Episode XLVI: Où qui console se verrait bien consul

(Si vous n’avez pas lu les épisodes précédents, c’est mal, allez les lire… Oui oui, maintenant.)

Tandis que Paris fêtait le premier titre des Partisans de la Sûreté Générale, le jeune Enrico de Meco, morose, faisait des ricochets sur l’eau étale du Vieux Port. Il était un peu tard pour la sieste, un peu tôt pour l’apéro, il faisait chaud pour une pétanque: c’était vraiment la merde… Et de repenser à la victoire de ces tchoutches de Parigots, ça lui foutait vraiment le moral à zéro.

C’est alors qu’une voix s’éleva dans son dos, aux doux accents d’Ile de Beauté:

– Eh, mon jeune paesano, tu m’as l’air bien dépité! Qu’est-ce donc qui t’a ravi ta bonne humeur?

Se retournant d’un coup, Enrico ne put retenir sa joie: celui qui lui avait adressé ses paroles amicales n’était autre que le créateur de l’Olympe, le capitaine Bonapartapi.

– Eh, capitaine, mon capitaine! Comme c’est bon de te revoir! Te revoilà donc parmi nous?

– Eh oui, paesano, je suis de retour après de lointaines campagnes… Eh, dis-moi: quelles sont les nouvelles du jeu de plante en France?

– Pfff, capitaine, c’est la catastrophe… On a fait ce qu’on a pu, mais les autres sont trop puissants pour nous… D’abord ce sont les Vendéens qui ont gagné, puis les Girondins, et maintenant les calus de Borespierre et Saint-Justo ont zigouillé tout le monde et ont créé une République jacobine qui va durer mille ans… Leurs Partisans de la Sûreté Générale sont invincibles et vont nous matraquer la gueule pendant des générations.

Bonapartapi eut le petit sourire de celui qui en a vu bien d’autres… Il tira l’oreille d’Enrico de Meco et lui dit:

– Eh, petit, s’il y a une chose que je sais, c’est que personne n’est invincible… Fais-moi confiance: on va se les prendre, les Républicains parigots, et on va en faire de la poudre à jeter aux gabians… L’Olympe règnera sur le jeu de plante et d’ici quelques années, je te le jure, l’Europe parlera corse!

Et le pire, c’est qu’il avait raison, le con.