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Le PSG vu du ciel

12/05/2008 – 9:36

En ces périodes de tensions ravageuses et de doutes existentiels de fin de championnat, un supporter se doit, dit-on, de prendre un peu de distance et de hauteur.

Paris Sonne le Glas a voulu le vérifier et a dépêché un envoyé spécial vivre Caen-PSG au Japon. Autant le dire tout de suite, on ne voit pas bien ce que ça change.

 

drapeau-psg-japon-copie.gif

 

Samedi 9h. Maison.

Je me lève déjà miné par la pensée du match du jour, Caen-PSG. Le match le plus important de l’histoire du club. Le troisième match le plus important de l’histoire du club en moins d’un mois. Cela a de quoi titiller le fondement des plus placides. Je me regarde dans la glace en ronchonnant « Tu es en vacances, tu pars au Japon tout à l’heure et tu es encore à penser au PSG… Jure. Jure de ne plus jamais regarder un match de foot de ta vie si on ne gagne pas ce soir. Mais jure-le ! ». Trop tard, je dois y aller.

Samedi 17h. A l’aéroport de Roissy Mon Général.

La foule va et vient dans cette indifférence totale à l’angoisse des autres qui fait la beauté des jungles urbaines. J’entends à peine la voix lointaine de l’hôtesse qui annonce l’imminence de l’embarquement car un détail dont vous, amis supporters, saisirez l’importance fondamentale, m’accapare : il ne reste plus qu’un exemplaire de l’Equipe sur le présentoir en libre-service. Un petit bonhomme regarde « mon » journal, l’air perplexe. Je le fixe intensément. « Dégage, mais dégage. Tu vois pas que t’es en danger. » Il lâche l’affaire. Je me précipite et ouvre nerveusement mon « précieux ». Armand, milieu gauche. [Place ici ton juron favori]

Samedi 18h30. Décollage.

C’est parti. L’avion s’arrache à la gravité, pas moi. Paris-Nagoya. 10 000 kilomètres, onze heures de vol et pas moyen de capter RMC. L’enfer.

Samedi 20h30. Repas

Enfin repas… Tous ceux qui connaissent les longs courriers compatissent. Aux autres je dirais simplement que les mots manquent pour décrire les ignominies qu’on y sert. J’ai même un temps eu des remords pour le sombre rictus dont j’avais gratifié le vendeur de sandwichs à l’aéroport. Sombre mais digne, j’insulte mentalement l’hôtesse qui dépose avec un grand sourire son plateau de malheurs accompagné d’une piquette distribuée sous la très fallacieuse appellation « Fleur du Tarn ». Il paraît qu’ »eau de vaisselle », cela faisait louche, les clients de méfiaient. Allez. Courage. Je me motive. Si je finis mon plateau avant mon voisin, on gagne ce soir.

Samedi 21h00. Zen.

Devant moi, trois japonais s’égosillent bruyamment dans un patois incompréhensible (en tout cas, très différent du français). Ils me tapent sur les nerfs. Et mon match dans tout ça ! Tout le monde s’en moque. Pas moyen d’avoir une info. Il faudra que je pense à écrire un mot à Airbus à ce sujet. Je paye des impôts, j’ai le droit.

J’essaie de me détendre. Ce soir, c’est sûr, on gagne. Obligé. Plateau repas, tout ça.

Samedi 22h00. Quelque part au-dessus de la Russie.

Derrière moi, à mon grand dam, un voisin se lance dans de pathétiques envolées lyriques sur la Russie qui est super grande et la Sibérie qui est super froide. Je suis tenté de le pourfendre d’une remarque mordante qui m’aurait sans nul doute valu les regards admiratifs de quelques cuistres mais je m’abstiens. Il a un faux air de Philippe Lucas alors je me méfie. En plus, je ne trouvais pas vraiment de vannes.

De nouveau mes pensées vagabondent. « Ah ah, ces pitres de Caen, ils ont qui ? Nivet ? » Nivet. Je ris intérieurement. Il n’y a rien à craindre, on va les laminer.

Samedi 23h00. Nuit.

Les hôtesses viennent éteindre les lumières. Mon désarroi est immense. « Oh ! Madame ? On n’a pas vu jour de foot ! (…) Quoi vous avez pas Canal, VOUS AVEZ PAS CANAL!!! ». Oui, il faut le savoir. On paie une fortune pour un billet et on n’a pas Canal. Même au Formule 1 de Limoges, il y a Canal mais là, non. J’épluche les conditions générales de vente de mon titre de transport mais il n’existe aucune clause sur le sujet. Une fois de plus, Aulas a tout verrouillé. J’essaie de me calmer mais va faire le lotus avec 50 cm d’espace pour tes jambes.

Dimanche 00h00. Insomnie.

Impossible de dormir. Tout le monde dit que ce n’est pas facile de jouer Caen en ce moment, mais bon sang, on n’est pas tout le monde, on est PSG !

Misère, on est PSG… Respire. Détends-toi.

Je regarde autour de moi. Rien ne semble avoir changé. Des gens dorment. Tout va bien. On a dû gagner.

Je me lève faire les cent pas. Je croise un japonais dans l’allée. Face à son mètre soixante bien tassé, j’ai l’impression d’être Sammy Traoré face à Baky Koné. Je serre les jambes mécaniquement. Il me contourne sans difficultés.

Dimanche 07h15. Le complot

Une des horloges vient de prendre 7 heures d’un coup. On me dit que c’est normal mais personne ne m’empêchera de voir la main de la Ligue là-dessous. Je lance un DVD intitulé Goldmember mais déception, c’est un navet stratosphérique, pas un documentaire sur Bernard Mendy.

Dimanche 10h00. Petit déjeuner.

Oui, petit déjeuner. A 3h du mat’. N’importe quoi. Elle peut bien me baratiner avec sa rotation de la terre, il est 3 heures du mat’ et puis c’est tout. Quoi Konichiwa ? Mais en plus elle m’insulte la bougresse.

Tant pis. Je n’ai pas dormi de la « nuit », je me dis qu’au moins, le déjeuner va m’occuper. Funeste erreur. Je pensais qu’on avait touché le fond avec le premier repas, j’avais tort. Une fois de plus, le chef s’est surpassé. L’allure lugubre du plateau me renvoie à la composition du PSG annoncée par l’Equipe.

Sur les écrans est diffusée la télé japonaise. J’y jette à peine un œil. De toute façon, on peut bien m’annoncer la relégation du club, je ne capte rien. Je me venge sur une sorte de crêpe salée d’aspect douteux qui se défend bien et manque de me faire vomir. Je lutte. Si je l’avale, on se maintient.

Dimanche 12h15. Arrivée à Nagoya

« Sayonara et mes félicitations au chef. Qu’un soleil radieux illumine son chemin vers le Surgelé (façon polie de dire qu’on a pas trop aimé la nourriture) ». Je bondis hors de l’avion, baise le sol sacré puis avec l’habilité du grand fauve, j’accélère subtilement sur la droite de la file en faisant semblant de ne pas être trop pressé. Si je réussis à déborder, c’est que Mendy a planté hier soir. Je feinte et grille une vieille, inconsciente du drame qui se noue, puis une deuxième. Paris est magique. Je sors et me précipite à la recherche d’un kiosque. Et bien vous me croirez si vous le voulez mais les japonais ne lisent pas l’Equipe. Pour patienter, je tente sans succès quelques « Do you know Reinaldo » auprès d’un panel d’autochtones peu diserts.

Dimanche 12h30. Douanes.

A la douane, c’est le grand jeu : scanner pour la température corporelle, prises d’empreintes, interrogatoire. Il faut que j’en touche un mot à Alain. Ce sera plus compliqué que prévu de leur refourguer nos brésiliens cette fois.

Dimanche 13h05. Métro

Dans le métro, la discipline collective interpelle le supporter parisien. Ici, ce n’est pas visiblement pas Luis Fernandez qui est en charge des mises en places tactiques. Tout le monde connaît son rôle, les alignements sont impeccables, chacun est à sa place et on pénètre dans les wagons à la file indienne. Impressionnant. Je me dis que si le PSG a joué comme ça à Caen, il n’a rien pu lui arriver.

Je réprime avec peine une énorme bouffée d’angoisse.

Dimanche 14h00. Repas

Premier repas au Japon, lost in translation. Face à la carte des menus, je me sens vide, un peu comme Souza lors d’un briefing de Paul Le Guen. Sauf que c’était très bon.

Dimanche 15h00. Train

Un strident « Arigatou gozaimasu » (un genre de merci beaucoup que les japonais casent deux ou trois fois dans la moindre phrase) m’extirpe d’un demi-sommeil agité où défilaient des noms de villages effrayants genre Châteauroux ou Guingamp. Le contrôleur entre dans le wagon en saluant, s’incline. Je présente mon billet. Courbette reconnaissante. Re-« arigatou gozaimasu » et toutes ces sortes de choses. Psalmodiant quelques politesses, il sort du wagon à reculons (comme Armand lorsqu’il défend mais en plus rapide. Il a quand même une trentaine de Wagons à faire en trois heures).

Je m’inquiète de tant de prévenance. « Il est gêné. Il sait pour le match. IL SAIT !!! »

Je feuillette frénétiquement mon guide de voyage. Comment on commande une bière en japonais ?

Dimanche 18h00. L’arrivée. Enfin.

Je descends du train, un jus de litchi à la main. Mon frère m’accueille. Après les effusions d’usage, je tente un discret « Alors ? ».

-« 3-0. Perdu. »

-« Tu plaisantes ? »

-« Non. 3-0. Souris. On aurait pu prendre plus . »

 

Le prochain match, si on ne le gagne pas, je le jure, j’arrête de regarder le foot.

  1. 3 001 réponses to “Le PSG vu du ciel”

  2. Hahahaha. Je me suis tellement reconnu, en tant que non abonné à Canal+, je vis cette tension très régulièrement. Celle qui te fait hésiter à cliquer sur le raccourci de ton site de sport favori en rentrant de boîte. Celle qui te fait zapper inconsciemment quand France 2 annonce la partie sport ou regarder subitement l’autre côté de la rue en passant devant le marchand de journaux.

    Et puis tu te dis que faut prendre ton courage à deux mains et assumer. Mais d’un autre côté tu te dis, si tu laisses passer un autre match, c’est plus faciles d’encaisser deux défaites d’un coup que chacune séparément.

    Supporter le PSG, tout un art de vivre.

    De vincent le 12/05/2008

  3. La dure vie de supporter du psg… Touchant…je compatis….

    De Badaob le 12/05/2008

  4. Dommage que le pseudo de l’auteur ne soit pas publié… Mais félicitations en tout cas!
    Je me suis régalé.

    De Tetsuo Shima le 12/05/2008

  5. Excellent, terriblement vrai en plus de ça. Félicitations à l’auteur.

    De Matte-OL le 12/05/2008

  6. Haha!

    J’ai vécu la même chose lors d’un voyage à Pekin pour un saint étienne-PSG au mois de décembre dernier…

    En me connectant frénétiquement sur l’equipe.fr dès mon arrivé j’ai pu constater que Peguy avait claqué une tête. 1-0.

    J’ai tout de suite vérifié sur foot365.

    De Bertrand le 12/05/2008

  7. Déjà vécu ça aussi à Caracas.

    Si on multiplie ce type de comportement par le nombre de supporter voyageurs dans le monde… ça donne une idée de l’infini… et une explication du succès des cybercafés dans les aéroports!

    De Fran le 12/05/2008

  8. Très réussi et drôle.

    Entre l’angoisse du supporter que l’on connait tous, et le goût particulier qu’à ce texte lorsque comme moi on a fait un tel voyage au Japon, j’ai passé un bon moment à lire ce texte.

    De Ced600 le 13/05/2008

  9. Excellent. J’ai vécu un peu la même chose en partant en polynésie et je fût heureux de pouvoir acheter l’équipe en arrivant sur place !

    Sauf qu’ils recoivent le torchon un jour ou deux après la parution, donc j’ai eu droit à la pseudo-compo de l’équipe… tristesse de l’angoisse qu’on pense terminée et qui reste telle quelle !

    De Ponda le 13/05/2008

  10. Très bon.
    Très bien écris.
    Comme toujours.

    De Frenchfryyy le 13/05/2008

Pas de commentaire à faire sur ce sujet, merci de contacter M. Martinon.