Opération « un kikonjou, un sourire »
2/04/2008 – 16:25A l’heure où les saines valeurs du racisme régional refont surface à pic – il paraît qu’elles avaient coulé pareil – des quatre coins de l’hexagone s’élève un vent d’appréhension contre cette caractéristique pourtant inaliénable du genre humain, et qui l’a toujours distingué de l’animal. Car enfin, a t-on déjà vu un lapin de garenne traiter un tigre du Bengale de crevure vishnouiste ? Non, bon. Alors quoi ? Allons-nous laisser quelques obscurantistes fendiller à grands coups de dignité ce qui a fait le socle de notre belle Nation, où même les Bretons ont leurs cons ? Sommes-nous capables, tel le poète, de nous donner toutes nos différences, tous ces défauts qui sont autant de chances ? Chérie, t’es vraiment sûre qu’il restait pas une tranche de jambon ? Les réponses sont claires : non, oui, tu m’emmerdes avec ton jambon.
Quatre minutes n’auront donc pas suffi au kikonjou lensois pour déchiffrer la morale d’un haiku pourtant écrit en Arial 2376. Il ne fait aucun progrès, c’en devient désespérant. Pire, notre bon ami a régressé dans sa tradition orale : il a sanglotté très fort et la France a eu peur. Pourtant il avait dit quoi, le pape ? Le pape il avait dit « N’ayez pas peur ». Voilà ce qui arrive quand on n’écoute pas le pape. Même s’il faut avouer que ces cris de sauvages, à la nuit tombée, brrrrr.
A Paris Sonne le Glas, nous sommes des progressistes. Nous croyons aux vertus de l’éducation. Nous pensons que certains kikonjoux, à condition qu’on les capture assez tôt évidemment, sont en mesure de sortir de leur état larvaire pour devenir qui un riant cafard, qui un chatoyant mollusque. C’est important, la biodiversité. Et quand bien même l’on ne sauverait qu’un seul kikonjou, ce combat ne mérite t-il pas d’être mené ?
C’est dans cet état d’esprit que nous avons voulu donner sa chance à Adolphe Cliché, un jeune kikonjou strasbourgeois qui aime bien faire clic clac avec son petit appareil reproducteur. Nous l’avons recueilli, habillé, nourri, nous lui avons lavé la bouche. Mais son patois gluant restait collé au palais, nous avons donc dû traduire ses borborygmes. Sa touchante naïveté a fait le reste. Vous allez maintenant découvrir son photo-reportage sur sa journée « Fan de » passée en notre compagnie, samedi dernier.
(Nous présentons nos plus sincères excuses au peuple alsaco pour ce changement inopiné de programme et tenons à le rassurer quant à notre indéfectible mépris. Nous avons la plus grande confiance en sa capacité à se poignarder tout seul, comme un grand, avec un knacki.)
09h31 – L’ouverture des fenêtres confirme le bulletin de Météo France. Temps maussade.
12h17 – Arrivée au Stade de France, antre sportive par excellence. Tout semble prêt pour la grande finale Intervilles.
15h01 – Les Lensois répètent une dernière fois leurs chorégraphies pour le concert de Cali, sorte de Bézu pour jeunes.
15h34 – Ce sympathique père de famille est pris à partie par trois pseudo-supporters du PSG. Plusieurs plaintes seront déposées ainsi qu’une demande de huis clos.
17h48 – Au son de la Marche Funèbre, deux brigands de stade rudoient un gentil clown, venu faire rire petits et grands, et le contraignent à s’enrouler la taille avec la banderole de la honte.
21h18 – Splendide lob frontal parisien. Mais les décérébrés sont paraît-il beaucoup plus vendeurs.
22h07 – Eric Carrière trompe Mickaël Landreau. Anne-Gaelle Sidot rit jaune.
Les Lensois exultent. S’ils avaient des mains, ils applaudiraient.
22h45 – Monsieur Duhamel semble hésiter au moment de prendre une décision fatidique…
22h45 – … mais se souvient soudain qui est Son Maître et siffle un penalty bien entendu imaginaire pour un PSG protégé comme il se doit par des instances à sa botte.
22h48 – Bernard Mendy, naturellement.
23h07 – Des voyous parisiens, non contents de prendre la place d’un vieux monsieur portugais sur un banc, l’envoient planer dans un escalier. Il s’accroche en se disant que c’est bientôt la fin.
23h09 – L’humiliation du vieux monsieur portugais est à son paroxysme. C’est la peine capitale : une foule parisienne emplie de haine le contraint maintenant à brandir un objet ridicule, sous le silence stupéfait du meilleur public de France, qui n’aura rien pu faire pour éviter ce drame.
2 849 réponses to “Opération « un kikonjou, un sourire »”
Le dernier paragraphe (là dans les parenthèses) me rassure et me console, merci.
Article sympa par ailleurs !
De On Meinau Score le 2/04/2008
Bravo sur le fond, as usual.
Pour la forme, « knacki » est masculin, me semble-t-il.
De michelidalgo le 4/04/2008