuse-gueules à volonté (dont la fameuse « pie »), ainsi que des wagons de buts. Posh sait faire parler la poudre : 75 pions pour et 60 contre cette saison, sur 33 matchs ! Relégués de D2 la saison dernière, 80 encaissés, 117 toutes compétitions confondues. Dans leur première saison en football League (1960-1961), ils marquèrent 134 buts ! (record de la FL).

 

Leur manager est Darren Ferguson (fils de), que le club a rappelé il y a deux mois … après l’avoir limogé en novembre 2009. Les quatre abonnements classiques les plus chers en Angleterre sont à Arsenal (1 825 £), Chelsea (1 695), Tottenham (1 210) et Man United (931). Les loges les plus coûteuses sont à Everton (54 000 £ pour dix personnes), Chelsea (48 000 pour huit-seize personnes), Fulham (de 3 600 à 5 515 par personne et par match, dix invités max.), Man United (35 460 pour six-huit), Tottenham (33 120, pour huit), Blackburn (32 640 pour huit), Man City (30 000 £ pour huit), et Arsenal (structure de prix complexes). Les moins chères sont à Bolton (à partir de 65 £ par personne par match).

  La Football Association déclare qu’elle ne prendra pas de sanction dans l’affaire du coup de coude de Rooney sur McCarthy, en répétant à l’envi qu’elle ne peut « légalement » intervenir (l’arbitre, Mark Clattenburg, n’ayant pas admis s’être trompé. Lire cet intéressant article, et celui-ci qui explique le pourquoi du comment). La FA se réfugie derrière le règlement Fifa pour justifier son impuissance. Une stratégie bien pratique qui fait écrire à Sam Wallace dans The Independent :

« Le moment de folie de Rooney est indéfendable, mais les arbitres doivent composer avec un système bourré d’imperfections […] Il est de la responsabilité de la FA de tenter de modifier le système actuel afin de le rendre plus juste. Mais ni le corps arbitral, ni la FA n’a le courage de mener ce combat. »

Cela n’est guère étonnant. La FA est devenue un « toothless tiger », un fauve édenté ; un tigre de papier puissant en théorie, mais inoffensif dans les faits. Comme on le lit souvent dans les colonnes du fil anglais des Cahiers, ainsi que sur ce blog (voir affaire Leyton Orient – West Ham, entrée du 16 février), on constate une lente mais épouvantable érosion du pouvoir de la FA depuis une bonne dizaine d’années, accompagné d’un désintérêt pour le football.

Progressivement, la fédé a abandonné les affaires courantes et la gestion des clubs à l’omnipotente Premier League (et à la Football League), elle-même réticente à intervenir contre les clubs majeurs qui la nourrissent (et dont les représentants, puissants, siègent au directoire de la FA). Au fil des ans, la fédération est devenue une sorte de propriétaire foncier, dirigée par des hommes d’affaires consensuels (tel le dernier président nommé, David Bernstein), plus préoccupés de gérer les différents scandales et fiascos que de préoccuper de football (affaires de sexe, dettes monstrueuses de Wembley, budget du football amateur détourné, etc.). Les rares personnes ayant tenté de faire bouger les choses de l’intérieur (comme Ian Watmore, chief exec de juin 2009 à mars 2010) ont soit rapidement démissionné, soit été poussées vers la sortie. Une fédération où « un Blazer chasse l’autre », comme le veut l’expression anglaise consacrée (figure métonymique désignant un bureaucrate interchangeable – l’expression anglaise « Blazer Brigade » fait référence à un groupe de dirigeants rigides et « corporate », issus des classes supérieures et peu en phase avec le terrain). Et cela ne date pas d’aujourd’hui, comme le montre cet article de 2004 paru dans The Independent.

  Louis Saha manque un virage et plante sa Ferrari 458, du côté de Wilmslow (Cheshire, sud du Greater Manchester), coin prisé des footballeurs et autres stars de soaps. L’ex Messin est indemne. L’accident a eu lieu à la sortie du tunnel à l’intérieur duquel Cristiano Ronaldo avait réduit sa Ferrari en bouillie, en janvier 2009. Saha est en bonne compagnie parmi les footballeurs « who can’t take corners », voir diaporama.

Kevin Quigagne.

4 commentaires

  1. Blackpool rentrer au Championnat dit :

    […] Teenage Kicks » Blog Archive » Février dans le foot anglais (4/4) […]

  2. Pan B. dit :

    « Ces mêmes Hatters, club fondé en 1885, végètent désormais en D5 et pourraient bien se faire doubler pour la symbolique montée en Football League par l’AFC Wimbledon, formidable club créé en 2002 seulement, et qui démarra son humble existence en D9 ! »

    Et gnagnagna et gnagnagna. On va vous pourrir.

  3. JFD dit :

    Autant je hais Luton, non seulement depuis leur victoire 3-2 en 1988 contre mon club de coeur, mais aussi passkon avait du mal à ramener un point en championnat du fait de leur fichue pelouse synthétique, autant je ne comprends pas comment The Independant puisse occulter une autre grande victoire « against the odds » : the Mighty Pool vs my Arsenal, 1987, 2-1 après qu’Ian Rush ait ouvert le score pour Liverpool. La première défaite des Reds après que Rushy ait marqué. Pis, outre cette victoire après moult années de disette, le plaisir de (re)voir Cha-Cha-Charlie Charlie Nicholas marquer un doublé.

    D’où le titre d’un des zines d’alors de supporters d’Arsenal « One-nil down, two-one up »

    Cheers!

  4. Juan dit :

    Super, comme toujours. Bon je file regarder le petit « ManU-Arsenal » qui se profile…

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