Ni buts ni soumises » Pas de finale pour les Bleuettes

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Pas de finale pour les Bleuettes

La finale du mondial des moins de 20 ans opposera le Japon à l’Espagne. Les deux équipes se sont déjà affrontées au premier tour et les Nipponnes ont les faveurs des pronostics pour prendre leur revanche. L’affiche de la finale propose les deux équipes qui ont fait la meilleure impression depuis le début du tournoi.

Le Japon a tranquillement fait la leçon à une Angleterre dépassée alors que l’Espagne a éliminé la France sur un nouveau but de Patricia Guijarro. Les Bleuettes ont atteint leurs limites et n’ont pas été sauvées par leur star annoncée Marie Katoto qui sera passée à côté de son tournoi du début à la fin.

Malgré les discours positivistes de la fédération, il n’y aura à peu près rien à retenir de la compétition dans l’optique du futur de l’équipe de France A.

L’attaquante américaine Savannah DeMelo et ses coéquipières peuvent nourrir des regrets en voyant l’affiche de la finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans qui opposera les deux équipes qui les ont devancées au premier tour. Revenues de 2-0 à 2-2 lors du dernier match de poule contre l’Espagne, il ne leur avait alors manqué qu’un but pour continuer la compétition. Mais comme prévu le groupe C était le plus relevé avec trois des principaux candidats au titre et donc les deux finalistes.

Ueki Riko

Ueki Riko

Au premier tour l’Espagne était venue à bout du Japon grâce à un but en début de match de Carmen Menayo mais quinze jours plus tard, la faveur des pronostics va plutôt aux partenaires de Nagano Fuka qui semblent moins émoussées que celles de Maite Oroz. En demi-finale, l’Angleterre en a été réduite à faire des fautes (22 contre 5) pour tenter de contenir le jeu de passes des Japonaises, sans grand succès.

La seconde demi-finale a été beaucoup plus serrée parce que l’Espagne a eu beaucoup de mal à se dépêtrer du plan de jeu mis en place par Gilles Eyquem avec pressing très haut d’Amélie Delabre et Hélène Fercocq pour gêner la relance des défenseuses centrales Berta Pujadas et Laia Aleixandri. Avec les titularisations au milieu de Sana Daoudi et Carla Polito plutôt que d’Annahita Zamanian, la contrepartie de ce choix de la puissance était un manque de créativité qui fait que si les Bleuettes n’ont pas souvent été mises en danger, elles ont eu du mal à s’approcher du but de Catalina Coll en première mi-temps en dehors de deux accélérations d’Émelyne Laurent.

Laia Aleixandri

Laia Aleixandri

Chacune des deux équipes pouvait donc à bon droit penser être en train de maîtriser la situation mais l’Espagne était mieux placée pour faire la différence sur la justesse d’une passe ou l’efficacité d’un geste. C’est ce qui se produisait quand avant l’heure de jeu, Patricia Guijarro profitait d’une inattention de la défense française sur une touche pour battre Mylène Chavas de la tête.

La France ne parvenait ensuite pas à profiter d’une suite de faits de jeux favorables. Ni l’expulsion d’Aitana Bonmati (qui manquera donc la finale), ni le pénalty concédé par Laia Aleixandri mais manqué par Marie Katoto ne suffisait aux Bleuettes pour revenir dans le match.

Il reste encore une finale pour la troisième place contre l’Angleterre (nettement plus abordable que ne l’aurait été la vraie finale contre le Japon) mais il est déjà possible de faire un premier bilan côté français.

Le discours officiel du côté de la fédération est que la compétition est porteuse d’avenir avec une génération talentueuse qui ne sera pas passée loin de la victoire.

La réalité semble légèrement différente. Par un désagréable caprice du destin, la génération qui avait la possibilité de jouer cette Coupe du monde à domicile était sans doute l’une des moins talentueuses des dernières années et elle doit sa place en demi-finale à un tirage abordable, des faits de jeu favorables et un sélectionneur très inspiré. Soit un ensemble de facteurs qui n’auront que peu d’impact sur l’avenir. Par « avenir », il faut bien sûr entendre la Coupe du monde 2019 de l’équipe de France A et ce qu’on pouvait attendre de cette édition préliminaire était un effet d’entraînement avec une victoire finale et bien sûr la performance de quelques joueuses qui pourraient intégrer l’équipe de Corinne Diacre d’ici un an.

Le fantôme de Marie Katoto

Pour la victoire c’est donc manqué et clairement, aucune joueuse de la sélection de Gilles Eyquem n’a fait un pas en avant vers les A durant la compétition. Ce n’est bien sûr pas rédhibitoire et il est très probable que l’on retrouve l’une ou l’autre très prochainement dans une liste de Corinne Diacre mais cela plutôt malgré cette Coupe du monde que grâce à elle.

Le premier nom qui vient en tête est bien entendu celui de Marie Katoto qui a manqué ses deux premiers matchs, s’est retrouvée remplaçante, a fait des entrées en jeu médiocres avant de parachever son bilan en manquant le pénalty qui aurait relancé les Bleuettes, histoire de bien confirmer que sa Coupe du monde était manquée. Sans chercher les raisons du pourquoi et du comment, ce bilan de l’attaquante parisienne est aussi un constat d’échec de la doctrine de donner la priorité cette saison à l’équipe des moins de 20 ans sur l’équipe A. Ses prestations depuis deux saisons faisaient d’elle une candidate naturelle à l’équipe de France A et le choix de la mettre au frais une saison l’a faite arriver en Bretagne avec la pression d’une joueuse qui n’avaient qu’à perdre pendant la compétition, sa place en A était déjà annoncée.

Marie Katoto

Marie Katoto

À l’étranger, Patricia Guijarro compte 12 sélections en équipe d’Espagne, Lucia Garcia 6 et Aitana Bonmati 4, alors que Nagano Fuka, Miyagawa Asato et Ueki Riko ont été convoquées en janvier au stage de l’équipe du Japon. Cela n’empêche pas ces joueuses de briller lors de cette Coupe du monde dont Guijarro et Ueki sont actuellement les meilleures buteuses.

En France, non seulement Marie Katoto a perdu l’occasion de s’intégrer chez les A mais sa Coupe du monde risque de retarder son appel, en espérant même qu’elle arrive à tourner vite la page.

En dehors de ce cas d’espèce, le bilan général des individualités est très mitigé et n’a rien apporté de nouveau. Du moins pas positivement.

En dehors de Marie Katoto, deux joueuses étaient particulièrement attendue pour une intégration rapide au niveau au dessus. Mylène Chavas n’a pas raté sa compétition mais elle ne devrait pas être désignée meilleure gardienne de la compétition comme il y a deux ans et ce tournoi n’ajoutera rien à sa gloire. Elle devra plutôt compter sur son retour en D1 avec Dijon. Selma Bacha a sans doute été la Française la plus en vue mais cela lui a surtout permis de ne pas dilapider le capital acquis en club. Et elle évolue à un poste qui n’est sans doute pas celui où l’urgence est la plus grande pour la sélectionneuse.

Ce n’est sans doute pas le cas de ses partenaires de la défense, le secteur de jeu le plus convaincant des Bleuettes. Même si après avoir longtemps cherché une doublure à Marion Torrent, Corinne Diacre a fini par rappeler Ève Périsset et que l’urgence est donc moins grande, Élisa De Almeida a fait preuve de solidité et a tenté d’impulser la révolte en fin de match contre l’Espagne. Sa remplaçante Léna Goetsch a par contre coulé contre la Nouvelle-Zélande.

Dans l’axe comme prévu Maëlle Lakrar est devenue la joueuse de base et Julie Thibaud l’a le plus souvent accompagnée, profitant un temps d’une légère blessure de Julie Piga. La présence de trois défenseuses centrales seulement1 dans la liste de Corinne Diacre pour le premier match de la saison contre le Mexique, et le fait que l’une d’elle est Julie Debever dont la probabilité de présence à la Coupe du monde reste faible, montre qu’il y a certainement au moins une place à prendre avec la retraite de Laura Georges et même après le retour d’Aïssatou Tounkara.

Julie Piga n’a joué que deux matchs et aura difficilement l’occasion de se montrer en D2 avec Grenoble. Au contraire, Maëlle Lakrar jouera le haut de tableau à condition de se faire une place à Montpellier. Mais ce n’est pas faire un pari très risque que de miser sur elle.

Sana Daoudi

Sana Daoudi

Devant, les ailières Émelyne Laurent, Sandy Baltimore et Melvine Malard n’ont pas démérité mais pas au point de compenser leur faible temps de jeu en club. Comme pour les défenseuses centrales, il y a sans doute de la place mais aucune ne s’est assez montrée durant ce mondial pour mettre le pied dans la porte.

En pointe le cas de Marie Katoto a été évoqué et celui de sa remplaçante illustre assez bien le bilan des Bleuettes. Amélie Delabre a marqué quatre buts, sortant la France d’une situation délicate contre les Pays-Bas puis marquant avec autorité le pénalty vainqueur contre la Corée du Nord. Son abattage et son abnégation au pressing ont été appréciées. Mais si elle apporte un profile différent, qu’elle a su saisir sa chance au premier tour, ses prestations contre la Corée et l’Espagne n’ont pas apporté beaucoup offensivement et à 17 ans la benjamine du groupe qui n’a encore jamais joué en D1 n’est certainement pas le futur immédiat des Bleues.

Le milieu enfin a confirmé qu’il était le point faible de cette sélection. Sana Daoudi a été impeccable à la récupération et pourra être vue plus haut mais à son poste évoluent déjà Amandine Henry, Grace Geyoro ou Aminata Diallo. Annahita Zamanian est l’autre joueuse qui a pu marquer des points. Peu connue en France où elle n’a jamais joué, la joueuse de Göteborg a montré une belle qualité de passe.

Mais Hélène Fercocq, malgré une belle activité contre l’Espagne, Christy Gavory et Carla Polito semblent avoir atteint leurs limites dans cette compétition.



6 commentaires pour “Pas de finale pour les Bleuettes”

  1. Maëlle Lakrar et Annahita Zamanian, largement au dessus des autres françaises dans cette compétition. Quant
    à Marie-Antoinette, on la verra quand même chez les A. J’ai le sentiment qu’elle était complètement usée physiquement et mentalement pour ce tournoi.

  2. Au milieu, sans doute faut-il regarder du côté des u19 malgré leur piètre performance à l’euro : la capitaine Ella Palis est bien plus à l’aise techniquement que toutes les u20, assez mature tactiquement, et elle progressera en tant que titulaire à Guingamp.

  3. A force de tout changer, la responsabilité est aussi celle de l’entraineur qui n’a pas été qu’inspiré. On pourrait meme dire que ses inspirations ne sont que la correction de ses erreurs.
    Ses rotations sont celles d’un joueur de Football Manager ou de Fifa qui ne prend pas en compte la valeur d’automatismes deja limités pour le football de sélection.

  4. C’est vrai qu’au coup d’envoi de chaque match le 11 de départ était sensiblement remanié à croire que l’entraîneur cherchait son 11 titulaire… alors que ces deux dernières années on nous a rabâché que Marie-Antoinette Katoto n’était pas sélectionnée en A, justement, parce qu’elle peaufinait sa préparation avec les U20 en vue de gagner cette fameuse Coupe du monde.

  5. Salut. Merci pour cet article. J’avoue que je n’ai pas vraiment suivi le parcours des joueuses jusqu’ici, mais je pense que je vais m’y mettre. En tout cas, ce billet est fort intéressant. 😉

  6. La Coupe du monde féminine de football des moins de 20 ans, c’était du 5 août 2018 au 24 août !

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