Matchbox vintage – Tottenham Hotspur 4 – 2 Newcastle United (3 décembre  1994)

Saison 1994-1995 historique, puisque c’est la dernière à compter 22 clubs et l’avant-dernière à limiter le nombre de remplaçants à trois. Elle voit les Rovers de Blackburn glaner leur premier titre de champion d’Angleterre depuis la première Guerre Mondiale. En ce début décembre, Tottenham et Newcastle ne s’affrontent pas pour du beurre.

Buts : Sheringham (14, 38, 70), Popescu (79) ; Fox (31, 41)

La saison précédente, les Magpies, alors promus, terminaient à une très belle troisième place, et en cette fin d’année, la chance continue de leur sourire (troisième après 16 journées). Ayant précédemment terminé à trois points du premier relégable, Tottenham ne peut pas en dire autant. Avant Newcastle, les Spurs occupent une laborieuse quatorzième place. Ce match de début décembre 1994 promet du spectacle : pire défense du championnat contre deuxième meilleure attaque.


Tottenham

Walker

Austin – Calderwood – S. Campbell – Mabbutt

Anderton – Howells – Barmby – Popescu

Sheringham – Klinsmann

Coach : Gerry Francis (en charge depuis trois matchs)

Newcastle

Srnicek

Hottiger – Venison – Neilson – Beresford

Fox – Beardlsey – Watson – Clark

Mathie – A. Cole

Coach : Kevin Keegan (en charge depuis deux ans et demi)

Le match

Seize ans, cela semble une éternité. Certains inscrivaient leur fils au club de football, d’autres y jouaient dans la cour d’école. Tottenham jouait en blanc et Newcastle en bleu. Jurgen Klinsmann n’entrainait pas encore le Toronto FC, mais Kevin Keegan avait déjà quelques cheveux blancs.

En cette fin d’automne anglais, le match démarre paisiblement. Comme à Wimbledon, les spectateurs observent les vingt-deux acteurs se rendre la possession. A la 14ème minute, sur une nouvelle perte de balle au milieu du terrain, Barmby récupère le ballon, transmet à Anderton qui, sur un pas, réalise un bijou de passe entre les jambes de son adversaire direct et les deux défenseurs centraux. Sheringham, seul à seize mètres, catapulte le ballon en lucarne de l’extérieur du droit. De quoi réchauffer quelque peu l’atmosphère.

Mais Newcastle trône sur le podium du championnat, et se doivent de l’assumer. Un quatre d’heure plus tard, après un centre d’Hottiger venu de l’aile droite, Clark hérite finalement du ballon sur son aile gauche. Sans contrôle, il place son centre sur la tête de Fox, le plus petit joueur du match. Walker est battu est sur sa gauche.

Les deux équipes se neutralisent dans le jeu, sans parvenir à percer la défense adverse. A la 35ème minute, sur une déviation de Cole, Mathie prend l’avantage sur la défense centrale, mais Calderwood et Walker veillent et obligent l’attaquant Magpie à remettre en retrait pour Clark. Une rare opportunité malheureusement gâchée, dont profite Tottenham pour rebondir. Dans la continuité de cette action, après moult erreurs techniques et sorties en touche, Popescu obient un corner. Anderton trouve Sheringham aux six mètres, complètement esseulé. Sa reprise de volée à ras de terre rentre aux faveurs du poteau rentrant et de la négligence de Clark, pourtant collé à la ligne mais qui manque son dégagement.

Mais, à croire que Newcastle aime le danger, les Magpies vont vite retrouver la faille. Sur un coup-franc aux vingt mètres décalé sur la gauche, la défense des Spurs repousse dans les pieds de Clark qui, aux seize mètres, frappe sans réfléchir. Cela lui réussit davantage puisqu’il trouve le poteau. Fox a suivi, et pousse le ballon dans le but vide.

Malgré une dernière possibilité pour le renard Klinsmann, l’arbitre siffle la pause. Sheringham : deux, Fox : deux. Half-time.

Tottenham semble prendre l’avantage, en début de deuxième mi-temps. Le milieu de terrain, dont le tout jeune (20 ans) et déjà imposant Barmby, montre de l’influence, sans toutefois rendre leurs attaquants très dangereux. Passés un but d’Anderton refusé pour hors-jeu, et une belle occasion ratée du malchanceux Clark, c’est Sheringham qui se (rere)met en évidence. A la 70ème minute, sur une contre-attaque enclenchée par Klinsmann sur la droite, l’allemand fait la diagonale, passe à l’anglais sur sa gauche qui transmet instantanément à Austin sur son aile droite. Celui-ci se met sur son pied gauche, et trouve Klinsmann seul aux six mètres. Celui-ci a le temps de contrôler, de refaire ses lacets et de cirer ses chaussures, mais préfère jouer le ballon de la tête. Srnicek repousse dans les pieds de Sheringham, qui ne se fait pas prier. Triplé et cinquantième réalisation sous le maillot des Spurs.

Newcastle tente de revenir, en vain cette fois. Et Tottenham enfonce le clou dix minutes plus tard. Sur une perte de balle de la défense centrale, Popescu récupère le ballon aux quarante mètres, dribble un premier venu, passe trois hommes-gruyères à l’aide d’un une-deux et tire aussitôt aux dix mètres. Srnicek, délaissé par une défense apathique, ne peut qu’effleurer le ballon.

En fin de match, Klinsmann a doublement l’occasion de laisser une trace sur la feuille de match, mais la barre transversale et son plat du pied trop ouvert ont finalement raison de sa ténacité. Full-time.

Première victoire pour Gerry Francis depuis son arrivée à Tottenham, qui finira la saison septième, à dix points de Newcastle, sixième, et à vingt-sept points de Blackburn. La Premier League n’a pas attendu le Big Four pour connaitre de gros écarts.

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