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Faut-il croire dans les Bleues ?

La traditionnelle période des tournois de fin d’hiver est l’occasion pour la France d’une vaste revue d’effectif entre les Bleues aux États-Unis, l’équipe de France B en Croatie et les M19 en Espagne.

À moins de six mois de l’Euro, toutes les joueuses qui seront aux Pays-Bas seront sur le pont. Malgré des discours d’ouverture, ce sont les quatre clubs habituels qui fournissent l’essentiel du contingent et la transition vers la Coupe du monde 2019 se fait en petites touches. Mais l’équipe reste assez proche de celle de Rio.

Peut-être qu’après avoir bien cherché, les meilleures joueuses françaises sont finalement bien toujours les mêmes.

Olivier Echouafni vient de publier la liste des joueuses convoquées pour la SheBelieves Cup où l’équipe de France rencontrera début mars les États-Unis, l’Allemagne et l’Angleterre. Après lui avoir laissé une période d’observation en début de mandat où il était resté dans les pas de son prédécesseur, ceux qui attendaient une rupture nette en sont pour leurs frais.

Le groupe s’est enrichi du retour de Gaëtane Thiney et des arrivées d’Ève Périsset, Aïssatou Tounkara et surtout Grace Geyoro mais c’est un niveau de renouvellement normal après une compétition internationale même sans changement de sélectionneur. Les joueuses qui ont quitté le groupe ont disparu pour cause de retraite (totale pour Louisa Necib, internationale pour Sabrina Delannoy) ou de transfert hasardeux (Kheira Hamraoui). Toutes les autres joueuses qui étaient à Rio seront aux États-Unis1.

Ève Périsset et Grace Geyoro, deux nouvelles joueuses appelées par Olivier Echouafni.

Ève Périsset et Grace Geyoro, deux nouvelles joueuses appelées par Olivier Echouafni.

Outre la nécessité de donner un peu d’air à un groupe apparu à bout de souffle aux Jeux Olympiques et celle de préparer déjà la Coupe du monde 2019 qui aura lieu en France, cette attente de renouvellement a été alimentée par le discours du sélectionneur qui a fait le tour de France des clubs en annonçant que chacune pouvait avoir sa chance quel que soit son club.

Dans les faits, en dehors d’une courte apparition de la marseillaise (et ex-montpelliéraine) Kelly Gadea, la seule sélectionnée qui ne joue pas dans l’un des quatre clubs habituels2 est Élise Bussaglia. De Wolfsbourg3. Soit le discours du sélectionneur n’était que de convenance, soit il a cherché et il est arrivé aux mêmes conclusions que Philippe Bergerôo sur la hiérarchie des joueuses.

Même s’il y aura peut-être une ou deux surprises d’ici à l’Euro en juillet4, il semble désormais acquis que le groupe qui ira aux Pays-Bas ressemblera de très près à celui qui a préparé les Jeux Olympiques. Et à vrai dire, aucune joueuse n’a bousculé la hiérarchie en club au point de briller par son absence en sélection.

La relève

On cherchera naturellement les éventuelles surprises de l’Euro dans les joueuses appelées en équipe de France B pour jouer l’Istria Cup en Croatie pour jouer contre le pays hôte, la Bosnie-Herzégovine et l’équipe B de Hongrie.

L’équipe de France B a été relancée en 2014 pour servir d’antichambre à l’équipe de France. Mais elle a jusque là surtout servi à faire patienter des joueuses qui n’étaient plus éligibles aux sélections de jeunes et qui n’étaient pas encore appelées chez les A. Elle a aussi été utilisée pour donner un peu de temps de jeu à des joueuses déjà appelées chez les Bleues.

En général, elle est d’abord composée des joueuses des quatre principaux clubs qui ne sont ni étrangères, ni sélectionnées en A, ni en équipe de jeune et qui ne sont ni blessées ni d’anciennes internationales comme Laetitia Tonazzi, Corine Petit ou Sandrine Dusang.

À peu près tout l’effectif de Lyon, du PSG, de Montpellier et de Juvisy est ainsi concerné en général par la sélection et les joueuses des autres clubs peuvent un peu avoir l’impression d’être là pour faire le nombre et arriver à une liste d’une vingtaine de noms. On retrouve là un noyau dur de quelques joueuses sur lesquelles les différents staffs des équipes de France semble avoir un œil comme Charlotte Lorgeré, Laura Bourgouin, Rose Lavaud ou Léa Le Garrec. Certaines sont même suivies jusque dans les divisions inférieures comme cette dernière qui était appelée quand elle jouait à Saint-Malo avant de revenir à Guingamp, ou comme Charlotte Saint-Sans-Levacher d’Arras ou Marine Dafeur de Lille.

Mais sans faire injure à ces très bonnes joueuses dont certaines pourraient sans doute figurer honorablement au dessus, si on doit chercher dans la liste de l’équipe de France B les joueuses qui pourraient être des titulaires d’une équipe visant le titre mondial en 2019, on aura plus de chance de les trouver parmi les Perle Morroni ou Théa Gréboval, c’est-à-dire parmi les joueuses qui étaient encore internationales des moins de vingt ans en décembre.

L'équipe de France M19 championne d'Europe en 2016

L'équipe de France M19 championne d'Europe en 2016

D’ailleurs certaines des joueuses qui ont le plus de chance d’apparaître chez les Bleues d’ici l’Euro ou juste après ne seront pas en Croatie. C’est le cas de Laura Agard et Annaïg Butel qui ont régulièrement été appelées par Olivier Echouafni, de Clara Matéo qui était du précédent rassemblement de l’équipe de France B en janvier et de Marie-Antoinette Katoto qui sera à la Manga avec l’équipe de France M19.

L’avenir dira si l’équipe de France réussira son Euro mais dans deux ans en 2019, la moitié des sélectionnées de la SheBelieves Cup aura trente ans ou plus. Toutes n’arrêteront pas d’ici là mais il est très probable qu’on assiste au plus gros renouvellement de génération depuis 2005.

Sur le papier, la France dispose des joueuses pour prendre la relève : vice championne du monde des moins de vingt ans en 2016 et troisième en 2014, championne d’Europe des moins de 19 ans en 2016 et 2013 et demi-finaliste en 2015, le palmarès récent des sélections de jeunes montre qu’il ne manque pas de jeunes talents.

Griedge Mbock et dans une moindre mesure Kadidiatou Diani, Sakina Karchaoui et Claire Lavogez sont désormais bien installées, Aïssatou Tounkara et Sandie Toletti sont régulièrement appelées à défaut de jouer fréquemment.

Delphine Cascarino et Grace Geyoro sont déjà entrées dans le groupe, Marie-Antoinette Katoto et sans doute Clara Matéo et Mylène Chavas ne devraient pas tarder à suivre : il est fort possible que le renouvellement se fasse finalement plutôt en douceur. Il faut maintenant que les jeunes poussent les anciennes vers la sortie et s’imposent naturellement comme des titulaires. L’équipe type de l’Euro pourrait compter plus de joueuses de moins de 25 ans que de trentenaires5. Bref, le renouvellement se fait par petites touches ce qui peut donner une sensation d’immobilisme pas tout à fait justifiée.

La concurrence étrangère

Il y a toutefois un phénomène récent et qui gagne en intensité qui peut être inquiétant pour l’équipe de France à l’avenir. Kheira Hamraoui a disparu des listes des équipes de France alors qu’elle était systématiquement appelée en A depuis trois ans. Marie-Charlotte Léger n’apparaît dans aucune des dernières sélection alors qu’il y a encore un an, elle semblait en mesure de postuler pour une place aux Jeux Olympiques6. Sarah Palacin n’a plus été appelée en équipe de France B depuis sont arrivée au PSG. Et si on peut mettre les absences de Kenza Dali et d’Aurélie Kaci sur le compte de leurs blessures, il n’est pas sûr que le faible temps de jeu qu’elles auront à Lyon leur permette de revenir ni en A ni même en B.

Ces absences sont dues à la concurrence mais désormais, c’est une concurrence de joueuses étrangères, de plus en plus nombreuses dans les trois clubs de tête qui sont les principaux pourvoyeurs des Bleues.

Les nombreuses arrivées d’internationales augmentent sans doute le niveau général de ces équipes et permettent de faire parler de la D1 mais elles occupent des places qui renvoient des postulantes à l’équipe de France sur le banc ou en tribune.

Griedge Mbock Bathy Nka

Griedge Mbock Bathy Nka

Cette concurrence est certainement positive pour les meilleures d’entre elles qui peuvent ainsi se mesurer au niveau international à chaque entraînement et Griedge Mbock n’a pas été mise sur le banc par les arrivées de Kadeisha Buchanan et Josephine Henning (c’est pour l’instant l’Allemande qui est remplaçante). De même Grace Geyoro et Marie-Antoinette Katoto avant sa blessure ont réussi à se faire une place parmi les stars parisiennes.

Mais tout le monde n’a pas autant de potentiel et il faudra suivre avec attention la prochaine intersaison. Il semble que plusieurs impétrantes internationales devront partir si elles veulent jouer. Cela sera sans doute une bonne chose pour la densité de la D1 mais sans doute pas pour les Bleues tant l’expérience a montré que les conditions de travail des clubs professionnels faisaient beaucoup pour la progression des joueuses.

Les listes

Équipe de France A pour la SheBelievesCup

Gardiennes : Sarah Bouhaddi (Lyon), Méline Gérard (Lyon), Laetitia Philippe (Montpellier)

Défenseuses : Laura Georges (PSG), Jessica Houara (Lyon), Sakina Karchaoui (Montpellier), Griedge Mbock (Lyon), Ève Périsset (PSG), Wendie Renard (Lyon), Aïssatou Tounkara (Juvisy)

Millieux : Camille Abily (Lyon), Élise Bussaglia (Wolfsbourg), Grace Geyoro (PSG), Amandine Henry (PSG), Claire Lavogez (Lyon), Amel Majri (Lyon), Gaëtane Thiney (Juvisy), Sandie Toletti (Montpellier)

Attaquantes : Camille Catala (Juvisy), Marie-Laure Delie (PSG), Kadidiatou Diani (Juvisy), Eugénie Le Sommer (Lyon), Élodie Thomis (Lyon)

Sandie Toletti

Sandie Toletti

Équipe de France B pour l’Istria Cup

Gardiennes : Romane Munich (Soyaux), Maryne Gignoux (Guingamp)7

Défenseuses : Hawa Cissoko (PSG), Marine Dafeur (Lille), Théa Gréboval (Juvisy), Charlotte Lorgeré (Guingamp), Marion Romanelli (Montpellier), Charlotte Saint Sans Levacher (Arras), Teninsoun Sissoko (Saint-Étienne), Marion Torrent (Montpellier)

Milieux : Charlotte Bilbault (Juvisy), Laura Bourgouin (Soyaux), Aminata Diallo (PSG), Inès Jaurena (Juvisy), Rose Lavaud (Saint-Étienne), Léa Le Garrec (Guingamp), Perle Morroni (PSG), Mylaine Tarrieu (Lyon), Lindsey Thomas (Montpellier)

Attaquantes : Valérie Gauvin (Montpellier), Clarisse Le Bihan (Montpellier), Ouleymata Sarr (PSG)

Équipe de France M19 pour le tournoi de La Manga

Gardiennes : Mylène Chavas (Saint-Étienne), Jade Lebastard (Guingamp)

Défenseuses : Oumy Bayo (PSG), Élisa De Almeida (Juvisy), Sarah Galera (Toulouse), Manon Labois (PSG), Tess Laplacette (Marseille), Agathe Maetz (Vendenheim), Agathe Ollivier (Guingamp), Julie Piga (Grenoble), Andréa Prette (Arras), Julie Thibaud (Soyaux)

Milieux : Ninon Blanchard (Saint-Étienne), Élise Bonet (Rodez), Lina Boussaha (PSG), Sana Daoudi (PSG), Hélène Fercocq (Saint-Maur), Christy Gavory (Metz), Amira Ould Braham (Juvisy)

Attaquantes : Cindy Caputo (Marseille), Aimy Diop (Montpellier), Catherine Karadjov (Juvisy), Marie-Antoinette Katoto (PSG), Émelyne Laurent (Bordeaux), Chloé Pierel (Juvisy)

Marie-Antoinette Katoto

Marie-Antoinette Katoto



2 commentaires pour “Faut-il croire dans les Bleues ?”

  1. Bonne analyse. J’ai cependant peur qu’avec Echouafni, comme avec Bergeroo, on se heurte face à un mur qui est celui de la compétence du sélectionneur en tant que tacticien, car pour l’instant le jeu n’est pas vraiment flamboyant alors que l’effectif est là.

    Je reste surpris par le peu de foi des entraineurs de d’EdF et du PSG en Perle Morroni. Le peu de fois où je l’ai vue jouer, elle a montré un potentiel immense !

  2. hmmmmmmm

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