Ni buts ni soumises » Les championnes d’Europe à l’assaut du monde

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Les championnes d’Europe à l’assaut du monde

La finale de la Coupe du monde opposera les tenantes du titre aux championnes d’Europe. Les Néerlandaises continuent de repousser les limites depuis leur Euro 2017 remporté à domicile avec une manière de fonctionner en effectif réduit très atypique.

Toutefois, il reste probable qu’elles finissent par se heurter comme toutes les autres avant elles à une équipe américaine qui semble avoir géré la compétition à sa main.

Parmi les sept équipes européennes qualifiées pour les quarts de finale, ce sont les championnes en titre qui affronteront les États-Unis en finale de la Coupe du monde. Championnes du monde contre championnes d’Europe, l’affiche est alléchante.

Les demi-finales ont été très dissemblables. Même s’il restait quelques places libres, la première s’est jouée dans une ambiance survoltée : une grande partie des billets avaient été achetés depuis les États-Unis dès l’ouverture de la billetterie, avant même le tirage au sort. Ce qui explique peut-être aussi un peu la faible affluence (48 000 pour 60 000 places) de la seconde demi-finales, la plupart de ces achats s’étant fait sur des packs comprenant les deux matchs et quelques supporters américains ont pu passer leur tour pour le second. L’ambiance était donc beaucoup moins orange qu’elle avait pu l’être lors de matchs précédents.

Dans le jeu, le contraste a été aussi important. La première demi-finale s’est jouée sur un rythme très élevée alors que la seconde a été abordée avec beaucoup plus de prudence.

L’Angleterre et la Suède se disputeront la troisième place de la compétition. Elles connaissent déjà le contexte particulier de cette finale entre équipes déçues et qui souvent auraient préféré ne pas avoir à disputer ce match supplémentaire : il s’agit des équipes qui ont remporté les dux dernières finales pour la troisième place, la Suède face à la France en 2011 et l’Angleterre contre l’Allemagne en 2015.

Quinze pour une coupe

Un but de Jackie Groenen durant la prolongation a permis aux Pays-Bas de se qualifier pour leur seconde finale consécutive en compétition internationale. Il a évidemment fallu un peu de chance pour cela entre le pénalty de Saki Kumagai en huitièmes de finale et l’Italie plutôt que les États-Unis ou l’Allemagne en quarts par exemple, mais la chance ne fait pas tout et la méthode de Sarina Wiegman mérite d’être étudiée de près par ses concurrentes tant elle semble à l’opposée des habitudes.

L’effectif des Pays-Bas n’est pas le plus clinquant du plateau. En dehors de Vivianne Miedema et peut-être de Danielle van de Donk, il compte peu de prétendante au Ballon d’Or et de joueuses ayant un rôle majeur dans les grands clubs européens. Lieke Martens n’a jamais montré son niveau de l’Euro 2017 en deux ans à Barcelone où Stefanie van der Gragt a souvent été sur le banc. La gardienne et capitaine Sari van Veenendaal était cette saison la remplaçante de Pauline Peyraud-Magnin à Arsenal alors que Shanice van de Sanden était celle de Delphine Cascarino à Lyon.

Jackie Groenen à Francfort, Desiree van Lunteren à Fribourg ou Merel van Dongen au Betis sont des joueuses importantes mais dans des équipes de milieu de tableau. Mais cet ensemble de bonnes joueuses sans vraiment de stars est persuadé de sa force et maîtrise assez ses automatismes pour tout renverser sur son passage depuis la nomination de Sarina Wiegman qui a remplacé Arjan van der Laan six mois seulement avant l’Euro, montrant au passage qu’il n’est pas nécessaire de faire deux ans d’essais pour bâtir une équipe compétitive.

Les remplaçantes néerlandaises ne foulent la pelouse que pour les échauffements

Les remplaçantes néerlandaises ne foulent la pelouse que pour les échauffements

La principale caractéristique de l’équipe des Pays-Bas est de faire appel à un groupe très resserré. Après avoir remporté l’Euro à treize (voir « Rêve orange »), elle est arrivée en finale avec quinze joueuses seulement. En demi-finale, Lineth Beerensteyn a débuté à la place de Shanice van de Sanden et c’est l’intégralité du turn-over réalisé dans la phase à élimination directe. Sarina Wiegman est la sélectionneuse qui a utilisé le moins de joueuses dans cette compétition alors que les trois autres demi-finalistes sont celles qui en ont employé le plus, faisant entrer au moins une fois toutes leurs joueuses de champ (en dehors de la Suédoise Julia Roddar). Et malgré la prolongation (et la possibilité qu’elle induit de faire quatre changements), elle n’a utilisé que treize joueuses contre la Suède en remplaçant sur blessure Lieke Martens par Jill Roord à la mi-temps puis en faisant entrer sa titulaire habituelle Shanice van de Sanden.

Cette réussite est à mettre en perspective avec les critiques adressées à Corinne Diacre pour avoir construit son équipe autour d’un noyau d’une quinzaine de joueuses seulement et pour ne pas avoir utilisé ou presque huit de ses joueuses.

On sait donc déjà assez précisément comment l’équipes des Pays-Bas abordera la finale. Shanice van de Sanden pourrait bien reprendre sa place alors que Kika van Es et Anouk Dekker semblent avoir définitivement perdu la leur. L’incertitude demeure sur l’état de santé de Lieke Martens qui joue mais ne s’entraîne plus depuis le huitième de finale. Elle pourrait être remplacée par Jill Roord.

La France, 51e état des États-Unis

Comme prévu, les Américaines sont en finale, quasiment à domicile comme c’est le cas dans tous les stades où elles sont passées, sauf lors du quart de finale contre la France où le soutien était partagé. Avec deux matchs joués à Lyon quasiment à guichet fermé, elles vont dépasser les Bleues à la moyenne de spectateur par match.

Contre une Angleterre en formation défensive avec Fran Kirby et Toni Duggan sur le banc, les joueuses de Jill Ellis ont employé leur méthode habituelle en ouvrant la marque durant le premier quart d’heure comme lors de tous les matchs de cette Coupe du monde.

Mais après qu’on leur a reproché un excès de zèle lors du premier match contre la Thaïlande, elles ont semblé gérer leurs efforts sans jamais chercher à enfoncer le clou. Leurs trois matchs à élimination directe se sont achevés sur le score de 2-1 et contre l’Angleterre comme cela avait été le cas contre l’Espagne, elles ont semblé se contenter d’attendre après leur ouverture du score ce qui leur a coûté l’égalisation. Elles sont alors reparties de l’avant pour reprendre l’avantage et se remettre à attendre. Contre les Bleues, le schéma a été le même mais le scénario différent puisqu’une de leurs contre-attaques leur a permis de prendre deux buts d’avance.

Alyssa Naeher s'apprête à arrêter le pénalty de Steph Houghton

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Il est toujours difficile de savoir si l’impression de contrôle est conforme à la réalité ou si elle n’est due qu’à la victoire mais après un premier tour où on a pu penser que leur domination tenait essentiellement à la faiblesse de l’opposition, les coéquipières d’Alex Morgan traversent la phase à élimination directe en accélérant tant qu’elles ne mènent pas et en semblant dominées dès qu’elles sont devant au score.

La composition que choisira Jill Ellis dépendra de l’état de santé de Megan Rapinoe et Rose Lavelle. La première a laissé sa place à Christen Press lors de la demi-finale dont la seconde est sortie en cours de jeu. Mais elles devraient être rétablies pour la finale. La seconde est en concurrence avec Lindsey Horan et Sam Mewis dans le milieu à trois où Julie Ertz semble ne pas être remise en cause par sa sélectionneuse.

Tableau prévisionnel suivant le classement Fifa
NOR 1 NOR 0 ENG 1 USA 68,4%
AUS 1
ENG 3 ENG 3
CMR 0
FRA 2 FRA 1 USA 2
BRA 1
ESP 1 USA 2
USA 2
ITA 2 ITA 0 NLD 1 NLD 31,6%
CHN 0
NLD 2 NLD 2
JPN 1
DEU 3 DEU 1 SWE 0
NGA 0
SWE 1 SWE 2
CAN 0


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