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Sixième journée de D1 2016-2017 – Une question de suprématie

Le PSG a remporté son duel au sommet face à Montpellier et confirme qu’il n’entend pas que sa reconstruction se fasse sans Ligue des Championnes. Lyon et Juvisy ont bien entendu gagné et profitent du faux pas montpelliérain.

Le reste du championnat demeure très serré. Cette fois la bonne opération est pour Saint-Étienne et Soyaux, les Charentaises remportant le premier derby de l’histoire contre Bordeaux, preuve que l’expérience en D1 reste encore un avantage sur le nom du club.

On aura beau tout tenter, perdre des joueuses historiques à Lyon, tout reconstruire au PSG, promouvoir de D2 des équipes qui portent le nom de clubs professionnels, le changement n’est pas pour maintenant : Lyon remporte tous ses matchs avec des écarts indécents, le PSG gagne plus petitement mais assure le minimum pour la Coupe d’Europe et les promus sont en difficultés, seul Albi leur disputant l’une des trois dernières places.

Anaïs Dumont et Sarah Cambot

Anaïs Dumont et Sarah Cambot

Pour la sixième journée, Lyon recevait Guingamp. Bien sûr les Lyonnaises l’ont emporté, on retiendra que Desire Oparanizie a marqué à Méline Gérard le deuxième but encaissé en D1 par l’OL mais que le score était déjà de 7-0. Exceptionnellement, Ada Hegereberg n’a pas marqué mais Eugénie Le Sommer y est allée de son triplé portant son total à 10 buts cette saison.

Guingamp achève sur ce résultat un début de saison qui l’a déjà vu affronter tous les membres du Top 4. Les joueuses de Sarah M’Barek vont maintenant affronter des équipes beaucoup plus à leur portée comme Marseille ou Saint-Étienne lors des deux prochaines journées. Elles le feront à la tête de sept points soit sans doute au moins un de plus que ce qu’elles espéraient à ce moment de la saison. Contre Lyon, c’est Jade Lebastard qui a gardé les buts guingampais pour la première fois de la saison, juste avant de s’envoler pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Coupe du monde M20.

Le PSG emporte le sommet

Avec la fin en queue de poisson du premier cycle de l’ère QSI au PSG sous l’égide de Farid Benstiti, l’actuelle saison est annoncée plus ou moins comme une saison de transition. Le départ de quatre joueuses pour l’OL, la fin de la filière allemande, le changement d’entraîneur, plusieurs éléments accréditent cette thèse. Mais il ne faut pas non plus totalement s’y fier : les Brésiliennes Erika et Cristiane sont restées, Shirley Cruz et Laura Georges qui étaient sur le départ sont finalement encore là et le PSG a recruté Verónica Boquete qui reste l’une des meilleures joueuses d’Europe.

Ce qui étaient peut-être plus difficile à prévoir est la place que prennent les jeunes joueuses formées au club. Grace Geyoro est une joueuse de base du milieu parisien et Marie-Antoinette Katoto est l’attaquante la plus utilisée1 et la meilleure buteuse du club après avoir donné la victoire au PSG dans le match au sommet contre Montpellier. Bien sûr, elle a profité des absences de Marie-Laure Delie et Cristiane pour s’imposer mais elle semble désormais incontournable. Elle aurait sans doute beaucoup manqué au PSG pendant la Coupe du monde M20 mais blessée, elle n’ira finalement pas, remplacée par la Montpelliéraine Valérie Gauvin. Son absence sur blessure pourrait être moins longue que ne l’aurait été la Coupe du monde.

Pour Montpellier, c’est bien sûr un coup d’arrêt. Les Héraultaises ne sont plus la troisième équipe invaincue du championnat. Mais la saison est encore longue et le duo de tête n’a que trois points d’avance.

Pas de répit pour Metz et Albi

Juvisy a profité de son déplacement à Albi pour ne pas enchaîner une deuxième défaite d’affilée. Camille Catala, Clara Mateo et Annaïg Butel ont permis aux Essonniennes de revenir au contact de Montpellier. Après la victoire face à Metz, c’est une nouvelle défaite pour Albi mais ce n’était sans doute pas contre Juvisy que les coéquipières d’Anaïs Arcambal pensaient le plus prendre des points.

Les deux clubs ont obtenus le report de leur prochain match en raison des voyages en Papouasie de Cindy Perrault et Laura Condon d’un côté et de Théa Gréboval et Clara Mateo (et Estelle Cascarino) de l’autre.

La tâche était difficile aussi pour Metz contre une équipe stéphanoise qui fait enfin un début de saison à son niveau supposé. Un doublé de Maëlle Garbino et le cinquième but de la saison d’Audrey Chaumette permettent à Saint-Étienne de prendre la cinquième place en profitant de la défaite de Guingamp qui sera son prochain adversaire puisque le match contre Juvisy est reporté2.

Metz enchaîne sa sixième défaite, n’a toujours pas marqué et en dehors du match contre Albi, a toujours encaissé au moins trois buts. Mathématiquement, la situation n’est pas désespérée puisque la huitième place n’est qu’à deux victoires.

La vie de promue est toujours difficile mais pour sa deuxième apparition à ce niveau, Metz semblait armé pour tenir le rythme avec son effectif empli de joueuses connaissant la D1. Il en va de même pour Marseille, équipe novice mais dont quasiment chaque joueuse connaissait l’élite. Contre Rodez, la mauvaise série a bien failli se poursuivre puisqu’à l’heure de jeu, les Ruthénoises menaient 2-0 grâce à Anne-Marie Banuta et Clara Noiran. Mais grâce à deux penalties de Caroline Pizzala et de Viviane Asseyi dans les arrêts de jeu, Marseille a réussi à arracher un point qui ne le sort pas de la zone rouge mais le rapproche d’Albi. Et surtout, les coéquipières de Nora Coton-Pélagie pourront se servir de ce retour au score comme base de travail pour la suite.

Du côté des Rafettes, c’est la troisième fois qu’elles se font rejoindre au score après les deux premières journées. Elles n’ont pour l’instant battu que Metz et sont assez loin de leurs bons résultats de la saison dernière.

Le derby pour Soyaux

Bordeaux était le promu qui présentait le moins de garantie pour la D1 : pas de recrutement d’une armée de joueuses d’expérience comme Marseille, pas de passé récent en D1 comme Metz, les Girondines de Bordeaux sont encore l’Étoile Sportive Blanquefortaise avec un maillot bleu marine. La plupart des joueuses de l’effectif (et de l’équipe type) portaient déjà le vert de Blanquefort il y a deux saisons. Les recrues de la saison apportent un peu de connaissance de la D1 mais pas énormément. La plus expérimentée est Félicité Hamidouche et ses 70 matchs de D1 avec le CNFE, le PSG et Vendenheim. Les Saint-Maurienne Cindy Ferreira et Maéva Salomon ont joué une demi-saison pour la première et une poignée de match pour la seconde l’an dernier. Et Élisa Launay n’a connu de la D1 que le banc de Montpellier où elle a passé deux saisons avant de revenir à Blanquefort devenu Bordeaux.

Le reste de l’expérience bordelaise vient des anciennes joueuses de Soyaux, Alizée Nadal, Emmanuelle Lacroix, Chloé Billaud et Eva Sumo qui – sauf la dernière plus utilisée en Charente et passée aussi par Yzeure – ont joué quelques matchs en bleu avant de trouver du temps de jeu en D2 à Blanquefort.

Plus que la distance (environ 130 km), c’est cette connexion entre les deux clubs qui fait du match Bordeaux-Soyaux un derby3. Pour cette sixième journée, il ne s’agissait pas du premier derby de l’histoire : Soyaux a fait deux passages en D2 en 2010-2011 et 2012-2013 sous les ordres de Corinne Diacre, où il a rencontré – et battu – quatre fois Blanquefort. Neuf des quatorze joueuses de l’ESB qui ont pris part à la dernière confrontation en mai 2013 sont encore présentes aujourd’hui (à titre de comparaison, seules Anaïs Dumont, Justine Deschamps, Marie-Aurelle Awona et Siga Tandia sont encore à Soyaux).

Les victoires Sojaldiciennes n’étaient à l’époque pas des surprises entre un relégué de D1 visant la remontée immédiate et une équipe de milieu ou bas de tableau.

Maéva Salomon face à Allison Blais

Maéva Salomon face à Allison Blais

Ce week-end, ce n’était même pas la première fois que Bordeaux affrontait Soyaux sous son nouveau nom. L’an dernier, les deux équipes s’étaient rencontrées au deuxième tour de la Coupe de France et les Girondines avaient réalisé l’exploit d’éliminer un club de l’élite : Gwendoline Djebbar avait bien répliqué à Sabrina Barbe (autre ancienne Sojaldicienne) mais les Bordelaises s’étaient imposées aux tirs aux buts.

Pour le premier affrontement entre équipes de D1, on pouvait lire la confrontation sous deux angles opposés. Celui de club professionnel qui accueil un club amateur ou celui du promu qui reçoit un habitué de D1.

Le premier scénario n’est sans doute qu’une question de temps mais c’est bien le second qui a prévalu. Au delà de l’expérience individuelle et collective des deux équipes, Soyaux semble tout simplement avoir encore de meilleures joueuses. Le quatuor offensif composé de Laura Bourgouin, Pamela Babinga, Anna Clérac et Allison Blais n’a sans doute pas d’équivalent à Bordeaux (et Gwendoline Djebbar et Lydia Belkacemi sont actuellement blessées) malgré le talent indéniable de Sarah Cambot, Maéva Salomon ou Juliette Loumagne.

Cette dernière a ouvert le score d’une reprise acrobatique merveilleuse et Sarah Cambot a redonné l’avantage à ses couleurs en début de seconde période à l’issue d’une contre attaque bien menée. Mais il fallait bien un exploit ou un contre pour marquer, le jeu était plutôt du côté de Soyaux.

Une joueuse dans le match

Arrivée du Mans en 2013 en même temps que Lydia Belkacemi, Laura Bourgouin s’est tout de suite imposée à la pointe de l’attaque Sojaldicienne. Annoncée comme la plus petite joueuse du championnat après sa capitaine Anaïs Dumont, son gabarit semble plus un problème pour les observateurs que pour elle sur le terrain. L’an dernier elle a atteint le total de 10 buts en D1 et est désormais régulièrement appelée en équipe de France B.

Contre Bordeaux, elle a su allier précision et opportunisme pour marquer les trois buts de son équipe mais elle a aussi constamment pesé sur la défense bordelaise. À 24 ans, elle est une des valeurs sûres du championnat.

Résultats

Albi-Juvisy 0-3 : Catala 44′, Matéo 57′, Butel 73′

Bordeaux-Soyaux 2-3 : Loumagne 21′, Cambot 58′ ; Bourgouin 39′, 67′, 74′

Lyon-Guingamp 9-1 : Abily 8′, 47′, Majri 11′, Bremer 28′, Kumagai 31′, Lavogez 45′, Le Sommer 63′, 82′, 84′ ; Oparanozie 67′

Metz-Saint-Etienne 0-3 : Garbino 15′, 45′, Chaumette 29′

PSG-Montpellier 1-0 : Katoto 33′

Rodez-Marseille 2-2 : Banuta 51′, Noiran 59′ ; Pizzala 79′, Asseyi 93′

Classement

Place Nom Pts J G N P Bp Bc Diff
1 Lyon 18 6 6 0 0 42 2 40
2 PSG 18 6 6 0 0 17 0 17
3 Montpellier 15 6 5 0 1 18 2 16
4 Juvisy 12 6 4 0 2 22 4 18
5 Saint-Etienne 8 6 2 2 2 13 10 3
6 Soyaux 8 6 2 2 2 9 17 -8
7 Guingamp 7 6 2 1 3 6 18 -12
8 Rodez 6 6 1 3 2 8 18 -10
9 Bordeaux 5 6 1 2 3 6 21 -15
10 Albi 3 6 1 0 5 1 16 -15
11 Marseille 2 6 0 2 4 5 17 -12
12 Metz 0 6 0 0 6 0 22 -22


Un commentaire pour “Sixième journée de D1 2016-2017 – Une question de suprématie”

  1. C’est nouveau cette saison, le décompte des points selon le même système que les garçons pros et non plus comme les amateurs ?

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