Ni buts ni soumises » Troisième journée des JO de Rio 2016

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Troisième journée des JO de Rio 2016

La troisième journée du tournoi féminin de football des Jeux Olympiques de Rio a quelque peu bousculé les valeurs. Les deux traditionnelles meilleures équipes mondiales n’ont pas pu remporter leur match, ce qui a des conséquences importantes pour l’Allemagne qui sera bien en quarts de finales mais pas là où on l’attendait.

Car la France rencontrera finalement le Canada, seule équipe qui a remporté ses trois matchs du premier tour. Après avoir nettement dominé la Nouvelle-Zélande, les Bleues vont donc affronter une équipe moins forte sur le papier et qu’elles ont battu en amical il y a quelques semaines.

La troisième journée du tournoi féminin de football des Jeux Olympiques de Rio a été marquée la défaite de l’Allemagne contre le Canada et le nul des États-Unis face à la Colombie. Et si les premières n’ont jamais vraiment couru le risque de l’élimination1, elles ne finissent que deuxième du groupe F et ne seront pas au rendez-vous annoncé face à l’équipe de France. Elles ne sont même pas passées loin de la troisième place qui les envoyait rencontrer soit les États-Unis, soit le Brésil, en fonction des matchs des autres groupes.

Sur le papier, leur tâche sera plutôt plus facile que prévue face à la Chine. Mais on ne sait plus que penser de cette Mannschaft où Silvia Neid semble décidée à offrir un dernier tour de piste à ses cadres dans ce qui sera peut-être leur compétition de trop. Mais une victoire contre une équipe chinoise à sa portée l’enverrait encore une fois en demi-finale où presque toutes les places offrent une médaille.

La Colombie sort en beauté

Le match nuls des États-Unis contre la Colombie est d’une autre nature. Déjà qualifiées, les Américaines ont aligné une équipe remaniée avec quatre joueuses qui n’étaient pas titulaires contre la France. Au total, seules cinq joueuses ont débuté les trois matchs et toutes les joueuses de champ ont débuté au moins un match. Ensuite elles n’ont certes pas battu la Colombie, mais elles ont à peu près fait le travail et ne doivent le nul qu’à deux erreurs de leur gardienne Hope Solo. Bref ce résultat ressemble simplement à un peu de décompression avant de se lancer dans la phase à éliminations directes et si on a pu un instant croire qu’elle pouvaient se retrouver deuxième en perdant le match et ainsi renverser le tableau, cela n’a pas duré.

Cette fois Hope Solo n'a pas vraiment aidé son équipe.

Cette fois Hope Solo n'a pas vraiment aidé son équipe.

Malgré cela, la performance est belle pour la Colombie un an après avoir battu la France lors de la Coupe du monde et même si l’on retiendra les erreurs de la gardienne, les deux buts viennent de très belles frappes de Catalina Usme.

Statu quo dans le groupe E

Le groupe E était le dernier à jouer et connaissait toutes les données du problème. Le Brésil était certain de finir premier et l’Afrique du Sud dernière, tandis qu’un nul qualifiait la Chine et la Suède, la première n’ayant pas à craindre une défaite de moins de trois buts mais gardant sa deuxième place en cas de partage des points, la seconde craignant au contraire une défaite qui l’éliminerait.

Du coup le Brésil a abondamment fait tourner en titularisant les sept joueuses qui n’avaient pas commencé les deux premiers matchs, y compris la deuxième gardienne Aline. Le 0-0 contre l’Afrique du Sud qui n’a finalement encaissé que trois buts dans ce tournoi est donc très anecdotique.

Le même score entre la Chine et la Suède l’est presque autant entre deux équipes qui y trouvent finalement leur compte. La Chine affrontera une Allemagne qui ne vaut pas son nom et la Suède aura certes une mission impossible contre les États-Unis mais une place en quarts de finale est sans doute déjà bien payé quand on ne parvient à battre que l’Afrique du Sud sur un cafouillage.

Des surprises mais un tableau très logique

Le Canada a surpris en étant la seule équipe à remporter ses trois matchs, la Suède n’a pas tenu son rang et l’Allemagne encore moins mais la liste des qualifiés est finalement conforme aux prévisions : l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et la Colombie ont bien fini derniers de leurs poules et la Nouvelle-Zélande a été le moins bon troisième (les deux autres troisièmes n’étant certes pas ceux prévus).

Le tableau final peut même laisser entrevoir la présence en demi-finales des trois nations les mieux classées par la Fifa et du Brésil qui à domicile peut être considéré comme l’équivalent du troisième mondial2.

Résultats et classements

Groupe E

Afrique du Sud- Brésil 0-0

Chine- Suède 0-0

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Brésil 7 3 2 1 0 8 1 7
2 Chine 4 3 1 1 1 2 3 -1
3 Suède 4 3 1 1 1 2 5 -3
4 Afrique du Sud 1 3 0 1 2 0 3 -3

Groupe F

Australie- Zimbabwe 6-1

Allemagne- Canada 1-2

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 Canada 9 3 3 0 0 7 2 5
2 Allemagne 4 3 1 1 1 9 5 4
3 Australie 4 3 1 1 1 8 5 3
4 Zimbabwe 0 3 0 0 3 3 15 -12

Groupe G

Colombie- États-Unis 2-2

Nouvelle-Zélande- France 0-3

Équipe Pts J G N P Bp Bc Dif
1 États-Unis 7 3 2 1 0 5 2 3
2 France 6 3 2 0 1 7 1 6
3 Nouvelle-Zélande 3 3 1 0 2 1 5 -4
4 Colombie 1 3 0 1 2 2 7 -5

Les Bleues dans la dernières ligne droite

C’est induit par la formule et le nombre de joueuses, et c’était accentué par l’ordre des matchs : Philippe Bergerôo savait qu’un des problèmes qu’il aurait à résoudre serait celui de l’état de fraîcheur de ses troupes. La méthode traditionnelle veut qu’on commence par remporter ses deux premiers matchs avec son équipe type et qu’on profite du troisième match sans enjeu ou presque pour faire tourner l’effectif, reposer les cadres et concerner les remplaçantes.

On peut aussi appliquer une variante comme l’a fait Gilles Eyquem, l’entraîneur de l’équipe de France des moins de 19 ans lors de l’Euro remporté cette année en faisant tourner son effectif à chaque match jusqu’à la finale. Mais cela fonctionne nettement mieux quand l’équipe est au dessus de ses adversaires et peut se passer sans dommage de ses meilleurs éléments, voire comme on l’a vu en Slovaquie, quand l’équipe peut se contenter de faire entrer les meilleures seulement en deuxième mi-temps pour redresser une situation grave mais pas désespérée.

Faire tourner face à un adversaire plus faible sans attendre que la qualification soit acquise, c’est ce qu’avait fait le sélectionneur des Bleues il y a un an contre la Colombie avec à la clef une défaite qui pouvait le dissuader de réessayer.

Tout cela explique sans doute pourquoi c’est l’équipe type française qui a joué d’entrée contre la Colombie, puis qui a été globalement reconduite dans le match au sommet contre les États-Unis. Et malgré la défaite qui obligeait à faire au moins un nul contre la Nouvelle-Zélande pour se qualifier, Philippe Bergerôo a choisi de faire amplement tourner pour le troisième match en changeant quatre titulaires (ce qui est beaucoup quand il n’y a que six joueuses de champs remplaçantes). Seules Kheira Hamraoui et Méline Gérard n’auront pas été titularisées, et seule la gardienne n’aura pas joué.

Le choix des sortantes permettait de préserver des joueuses sous la menace d’une suspension (Amel Majri, Griedge Mbock) et de reposer l’indispensable Camille Abily qui n’a plus la capacité à jouer autant de matchs aussi rapprochés.

Le match n’a pas été particulièrement emballant mais les Bleues ont géré tranquillement sans être vraiment en danger et mettant plusieurs fois en danger l’arrière garde néo-zélandaise, surtout après l’entrée à la demi-heure de jeu d’Eugénie Le Sommer à la place d’une Marie-Laure Delie semble-t-il légèrement blessée.

Avec des victoires 4-0 et 3-0 contre la Colombie et la Nouvelle-Zélande, là où les États-Unis n’ont fait « que » 2-2 et 2-0 mais une défaite contre les Américaines, le bilan des Bleues est comme d’habitude difficile à déchiffrer. Le jeu ne semble toujours pas complètement en place mais les résultats sont là contre les équipes à leur portée et il semble ne manquer que peu de chose contre les meilleures.

Pas d’excuses

Comme en 2009 ou comme en 2013, les facéties de leurs adversaires offrent aux Bleues un quart de finale face à une équipe moins bien classée. Le Canada a certes remporté ses trois matchs du premier tour mais tant contre l’Australie que contre l’Allemagne, il a surtout fait preuve d’une grande capacité à faire le dos rond et à contrer. La France a remporté la dernière confrontation entre les deux équipes il y a trois semaines à Auxerre mais surtout les huit joueuses qui étaient déjà là en 2012 ne voudront pas être privées de médailles deux fois de suite par la même équipe.

Une des forces de l’équipe de France actuelle est de ne presque plus perdre contre des équipes présumées plus faibles. Voilà une qualité qu’il faudra démontrer dans le cadre d’un match couperet afin de rejoindre les demi-finales et une série de deux matchs où une victoire assure une médaille et deux un titre olympique.

Les quarts de finales

Canada- France

Avant le début du tournoi, les Bleues auraient été largement favorites. Les performances des Canadiennes leur donne beaucoup de crédit. Mais la France semble plus complète et plus talentueuse.

Pronostic : France à 55%

Chine- Allemagne

La Chine est la moins bien classée des quarts de finalistes. Il faudra au moins cela pour l’Allemagne qui a soit très bien caché son jeu, soit a perdu une grande partie de son niveau.

Pronostic : Allemagne à 70%

Brésil- Australie

Le Brésil a fait forte impression à domicile tant dans les résultats que dans le jeu. L’Australie a manqué son entame contre le Canada, n’a pas réussi à revenir avant de manquer d’à-propos contre l’Allemagne pour faire fructifier un score de 2-0 et même de ne pas faire complètement le travail contre le Zimbabwe contre qui deux buts de plus auraient donné la seconde place, celle qui permet d’éviter le Brésil. Il s’agira aussi de la revanche du huitième de finale de la dernière Coupe du monde, remporté 1-0 par les Australiennes.

Pronostic : Brésil à 80%

États-Unis- Suède

Le match contre la Colombie n’a pas de vraie signification, les États-Unis sont au-dessus de tout le monde, et surtout de la Suède qui est à nouveau en train de réaliser un tournoi misérable. C’était déjà le cas l’an dernier et pourtant les deux équipes avaient fait match nul au premier tour. Mais ce n’était pas un match couperet. Cette fois, on ne vois pas comment les coéquipières de Lotta Schelin pourraient inquiéter celles de Carli Lloyd.

Pronostic : États-Unis à 95%



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