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Place aux quarts

Les principaux favoris seront au rendez-vous des quarts de finales après des prestations variables mais l’histoire a montré que l’essentiel dans un premier tour était d’en sortir et que la phase à élimination directe était une autre affaire. Parmi les huit meilleures équipes européennes supposées, seule la Norvège manque à l’appel et c’est l’Autriche qui crée la plus grosse surprise de la compétition en allant jusqu’à prendre la première place du groupe C.

L’équipe de France est passé à deux doigts de l’élimination mais sera au rendez-vous après avoir fini deuxième de son groupe, ce qui lui permet de ne pas risquer de rencontrer l’Allemagne avant la finale mais lui promet des matchs difficiles au niveau qu’elle a affiché jusque là, à commencer par son quart de finale contre l’Angleterre, l’équipe qui a semblé la plus au point.

Parmi les huit équipes annoncées comme favorites pour la qualification1, six seront effectivement au rendez-vous des quarts de finales et en dehors de la France, à la place attendue dans le tableau. Comme c’est souvent le cas si chaque match a pu paraître serré ou indécis, les résultat global a été conforme à ce qui était prévu.

Ainsi jusqu’à la dernière seconde, le Portugal et l’Écosse ont pu espérer une qualification pour laquelle il ne leur manquait qu’un seul but alors qu’il s’agissait de deux des équipes annoncées comme les plus faibles du plateau. Mais ce sont bien l’Angleterre et l’Espagne qui finissent aux deux premières places du groupe D.

Les Anglaises ont laissé jusqu’au bout un espoir au Portugal mais c’est parce qu’elles ne menaient que d’un but et elles ont finalement remporté le match avec une équipe totalement remaniée. Mark Sampson a fait le pari – il est vrai peu risqué – que ses remplaçantes arriveraient à tenir en respect le Portugal et ne dilapideraient pas l’avance engrangée lors des deux premiers matchs2 et il a aligné pour la dernière journée une équipe avec dix joueuses qui n’avaient pas encore été titularisées dont cinq qui n’avaient pas encore foulé la pelouse. Ainsi, seule Casey Stoney et la troisième gardienne Carly Telford n’ont pas encore joué. L’entraîneur anglais est celui qui a fait joué le plus de joueuses avec l’allemande Steffi Jones qui a aussi utilisé 21 de ses 23 joueuses mais de façon moins homogène puisque six d’entre elles ont joué moins de 90 minutes et parfois nettement moins comme Lena Petermann qui n’a eu que 12 minutes ou Tabea Kemme entrée pour 16 minutes contre la Russie.

Ramona Bachmann face à Ève Périsset

Ramona Bachmann face à Ève Périsset

L’Angleterre termine le premier tour avec la meilleure attaque (10 buts, deux fois plus que l’Italie et l’Autriche qui suivent), la meilleure défense (un but encaissé) et la meilleure buteuse, Jodie Taylor seule joueuse à plus de deux buts. Mais la statistique qui décrit le mieux le premier tour de l’équipe anglaise est le nombre de tirs cadrés nécessaires pour marquer un but. Il est de 1,4 là où il en faut 9 à l’Espagne. Ce n’est pas le meilleur chiffre mais s’il n’en a fallu qu’un à l’Islande, c’est que les Islandaises n’ont cadré que le tir qui a permis à Fanndís Fridriksdottir d’ouvrir le score contre la Suisse et d’inscrire le seul but de son équipe.

L’Angleterre a réussi le seul carton du premier tour en battant l’Écosse 6-0. C’est une caractéristique de cette édition. Seuls deux matchs ont fini avec plus de deux buts d’écart (et cinq avec deux buts) ce qui est le total le plus faible depuis 1997 que l’Euro se joue à plus de quatre équipes. Pourtant l’augmentation du nombre de participant qui se fait par le bas aurait pu laisser prévoir le contraire. L’adage qui dit qu’il n’y a plus de petites équipes trouve sans doute là une confirmation.

La surprise autrichienne

Bien sûr, la plupart des équipes qui ne sont plus petites regarderont la suite de la compétition à la télévision pendant que les favorites en découdront. Mais l’une d’entre elles a déjoué le pronostic, en remportant au passage l’autre victoire par plus de deux buts d’écart. L’Autriche a battu l’Islande 3-0 après avoir déjà battu la Suisse et avoir tenu la France en échec.

Pour sa première participation, l’équipe de Dominik Thalhammer se qualifie donc pour les quarts de finales où elle sera la seule novice au milieu d’adversaires qui avaient tous déjà connu ce niveau de compétition, toutes les équipes qualifiées sauf la France ayant déjà disputé au moins une demi-finale de l’Euro. Elle était pourtant classée quatorzième des seize engagés. Le sélectionneur autrichien a aligné l’équipe la plus jeune de la compétition ce qui est sans doute prometteur pour les années qui viennent.

Le bilan est jusque là parfait avec la seconde attaque de la compétition et la meilleure défense. Mais la suite de la compétition sera bien sûr difficile en particulier parce que neuf joueuses ont joué quasiment l’intégralité des trois matchs (plus de 250 minutes) et que les sept qui ne sont pas encore apparues sur le terrain ne devraient pas être d’un grand secours à leur coéquipières fatiguées. Mais de toute façon, l’Euro autrichien est déjà une réussite et une qualification contre l’Espagne pour aller sans doute affronter la grande sœur allemande en demi-finale serait plus qu’un exploit.

Pour les favoris comme l’Allemagne, les quarts de finales ne sont au contraire que le début de la compétition. C’est sans doute la raison pour laquelle en dehors de l’Angleterre, aucun des quatre prétendants au titre ne semble encore entré dans son Euro. La palme revient bien sûr à la France qui a tremblé jusqu’au bout, n’a remporté qu’un seul match sur un pénalty et n’a mené que cinq minutes au total. Mais si l’Allemagne et la Suède ont eu moins de frayeurs, la qualité de leur premier tour tient essentiellement à leur qualification. L’Allemagne a marqué trois pénaltys et n’a sinon trouvé la faille que par Josephine Henning sur 67 tirs dont 23 cadrés. La Suède a battu une Russie très complaisante mais a dû compter sur une victoire de l’Allemagne sur ces mêmes Russes pour ne pas être en danger pendant qu’elle perdait face à l’Italie.

La troisième équipe qui peut se satisfaire pleinement de son premier tour est l’équipe organisatrice. Les Néerlandaises ont remporté leurs trois matchs. Elles ont aussi marqué la moitié de leurs buts sur pénalty mais l’attente n’est pas la même pour la 12e équipe mondiale que pour les sextuples tenantes du titre. Elles peuvent même voir un motif d’espoir dans le fait d’avoir réussi leur premier tour alors que leur star Vivianne Miedema n’a pas vraiment pesé sur le jeu ni sur le résultat.

Des stars en difficulté

C’est une autre constatation de cette phase de groupe. Les stars n’ont pas encore brillé. La Norvégienne Ada Hegerberg a été invisible, sa coéquipière Caroline Graham Hansen ne s’est signalée qu’en manquant un pénalty qui aurait pu lancer son équipe, la Belge Tessa Wullaert et la Danoise Pernille Harder ont été un peu plus en vue, la première a marqué un superbe but qui ressemble beaucoup à un ballon dans le tas qui finit par miracle dans la cage, la seconde a donné le but de la victoire contre la Norvège à Katrine Veje. Mais en dehors de ces coups d’éclats, si leurs prestation ont été correctes, elles n’ont pas justifié leur statut.

Les autres stars annoncées comme Dzsenifer Marozsan, Lotta Schelin, Jenni Hermoso ou Lara Dickenmann n’ont pas non plus brillé. Toutefois les joueuses qui ont le plus impressionné ne sont pas non plus des inconnues en général. Au premier rang des satisfactions individuelles du premier tour, on trouve l’ailière néerlandaise Lieke Martens. La future joueuse de Barcelone est une valeur sûre des championnats européens. Outre les Pays-Bas et la Belgique, elle a également foulé les pelouses allemandes et suédoises avec Duisbourg, Göteborg et Rosengård et elle comptait avant l’Euro 30 buts en 74 sélections. Elle en a ajouté un et une passe décisive, accompagnés de deux titres de joueuse du match. Son pendant côté droit Shanice van de Sanden a aussi beaucoup impressionné.

Lieke Martens

Lieke Martens

La Suissesse Ramona Bachmann aurait pu être considéré comme la star de l’équipe de Suisse plutôt que sa capitaine. Déjà finaliste de la Ligue des Championnes à 16 ans en 2007 avec Umeå et à nouveau la saison suivante, elle a aussi joué une saison avec Atlanta en WPS3 avant de revenir en Suède, à Umeå puis à Rosengård, de filer à Wolfsbourg pour perdre une troisième finale européenne face à Lyon. Elle joue depuis la saison dernière à Chelsea. Malgré cette carte de visite impressionnante, elle n’a jamais réussi à vraiment s’imposer, son jeu imprévisible s’accommodant souvent difficilement des consignes collectives. Mais lors de cet Euro, elle a permis à l’équipe suisse d’espérer la qualification jusqu’au bout, d’abord en marquant le but de la victoire contre l’Islande après avoir donné le premier à Lara Dickenmann, puis en mettant la défense française au supplice durant tout le troisième match. Ce sont deux de ses incursions qui vaudront aux Bleues de jouer leur quart de finale sans Wendie Renard ni Ève Périsset.

La troisième joueuse à mettre en exergue après le premier tour est Jodie Taylor qui symbolise l’efficacité anglaise avec quatre buts marqués en seulement cinq tirs. Elle a marqué lors des deux parties qu’elle a joué et elle pu se reposer le match contre le Portugal.

La déception norvégienne

Parmi les équipes éliminées la principale déception vient de la Norvège. Certes cette équipe porte le poids de son passé et on ne manque pas de rappeler son impressionnant palmarès qui date de plus de 17 ans (le dernier titre est la médaille d’or olympique en 2000) et qui ne correspond plus vraiment à son standing actuel. Mais les coéquipières d’Ada Hegerberg se présentaient sur la ligne départ avec un léger statut de favorites du groupe A plus ou moins à égalité avec les Pays-Bas. Plus que l’élimination, c’est le contenu des matchs qui provoque la déception. La Norvège est la seule équipe qui n’a marqué aucun but malgré ses deux stars en attaque et elle n’a même pas semblé chercher à provoquer le miracle qui restait possible lors du dernier match contre le Danemark.

Les autres peuvent être déçues de ne pas avoir fait mieux mais sont plus proches de leur statut. L’Islande a également perdu ses trois matchs mais elle a très bien résisté à la France et à la Suisse avant d’être victime de la surprise autrichienne une fois qu’elle était de toute façon éliminée.

Toutefois, il n’est jamais obligatoire de laisser tomber le dernier match une fois éliminé. C’est ce qu’à montré l’Italie en battant la Suède. Finalement les transalpines ont surtout été victimes d’une mise en route difficile qui leur a coûté les buts des revenantes Elena Danilova et Elena Morozova. Ensuite, elles ont largement dominé la Russie sans parvenir à égalisé, fait jeu égal avec l’Allemagne avant de céder sur un pénalty, puis battu la Suède. Malgré l’élimination, l’Italie a globalement réussi son Euro. C’est sans doute un peu moins le cas de la Russie qui a surtout réussi sa première demi-heure donc. Ensuite, elle a subi contre tous ses adversaires sans jamais donner l’impression de pouvoir réussir quelque chose contre les favoris.

Sakina Karchaoui et Camille Abily

Sakina Karchaoui et Camille Abily

La Belgique et la Suisse Russie pourront aussi trouver des motifs de satisfaction dans leurs prestations mais être déçues de ne pas avoir réussi à trouver une place en quart de finales dans des groupes à leur portée.

Les deux battues du groupe D en revanche ont très clairement réussi un bien meilleur Euro que prévu. Le Portugal arrivait comme le petit poucet et il a non seulement réussi à battre l’Écosse dans un match qui pouvait sembler pour l’honneur. Mais il a ensuite joué la qualification jusqu’au bout contre l’équipe B anglaise. De même, l’Écosse privée de Kim Little et de Jennifer Beattie, puis de Jane Ross après la lourde défaite contre l’Angleterre semblait totalement à la dérive en perdant contre le Portugal. Mais elle a sauvé son Euro en battant l’Espagne qui a même fini le match en essayant de conserver le score, un deuxième but écossais étant synonyme d’élimination pour les joueuses de Jorge Vilda. Cette victoire doit bien sûr plus aux qualités de cœur et de solidarité des Écossaises et à l’incroyable inefficacité espagnole. L’Espagne est l’équipe qui possède le plus le ballon, et assez largement. Elle est aussi celle qui est le plus inefficace devant le but : il lui faut 9 tirs cadrés pour marquer un but, il n’en faut que 6,5 à l’Allemagne, 6 au Danemark et 5,7 à la France.

Cela ne lui a pas été trop préjudiciable puisqu’elle est en quart de finale où elle va affronter la surprise du premier tour. Mais le premier tour est désormais terminé, c’est une nouvelle histoire qu’il faut écrire.

Résultats

Groupe A

Belgique-Pays-Bas 1-2 : Wullaert 59’ ; Spitse 27’ pen., Martens 74’

Norvège-Danemark 0-1 : Veje 5’

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Pays-Bas 9 3 3 0 0 4 1 3
2 Danemark 6 3 2 0 1 2 1 1
3 Belgique 3 3 1 0 2 3 3 0
4 Norvège 0 3 0 0 3 0 4 -4

Groupe B

Russie-Allemagne 0-2 : Peter 10’ pen., Marozsán 56’ pen.

Suède-Italie 2-3 : Schelin 14’ pen., Blackstenius 47’ ; Sabatino 4’, 37’, Girelli 85’

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Allemagne 7 3 2 1 0 4 1 3
2 Suède 4 3 1 1 1 4 3 1
3 Russie 3 3 1 0 2 2 5 -3
4 Italie 3 3 1 0 2 5 6 -1

Groupe C

Islande-Autriche 0-3 : Zadrazil 36’, Burger 44’, Enzinger 89’

Suisse-France 1-1 : Crnogorčević 19’ ; Abily 76’

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Autriche 7 3 2 1 0 5 1 4
2 France 5 3 1 2 0 3 2 1
3 Suisse 4 3 1 1 1 3 3 0
4 Islande 0 3 0 0 3 1 6 -5

Groupe D

Portugal-Angleterre 1-2 : Carolina Mendez 17’ ; Duggan 7’ ; Parris 48’

Écosse-Espagne 1-0 : Weir 42’

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Angleterre 9 3 3 0 0 10 1 9
2 Espagne 3 3 1 0 2 2 3 -1
3 Écosse 3 3 1 0 2 2 8 -6
4 Portugal 3 3 1 0 2 3 5 -2

Tableau final

Pays-Bas
Suède
Angleterre
France
Allemagne
Danemark
Autriche
Espagne


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